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Capacitisme

Le capacitisme[1] ou validisme[2] est une oppression pouvant prendre la forme de discrimination, de préjugé ou de traitement défavorable contre les personnes vivant un handicap (paraplégie, tétraplégie, amputation, malformation mais aussi dyspraxie, schizophrénie, troubles psychiques, autisme, trisomie, etc). Le système de valeurs capacitiste, fortement influencé par le domaine de la médecine, place la personne valide, sans handicap, comme la norme sociale. Les personnes non conformes à cette norme doivent, ou tenter de s'y conformer, ou se trouver en une situation inférieure, moralement et matériellement, aux personnes valides.

Dans ce système de valeurs et de pouvoir, le handicap est ainsi perçu comme une erreur, un manque ou un échec et non comme une conséquence des événements de la vie ou de la diversité au sein de l'humanité[3]. La Convention relative aux droits des personnes handicapées définit l'absence d'accommodement raisonnable en faveur de personnes non valides comme une discrimination fondée sur le handicap[4].

Étymologie

Le capacitisme (en anglais ableism) est un terme apparu vers la fin des années 1980[5] en parallèle avec les mouvements pour la défense des droits civiques au Royaume-Uni des années 1970. Ce mot, calqué sur « racisme » et « sexisme », a évolué.

Par ailleurs, le capacitisme est souvent rapproché du concept d'handiphobie[6].

La psychophobie est une forme de validisme qui concerne les personnes handicapées mentales ou neuroatypiques, et les personnes handicapées psychologiquement ou psychoatypiques (voir Neurodiversité).

DĂ©finitions

L'Encyclopedia of Disability[7] définit le capacitisme comme suit :

« Le terme de capacitisme décrit des préjugés et des comportements discriminatoires à l’encontre des personnes ayant une incapacité. Les définitions du capacitisme dépendent de la compréhension que l’on a de la capacité normale et des droits et avantages accordés aux personnes réputées normales. Certaines personnes pensent que c’est le capacitisme qui empêche les personnes ayant une incapacité de participer au tissu social de leurs communautés plutôt que des incapacités physiques, mentales ou émotionnelles. Le capacitisme comprend les attitudes et les comportements des personnes, des communautés et des institutions ainsi que des environnements physiques et sociaux. »

Le manifeste du Collectif Lutte et Handicaps pour l'Égalité et l'Emancipation (CLHEE) définit le validisme comme suit :

« Le validisme se caractérise par la conviction de la part des personnes valides que leur absence de handicap et/ou leur bonne santé leur confère une position plus enviable et même supérieure à celle des personnes handicapées.

Il associe automatiquement la bonne santé et/ou l’absence de handicap à des valeurs positives telles que la liberté, la chance, l’épanouissement, le bonheur, la perfection physique, la beauté.

Par opposition, il assimile systématiquement le handicap et/ou la maladie à une triste et misérable condition, marquée entre autres par la limitation et la dépendance, la malchance, la souffrance physique et morale, la difformité et la laideur.

Le validisme suppose que la plupart des personnes handicapées se consument dans la plainte, l’aigreur, la frustration ou le regret de ne pas être valides.

Il se traduit par des discours, actions ou pratiques paternalistes, condescendants et dénigrants à l’égard des personnes handicapées, qui les infériorisent, leur nient toute possibilité d’être satisfaites de leur existence et leur refusent le droit de prendre en main leur propre vie. »

Se référant à des travaux antérieurs, Fiona A. Kumari Campbell, maître de conférences en études sur le handicap à l'université Griffith de Brisbane, en Australie, confirme que le concept de validisme n'est pas clairement défini dans la littérature et qu'il a « une spécificité définitionnelle ou conceptuelle limitée ». Elle définit le validisme comme :

« Un réseau de croyances, de processus et de pratiques qui produit un type particulier de soi et de corps (norme physique), et le projette comme parfait, spécifique à l'espèce, et donc essentiel et complètement humain. Le handicap est alors un état inférieur de l'être humain ».

