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Pomerium

Dans la Rome antique, le pomerium (ou pomƓrium) est la limite sacrĂ©e qui sĂ©pare la ville (urbs) de son territoire alentour (ager). La notion de pomerium ne s’applique qu’à Rome, aux villes anciennes du Latium et aux colonies romaines fondĂ©es rituellement.

Lithographie du XIXe siÚcle représentant Romulus qui trace le sillon du pomerium lors de la fondation de Rome, à l'aide d'un araire à soc de bronze.

Il forme une frontiĂšre Ă  la fois juridique et religieuse : limite de l'autoritĂ© des tribuns de la plĂšbe et du pouvoir militaire (imperium militiae) ; interdiction pour l'armĂ©e de le franchir ; tenue des comices centuriates Ă  l'extĂ©rieur du pomerium ; exclusion des sĂ©pultures et de certains lieux de culte de l’intĂ©rieur du pomerium.

NĂ© sous la RoyautĂ©, le pomerium s'est agrandi Ă  plusieurs reprises sous la RĂ©publique et l'Empire. Le nombre et l'importance de ces extensions sont toutefois mal connus et prĂȘtent Ă  discussion.

Étymologie

La dĂ©finition du pomerium a donnĂ© autant de difficultĂ©s aux anciens qu'aux modernes[1]. Les Romains eux-mĂȘmes avaient bien du mal Ă  ĂȘtre d’accord sur la dĂ©finition et l’étymologie du mot : Varron[A 1] et Plutarque[A 2] expliquaient pomerium par post murum, plaçant celui-ci Ă  l’extĂ©rieur du mur d’enceinte ; d'autres auteurs[A 3] - [A 4] font dĂ©river pomerium de *promoerium et le placent Ă  l'intĂ©rieur du mur ; tandis que Tite-Live[A 5] propose comme synonyme circamoerium, plaçant le pomerium de part et d'autre du mur d’enceinte.

La premiĂšre Ă©tymologie (*postmoerium) est la plus gĂ©nĂ©ralement acceptĂ©e[2] Ă  la suite d’AloĂŻs Walde[3] qui fait dĂ©river pomerium de *pos + *moirion. En accord avec la seconde (*promoerium), Roland Kent[4] place le pomerium comme un espace vide en dehors du mur d’enceinte. Le prĂ©fixe de ce mot est donc ambigu : il peut venir soit de post-, soit de pro- et signifier derriĂšre ou devant. Par ailleurs on voit mal comment pomoerium aurait pu Ă©voluer en pomerium avec un -e- long[5].

Une autre Ă©tymologie (*po + *smer) a Ă©tĂ© proposĂ©e par Roger Antaya[6] qui fait remonter Ă  un prĂ©fixe indo-europĂ©en *po-, de mĂȘme racine que positus, pono (« poser, placer »), et Ă  une racine indo-europĂ©enne *smer-, Ă  rapprocher des mots grecs ÎŒÎ­ÏÎżÏ‚, ÎŒÎżÎŻÏÎ± (la « part »). Selon cette Ă©tymologie, le pomerium serait une limite, une ligne de dĂ©marcation, et non la bande de terre que dĂ©crivent certaines des sources anciennes. Cette Ă©tymologie permettrait Ă  la fois de sĂ©parer le pomerium d’une origine Ă©trusque (par son Ă©tymologie indo-europĂ©enne) et de ne pas lier Ă©tymologiquement la notion de pomerium Ă  la notion de mur (murus)[7].

DĂ©finition

S’il est clair pour les anciens comme pour les modernes que le pomerium est la limite qui sĂ©pare le territoire antique de Rome (ager romanus antiquus) et la ville (urbs), la nature exacte de cette limite reste discutĂ©e et aucun auteur antique n'en donne une dĂ©finition prĂ©cise.

À Rome, comme en d'autres villes italiques, le mur d'enceinte est entourĂ© de deux bandes de terrain, l'une extĂ©rieure, l'autre intĂ©rieure, chacune limitĂ©e par des cippes[A 1] - [A 5] - [A 6]. Les modernes se sont demandĂ© si le pomerium Ă©tait la bande intĂ©rieure, la bande extĂ©rieure, les deux bandes, ou bien simplement la ligne entre les deux[8]. Varron[A 1] dĂ©finit le pomerium comme une ligne, et seule cette dĂ©finition est considĂ©rĂ©e comme exacte[9] - [10]. AprĂšs avoir rappelĂ© le rite dit Ă©trusque de la charrue, utilisĂ© lors de la fondation des villes et des colonies, il prĂ©cise que la ligne immĂ©diatement au contact des mottes de terre toutes rejetĂ©es Ă  l'intĂ©rieur, est le pomerium lui-mĂȘme. Le tĂ©moignage de Varron est confirmĂ© par Plutarque[A 2] et Tacite[A 6], ainsi que par les cippes de la colonie triumvirale de Capoue. La notion de pomerium ne s’applique qu’à Rome, aux villes anciennes du Latium et aux colonies romaines fondĂ©es rituellement[11].

D'aprĂšs Pierre Grimal[10], se dĂ©gagent trois concepts distincts, qui se superposent, non sans quelque confusion dans la pratique : d'une part, le concept d’oppidum, essentiellement militaire, puis le concept d’urbs, qui est religieux, et enfin celui d’agglomĂ©ration qui est seulement un Ă©tat de fait. L’enceinte servienne, dont nul ne saurait nier qu’elle soit une enceinte dĂ©fensive, est indĂ©pendante du pomerium, puisque, jusqu'au temps de l’empereur Claude, l’Aventin, compris Ă  l'intĂ©rieur de l'enceinte militaire, se trouve extra pomerium[A 7] - [A 3]. Plus tard, lorsque les colons romains s'installent en plaine, comme Ă  Ostie, enceinte militaire et limite pomĂ©riale peuvent sans difficultĂ© se confondre. Ainsi, dĂšs l’origine, il semble bien que la notion de limite pomĂ©riale soit indĂ©pendante Ă  la fois de celle d’enceinte fortifiĂ©e et aussi de celle d'agglomĂ©ration. Le vocabulaire conserve les traces de cette conception : Ă  la notion de ville dĂ©fendue rĂ©pond le terme d’oppidum tandis que celui d’urbs rĂ©pond Ă  ce qu’est la ville « au regard des dieux »[12]. Le texte de Varron[A 1] ne lie pas non plus le mur rĂ©el et le tracĂ© augural : au contraire, il les distingue en droit et les sĂ©pare en fait. La notion de pomerium ne coĂŻncide donc nullement, ni en droit ni en fait, avec une enceinte fortifiĂ©e[12].

En revanche, ce mĂȘme texte de Varron lie indissolublement la notion de ville (urbs) et celle de pomerium : pour avoir le titre d’urbs, il faut qu'il y ait eu constitution d’un pomerium[10], car celui-ci rĂ©pond essentiellement Ă  l’impĂ©ratif religieux de constituer la limite pour les auspices urbains, et de signifier et prĂ©server l'intĂ©gritĂ© du sol auspicialement privilĂ©giĂ© de la ville[11].

Fondation

Rome dans les premiÚres années de sa fondation au VIIIe siÚcle av. J.-C. Le pomerium romuléen correspondrait à cette limite.

