HĂ©mochromatose
Les hĂ©mochromatoses (prĂ©cisĂ©es parfois en gĂ©nĂ©tiques ou primitives) sont un groupe de maladies hĂ©rĂ©ditaires autosomiques, rĂ©cessives dans l'immense majoritĂ© des cas, concernant le mĂ©tabolisme du fer, et se caractĂ©risant par une surcharge de fer (hĂ©mosidĂ©rose) dans l'organisme. Ces maladies peuvent ĂȘtre bien soignĂ©es, mais elles sont souvent tardivement dĂ©tectĂ©es.
Spécialité | Génétique médicale |
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CIM-10 | R79.0 |
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CIM-9 | 275.03 |
DiseasesDB | 5581 |
MedlinePlus | 000327 |
MeSH | D019190 |
Mise en garde médicale
Les hématochromatoses dites secondaires représentent toutes les autres surcharges en fer, généralisées ou localisées.
Histoire
Pour l'apparition de la mutation génétique au néolithique, voir :
L'hémochromatose a été décrite pour la premiÚre fois par Armand Trousseau en 1865. Il décrit chez certains diabétiques un teint bronzé (diabÚte bronzé) associé à une cirrhose (cirrhose pigmentaire). Par la suite, les études d'anatomo-pathologie montrent une surcharge tissulaire en fer, surtout au niveau du foie[1].
En 1889, Von Recklinghausen donne à cette maladie le nom de « hémochromatose ».
En 1935, Joseph Harold Sheldon (1893-1972)[2] est le premier à défendre l'hypothÚse d'une erreur congénitale du métabolisme du fer, faisant de « l'hémochromatose primitive ou idiopathique » une maladie familiale et héréditaire, à distinguer des « hémochromatoses secondaires » dues à d'autres causes[1].
L'existence d'une forme héréditaire d'hémochromatose est longtemps restée controversée. Dans les années 1960, la théorie faisant de l'hémochromatose une maladie essentiellement liée à l'alcoolisme a toujours des ardents défenseurs[1].
En 1975, l'hémochromatose idiopathique a été associée à des antigÚnes tissulaires du systÚme HLA[1]. Il existait donc un marqueur génétique de la maladie. En 1976, le gÚne responsable a été localisé sur le bras court du chromosome 6[3].
En 1996, ce gÚne dit HFE est identifié avec précision et ses mutations progressivement classifiées[3]. à partir des années 2000, d'autres formes génétiques beaucoup plus rares (impliquant d'autres gÚnes) sont identifiées.
Prévalence
La prĂ©valence mondiale de la maladie est mal connue. L'hĂ©mochromatose de type 1 est la maladie gĂ©nĂ©tique la plus frĂ©quente parmi les populations de type caucasien. Elle a eu une prĂ©valence de 1â300 Ă 1â500 individus[4] - [5].
L'hĂ©mochromatose gĂ©nĂ©tique est surnommĂ©e « la maladie des Celtes », du fait qu'elle touche particuliĂšrement les populations de l'Europe nord-occidentale, en particulier l'Irlande oĂč 1 personne sur 83 est porteuse homozygote de la mutation gĂ©nĂ©tique[6]. Ă partir de lĂ , la prĂ©valence varie selon un gradient dĂ©croissant nord/sud et ouest/est[7]. Cette mutation europĂ©enne se retrouve, Ă la suite des migrations, dans les populations blanches d'AmĂ©rique du Nord, d'Afrique du Sud et d'Australie. En France, environ une personne sur 300 est porteuse de la mutation (c'est la plus frĂ©quente des maladies gĂ©nĂ©tiques en France, pourtant souvent mĂ©connue)[8].
Cela ne signifie pas que tous les porteurs homozygotes de la mutation sont ou seront malades, car la pénétrance est incomplÚte et l'expressivité variable. Seule une minorité d'entre eux (une personne sur quatre à cinq) développera effectivement la maladie[9].
