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Pilar (yacht)

La Pilar est un yacht à moteur, lancé en 1934, ayant appartenu à Ernest Hemingway.

Pilar
illustration de Pilar (yacht)
La Pilar

Type pĂȘche-plaisance
Histoire
Chantier naval Wheeler Shipyards de Brooklyn (New York)
Lancement 1934
Statut actuellement exposée sur ber à Cuba
Équipage
Équipage 1 à 4 membres
Caractéristiques techniques
Longueur 38 ft (12 m)
MaĂźtre-bau 12 ft (3,7 m)
Tirant d'eau 3,6 ft (1,1 m)
Propulsion 2 hélices, 2 moteurs (un 75 Hp Chrysler pour la croisiÚre et un 4 cylindres 40 Hp Lycoming pour la traßne)

L'Ă©crivain achĂšte son bateau de pĂȘche-plaisance au chantier Wheeler de Brooklyn (New York, États-Unis) en . Il le paye 7 455 $[1] et le baptise Pilar[2].

Pendant 26 ans (jusqu'en 1960), Hemingway et son bateau croisent et pĂȘchent assidĂ»ment dans les eaux de Key West (Floride), les Marquesas Keys, et dans le Gulf Stream au large de Cuba. À la fin des annĂ©es 1930, ils vont trois fois Ă  Bimini (Bahamas), et Ernest s’y rend cĂ©lĂšbre par ses exploits dans 3 domaines : pĂȘche au gros, boisson et bagarres. Il y a souvent Ă  bord des invitĂ©s : amis, cĂ©lĂ©britĂ©s, parents.

Hemingway Ă©tait un grand pĂȘcheur sportif au gros. Il est considĂ©rĂ© comme un des fondateurs de ce sport, et son nom figure en bonne place sur la liste affichĂ©e dans le hall des cĂ©lĂ©britĂ©s de l'International Game Fish Association[3].

La Pilar et les moments que Hemingway a passĂ© en mer Ă  son bord ont inspirĂ© plusieurs de ses livres : The Old Man and the Sea (Le Vieil Homme et la Mer), To Have and Have Not (En avoir ou pas), et Islands in the Stream (Îles Ă  la dĂ©rive). Hemingway et sa Pilar ont aussi contribuĂ© Ă  la recherche scientifique ocĂ©anographique (l'Ă©crivain a Ă©tĂ© correspondant de la Smithsonian Institution) — et pendant la Seconde Guerre mondiale Ă  la lutte contre les sous-marins allemands.

Hemingway avec Carlos Gutierrez (le matelot qui a précédé Gregorio Fuentes) à Key West, en 1934. Ernest Hemingway a 35 ans et la Pilar est toute neuve

Acquisition

Hemingway achĂšte son bateau le , alors qu’il revient d’un safari en Afrique : il a touchĂ© une avance sur son livre Green Hills of Africa (Les Vertes Collines d'Afrique), et il la consacre au premier versement.

La Pilar est une version modifiĂ©e du modĂšle « Playmate » de chez Wheeler[4]. Le prix fixĂ© est de 7 495 $, compte tenu des modifications demandĂ©es par Hemingway : toit du rouf consolidĂ© (il pourra ĂȘtre amĂ©nagĂ© ultĂ©rieurement en 2e pont surĂ©levĂ©), rĂ©servoir Ă  vifs[5], motorisation spĂ©ciale (un moteur Chrysler de 75 ch pour la croisiĂšre, un moteur Lycoming de 40 ch pour la pĂȘche Ă  la traĂźne), rouleau de poupe pour embarquer les gros poissons[6], 6 couchettes, rĂ©servoir d'eau douce de 300 gallons[7], une glaciĂšre pour conserver aussi longtemps que possible 1 200 kg de glace, des rĂ©servoirs de carburant permettant d'avoir 500 milles marins (926 km) d'autonomie[8].

La Pilar est peinte en noir, alors que la couleur livrĂ©e en sĂ©rie est le blanc. Une fois terminĂ©e sur le chantier Wheeler de Coney Island (Brooklyn, New York), elle est transportĂ©e par train jusqu’à Miami. LĂ , elle est mise Ă  l’eau, Hemingway en prend livraison et l’emmĂšne Ă  Key West. Il pĂȘche en route quelques espadons voiliers.

À Key West, la Pilar est amarrĂ©e grĂące Ă  un ami d’Ernest, le propriĂ©taire de la quincaillerie locale, au ponton de l’US Navy, pratiquement inutilisĂ© Ă  l’époque[9] : elle attend son propriĂ©taire Ă  quelques blocs de distance de la maison d'Ernest Hemingway.

La Pilar et l’ichtyologie

Un neomerinthe (poisson épineux de la famille des Scorpaenidae, comme la rascasse) reçut le nom de Neomerinthe hemingwayi. Ici représenté : le Neomerynthe rufescens.

Hemingway, qui Ă©tait correspondant de la Smithsonian Institution, a invitĂ© Ă  bord de la Pilar Charles Cadwalader (le directeur de la Philadelphia Academy of Natural History) et Henry Fowler (le directeur du laboratoire d’ichtyologie de l’acadĂ©mie) : ces scientifiques veulent Ă©tablir la taxonomie du marlin, et de ses diffĂ©rentes variations morphologiques : marlin bleu, marlin blanc, marlin noir et marlin rayĂ©.

Paradoxalement, c’est un poisson de roche sans valeur sportive et dangereux par ses aiguillons (le Spinycheek Scorpionfish) qui porte le nom de Neomerinthe hemingwayi .

Dans son roman Îles Ă  la dĂ©rive, le hĂ©ros Thomas Hudson croise autour de Cuba Ă  la tĂȘte d'une « expĂ©dition scientifique » qui s'avĂšre ĂȘtre, en fait un Ă©quipage d'irrĂ©guliers Ă  la recherche de sous-marins allemands.

Les expéditions à Bimini

Les Bimini vues du ciel. Dans la 2e moitié des années 1930, la Pilar a souvent croisé sur la profondeur bleue du Gulf Stream, entre le plateau corallien des Bahamas à droite, et la Floride, invisible à gauche)

La Pilar emmena trois fois Hemingway, sa famille et ses amis Ă  Bimini. Ce petit archipel des Bahamas situĂ© Ă  53 miles (80 km environ) Ă  l'est direct de Miami, dĂ©pendance de la Couronne britannique et haut-lieu du trafic des bootleggers pendant la Prohibition (1919-1933) commençait Ă  devenir cĂ©lĂšbre comme site de pĂȘche au gros.

Lors de son 1er voyage (), alors qu'Ă  bord de la Pilar se trouvent ses amis John Dos Passos et le peintre Henry Strater, quelques heures aprĂšs le dĂ©part, Hemingway se blesse aux jambes en voulant achever avec son Colt un requin qu’il venait de pĂȘcher[10].

AprĂšs ĂȘtre revenu Ă  Miami pour se faire soigner, il repart, et intitule un article qu'il envoie Ă  Esquire : « Hemingway blessĂ© par un projectile : encore une fois ! »[11].

Posant devant 4 gros marlins, en 1935 Ă  Bimini, Ernest Hemingway avec sa 2e Ă©pouse (Pauline Pfeiffer) et leurs 2 fils Patrick (7 ans) et Gregory (4 ans). Jack (12 ans), le fils d'Ernest et de Hadley Richardson se trouve devant son pĂšre.

Les deux annĂ©es suivantes, Hemingway revient Ă  Bimini. Il pĂȘche avec Bror von Blixen-Finecke, l’ex-Ă©poux de Karen Blixen qu'il avait rencontrĂ© lors de son safari de 1933 en Afrique.