On ne sait pas avec certitude qui a crĂ©Ă© le pomerium et les textes anciens manquent de prĂ©cision : bien que l'on considĂšre que Romulus a inaugurĂ© le pomerium lorsqu’il a dĂ©fini la future enceinte de Rome[A 6], Tite-Live ne parle du pomerium que pour signaler que Servius Tullius l’agrandit[A 5] - [13].

D’aprĂšs la lĂ©gende, lorsque Romulus trace le sillon de l'enceinte lors de la fondation de Rome en 753 av. J.-C., il effectue cette opĂ©ration de fondation en tant que rex (roi), Ă©tymologiquement « tireur de trait »[14] (cette Ă©tymologie est importante, car elle vient renforcer la notion de pomerium en tant que ligne et non comme espace). Le caractĂšre sacrĂ© du pomerium est trĂšs fort. Lorsque RĂ©mus, par dĂ©rision, viole cette limite en sautant au-dessus du sillon, Romulus le tue, car l'acte est vu comme sacrilĂšge. D'aprĂšs Tacite[A 6], le pomerium de Romulus correspondrait au Palatin, et l'on a suggĂ©rĂ©[15] qu'il pourrait coĂŻncider avec l'itinĂ©raire suivi lors des Lupercales (crĂ©Ă©es par Romulus) durant la course des Luperques autour de la colline.

Un texte de Varron[A 1] décrit l'opération de fondation :

« Dans le Latium, bien des fondateurs de citĂ©s suivaient le rite Ă©trusque : avec un attelage de bovins, un taureau et une vache, celle-ci sur la ligne intĂ©rieure, ils traçaient Ă  la charrue un sillon d'enceinte [
], afin de se fortifier par fossĂ© et muraille. Le trou d'oĂč ils avaient enlevĂ© la terre, ils l'appelaient fossĂ© (fossa) et la terre rejetĂ©e Ă  l'intĂ©rieur, ils l’appelaient muraille (murus). DerriĂšre ces Ă©lĂ©ments, le cercle (orbis) qui se trouvait tracĂ© formait le commencement de la ville (urbis, gĂ©nitif de urbs, jeu de mots), et comme ce cercle Ă©tait « derriĂšre la muraille » (post murum) on l'appela le postmoerium. Il marque la limite pour la prise des auspices urbains. Des bornes, limites du pomerium se dressent autour d'Aricie et autour de Rome
 »

— Varron[16].

Bien que Varron[A 1] prĂ©sente le rite de fondation comme Ă©trusque, on ne voit pas ce qu'il aurait de spĂ©cifiquement Ă©trusque[17] - [18]. L’étymologie de rex en tant que « tireur de traits » mise en parallĂšle avec celle proposĂ©e pour le pomerium par Roger Antaya[7] vont, elles aussi, dans ce sens.

Sans le rite de la charrue, le pomerium perdrait sa valeur sacrale et ne serait plus qu'une ligne administrative. Ce cercle magique protĂšge la ville contre les influences nĂ©fastes de l'extĂ©rieur, sauf Ă  la hauteur des portes, lĂ  oĂč la charrue a Ă©tĂ© soulevĂ©e[A 8], oĂč la protection est assurĂ©e par Janus, dieu des passages[19] - [20].

Ceux qui souhaitent rattacher la crĂ©ation du pomerium Ă  Romulus sont confortĂ©s dans leur conviction par le rĂ©sultat des fouilles d’Andrea Carandini[21]. Cet archĂ©ologue a retrouvĂ© au pied du Palatin les fondations de plusieurs fortifications, construites chaque fois sur les remblais de la prĂ©cĂ©dente. La plus ancienne, atteignant le sol nu, a Ă©tĂ© datĂ©e des annĂ©es 730-720 av. J.-C. ; presque contemporaine, donc, de la date traditionnelle Ă  laquelle on place la fondation de Rome[22]. Si Rome a donc Ă©tĂ© constituĂ©e en citĂ© bien avant la royautĂ© Ă©trusque, puisqu’elle avait un mur d’enceinte vers la fin du VIIIe siĂšcle av. J.-C., il n’est pas dĂ©raisonnable, dans ces conditions, de considĂ©rer que la fondation de Rome est antĂ©rieure Ă  la Rome des Tarquins et de rendre le rite de fondation et le pomerium Ă  Romulus[23] - [24].

Limite religieuse et juridique

La sĂ©paration de l’urbs et de l’ager par le pomerium reprĂ©sente une dualitĂ© topographique qui affecte profondĂ©ment Ă  la fois la religion et le droit[25], sĂ©parant les diffĂ©rents types d’activitĂ©s humaines et les diffĂ©rents types de relations avec les dieux[26] entre celles qui doivent avoir lieu Ă  l’intĂ©rieur de l’urbs et celles qui ne sont valables qu’au-delĂ  du pomerium, et il n'y a aucune raison de douter que cette distinction ne remonte aux origines de la ville[15]. C'est Ă  l'intĂ©rieur du pomerium qu'ont lieu les activitĂ©s civiques : principaux cultes religieux, activitĂ©s politiques et justice civile. Si on les tient pour complĂ©mentaires, on s'abstient d'Ă©tablir une dĂ©pendance entre les deux aspects religieux et constitutionnel de la distinction de l’urbs et de l’ager[25]. Le pomerium offre une protection magique qui « est au moins aussi importante que la protection matĂ©rielle du rempart , les deux tracĂ©s ne ne coĂŻncidant pas d'ailleurs obligatoirement[27] ».

Inauguration du pomerium

La mise en place du pomerium est un acte religieux de la plus haute importance[17].

L’urbs et l’ager ont la mĂȘme condition de loci effati et liberati[A 9]. L'effatio est la dĂ©limitation augurale par la parole ; la liberatio est l'Ă©limination des esprits malfaisants qui l’habitent[28]. Mais l’urbs n'est pas seulement un locus effatus et liberatus. À l'intĂ©rieur du pomerium, elle possĂšde une qualitĂ© qui la distingue de l’ager qui l'entoure : elle est par surcroĂźt un lieu inaugurĂ©[29]. L'inauguration de l’urbs, trĂšs fortement attestĂ©e, est placĂ©e par la lĂ©gende romulĂ©enne sous le signe miraculeux des douze vautours[30] qui fait de l’urbs, Ă  l'intĂ©rieur du pomerium, une zone Ă©lue de Jupiter au sein de son territoire[31]. Inaugurer, c’est techniquement exĂ©cuter l’acte propre aux augures[24]. Il s’agit ici essentiellement de prendre les auspices, afin de s’assurer que l’ensemble pomĂ©rial soit acceptĂ©, que sa fonction soit reconnue par les dieux[24]. Le rite augural fait place nette pour permettre l'installation de l'homme dans l’urbs Ă  l'intĂ©rieur de limites prĂ©cises[32].

Ces deux zones ont donc des statuts diffĂ©rents : l’ager Romanus antiquus, s'il est comme l’urbs un locus liberatus et effatus, n'est pas un locus augustus, il n'a pas Ă©tĂ© inaugurĂ© comme elle. Il a Ă©tĂ© simplement dĂ©limitĂ© (effatus) et dĂ©barrassĂ© des esprits malfaisants (liberatus) qui l'habitaient. C'est tout ce qu'il a de commun avec l’urbs. Elle seule a Ă©tĂ© dotĂ©e de la grĂące particuliĂšre des auspices romulĂ©ens[33]. L'inauguration confĂšre au sol de l’urbs auspicialement privilĂ©giĂ© une valeur mystique qui exige une protection de sa puretĂ©[34]. Par consĂ©quent, le droit sacrĂ© prescrit des interdits Ă©cartant les souillures qui sont rejetĂ©es sur l’ager au-delĂ  du pĂ©rimĂštre pomĂ©rial[31].