Causes
HĂ©mochromatoses primitives
L'hémochromatose primitive est d'origine génétique. Il en existe plusieurs types, chacun en rapport avec le gÚne atteint.
La mutation la plus fréquemment retrouvée est la mutation C282Y du gÚne HFE (chromosome 6), exprimée à l'état homozygote (95 % des cas). On retrouve également la mutation H63D dans une moindre mesure, soit exprimée à l'état homozygote, soit à l'état hétérozygote composite (H63D et C282Y).
Les porteurs hĂ©tĂ©rozygotes dâune mutation du gĂšne HFE prĂ©sentent en moyenne un taux dâhĂ©moglobine lĂ©gĂšrement accru par rapport aux personnes ne possĂ©dant pas cette mutation et sont moins sensibles Ă la dĂ©ficience en fer. Ils ne prĂ©sentent nĂ©anmoins jamais de surcharge en fer. Seuls les homozygotes pour C282Y et les personnes hĂ©tĂ©rozygotes porteuses du gĂ©notype composite peuvent dĂ©velopper une hĂ©mochromatose clinique.
Les patients prĂ©sentant une surcharge en fer cliniquement significative sont pour 80 Ă 85 % homozygotes pour C282Y alors quâenviron 5 % des patients hĂ©mochromatosiques prĂ©sentent une hĂ©tĂ©rozygotie composite H63D/C282Y[10] - [11].
Plusieurs personnes sont souvent touchĂ©es dans la mĂȘme famille, l'enquĂȘte familiale peut donc orienter le diagnostic. La dĂ©couverte d'un cas doit encourager le dĂ©pistage dans le reste de la famille s'il n'a jamais Ă©tĂ© fait[8].
Une surcharge en fer avĂ©rĂ©e en lâabsence dâune homozygotie pour C282Y ou du gĂ©notype composite H63D/C282Y peut ĂȘtre le signe potentiel dâautres formes (hĂ©rĂ©ditaires ou non) de lâhĂ©mochromatose.
Le tableau qui suit résume les différents types d'hémochromatose primitive.
Nom habituel | Autres noms | Prévalence | Transmission | Pénétrance | GÚne | Chromosome | Protéine en cause | OMIM |
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HĂ©mochromatose classique | HĂ©mochromatose de type 1 | 1 sur 300 | RĂ©cessive | Basse | HFE (Human hemochromatosis protein) | 6p21.3 | HLA de classe I non classique | 235200 |
Hémochromatose juvénile | Hémochromatose de type 2A | Rare | Récessive | HJV (en) | 1q21 | Hémojuveline | 602390 | |
Hémochromatose juvénile | Hémochromatose de type 2B | Rare | Récessive | HAMP (en) | 19q13 | Hepcidine | 606464 | |
HĂ©mochromatose par mutation TFR2 | HĂ©mochromatose de type 3 | TrĂšs rare (moins de 20 cas connus) | RĂ©cessive | 100 % | TFR2 (en) | 7q22 | RĂ©cepteur de la transferrine 2 | 604250 |
HĂ©mochromatose de type 4 | HĂ©mochromatose Ă transmission dominante | TrĂšs rare | Dominante | SLC40A1 | 2q32 | Ferroportine | 606069 |
Environ 99 % des mutations gĂ©nĂ©tiques responsables d'hĂ©mochromatose sont connues, mais, pour une mĂȘme anomalie gĂ©nĂ©tique, les patients prĂ©sentent des symptĂŽmes plus ou moins graves, ce qui laisse penser qu'il existe des facteurs aggravants dans l'environnement ou le comportement, qu'on cherche Ă identifier par l'Ă©tude de nombreux patients. La consommation dâalcool ou d'autres anomalies (du mĂ©tabolisme glucidique et lipidique par exemple) pourraient interagir avec les effets du dĂ©ficit gĂ©nique ou aggraver les lĂ©sions (hĂ©patiques notamment). Cette hypothĂšse fait l'objet d'Ă©tudes.