À Bimini, Hemingway est le 1er pĂȘcheur sportif Ă  rapporter un thon gĂ©ant avant qu'il ne soit attaquĂ© par les requins. Il observe que, alors que les requins respectent jusqu’au dernier moment un marlin pris Ă  la ligne Ă  cause de son Ă©pĂ©e, ils attaquent systĂ©matiquement les thons avant qu’on puisse les hisser Ă  bord, et prĂ©lĂšvent d’énormes bouchĂ©es sur la prise (d'oĂč l'expression « apple-coring » : transformation en trognon de pomme).

Pour Ă©viter que les thons qu'il ramĂšne ne soient Ă  moitiĂ© dĂ©vorĂ©s par les requins, Hemingway essaie alors de pĂȘcher Ă  partir d’une annexe : il espĂšre que le thon va la remorquer et se fatiguer plus vite, avant que les requins ne soient attirĂ©s.

Puis Hemingway met en pratique une nouvelle technique associĂ©e Ă  une nouvelle tactique. La technique est celle du « pump and reel » (pomper-mouliner) : le pĂȘcheur cherche Ă  ramener le poisson en levant la canne (et en restant en deçà des risques de rupture de la ligne), puis baisse sa canne en moulinant rapidement pour « faire rentrer » la longueur de ligne qu'il a rĂ©ussi Ă  gagner, ce qui nĂ©cessite des qualitĂ©s athlĂ©tiques alliĂ©es Ă  des capacitĂ©s intuitives (pour dĂ©jouer les parades du poisson). La tactique consiste Ă  ramener le thon en force rapidement avant que les requins n'arrivent, au lieu de le laisser filer en le freinant pour qu'il se fatigue. Le pĂȘcheur a donc tendance Ă  utiliser une ligne de gros diamĂštre, plus rĂ©sistante. Mais le thon, qui est un fuseau de muscles, est aussi trĂšs intelligent, et sait Ă©viter les lignes trop grossiĂšres ; le pĂȘcheur doit donc utiliser la ligne la plus fine possible. L'expĂ©rience du pĂȘcheur (et de son Ă©quipage) entrent aussi en jeu : il doit faire mordre le poisson sur une ligne d'assez gros diamĂštre, qui lui permettra de ramener le poisson, et donc tenir compte de la turbiditĂ© de l'eau, des conditions atmosphĂ©riques, choisir l'appĂąt le plus tentant possible pour la proie, Ă©ventuellement l'exciter en crĂ©ant une compĂ©tition entre lui et ses congĂ©nĂšres, etc.

Bimini, 1935. Hemingway (Ă  droite) et son ami le peintre Henry Strater, avec les restes d'un Ă©norme marlin, qui aurait Ă©tĂ© un record s'il n'avait pas Ă©tĂ© dĂ©vorĂ© (apple-cored) par les requins avant qu'il ait pu ĂȘtre remontĂ© Ă  bord.

À Bimini, Hemingway et Henry Strater, son ami depuis plus de 15 ans, se fĂąchent Ă  propos d'un marlin gĂ©ant. Mike Strater, Ă  bord de la Pilar, a ferrĂ© ce marlin, l'a travaillĂ©, ramenĂ©, et les requins l'ont Ă  moitiĂ© dĂ©vorĂ© avant qu’il ait pu ĂȘtre remontĂ© Ă  bord (voir photo ci-contre). Les restes de ce marlin pesaient en l’état plus de 500 livres, et il devait probablement atteindre les 1 000 livres avant d’ĂȘtre attaquĂ©. Alors que Mike finissait de ramener sa prise, Hemingway a tirĂ© sur les requins qui tournaient autour du bateau avec son pistolet mitrailleur Thompson, afin de les Ă©carter, et le rĂ©sultat a Ă©tĂ© exactement l’inverse de ce qu’il espĂ©rait : les requins ont Ă©tĂ© excitĂ©s (et attirĂ©s en plus grand nombre) par la diffusion dans l’eau du sang de leurs congĂ©nĂšres et des ondes de choc des grosses balles de Thompson[12]. Et de plus un article du Time Magazine attribue la prise du marlin gĂ©ant Ă  Hemingway, ce qui envenime dĂ©finitivement l'affaire.

Une fine plaisanterie de Hemingway : en 1935, à bord de la Pilar, il met en joue l'ami qui le photographie avec sa Thompson calibre .45 (le chargeur n'est apparemment pas engagé, et on espÚre que la culasse était vide
)

L’incident du marlin dĂ©vorĂ© a pu inspirer Ă  Hemingway sa nouvelle The Old Man and the Sea (Le Vieil Homme et la Mer, prix Pulitzer 1953) : un pauvre pĂȘcheur cubain ferre un marlin gĂ©ant et, aprĂšs une lutte longue et Ă©prouvante, arrive Ă  l'attacher au flanc de sa barque (le poisson est plus grand que le canot lui-mĂȘme), mais les requins dĂ©vorent sa prise avant qu’il ait pu revenir Ă  la cĂŽte.

Pendant ses sĂ©jours Ă  Bimini, Hemingway Ă©crit plusieurs articles pour le magazine Esquire, et travaille Ă  son recueil de nouvelles To Have And Have Not (En avoir ou pas). Il ramĂšne de nombreux marlins et thons de grande taille, sa rĂ©putation de pĂȘcheur au gros grandit. Il organise aussi des matches de boxe avec les Ăźliens, et offre 100 $ (et mĂȘme jusqu'Ă  250 $ selon certaines sources) Ă  l'homme qui lui tiendra tĂȘte pendant quelques rounds[13].

Il se bat aussi hors du ring : Ă  la grande joie des Ăźliens (qui incluent ce haut fait dans une chanson locale), il met K.O. Joe Knapp, un riche propriĂ©taire de journal, qui l’a traitĂ© de « big fat slob » (gros crĂ©tin)[14]. Une version de l’incident est rapportĂ©e par Hemingway dans son livre Islands in the Stream (Îles Ă  la dĂ©rive) (1re partie : Bimini).

À Bimini, Hemingway vit Ă  bord de la Pilar, puis loue un cottage prĂšs de Brown's Dock. Il loge finalement Ă  l'HĂŽtel du Complet PĂȘcheur Ă  la Ligne (Compleat Angler Hotel), chambre no 1[15].

À Bimini, les fils d'Hemingway pĂȘchent le bonefish (Albula vulpes) et le snapper (tassergal), nagent, bronzent, font de la pĂȘche sous-marine. Ces vacances heureuses ont inspirĂ© le 1er chapitre (intitulĂ© Bimini) du livre d'Hemingway Îles Ă  la dĂ©rive (Ă©crit autour de 1950, paru en 1970) ; en particulier la farce montĂ©e par le hĂ©ros du livre, Tom Hudson, ses 3 fils et leur ami Roger Davis a certainement Ă©tĂ© jouĂ©e par l'auteur et sa famille aux passagers des yachts voisins de la Pilar[16].

La Pilar Ă  Cuba

À l'entrĂ©e du port de La Havane, le Fort El Morro (El Castillo de los Tres Reyes del Morro, « le chĂąteau des 3 Rois du Promontoire »), que la Pilar a souvent doublĂ©

En 1940, Hemingway et Martha Gellhorn (correspondant de guerre trÚs connue dans le milieu des journalistes « baroudeurs », elle sera sa 3e épouse) partent vivre à Cuba.

Hemingway y restera pendant 20 ans, Ă©crivant, pĂȘchant, et menant joyeuse vie Ă  La Havane[17] ; Martha, qui s’éloigne assez rapidement de son mari, retournera Ă  Key West en 1942, alors qu'Ernest restera Ă  Cuba[18].