D'autres définitions du validisme, comme celle de Vera Chouinard (professeur de géographie à l'université McMaster de Hamilton (Ontario), Canada) la définissent comme « des idées, des pratiques, des institutions et des relations sociales qui, à partir de personnes non handicapées, ont construit les personnes handicapées comme des personnes marginalisées et largement invisibles ». Ron Amundson (professeur de philosophie à l'université de Hawaiʻi à Hilo) et Gayle Taira définissent le validisme comme « une doctrine qui traite à tort les déficiences comme inhérentes et naturellement horribles, et qui rend les déficiences elles-mêmes responsables des problèmes rencontrés par les personnes qui en sont atteintes ».

Harpur (chercheur à l'Université Griffith) soutient que le terme « validisme » est une étiquette puissante, capable de provoquer un changement de sens dans l'utilisation des stéréotypes négatifs et de faciliter le changement culturel en concentrant l'attention sur le discriminateur (plutôt que sur la victime ou le handicap).

La discrimination à l'égard des personnes handicapées est également appelée « capacitisme ». Gregor Wolbring, professeur adjoint au département « Community Health Service » de l'Université de Calgary (Canada), déclare que le capacitisme (Disableism) est le « compagnon » du validisme (Ableism) :

« Dans sa forme générale, le validisme est un ensemble de croyances, de processus et de pratiques qui, en fonction de ses propres capacités, crée une façon particulière de comprendre le soi, le corps et les relations avec les congénères, les autres espèces et son propre environnement, et inclut la perception par les autres. La capacité d'action est basée sur une préférence pour certaines capacités qui sont considérées comme essentielles, alors que dans le même temps, la déviation ou l'absence réelle ou perçue de ces capacités essentielles est qualifiée d'état d'infériorité, ce qui conduit souvent au « capacitisme » qui l'accompagne, à un comportement discriminatoire, oppressif ou offensant qui découle de la croyance que les personnes dépourvues de ces capacités « essentielles » sont inférieures aux autres ».

Fiona Campbell fait également la distinction entre validisme et capacitisme. Selon elle, le capacitisme est traditionnellement au centre des recherches dans le domaine des études sur le handicap. Le capacitisme favorise le traitement inégal des personnes (physiquement) handicapées par rapport aux personnes non handicapées. Il marque les handicapés (éloignés) comme les autres et travaille dans la perspective des non-handicapés.

Conséquences sur la société

Le capacitisme conduit Ă  des prĂ©jugĂ©s sociaux, Ă  la discrimination et Ă  l'oppression des personnes handicapĂ©es, car elle influence la lĂ©gislation, les politiques et les pratiques. Les prĂ©jugĂ©s capacitistes sont Ă  l'origine de pratiques discriminatoires, telles que la stĂ©rilisation des filles et des femmes handicapĂ©es, la sĂ©grĂ©gation, l'institutionnalisation et la privation de libertĂ© des personnes handicapĂ©es dans des Ă©tablissements spĂ©cialisĂ©s et le recours Ă  la coercition sur la base du « besoin de traitement » ou du « risque pour soi-mĂŞme ou pour autrui », le refus de la capacitĂ© juridique en fonction de la capacitĂ© mentale, le refus de traitement en fonction du handicap, ou l'absence de prise en compte des coĂ»ts supplĂ©mentaires de la vie avec un handicap[8].

Discrimination "salaire en ESAT" [9]

« ESAT (ancien: CAT) - Le travailleur en ESAT n'est pas considéré comme salarié, il n'est donc pas lié à l'entreprise par un contrat de travail. Il a un statut d'« usager du secteur médico-social » et "bénéficie" d'un contrat de soutien et d'aide par le travail. Ainsi, les travailleurs handicapés qui exercent une activité professionnelle à temps plein en ESAT perçoivent une Rémunération Garantie dont le montant est compris entre 55 % et 110 % du SMIC, soit entre 4,79 € et 9,58 € de l'heure. Beaucoup ne perçoivent que 55 %. Ils peuvent en fonction de leur rémunération percevoir partiellement leur AAH et l'APL (en logement autonome). Dans les faits qu'ils travaillent ou non, il n'y a pas beaucoup d'écart. »

Lien avec le mouvement eugéniste

Le mouvement eugĂ©niste est nĂ© et s'est dĂ©veloppĂ© sur la base des prĂ©jugĂ©s capacitistes Ă  la fin du XIXe et au dĂ©but du XXe siècle[8].  Selon cette approche, des milliers de personnes handicapĂ©es, dont des enfants, ont Ă©tĂ© empĂŞchĂ©es de se reproduire par des programmes de stĂ©rilisation forcĂ©e en AmĂ©rique du Nord et en Europe[10]. En Allemagne, la pratique eugĂ©nique nazie a Ă©tĂ© responsable du meurtre d'environ 300 000 personnes handicapĂ©es considĂ©rĂ©es comme ayant « une vie indigne »[11].

