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Pierre Kropotkine

Pierre (Piotr) AlexeĂŻevitch Kropotkine (en russe : Пётр АлДĐșсДДĐČоч ĐšŃ€ĐŸĐżĐŸŃ‚ĐșĐžĐœ), nĂ© le ( dans le calendrier russe) 1842 Ă  Moscou et mort le Ă  Dmitrov prĂšs de Moscou, est un gĂ©ographe, explorateur, zoologiste, anthropologue, gĂ©ologue[1] et thĂ©oricien du communisme libertaire[2] - [3] - [4] - [5] - [6].

Pierre Kropotkine
Pierre Kropotkine par Nadar.
Titre de noblesse
Prince
jusqu'en
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  78 ans)
Dmitrov
SĂ©pulture
Nom dans la langue maternelle
Пётр АлДĐșŃĐ”ÌĐ”ĐČоч ĐšŃ€ĐŸĐżĐŸÌŃ‚ĐșĐžĐœ
Nationalité
Allégeance
Formation
Faculté de physique et de mathématiques de l'université de Saint-Pétersbourg (d) (-)
Corps des Pages
Activités
Famille
Famille Kropotkine (en)
PĂšre
AlekseĂŻ Kropotkine (d)
MĂšre
Iekaterina Sulima (d)
Enfant
Alexandra Kropotkine (en)
signature de Pierre Kropotkine
Signature
Vue de la sépulture.

Il acquiert une formation scientifique de haut niveau Ă  l’école du Corps des Pages du tsar Alexandre II. Contre les attentes familiales, il part faire son service militaire en SibĂ©rie orientale alors que son rang lui promet une brillante carriĂšre Ă  Moscou. De 1862 Ă  1866, il accumule plusieurs expĂ©riences fondatrices. Anthropologue, il observe l’organisation sociale de petites communautĂ©s sibĂ©riennes et de peuples reculĂ©s, dont l’inventivitĂ© institutionnelle et le sens de la coopĂ©ration, Ă  mille lieues du pouvoir central, le frappent durablement. GĂ©ographe et naturaliste, il pratique une expĂ©dition en Mandchourie[7].

À son retour de SibĂ©rie, il se spĂ©cialise en gĂ©ographie, intĂ©grant la SociĂ©tĂ© gĂ©ographique impĂ©riale Ă  Saint-PĂ©tersbourg. En 1871, il en refuse le poste de secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral. Il voyage en Suisse et dans le Jura, oĂč il rencontre des membres de la FĂ©dĂ©ration jurassienne, et surtout Michel Bakounine. En 1872, il adhĂšre Ă  l’anarchisme : « L’exposĂ© thĂ©orique de l’anarchie tel qu’il Ă©tait prĂ©sentĂ© alors par la FĂ©dĂ©ration jurassienne [...] la critique du socialisme d’État [...] et le caractĂšre rĂ©volutionnaire de l’agitation, sollicitaient fortement mon attention. Mais les principes Ă©galitaires que je rencontrais dans les montagnes du Jura, l’indĂ©pendance de pensĂ©e et de langage que je voyais se dĂ©velopper chez les ouvriers [...] tout cela exerçait sur mes sentiments une influence de plus en plus forte ; et quand je quittai ces montagnes, aprĂšs un sĂ©jour de quelques jours au milieu des horlogers, mes opinions sur le socialisme Ă©taient faites : j’étais anarchiste »[7] - [8].

Revenu en Russie, il prend largement sa part dans la deuxiĂšme vague de l’« aller au peuple », mouvement par lequel les jeunes intellectuels russes s’efforcent d’influencer les masses travailleuses dans le sens de la rĂ©volution sociale. Il est arrĂȘtĂ© en 1874 pour ses menĂ©es subversives. Commence alors une vie d’exil, oĂč Kropotkine devient l’un des thĂ©oriciens, sinon le thĂ©oricien le plus respectĂ© du mouvement anarchiste international[7].

En 1883, arrĂȘtĂ© Ă  Lyon, il est impliquĂ© dans le « ProcĂšs des 66 », accusĂ© d’ĂȘtre affiliĂ© Ă  l’Association internationale des travailleurs (AIT) alors interdite. Il est condamnĂ© Ă  cinq ans de prison mais finalement amnistiĂ© en 1886. De son expĂ©rience pĂ©nitentiaire, il tire l'ouvrage Dans les prisons russes et françaises (1887).

Lors de la PremiĂšre Guerre mondiale, il est l’un des signataires du Manifeste des seize rassemblant les libertaires partisans de l'Union sacrĂ©e face Ă  l'Allemagne.

Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont : La ConquĂȘte du pain, L'Entraide, un facteur de l'Ă©volution, Autour d'une vie (mĂ©moires d'un rĂ©volutionnaire)[9] et L’Éthique.

Biographie

En 1861 au lycée à Moscou.

Famille et formation

Vers 1870.

Son pĂšre, le gĂ©nĂ©ral prince Alexis PĂ©trovitch Kropotkine[10] (1805-1871), riourikide, issu d'une branche cadette des princes de Smolensk, est un riche propriĂ©taire terrien ; sa mĂšre, Catherine NicolaĂŻevna, fille du gĂ©nĂ©ral Nicolas SĂ©mionovitch Soulima[11] (1777-1840), hĂ©ros des guerres napolĂ©oniennes, meurt de la tuberculose Ă  34 ans. Éprise de poĂ©sie, sa grande bontĂ© l'avait fait aimer des serfs du domaine[12]. Pierre AlexeĂŻĂ©vitch poursuit ses Ă©tudes au Premier lycĂ©e classique de Moscou, puis entre dans l’armĂ©e impĂ©riale russe Ă  partir de 1857. Il est alors affectĂ© comme officier de Cosaques de l'Amour en SibĂ©rie[13].

