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Effet de souffle

L’effet de souffle ou blast, est l'effet sur l'organisme d'une explosion. Il est recherchĂ© par certaines armes (des obus ou grenades et mines aux bombes atomiques) et alors parfois associĂ© Ă  un effet thermique (double-effet dit « thermobarique Â»).

Lors des guerres ou blessures par armes à feu ou lors d'une explosion accidentelle, les lésions induites par l'effet de souffle aggravent les blessures par balles ou éclats isolés et rendent le travail des médecins et chirurgiens plus délicat[1] - [2].

Certaines de ces armes relèvent de la « Convention du 10 avril 1981 sur l'interdiction ou la limitation de l'emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination » signé à New York le par 34 États (texte élaboré à Genève par deux conférences des Nations-Unies en 1978 et 1980)[3].

Un effet de souffle peut aussi être induit par la foudre[4], par un effondrement minier (pour les personnes présentes dans les galeries proches à ce moment[5]) ou par certains types d'avalanches[6] - [7].

Types d'effets

Diagramme d'une blessure par explosion (blast).

Une explosion est une onde de surpression. Cette onde a plusieurs effets :

  • l'onde de choc dans l'air percute la personne et provoque une onde de choc dans son corps (rĂ©fraction) ; cette onde de choc interne peut provoquer des dommages internes ayant des effets Ă  retardement ; par ailleurs, la surpression provoque des dĂ©gâts Ă  l'appareil laryngotrachĂ©al et plus encore Ă  l'oreille, pouvant aller jusqu'Ă  la rupture du tympan ou Ă  l'arrachement de la cochlĂ©e de ses attaches ; c'est le « blast primaire » (ou blast auriculaire concernant les effets sur l'audition ; surditĂ© temporaire ou dĂ©finitive) ; ainsi la catastrophe d'AZF-Toulouse () a induit en 5 semaines plus de 3 000 consultations mĂ©dicales pour troubles otorhinolaryngologiques : 56 % pour surditĂ©, 56 % pour des acouphènes et 46 % pour des otalgies[8];
    Une balle pénétrant dans les chairs y génère aussi l'équivalent d'un effet de souffle localement très destructeur [9].
  • elle projette des objets (dĂ©bris, Ă©clats) qui occasionnent des plaies (victime polycriblĂ©e) ; c'est le « blast secondaire » ;
  • lorsque l'onde de choc atteint une personne, celle-ci se trouve pendant un très court instant avec une surpression d'un cĂ´tĂ© et la pression atmosphĂ©rique de l'autre ; ceci crĂ©e une force qui peut projeter la personne, avec des traumatismes liĂ©s Ă  la chute ; c'est le « blast tertiaire » ;
  • lorsque la personne est debout ou appuyĂ©e sur un plancher ou paroi derrière laquelle survient une explosion les parties de corps en contact avec cette paroi peuvent ĂŞtre gravement endommagĂ©es (ainsi l'explosion d'une bombe, grenade, mines ou EEI Ă  proximitĂ© de la coque d'un navire ou sous un vĂ©hicule blindĂ© transmet son Ă©nergie Ă  l'intĂ©rieur du navire ou de l’habitacle pouvant induire de graves « lĂ©sions de blast Â», notamment dans les membres infĂ©rieurs en contact avec le plancher (« solid blast »[10] - [11]), notamment dĂ©crites durant la Guerre d'AlgĂ©rie[12] - [13] - [14] et correspondant aux blessures dites de « pied de mine indirect Â» ou « claque de pont » (« deck-slap injury Â» chez les marins)[15]. MĂŞme sans atteinte par des Ă©clats ces blessures (fracas ouverts, fracas fermĂ©s (solid blast)[16] avec ou sans atteinte des organes creux) sont souvent graves, très douloureuses et peuvent conduire Ă  des « amputations traumatiques Â»[17] (et/ou Ă  de graves handicaps et sĂ©quelles[12] voire Ă  la mort en l'absence de soins adĂ©quats).
  • l'effroi provoquĂ© par l'explosion induit frĂ©quemment un traumatisme psychique, que l'on qualifie parfois de « quatrième blast ».

On considère qu'il faut une pression proche de 3 kg·cm-2 avant d'observer des lésions (uniquement dues à la pression) pouvant être mortelles. Toutefois, il a été prouvé que l'homme peut supporter des pressions plus grandes. On rapporte même la survie d'un équipage de sous-marin ayant été soumis à une pression de 21 kg·cm-2, avec toutefois des dommages irréversibles aux oreilles. Ces valeurs dépendent néanmoins de la vitesse de variation de la pression. Une variation supérieure à 1 kg·cm-2 en moins d'une milliseconde est considérée comme un blast. Si ces taux ne sont pas atteints, on est alors en présence d'un barotraumatisme ou d'un traumatisme dû à des sons de forte intensité.