Le roman Le Nain de Mendel, par Simon Mawer, traite du thème de la liberté reproductive des personnes handicapées, de l'avortement, et de l'eugénisme. Il est considéré comme exemplifiant le capacitisme[12].

Contrairement à d'autres atrocités liées à l'eugénisme au vingtième siècle, les conséquences du mouvement eugéniste et son impact sur la manière dont les sociétés continuent à percevoir le handicap sont restées longtemps confinées au milieu du handicap[8].

Bioéthique

Une vision capacitiste du handicap conduit Ă©galement Ă  des pratiques coercitives.  Si l'autonomie est une valeur centrale de la bioĂ©thique, de nombreux groupes de personnes handicapĂ©es, comme les personnes handicapĂ©es mentales, les personnes handicapĂ©es psychosociales, les personnes atteintes de dĂ©mence et les personnes autistes, sont rĂ©gulièrement considĂ©rĂ©es comme « inaptes » Ă  consentir Ă  un traitement et sont donc soumises Ă  des interventions mĂ©dicales forcĂ©es et/ou involontaires, Ă  des recherches et Ă  des expĂ©rimentations visant Ă  guĂ©rir ou Ă  corriger leurs dĂ©ficiences (et leurs consĂ©quences). Ces pratiques comprennent, entre autres, la stĂ©rilisation, la contraception et l'avortement ; des interventions mĂ©dicales invasives, douloureuses et/ou irrĂ©versibles ; l'Ă©lectroconvulsivothĂ©rapie ; et l'administration de mĂ©dicaments psychotropes[8].

De nombreuses interventions thĂ©rapeutiques qui s'inscrivent dans le cadre de normes de pratique mĂ©dicale largement acceptĂ©es sont nĂ©anmoins controversĂ©es du point de vue du handicap.  Par exemple, bien que les mĂ©dicaments psychotropes soient aujourd'hui relativement courants, leur utilisation soulève diverses questions Ă©thiques.  Elles comprennent la mĂ©dicalisation de la souffrance humaine et des problèmes sociaux ; la mĂ©dication des comportements difficiles, en particulier chez les enfants ; les effets secondaires inconnus, notamment le suicide et les complications mĂ©dicales ; l'obtention du consentement Ă©clairĂ© dans un contexte d'informations biaisĂ©es et de discrimination structurelle ; et les questions profondes d'identitĂ©, telles que le rĂ´le de l'entente de voix, des visions et des expĂ©riences sensorielles similaires.  Les interventions pharmaceutiques devenant de plus en plus sophistiquĂ©es (par exemple, les pilules « intelligentes »), il est nĂ©cessaire d'inclure la voix des personnes souffrant de handicaps psychosociaux elles-mĂŞmes dans ces discussions Ă©thiques. Les efforts de prĂ©vention des handicaps comprennent le recours au dĂ©pistage gĂ©nĂ©tique prĂ©natal et au diagnostic gĂ©nĂ©tique prĂ©implantatoire.  Grâce aux progrès technologiques, ces options sont de plus en plus disponibles, ont lieu plus tĂ´t et sont plus sĂ»res et plus accessibles. L'effet cumulatif du choix individuel, de l'idĂ©al de la progĂ©niture parfaite et de la capacitĂ© de discernement, tant chez les cliniciens que dans la sociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral, a entraĂ®nĂ© une augmentation constante du nombre de futurs parents qui choisissent de ne pas avoir d'enfant handicapĂ©. Dans certains pays Ă  revenu Ă©levĂ©, les taux Ă©levĂ©s de recours au dĂ©pistage ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© associĂ©s Ă  une rĂ©duction significative du nombre d'enfants nĂ©s avec certains handicaps congĂ©nitaux[8].