Sa sympathie pour l'insurrection polonaise de 1863 l'amÚne à démissionner de l'armée. Il se consacre alors à des expéditions scientifiques en Sibérie et en Mandchourie, tout en lisant Pierre-Joseph Proudhon et Alexandre Herzen[14].

De 1867 à 1871, il suit des études de mathématiques et de géographie à l'université de Saint-Pétersbourg tout en étant secrétaire de la Société de géographie[13]. Il publie plusieurs travaux sur l'Asie septentrionale et, en 1871, explore les glaciers de la péninsule scandinave.

Premiers engagements

En 1872, il se rend en Belgique puis en Suisse oĂč il adhĂšre Ă  la FĂ©dĂ©ration jurassienne de la PremiĂšre Internationale[13]. Il a l'occasion de se rapprocher de James Guillaume, sans que cela se transforme cependant en amitiĂ© solide[15].

Il repart, la mĂȘme annĂ©e, en Russie oĂč il mĂšne une activitĂ© de militant notamment en publiant des brochures rĂ©volutionnaires[13]. Il est arrĂȘtĂ© Ă  Saint-PĂ©tersbourg en 1874, Ă  la sortie d'une sĂ©ance de la SociĂ©tĂ© de gĂ©ographie et internĂ© en forteresse pour « propagande subversive » et « activitĂ©s rĂ©volutionnaires »[14]. Il s'en Ă©vade le [13].

Il passe ensuite en Grande-Bretagne, puis revient en Suisse fin 1876, oĂč il sĂ©journe Ă  NeuchĂątel, et rencontre Errico Malatesta et Carlo Cafiero.

En 1877, il fonde avec Paul Brousse et Jean-Louis Pindy, le journal L'Avant garde, « Organe de la FĂ©dĂ©ration française de l'Association internationale des travailleurs » avant de devenir, Ă  partir d'avril 1878, « Organe collectiviste et anarchiste »[16]. Et en 1879, avec ÉlisĂ©e Reclus, le journal Le RĂ©voltĂ© qui devient peu aprĂšs La RĂ©volte, dont ils confient la direction Ă  Jean Grave. À cette Ă©poque, Kropotkine est un partisan de la « propagande par le fait ». Il Ă©crit dans Le RĂ©voltĂ© publiĂ© le 25 dĂ©cembre 1880 : « La rĂ©volte permanente par la parole, par l'Ă©crit, par le poignard, le fusil, la dynamite [...], tout est bon pour nous, qui n'est pas la lĂ©galitĂ©. »[Note 1] - [17] - [18] - [19] - [20] - [21].

En 1881, il est expulsĂ© de Suisse[22] par Gustave Ador, malgrĂ© le fait que George Favon intervienne en sa faveur, probablement Ă  la suite de pressions exercĂ©es par la diplomatie russe[23]. AprĂšs un court passage Ă  Londres, oĂč lors d’un congrĂšs international, il plaide en faveur de l’action violente et de la propagande par le fait[24], il s'installe en 1882 en France Ă  Thonon-les-Bains[13].

Trois ans de prison en France

Pierre Kropotkine au procĂšs des 66 en 1883.

Il est arrĂȘtĂ© Ă  Lyon et impliquĂ© dans le procĂšs dit « procĂšs des 66 », qui s’ouvre le 8 janvier 1883, Ă  la suite des violentes manifestations des mineurs de Montceau-les-Mines d’aoĂ»t 1882 et des attentats Ă  la bombe perpĂ©trĂ©s Ă  Lyon en octobre 1882. Au titre de la loi du 14 mars 1872, les « 66 », dont Émile Gautier, sont accusĂ©s de s’ĂȘtre affiliĂ©s Ă  l’Association internationale des travailleurs (AIT), censĂ©e avoir Ă©tĂ© reconstituĂ©e au congrĂšs de Londres en juillet 1881 : « D'avoir [...] Ă©tĂ© affiliĂ©s ou fait acte d'affiliation Ă  une sociĂ©tĂ© internationale, ayant pour but de provoquer Ă  la suspension du travail, Ă  l'abolition du droit de propriĂ©tĂ©, de la famille, de la patrie, de la religion, et d'avoir ainsi commis un attentat contre la paix publique »[25]. Le 7 janvier 1883, il est condamnĂ© Ă  5 ans de prison et 10 ans de rĂ©sidence surveillĂ©e[26] - [13]. Lors de son procĂšs, il dĂ©clare Ă  ses juges que la rĂ©volution sociale est proche, « dans dix ans, cinq peut-ĂȘtre ». Et encore fait-il figure de pessimiste parmi les compagnons anarchistes[14]. AprĂšs une courte dĂ©tention dans cette ville, il est transfĂ©rĂ© dans la maison centrale de Clairvaux oĂč il reste trois ans, bĂ©nĂ©ficiant des conditions de dĂ©tention assouplies appliquĂ©es aux prisonniers politiques.

La pĂ©tition pour sa remise en libertĂ© est signĂ©e, notamment, par le philosophe Herbert Spencer, l’astronome Camille Flammarion, le poĂšte Algernon Swinburne et l'Ă©crivain Victor Hugo[27]. Il est amnistiĂ© en 1886.

De son expĂ©rience pĂ©nitentiaire, il tire l'ouvrage Dans les prisons russes et françaises (1887), dans lequel il dĂ©crit le systĂšme de travail, profitant Ă  des entrepreneurs privĂ©s, mis en place dans les prisons françaises. La frĂ©quence de la rĂ©cidive lui paraĂźt ĂȘtre inscrite dans le principe mĂȘme de la prison, notamment parce qu'elle « tue en l'homme toutes les qualitĂ©s qui le rendent mieux appropriĂ© Ă  la vie en sociĂ©tĂ© »[28]. Il conclut « qu'on ne peut pas amĂ©liorer une prison. Sauf quelques petites amĂ©liorations sans importance, il n'y a absolument rien Ă  faire qu'Ă  la dĂ©molir »[29].