HĂ©mochromatoses secondaires
Les autres surcharges en fer, parfois appelées hémochromatoses secondaires, font partie du diagnostic différentiel d'hémochromatose. Ce sont les pathologies suivantes.
ExcĂšs d'apport en fer
L'apport en fer par voie orale est peu susceptible, Ă lui seul, de produire une surcharge en raison de l'absorption limitĂ©e du fer. Cependant, des hĂ©mosidĂ©roses nutritionnelles ont pu ĂȘtre observĂ©es par consommation accrue de fer (lentilles, vin...), ou encore, chez les Bantous, par boisson alcoolisĂ©e traditionnelle prĂ©parĂ©e dans des rĂ©cipients en fer[1].
La surcharge en fer peut survenir lors de transfusions sanguines répétées (hémochromatose post transfusionnelle).
Troubles de la production et maturation des globules rouges
Dans cette situation, l'anémie s'accompagne d'un excÚs d'absorption de fer persistant malgré la surcharge en fer consécutive. C'est le cas de la thalassémie, de l'anémie sidéroblastique, des myélodysplasies, de l'anémie aplasique.
Maladies métaboliques
Il s'agit le plus souvent de maladies chroniques du foie, s'accompagnant de surcharges en fer (hépatosidérose dysmétabolique). Ce sont la cirrhose alcoolique et non alcoolique, l'hépatite chronique.
D'autres troubles métaboliques sont plus rares : acéruléoplasminémie, porphyrie cutanée tardive...
Physiopathologie
La protĂ©ine HFE, normalement liĂ©e Ă la membrane cellulaire, permet la fixation de la BĂȘta-2 microglobuline et de la transferrine au niveau des cryptes intestinales. L'absence de ce complexe, par mutation gĂ©nĂ©tique, fait que le transporteur de cation DMT-1 (en), situĂ© dans la bordure en brosse de l'entĂ©rocyte qui permet l'entrĂ©e du fer, n'est plus rĂ©gulĂ©.
L'absorption excessive de fer entraine une accumulation de l'hĂ©mosidĂ©rine (produit de dĂ©gradation de l'hĂ©moglobine) dans les cellules des parenchymes et dans le tissu conjonctif. Elle peut ĂȘtre localisĂ©e ou gĂ©nĂ©ralisĂ©e.
SymptĂŽmes
La surcharge en fer affecte plusieurs organes dont principalement le foie, le pancrĂ©as, le cĆur et l'hypophyse. Ă long terme, ces dĂ©pĂŽts ferriques engendrent des lĂ©sions anatomiques et fonctionnelles irrĂ©versibles. La maladie est donc lentement progressive et elle Ă©volue classiquement en trois phases[12] :
- Phase de latence, totalement silencieuse.
- Apparition d'anomalies biologiques avec premiers symptÎmes non spécifiques à partir de l'ùge de 15 ou 20 ans : fatigue chronique, douleurs articulaires, teint gris[8], la maladie est souvent méconnue ou confondue avec d'autres affections, ce qui entraßne une errance diagnostique[8]. à l'ùge de 20-40 ans, il y a 7 à 8 g de fer accumulé[13].
- Phase tardive : apparition de complications et de signes cliniques correspondant à des lésions d'organes irréversibles. Durant le XXe siÚcle, l'ùge moyen du diagnostic se situait autour de 45 à 50 ans, lorsque le tableau historique décrit par les cliniciens de la fin du XIXe siÚcle devenait évident[12] - [14]. Au-delà de 45-50 ans, il y a 20 à 40 g de fer accumulé[13].
Jusqu'aux années 1970-1980, le diagnostic était le plus souvent porté à ce stade de complications, devant une triade classique[14] :
- Pigmentation de la peau : teinte brun sale, grise, ou « mine de plomb », différente du hùle solaire. Débutant trÚs tÎt (dans l'adolescence) mais de façon trÚs lente et insidieuse qui n'inquiÚte ni le patient, ni l'entourage.