Gregorio Fuentes, matelot d'Hemingway et gardien de la Pilar, ici ĂągĂ© de 101 ans. Au mur une intĂ©ressante vue d'artiste de Fuentes et Hemingway sur la Pilar dans les annĂ©es 1950 : la Pilar est bien reprĂ©sentĂ©e, avec son matĂ©riel de pĂȘche sur le pont supĂ©rieur, et un marlin Ă  demi-hissĂ© sur la plage arriĂšre

À Cuba, Hemingway amarre la Pilar au port de La Havane et vit dans le centre, buvant au bar El Floridita, travaillant et dormant Ă  l’Hotel Ambos Mundos[19] ; puis il achĂšte la propriĂ©tĂ© Finca VigĂ­a (La Ferme-Vigie), sur les hauteurs de San Francisco de Paula, un village situĂ© Ă  14 miles Ă  l'est de La Havane, et amarre la Pilar au petit port de pĂȘche de CojĂ­mar[20].

Hemingway quitte Cuba en 1960, en laissant la Pilar Ă  la garde de Gregorio Fuentes (voir le chapitre final Exposition).

La Pilar comme patrouilleur anti-sous-marins

De juin 42 Ă  fin 43, Hemingway n’écrit pas, il fait partie de la Hooligan Navy[21] (« l’Escadre des Voyous »), un groupe de propriĂ©taires de yachts privĂ©s amĂ©ricains qui se sont mis au service de leur mĂšre patrie, ont rejoint les Coast Guards[22] et se consacrent Ă  la recherche des sous-marins allemands dans la mer des CaraĂŻbes : aprĂšs Die GlĂŒcklicht Zeit (« le temps heureux » pour les sous-marins allemands) de Ă  [23], les AlliĂ©s rĂ©agissent vigoureusement en utilisant tous les moyens disponibles.

En 1942 aux États-Unis, la population (surtout dans les Ă©tats du Sud) Ă©tait persuadĂ©e que des U-Boote hantaient le golfe du Mexique[24].

Les circonstances qui amĂšnent la Pilar Ă  devenir patrouilleur sont maintenant connues depuis l'ouverture des archives du FBI[25] ; elles sont rĂ©vĂ©latrices des mƓurs politiques du temps, et de la personnalitĂ© d'Hemingway. AprĂšs l'entrĂ©e en guerre des États-Unis, Hemingway, qui a nouĂ© une amitiĂ© avec Spruille Braden, ambassadeur des États-Unis Ă  Cuba[26] lui offre ses services : il se fait fort, grĂące Ă  sa connaissance de la langue espagnole, Ă  ses relations, et aux liens qu'il a sur place avec les Ă©migrĂ©s espagnols et les gens du peuple cubain (domestiques, barmen, serveurs de restaurants locaux, prostituĂ©es etc.) de pouvoir livrer Ă  l'ambassadeur des renseignements utiles, en particulier sur les activitĂ©s des sujets allemands et des membres de la Phalange pro-franquiste amis du IIIe Reich et trĂšs nombreux Ă  Cuba.

Hemingway obtient l'approbation de R.G. Leddy, legal attachĂ© de l'ambassade et agent du FBI Ă  La Havane (bien qu'il l'ait prĂ©sentĂ© en public, apparemment « pour plaisanter », comme le « reprĂ©sentant local de la Gestapo), » chiffre ses frais Ă  1 000 $ par mois, et obtient aussi qu'un certain Gustavo DurĂĄn, un ami rĂ©publicain espagnol Ă©migrĂ© aux États-Unis, vienne fin 1942 l'aider Ă  Cuba dans sa collecte de renseignements[27].

À Washington DC, Edgar Hoover est embarrassĂ© : pour lui, Hemingway est un gauchiste connu, qui de plus s'est illustrĂ© en 1940, en signant une pĂ©tition contre les « activitĂ©s liberticides » du FBI[28]. AprĂšs analyse, Hoover rĂ©sume pour ses subordonnĂ©s la conduite Ă  tenir vis-Ă -vis de l'Ă©crivain connu qui vient chasser sur ses terres : dans un mĂ©morendum datĂ© du , il Ă©crit : « Personnellement, je rĂ©alise bien entendu que cette sorte de connexion ou de relation est totalement inadĂ©quate. À mon avis Hemingway est certainement le dernier homme que nous devrions utiliser dans ce but. Son jugement est loin d'ĂȘtre sain, et si sa sobriĂ©tĂ© est ce qu'elle Ă©tait il y a quelques annĂ©es, nous devons Ă©videmment nous mĂ©fier. »[29].

Et Hoover conclut en conseillant cependant Ă  ses exĂ©cutants « d'attendre pour voir » : le PrĂ©sident lui a parlĂ© d'Hemingway rĂ©cemment, car Martha Gellhorn, l'Ă©pouse d'Hemingway, est venue sĂ©journer chez son amie Eleanor Roosevelt Ă  Washington
 Le FBI continuera Ă  surveiller Hemingway, en attendant son heure.

Cependant Ă  La Havane Hemingway se comporte en chef de rĂ©seau (il a humoristiquement baptisĂ© son service de renseignements the crook factory, « l'usine Ă  tuyaux percĂ©s ») et en outre croit bon de dĂ©noncer Ă  voix haute la corruption (graft) de l'oligarchie en place[30], et transmet Ă  son officier-traĂźtant des renseignements que le FBI juge n'ĂȘtre que des rumeurs sans fondement vĂ©ritable mais trĂšs alarmantes : ainsi le chef de la police, le gĂ©nĂ©ral Benites, pourrait profiter de la visite officielle que Fulgencio Batista (accompagnĂ© de l'ambassadeur Braden) va prochainement effectuer Ă  Washington pour prendre le pouvoir Ă  Cuba


Comme il sera somme toute moins gĂȘnant en mer qu'Ă  terre, Hemingway est autorisĂ© Ă  patrouiller les cĂŽtes de Cuba sur sa Pilar : sa mission sera de rechercher les sous-marins allemands qui barrent la route aux tankers amĂ©ricains venant de La Guaira (grand port du Venezuela) ou aux cargos chargĂ©s de bauxite venant de Kingston (La JamaĂŻque) . Des U-Boote, craint-on aussi, peuvent Ă©ventuellement dĂ©barquer des espions et des saboteurs sur ou Ă  proximitĂ© des cĂŽtes sud des États-Unis[31].

Hemingway, ravi de partir en guerre (mais il souligne que ces patrouilles vont l'empĂȘcher de rĂ©aliser un fructueux reportage sur les Tigres Volants de Birmanie pour la revue March of the Time) sera bien entendu remboursĂ© de ses frais ; il obtient aussi la promesse que ses matelots civils seront pensionnĂ©s en cas de blessures ou mort survenues pendant les patrouilles.

Deux ans avant de poser pour cette photo, Hemingway croisait avec la Pilar, à la recherche de sous-marins allemands en mer des Antilles. Il est ici avec le colonel Charles T. Lanham lors de la bataille des Ardennes (décembre 1944-janvier 1945)

La Pilar reçoit de l’ambassade des États-Unis Ă  La Havane un poste de radiogoniomĂ©trie Huff-Duff (qui permet de localiser l'ennemi lorsqu'il transmet des messages radio), des pistolets mitrailleurs Thompson et des grenades antipersonnel[32]. Un sergent des US Marines est mĂȘme affectĂ©, comme agent de transmissions[33], Ă  la Pilar, dont l'indicatif radio sera la lettre morse V. L'Ă©quipage comprend aussi 3 matelots basques en pleine forme physique et bons joueurs de pelote basque[34].