Exil londonien

À sa table de travail vers 1890.
Paroles d'un Révolté, 1885.
La ConquĂȘte du pain, 1892.

Il se rĂ©installe ensuite Ă  Londres, oĂč il participe Ă  l'accueil des rĂ©fugiĂ©s politiques russes[13].

Il vit de ses Ă©crits scientifiques et collabore Ă  la rĂ©daction de la GĂ©ographie universelle[14] d'ÉlisĂ©e Reclus, ainsi qu'Ă  la Chambers EncyclopĂŠdia et Ă  l'EncyclopĂŠdia Britannica. Il refuse de devenir membre de la SociĂ©tĂ© royale britannique de gĂ©ographie car elle est sous le patronage de la reine Victoria[30].

En 1885, il publie Paroles d'un révolté[31], recueil d'articles parus dans la revue Le Révolté (revue socialiste non-autoritaire installée à GenÚve)[32].

En octobre 1886, il fonde avec Charlotte Wilson le journal Freedom[33].

En 1892, dans La ConquĂȘte du pain, prĂ©facĂ© par ÉlisĂ©e Reclus, il trace les contours de ce que pourrait ĂȘtre une sociĂ©tĂ© libertaire.

Son ouvrage L'Entraide, un facteur de l'évolution, paru en 1902, expose des exemples de coopérations inter ou infra espÚces et se veut un pendant des travaux de Darwin, auquel il adhÚre, en s'opposant à ce qu'on appellera ultérieurement le darwinisme social[34]. Traitant de la biologie évolutive et de l'étude des sociétés, Kropotkine y pose les fondements d'une « éthique libertaire ».

En 1906, paraissent ses MĂ©moires sous le titre Autour dÂŽune vie.

Il commence aussi un grand ouvrage qu'il ne finira pas, L'Éthique. Ce livre, tel qu’il nous est connu, expose de maniĂšre personnelle l’histoire de la philosophie de l'AntiquitĂ© au milieu du XIXe siĂšcle.

Kropotkine est alors considéré comme le principal théoricien du mouvement libertaire[14] et veut fonder un « anarchisme scientifique »[35].

L'Ă©chec de la « propagande par le fait » qui isole de plus en plus les anarchistes des masses ouvriĂšres, l'oblige Ă  rĂ©Ă©valuer sa position sur la violence rĂ©volutionnaire minoritaire[24] : il Ă©crit dans Le RĂ©voltĂ© en 1890, qu'« un Ă©difice basĂ© sur des siĂšcles d’histoire ne se dĂ©truit pas avec quelques kilos d’explosifs[14]. »

C'est vers le syndicalisme rĂ©volutionnaire naissant qu'il se tourne alors : « La rĂ©volution, avant tout, est un mouvement populaire. »[10]. Il prĂ©conise la crĂ©ation d'un syndicalisme de masse[36] : « Il faut ĂȘtre avec le peuple et crĂ©er des unions monstres, englobant les millions de prolĂ©taires contre les milliers et les millions d’or des exploiteurs » (La RĂ©volte, 27 septembre 1890).

La guerre de 1914-1918

L'éclatement de la PremiÚre Guerre mondiale provoque de vives tensions au sein du mouvement qui est divisé entre « défensistes » et « antimilitaristes ».

En 1916, Kropotkine corĂ©dige avec Jean Grave, le « Manifeste des Seize »[37]. Le texte est signĂ© par, notamment, Christiaan Cornelissen, Charles-Ange Laisant, François Le LevĂ© ou Charles Malato. Ils prennent ainsi publiquement parti pour le camp des AlliĂ©s et contre l’agression allemande. Une centaine d'autres personnalitĂ©s anarchistes apportent leur soutien au Manifeste qui fonde « son analyse de la situation sur la conviction que l'Allemagne Ă©tait l'agresseur et que, en outre, sa victoire dans la guerre en cours reprĂ©senterait le triomphe du militarisme et de l'autoritarisme en Europe. Selon cette perspective, l'Allemagne Ă©tait le « bastion de l'Ă©tatisme », la France — la patrie de la RĂ©volution de 89 et de la Commune — [sic pour la syntaxe] c'est pourquoi la victoire de l'Allemagne entraverait le dĂ©veloppement des idĂ©es libertaires et la marche vers une sociĂ©tĂ© fĂ©dĂ©raliste et dĂ©centralisĂ©e en Europe. »[38].

Les « antimilitaristes », majoritaires dans le mouvement, dont Errico Malatesta[39], Emma Goldman, Alexandre Berkman, Rudolf Rocker, Voline ou Ferdinand Domela Nieuwenhuis s'opposent Ă  cette prise de position[40], considĂ©rant « la guerre comme l'aboutissement inĂ©vitable du rĂ©gime capitaliste et de l'existence des États en tant que tels »[38]. Certains brocardent Kropotkine du nom d'« anarchiste de gouvernement »[41] - [42].

Retour en Russie

Kropotkine en SuĂšde en 1917.

En 1917, aprÚs la révolution de Février, il retourne en Russie et retrouve le mouvement libertaire qui, pour quelques années encore, jouit d'une certaine liberté d'expression et d'association.

FidĂšle Ă  ses convictions, il refuse un poste de ministre proposĂ© par Alexandre Kerenski, mĂȘme s'il soutient son gouvernement.