Autres dommages « collatéraux »

  • brĂ»lures, si l'explosion s'accompagne de chaleur ;
  • effondrement de bâtiment ;
  • intoxication et/ou brĂ»lures externes par les gaz, vapeurs et microparticules toxiques dĂ©gagĂ©s par l'explosion et/ou la munition : dans le cas d'armes chimiques, d'armes perforantes, mais parfois aussi d'armes conventionnelles, comme les « obus Ă  balles de plomb » par exemple, qui sont sources d'une faible quantitĂ© de vapeur de plomb (Ă  l'impact des billes de plomb, s'il est très violent) ou sources de quantitĂ©s plus importantes de vapeurs toxiques suite Ă  sublimation du plomb en vapeur de plomb en cas d'incendie.
  • lĂ©sions ostĂ©opathiques (crâniennes, structurelles et viscĂ©rales). Ces trois types de lĂ©sions sont infiniment moins perceptibles et incomparables sur le plan clinique par rapport aux diffĂ©rentes lĂ©sions prĂ©citĂ©es chez les sujets exposĂ©s d'une manière directe au blast. Cependant elles sont prĂ©sentes Ă  des degrĂ©s divers chez tous les sujets, mĂŞme fortement Ă©loignĂ©s, mais ayant ressenti son effet « coup de fouet Â» brusque. Celui-ci pouvant par exemple entraĂ®ner une simple chute de sa propre hauteur qui sera Ă  priori nĂ©gligĂ©e en absence de traumatisme. L'intĂ©rĂŞt de ses lĂ©sions est bien Ă©videmment quasi nul en première intention par rapport aux soins mĂ©dicaux d'urgence Ă  apporter aux sujets exposĂ©s. La prise en charge sur le moyen et long terme de l'ensemble des sujets prĂ©sentant ou ressentant des troubles divers (dont l'origine sera parfois difficile Ă  rapprocher des effets du blast) ou se disant encore « choquĂ©s Â» pourra passer par l'Ă©tude de ces lĂ©sions.

Moyens de protection

Outre les dispositifs de prévention des déflagration (par exemple dans un silo de grains où les explosions de poussière peuvent survenir), quelques solutions techniques permettent de protéger certains bâtiments et certains infrastructures des effets destructeurs d'une brusque surpression ou déflagration (externe ou interne)

Il est possible de ménager des évents mais avec l'inconvénient de générer des pertes de calories ou frigories.. Deux autres moyens techniques, qui eux ne nuisent pas aux consommations énergétiques existent :

  1. Ă©vents dits « Ă  rupture Â» qui « sautent Â» quand la pression interne ou externe du bâtiment dĂ©passe une certaine limite (par exemple Ă  partir de 2,5 mbar ou de 20 mbar) ;
  2. solution non destructive à clapet ou à évent mobile (plus récente). Un élément du bâtiment ayant la forme d'un clapet, d'une fenêtres, d'une porte ou d'un pan de mur peut s'ouvrir tout en restant solidaire du bâti par une solide charnière puis se refermer doucement ensuite. Les seuils de déclenchement peuvent être paramétrés à l'avance. L'avantage est que le bâtiment reste ensuite fermé (contre les intrusions ou l'entrée d'air qui pourrait alimenter un incendie).