Le rĂŽle des bateaux de la Hooligan Navy Ă©tait en principe uniquement d’observer et de signaler, mais Hemingway avait Ă©laborĂ© un plan d’attaque : si elle repĂ©rait un U-Boot en surface, la Pilar (jouant au bateau innocent, voire sympathisant, ou dĂ©semparĂ©) s’approcherait Ă  faible vitesse, et, une fois Ă  contrebord, les pelotaris jetteraient des grenades dans la descente puis on faucherait Ă  la Thompson tous les marins allemands qui essaieraient de sortir sur le pont[35]


Pour la plupart des commentateurs, la Pilar aurait Ă©tĂ© bien dĂ©munie face Ă  n’importe quel sous-marin allemand : en surface, mĂȘme dĂ©semparĂ© et ne pouvant plonger, un U-Boot aurait eu une vigie, et aurait annihilĂ© la Pilar grĂące Ă  sa mitrailleuse ou son canon de pont avant que la vedette amĂ©ricaine n’ait pu l'approcher Ă  portĂ©e de ses pistolets-mitrailleurs et de ses grenades Ă  main.

Certains (dont Martha Gellhorn, qui commençait Ă  se lasser d’Hemingway) avancĂšrent que ces patrouilles anti-sous-marins Ă©taient le prĂ©texte qui permettait Ă  Hemingway de partir dans des croisiĂšres bien arrosĂ©es et entourĂ©es d’un fort parfum d’aventure — et de se vanter encore plus que d’habitude dans les bars au retour. Ces patrouilles, selon les dĂ©tracteurs d’Hemingway, avaient pour lui deux avantages principaux : obtenir des tickets de carburant gratuits — et s’assurer l’immunitĂ© auprĂšs de la police cubaine quand il Ă©tait arrĂȘtĂ© alors qu’il conduisait sous l’emprise de la boisson[36] - [37].

Fin 43, la bataille de l’Atlantique tire Ă  sa fin, et la Hooligan Navy est dispersĂ©e. Hemingway va partir pour l’Europe en 44, et il couvrira la fin de la guerre (en particulier la contre-attaque allemande dans les Ardennes, The Battle of the Bulge) et la retraite des troupes allemandes.

Les croisiĂšres anti-sous-marins de la Pilar ont eu une traduction littĂ©raire : dans Islands in the Stream (Ă©crit autour de 1950, et publiĂ© en 1970), Hemingway dĂ©crit les aventures de Tom Hudson, un hĂ©ros inspirĂ© d’Hemingway lui-mĂȘme. Dans la 2e partie du livre, intitulĂ©e Cuba, Hudson (il a perdu successivement ses 3 fils : les 2 plus jeunes sont morts Ă  Biarritz juste avant la guerre, dans un accident d'automobile — et le Spitfire de son fils aĂźnĂ© a Ă©tĂ© abattu par les Allemands) revient au port aprĂšs une chasse au sous-marin allemand en mer des Antilles — et dans la 3e partie At Sea (En Mer), il est mortellement blessĂ© alors qu'il poursuit l'Ă©quipage d'un sous-marin allemand qui a abandonnĂ© son vaisseau endommagĂ©.

La Pilar, personnage d’Îles Ă  la dĂ©rive

La Pilar n'est pas nommée par son nom mais est en bonne place dans le livre, surtout dans le 3e chapitre (At Sea).

Dans la 1re partie (Bimini)

Alors que la maison de Tom Hudson est longuement dĂ©crite, sa vedette n’est presque pas mentionnĂ©e ; elle est encore neuve, elle abrite un heureux repas de famille aprĂšs que le grand requin marteau a Ă©tĂ© tuĂ©, et elle manƓuvre docilement pendant que le 2e fils de Hudson lutte contre l’espadon gĂ©ant.

Au crĂ©puscule, aprĂšs que l'espadon s'est libĂ©rĂ©, la vedette repart vers Bimini, cap Ă  l'est. Hudson soigne les Ă©corchures de son 2e fils puis confie la barre Ă  l'ainĂ©. Il lui donne le cap, et lui conseille, pour rester Ă  3 000 tours, de garder l'Ɠil sur les cadrans et surtout d'Ă©couter les moteurs ; quand il verra le phare, il lui donnera un nouveau cap. « Le soleil Ă©tait trĂšs bas et le bateau traçait sur la mer plate, le bateau aux moteurs vivants qui poussait rapidement Ă  travers la mer, la mer qu'il avait parcourue si lentement au cours de toutes ces heures »[38].

Dans la 2e partie (Cuba)

DĂšs son retour Ă  la maison Tom Hudson, qui a laissĂ© sa vedette amarrĂ©e au port, raconte Ă  Boise, son chat prĂ©fĂ©rĂ©, comment ils sont rentrĂ©s au port de La Havane : « J’aurais aimĂ© que tu nous voies arriver Ă  l’entrĂ©e du port, avec la mer qui brisait sur El Morro
 On est entrĂ©s comme une foutue planche de surf sur une putain d’énorme vague qui brisait »[39].

Puis au matin Tom Hudson descend en ville, à La Havane, pour une bordée qui devrait lui faire tout oublier.

Et quand le lendemain matin tout l’équipage est appelĂ© pour repartir en mission, Hudson juge que sa vedette peut reprendre immĂ©diatement la mer dans la tempĂȘte qui les attend : « Les gars ne seront pas difficiles Ă  trouver, et elle peut prendre encore une raclĂ©e avant qu’on la tire au sec. 
 On a des piĂšces de rechange pour presque tout. Une raclĂ©e de plus, est-ce que ça compte si on arrive au contact ? »[40].

Dans la 3e partie (At Sea)

La vedette est l'objet des soins du capitaine, autant que chacun des hommes Ă  problĂšmes de l'Ă©quipage :

- « Ils jetĂšrent l’ancre, et le bateau (il n'Ă©tait pas assez gros pour pouvoir ĂȘtre appelĂ© navire, sauf dans l’esprit de l’homme qui en Ă©tait le maĂźtre) s’immobilisa, face au vent, avec les vagues qui brisaient blanches et vertes sur le rĂ©cif. 
L’homme sur le pont vĂ©rifia que le bateau avait du fond sous la quille, et qu’il Ă©tait solidement ancrĂ©. Puis il examina le rivage, et coupa les moteurs ». Et avant de s’endormir (il a tenu la barre pendant 12 heures, vent debout) le patron demande Ă  Antonio, le mate (second) : « VĂ©rifie les moteurs, s’il te plait, et les niveaux des rĂ©servoirs. »[41] ;

- aprĂšs une nuit de navigation, la vedette est en vue de l'Ăźle Confites, l'odeur du cafĂ© monte jusque sur la passerelle, et Antonio dit Ă  Hudson : « les moteurs vont bien, et elle n’a pas pris l’eau, pas plus que ce qu’on pouvait attendre dans cette mer croisĂ©e" »[42] ;

- la vedette (qui officiellement transporte une « expĂ©dition scientifique ») jette l’ancre entre Cayo Cruz et l’ülot MĂ©gano, sur mauvais fond, avec un fort courant de marĂ©e et grand vent. Hudson ordonne Ă  son mate de jeter une 2e ancre : « Il y avait beaucoup de vent, mĂȘme ici, Ă  l’abri de l’üle, et il savait que quand la marĂ©e changerait, la vedette Ă©viterait largement, sous la poussĂ©e du flux ». Puis, comme le second, Ă  moitiĂ© pour plaisanter, jette une petite ancre supplĂ©mentaire Ă  l’arriĂšre, il lui crie : « Pourquoi n’en jettes-tu pas encore une paire ? On pourrait peut-ĂȘtre la faire passer pour une putain d’araignĂ©e ! »[43].