AprÚs la révolution d'Octobre, avec Emma Goldman et Alexandre Berkman, présents à Moscou à cette époque, il critique ouvertement le nouveau gouvernement bolchévique, la personnalité de Lénine et la dérive dictatoriale du pouvoir.

En 1919, l'insurrection menée par Nestor Makhno en Ukraine revendique l'application effective des principes exposés dans L'Entraide, lorsque paysans et ouvriers organisent un systÚme de troc massif entre les productions manufacturiÚres industrielles et celles agricoles[43].

Funérailles

Emma Goldman lors des funérailles en 1921.

Le 8 fĂ©vrier 1921, Kropotkine meurt Ă  l’ñge de 78 ans, Ă  Dmitrov, prĂšs de Moscou. Sa famille et ses amis refusent au gouvernement bolchevique des funĂ©railles nationales, celles-ci sont organisĂ©es par une commission composĂ©e de militants anarchistes. Le 10 fĂ©vrier, le cercueil est transfĂ©rĂ© Ă  Moscou dans un train ornĂ© de drapeaux noirs et de banderoles arborant des slogans comme « LĂ  oĂč il y a autoritĂ©, il ne peut y avoir de libertĂ© », « Les anarchistes demandent Ă  ĂȘtre libĂ©rĂ©s de la prison du socialisme » ou « La libĂ©ration de la classe ouvriĂšre, c’est la tĂąche des travailleurs eux-mĂȘmes ». Le cercueil est exposĂ© durant deux jours dans la salle des colonnes de la Maison des syndicats, au fronton de laquelle est accrochĂ© un Ă©norme calicot portant une inscription dĂ©nonçant le gouvernement bolchevique et sa rĂ©pression[44].

L’enterrement a lieu le 13 fĂ©vrier. Bravant le froid, 20 000 Moscovites suivent le cortĂšge qui s’arrĂȘte une premiĂšre fois au musĂ©e LĂ©on TolstoĂŻ oĂč est jouĂ©e la Marche funĂšbre de FrĂ©dĂ©ric Chopin, puis une seconde fois au niveau de la prison de la Boutyrka oĂč s’entassent nombre de prisonniers politiques qui manifestent en frappant sur les barreaux. Avant que le cercueil ne soit mis en terre, plusieurs orateurs interviennent dont Emma Goldman. Kropotkine avait demandĂ© que ne soit pas chantĂ©e L’Internationale lors de ses funĂ©railles, tant elle ressemblait dĂ©jĂ  « Ă  des hurlements de chiens famĂ©liques »[45].

L’enterrement de Kropotkine est la derniĂšre manifestation libertaire de masse sous un gouvernement bolchevique[46]. DĂšs le mois de mars, toutes les organisations anarchistes sont interdites, leurs militants persĂ©cutĂ©s. Le 17 mars, l'insurrection des marins et du soviet de Kronstadt est Ă©crasĂ©e par l'ArmĂ©e rouge commandĂ©e par Trotski.

Pensée politique

« Pyramid of Capitalist System », début du XXe siÚcle.

Les premiĂšres bases thĂ©oriques de l'anarchisme ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©es, quelques annĂ©es auparavant, par Charles Fourier, Pierre-Joseph Proudhon, James Guillaume et Michel Bakounine. En synthĂšse, elles affirment la collectivisation des moyens de production gĂ©rĂ©s par des sociĂ©tĂ©s ouvriĂšres, un salaire en fonction du travail rĂ©alisĂ© par chacun, l'hostilitĂ© Ă  la religion, le remplacement de l'État et du gouvernement par l'autogestion et le fĂ©dĂ©ralisme.

Le thÚme central des travaux de Kropotkine concerne l'abolition de toute forme de gouvernement remplacé par la libre fédération des groupes de producteurs et de consommateurs organisée sur les principes d'entraide, de libre-entente et de coopération[14].

Opposé à l'« individualisme bourgeois » auquel il oppose le concept d'« individuation »[47], et contrairement à l'individualisme anarchiste[35], Kropotkine structure la collectivisation de l'économie autour de la création de petites communes autosuffisantes[48].

Si sa pensée de la coopération sociale est fondée sur une interprétation naturaliste, symétrique inversé du darwinisme social[34] (L'Entraide, un facteur de l'évolution, 1902), sa confiance envers la création de petites communes va de pair avec un espoir fondé sur le progrÚs technique, et en particulier l'arrivée de l'électricité (Champs, usines et ateliers, 1910). Ces thÚses seront reprises dans les années 1970 par Murray Bookchin.

La collectivisation, l'entraide et la morale

Couverture du livre Communisme et anarchie, de Pierre Kropotkine (1903).

La pensée de Kropotkine s'articule autour de trois axes :

  • comment organiser la production et la consommation dans une sociĂ©tĂ© libertaire ? À travers l'expropriation puis la collectivisation des moyens de production et des biens obtenus, ainsi qu'une rationalisation de l'Ă©conomie et la crĂ©ation de communes autosuffisantes (la commune supprime les diffĂ©rences entre les villes et la campagne, crĂ©e une dĂ©centralisation industrielle). De plus, et contrairement au capitalisme, il Ă©carte le principe de bĂ©nĂ©fice individuel maximum, au dĂ©triment d’un autre plus juste et plus Ă©galitaire : « Ă  chacun selon ses besoins », et qui repose sur l’entraide (le second axe) ;
  • l’entraide : il s’agit d’une opposition frontale au Darwinisme social par la compĂ©tition : Kropotkine affirme que la coopĂ©ration et l’aide rĂ©ciproque sont des pratiques communes et essentielles dans la « nature humaine ». Si l’on renonce Ă  la solidaritĂ© par cupiditĂ©, alors on tombe dans la hiĂ©rarchisation sociale et le despotisme ;
  • la conception morale et Ă©thique : seule une morale basĂ©e sur la libertĂ©, la solidaritĂ© et la justice est Ă  mĂȘme de dĂ©passer les instincts destructeurs qui eux aussi font partie de la nature humaine. Dans ce but, la science se doit de suivre des fondements Ă©thiques, et non pas des principes surnaturels ou Ă©conomiques. La recherche des structures sociales est la clĂ© de la connaissance des besoins humains, base du dĂ©veloppement de la sociĂ©tĂ© libre.