- Une hépatomégalie, trÚs progressive, avec foie lisse et trÚs dur, typiquement aux dépens du lobe gauche.
- Un diabĂšte sucrĂ© qui apparait tardivement, d'oĂč les noms historiques de « diabĂšte bronzĂ© » ou « cirrhose bronzĂ©e ».
Depuis les années 1980, c'est-à -dire depuis la démonstration de son caractÚre génétique, et en grande partie grùce aux associations de malades[15], la nécessité d'un diagnostic plus précoce a prévalu. Ceci afin de permettre la mise en route d'un traitement avant la survenue des complications.
Depuis cette période, l'hémochromatose est de plus en plus souvent suspectée à un stade plus précoce, celui de l'asthénie chronique et des douleurs articulaires, typiquement des 2e et 3e métacarpo-phalangiennes (mais pouvant toucher tout autre articulation)[16]. Cette atteinte des doigts se traduit par une « poignée de main douloureuse »[12].
Diagnostic
Dans les années 2010, le retard ou errance diagnostique reste encore de l'ordre de 6 à 10 ans[13].
Le diagnostic d'orientation consiste en une prise de sang portant sur le dosage de la ferritine qui renseigne sur une Ă©ventuelle surcharge en fer, et sur celui de la saturation de la transferrine qui reflĂšte une Ă©ventuelle hyper-absorption du fer.
AprÚs élimination des autres causes possibles (voir section hémochromatoses secondaires), le diagnostic de confirmation se fait par la recherche des mutations du gÚne HFE. En cas de négativité, on recherche les mutations plus rares d'autres gÚnes du métabolisme du fer.
Un bilan est réalisé avant traitement pour évaluer le retentissement de la maladie au niveau des organes cibles. Entre autres, l'IRM évalue la surcharge en fer tissulaire, sa répartition et son importance, et l'état hépatique (risque de cirrhose, de carcinome)[13].
Complications
Sans traitement, le patient peut dĂ©velopper une cirrhose, un diabĂšte, des troubles cardiaques, des lĂ©sions et douleurs ostĂ©o-articulaires (qui peuvent persister malgrĂ© la rĂ©ussite d'un traitement) et parfois une ostĂ©oporose, des troubles hormonaux (impuissances chez lâhomme, mĂ©nopause prĂ©coce chez la femme)[8]âŠ
Cirrhose et diabĂšte
Les manifestations hépatiques évoluaient vers la cirrhose, en principe isolée (sans hypertension portale, ni insuffisance hépatique en l'absence d'un éthylisme associé)[14]. L'évolution pouvait conduire jusqu'au carcinome hépatocellulaire.
La surcharge en fer du pancréas entrainait un diabÚte d'abord sans symptÎmes, puis de type insulino-dépendant.
Ces troubles pouvaient s'accompagner de crises douloureuses abdominales simulant des urgences médico-chirurgicales.
Troubles endocriniens
La baisse des hormones sexuelles est fréquente. Elle était parfois précoce (puberté retardée et incomplÚte de l'hémochromatose juvénile), plus souvent tardive vers 35-40 ans, de la baisse de libido jusqu'à l'impuissance, atrophie testiculaire et dépilation.
Les autres atteintes endocriniennes sont beaucoup plus rares (peu ou pas de manifestations, malgrĂ© une atteinte anatomique â surcharge en ferâ)[14].
Troubles cardiaques
Ce sont des troubles du rythme et des douleurs thoraciques. Il n'y a pas d'hypertension artérielle. Ces troubles évoluent vers l'insuffisance cardiaque globale. Dans l'hémochromatose juvénile, cette insuffisance était d'installation rapide[14].
Traitements
Le traitement reste dominé par la saignée.