- avant de quitter Cayo Cruz, Antonio branche la pompe de cale. Hudson lui demande : « Elle a beaucoup pris l’eau, non ? — C’est juste un presse-Ă©toupe. Je l’ai un peu resserrĂ©. Je prĂ©fĂšre qu’elle prenne un peu l’eau, plutĂŽt que de chauffer. »[44]

- aprĂšs 50 jours de sĂ©cheresse et de vent du nord-est, un grain tropical est arrivĂ© et des fuites sont apparues dans le pont dessĂ©chĂ© : « À la nuit, aprĂšs que la pluie eut cessĂ©, il avait vĂ©rifiĂ© toutes les fuites dues Ă  cette longue sĂ©cheresse, fait disposer des casseroles sous les gouttiĂšres, et repĂ©rĂ© d’un coup de crayon tout ce qui Ă©tait une vraie voie d’eau, pas un goutte-Ă -goutte ; puis il avait Ă©tabli le tour de garde... »[45]

- alors qu'il patrouille le long de la grĂšve, Hudson ressent le bienfait de la marche aprĂšs une longue navigation, et pense qu'il dormira bien ce soir, sur sa passerelle. Elle est Ă  la fois sa chambre et son poste de commandement, et « nous nous connaissons depuis si longtemps, on pourrait ĂȘtre de vieux Ă©poux. [
] Tu devrais quand mĂȘme lui tĂ©moigner plus de considĂ©ration. Et tout ce que tu fais pour elle, c’est te tenir debout sur elle et la piĂ©tiner. Est-ce lĂ  une belle façon de te conduire avec elle ? Et tout le thĂ© froid que tu renverses sur elle
 Ce n’est pas chic. »[46]. C’est sur sa passerelle que Hudson, aprĂšs avoir reçu 3 balles de mm dans l’aine, se sent glisser vers la mort.

Records

L'Acanthocibium solandri, thazard noir, wahoo pour les anglophones, peto pour les hispanophones, un scombridé, est un poisson de sport à la chair délicieuse.

Avec la Pilar, Hemingway remporte pendant 26 ans de nombreux records.

En 1935, il gagne tous les concours de pĂȘche qui ont lieu dans le triangle Key West-La Havane-Ăźles Bimini, et l'emporte sur des pĂȘcheurs sportifs rĂ©putĂ©s (comme Michael Lerner et Kip Farrington). En 1938 il pĂȘche 7 marlins en une seule journĂ©e[47]. Il est le 1er pĂȘcheur Ă  ramener Ă  bord un thon gĂ©ant sans qu'il soit mutilĂ© par les requins (voir le chapitre supra « ExpĂ©ditions Ă  Bimini »).

Hemingway garde un compte minutieux de ses prises, et relĂšve sur un log-book les noms des tĂ©moins et les circonstances de la prise (coordonnĂ©es gĂ©ographiques, mĂ©tĂ©o., courant, matĂ©riel etc.). Lors de la 1re saison de pĂȘche de la Pilar, c'est un matelot du bord, Arnold Samuelson (alors apprenti Ă©crivain) qui note ces donnĂ©es sous la dictĂ©e d'Hemingway. Par la suite, Samuelson tape ses relevĂ©s Ă  la machine (ils sont exposĂ©s au John F. Kennedy Presidential Library and Museum[48].), puis il rĂ©dige un livre de souvenirs que sa fille publiera aprĂšs la mort de son pĂšre[49].

Le « Concours Hemingway de PĂȘche au Gros » (Hemingway Fishing Tournament) a lieu Ă  Cuba depuis 1950. Il dure 4 jours, et les concurrents s'attaquent au marlin, thon, wahoo et autres poissons de sport avec une ligne de rĂ©sistance maximum 50 livres. Actuellement, seuls les spĂ©cimens de taille record sont gardĂ©s, les autres sont marquĂ©s et relĂąchĂ©s.

Hemingway a remportĂ© son trophĂ©e lors des 3 premiers concours[50], et a remis lui-mĂȘme le prix Ă  Fidel Castro lorsque el lĂ­der mĂĄximo l'a remportĂ© en , ce qui a fourni Ă  l’assistance l’occasion d’acclamer los dos barbudos.

Ont été invités à bord de la Pilar

1950 : Ernest Hemingway assis dans le poste de la Pilar. Noter les cannes et moulinets accrochĂ©s au toit, les petits verres posĂ©s devant la radio, la soliditĂ© de la construction en teck — les cicatrices sur le front et le visage de l'Ă©crivain (sĂ©quelles d'accidents : une chute de vasistas Ă  Paris en 1928, une collision automobile en 1945) — et les callositĂ©s de sa main droite. Photo Ă  comparer avec celle prise en 1935 (voir au dĂ©but de l'article)


La Pilar est exposée à Finca Vigía

Un aspect du pont de la Pilar (photo faite en 2006 par Adam Jones). Le soin apportĂ© Ă  la mise en Ɠuvre du bois de teck (la Pilar a 72 ans en 2006, et se trouve actuellement au sec, sur un ber en ciment, sous un auvent, dans un climat tropical) de mĂȘme que la qualitĂ© de l'accastillage sont Ă©vidents.

La Pilar a Ă©tĂ© amarrĂ©e pendant longtemps dans l'anse de CojĂ­mar ; elle Ă©tait gardĂ©e par Gregorio Fuentes, une figure locale, et Hemingway Ă©tait populaire parmi les pĂȘcheurs : la rĂ©sistance Ă  l'alcool de ce macho Ă©tait proverbiale, il payait Ă  boire Ă  la cantina, il avait rendu Cuba et ses pĂȘcheurs cĂ©lĂšbres et partageait avec eux l'amour de la mer


Les aventures de ces hommes rudes et simples, qui partaient en haute mer pĂȘcher Ă  la ligne sur leurs canots, inspirĂšrent Ă  Hemingway son rĂ©cit The Old Man and the Sea (Le Vieil Homme et la Mer) .

Le succĂšs de la nouvelle (en espagnol : El viejo y el mar), pour laquelle Hemingway reçut le Prix Pulitzer en 1952, remplit les Cubains de fiertĂ©, et le prix Nobel de littĂ©rature dĂ©cernĂ© Ă  Hemingway en 1954 renforça encore la popularitĂ© du « yankee devenu cubain d’adoption ».

L’écrivain affirmait d’ailleurs que « le prix Nobel revenait en fait Ă  Cuba » et dans son discours de remerciement il Ă©crivit qu’« il Ă©tait le premier sato cubano Ă  recevoir cette importante rĂ©compense »[53].

Au mur du bar El Floridita de La Havane, dans le coin favori d'Hemingway, on peut voir une photo datĂ©e de (15 mois aprĂšs la prise de pouvoir des Barbudos Ă  Cuba ) : Hemingway remĂȘt son trophĂ©e de pĂȘche au gros Ă  Fidel Castro.

Hemingway quitta Cuba en 1960. Il avait semble-t-il l'intention d'y revenir, Ă©tant en bons termes avec Fidel Castro, mais sa santĂ© s'altĂ©rait ; le dĂ©barquement de la baie des Cochons survint en , et l’écrivain se donna la mort dĂ©but .

Pour Ada Rosa Alfonso Rosales, directrice du Museo Ernest Hemingway, il est clair que si Hemingway a quittĂ© Cuba oĂč il se trouvait bien et oĂč il Ă©tait aimĂ© (ses biens n'ont pas Ă©tĂ© touchĂ©s lors de la prise du pouvoir par les Barbudos de Castro), c'est que, affaibli par l'Ăąge et la maladie[54], il a cĂ©dĂ© aux pressions du gouvernement amĂ©ricain, et du FBI en particulier. Et elle ajoute : « Pour lui, il Ă©tait Ă©vident qu'il reviendrait. Pas seulement pour les biens matĂ©riels qu'il y avait laissĂ©s, mais parce qu'il adorait Finca VigĂ­a. C'Ă©tait l'endroit oĂč il Ă©crivait, oĂč il revenait chaque fois. Un endroit dont il Ă©tait fier, avec ses 18 variĂ©tĂ©s de manguiers, proche de La Havane. Et proche aussi de CojĂ­mar, oĂč il embarquait sur son yacht Pilar. »[55].