Selon Renaud Garcia, dans sa thĂšse de doctorat intitulĂ©e Nature humaine et anarchie, « loin de manifester une impasse pour tout discours qui voudrait dessiner les voies d'un changement radical de sociĂ©tĂ©, la notion de « nature humaine » telle que l'emploie Kropotkine offre de nombreux outils pour Ɠuvrer dans cette direction. À la fois gĂ©ographe et Ă©volutionniste, Kropotkine ouvre la nature humaine en direction de la nature globale, et plus prĂ©cisĂ©ment du legs coopĂ©ratif de l'Ă©volution des espĂšces, Ă  l'inverse de toute crispation essentialiste. C'est sur ce legs sans cesse retravaillĂ© en fonction des contextes dans lesquels l'humain est conduit Ă  vivre qu'il convient de s'appuyer pour contrer les effets de rĂ©ductionnismes ruineux tels que le darwinisme social ou la sociobiologie. »[49].

La Morale anarchiste

La Morale anarchiste est une des principales Ɠuvres de Kropotkine. Il y dĂ©veloppe l'idĂ©e selon laquelle le juge, le gouvernant et le prĂȘtre ont abusĂ© de la crĂ©dulitĂ© du peuple. La religion et la loi ne seraient que de fausses morales, la vraie morale Ă©tant naturelle, existant mĂȘme chez les espĂšces animales Ă  des degrĂ©s diffĂ©rents.

Communisme libertaire

Symbole du communisme libertaire.

Kropotkine est le véritable fondateur du communisme libertaire, à savoir l'organisation économique communiste accompagnée d'une liberté totale et de l'absence de pouvoir coercitif.

Sa pensée se fonde sur le principe « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins » initié par Louis Blanc. Il plaide, en outre, pour l'abolition du salariat et de l'argent remplacés par la prise au tas[35] - [50].

Dans une société communiste il organise la production planifiée en fonction de la demande. Il propose de régler la question de la consommation par la formule « Prise au tas pour ce qui se trouve en abondance, rationnement pour ce qui est rare ». Chaque commune indépendante doit avoir pour objectif prioritaire l'autosuffisance et l'abondance de façon à rendre la vie agréable et à satisfaire les besoins, des plus élémentaires aux plus raffinés[51].

La ConquĂȘte du pain, publiĂ© en 1892, est sans doute le livre de Kropotkine qui aura le plus influencĂ© la pensĂ©e libertaire dans sa mise en pratique.

Outre la description d'une sociĂ©tĂ© alternative, il s'attache Ă  la dĂ©monstration de l'illĂ©gitimitĂ© et de l'inutilitĂ© de l'État (L'État[52], 1906). Il poursuit en insistant sur l'importance des communes et de la fĂ©dĂ©ration de celles-ci (L'État, son rĂŽle historique, 1906 ; La Commune[53], La FĂ©dĂ©ration comme moyen d'union[54]).

S'opposant au mutuellisme et au coopĂ©rativisme ouvrier, il propose l'abolition du salariat (La ConquĂȘte du pain/Le salariat collectiviste[55], 1892, Le Salariat[56], 1889).

Il critique la relativité de la notion de « justice » (L'Organisation de la Vindicte appelée Justice[57], 1901) ainsi que le systÚme carcéral et les prisons dans lesquelles il a passé plusieurs années en France et en Russie (On ne peut pas améliorer les prisons[58], 1887, Les Prisons, 1888, Dans les Prisons Russes et Françaises, 1886).

On peut opposer le communisme libertaire de Kropotkine aux thĂšses mutuellistes de Proudhon et collectivistes de Bakounine.

Dans L'Esprit de rĂ©volte[59], Kropotkine s'interroge sur le moyen de faire passer un peuple d'une situation d'indignation gĂ©nĂ©rale Ă  celle d'une insurrection, sur les moyens de dĂ©clencher ce qu'il appelait une « rĂ©volution sociale ». En effet, mĂȘme si le recul historique donne le sentiment d'un soulĂšvement dĂ©terminĂ© Ă  partir de causes Ă©videntes (pauvretĂ©, rejet du systĂšme politique en place
), l'Ă©lan gĂ©nĂ©ral est dĂ©clenchĂ© par un acte minoritaire et incertain. Il nomme leurs auteurs les « sentinelles perdues » : « Au milieu des plaintes, des causeries, des discussions thĂ©oriques, un acte de rĂ©volte, individuel ou collectif, se produit, rĂ©sumant les aspirations dominantes. »

À propos de la violence

Pour Kropotkine, la violence semble moins voulue que subie et inĂ©luctable. En 1880, il prĂŽne l’appel au meurtre dans Le RĂ©voltĂ© : « Notre action doit ĂȘtre la rĂ©volte permanente par la parole, par l’écrit, par le poignard, le fusil, la dynamite [
] Nous sommes consĂ©quents et nous nous servons de toute arme dĂšs qu’il s’agit de frapper en rĂ©voltĂ©s. Tout est bon pour nous qui n’est pas la lĂ©galitĂ© »[60].