Principe et technique
L'antique saignĂ©e modernisĂ©e s'effectue par prĂ©lĂšvement rĂ©gulier de 400 Ă 500 ml de sang, adaptĂ©s au poids, Ă l'Ăąge et Ă l'Ă©tat du patient[17]. Il s'agit de prĂ©lever des globules rouges (riches en fer) et forcer lâorganisme Ă puiser dans ses propres rĂ©serves pour reconstituer ces globules. Elle est simple et bien tolĂ©rĂ©e[13]. La saignĂ©e n'est pas douloureuse, hormis la sensation au moment de la piqure. Les effets indĂ©sirables peuvent ĂȘtre le malaise vagal ou la fatigue. Elle dure de 5 Ă 15 minutes et doit se faire avec une aiguille de gros calibre : aiguille de kit du don du sang ou aiguille Ă fistule. La tubulure dĂ©bouche soit sur une poche (kit de don du sang) posĂ©e sur une balance, soit dans un redon (bocal graduĂ© utilisĂ© dans les services de chirurgie) en siphonnage. Dans un contexte occidental, les aspirations Ă la seringue sont Ă proscrire pour d'Ă©videntes raisons d'hygiĂšne, de temps, de risque d'exposition au sang, de douleur, et de prĂ©servation du capital veineux.
Modalités
On distingue la phase d'attaque du traitement (de quelques mois Ă trois ans) de la phase d'entretien (toute la vie). Au dĂ©but les saignĂ©es sont trĂšs frĂ©quentes ; plusieurs par semaine pendant plusieurs mois en gĂ©nĂ©ral, puis s'espacent largement (jusqu'Ă une par trimestre) en fonction des analyses du patient, le coefficient de saturation en transferrine notamment. Il s'agit d'obtenir une ferritinĂ©mie (taux de ferritine dans le sang) comprise, en gĂ©nĂ©ral, entre 50 et 100 ng/mL[13], ou infĂ©rieure Ă 50 ÎŒg/L selon d'autres[17].
Le sang retirĂ© peut ĂȘtre gardĂ© et rĂ©utilisĂ© en don de sang (voir ci-dessous).
Autres
Le traitement des douleurs articulaires reste difficile : antalgiques, kinésithérapie, cures thermales[13]...
S'il y a contre-indication aux saignées (par exemple chez un patient anémique, ou cardiaques), des chélateurs de fer sont utilisés, mais avec de nombreux et importants effets secondaires[8].
Il n'existe pas de régime alimentaire spécifique : tout est autorisé sans excÚs. Tout au plus il est recommandé de limiter, voire s'interdire, les boissons alcoolisées et les compléments alimentaires en vitamine C[13].
Les progrÚs thérapeutiques sont attendus pour le futur, comme celui qui consisterait à donner de l'hepcidine (la protéine déficitaire chez les malades)[18].
HĂ©mochromatose et don de sang
En France
En France, une personne atteinte de l'hĂ©mochromatose peut donner son sang pour qu'il soit transfusĂ© s'il s'agit d'un lieu fixe de prĂ©lĂšvement de lâĂtablissement français du sang. Ce patient doit par ailleurs prĂ©senter une attestation stipulant que 5 saignĂ©es thĂ©rapeutiques ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es dans une structure de soins ; une prescription mĂ©dicale de moins dâun an, indiquant le volume Ă soustraire (420 ml, 450 ml ou 480 ml), la frĂ©quence et lâobjectif Ă atteindre ; et bien-sĂ»r respecter des critĂšres de sĂ©lection des donneurs[19].
Il s'agit d'une précaution liée à la sécurité du donneur ayant l'hémochromatose, son sang étant par ailleurs considéré non nocif pour le receveur[20].