Pomerium et Imperium

La ligne pomĂ©riale constitue la limite entre pouvoir civil (imperium domi) Ă  l’intĂ©rieur de la ville (urbs) et plein pouvoir militaire (imperium militiae) Ă  l'extĂ©rieur de Rome[11] - [35]. Si Ă  la suite de Theodor Mommsen[36], la division de la notion d’imperium entre imperium domi et imperium militiae est largement acceptĂ©e[37] - [38] - [39] - [11], la notion d’imperium est parfois[40] rĂ©servĂ©e au seul pouvoir militaire tandis que le pouvoir civil est liĂ©e exclusivement Ă  la notion de potestas. Mais si le dĂ©bat porte sur les termes du vocabulaire du droit romain, la rĂ©alitĂ© de la sĂ©paration des pouvoirs est, elle, bien attestĂ©e[40].

La diffĂ©rence de statut en droit sacrĂ© entre l'urbs et l’ager a pour consĂ©quence en droit public que la compĂ©tence urbaine d'abord du roi ensuite des magistrats supĂ©rieurs est purement civile, alors que le pouvoir militaire ne s'exerce qu'en dehors de la ville, une fois que le pomerium a Ă©tĂ© franchi[34]. L’imperium est le pouvoir militaire suprĂȘme, soigneusement limitĂ© par la limite sacrĂ©e du pomerium, Ă  l’intĂ©rieur duquel il ne peut, sauf circonstances exceptionnelles, s’exercer. Le magistrat qui possĂšde le pouvoir militaire a, par exemple, le droit total de vie ou de mort sur les citoyens romains en dehors du pomerium et, de fait, le droit est diffĂ©rent entre l'intĂ©rieur et l'extĂ©rieur du pomerium. C’est pourquoi[41] le pouvoir des magistrats romains est limitĂ© : la puissance tribunitienne (tribunicia potestas) est restreinte Ă  l’intĂ©rieur de Rome[A 10] - [A 11] tandis que le magistrat investi de l’imperium proconsulaire (imperium proconsulare) n’a de pouvoir qu’à l’extĂ©rieur du pomerium[A 12]. L’imperium, comme les autres affaires militaires, reste en dehors du pomerium[42] - [43].

L’imperium militaire n'est pas permanent[44]. Il ne s'acquiert que par une cĂ©rĂ©monie (vƓux sur le capitole, prise d’auspice, tenue militaire) au dĂ©part du magistrat lorsqu’il franchit le pomerium. Le magistrat ne peut ensuite rentrer Ă  l’intĂ©rieur du pomerium sans perdre automatiquement son imperium[44] - [45] (plusieurs exemples sont donnĂ©s par Dion Cassius durant la guerre civile[A 13]). Il doit ensuite lorsqu’il ressort du pomerium cĂ©lĂ©brer de nouveau les rites nĂ©cessaires pour reprendre de maniĂšre lĂ©gitime l’imperium[46]. Les Romains accordent une si grande importance aux formalitĂ©s nĂ©cessaires pour prendre l’imperium en franchissant le pomerium que durant la guerre civile de CĂ©sar, en 49 av. J.-C., les ennemis de CĂ©sar font attention Ă  bien cĂ©lĂ©brer correctement les rites nĂ©cessaires bien qu'ils aient nĂ©gligĂ© d’obtenir une lex curiata leur donnant le droit de prendre l’imperium[A 14] - [47].

Les seules exceptions Ă  cette rĂšgle sont la cĂ©rĂ©monie du triomphe et la magistrature extraordinaire de la dictature, le dictateur dĂ©tenant les pleins pouvoirs Ă  l’intĂ©rieur comme Ă  l’extĂ©rieur de Rome[48].

Au dĂ©but de la RĂ©publique, la compĂ©tence urbaine s'exerce Ă  l'origine jusqu'Ă  la limite du pomerium. Par suite de l'extension de la ville au-delĂ  de son enceinte, cette compĂ©tence par commoditĂ© est Ă©tendue jusqu'Ă  la premiĂšre borne milliaire[25]. L’importance du pomerium comme limite de l’imperium disparaĂźt avec la RĂ©publique. Lors du passage Ă  l’Empire, Auguste n’a d’abord que certains des pouvoirs du tribun avant que rapidement, en 23 av. J.-C., il ne reçoive la pleine puissance tribunitienne, alors que dans le mĂȘme temps il exerce l’imperium proconsulaire Ă  partir de 19 av. J.-C. Le sĂ©nat lui accorde d’ĂȘtre tribun Ă  vie ainsi que les pouvoirs proconsulaires permanents, de maniĂšre qu’il n’a ni Ă  le dĂ©poser en entrant dans l’enceinte du pomerium, ni Ă  le reprendre ensuite[A 15]. Rapidement la combinaison des pouvoirs civils et militaires aux mains d'Auguste[49] conduit Ă  l'abandon des restrictions spatiales de l’imperium liĂ©es au pomerium et aprĂšs lui tous les empereurs obtiennent les mĂȘmes pouvoirs sans aucune restriction[A 11]. Contrairement aux magistrats rĂ©publicains, les empereurs exercent ensuite sans distinction leur autoritĂ© Ă  la fois dans la sphĂšre civile et dans la sphĂšre militaire. De mĂȘme, durant le Ier siĂšcle, les comices centuriates perdent de leur importance lorsque le pouvoir se dĂ©place vers le sĂ©nat et l’empereur[43].

Auspices urbains et auspices militaires

La distinction entre pouvoir civil et pouvoir militaire se reflĂšte dans le droit des auspices[28], l’imperium des magistrats supĂ©rieurs Ă©tant, en effet, assorti du droit d’auspices.

Les deux pouvoirs civil et militaire correspondent Ă  deux zones distinctes en droit sacrĂ©, l’urbs et l’ager qui ont respectivement des auspices qui leur sont propres[28]. Le pomerium dĂ©finit la limite entre les auspices urbains (auspicia urbana) et les auspices militaires (auspicia bellica)[A 1] - [A 7] - [A 16]. Aussi ces deux pouvoirs s'acquiĂšrent-ils par des auspications diffĂ©rentes : le pouvoir civil par les auspices d'entrĂ©e en charge, le pouvoir militaire par les auspices de dĂ©part au Capitole[50].

Les pouvoirs domi et militiae correspondent Ă  des espaces qui ont des statuts religieux indĂ©pendants. Le droit constitutionnel et le droit sacrĂ© se rejoignent. La topographie constitutionnelle recouvre la topographie sacrale. La ligne de partage est elle-mĂȘme religieuse, le pomerium[28].

