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Huff-Duff

Huff-Duff est le surnom donné à un système de radiogoniométrie utilisé comme dispositif de repérage pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Cet appareil est l'un principaux artisans de la victoire alliée dans la bataille de l'Atlantique. Ce nom évoque « HF/DF », abréviation de High Frequency/Direction Finding (« Haute fréquence/Découverte de direction »).

Huff-duff du croiseur HMS Belfast

Origine

Utiliser un ou plusieurs récepteurs radio pour localiser l'origine d'une émission radio-électrique est aussi vieille que la TSF elle-même. Le principe est de relever la direction dans laquelle le signal reçu par l'antenne est le plus fort. Si plusieurs récepteurs sont utilisés, placés à des endroits différents, et qu'ils relèvent la même émission, La position de l'émetteur peut être déterminée par triangulation.

Ce principe a été utilisé dès les débuts de l'aviation commerciale pour déterminer sa position en relevant les émissions de différentes balises. Il est aussi utilisé sur mer.

Invention de Henri Busignies[1], la technique nécessite la rotation de l'antenne réceptrice, à la main ou mécaniquement, pour déterminer la position où le signal est le plus fort. L'intérêt du nouveau dispositif est qu'il n'est plus nécessaire d'orienter l'antenne. Il devient aussi possible de détecter, et de garder trace, d'une émission brève; ce qui va prendre toute sa valeur pendant la guerre, les Allemands se reposant sur la sécurité apportée par l'usage de messages brefs (quelques secondes), indétectables, estiment-ils à tort.

Description

Détail sur l'antenne "Huff-Duff" sur une frégate pakistanaise (en 1951, mais similaire à celles ayant participé à la Bataille de l'Atlantique).

Le Huff-Duff britannique, pris ici comme exemple[note 1], se compose de deux éléments.

  • L'antenne
Elle a une forme caractéristique, visible sur l'illustration ci-contre. En forme de "cage", elle est la même pour les types de Huff-Duff les plus courantes durant la Seconde Guerre mondiale, FH3 ou FH4[2] - [note 2].
L'antenne doit être placée le plus loin possible de ce qui pourrait générer des interférences (en premier lieu, les superstructures du navire). C'est pour cette raison que sur les navires à 2 mâts, elle est fréquemment observable sur celui de l'arrière[3].
  • Le local HF/DF
Il doit être placé au plus près de l'antenne. Sur les frégates de classe "River", il est placé dans le local radio, juste sous la passerelle. L'appareil FH4 (voir l'illustration ci-dessus) montre le récepteur central avec, à droite, le sélecteur de fréquences et, à gauche, le sélecteur de distance et de pas de fréquence. Le bouton central, en dessous du récepteur, est celui qui permet d'affiner la recherche dans la bande surveillée[4].

Mise en Ĺ“uvre

  • Le calibrage de l'appareil
C'est la première tâche, indispensable. La réception des ondes radios peut être influencée par les masses métalliques des superstructures du navire. Cela oblige l'opérateur à régler chaque fréquence pour tenir compte des déviations causées par son environnement. Sur le matériel illustré dans cet article, cela se traduit par l'utilisation de molettes de chaque côté du cadran central[5].
  • La veille
L'opérateur est à l'écoute d'une fréquence donnée. S'il a plusieurs fréquences à surveiller, il doit les écouter une à une[note 3].
  • Le repĂ©rage
L'opérateur est alerté quand une émission est entendue sur la fréquence sélectionnée (cf. les écouteurs sur le matériel illustré de cet article). Les messages sont très brefs. De l'ordre de quelques secondes, moins de trente en tout cas. L'oscilloscope garde trace de l'émission et l'opérateur peut déterminer la direction de l'émetteur en fonction du signal reçu et des corrections déterminées lors du calibrage.

Utilisation

"Super Duff" sur le croiseur HMS Belfast

Le navire sur lequel est monté le Huff-Duff surveille les fréquences qui sont connues[6] - [note 4] comme étant celles utilisées par les U-Boote.
Il ne peut surveiller qu'une fréquence à la fois[note 5].

En cas de détection d'un message, l'opérateur le signale au commandant de l'escorte. Celui-ci, disposant fréquemment lui aussi d'un dispositif Huff-Duff, peut alors déterminer le point d'intersection des différents relèvements, en déduire la position approximative du sous-marin et adapter sa défense en fonction.

Un opérateur entraîné est, en théorie, capable d'estimer la distance de l'émetteur en déterminant si l'onde est reçue directement ou après réverbération sur les couches hautes de l'atmosphère. Dans le premier cas, le U-boot est distant de quelques milles, beaucoup plus loin dans le second cas.

Notes et références

Notes

  1. Les systèmes britanniques et américains sont différents, même s'ils fonctionnent sur des principes similaires. c'est pour cette raison que l'on peut donner une explication générale à partir du modèle britannique.
  2. Il y a des différences d'apparence entre les modèles britanniques, comme le FH3, et les modèles américains, comme le DAQ. Mais les explications restent valables pour les modèles de différentes conceptions.
  3. Les appareils actuels sont capables de balayer des gammes entières de fréquences, mais pas ceux du début des années 1940.
  4. Ces fréquences sont recensées et diffusées par le "Centre de Renseignement Opérationnel" (O.I.C., Operational Intelligence Center, service de la N.I.D., Naval Intelligence Division, et rattaché à l'Amirauté britannique). Le lecteur pourra se reporter à l'ouvrage de D. Syrett, cité en bibliographie, pour des exemples (pages 73-74, 326-327, etc.).
  5. Certains modèles seront "doublés" pour pouvoir suivre 2 fréquences en même temps.

Références

  1. Yves Blanchard, Le radar, 1904-2004, Histoire d'un siècle d'innovations techniques et opérationnelles, 2004, ellipses, p.174 et 342
  2. Bauer, page 9.
  3. Bauer, page 10.
  4. Lavery, op. cit., p. 120-122.
  5. Bauer, page 17.
  6. Bauer, page 18.

Annexes

Bibliographie

(Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.) Document utilisé pour la rédaction de l’article

  • (en) Arthur O. Bauer, HF/DF An Allied Weapon against German U-Boats 1939-1945Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article, article condensant l'ouvrage "Funkpeilung als alliierte Waffe gegen deutsche U-boote 1939 - 1939 du mĂŞme auteur.
  • (en) Kathleen Broome Williams, Secret Weapon, U.S. High-Frequency Direction Finding in the Battle of the Atlantic, 1996, Naval Institute Press, Annapolis, Maryland. (Cet ouvrage ne prend en compte que la vision amĂ©ricaine du dispositif. Mais il est très complet).
  • (en) David Syrett, The battle of the Atlantic and Signals Intelligence, 2002, Ashgate pour la "Navy Records Society", (ISBN 0-7546-3123-0). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Brian Lavery, River-class Frigates and the Battle of the Atlantic, 2006, Londres, National Maritime Museum, (ISBN 978-0-948065-73-6), Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Articles connexes

Liens externes


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