En Belgique
Le Conseil supĂ©rieur de la santĂ© a Ă©mis un avis scientifique concernant l'« acceptation des porteurs de mutations du gĂšne HFE de lâhĂ©mochromatose comme donneurs de sang ». Pour le Conseil, trois situations doivent ĂȘtre envisagĂ©es : (1) les personnes totalement asymptomatiques, (2) les personnes prĂ©sentant une surcharge en fer nĂ©cessitant une prise en charge thĂ©rapeutique initiale et (3) les personnes ayant prĂ©sentĂ© une surcharge en fer nĂ©cessitant un traitement dâentretien.
- Pour les personnes chez lesquelles un diagnostic gĂ©nĂ©tique dâune mutation HFE a Ă©tĂ© posĂ© sans toutefois nĂ©cessiter de saignĂ©es thĂ©rapeutiques, il nâexiste pas de conditions ou de restrictions particuliĂšres pour lâacceptation au don de sang. Ceci concerne en particulier les porteurs hĂ©tĂ©rozygotes dâune mutation du gĂšne HFE, mais Ă©galement les porteurs homozygotes ou des personnes prĂ©sentant une mutation composite sans accumulation de fer (pĂ©nĂ©trance variable de lâaffection). On estime quâenviron quatre millions dâhabitants sont porteurs dâune mutation du gĂšne HFE, les porteurs de deux copies dâune mutation pertinente (homozygotes ou hĂ©tĂ©rozygotes composites) reprĂ©sentent environ 60.000 personnes, et parmi ces derniers, plus de 97 % peuvent se prĂ©senter comme candidats pour donner du sang.
- Le sang des personnes ayant une hĂ©mochromatose gĂ©nĂ©tique hĂ©rĂ©ditaire symptomatique avec accumulation de fer nĂ©cessitant une prise en charge thĂ©rapeutique sous forme de saignĂ©es ou dâĂ©change Ă©rythrocytaire ne devrait pas ĂȘtre utilisĂ© Ă des fins thĂ©rapeutiques pour des raisons dĂ©taillĂ©es dans lâavis n° 8672 et dont la moindre nâest certainement pas la contradiction avec le principe du donneur en bonne santĂ©.
- Il nâexiste Ă lâheure actuelle, aucun argument permettant de garantir lâinnocuitĂ© du sang des patients en phase dâentretien : le CSS recommande donc, en vertu du principe de prĂ©caution, de ne pas utiliser ce sang Ă des fins thĂ©rapeutiques. Le CSS entend rĂ©examiner ses recommandations quand de nouvelles donnĂ©es pertinentes seront disponibles. De plus, mĂȘme en phase dâentretien, ces personnes doivent bĂ©nĂ©ficier dâun suivi mĂ©dical et dâun bilan biologique rĂ©gulier afin de contrĂŽler lâaccumulation en fer, ce qui nâentre pas dans les missions des Ă©tablissements de transfusion sanguine en Belgique.
Pour terminer, la prise en charge des personnes prĂ©sentant une hĂ©mochromatose gĂ©nĂ©tique pourrait ĂȘtre amĂ©liorĂ©e par la prĂ©cocitĂ© du diagnostic, en recherchant la mutation principale par gĂ©nĂ©alogie dans les familles concernĂ©es. Le CSS voudrait rapporter ici l'expĂ©rience des Pays-Bas : un tel dĂ©pistage gĂ©nĂ©tique a permis de circonscrire toutes les branches affectĂ©es de vingt grandes familles et de prĂ©venir chez ces personnes l'accumulation de fer qui aurait nĂ©cessitĂ© des saignĂ©es thĂ©rapeutiques, et l'apparition de symptĂŽmes cliniques irrĂ©versibles[21].
Autres pays
En 2013, Ă l'instar de la France (Ă peu prĂšs les mĂȘmes conditions de principe), Canada, Irlande, Nouvelle-ZĂ©lande, Royaume-Uni... acceptent le don de sang des personnes atteintes d'hĂ©mochromatose. Les Ătats-Unis l'acceptent aussi, mais en demandant un marquage spĂ©cifique du don (provenance hĂ©mochromatose)[21].