Deux exemples montrent bien l’importance que les Romains accordent Ă  la prise d’auspices et au rĂŽle du pomerium (et aux rites religieux en gĂ©nĂ©ral[51]) comme contrainte religieuse dans la vie politique et la lĂ©gitimitĂ© des magistrats romains :

  • le premier est racontĂ© par Tite-Live[A 17] : en 177 av. J.-C., le consul Caius Claudius part de Rome prĂ©cipitamment pour se rendre dans sa province sans prendre le temps d’accomplir les rites nĂ©cessaires. À son arrivĂ©e, le proconsul et les soldats romains refusent alors de lui obĂ©ir tant qu’il n’a pas accompli les rites d’usages. Claudius est alors obligĂ© de retourner Ă  Rome et d’accomplir correctement les rites de dĂ©part ;
  • l’autre exemple est donnĂ© par CicĂ©ron[A 18] - [A 19] : en 162 av. J.-C.[52] TibĂ©rius Gracchus, sortant de Rome aprĂšs une sĂ©ance au SĂ©nat, oublie en retraversant le pomerium de reprendre les auspices avant de mettre en route les opĂ©rations Ă©lectorales ; il n’a plus les auspices urbains, qui s’arrĂȘtent au pomerium ; il n’a pas les auspices militaires qui lui sont nĂ©cessaires pour prĂ©sider cette assemblĂ©e. Lorsqu’il s’en rend compte quelque temps plus tard Ă  la lecture des livres auguraux, il en avertit le collĂšge des augures qui font un rapport au sĂ©nat et les consuls Ă©lus cette annĂ©e-lĂ  dĂ©missionnent pour recommencer les Ă©lections[53].

Interdit funéraire

L'inauguration confÚre au sol de la ville une valeur mystique qui exige une protection de sa pureté. Celle-ci est assurée par l'interdit funéraire qui écarte de la ville les morts[34], sans qu'il y ait à distinguer l'incinération de l'inhumation[A 20] - [A 21] - [A 22], moyennant des exceptions théoriques[31] difficiles à vérifier au profit des Vestales, des triomphateurs[A 23] et dans les temps les plus reculés de quelques grandes familles comme les Valerii[A 24].

La rĂšgle elle-mĂȘme est respectĂ©e tout au long de l’histoire de Rome, et les seules sĂ©pultures prĂ©sentes dans l’enceinte du pomerium sont celles qui se trouvent en dehors avant un agrandissement, celles-ci n’étant dans ce cas pas dĂ©placĂ©es. Si CĂ©sar rĂ©ussit Ă  faire voter en avance le privilĂšge spĂ©cial d’avoir une tombe Ă  l’intĂ©rieur du pomerium, ses cendres sont finalement enterrĂ©es dans son tombeau au Champ de Mars au cĂŽtĂ© de celles de sa fille Julia[49] - [54].

L’interdit funĂ©raire liĂ© au pomerium n’est pas modifiĂ© par les empereurs. Il est au contraire rĂ©affirmĂ© en plusieurs occasions par Hadrien[A 25], Antonin[A 26], au temps des SĂ©vĂšres[A 27], et DioclĂ©tien[A 28]. Cette interdiction persiste jusqu'Ă  la fin du IVe siĂšcle[55]. Les empereurs eux-mĂȘmes respectent cet interdit[49], Ă  l’exception de Trajan, dont les cendres sont amenĂ©es Ă  Rome et conservĂ©es dans la colonne qui porte son nom[A 29]. Mais cette anomalie est expliquĂ©e et justifiĂ©e par un droit prĂ©tendument traditionnel de ceux qui cĂ©lĂšbrent un triomphe d'ĂȘtre enterrĂ© dans la ville[49]. Les catacombes chrĂ©tiennes suivent cette tradition et sont donc hors du pomerium[56].

Guerre et triomphe

Le caractÚre sacré du pomerium en exclut la mort et tout ce qui rappelle la mort. Les cadavres et dépouilles en sont donc théoriquement bannis[31].

Les soldats en armes, n'y pĂ©nĂštrent pas, sans doute parce qu'ils sont souillĂ©s par la guerre, ou plutĂŽt parce que le pomerium dĂ©limite une autre sphĂšre d'existence civique[11]. À l’époque impĂ©riale, le camp de la garde prĂ©torienne est situĂ© juste en dehors du pomerium[49]. Entrer dans la ville avec une armĂ©e sans la permission du sĂ©nat est donc un sacrilĂšge[57]. Lorsqu'en 82 av. J.-C., Sylla pĂ©nĂštre dans Rome Ă  la tĂȘte de ses troupes pour y rĂ©duire, dans la violence et le sang, les partisans de Marius[A 30] - [A 31], ce n'est pas le massacre en lui-mĂȘme qui est considĂ©rĂ© comme nefas mais le franchissement du pomerium, interdit Ă  l’armĂ©e[57].

Pour la mĂȘme raison, les comices centuriates, l'assemblĂ©e des citoyens mobilisables, ne se rĂ©unissent qu’à l’extĂ©rieur de Rome, sur le Champ de Mars[A 32], cette assemblĂ©e ayant depuis sa fondation un caractĂšre militaire[58]. Par consĂ©quent, il est nefas que les comices centuriates se rassemblent Ă  l'intĂ©rieur du pomerium, contrairement au comices curiates dont le rĂŽle est purement civil[59].

En principe, l'état de paix est requis pour que les legati exterarum nationum (les ambassadeurs étrangers) soient admis dans la ville[60] - [50]. Le tabou de la guerre s'étend aux ambassadeurs des peuples ennemis ; ils sont reçus, si le sénat leur accorde une audience, hors du pomerium, dans le temple de Bellona[61].

La cĂ©rĂ©monie du triomphe est prĂ©sentĂ©e dans les sources antiques comme un Ă©vĂ©nement exceptionnel et spectaculaire (tel le triomphe de Paul-Emile[A 33] - [A 34]). En effet, il l'est, non seulement parce qu’il est liĂ© Ă  une expĂ©dition victorieuse d’un gĂ©nĂ©ral romain, et que toute campagne victorieuse n'est pas forcĂ©ment fĂȘtĂ©e par un triomphe, mais aussi parce qu’il s’agit d’une exception Ă  l’interdiction pour l’armĂ©e de pĂ©nĂ©trer dans le pomerium, rĂšgle que les gĂ©nĂ©raux romains respectent majoritairement[62].

Un gĂ©nĂ©ral romain victorieux qui dĂ©sire cĂ©lĂ©brer un triomphe Ă  son retour de campagne ne peut pas traverser le pomerium et entrer dans la ville. La demande de triomphe doit ĂȘtre faite lors d’une sĂ©ance spĂ©ciale du sĂ©nat tenue hors du pomerium[63]. Le sĂ©nat n’a pas l’obligation d’accorder le droit au triomphe au magistrat victorieux, il s’agit d’une faveur exceptionnelle[57], et tant que le triomphe n’a pas Ă©tĂ© accordĂ© par le sĂ©nat, il doit camper avec son armĂ©e en dehors de Rome (Caius Pomptinus en est un exemple, lui qui devra attendre huit ans avant de pouvoir cĂ©lĂ©brer son triomphe[A 35]). Il ne peut pas pĂ©nĂ©trer dans le pomerium sans perdre Ă  la fois son imperium et le droit au triomphe[A 36] (ce droit est liĂ© Ă  l’imperium dont il est investi ; s’il perd son imperium il perd les droits qui en dĂ©coulent). Ce n’est que lorsque le triomphe a Ă©tĂ© accordĂ© par le sĂ©nat, que le triomphateur peut pĂ©nĂ©trer Ă  l’intĂ©rieur du pomerium avec son armĂ©e non dĂ©mobilisĂ©e[57] tout en conservant son imperium[63]. La cĂ©rĂ©monie du triomphe doit faire passer le triomphateur avec son armĂ©e le long de la Via Sacra pour ensuite aller au Capitole rendre grĂące Ă  Jupiter[62].

Caecilius Metellus Creticus et Quintus Marcius Rex ont tous les deux attendu durant des annĂ©es[A 37] - [64] juste Ă  l'extĂ©rieur du pomerium avec leur armĂ©e, dans l’espoir que le triomphe leur soit accordĂ©. Tandis que CĂ©sar abandonne en 60 av. J.-C.[A 38] - [A 39] sa demande de triomphe pour pouvoir rentrer Ă  Rome et annoncer sa candidature pour les Ă©lections consulaire de l’annĂ©e.

Le triomphe apporte donc une dĂ©rogation exceptionnelle Ă  l'interdit guerrier, mais le passage par la porta triumphalis purifie les combattants, selon un rite semblable Ă  celui du tigellum sororium (« poutre de la sƓur ») au profit d'Horace vainqueur et assassin[31].

Des divinitĂ©s patronnant les activitĂ©s de mort et de destruction, comme Mars[65] qui est le dieu de la fureur guerriĂšre, Bellona, dĂ©esse de la guerre[66], et Vulcain qui patronne le feu et l’incendie[67], ne peuvent pas recevoir de sanctuaire Ă  l'intĂ©rieur du pomerium et ont leurs temples en dehors de la ville[11]. Mars, dieu de la guerre, a son autel in Campo et son temple dĂ©diĂ© en 388 extra portam Capenam[31]. Cela n'empĂȘche pas que des lieux de culte appartenant Ă  ces divinitĂ©s, rattrapĂ©s par l'extension de la ville, subsistent Ă  l'intĂ©rieur de cette limite : ainsi le Volcanal du Forum est maintenu Ă  l'emplacement qu'il occupait Ă  l'Ă©poque archaĂŻque, mais lorsqu'on fonde un nouveau temple de Vulcain, c'est au Champ de Mars, Ă  l'extĂ©rieur du pomerium[11]. Cependant, Auguste s'affranchit de cette rĂšgle et installe en 2 av. J.-C. le temple de Mars vengeur sur le nouveau forum, reflĂ©tant ainsi les profonds changements imprimĂ©s par l'Ăšre augustĂ©enne Ă  la religion romaine[68].

Le pomerium et les dieux

Si d’aprĂšs Vitruve[A 40] les temples de certains dieux romains (VĂ©nus, Mars, Vulcain et CĂ©rĂšs) doivent ĂȘtre placĂ©s Ă  l'extĂ©rieur du pomerium pour des raisons qui touchent Ă  la nature de ces dieux, un aspect remarquĂ© depuis longtemps concernant l’emplacement des temples de nombreuses divinitĂ©s d'origine Ă©trangĂšre (comme Apollon, Hercule, Diane, Junon reine, Esculape) est leur installation en dehors du pomerium[11]. Il en a Ă©tĂ© dĂ©duit que pendant la pĂ©riode archaĂŻque la zone intrapomĂ©riale Ă©tait rĂ©servĂ©e aux dieux nationaux et que les divinitĂ©s Ă©trangĂšres introduites Ă  Rome recevaient un culte en dehors du pĂ©rimĂštre sacrĂ© de la ville mĂȘme lorsqu'elles ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©es[69]. Cette rĂšgle pomĂ©riale qui relĂ©guait les divinitĂ©s Ă©trangĂšres hors du pomerium[70] a Ă©tĂ© formulĂ©e pour la premiĂšre fois par Julius Ambrosch en 1839, et reprise par Georg Wissowa[71].

La question de savoir si l'espace pomĂ©rial Ă©tait rĂ©servĂ© aux divinitĂ©s strictement romaines est dĂ©battue et complexe. Bien que de nombreux cultes clairement Ă©trangers fussent situĂ©s en dehors du pomerium, d'autres reçurent des temples Ă  l’intĂ©rieur de la limite religieuse de la ville. Il suffit de considĂ©rer le fait que Castor fĂ»t installĂ© en plein Forum, plus prĂšs de l'aedes Vestae qu'aucun dieu national[72] et CybĂšle[73] sur le Palatin pour saisir l’ambiguĂŻtĂ© de la rĂšgle. Il s’agit dans les deux cas de dieux Ă©trangers, venu pour le premier de la Grande-GrĂšce, pour l’autre d’Anatolie, qui furent installĂ©s Ă  l’intĂ©rieur du pomerium durant la RĂ©publique. De mĂȘme, les plus anciens rapports, politiques et religieux, de Rome avec ses voisins immĂ©diats comme Tusculum, Lavinium, Tibur et quelques autres citĂ©s du Latium, ne se laissent pas dĂ©terminer, et l’on ne parvient pas Ă  dĂ©finir quels sont les liens particuliers qui lui permirent d'emprunter Ă  ces villes des cultes aussitĂŽt considĂ©rĂ©s comme nationaux et installĂ©s Ă  l'intĂ©rieur du pomerium[74]. Il n’est pas immĂ©diatement clair pourquoi un culte italique non-romain aurait Ă©tĂ© considĂ©rĂ© suffisamment « natif » pour ĂȘtre placĂ© Ă  l’intĂ©rieur du pomerium alors que d’autres cultes italiques auraient Ă©tĂ© traitĂ©s comme Ă©trangers, et placĂ©s hors du pomerium[75]. Pour prendre en compte les exceptions apparentes, cette rĂšgle a dĂ» ĂȘtre affinĂ©e au fur et Ă  mesure, en soutenant, d’une maniĂšre ou d’une autre, que les Romains ne considĂ©raient pas ces cultes comme Ă©trangers[76]. La rĂšgle est donc certainement beaucoup plus complexe que ne le pensait Georg Wissowa, et l'on ne peut pas affirmer que sous la RĂ©publique les divinitĂ©s d'origine Ă©trangĂšre Ă©taient systĂ©matiquement exclues du pomerium[11].

Le problĂšme fondamental repose prĂ©cisĂ©ment sur la dĂ©finition du terme « culte Ă©tranger ». Aucune source romaine ne traite directement de ce point ou ne donne de critĂšre pour y rĂ©pondre. Ce silence peut ĂȘtre instructif, car il pourrait indiquer qu’il n’était pas aussi important pour les Romains que pour les modernes de classer les cultes comme d’origine romaine ou non. Ce qui importait premiĂšrement aux Romains Ă©tait de savoir si le culte Ă©tait acceptĂ© ou non comme faisant partie de la religion officielle de Rome[77]. Une fois ce point Ă©tabli, c'est plutĂŽt la nature hostile des divinitĂ©s qui doit ĂȘtre prise en compte : hostilitĂ© fonctionnelle, comme celle d'Apollon ou d'Hercule, ou comportement supposĂ© hostile Ă  l'Ă©gard des Romains, comme Isis[11].

La plupart des spĂ©cialistes pensent que la rĂšgle existait durant la pĂ©riode rĂ©publicaine, mais a Ă©tĂ© ensuite renforcĂ©e sous Auguste[49]. Si Auguste lui-mĂȘme Ă©tait montrĂ© comme trĂšs attentif Ă  la distinction entre cultes romains et Ă©trangers, dans la pratique la rĂšgle est souvent contournĂ©e :

  • si Auguste lui-mĂȘme bannit les rites Ă©gyptiens de l’intĂ©rieur de pomerium[A 41], restaurant, ou peut-ĂȘtre inventant, la rĂšgle pomĂ©riale[49], les raisons en sont essentiellement politiques et liĂ©es au conflit avec Marc Antoine durant lequel Auguste emploie une forte propagande anti-Ă©gyptienne. Virgile[A 42] dĂ©crit la bataille d'Actium comme une bataille entre les dieux romains Neptune, VĂ©nus et Minerve contre Anubis et d’autres dieux Ă©gyptiens. Le bannissement du pomerium (justifiĂ© par l'argument religieux) et la destruction des temples d’Isis (tolĂ©rĂ©s jusqu'alors) sont alors expliquĂ©s politiquement puisqu'elle avait Ă©tĂ© la dĂ©esse tutĂ©laire de l'Égypte, ennemie d'Auguste et des Romains[78] ;
  • au contraire, le rĂŽle donnĂ© Ă  Apollon aprĂšs la victoire d'Auguste est un bon exemple de l'utilisation personnelle qu'Auguste fait de la rĂšgle. Tant qu'Apollon Ă©tait considĂ©rĂ© comme un dieu grec, son temple (temple d'Apollon Sosianus) Ă©tait situĂ© en dehors du pomerium, sur le Champ de Mars. Auguste, se considĂ©rant sous la protection d'Apollon, et considĂ©rĂ© lui-mĂȘme comme son fils, dĂ©placera son culte Ă  l’intĂ©rieur et lui consacrera un sanctuaire sur le mont Palatin (temple d'Apollon Palatin), plaçant celui qui Ă©tait jusqu’à prĂ©sent un dieu guĂ©risseur secondaire Ă  la plus haute place dans le panthĂ©on romain[78].

Le pomerium, limite administrative

Sous l'Empire, la limite du pomerium prend un rĂŽle administratif avec la crĂ©ation par Vespasien de taxes sur les marchandises entrant dans Rome, l'ansarium taxant les marchandises destinĂ©es Ă  la vente dans la ville, et le foriculareium frappant les marchandises non transportĂ©es en amphores. En raison des controverses avec les commerçants, des bornes indicatrices durent ĂȘtre placĂ©es sous Marc AurĂšle et Commode[79] pour rappeler la limite d'application de cette rĂ©glementation fiscale[80].

Histoire du pomerium

Le mur d'enceinte de la ville ne marque pas la limite du pomerium, pas plus que ni le pomerium, ni le mur d’enceinte ne marquent la limite de la ville habitĂ©e[10]. Le pomerium est signalĂ© par des cippes Ă  chaque fois que le tracĂ© change de direction. La distance prĂ©cise entre chaque cippe est indiquĂ©e sur le cippe lui-mĂȘme en pieds, et tous les cippes sont numĂ©rotĂ©s dans l’ordre dans lequel ils sont disposĂ©s le long de la ligne pomĂ©riale[81]. Le pomerium aurait Ă©tĂ© successivement agrandi trois fois avant la fin de la RĂ©publique, puis au moins deux fois durant l’Empire, seuls les agrandissements menĂ©s par Claude et Vespasien sont certains[82].

Critùre d’extension

L’extension du pomerium est prĂ©sentĂ©e par SĂ©nĂšque[A 43] comme un privilĂšge accordĂ© aux gĂ©nĂ©raux qui ont Ă©tendu le territoire romain en Italie. Tacite[A 44] confirme cette dĂ©claration, mais en liant l’agrandissement du pomerium Ă  celui du territoire de Rome sans le restreindre Ă  l’Italie seule. Aulu-Gelle[A 7] donne une version diffĂ©rente de ce droit : ceux qui ont augmentĂ© la population de Rome en capturant des territoires ennemis ont le droit d’agrandir le pomerium. L’attention ne serait donc pas forcĂ©ment portĂ©e sur le territoire mais sur le corps civique. L’extension du pomerium par Servius aurait Ă©tĂ© accomplie non en lien avec la cĂ©lĂ©bration d’une conquĂȘte, mais en lien avec sa rĂ©forme censitaire et l’augmentation de la population romaine. La liaison entre augmentation de la population romaine et augmentation du pomerium serait corroborĂ©e par le fait que les extensions du pomerium faites par Claude, Vespasien et Titus ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es alors qu’ils exerçaient la censure[83].

Certains modernes[84] - [85] pensent toutefois que Claude ayant voulu par-lĂ  accentuer la grandeur de ses victoires, pourrait ĂȘtre Ă  l'origine de ce critĂšre.

Servius Tullius

Plan de Rome à l'époque de Servius Tullius. Le pomerium est indiqué en rouge et l'on peut voir, en jaune, que le Capitole et l'Aventin ne sont pas inclus dans le pomerium.

D'aprĂšs Tite-Live[A 5] et Denys d'Halicarnasse[A 45], Servius Tullius, aurait agrandi le pomerium romulĂ©en qui passait autour du Palatin et l’aurait fait coĂŻncider, exception faite du Capitole et de l’Aventin, avec le mur d’enceinte qui lui est attribuĂ© en lui incorporant le Quirinal, le Viminal et peut-ĂȘtre l'Esquilin. Cependant ni Tite-Live ni Denys d'Halicarnasse ne donnent la justification par laquelle Servius Tullius aurait agrandi le pomerium.

Sylla

Le pomerium aurait Ă©tĂ© agrandi par Sylla[A 46] - [A 7] - [A 47] - [A 43], faisant revivre l’un des plus anciens rituels religieux qui n’avait pas Ă©tĂ© accompli depuis Servius Tullius.

La raison pour laquelle Sylla agrandit le pomerium n’est pas claire, et aucun auteur antique n'y fait rĂ©fĂ©rence. Il est probable que le recul de la frontiĂšre entre la Gaule cisalpine et l’Italie de l’Aesis au Rubicon fournit la justification nĂ©cessaire Ă  Sylla pour accomplir le rite[86]. On peut penser que Sylla a fait coĂŻncider le pomerium avec le tracĂ© de l'enceinte rĂ©publicaine, sauf sur l'Aventin, qui est toujours maintenu extra pomerium pour des raisons apparemment religieuses[87].

Jules CĂ©sar

D’aprĂšs CicĂ©ron[A 48], Dion Cassius[A 49] et Aulu-Gelle[A 7], Jules CĂ©sar a agrandi le pomerium en 45 av. J.-C. Ă  un mille romain (1,5 km) des anciennes murailles de la ville.

CicĂ©ron, contemporain de CĂ©sar, tĂ©moigne que l’agrandissement du pomerium est certainement l’Ɠuvre de CĂ©sar, qu’il soit rĂ©alisĂ© de son vivant ou Ă  titre posthume par ses exĂ©cuteurs testamentaires[88].

Auguste

MalgrĂ© des sources littĂ©raires indiquant qu’Auguste aurait agrandi le pomerium en 8 av. J.-C., il semble bien que cette extension n'a jamais eu lieu. Les indications contradictoires de Tacite[A 44], de Dion Cassius[A 50] et de l’Histoire Auguste[A 51] sont en gĂ©nĂ©ral expliquĂ©es par une confusion avec la crĂ©ation des XIV regiones[82].

On dispose en effet d'excellents arguments pour mettre en doute cette extension : en 70, la Lex de imperio Vespasiani[A 52] dans laquelle Vespasien reçoit le droit d’agrandir le pomerium, ne mentionne comme prĂ©cĂ©dent que le cas de Claude, sans aucune mention d'Auguste. De plus, les modifications du pomerium effectuĂ©es sous Claude et sous Vespasien sont indiscutables puisqu'on a retrouvĂ© un certain nombre des cippes correspondants, alors qu'aucun cippe indiquant une extension sous Auguste n'a jamais Ă©tĂ© retrouvĂ©[82]. Enfin, la valeur du tĂ©moignage de l’Histoire Auguste a Ă©tĂ© trĂšs nettement remise en cause[89]. Ces Ă©lĂ©ments orientent donc la plupart des modernes Ă  penser qu’Auguste n’a certainement jamais Ă©tendu le pomerium[90] - [82].

Claude

Cippe pomérial de Claude ; Rome.

En 49, Claude reçoit du SĂ©nat le droit d'Ă©largir le pomerium[A 44], et la conquĂȘte de la Bretagne, rĂ©alisant l’auctio populi Romani, rend lĂ©gitime l'exercice de ce droit. Au printemps de l'an 49 Claude reporte vers le sud la ligne pomĂ©riale[A 7], qui n'a pas bougĂ© dans cette direction depuis Romulus[91]. Il inclut l'Aventin, la rive du Tibre avec le port de Rome, ses entrepĂŽts et le Monte Testaccio[92]. Cet Ă©largissement est citĂ© comme prĂ©cĂ©dent dans la Lex de imperio Vespasiani[A 52] et est confirmĂ© par les diffĂ©rents cippes pomĂ©riaux de Claude qui ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s[A 53] - [A 54] - [93] - [94].

Il s’agit, avec l’extension de Vespasien, de la seule extension indiscutable car mise hors de doute Ă  la fois par les sources Ă©pigraphiques, littĂ©raires et archĂ©ologiques[82] - [95].

NĂ©ron

D'aprÚs l'Histoire Auguste[A 51], Néron aurait agrandi le pomerium durant son rÚgne aprÚs avoir soumis le Pont Polémoniaque et les Alpes cottiennes. Selon Ronald Syme, l'auteur de l'Histoire Auguste qui se base sur Aurelius Victor[A 55] aurait pris le verbe augere au sens propre (accroßtre [la ville de Rome]), tandis qu'Aurelius Victor l'employait au sens figuré (embellir la ville)[96]. Aucune autre source ne confirme cette extension, qui est donc considérée comme improbable[97] - [98].

Vespasien et Titus

Lex de Imperio Vespasiani ; musée du Capitole, Rome.

Il s’agit de l’extension du pomerium qui est la mieux connue. La Lex de imperio Vespasiani[A 52] y fait rĂ©fĂ©rence, et un certain nombre des cippes correspondants ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s[A 56] - [99], dont un encore en place, en 1930, Ă  l'emplacement de l'ancien Champ de Mars. Il porte les titulatures de Vespasien et de Titus, rappelant l'agrandissement du pomerium rĂ©alisĂ© par ces deux empereurs dans les premiers mois de 75, Ă  l'expiration de leur censure[89].

Vespasien et Titus doivent reporter le pomerium au-delà du Tibre, limite que lui a assigné Claude[100], lui incorporant essentiellement une partie du Champ de Mars, l'ßle Tibérine et une partie du TranstévÚre[82].

Trajan

D'aprÚs l'Histoire Auguste[A 51], Trajan aurait agrandi le pomerium durant son rÚgne. Aucune autre source ne confirme cependant cette extension, qui est donc considérée comme peu probable[97] - [98].

Hadrien

S’il n’a pas agrandi le pomerium, Hadrien a en revanche restaurĂ© en 121 le tracĂ© qui lui avait Ă©tĂ© donnĂ© par Vespasien et Titus[98].

L’un des cippes retrouvĂ©s encore en place Ă  Rome en 1930 au cƓur mĂȘme de l'ancien Champ de Mars mentionne la restauration du tracĂ© dont fut chargĂ© en 121, sous le rĂšgne d'Hadrien, le collĂšge des augures. Les augures ne font, cette annĂ©e-lĂ , que restaurer par un nouveau bornage un tracĂ© dĂ©jĂ  existant. Les deux cippes retrouvĂ©s l'un et l'autre in situ (le premier datant d'Hadrien, l’autre de Vespasien) ont le mĂȘme emplacement et le mĂȘme numĂ©ro d'ordre : le tracĂ© d'Hadrien est donc identique Ă  celui de Vespasien, et toute idĂ©e d'un Ă©largissement du pomerium entre leurs deux rĂšgnes se trouve par-lĂ  mĂȘme exclue[89].

Commode

Souvent reprĂ©sentĂ© en Hercule, Commode a essayĂ© de s’identifier Ă  la figure du fondateur de Rome[101]. La reprĂ©sentation de Commode sur une monnaie en train de mener l’attelage de deux bƓufs traçant un sillon avec la lĂ©gende HERC(uli) ROM(ae) CONDITORI (Ă  Hercule, fondateur de Rome)[102], a amenĂ© certains modernes[103] - [104] - [105] Ă  interprĂ©ter cette scĂšne comme le tracĂ© du sillon du pomerium et Ă  postuler l’existence d’un agrandissement du pomerium par Commode. L’interprĂ©tation de cette reprĂ©sentation numismatique a Ă©tĂ© fortement remise en cause[98] - [106] et aucun Ă©lĂ©ment Ă©pigraphique ou littĂ©raire ne venant supporter cette extension, elle est considĂ©rĂ©e comme improbable[97] - [98] - [107].

Aurélien

D’aprĂšs l’Histoire Auguste[A 51], l'empereur AurĂ©lien aurait repoussĂ© les limites du pomerium en 273 en mĂȘme temps qu’il faisait construire un nouveau mur autour de Rome. Pourtant aucun autre Ă©lĂ©ment ne vient confirmer cette information. L’absence de Claude et de Vespasien et Titus dans le passage de la Vita Aureliani rend suspect tout le passage alors qu’il s’agit des deux seules extensions pomĂ©riales confirmĂ©es et par les sources littĂ©raires et par les sources Ă©pigraphiques[108]. Pour Ronald Syme, l'Histoire Auguste extrapole sur l'agrandissement de l'enceinte indiquĂ© par Aurelius Victor[A 57] - [96]. De plus AurĂ©lien n’a pas agrandi le territoire de Rome, au contraire durant son rĂšgne, le territoire a mĂȘme Ă©tĂ© rĂ©duit, comme en Dacie au nord du Danube[109]. Il est donc possible qu'il n'y ait pas eu d'agrandissement du pomerium sous AurĂ©lien[97] - [98], soit qu’il n’a procĂ©dĂ© qu’à une rĂ©novation du pomerium[110] soit que cette attribution n’a qu’un caractĂšre laudatif qui aurait Ă©tĂ© reliĂ©e Ă  la construction du mur dĂ©fensif autour de Rome : le mur ayant une valeur militaire, et l’extension une valeur religieuse[111].

