Spruille Braden
Spruille Braden ( à Elkhorn, dans le Montana – à Los Angeles) est un diplomate, homme d'affaires et lobbyiste américain, membre du Council on Foreign Relations.
Ambassadeur |
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Naissance | Elkhorn (en) |
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Décès |
(Ă 83 ans) Los Angeles |
SĂ©pulture |
Gate of Heaven Cemetery (en) |
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Il a occupé les fonctions d’ambassadeur des États-Unis auprès de plusieurs pays d’Amérique latine, et a été secrétaire d'État assistant pour l'hémisphère ouest sous la présidence de Harry S. Truman, du au .
De tendance interventionniste, Braden a pris part à plusieurs coups d'État en Amérique latine.
Biographie
Son milieu social et ses débuts
Le jeune Braden suit les cours de la Montclair Kimberley Academy (une école privée réputée du New Jersey) puis est admis à la Sheffield Scientific School, qui a été la branche scientifique de l'université Yale jusqu'en 1956. Il en sort diplômé d'un PhD MinE (ingénieur des mines diplômé) dans la promotion 1910[1].
Braden a été l’un des copropriétaires de la Braden Copper Company (la plus grande mine de cuivre du monde, développée par son père) au Chili, et un des actionnaires (et lobbyistes attitrés) de la United Fruit Company.
Il a été aussi un des directeurs de la W. Averell Harriman Securities Corporation[2].
Il a été agent de la Standard Oil et a participé en sous-main à la guerre du Chaco, meurtrière guerre par procuration qui opposa entre 1932 et 1935 la Bolivie et le Paraguay à propos de supposés champs de pétrole[3].
Braden était ouvertement opposé à la création de syndicats[4].
En 1933, Braden a été délégué à la Convention de Montevideo (Uruguay). Il y accompagnait Cordell Hull, secrétaire d'État, J. Reuben Clark (ancien ambassadeur des États-Unis au Mexique), J. Butler Wright (représentant des États-Unis en Uruguay) - et aussi Sophonisba Breckinridge (féministe et militante célèbre, professeur de l'université de Chicago)[5]. À l'issue de la réunion, un traité de bon voisinage est signé par les participants (avec quelques réserves de la part des États-Unis, du Brésil et du Pérou).
Diplomate en Amérique latine
Braden a occupé le poste officiel d'ambassadeur dans plusieurs pays d'Amérique latine, où sa présence a coïncidé avec des périodes de crise politique, voire des coups d'État.
Il a été ambassadeur en Colombie de 1939 à 1942. Succédant à George S. Messersmith, Braden est ensuite (de à ) ambassadeur des États-Unis à Cuba.
Comme ambassadeur des États-Unis en Argentine (il le sera officiellement pendant cinq mois, du au , après quoi il sera nommé à Washington), Braden (avec l'aide de son assistant Gustavo Durán) entre en campagne et s'immisce dans la politique locale en militant contre l'ascension au pouvoir de Juan Perón.
Dans ses discours, Braden appelle Perón « el Hitler del mañana » (« le Hitler de demain ») et appelle les Argentins à soutenir la formation politique Unión Democrática[6].
« Tout se présentait bien pour ce groupe politique (Unión Democrática) qui se présentait comme un front anti-fasciste, lorsque survinrent deux faits qui eurent une profonde influence sur le résultat de la campagne électorale. Le premier fut la révélation qu'un chèque important avait été offert par une organisation patronale à Unión Democrática - et le 2e fut la publication (le 12 février) du Libro Azul (Livre Bleu) imprimé par le département d'Etat à la diligence de Braden. Le Libro Azul, en produisant comme preuves des documents de source allemande et autres, accusait les gouvernements argentins successifs (depuis celui de Castillo) d'être inféodés aux régimes fascistes, et accusait aussi Perón de vouloir suivre leurs traces. Ce livre, qui était manifestement destiné à influencer le vote des Argentins et à les écarter de Perón, fut publié dans les grands journaux et distribué par Unión Democrática. Perón se défendit, présenta le Libro Azul comme la preuve de l'ingérence nord-américaine dans la politique de l'Argentine, et fit circuler le slogan Braden o Perón[7]. Le 24 février 1946, après des élections régulières, le ticket Perón-Quijano obtint 52,4 % des voix, contre 42,5 % à Unión Democrática[8]. »
Robert Crasweller a écrit dans Perón and the Enigmas of Argentina que Braden avait certes parlé à de très nombreux anti-péronistes, mais n'avait pas compris que ses opinions n'étaient pas celles de la majorité des Argentins; son immixtion irrita la plupart des électeurs, et eut pour résultat d'accroitre la force du mouvement en faveur de Perón et contre l’interventionnisme nord-américain[9].