à l'instar de la Belgique, le don de sang (par saignées thérapeutiques) n'est pas utilisé, sauf à visée scientifique, aux Pays-Bas[21].
Notes et références
- M. Bourel et M. Simon, « Physiopathologie et classification des hĂ©mochromatoses », La Revue du Praticien, vol. 27, no 7,â , p. 339-350
- « Munks Roll Details for Joseph Harold Sheldon », sur munksroll.rcplondon.ac.uk (consulté le )
- Pierre Brissot, « GĂ©nĂ©tique et physiopathologie de l'hĂ©mochromatose », La Revue du Praticien, vol. 50, no 9,â , p. 972-976.
- (en) Joann L. Porte et Prashanth Rawla, « Hémochromatose », sur The National Center for Biotechnology Information, (consulté le ).
- « Hémochromatose génétique », sur inserm.fr (consulté le )
- (en) Paul C. Adams, « Haemochromatosis », Lancet, vol. 370,â , p. 1855-1860.
- Yves Deugnier, « Surcharges en fer », La Revue du praticien, vol. 56, no 19,â , p. 2109-2110.
- INSERM LâhĂ©mochromatose, une maladie gĂ©nĂ©tique aussi frĂ©quente que mĂ©connue, le .
- François LefrĂšre, « HĂ©mochromatose », La Revue du Praticien, vol. 57,â , p. 2291-2296.
- (en) European Association for the Study of the Liver, « EASL clinical practice guidelines for HFE hemochromatosis », Journal of Hepatology, vol. 53, no 1,â , p. 3â22 (ISSN 0168-8278 et 1600-0641, DOI 10.1016/j.jhep.2010.03.001, lire en ligne, consultĂ© le ).
- Marinos Pericleous, Claire Kelly et Charles Vijay, « The clinical management of hereditary haemochromatosis », Frontline Gastroenterology, vol. 9, no 2,â , p. 110â114 (ISSN 2041-4137, PMID 29588838, PMCID PMCPMC5868443, DOI 10.1136/flgastro-2017-100872, lire en ligne, consultĂ© le ).
- Romain Moirand, « Diagnostic et traitement des hĂ©mochromatoses gĂ©nĂ©tiques », La Revue du Praticien, vol. 50, no 9,â , p. 977-982
- Henri Michel, « Une hĂ©mochromatose », La Revue du Praticien, vol. 67,â , p. 645-646.
- J. Guillon, « Les hĂ©mochromatoses dites idiopathiques », La Revue du Praticien, vol. 27, no 7,â , p. 369-375
- M. Lafon, « L'hĂ©mochromatose vue par le patient », Le Concours MĂ©dical, vol. 116, no 32,â , p. 2688-2690.
- GĂ©rard ChalĂšs, « Surcharges en fer et maladies ostĂ©o-articulaires », La Revue du Praticien, vol. 56, no 19,â , p. 2135-2140.
- Pierre Brissot, « Prise en charge de l'hĂ©mochromatose HFE », La Revue du Praticien, vol. 56,â , p. 2123-2129.
- Par Marc PayetLe 5 avril 2002 à 00h00, « Médecine Carence en fer : la cause enfin trouvée », sur leparisien.fr, (consulté le )
- hemo, « Poursuite collecte de sang covid-19 », sur www.hemochromatose.org (consulté le )
- hemo, « Dons de sang », sur www.hemochromatose.fr (consulté le )
- « Acceptation des porteurs de mutations du gĂšne HFE de lâhĂ©mochromatose comme donneurs de sang en Belgique » [PDF], AVIS DU CONSEIL SUPERIEUR DE LA SANTE N° 8672, Conseil supĂ©rieur de la santĂ©, (consultĂ© le ).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Orphanet Fiche : Hémochromatose héréditaire (grand public, pdf)]
- Association HĂ©mochromatose France