Maison centrale de Clairvaux
La maison centrale de Clairvaux est une maison centrale française située sur le territoire de la commune de Ville-sous-la-Ferté, dans le département de l'Aube et dans la région Grand Est. L'établissement est établi sur le site de l'abbaye de Clairvaux de 1804 à 2023[1].
Maison centrale de Clairvaux | |||||
Localisation | |||||
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Pays | France | ||||
RĂ©gion | Grand Est | ||||
DĂ©partement | Aube | ||||
Ville | Ville-sous-la-Ferté | ||||
DISP | Strasbourg | ||||
Coordonnées | 48° 08′ 38″ nord, 4° 47′ 43″ est | ||||
GĂ©olocalisation sur la carte : Aube
GĂ©olocalisation sur la carte : Champagne-Ardenne
GĂ©olocalisation sur la carte : Grand Est
GĂ©olocalisation sur la carte : France
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Architecture et patrimoine | |||||
Destination initiale | abbaye | ||||
Propriétaire | État français | ||||
Statut patrimonial | Classé MH (1981) Inscrit MH (1994) |
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Installations | |||||
Type | Maison centrale | ||||
Superficie | 33 ha | ||||
Fonctionnement | |||||
Date d'ouverture | (maison centrale) | ||||
Opérateur(s) | Ministère de la Justice | ||||
Statut actuel | Fermé définitivement (d) | ||||
Date de fermeture | |||||
Histoire
XIXe siècle
La transformation d'abbayes en prisons est courante au XIXe siècle (le Mont-Saint-Michel, Fontevraud etc) et est liée à la réforme du système pénal qui institue une nouvelle peine : la privation de liberté. Les abbayes, avec leurs murs d'enceinte et leurs cellules, semblent alors idéales[2]. De plus, l'expulsion des moines à la suite de la Révolution française a vidé de nombreux monastères, et les biens du clergé ont été déclarés biens nationaux.
L'abbaye est ainsi convertie en établissement pénitentiaire en [3].
L'ensemble de l'abbaye est ainsi transformé en prison[4] : le bâtiment des convers devient la prison des femmes puis les ateliers de travail ; le grand cloître est voué à la détention masculine. En , l'église abbatiale est vendue comme carrière de pierres pour honorer des dettes. Le directeur de la prison est révoqué à la suite de la vente de l'église car il n'y a plus de lieu de culte pour les détenus. L'ancien réfectoire des moines est alors transformé en chapelle des prisonniers[5].
XXe siècle
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Clairvaux sert également de lieu d'internement pour les opposants politiques, militants communistes et syndicalistes, ainsi que des Juifs habitant dans la région. Les détenus souffrent de conditions d’internement particulièrement dures et peuvent être livrés aux Allemands quand ces derniers réclament des otages[6].
Un quartier « maison centrale » plus récent est construit en [7].
XXIe siècle
Le quartier « centre de détention », installé dans les locaux historiques de l'établissement, ferme en [7], faisant ainsi passer l'établissement du statut de centre pénitentiaire à celui de maison centrale.
L'établissement dépend du ressort de la direction interrégionale des services pénitentiaires de Strasbourg. Au niveau judiciaire, il relève du tribunal judiciaire de Troyes et de la cour d'appel de Reims.
La fermeture de la centrale est annoncée[8] le au cours d'un discours donné à l'École nationale d'administration pénitentiaire, à Agen, par le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas.
Malgré la mobilisation d'élus et d'habitants[9], l'arrêté ministériel du , décret n° 301 du , entérine la fermeture de la maison centrale de Clairvaux qui est effective le .
Description
Situé sur le site de l'abbaye de Clairvaux et sur le territoire de la commune de Ville-sous-la-Ferté, la maison centrale est l'un des quatre établissements pénitentiaires du département[10].
Installé sur une superficie de 33 hectares[7], l'établissement a une capacité d'accueil de 80 places exclusivement pour des détenus majeurs hommes condamnés à de longues peines et composé exclusivement en quartier « Maison centrale Hommes »[11]. Précédemment, la maison centrale avait le statut de centre pénitentiaire et disposait également à ce titre d'un quartier « centre de détention Hommes »[7].
Au , l'établissement accueillait 43 détenus, soit un taux d'occupation de 53.8%[11]. Le faible nombre de place ainsi que le faible nombre de détenus s'explique par la fermeture de l'établissement, prévu au .
La quasi-totalité de l'établissement est classé ou inscrit au titre des Monuments historiques, incluant notamment l'ancien quartier « centre de détention », à l’exception des bâtiments du quartier « maison centrale » qui ouvre en . Le domaine est ainsi cogéré à la fois par le ministères de la justice et le ministère de la culture[7]. Les bâtiments relevant de ce dernier sont ouverts toute l'année aux visites.
DĂ©tenus notables
Au XIXe siècle
Parmi les détenus, en détention provisoire ou condamnés à des peines plus ou moins longues ou récurrentes :
- Claude Gueux, condamné à la peine capitale, il fut l'inspirateur de Claude Gueux, l'un des premiers livres de Victor Hugo contre la peine de mort,
- Auguste Blanqui, détenu à Clairvaux de à [4].
- Pierre Kropotkine, anarchiste russe, détenu entre 1883 et 1886. Son expérience a nourri son analyse du système des prisons[12].
Au XXe siècle
- 49 internés de Clairvaux sont déportés le (Convoi des 45 000) à Auschwitz, dont le député Robert Philippot[6].
- 21 otages sont fusillés entre et le dans une clairière de la Ville-sous-la-Ferté, proche de Clairvaux, dont le conseiller municipal Léon Frot[6] et le conseiller général Maurice Romagon[13].