Notes et références

  1. Versier G & Ollat D, « Blessures des membres et du rachis par projectiles Â», EMC-Rhumatologie-Orthopedie, 2(3), 2005, p. 262-275 (rĂ©sumĂ©).
  2. [PDF] B. Rouvier, B. Lenoir & S. Rigal, « Les traumatismes balistiques Â», confĂ©rences d’actualisation Elsevier, Paris, 1997, p. 703-716, sur umvf.omsk-osma.ru.
  3. P. Bretton, « La Convention du 10 avril 1981 sur l'interdiction ou la limitation de l'emploi de certaines armes classiques qui peuvent ĂŞtre considĂ©rĂ©es comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination Â», Annuaire Français de Droit International AnnĂ©e 1981 no 27, p. 127-145.
  4. L. Sache, P. Declety, A. Pauthier, M.H. Schmidt, P. Piot, D. Tavernier & P. Feuchere, « Ă€ propos d'un accident collectif de foudroiement en montagne Â», Urgences MĂ©dicales, 1996, 5(15), p. 201-203 (rĂ©sumĂ©).
  5. [PDF] P. Habib, « La rupture diffĂ©rĂ©e en mĂ©canique des roches Â», Revue française de gĂ©otechnique, 2004, (108), p. 71-74.
  6. R. Lambert, Cartozonage : de la carte au zonage du risque avalanche, 2009.
  7. M. Boucarut & G. Crevola, « Depots de "dĂ©ferlantes basales" (base surge) dans l’EstĂ©rel et le Deves (Var et massif Central français) et "gouttes de cendre pisolithiques" Â», Bulletin de la SociĂ©tĂ© GĂ©ologique de France, 1972, 7(1-5), p. 179-190.
  8. J.J. Pessey, O. Deguine & G. Wanna, « Pathologies otorhinolaryngologiques au cours des explosions Â», EMC-Oto-rhino-laryngologie, 1(3), 225-231, 2004 (rĂ©sumĂ©).
  9. S. Audoin-Rouzeau, « La violence des champs de bataille en 1914-1918 Â», Revue d’histoire de la Shoah, (2), 2008, p. 247-265.
  10. (en) A. Ramasamy, A.M. Hill, R. Phillip, I. Gibb, A.M.J. Bull, J.C. Clasper, « The modern “deck-slap” injury – calcaneal blast fractures from vehicle explosions Â», J Trauma ; 71:1694-8, 2011.
  11. (en) A. Ramasamy, A.M. Hill, S. Masouros, I. Gibb, R. Phillip, A.M.J. Bull, J.C. Clasper, « Outcomes of IED foot and ankle blast injuries Â», J Bone Joint SurgAm ; 95:e25, 2013.
  12. (en) J.B. Vittori, G. Pessereau, D. Moine, R. Fritz, « Sequelae of closed minefoot. Considerations on 49 cases Â», Bull Mens Soc Med Mil Fr ; 54:248-53, 1960.
  13. (en) M. Bailly, Barascut, Barriere, « Mine foot during the Algerian campaign Â», JRadiol Electrol Med Nucl ; 42:776-9, 1961.
  14. (en) A. Carayon, C. Tournier-Lasserve, « Data on the arterial lesions of mine foot Â», MemAcad Chir ; 90:169-73, 1964.
  15. J.S. Barr, R.H. Draeger, W.W. Sager, « Blast personnel injury; a clinical study Â», Mil Surg ; 98:1-12, 1946.
  16. (en) J. Commandeur, R.J. Derksen, D. MacDonald, R. Breederveld, « Identical fracture patterns in combat vehicule blast injuries due to improvised explosive devices; a case series Â», BMCEmerg Med ; 12:12, 2012.
  17. (en) J.F. Dickens, K.G. Kilcoyne, M.W. Kluk, W.T. Gordon, S.B. Shawen, B.K. Potter, « Risk factors for infection and amputation following open, combat-related calcaneal fractures Â», JBoneJoint surgAm ; 95:e24 (1-8), 2013.

Voir aussi

Bibliographie

  • Baudin G & Genetier M (2011) État des lieux des modèles et des capacitĂ©s de simulation pour les explosif Ă  effet de souffle renforcĂ©s. Rapport technique.
  • Fabre, A. (2007). Main de blast. Approche pratique de la couverture des pertes de substance cutanĂ©e de la main et des doigts, 249-255.
  • Mathieu, L., Samy, J., Bertani, A., Rongieras, F., Gaillard, C., & Rigal, S. (2014). « Traumatismes par blast de l’arrière-pied lies aux attaques de vĂ©hicules par engins explosifs improvises: description lĂ©sionnelle et prise en charge actuelle ». mĂ©decine et armĂ©es, 42, 337-44.
  • (en) Major Jeff Garner & Stephen J. Brett (2007) « Mechanisms of Injury by Explosive Devices » Anesthesiology Clinics ; Trauma ; Volume 25, Issue 1, mars 2007, Pages 147–160 (rĂ©sumĂ©)
  • (en) Stephen J Wolf et al. (2009) « Blast injuries » The Lancet ; volume 374, Issue 9687, 1–7 August 2009, Pages 405–415 (rĂ©sumĂ©)
  • (en) Steven Housden (2012) « Blast injury: A case study » International Emergency Nursing (rĂ©sumĂ©)
  • Zyskowski A (2005) MĂ©thodes et modèles pour l'Ă©valuation des consĂ©quences de la rupture d'une structure en bĂ©ton armĂ© sous l'action d'un souffle | Thèse de Doctorat, OrlĂ©ans (rĂ©sumĂ©.

Articles connexes

Liens externes

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