Hemingway chez lui Ă  Finca VigĂ­a (en 1953), devant son portrait en Kid Balzac par Waldo Peirce (1929)

Hemingway, en quittant Finca Vigía, a laissé la Pilar à la garde de Gregorio Fuentes[56]. AprÚs la mort d'Ernest, sa veuve donna la Pilar à Gregorio Fuentes[57]. Gregorio est mort en 2002 (à l'ùge de 104 ans), et la Pilar est maintenant propriété du peuple cubain. Elle est exposée à Finca Vigía, la propriété d'Hemingway transformée en Museo Ernest Hemingway[58].

Gregorio Fuentes a pu servir de modĂšle Ă  Hemingway pour ses personnages : Santiago (le pĂȘcheur dans Le Vieil Homme et la Mer), dans Îles Ă  la dĂ©rive Eddie (le matelot-cuisinier-pĂȘcheur truculent et imbibĂ© mais trĂšs efficace du chapitre Bimini), et Antonio (le fidĂšle second-cuisinier du chapitre At Sea).

Une réplique grandeur nature de la Pilar se trouve au magasin Bass Pro Shops, à Islamorada (Floride)[59].

Notes et références

  1. (en) Paul Hendrickson, Hemingway's Boat, New York, Alfred A. Knopf, (ISBN 978-1-4000-4162-6)
  2. Pilar est le surnom espagnol (faisant allusion Ă  Nuestra Señora del Pilar, vierge tutĂ©laire de Saragosse) qui correspond Ă  Paule ou Pauline. Pauline Pfeiffer, la 2de Ă©pouse d'Hemingway (de 1927 Ă  1940), signait Pilar les billets qu'elle lui envoyait avant son 1er divorce. Par ailleurs, Pilar est aussi le prĂ©nom de l’hĂ©roĂŻne du best-seller d'Hemingway : For Whom the Bell Tolls (Pour qui sonne le glas).
  3. (en) « IGFA Hall of Fame Inductees »
  4. (en) « Ernest and Pilar ». Noter (voir http://www.explorekeywesthistory.com/Viva%20Weekly/Ernest%20and%20Pilar/Ernest%20and%20Pilar2.html), que la publicité du modÚle (« Playmate » et « Galore » auront ultérieurement une connotation coquine) ne correspond pas au sérieux de la construction nautique (bois de teck visible sur les photos, lignes marines et solides), laquelle se traduira par une longévité exceptionnelle compte tenu de l'usage intensif du bateau, et de plus sous climat tropical
  5. Réservoir à vifs : pour garder des appùts vivants (« vifs ») en bon état, et conservant toutes leurs qualités attractives pour les grands poissons prédateurs, le réservoir à vifs doit respecter des spécifications précises : renouvellement et oxygénation de l'eau par pompe, volume d'eau respectant la rÚgle « volume d'1 gallon pour chaque pouce de longueur des appùts », situation prÚs du centre de gravité du bateau, afin qu'il ne soit pas trop agité etc. Voir livewell (en)
  6. La photo de la poupe de la Pilar visible sur http://www.hemingwaycuba.com/hemingway-fishing-tournament.html montre bien le rouleau. Il n'y avait pas de treuil, mais un palan Ă  4 brins, fixĂ© au toit du rouf, qui permettait de lever la prise. Hemingway croyait Ă  la valeur de l'effort musculaire — et Ă  la soliditĂ© de son rouf : pour tirer hors de l'eau (afin qu'il ne soit pas attaquĂ© par les requins) un poisson de 500 kg, il devait exercer au moins une traction de 500 Ă· 4 = 125 kg

  7. 300 gallons = 1 140 l. Ce qui est plus que suffisant pour 6 personnes Ă©ventuellement embarquĂ©es pour une croisiĂšre d'une semaine, d’autant plus que la Pilar Ă©tait toujours abondamment fournie en biĂšre (et alcools), et que l'eau de fonte des glaçons pouvait aussi constituer un appoint
  8. http://www2.selu.edu/Academics/Faculty/ngerman/SaltWater_Sports_Heming.htm
  9. Selon http://www.explorekeywesthistory.com/Viva%20Weekly/Ernest%20and%20Pilar/Ernest%20and%20Pilar2.html . Quelques avisos de l’US Navy devaient Ă  l’époque visiter sporadiquement Key West : voir sur cette image les uniformes des jeunes marins qui dansent sur le tableau de Waldo Peirce Le dancing de la Pantoufle d’Argent, dancing adjacent au fameux bar Sloppy Joe’s (« la Pateaugoire de Joe ») . C’est d’ailleurs Hemingway qui avait (selon la lĂ©gende locale) trouvĂ© le nom du bar : il lui rappelait un restaurant cubain oĂč la fusion de la glace du banc de fruits de mer rendait le sol glissant