À Washington, six jours avant les élections générales du en Argentine, Braden convoque les représentants de certaines républiques d'Amérique latine et accuse ouvertement Perón d'être anti-Nations unies, d'être favorable aux ex-puissances de l'Axe et de vouloir protéger leurs intérêts économiques et industriels, tout en négligeant les droits de l'homme :
« Un soir de cette semaine, les chefs des missions diplomatiques d'Amérique du Sud à Washington ont secoué la neige de leurs chaussures et sont entrés à la file à Blair House, sur Pennsylvania Avenue. Une seule nation n'était pas représentée : l'Argentine. Quelques instants plus tard, ce voisin était accusé en son absence d'à peu près tous les crimes possibles contre la démocratie. Ce sévère réquisitoire figurait dans une brochure de 130 pages, et en des termes qu'on ne voit utilisés que lorsqu'une déclaration de guerre va suivre. Les brochures étaient présentées aux diplomates sud-américains par deux officiels du département d'État, l'urbain Dean Acheson et le costaud Spruille Braden, ex-ambassadeur à Buenos Aires et ennemi déclaré[10]... »
Mais à Buenos Aires Perón, qui était auréolé par son récent mariage avec Eva Duarte et qui venait de nationaliser la Banque centrale et de rendre obligatoires les étrennes de Noël pour les salariés, était déjà sur le chemin du pouvoir.
Pendant la présidence de Harry S. Truman, Braden est (du au ) deuxième secrétaire d'État assistant pour l'hémisphère ouest[note 1] et s’oppose violemment à George S. Messersmith (ancien ambassadeur à Mexico et à Cuba et futur ambassadeur en Argentine) au sujet de la politique étrangère des États-Unis en Amérique latine[12] ; Messersmith perdra finalement son poste au département d'État.
Depuis 1948, Braden était lobbyiste attitré de la United Fruit Company. Quand les intérêts de la United Fruit sont menacés au Guatemala par la réforme agraire du président Jacobo Arbenz Guzmán, Braden conseille l'intervention armée aux présidents Truman puis Eisenhower et aide à la préparation du coup d'État mené par la CIA : l'opération PBSUCCESS renverse Arbenz Guzmán en 1954.
Dès son investiture (le ) le nouveau prĂ©sident du Nicaragua Anastasio Somoza Debayle dĂ©cerne la grand-croix de RubĂ©n DarĂo (l'une des plus hautes dĂ©corations du pays), Ă l'ambassadeur Spruille Braden et Ă son Ă©pouse Verbena, pour « leurs efforts incessants en faveur de la libertĂ© en AmĂ©rique Latine »[13].
Braden avait dit « En diplomatie, finesse et patience sont valables (comme en boxe) lorsque s’appliquent les règles du Marquis de Queensberry, mais elles peuvent amener à la défaite lorsqu’on les applique dans une bagarre sauvage comme celle qui nous oppose au Kremlin. On doit souvent combattre le feu par le feu. Personne n’est plus opposé que moi à l’intervention dans les affaires internes des autres nations. Mais… nous pouvons être forcés à intervenir… Je voudrais rendre clair ceci : comme le Communisme est de toute évidence un problème international et non pas interne, sa suppression, même par la force, dans un pays d’Amérique, par une ou plusieurs des autres républiques, ne peut constituer une intervention dans les affaires internes du dit État. »[14].
Vie personnelle
Braden parlait parfaitement l'espagnol. Il a eu deux Ă©pouses : Maria Humeres Solar (1915-1962) et Verbena Williams Hebbard (1964-1977). Ses enfants sont Maruja Lyons, Laura Iselina Young, William Braden, Patricia Clark, et Spruille Braden, Jr.
Braden a été de 1967 à 1973 président du Metropolitan Club of New York, fondé en 1891 par John Pierpont Morgan.
En 1971, son livre Diplomats and Demagogues: the Memoirs of Spruille Braden est publié par New Rochelle, Arlington House.
Braden a vu l'immense mine de cuivre El Teniente (ouverte par son père) nationalisée par le Chili en 1967 ; cette mine avait été en 1945 le théâtre d'une des plus meurtrières catastrophes jamais survenues dans une mine : la « tragédie de la fumée », 355 morts.
Mort
Le , pendant qu'il combat les traités de Torrijos-Carter, Braden fait une attaque cardiaque et meurt à Los Angeles, à 83 ans.
Notes et références
Notes
- Le secrétaire d'État assistant pour l'hémisphère ouest est le directeur du bureau pour les affaires de l'hémisphère ouest, subdivision du département d'État (ministère des Affaires étrangères des États-Unis). Il guide les actions des ambassades dans les pays de l'hémisphère ouest et conseille le secrétaire d'État et ses autres collaborateurs.
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Spruille Braden » (voir la liste des auteurs).
- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Spruille Braden » (voir la liste des auteurs).
- Alumni Awards, Montclair Kimberley Academy.
- 8. Spruille Braden, The Belmont Brotherhood . W. Averell Harriman a été officiellement membre de la fraternité de Yale Skull and Bones. Selon Dan Smoot dans The Belmont Brotherhood, p. 8, Braden faisait partie de la John Birch Society.
- Ferrero, Roberto A. (1976), Del fraude a la soberanĂa popular (De la spoliation Ă la souverainetĂ© populaire), Buenos Aires: La Bastilla, p. 318
- Schvarzer, Jorge (1996). La industria que supimos conseguir. Una historia polĂtico-social de la industria argentina. (L'Industrie que nous avons su obtenir...) Buenos Aires: Planeta, p. 194
- U.S. Department of State, Foreign Relations of the United States: Diplomatic Papers, 1933 (1949-1952), Washington, GPO.