En 1905, il tempĂšre cependant son propos dans l’EncyclopĂŠdia Britannica oĂč il Ă©voque la pĂ©riode de la propagande par le fait : « Vers 1890, quand l’influence des anarchistes commence Ă  se faire sentir dans les grĂšves, dans les dĂ©monstrations du oĂč ils dĂ©veloppĂšrent l’idĂ©e d’une grĂšve gĂ©nĂ©rale pour la journĂ©e de huit heures, et dans la propagande antimilitariste dans l’armĂ©e ; ils furent violemment persĂ©cutĂ©s [...]. Les anarchistes rĂ©pondirent Ă  ces persĂ©cutions par des actes de violence qui, Ă  leur tour, furent suivis d’encore plus d’exĂ©cutions d’en haut, et de nouveaux actes de revanche d’en bas. Le public en retint l’impression que la violence est la substance de l’anarchisme, idĂ©e repoussĂ©e par ses partisans qui estiment qu’en rĂ©alitĂ©, la violence est utilisĂ©e par tout groupe selon que son action est gĂȘnĂ©e par la rĂ©pression et que des lois d’exception le rendent hors-la-loi. »[61]

Kropotkine souligne que la violence n’est pas l’anarchisme, au contraire, puisqu' « il n’y a qu’un seul parti qui soit consĂ©quent et qui cherche Ă  supprimer la violence dans les relations entre hommes, en demandant l’abolition de la peine de mort, l’abolition de toutes les bastilles, l’abolition du droit mĂȘme d’un homme de punir un autre homme. C’est le parti anarchiste ». S'il prĂŽne l’insurrection violente, Kropotkine condamne l’usage de la terreur dans le processus rĂ©volutionnaire puisque « la Terreur organisĂ©e et lĂ©galisĂ©e, ne sert en rĂ©alitĂ©, qu’à forger des chaĂźnes pour le peuple. Elle tue l’initiative individuelle, qui est l’ñme des rĂ©volutions ; elle perpĂ©tue l’idĂ©e de gouvernement fort et obĂ©i ; elle prĂ©pare la dictature de celui qui mettra la main sur le tribunal rĂ©volutionnaire et saura la manier, avec ruse et prudence, dans l’intĂ©rĂȘt de son parti »[61].

Commentaires bibliographiques

Portrait réalisé par Aristide Delannoy pour l'hebdomadaire Les Hommes du jour publié par Victor Méric, .

Kropotkine rédige de trÚs nombreux ouvrages et en parallÚle des articles dans des journaux tels que Le Révolté ou Les Temps nouveaux. Il publie également des petites brochures de quelques dizaines de pages sur des sujets variés qui permettent d'atteindre un plus vaste public populaire[62].

  • En 1895, Paroles d'un rĂ©voltĂ© est un recueil d'articles parus dans Le RĂ©voltĂ© dans les annĂ©es 1880-1882 : « Les libertĂ©s ne se donnent pas, elles se prennent. »
  • Entre 1880 et 1882, dans La Commune, il dĂ©crit les relations qu'entretiendraient les communes entre elles, dans une sociĂ©tĂ© libertaire fĂ©dĂ©raliste.
  • En 1889, dans La Morale anarchiste, il rejette les morales traditionnelles, religieuse ou laĂŻques, fondant la sienne sur la solidaritĂ© et l'Ă©quitĂ©.
  • La ConquĂȘte du pain en 1892 reste un de ses ouvrages majeurs, il y dĂ©crit les moyens Ă  mettre en Ɠuvre pour parvenir Ă  une sociĂ©tĂ© communiste libertaire, ainsi que son organisation. C'est une bonne synthĂšse de sa pensĂ©e.
  • Dans L'État, son rĂŽle historique, il retrace l'Ă©volution des formes de pouvoir tout au long de l'Histoire de l'humanitĂ©, il en distingue les diffĂ©rentes phases : tribus, commune villageoise, commune libre, État centralisĂ©, extinction de la civilisation.
  • L'Entraide, un facteur de l'Ă©volution en 1902, est un ouvrage scientifique qui lui vaut une reconnaissance internationale.
  • La FĂ©dĂ©ration comme moyen d'union, peut ĂȘtre rĂ©sume par cet extrait : « La fĂ©dĂ©ration a toujours menĂ© Ă  l’union, tandis que la mĂ©thode opposĂ©e de la centralisation a toujours entraĂźnĂ© la discorde et la dĂ©sagrĂ©gation. »
  • Dans La Guerre, il analyse les racines des guerres et la façon qu'ont les industriels de les provoquer ainsi que les consĂ©quences de celles-ci sur l'Ă©conomie capitaliste.
  • L'Esprit de rĂ©volte, il se penche dans cet essai sur les conditions nĂ©cessaires au dĂ©clenchement d'une rĂ©volution sociale et analyse le processus de l'Ă©tincelle qui met le feu aux poudres.

Principales Ɠuvres

« Carte de la moitiĂ© sud de la SibĂ©rie orientale et des parties de la Mongolie, Mandchourie, et Sakhaline ‱ Pour une esquisse gĂ©nĂ©rale de l'orographie de la SibĂ©rie orientale », 1875.
La Morale anarchiste, 1889.

Certains textes, en français, sont numérisés à la BibliothÚque royale de Belgique[63].