- D’anciens internés de Clairvaux sont fusillés dans d’autres camps, tels Guy Môquet, Charles Michels ou Jean-Pierre Timbaud[6].
- Charles Maurras, détenu entre et [14].
- Lucien Rebatet, détenu entre et .
- L'amiral Jean de Laborde, détenu entre et .
- Pierre-Antoine Cousteau, détenu entre et .
- Jacques Benoist-Méchin, détenu entre et .
- Paul Marion, détenu entre et .
- Les généraux destitués Maurice Challe, André Zeller, Pierre-Marie Bigot, Jean-Louis Nicot, André Petit, le commandant Hélie Denoix de Saint-Marc, à l'été , après le « putsch des généraux ».
- Claude Buffet et Roger Bontems. Ils y séquestrèrent et égorgèrent une infirmière et un surveillant en [15]. Ils furent pour cela guillotinés à la prison de la Santé à Paris, le .
- Ilich RamĂrez Sánchez (1949-), terroriste plus connu sous le nom de Carlos.
- Régis Schleicher (1957-), Ancien membre d'action directe. Condamné pour la mort de deux policiers lors de la fusillade de l'avenue Trudaine à Paris le et pour des braquages.
- Guy Georges (1962-), tueur de l'est parisien, condamné en pour sept meurtres à l'emprisonnement à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans[16]
- Smaïn Aït Ali Belkacem (1968-), auteur d'une vague d'attentats commis en France en 1995, qui est détenu en [17].
- Youssouf Fofana (1980-), chef du gang des barbares.
La maison centrale compte 240 places hébergeant, en , 160 longues peines, dont 48 perpétuités[18].
Événements notables
Le 23 avril 1912, les Camelots du Roi Henri Bourgoin et Norbert Pinochet font évader grâce à un canular téléphonique Gabriel de Baleine, un autre militant emprisonné. Ils téléphonent au directeur de la Maison centrale de Clairvaux en se faisant passer pour le président du Conseil[19] - [20]. Cette évasion inspira Charlotte Montard.
Notes et références
- (fr) « La maison centrale de Clairvaux », sur l'annuaire du site Internet du ministère français de la justice
- « Falk Bretschneider, Julie Claustre, Isabelle Heullant-Donat, Elisabeth Lusset, webdocumentaire Le cloître et la prison. Les espaces de l'enfermement, 2018 »
- Ministère de la justice, « Justice / Annuaires et contacts / Annuaire des Établissements pénitentiaires », sur www.annuaires.justice.gouv.fr (consulté le )
- Fey Dominique et Herbelot Lydie, CLAIRVAUX, vies emmurées au XIXe siècle, Saint-Parres-aux-Tertres, TheBookEdition, , 447 p. (ISBN 978-2-7466-6688-7, lire en ligne)
- « Falk Bretschneider, Julie Claustre, Isabelle Heullant-Donat, Elisabeth Lusset, webdocumentaire Le cloître et la prison. Les espaces de l'enfermement, 2018 »
- Claudine Cardon-Hamet, Pierre Cardon, « La maison centrale de Clairvaux », sur politique-auschwitz.blogspot.fr, (consulté le ).
- CGLPL, « Rapport de visite - Première visite - 2009 » [PDF], sur http://www.cglpl.fr/,
- « Prison : la maison centrale de Clairvaux, vétuste, va "vite" fermer », sur www.europe1.fr (consulté le )
- Clément Renard, « La centrale de Clairvaux aux portes de la pénitence », sur leparisien.fr, (consulté le ).
- « Tous les organismes par thème - Aube - Annuaire | service-public.fr », sur lannuaire.service-public.fr (consulté le )
- Ministère de la justice, « Statistiques des personnes écrouées et détenues au 1er février 2022 » [PDF], sur http://www.justice.gouv.fr/prison-et-reinsertion-10036/les-chiffres-clefs-10041/statistiques-de-la-population-detenue-et-ecrouee-34271.html,
- Extraits d'une conférence que Pierre Kropotkine fit à Paris, salle Rivoli, le 20 décembre 1887.
- « Notice ROMAGON Maurice, par René Lemarquis », sur Maitron en ligne,
- Jacques Prévotat, op. cit., p. 520-521.
- Les principales prises d'otage dans des prisons françaises.
- Jean-Marc Ducos, « Clairvaux (Aube) : « La France n'a pas honte de la centrale de Clairvaux » », sur Le Parisien, (consulté le ) : « Guy Georges, le tueur de l'Est parisien, y est également incarcéré. »
- AFP, « Projet d'évasion: garde à vue prolongée » sur Le Figaro, 19 mai 2010
- Bastien Bonnefous, « «20 Minutes» a rencontré plusieurs détenus à perpétuité de la centrale de Clairvaux », (consulté le )
- Pierre Montagnon, 42, rue de la santé: Une prison politique, Pygmalion, (ISBN 978-2-7564-0940-5, lire en ligne)
- Marcel Montarron, Les chemins de la belle, (Stock) réédition numérique FeniXX, (ISBN 978-2-7062-8098-6, lire en ligne)
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes liés à la maison centrale de Clairvaux
- Site officiel
- Ressource relative Ă plusieurs domaines :
- Ressource relative Ă l'architecture :
Liens externes liés à l'abbaye de Clairvaux
- Site officiel
- Ressource relative aux beaux-arts (pour abbaye de Clairvaux) :
- (en) Grove Art Online
- Ressource relative Ă l'architecture (pour abbaye de Clairvaux) :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :