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Bellone

Bellone ou Bellona est une figure de la mythologie romaine, déesse de la Guerre aux origines incertaines, identifiée avec la déesse grecque Ényo. Elle est considérée tantôt comme l'épouse, tantôt comme la sœur de Mars, mais elle incarne davantage les horreurs de la guerre que ses aspects héroïques.

Bellone
DĂ©esse de la mythologie romaine
Buste de Bellone dans le parc du palais Catherine, Pouchkine, Russie
Buste de Bellone dans le parc du palais Catherine, Pouchkine, Russie
Caractéristiques
Nom latin Bellona
Nom latin Duellona
Fonction principale DĂ©esse de la guerre

Elle était parfois appelée également Duellona, bien qu'elles puissent avoir été deux déesses différentes à l'origine.

Historique

Bellone est une déesse d'origine probablement sabine : la déesse Néris. Son identification avec la déesse grecque Ényo est probablement ancienne[1].

Plus tard, en Cappadoce, les Romains identifièrent la déesse locale Mâ à Bellone. Celle-ci était adorée à Comana, où le grand prêtre, aux dires de Strabon, était le second personnage du pays après le roi[2]

« La dĂ©esse guerrière Mâ-Bellone de Comana fit son entrĂ©e Ă  Rome avec l'armĂ©e de Sulla [en 92 av. J.-C.]. Elle avait ses 'porte-lances (hastiferi) analogues aux corybantes de Cybèle. Comme les galles, ses fanatici tourbillonnaient frĂ©nĂ©tiquement au son des trompettes et des tambourins en se lacĂ©rant les chairs pour Ă©clabousser de leur sang l'idole divine, ou le boire avidement. QualifiĂ©e de pedisequa (suivante) de Cybèle, Mâ-Bellone entretenait d'Ă©troites relations avec le culte mĂ©troaque [c'est-Ă -dire de Cybèle]. A Ostie, les sanctuaires des deux dĂ©esses anatoliennes Ă©taient voisins Â»[3].

Attributions

Au premier abord, il semble qu'elle double Mars, mais en dĂ©pit de ses fureurs hellĂ©nisantes, son rĂ´le est moins rĂ©duit Ă  l'action du combat que celui de Mars. Elle intervient dans ce qui le prĂ©cède, comme dans ce qui le suit la guerre, notamment la diplomatie. C'est dans son temple que le SĂ©nat dĂ©libĂ©rait des triomphes accordĂ©s aux gĂ©nĂ©raux victorieux. C'est Ă©galement dans son temple que le SĂ©nat donnait audience aux ambassadeurs Ă©trangers qu'il ne voulait pas recevoir en ville. De fait, Bellone n'est pas simplement la guerre, mais, selon Georges DumĂ©zil, « l'expression la plus gĂ©nĂ©rale de la fonction guerrière telle que la comprend Rome Â»[1].

Culte

Emplacement du temple à Rome identifié par le numéro 4

Tout comme le temple de Mars et pour les mêmes raisons, son temple à Rome est en dehors du pomerium, la limite sacrée qui sépare la ville (urbs) de son territoire alentour (ager)[1].

Lorsque les frontières de Rome devinrent lointaines rendant impraticable l'usage ancien par lequel un fĂ©tial lançait sur le territoire ennemi le premier javelot, c'est par-dessus une petite colonne nommĂ©e « la guerrière Â» (columna bellica) situĂ©e Ă  la porte de ce temple et en direction d'un coin de terre achetĂ© par un prisonnier rĂ©putĂ© ennemi, que le fĂ©tial jetait une lance toutes les fois qu'une guerre Ă©tait dĂ©clarĂ©e[1].

Le Sénat tenait assez souvent séance en son temple. C'est là que fut pris le sénatus-consulte de Bacchanabilus, expulsion violente d'un culte étranger jugé dangereux pour la tradition romaine[1].

Mais son temple le plus fameux se trouvait à Comana, en Cappadoce : là, son culte était célébré par une multitude de ministres de tout âge et de tout sexe. Plus de six mille personnes étaient employées au service de ce temple.

Représentations

Bellone est représentée dans la peinture des XVIIe et XVIIIe siècles avec Giovanni Antonio Pellegrini ou encore l'artiste anonyme qui brossa le portrait d'Anne de La Grange-Trianon conservé au château de Versailles, dans la sculpture des XVIIIe et XIXe siècles avec Augustin Pajou ou Auguste Rodin.

Citations

Antiquité

Bellone de Rembrandt. 1633
  • Virgile, L'ÉnĂ©ide, VIII, 703 :
la Discorde passe en robe déchirée, et Bellone la suit avec un fouet sanglant. (trad. A. Bellesort)
  • Lucain, La Pharsale, VII, 567-568 :
[...] Quacumque uagatur, / De quelque côté qu’aille César,
sanguineum ueluti quatiens Bellona flagellum / comme Bellone quand elle secoue son fouet sanglant
[...]Ă  leur place sont venues
Bellone aux mains sanglantes
La sinistre déesse de la guerre
L'Érinice de la vengeance
Qui ronge le cœur des tyrans

Auteurs modernes

Bellonne, ardant de rage, au plus fort de la presse
Couroit qui çà qui là, d'une prompte allegrese :
Detranchoit, terrassoit, faisoit sourdre un estang
OĂą passoit son espee ointe de nostre sang.
Horrible, sanglante, cruelle, felonne, maudite, implacable, mortelle, furieuse, guerriere, empistollee, farouche, impitoiable, meurdriere, ennemie, ardente, maupiteuse, effroiable, tumultueuse, mavortienne ou martiale, triste, vangeresse, morionnee, espouventable.
Les poëtes disent qu'elle est desse de la guerre, et sœur de Mars.
... pour s'occuper d'une autre passion, qui a bien autant de partisan, que bellone, pour me conformer au langage des Poëtes. (p. 398).
Cette tĂŞte si belle et bonne
Pour qui la déesse Bellone
A toujours eu tant de respect...
cité par Dominique Paladilhe, dans Le Grand Condé, page 60.

> Palaprat presenta au PrinceMr de Vendome ces quelques vers pour le prix d'un diner :

Francais , qui l'admirez,ce heros si vante

Favori de Venus, mais moins que de Bellonne

Prit la Rougeole et Barcelonne

Tous deux du mauvais cote.

dans Mr De la Place Pieces Interssantes et peu connues vol 2 page 401

J'ai servi VĂ©nus et Bellone:
Je suis Ă©poux et Brigadier.
Jusqu'Ă  ce que l'amant de Bellone, ceint de la cuirasse,
eût fait front avec une force incomparable

La Fontaine; Fables, Livre XII, 10 L'écrevisse et sa fille (v 29-30) "Surtout au métier de Bellone Mais il faut le faire à propos."

Rouget de Lisle - La Marseillaise XIIe et dernier couplet

O vous ! que la gloire environne, Citoyens, illustres guerriers, Craignez, dans les champs de Bellone, Craignez de flétrir vos lauriers ! (bis) Aux noirs soupçons inaccessibles Envers vos chefs, vos généraux, Ne quittez jamais vos drapeaux, Et vous resterez invincibles.

"Je ne crains rien avec moi tant que j'ai ces nourrissons de Bellone, (...)."

Galerie

  • "Marie de Medici en Bellone", Peter Paul Rubens, 1621–25
    "Marie de Medici en Bellone", Peter Paul Rubens, 1621–25
  • Bellone PrĂ©sentant les rĂŞnes de ses chevaux Ă  Mars, Louis Jean François LagrenĂ©e, 1766
    Bellone Présentant les rênes de ses chevaux à Mars, Louis Jean François Lagrenée, 1766
  • La dĂ©esse dĂ©nudĂ©e par Alvise Tagliapietra, vers 1710, Saint Petersburg
    La déesse dénudée par Alvise Tagliapietra, vers 1710, Saint Petersburg
  • Janus et Bellona par Johann Wilhelm Beyer, 1773–80, Schönbrunn
    Janus et Bellona par Johann Wilhelm Beyer, 1773–80, Schönbrunn
  • Bertram Mackennal, 1916 Gallipoli war memorial, Canberra
    Bertram Mackennal, 1916 Gallipoli war memorial, Canberra
  • Georg Kolbe, fontaine de Wuppertal, 1915/22
    Georg Kolbe, fontaine de Wuppertal, 1915/22
  • "Bellone inspirant l'invention des armes", Philip Galle, 1574
    "Bellone inspirant l'invention des armes", Philip Galle, 1574
  • Fresque par Constantino Brumidi au Capitole, 1855–60
    Fresque par Constantino Brumidi au Capitole, 1855–60
  • Bellone sur le badge des "Volunteer Training Corps" (première guerre mondiale)
    Bellone sur le badge des "Volunteer Training Corps" (première guerre mondiale)

Bibliographie

  • Georges DumĂ©zil, La Religion romaine archaĂŻque, avec un appendice sur la religion des Étrusques, Payot, 2e Ă©dition revue et corrigĂ©e, Paris : Ă©ditions Payot, 1974 Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Le taurobole et le culte de Bellone

Notes et références

  1. Georges Dumézil, La religion romaine archaïque, 2e édition revue et corrigée, Paris : éditions Payot, 1987, p. 394-396
  2. Maurice Vieyra, Histoire des religions, coll. "Pléiade", t. I, 1970, p. 302-303.
  3. Robert Turcan, Histoire des religions, coll. "Pléiade", t. II, 1972, p. 46.
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