Notes et références

Références antiques

  1. Varron, De lingua latina, V, 143
  2. Plutarque, Vies parallĂšles, Romulus, XI, 4
  3. Festus Grammaticus, L, 294
  4. Lucain, La Pharsale, I, 594
  5. Tite-Live, Ab Urbe Condita, I, 44
  6. Tacite, Annales, XII, 24
  7. Aulu-Gelle, Noctes Atticae, XIII, 14,
  8. Plutarque, Questions romaines, XXVII
  9. Cicéron, De legibus, II, 21
  10. Tite-Live, Ab urbe condita, III, 20, 6-7
  11. Dion Cassius, Historia Romana, LI, 19, 6
  12. Dion Cassius, Historia Romana, LIII, 13, 3-4 ; LIII, 17, 4
  13. Dion Cassius, Historia Romana, XLI, 3 : « AprĂšs avoir pris ces rĂ©solutions, le sĂ©nat chargea, suivant l’usage, les consuls et les autres magistrats de veiller Ă  la sĂ»retĂ© de Rome. Ensuite il se transporta auprĂšs de PompĂ©e, hors du pomerium » ; XLI, 16 : « CĂ©sar parut devant le sĂ©nat assemblĂ© hors du pomerium par Antoine et par Longinus qui, chassĂ©s de ce corps, l’avaient convoquĂ© dans cette circonstance » ; XXXIX, 63 : « Le peuple s’étant rassemblĂ© hors du pomerium, attendu que PompĂ©e, revĂȘtu de la puissance proconsulaire, ne pouvait entrer dans Rome »
  14. Dion Cassius, Historia Romana, XLI, 43
  15. Dion Cassius, Historia Romana, LIII, 32, 5
  16. Maurus Servius Honoratus. In Vergilii carmina commentarii, VI, 197
  17. Tite-Live, Ab Urbe Condita, XLI, 10
  18. Cicéron, De Natura Deorum, II, 10-12
  19. Cicéron, De Divinatione, I, 17
  20. Lex Duodecim Tabularum, X, 1 : hominem mortuum in urbe ne sepelito, neve urito
  21. Lex Ursonensis, 73-74
  22. Cicéron, De legibus, II, 23, 58
  23. Plutarque, Questions romaines, LXXIX
  24. Plutarque, Vies parallĂšles, Publicola, XXIII, 5
  25. Digesta Iustiniani, XLVII, 12, 5
  26. Historia Augusta, Vita Antoninus Pius, XII, 3
  27. Pauli Sententiae, I, XXI, 2-3
  28. Codex Iustinianus, III, 44, 12
  29. Eutrope, Breviarium historiae romanae, VIII, 2
  30. Lucain, La Pharsale, II, 67-233
  31. Appien, guerres civiles, I, 93
  32. Aulu-Gelle, Noctes Atticae, XV, 27, 4-5
  33. Plutarque, Vies parallĂšles, Paul-Emile, XXXII-XXXIV
  34. Tite-Live, Ab Urbe Condita, XXVI, 21 ; XXXIX, 6-7
  35. Dion Cassius, Historia Romana, XXIX, 65
  36. Tite-Live, Ab Urbe Condita, XXIV, 7, 11 : XXIV, 9, 2
  37. Salluste, Conjuration de Catilina, XXX
  38. Appien, Guerres civiles, II, 8
  39. Suétone, Vie des douze Césars, César, 18
  40. Vitruve, De architectura, I, 7 [lire en ligne]
  41. Dion Cassius, Historia Romana, XL, 47 ; LIII, 2
  42. Virgile, Aenéide, VIII, 696-700
  43. SĂ©nĂšque, De Brevitate vitae, XIII, 8
  44. Tacite, Annales, XII, 23
  45. Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, IV, 13, 3
  46. Tacite, Annales, XII, 23 et XII, 24
  47. Dion Cassius, Historia Romana, XLIII, 50
  48. Cicéron, ad Atticum, XIII, 20
  49. Dion Cassius, Historia Romana, XLIII, 50, 1
  50. Dion Cassius, Historia Romana, LV, 6
  51. Histoire Auguste, Vita Aureliani, XXI
  52. CIL VI, 930
  53. CIL VI, 1231 = 31537
  54. CIL VI, 37022 - 37024
  55. Aurelius Victor, De Caesaribus, V NĂ©ron
  56. CIL VI, 31538 a, b, c
  57. Aurelius Victor, De Caesaribus, XXXV Aurélien, 7

Références modernes

  1. Magdelain 1990, p. 157
  2. Antaya 1980
  3. (de) Alois Walde, Dictionnaire étymologique latin [« Lateinisches etymologisches Wörterbuch »], Heidelberg,
  4. (en) Roland G. Kent, The Etymological Meaning of Pomerium, Transactions of the American Philological Association 44, 1913, 20
  5. Liou-Gille 2000, p. 354
  6. Antaya 1980, p. 187
  7. Antaya 1980, p. 188
  8. Magdelain 1990, p. 156
  9. Magdelain 1990, p. 158
  10. Grimal 1959, p. 46
  11. Scheid 2010, p. 55-57
  12. Grimal 1959, p. 47
  13. Liou-Gille 2000, p. 343
  14. Emile Benveniste, Le vocabulaire des institutions indo-europĂ©ennes, T2 pouvoir, droit, religion, Les Éditions de Minuit, 1969, (ISBN 978-2-7073-0066-9), p. 9-15
  15. (en) Momigliano, Cambridge Ancient History 7.2. The Rise of Rome to 220 BC, Cambridge University Press, 1989, (ISBN 978-0-521-23446-7), p. 83
  16. Traduction : Scheid 2010, p. 55-57
  17. Liou-Gille 2000, p. 346
  18. J. Le Gall, Rite de fondation, in La cittĂ  etrusca e italica preromana, Bologne, 1970, p. 64
  19. Robert Schilling, « Janus. Le dieu introducteur. Le dieu des passages », MĂ©langes d'archĂ©ologie et d'histoire, vol. 72,‎ , p. 89-131 (lire en ligne)
  20. Magdelain 1990, p. 159-160
  21. (it) Andrea Carandini, Palatino. Campagne di scavo délie pendici settentrionali, in Bollettino di archeologia, 1-2, 1990, p. 159-165
  22. Liou-Gille 2000, p. 344
  23. Grandazzi 1991, p. 205
  24. Liou-Gille 2000, p. 348
  25. Magdelain 1977, p. 11
  26. Beard, North et Price 1998, p. 178
  27. André Pelletier, L'urbanisme romain sous l'Empire, Picard, , p. 10
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  36. Theodor Mommsen, Römisches Staatsrecht, 1874-1887, p. 69 sq. [lire en ligne]
  37. Labrousse 1937, p. 165-199
  38. Magdelain 1977, p. 11-29
  39. Beard, North et Price 1998, p. 177-181
  40. Drogula 2007
  41. Frezouls 1987, p. 377
  42. Drogula 2007, p. 452
  43. Beard, North et Price 1998, p. 179
  44. Magdelain 1977, p. 26
  45. Drogula 2007, p. 435
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  47. Drogula 2007, p. 441
  48. Drogula 2007, p. 442-447
  49. Beard, North et Price 1998, p. 180
  50. Magdelain 1977, p. 25
  51. Sur l'importance accordée aux rites voir : Scheid 2001
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Bibliographie

Sources antiques

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Liens externes

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