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Grève générale

La grève générale est une grève interprofessionnelle touchant en principe tous les travailleurs dans un pays. N'étant jamais complète, l'expression a ensuite signifié une grève interprofessionnelle nationale de grande ampleur, voire très étendue au seul niveau d'une région ou d'une ville.

Affiche appelant à la grève générale le 5 décembre 2019 dans une rue de Villeurbanne.

Origines et mythe de la grève générale

En 1901, à Barcelone, le pédagogue libertaire Francisco Ferrer publie le premier numéro de La Huelga General (La Grève générale) destiné à promouvoir le syndicalisme révolutionnaire.

L'expression est née en France à la fin du XIXe siècle dans les milieux du syndicalisme.

Théorisée, entre autres, par Joseph Tortelier et Aristide Briand, elle était synonyme de révolution. La cessation de toute activité productive conduisant obligatoirement à l'effondrement du capitalisme, Georges Sorel en fit l'apologie en 1905-1906 en la présentant sous la forme d'un mythe mobilisateur censé remplacer la théorie marxiste de la catastrophe finale du capitalisme, jugée fataliste (voir ses Réflexions sur la violence).

Elle fut à ce titre au centre de la théorie du syndicalisme révolutionnaire et considérée comme le prolongement de la politique d'action directe. Elle est qualifiée d'« expropriatrice » par les anarchistes et les anarcho-syndicalistes[1].

La charte d’Amiens, adoptée par la Confédération générale du Travail (CGT) en 1906, fait de la stratégie de la grève générale un principe fondateur du mouvement ouvrier : «  [Le syndicalisme] prépare l’émancipation intégrale, qui ne peut se réaliser que par l’expropriation capitaliste ; il préconise comme moyen d’action la grève générale et il considère que le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera dans l’avenir le groupement de production et de répartition, base de réorganisation sociale[2]. »

L'échec des grèves générales lancée par la CGT, notamment pour empêcher le déclenchement de la Première guerre mondiale ; ou en 1920, avec la tentative avortée de généraliser la grève des cheminots, contribua au déclin du mythe révolutionnaire qu'elle représentait[2].

La social-démocratie n'omit pas de discuter dans ses congrès internationaux l'hypothèse de la grève générale comme substitut de la révolution politique. C'est ainsi que Rosa Luxemburg consacra un ouvrage au sujet en 1906.

Grèves générales notables

Voir aussi

Bibliographie

  • Déposséder les possédants : la grève générale aux "temps héroïques" du syndicalisme révolutionnaire, 1895-1906, textes réunis, annotés et présentés par Miguel Chueca, Agone, 2008.
  • Victor Griffuelhes, Le syndicalisme révolutionnaire, 1909
  • Aristide Briand, La Grève générale et la révolution, 1899.
  • Ernest Hurvois, Du caractère juridique de la grève, Paris, Bonvalot-Jouve, 1907.
  • Jack London, Grève générale, Libertalia, 2008.
  • Rosa Luxemburg, Grève de masses, parti et syndicat, 1906.
  • Émile Vandervelde, La Grève générale, 1912.
  • Marco Gervasoni, L'invention du syndicalisme révolutionnaire en France (1903-1907), Mil neuf cent, Revue d'histoire intellectuelle 1/2006, lire en ligne.
  • Robert Brécy, préf. Jean Maitron, La grève générale en France, Études et documentation internationales, 1969.
  • Xavier Vigna : "La grève générale introuvable. France, 1968-1995 » in Anne Morelli et Daniel Zamora [dir.], Grève générale, rêve général. Espoir de transformation sociale, Paris, L’Harmattan, 2016, p. 157-168.

Articles connexes

Notes et références

  1. Jean Lebrun, Philippe Pelletier, Les anarchistes : le moment terroriste, et après ?, France Inter, 26 novembre 2015, écouter en ligne.
  2. « La grève générale, une invitée-surprise », Le Monde diplomatique, (lire en ligne)
  3. Le rôle des mouvements d'étudiants africains dans l'évolution politique et sociale de l'Afrique de 1900 à 1975, vol. 12, Unesco, coll. « Histoire générale de l'Afrique: Etudes et documents », , 223 p. (ISBN 978-2-7384-2427-3, lire en ligne), p. 19.
  4. « The day the women went on strike », The Guardian, 18 octobre 2005.
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