- David Kelly, cited in Escudé, Carlos; Cisneros, Andrés (2000), La campaña del embajador Braden y la consolidación del poder de Perón, «Historia de las Relaciones Exteriores Argentinas», CARI
- en réponse au « Livre Bleu » (plus épais qu'un simple « livre blanc ») Perón fit aussi publier un « Libro Azul y Blanco » : le bleu et le blanc sont les couleurs du drapeau argentin
- "Las cosas no empezaron mal para este grupo (UniĂłn Democrática) que se presentaba como el abanderado contra el nazi-fascismo, cuando se produjeron dos hechos que afectaron profundamente el posible resultado de su campaña. El primero fue el descubrimiento de un importante cheque entregado por una organizaciĂłn patronal como contribuciĂłn a la campaña de la UniĂłn Democrática. El segundo fue la publicaciĂłn por el Departamento de Estado -a instancias del secretario asistente Braden- del Libro Azul sobre la Argentina, que apareciĂł el 12 de febrero. Este constituĂa una acusaciĂłn, basada en fuentes alemanas y de otro origen, de los sucesivos gobiernos argentinos, desde Castillo en adelante, impugnando su buena fe, condenando su polĂtica interna y externa, y tratando de probar las conexiones nazis y tendencias fascistas de sus lĂderes, incluido PerĂłn. Obviamente, el propĂłsito de su divulgaciĂłn era influir en el electorado argentino en contra de PerĂłn. En la Argentina, el documento apareciĂł publicado en los grandes diarios y fue propagado por la UniĂłn Democrática. PerĂłn se defendiĂł, presentándolo como evidencia de la injerencia norteamericana en la polĂtica argentina y acuñó el slogan: Braden o PerĂłn. En estas circunstancias, el 24 de febrero de 1946 se realizaron las elecciones para elegir presidente y vice, catorce gobernadores, y legisladores nacionales y provinciales. Los comicios, controlados por las fuerzas armadas fueron limpios. La fĂłrmula PerĂłn-Quijano obtuvo el 52,4% de los votos, contra 42,5% de la UniĂłn Democrática." Dans "Historia General de la Relaciones Exteriores de la RepĂąblica Argentina" , chapitre "La campaña del embajador Braden y la consolidaciĂłn del poder de PerĂłn" in http://www.argentina-rree.com/13/13-004a.htm . La note 13 relève par ailleurs que le Foreign Office, Ă qui le DĂ©partement d'État demandait son appui, se contenta (alors que cependant dans cette immĂ©diate après-guerre la Grande-Bretagne dĂ©pendait Ă©troitement des États-Unis sur le plan Ă©conomique) de souligner dans un communiquĂ© que les Ă©lections en Argentine avaient Ă©tĂ© parfaitement dĂ©mocratiques, et l'Ă©lection de Peron rĂ©gulière
- Crassweller, Robert. PerĂłn and the Enigmas of Argentina. W. W. Norton and Company. New York, Londres. (ISBN 0 393 30543 0)
- Neighbor Accused, TIME Magazine, 18 février 1946
- (es) “Braden o Perón”, El Socialista
- Trask, Roger R. Spruille Braden versus George Messersmith: World War II, the Cold War, and Argentine Policy, 1945-1947 in the Journal of Interamerican Studies and World Affairs, Vol. 26, No. 1 (Feb., 1984), pp. 69-95
- RubĂ©n DarĂo : Braden, Ă qui on ne peut dĂ©nier une bonne connaissance de la langue et de la culture hispaniques, a-t-il apprĂ©ciĂ© de porter une dĂ©coration nommĂ©e d'après un poète qui (en particulier dans son ode A Roosevelt) avait appelĂ© l'AmĂ©rique latine Ă lutter contre l'impĂ©rialisme Ă©conomique et culturel nord-amĂ©ricain ?
- "Diplomatic "finesse and patience" are all right under the Marquis of Queensbury rules, but they may bring defeat if applied in a bar-room brawl, such as we are engaged in with the Kremlin. Frequently it is necessary to fight fire with fire. No one is more opposed than I to interfere in the internal affairs of other nations. But ... we may be compelled to intervene . . . . I should like to underscore that because Communism is so blatantly an international and not internal affair, its suppression, even by force, in an American country, by one or more of the other republics, would not constitute an intervention in the internal affairs of the former....". Cité dans The CIA in Guatemala: The Foreign Policy of Intervention, par Richard Immerman; Austin, University of Texas Press, 1982, p. 127.
Annexes
Bibliographie
- Scenna, Miguel A. (1974), Braden y PerĂłn, Buenos Aires: Korrigan.
- Frank, Gary (1980). Juan Peron vs. Spruille Braden: the story behind the blue book. Lanham, MD : University Press of America
- Trask, Roger R. Spruille Braden versus George Messersmith: World War II, the Cold War, and Argentine Policy, 1945-1947 in the Journal of Interamerican Studies and World Affairs, Vol. 26, No. 1 (fév., 1984), p. 69–95