Du point de vue des droits des personnes handicapĂ©es, on craint que ces pratiques ne renforcent et ne valident socialement le message selon lequel les personnes handicapĂ©es n'auraient pas dĂ» naĂ®tre.  Les cadres lĂ©gislatifs qui prolongent le dĂ©lai d'un avortement lĂ©gal (voir Interruption mĂ©dicale de grossesse) ou, exceptionnellement, autorisent l'avortement en prĂ©sence d'une dĂ©ficience fĹ“tale, aggravent ce message. En outre, comme la consĂ©quence est la naissance d'un nombre plus restreint de personnes handicapĂ©es, certains craignent une rĂ©duction de la dĂ©fense du handicap et du soutien social aux personnes handicapĂ©es. De plus, les politiques de santĂ© et les lois sur l'avortement qui perpĂ©tuent des stĂ©rĂ©otypes et une stigmatisation profondĂ©ment ancrĂ©s Ă  l'encontre des personnes handicapĂ©es sapent Ă©galement l'autonomie et le choix des femmes en matière de reproduction. A cet Ă©gard, si la question de l'avortement sĂ©lectif en fonction du handicap requiert une plus grande attention, les solutions ne doivent pas compromettre le droit de toutes les femmes, y compris les femmes handicapĂ©es, de dĂ©cider si elles veulent ou non poursuivre une grossesse. Comme l'ont montrĂ© les interventions contre les avortements sĂ©lectifs en fonction du sexe, les interdictions d'avortement et les restrictions Ă  l'utilisation des technologies sont non seulement prĂ©judiciables aux droits des femmes, mais aussi inefficaces.  L'Ă©dition gĂ©nĂ©tique dĂ©signe la « rĂ©paration » active des gènes associĂ©s Ă  une dĂ©ficience.  Outre les diverses questions Ă©thiques soulevĂ©es par cette technologie, notamment celles liĂ©es Ă  la sĂ©curitĂ©, au consentement, aux inĂ©galitĂ©s et aux mutations involontaires, les bioĂ©thiciens et les militants des droits des personnes handicapĂ©es craignent qu'elle n'entraĂ®ne une diminution importante de la diversitĂ© en soi et une rĂ©duction des possibilitĂ©s pour ceux qui sont considĂ©rĂ©s comme diffĂ©rents[8].

Perceptions et manifestations

Étiquetage

Elle se fonde par exemple sur la focalisation sur une différence. Cela s’accompagne souvent d’une péjoration des caractéristiques des personnes handicapées visées. Le discours n’est toutefois pas nécessairement péjoratif.

Plusieurs observateurs considèrent que ce sont les personnes ayant des troubles mentaux et dépendantes qui suscitent le plus de préjugés capacitistes. Ces personnes sont jugées a priori « folles », paresseuses, manquant d'humanité, dangereuses, imprévisibles, etc[13].

Psychologie

Le psychologue existentiel Michael Schreiner, se définissant lui-même comme handicapé, explique que le capacitisme, même bien intentionné, est intrinsèquement lié au sentiment de mépris. Il en ressort qu'il est acceptable de reléguer les personnes handicapées dans des classes séparées, des ateliers protégés et des « maisons de soins » résidentielles séparées de la communauté, et que des professeurs, éducateurs (y compris parents), chercheurs, ou travailleurs sociaux dans le domaine du handicap peuvent faire preuve de mépris même en tentant d'aider ou de remplir leur rôle[14].

Le mépris est vu comme l'émotion humaine la plus propre à entraîner une relation fondée sur la maltraitance, ce qui entraîne l'impossibilité d'aider réellement la personne handicapée, ainsi qu'une potentielle dégradation de la personne croyant fournir de l'aide[14].

Lutte contre le validisme

Le modèle du handicap fondé sur les droits de l’homme a été cité comme constituant un cadre utile pour remettre en question le capacitisme[15].

Allégations de validisme chez des défenseurs des droits des animaux

Peter Singer, auteur de La Libération animale, a été dénoncé pour ses thèses selon lesquelles la valeur de la vie de personnes handicapées serait, d'un point de vue utilitariste, inférieure à celle de la vie de certains animaux. Ses arguments se basent sur la capacité cognitive, la souffrance et la qualité de vie[16] - [17].