  • 1867 : RĂ©sumĂ© d'orographie de la SibĂ©rie.
  • 1880-1882 : La Commune et La Commune de Paris[64], L’Altiplano, 2008.
  • 1882 : Les Droits politiques, Zanzara athĂ©e, 2016.
  • 1885 : Paroles d'un rĂ©voltĂ©[31], prĂ©face ÉlisĂ©e Reclus, Flammarion, 1978[65]
  • 1887 : Dans les prisons russes et françaises, Le Temps des cerises, 2009
  • 1887 : L’Anarchie dans l’évolution socialiste[66]
  • 1889 : La Morale anarchiste[67], Mille et une nuits, 2004 ; Éditions de l'Aube, 2006 ; Éditions Nemo, 2008 ; Éditions l'Escalier, 2011 ; Éditions Payot, 2022 (ISBN 978-2-228-93173-1)
  • 1889 : Le Salariat[56].
  • 1892 : La ConquĂȘte du pain (texte intĂ©gral), Éditions du Sextant, 2006, 2013 et 2017 (ISBN 9782849780534).
  • 1893 : La Grande RĂ©volution[68]
  • 1893 : Un siĂšcle d'attente, 1789-1889[68]
  • 1895 : CoopĂ©ration et socialisme[69]
  • 1896 : L'Anarchie[70], Éditions Nemo, 2008.
  • 1898 : Autour d'une vie (mĂ©moires d'un rĂ©volutionnaire)[9], Éditions Nemo, 2008 ; Éditions de l'Aube, 2008 ; Éditions du Sextant, 2012
  • 1901 : L'organisation de la vindicte appelĂ©e justice, Éditions Le Flibustier, 2009
  • 1902 : L'Entraide, un facteur de l'Ă©volution[71], Éditions du Sextant, 2009, 2010 2013 (ISBN 9782849780312) ; Éditions Aden, 2009.
  • 1903 : Communisme et anarchie[72], Éditions du Chat Ivre, 2012, (ISBN 978-2-919663-14-9)
  • 1906 : L'État[73], Éditions Le Flibustier, 2009.
  • 1909 : La Grande RĂ©volution, Éditions du Monde libertaire, 1989 ; Éditions du Sextant, 2011 ; Éditions Atlande, 2019 (ISBN 9782350305738)
  • 1910 : Champs, usines et ateliers
  • 1912 : La Guerre[74].
  • 1913 : la science moderne et l'anarchie.
  • 1913 : La rĂ©volution sera-t-elle collectiviste ?[75]
  • 1913 : Le Principe anarchiste[76], Les Temps nouveaux, 2006 ; Éditions Nemo, 2008.
  • 1913 : La loi et l'autoritĂ©, Les Temps nouveaux
  • 1914 : L’Action anarchiste dans la rĂ©volution[77].
  • 1914 : L'Esprit de rĂ©volte[59], Éditions Manucius, 2009 ; Éditions du Chat Ivre, 2012
  • 1921 : L'Éthique, Éditions Tops-H, Trinquier, 2002
  • 2001 : ƒuvres, La DĂ©couverte, 2001.
  • 2019 : Agissez par vous-mĂȘme, Nada, 2019

Correspondance

  • Lettre sur le nationalisme, le mouvement ouvrier et les anarchistes, 11 mai 1897[78].

Voir aussi

Bibliographie

Ouvrages

Travaux universitaires

  • Pierre Aubery, L'anarchisme des littĂ©rateurs au temps du symbolisme, Le Mouvement social, n°69, octobre-dĂ©cembre, 1969, p. 21-34, texte intĂ©gral.
  • Michael Confino, Anarchisme et internationalisme. Autour du « Manifeste des Seize ». Correspondance inĂ©dite de Pierre Kropotkine et de Marie Goldsmith, janvier-mars 1916, Cahiers du Monde russe et soviĂ©tique, vol.22, no 2/3, 1981, p. 231-249, EHESS, texte intĂ©gral.
  • Michael Confino, Pierre Kropotkine et les agents de l'Ohrana, Cahiers du monde russe et soviĂ©tique. Vol. 24, no 1-2, janvier-juin 1983, p. 83-149, texte intĂ©gral.
  • Gaetano Manfredonia, LignĂ©es proudhoniennes dans l'anarchisme français, in Proudhon, l'Ă©ternel retour, Mil neuf cent, n° 10, 1992, p. 30-45, texte intĂ©gral.
  • Daniel Rubinstein, MichaĂ«l Confino, Kropotkine savant, Cahiers du monde russe et soviĂ©tique, vol.33, n° 2-3, avril-septembre 1992, p. 243-301, texte intĂ©gral.
  • Jean-Christophe Angaut, Individu et sociĂ©tĂ© dans l'Entraide de Pierre Kropotkine, in Histoires et dĂ©finitions de la philosophie sociale, Triangle : action, discours, pensĂ©e politique et Ă©conomique, Grenoble, 2009, texte intĂ©gral.
  • Jean-Guillaume Lanuque, Pierre Kropotkine. La Grande RĂ©volution (1789-1793). Une lecture originale de la RĂ©volution française, Paris, Ă©ditions du Sextant, 2011 (Ă©dition originale 1909), 560 pages, introduction de Pierre Sommermeyer, Revue Ă©lectronique Dissidences, BibliothĂšque de comptes rendus, 2 fĂ©vrier 2012, texte intĂ©gral.
  • Renaud Garcia, Nature humaine et anarchie : la pensĂ©e de Pierre Kropotkine, ThĂšse en vue de l'obtention du grade de Docteur en philosophie de l'École Normale SupĂ©rieure de Lyon, UniversitĂ© de Lyon, sous la direction de Michel Senellart, 7 dĂ©cembre 2012, texte intĂ©gral.
  • Renaud Garcia, La Nature de l’entraide : Pierre Kropotkine et les fondements biologiques de l’anarchisme, ENS-Lyon, 2015, introduction en ligne (voir compte rendu de Lectures).

En anglais

Iconographie

Document cinématographique

  • Film muet tournĂ© lors des funĂ©railles en 1921, 11 minutes, voir en ligne.

Radio

Articles connexes

Notes et références

Notes

(es) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en espagnol intitulĂ© « Piotr Kropotkin » (voir la liste des auteurs).
  1. L'article du Révolté n'est pas signé ; la citation a également été attribuée à Carlo Cafiero (Thierry Paquot, Dicorue : Vocabulaire ordinaire et extraordinaire des lieux urbains, CNRS, , 483 p. (ISBN 978-2-271-11730-4, lire en ligne)).

Références

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  2. « Il prÎne avec Kropotkine un « communisme libertaire » », Paul Claudel, Enrico Malatesta, EncyclopÊdia Universalis, texte intégral.
  3. « grande figure du communisme libertaire », Jean-Guillaume Lanuque, « BibliothÚque de comptes rendus », Dissidences, 2 février 2012, texte intégral.
  4. « Le communisme libertaire de Piotr AlekseĂŻevitch Kropotkine », Cho Se-Hyun, « Les anarchistes. En ExtrĂȘme-Orient aussi
 », Le Monde diplomatique, janvier 2009, lire en ligne.
  5. « le thĂ©oricien du communisme libertaire », Pierre Kropotkine, MĂ©moires d'un rĂ©volutionnaire, 2012, Éditions du Sextant, quatriĂšme de couverture.
  6. « Lui prÎnait comme Kropotkine un communisme libertaire. », Michel Ragon, La Voie libertaire, Plon, 1991, texte intégral.
  7. Renaud Garcia, La nature de l’entraide : Pierre Kropotkine et les fondements biologiques de l’anarchisme, ENS-Lyon, 2015, introduction en ligne.
  8. Pierre Kropotkine, Autour d’une vie, Paris, Stock, 1971, p. 293-294.
  9. Autour d'une vie (mémoires d'un révolutionnaire), sur Wikisource.
  10. Kropotkine (Petr Alekseïevitch, prince): Grande Encyclopédie Larousse, [[lire en ligne].
  11. Famille remontant au célÚbre Ivan Mikhaïlovitch Soulima, ataman des cosaques zaporogues au XVIIe siÚcle.
  12. Pierre Krotopkine, Autour d'une vie (mémoires sur sa vie).
  13. Extrait de fiche de police, Michael Confino, « Pierre Kropotkine et les agents de l'Ohrana », Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 24, no 1-2, janvier-Juin 1983, p. 83-149, texte intégral.
  14. Pierre Claudel, « Kropotkine Piotr Alexeïevitch », sur EncyclopÊdia Universalis.
  15. Daniel Guérin, Ni Dieu ni maßtre, anthologie historique du mouvement anarchiste, Lausanne, La Cité Editeur, , 650 p., p. 358.
  16. IdRef : notice.
  17. « L'Action », Le RĂ©voltĂ©, no 22,‎ (lire en ligne [PDF]).
  18. Olivier Meuwly, Anarchisme et modernitĂ© : essai politico-historique sur les pensĂ©es anarchistes et leurs rĂ©percussions sur la vie sociale et politique actuelle, L'Âge d'homme, , 223 p. (ISBN 978-2-8251-1091-1, lire en ligne), p. 88.
  19. Alain Pessin et Patrice Terrone, Littérature et anarchie, Presses universitaires du Mirail, coll. « Cribles », , 543 p. (ISBN 978-2-85816-308-3, lire en ligne), p. 274.
  20. Thierry LĂ©vy, PlutĂŽt la mort que l’injustice : Au temps des procĂšs anarchistes, Odile Jacob, , 288 p. (ISBN 978-2-7381-9580-7, lire en ligne).
  21. Édouard Jourdain, L'anarchisme, La DĂ©couverte, , 140 p. (ISBN 978-2-7071-9091-8, lire en ligne).
  22. Patrizia Candolfi, « MosÚ Bertoni anarchiste ? », Société suisse des Américanistes, Bulletin 66-67, 2002-2003, page. 35, texte intégral.
  23. Histoire du mouvement ouvrier en Suisse, Librairie Droz, , 222 p. (ISBN 978-2-600-04187-4, lire en ligne).
  24. Rick Coolsaet, « Au temps du terrorisme anarchiste », Le Monde diplomatique, septembre 2004, texte intégral.
  25. L'ÉphĂ©mĂ©ride anarchiste : procĂšs des 66.
  26. L'ÉphĂ©mĂ©ride anarchiste : ProcĂšs des 66, liste des condamnations.
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  28. Conférence de Pierre Kropotkine, Paris, salle Rivoli, 20 décembre 1887, extraits.
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  30. Pierre Sommermeyer, « Les Mémoires de Kropotkine », Le Monde libertaire, no 1699, 14 mars 2013, RA.forum : texte intégral.
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  32. Martin Zemliak, avant propos, Flammarion, 1978
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  34. Daniel Rubinstein, Michaël Confino, « Kropotkine savant », Cahiers du monde russe et soviétique, vol. 33, n°2-3, avril-septembre 1992, p. 243-301, texte intégral.
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  40. Collectif, « À propos du Manifeste des Seize. DĂ©claration et protestation », Paris, 1916, Institut international d'histoire sociale (Amsterdam) : notice.
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  50. La ConquĂȘte du pain, texte intĂ©gral) sur Wikisource et Le Salariat, texte intĂ©gral).
  51. s:La ConquĂȘte du pain/Les besoins de luxe, sur Wikisource.
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  56. Le Salariat, sur Wikisource.
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  81. fondation-besnard.org : texte intégral
  82. Institut international d'histoire sociale (Amsterdam) : notice.
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  84. Institut international d'histoire sociale (Amsterdam) : notice.
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  87. Institut international d'histoire sociale (Amsterdam) : notice.
  88. Sudoc : notice.
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  90. Sudoc : notice.
  91. Sudoc : notice.
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  93. http://boutique.lemonde.fr/les-rebelles-les-arnarchistes.html Notice Ă©diteur.
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  97. RA.forum : texte intégral.

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