  10. Hemingway prit ensuite l’habitude d’achever les requins d’une rafale de Thompson (voir comment il tient son pistolet mitrailleur, qu'il appelle « niño », « bĂ©bĂ© », dans Îles Ă  la dĂ©rive, sur http://www.biminisands.com/bahamas/island/hemingway.htm) avant de les hisser Ă  bord. Sa haine des requins semble avoir des racines inconscientes plus profondes que celles de tout pĂȘcheur frustrĂ© par un concurrent prĂ©dateur plus puissant que lui : voir dans Îles Ă  la dĂ©rive (1re partie, intitulĂ©e Bimini) comment Hemingway dĂ©crit un Ă©norme requin-marteau qui attaque les 3 enfants de Tom Hudson alors qu’ils font de la pĂȘche sous-marine prĂšs du bateau
  11. (en) « Hemingway on Being Shot: Again ». Hemingway faisait allusion à sa 1re blessure, déjà aux membres inférieurs, en 1918 sur le front italo-autrichien
  12. (en) Paul Hendrickson, Hemingway's Boat, New York, Alfred A. Knopf, (ISBN 978-1-4000-4162-6). À propos de la « crise de folie meurtriĂšre des requins » : le dialogue du film La Dame de Shanghai en fait une bonne description : « tout autour (du bateau), la mer n'Ă©tait plus que requins, et encore des requins, il y en avait plus que d'eau. Le mien s'Ă©tait dĂ©tachĂ© de l'hameçon, et l'odeur, ou un effluve, et le fait qu'il se saigne Ă  mort, ça les a rendus complĂ©tement fous. Alors les bĂȘtes se sont mises Ă  se bouffer entre elles. Dans leur frĂ©nĂ©sie, elles se mordaient... » (voir Wikiquote, http://en.wikiquote.org/wiki/The_Lady_from_Shanghai). Les films de Cousteau ont aussi dĂ©crit ces scĂšnes.
  13. Hemingway boxant sur un ponton avec un Bahaméen : voir http://www.jfklibrary.org/Asset-Viewer/zgPxs1CmJk6WjUVC96GX8w.aspx
  14. (en) « Ernest Hemingway and Bimini Island »
  15. (en) « Bimini Museum »
  16. voir la note no 15 de l'article Îles Ă  la dĂ©rive
  17. Sous le dictateur Fulgencio Batista, avant la prise du pouvoir par Fidel Castro en 1959, La Havane Ă©tait connue comme un des exutoires voisins de États-Unis, une des capitales off shore du jeu, de la « dĂ©pravation » et du crime organisĂ©
  18. selon WP en, Hemingway quittera Cuba en 1941 (pour accompagner Martha Gellhorn en reportage en Chine pendant le seconde guerre sino-japonaise — de juin Ă  dĂ©cembre 1944, pour couvrir la fin de la guerre en Europe — en 48 pour un voyage en Europe avec sa 4e Ă©pouse Mary Welsh (ils sĂ©journeront plusieurs mois Ă  Venise — en 54 pour son 2e (catastrophique) voyage en Afrique de l'Est — en octobre 56 pour un nouveau sĂ©jour en Europe — en 1959 pour travailler en Espagne sur la tauromachie, comme envoyĂ© de Life Magazine
  19. Hotel Ambos Mundos : oĂč sa chambre a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©e en musĂ©e. Selon les articles Hotel Ambos Mundos de WP en et de WP es, et le reportage TV de Michael Palin (voir notes no 34 et 44)
  20. CojĂ­mar : les articles de WP en et WP es CojĂ­mar parlent de l'Ă©norme grand requin blanc de 6,4 m de long, pesant 3,2 tonnes, capturĂ© par des pĂȘcheurs locaux prĂšs de CojĂ­mar en juin 1945 (voir la photo prise par un journaliste du Monde en vacances Ă  Cuba sur http://www.jawshark.com/great_white_recorded_sizes.html). Hemingway a certainement vu « el monstruo de CojĂ­mar », qui a peut-ĂȘtre inspirĂ© sa description du grand requin attaquant les fils de Tom Hudson dans Islands in the Stream (Îles Ă  la dĂ©rive, 1re partie : Bimini).
  21. Voir dans l'article USS Wimbee de WP en : « Samuel Eliot Morison a donné le nom de Hooligan Navy a un assemblage disparate de voiliers et de bateaux de plaisance créé par la Navy pour combattre la menace sous-marine allemande en attendant que la puissance de la flotte anti-sous-marins américaine soit effective. » (Samuel Eliot Morison has called the Hooligan Navy, a motley assortment of sailing ships and pleasure craft assembled by the Navy to combat the U-boat menace before America's huge antisubmarine warship production program hit full gear).
  22. Chez les Anglo-saxons, en temps de guerre, la participation de yachts comme unitĂ©s d’appoint (voir Zaca) ou comme volontaires est courante : Rudyard Kipling a dĂ©peint dans sa nouvelle Sea Constables, a tale of ‘17, des capitaines-propriĂ©taires de yachts qui en 1917 chassent les sous-marins allemands — et leurs ravitailleurs. L’un d’eux raconte comment il a volontairement laissĂ© mourir, faute de soins, le capitaine (atteint d’une pneumonie) d’un bateau « neutre » qui avait rendez-vous avec un U-Boot. Par ailleurs, fin mai 1940, des centaines de yachts anglais sont allĂ©s chercher les survivants du corps expĂ©ditionnaire britannique lors de la bataille de Dunkerque
  23. Les Allemands avaient mĂȘme tournĂ© un film U-Boote westwĂ€rts ! (1941), dans lequel figurait l'amiral Dönitz, pour exalter les succĂšs de leurs sous-marins (voir les articles de WP en et de WP de U-Boote westwĂ€rts !)
  24. U-Boote dans le golfe du Mexique : « Mais des sous-marins nazis avaient débarqué des espions sur les rivages de la Floride, et bien que personne à Washington ne veuille l'admettre, tout le monde à Thornton ne parlait que de U-boats sillonnant le golfe du Mexique » (« But Nazi submarines had landed spies on the Florida shore, and although nobody in Washington would admit it, folks in Thornton heard endless stories about the U-boats cruising the Gulf of Mexico », in Divine Secrets of the Ya-Ya Sisterhood, de Rebecca Wells, Pan Books, p. 217 (cf Les Divins Secrets)
  25. Voir les archives déclassifiées du FBI : http://vault.fbi.gov/ernest-miller-hemingway/ernest-miller-hemingway-part-01-of-01/view
  26. Spruille Braden Ă©tait en fait le proconsul des États-Unis, tout-puissant dans le client-state des États-Unis qu'est Cuba de 1902 Ă  1959 (voir dans WP en l'article Cuba 1902-1959)
  27. Gustavo Durån : voir les articles de WP en et WP es sur lui. WP es le définit clairement comme un espion, lié à Hemingway, qui le fit venir à Cuba. Voir aussi these two
  28. D'aprĂšs les archives du FBI, les G men de Edgar Hoover avaient, en 1940 Ă  DĂ©troit, arrĂȘtĂ© en application du Neutrality Act des individus qui organisaient le recrutement de volontaires pour les forces rĂ©publicaines espagnoles.
  29. In extenso dans les archives déclassifiées du FBI : http://vault.fbi.gov/ernest-miller-hemingway/ernest-miller-hemingway-part-01-of-01/view : « I of course realise the complete indesirability of this sort of a connection or relationship. Certainly Hemingway is the last man, in my estimation, to be used in any such capacity. His judgment is not of the best, and if his sobriety is the same as it was some years ago, that is certainly questionable. »
  30. Dans Îles Ă  la dĂ©rive, chapitre Cuba, Tom Hudson, alors qu'il traverse les quartiers pĂ©riphĂ©riques en Cadillac, est attristĂ© par la pauvretĂ© du peuple. Ensuite, accoudĂ© au bar de La Floridita, il boit les double-daiquiris (sans sucre) Ă  la suite et parle sans retenue des affaires locales avec les autres clients : on sait bien que jamais l'adduction d'eau potable ne sera construite, car c'est le grand projet inusable qui permet de drainer les crĂ©dits au fil des rĂ©gimes successifs

  31. La prĂ©sence de sous-marins allemands Ă  l’affĂ»t dans les eaux cĂŽtiĂšres amĂ©ricaines faisait depuis longtemps partie des craintes prĂ©sentes dans l'esprit de cette gĂ©nĂ©ration : dĂ©jĂ  Ă  l'automne 1916 un U-Boot allemand (l’U-53) Ă©tait venu chasser les navires britanniques Ă  proximitĂ© des cĂŽtes nord-amĂ©ricaines — et aprĂšs l’entrĂ©e en guerre des États-Unis, en juin 1918, l’U-151 embusquĂ© dans les eaux territoriales dĂ©truisit plusieurs bateaux amĂ©ricains. En 1942, la bataille de l'Atlantique se dĂ©roule, en principe loin des cĂŽtes. Mais Woody Allen dans son film Radio Days se souvient de 2 enfants qui pendant la Seconde Guerre mondiale jouent sur la plage de Staten Island et voient un sous-marin allemand apparaissant briĂšvement en surface et plongeant immĂ©diatement, Ă  quelques encablures de New York
  32. Dans Îles Ă  la dĂ©rive, chapitre At Sea, le bateau de Tom Hudson, dotĂ© de 2 mitrailleuses calibre .50 dissimulĂ©es, se fait passer pour un bateau destinĂ© Ă  la recherche scientifique, ce qui provoque souvent les plaisanteries de l'Ă©quipage. Il est cependant peu probable que la Pilar ait Ă©tĂ© armĂ©e de 2 mitrailleuses calibre .50
  33. Il est dĂ©crit, sous le nom de « Peters », dans Îles Ă  la dĂ©rive. Peters parle allemand (ce qui lui permet de comprendre les messages radio), aurait tendance Ă  sympathiser avec les Allemands, et est paradoxalement tuĂ© par eux au combat
  34. Hemingway, qui a écrit qu'il aimait les habitants du Nord de la péninsule ibérique, qui a séjourné plusieurs fois à Pampelune et qui a habité une maison du village d'Auritz-Burguete en Navarre, assistait souvent au jeu de pelote basque à Cuba. Dans Pour qui sonne le glas (début du chapitre 26), Hemingway fait dire in petto à son héros Robert Jordan : « you like the people of Navarra better than those of any other part of Spain. Yes. » (« tu aimes les gens de la Navarre plus que ceux de n'importe quelle partie de l'Espagne. Oui. »)
  35. Apparemment Hemingway cherchait Ă  reprendre sa guerre (interrompue par sa blessure par Ă©clats d'obus en 1918) contre les puissances de l’Axe
 En 1944-45, en France, Hemingway est notoirement sorti de ses fonctions de civil correspondant de guerre : il assura plus tard avoir « descendu » bon nombre d’ennemis

  36. (en) « Cuba »
  37. (en) « The Hemingway Patrols: The Old Man and the U-Boats »
  38. « The sun had gone down and the boat was driving through the calm sea, the boat alive with the engines, pushing fast through the same water they had moved so slowly through for all those hours ».(At Sea, fin du paragraphe 10)
  39. « I wish you could have seen us come into the mouth of the harbour with the see breaking over the morro
 
We came in in a bloody, huge, breaking sea like a damn surf board » ( Cuba, dĂ©but du chapitre)
  40. « the boys won’t be hard to find and she can take another beating before we haul her out... 
 There are spares for nearly everything. What’s one more beating if we get to close ? » (Cuba, fin du chapitre)
  41. « They anchored, and the boat, not big enough to be called a ship except in the mind of the man who was her master, lay with her bow into the wind with the waves breaking white and green on the reef. The man on the bridge watched that she swung well and held solidly. Then he looked ashore and cut his motors » (At Sea, début du 1er paragraphe)
  42. « the engines are good and she didn’t make anymore water than you would expect in the cross sea. » (At Sea, fin du paragraphe 4)
  43. « There was much wind even in this lee and he knew when the tide changed she would swing broadside to the swell... ...Why don’t you put out a couple more ? he called. Then maybe we could sell her for a goddam spider » (At Sea, dĂ©but du paragraphe 7)
  44. « Why did she make that much water ? — Just a stuffing box. I tightened it a little. But I’d rather she made a little water than run hot. » (At Sea, dĂ©but du paragraphe 9)
  45. « That night, after the rain had stopped and he had checked all leaks from the long dry spell, and seen that pans were put under them, and the point of actual leakage, not the drip, was penciled, the watches were set
 » (At Sea, dĂ©but du paragraphe 11)
  46. « We have been around together long enough to get married. [
] You ought to do right by her. And all you do is step on her and stand on her. What sort of a way is that to act ? And spill cold tea on her, too. That's not nice » (At Sea, milieu du paragraphe 10)
  47. (en) « Rehabilitating Hemingway ». Il faut remettre cet « exploit » dans le contexte culturel de l'Ă©poque : la prise de conscience Ă©cologique n'avait pas encore eu lieu. Cependant dans son livre Green Hills of Africa (Les Vertes Collines d'Afrique, 1934) Hemingway donne plusieurs exemples d'abus caractĂ©risĂ©s du pouvoir du chasseur bien Ă©quipĂ© sur la faune locale ; de nos jours un chasseur ne les commettrait pas — ou s'abstiendrait de les relater dans un livre.
  48. (en) « Hemingway Collection Highlisghts »
  49. (en) « With Hemmingway »
  50. (en) « Hemingway Fishing Tournament »
  51. voir les Hemingway et les von Blixen en 1935 Ă  Bimini (Bahamas) : http://www.jfklibrary.org/Asset-Viewer/iAZOVRxV00aMyNYxpksPXw.aspx
  52. voir http://biminimuseum.com/sport_fishing.html
  53. Selon l'article de WP en « Ernest Hemingway » : « Antes de recibir el premio, Hemingway repitió varias veces que "el premio pertenecía a Cuba" (Påporov, 1993, p. 279) y después de recibir el Nobel dijo que era el primer "sato cubano" que recibía este importante premio » (Påporov, 1993, p. 285 : « "Sato" se utiliza al referirse al perro callejero mås insignificante. Se utiliza respecto al hombre ignorante, no educado" ». Sato est en argot cubain l'équivalent de « clébard », et désigne aussi un homme du peuple illettré. Le livre de Påporov : Påporov, Yuri Hemingway en Cuba, ed. Siglo XXI, México (ISBN 968-23-1848-3) (voir https://books.google.com.mx/books?id=Wdg4Z5hSthcC&pg=PA277&dq=Hemingway+cubano+nobel&cd=2#v=onepage&q=Hemingway%20cubano%20nobel&f=false
  54. Sur les maladies de Hemingway Ă  la fin de vie, de nombreuses hypothĂšses ont Ă©tĂ© avancĂ©es : la cirrhose (Ă©videmment d'origine ethylique, mais peut-ĂȘtre aggravĂ©e par une hĂ©mochromatose familiale) ; l’athĂ©rosclĂ©rose et l'hypertension artĂ©rielle ; la dĂ©pression (peut-ĂȘtre aggravĂ©e par le traitement aux rĂ©serpiniques de son hypertension artĂ©rielle, et qui a entraĂźnĂ© des sĂ©ances de sismothĂ©rapie Ă  la Mayo Clinic) ; un dĂ©but de maladie d'Alzheimer, qui l'empĂȘchait d'Ă©crire, ce qui aggravait sa dĂ©pression ; un diabĂšte
 On a aussi invoquĂ© un hĂ©matome sous-mĂ©ningĂ© (aprĂšs les 2 accidents d'avion en 1954 en Afrique), une encĂ©phalopathie avec dĂ©tĂ©rioration neuro-intellectuelle (classique aprĂšs une longue utilisation des alcools distillĂ©s) et une intoxication cumulative aux mĂ©taux lourds (plomb, mercure, arsenic
) : Hemingway gardait dans sa chair des Ă©clats d'obus depuis 1918, tirait beaucoup aux armes Ă  feu, vivait entourĂ© de ses trophĂ©es naturalisĂ©s, et mangeait beaucoup de thon et de marlin. Enfin les coups de poing au visage encaissĂ©s par Hemingway pendant ses combats de boxe et ses sĂ©ances d'entraĂźnement (et ses bagarres) ainsi que le recul des armes Ă  feu qu'il a utilisĂ©es depuis l'Ăąge de 10 ans, ont pu induire dans son cerveau, par l'effet cumulatif des concussions cĂ©rĂ©brales, une forme de dementia pugilistica

  55. « Él siempre tuvo claro regresar. No se trata solo de los bienes materiales que dejaba. Hemingway amaba Finca VigĂ­a, era su lugar para escribir y al que invariablemente volvĂ­a. Era el lugar del cual se envanecĂ­a, que tenĂ­a 18 variedades de mangos, y que estaba cercano de La Habana y de CojĂ­mar, a donde iba a navegar en su yate « Pilar ». » Ada Rosa Alfonso Rosales, dans le journal cubain Juventud Rebelde du 1er aoĂ»t 2009 : voir http://www.juventudrebelde.cu/cultura/2009-08-02/hemingway-fue-obligado-a-salir-de-cuba/
  56. (en) « Hemingway Adventure ». L’acteur britannique Michael Palin a rĂ©alisĂ© un reportage TV sur Hemingway (voir l’article de WP en, Michael Palin's Hemingway Adventure), dans lequel il dĂ©crit extensivement sa visite de la propriĂ©tĂ© Finca VigĂ­a, oĂč Hemingway vĂ©cut pendant 20 ans
  57. Voir l'article "Gregorio Fuentes" dans WP en et dans Wp es. En fait, Mary Welsh avait eu l'intention de faire « remorquer au large et couler » la Pilar : elle écrit en août 1961, à propos de Finca Vigía : « we cannot haul this place out to sea and sink it, as I hope to do with the Pilar » (voir https://books.google.fr/books?hl=en&lr=&id=wa5yC5CMCGYC&oi=fnd&pg=PR9&dq=haemochromatosis+hemingway+beegel&ots=jX89PwOREi&sig=_L8fB5n1J4UH0pR-PL-t4-03lFo&redir_esc=y#v=onepage&q=haemochromatosis%20hemingway%20beegel&f=false, p. 10 du livre de Rose Mary Burwell)
  58. Voir l’article « Finca VigĂ­a » dans Wp ‘’en’’ et dans Wp catalĂ 
  59. (en) « Hemingway's boat, the Pilar, in the middle of a Bass Pro Outlet »

Sources

Bibliographie

  • (en) Paul Hendrickson, Hemingway's Boat: Everything He Loved in Life, and Lost, 1934-1961, Knopf, 2011, 544p. (ISBN 978-1400041626)

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