Le récit du super-handicapé

Le super-handicapé (en anglais supercrip) correspond au récit de l'histoire d'une personne souffrant d'un handicap apparent capable de « surmonter » ses différences physiques et d'accomplir une tâche impressionnante. Dans l'article de Thomas Hehir intitulé Eliminating Ableism in Education (éliminer le validisme en éducation), publié dans la Harvard Educational Review, l'auteur emploie l'exemple d'un aveugle qui escalade le Mont Everest comme exemple de récit du super-handicapé. Les Jeux paralympiques sont un autre exemple du stéréotype de l'infirme, car ils suscitent une grande attention de la part des médias et montrent des personnes handicapées effectuant des tâches physiques extrêmement difficiles. Bien qu'à première vue, cela puisse sembler inspirant, Hehir explique que de nombreuses personnes handicapées peuvent considérer ces reportages comme fixant des attentes irréalistes. De plus, Hehir mentionne que les reportages sur les super-handicapés impliquent que les personnes handicapées devraient surmonter leur handicap en accomplissant ces tâches impressionnantes pour être considérées comme égales et éviter la pitié des personnes non handicapées[18].

LĂ©gislation

Ontario

Des mesures anti-capacitistes sont entrées dans la législation de l'Ontario par l'intermédiaire de la Commission sur les droits de l'homme de l'Ontario[19].

Ceci s'applique dans les situations suivantes :

  • Lors de la rĂ©ception de biens, de services et de l'utilisation d'installations. Les services peuvent comprendre des services privĂ©s ou publics, notamment les assurances, les Ă©coles, les restaurants, la police, les soins de santĂ©, les centres commerciaux, etc[19].
  • Dans le domaine du logement, y compris les logements locatifs privĂ©s, les logements coopĂ©ratifs, les logements sociaux et les logements accompagnĂ©s ou assistĂ©s.
  • Lors de la conclusion de contrats avec d'autres personnes, y compris l'offre, l'acceptation, le prix ou mĂŞme le rejet d'un contrat[19].
  • Dans le domaine de l'emploi, y compris le travail Ă  temps plein et Ă  temps partiel, le bĂ©nĂ©volat, les stages d'Ă©tudiants, les programmes d'emploi spĂ©ciaux, l'emploi Ă  l'essai et le travail temporaire ou contractuel[19].
  • Lors de l'adhĂ©sion ou de l'appartenance Ă  un syndicat, une association professionnelle ou une autre association professionnelle. Cela s'applique Ă  l'adhĂ©sion Ă  des syndicats et Ă  des professions autonomes, y compris les conditions d'adhĂ©sion, etc[19].

Québec

En droit québécois, la discrimination en fonction du handicap est l'un des motifs de discrimination de l'article 10 de la Charte québécoise[20]. Pour que la disposition soit efficace, il faut la combiner avec une autre disposition de la Charte car l'article protège l'égalité dans l'exercice des droits plutôt que l'égalité en tant que telle[21].

Suisse

En Suisse, la Constitution fédérale garantit que (article 8)[22] :

  1. Tous les ĂŞtres humains sont Ă©gaux devant la loi.
  2. Nul ne doit subir de discrimination du fait notamment de son origine, de sa race, de son sexe, de son âge, de sa langue, de sa situation sociale, de son mode de vie, de ses convictions religieuses, philosophiques ou politiques ni du fait d’une déficience corporelle, mentale ou psychique.
  3. L’homme et la femme sont égaux en droit. La loi pourvoit à l’égalité de droit et de fait, en particulier dans les domaines de la famille, de la formation et du travail. L’homme et la femme ont droit à un salaire égal pour un travail de valeur égale.
  4. La loi prévoit des mesures en vue d’éliminer les inégalités qui frappent les personnes handicapées.

Emploi d'un lexique de la domination par des associations militantes

L'association Handi-social, fondée par Odile Maurin en 2001 à Toulouse, emploie le terme de validisme afin de désigner le système de normes et de valeurs qui organise la société autour de la figure de la personne valide, notamment sous l'impulsion d'Elisa Rojas du CLHEE. Le terme est employé afin de nommer puis de dénoncer un ensemble de discriminations, montrant que la personne handicapée est marginalisée et exclue de l'espace public, mettant en avant une domination et une ségrégation des corps (voir Biopolitique)[23].

Notes et références

  1. « capacitisme », Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française (consulté le ).
  2. « validisme », Dictionnaires Le Robert (consulté le ).
  3. (en) Laura E. Marshak, Claire J. Dandeneau, Fran P. Prezant et Nadene A. L'Amoreaux, The School Counselor's Guide to Helping Students with Disabilities, John Wiley and Sons, coll. « Jossey-Bass teacher », , 366 p. (ISBN 978-0-470-17579-8, lire en ligne)
  4. Convention relative aux droits des personnes handicapées, article 2
  5. Dictionary.com ableism
  6. « handiphobie », dans Wiktionnaire, (lire en ligne)
  7. http://www.galileo.usg.edu/scholar/uga/databases/enpa-uga1/?Welcome Encyclopedia of Disability (2006) (SAGE)
  8. « OHCHR | Report on the impact of ableism in medical and scientific practice », sur www.ohchr.org (consulté le )
  9. CDTHED, « Ressources des travailleurs handicapés en ESAT - CDTHED › Dossiers par thèmes › ESAT » Accès libre
  10. David Pfeiffer, « Eugenics and Disability Discrimination », Disability & Society, vol. 9, no 4,‎ , p. 481–499 (ISSN 0968-7599, DOI 10.1080/09687599466780471, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Michael Robertson, Astrid Ley et Edwina M Light, « The First into the Dark: The Nazi Persecution of the Disabled », University of Sydney ePress,‎
  12. (en-US) Grace Lapointe, « Mendel’s Dwarf: A Novel About the Dangers of Ableism and Eugenics », sur BOOK RIOT, (consulté le )
  13. 7. Stéréotypes à l’égard des personnes aux prises avec des troubles mentaux ou des dépendances: Partie B : Commentaires reçus - 7. Stéréotypes à l’égard des personnes aux prises avec des troubles mentaux ou des dépendances. Commission ontarienne des droits de la personne. Citation en exergue : « Les gens portent beaucoup de jugements à propos de nous. Ils nous traitent de « paresseux » et de « fous ». Ils pensent que nous « manquons de motivation », que nous devrions « essayer davantage » ou tout simplement « cesser d’être déprimés ». » - Source : People Advocating for Change through Empowerment (PACE)
  14. (en) Disability Science Review, « Why does ableism cause harm? », sur Medium, (consulté le )
  15. « Lives worth living (rapport du Rapporteur spécial de l'ONU sur les droits des personnes handicapées) », sur www.embracingdiversity.net (consulté le )
  16. (en-US) Sunaura Taylor, « On Ableism and Animals », sur The New Inquiry, (consulté le ).
  17. (en-US) Stephen Drake, « Peter Singer in the NY Times: Disabled Lives Worth Less, Hypothetically », sur Not Dead Yet, (consulté le ).
  18. Thomas Hehir, « Eliminating Ableism in Education », Harvard Educational Review, vol. 72, no 1,‎ , p. 1–33 (ISSN 0017-8055, DOI 10.17763/haer.72.1.03866528702g2105, lire en ligne, consulté le )
  19. (en) « Policy on ableism and discrimination based on disability », sur Commission ontarienne des droits de la personne,
  20. Charte des droits et libertés de la personne, RLRQ c C-12, art 10, <https://canlii.ca/t/19cq#art10>, consulté le 2022-05-20
  21. Barreau du Québec, Collection de droit 2019-2020, Volume 8 - Droit public et administratif, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2019
  22. Constitution fédérale de la Confédération suisse du 18 avril 1999 (état le 1er janvier 2020).
  23. Odile MAURIN, « Le handicap, un sport de combat ! Par Clara Lecadet dans la revue Vacarme », sur HANDI-SOCIAL, (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • (en) Lennard J. Davis, The Disability Studies Reader, New-York, Routledge, , 3e Ă©d., 653 p. (ISBN 978-0-415-87376-5 et 978-0-415-87374-1)
  • (en) Fiona Kumari Campbell, Contours of ableism : the production of disability and abledness, New York, Palgrave Macmillan, , 224 p. (ISBN 978-0-230-57928-6 et 0230579280).
  • (en) Thomas Hehir, New directions in special education : eliminating ableism in policy and practice, Cambridge, MA, Harvard Education Press, , 211 p. (ISBN 978-1-891792-61-8 et 189179261X).

Articles de presse

  • [Weill 2018] Thomas Weill, « Le « validisme », une façon de rejeter les personnes handicapĂ©es sans s'en rendre compte : Les personnes handicapĂ©es souffrent du validisme, des discriminations du fait de leur handicap… », 20 Minutes,‎
  • [Larcade 2020] Flavien Larcade, « Le « validisme », une oppression mĂ©connue », Politis, no 1595,‎ , p. 20-21

Littérature

  • Ron Amundson, Gayle Taira, « Nos vies et nos idĂ©ologies : Les effets de l'expĂ©rience de vie sur la moralitĂ© perçue de la politique du suicide mĂ©dicalement assistĂ© », Journal of Policy Studies, vol. 16, no 1,‎ , p. 53-57 (lire en ligne [PDF])
  • Tobias Buchner, Lisa Pfahl, Boris Traue : Sur la critique des capacitĂ©s. L'aptitude comme nouvelle perspective de recherche des Disability Studies et de ses partenaires. Dans : "Journal for Inclusion". 2/2015 (http://bidok.uibk.ac.at/library/inkl-01-15-buchner-ableism.html open access)
  • Fiona A. Kumari Campbell, « Inciter les fictions juridiques : Date d'invaliditĂ© avec l'ontologie et le corps de la loi », Griffith Law Review, vol. 10, no 1,‎ , p. 42-62
  • Fiona A. Kumari Campbell, Contours de l'argentique : La production du handicap et de la capacitĂ© d'adaptation, Palgrave Macmillan, (ISBN 978-0-230-57928-6)
  • Fiona A. Kumari Campbell, « Refuser Able(ness) : Une conversation prĂ©liminaire sur le bouddhisme », M/C Journal, vol. 11, no 3,‎ (lire en ligne)
  • Mike Clear, « Le "normal" et le monstrueux dans la recherche sur le handicap », DĂ©ficience et sociĂ©tĂ©, vol. 14, no 4,‎ , p. 435-448
  • Pat Griffin, Madelaine L. Peters, Robin M. Smith, Apprendre la diversitĂ© et la justice sociale, vol. 1, Taylor & Francis, (ISBN 978-0-415-95199-9), « CrĂ©ation de programmes d'Ă©tudes »
  • Thomas Hehir, Education spĂ©cialisĂ©e pour un nouveau siècle, vol. 41, Lauren I. Katzman, coll. « Harvard educational review », (ISBN 978-0-916690-44-1), « Eliminer les capacitĂ©s dans l'Ă©ducation »
  • Yoshitaka Iwasaki, Jennifer Mactavish, « Ubiquitaire et pourtant unique : Perspectives des personnes handicapĂ©es sur le stress », RĂ©adaptation Bulletin de conseil, vol. 48, no 4,‎ , p. 194-208 (DOI 10.1177/00343552050480040101)
  • Laura E. Marshak, Claire J. Dandeneau, Fran P. Prezant, Nadene A. L'Amoreaux, Le guide du conseiller scolaire pour aider les Ă©tudiants handicapĂ©s, John Wiley and Sons, coll. « Professeur de Jossey-Bass », (ISBN 978-0-470-17579-8)
  • Thorsten Merl : pas/assez capable. CrĂ©er une diffĂ©rence dans l'enseignement des classes d'Ă©coles inclusives. Bad Heilbrunn : Klinkhardt, 2019, (ISBN 978-3-7815-5725-3).
  • Rebecca Maskos : http://arranca.org/43/was-heisst-ableism Que signifie le terme "Ableism" ? Dans : arranca! no 43, 2010.
  • Gregor Wolbring : La convergence de la gouvernance de la science et de la technologie avec la gouvernance du validisme. UniversitĂ© de Calgary, Canada 2009 (http://ucalgary.academia.edu/GregorWolbring/Papers/109984/Die_Konvergenz_der_Governance_von_Wissenschaft_und_Technik_mit_der_Governance_des_Ableism_The_convergence_of_science_and_technology_governance_with_the_governance_of_Ableism ucalgary.academia.edu).
  • Ivan Eugene Watts, Nirmala Erevelles, « These Deadly Times : Reconceptualiser la violence Ă  l'Ă©cole en utilisant la thĂ©orie raciale critique et les Ă©tudes sur le handicap », American Educational Research Journal, vol. 41, no 2,‎ , p. 271-299 (lire en ligne)
  • Paul Miller, Sophia Parker, Sarah Gillinson, Disablism : comment s'attaquer au dernier prĂ©jugĂ©, Londres, Demos, (ISBN 1-84180-124-0)

Articles connexes

Liens externes

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