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Persépolis

PersĂ©polis (grec ancien Î Î”ÏÏƒÎ­Ï€ÎżÎ»Îčς [PersĂ©polis], « la citĂ© perse »), Parsa (đŽ±đŽ đŽŒđŽżđŽ ) en vieux-persan (persan ŰȘŰźŰȘ ŰŹÙ…ŰŽÛŒŰŻ [Takht-e Jamshid], « le TrĂŽne de Djamchid »), Ă©tait une capitale de l’Empire perse achĂ©mĂ©nide. Le site se trouve dans la plaine de Marvdasht, au pied de la montagne Kuh-e Rahmat, Ă  environ 75 km au nord-est de la ville de Shiraz, province de Fars, Iran.

Persépolis *
Image illustrative de l’article PersĂ©polis
CoordonnĂ©es 29° 56â€Č 04″ nord, 52° 53â€Č 29″ est
Pays Drapeau de l'Iran Iran
Subdivision Fars
Type Culturel
CritĂšres (i) (iii) (vi)
Numéro
d’identification
114
Zone géographique Asie et Pacifique **
AnnĂ©e d’inscription 1979 (3e session)
Image illustrative de l’article PersĂ©polis
Capitales achéménides
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO
Vue générale.

Son Ă©dification commence en sur ordre de Darius Ier. Elle fait partie d’un vaste programme de constructions monumentales visant Ă  souligner l’unitĂ© et la diversitĂ© de l’Empire perse achĂ©mĂ©nide, Ă  asseoir la lĂ©gitimitĂ© du pouvoir royal et Ă  montrer la grandeur de son rĂšgne. Elle fait appel Ă  des ouvriers et artisans venus de toutes les satrapies de l’empire. L’architecture rĂ©sulte d’une combinaison originale des styles issus de ces provinces crĂ©ant ainsi le style architectural perse Ă©bauchĂ© Ă  Pasargades, Ă©galement retrouvĂ© Ă  Suse et Ecbatane. Cette combinaison des savoir-faire marque Ă©galement les autres arts perses, comme la sculpture ou l’orfĂšvrerie. La construction de PersĂ©polis se poursuit pendant plus de deux siĂšcles, jusqu’à la conquĂȘte de l'empire et la destruction partielle de la citĂ© par Alexandre le Grand en

Le site est plusieurs fois visitĂ© au cours des siĂšcles par des voyageurs occidentaux, mais ce n’est qu’au XVIIe siĂšcle qu’il est authentifiĂ© comme Ă©tant les ruines de la capitale achĂ©mĂ©nide. De nombreuses explorations archĂ©ologiques permettent par la suite de mieux en apprĂ©hender les structures, mais aussi l’aspect et les fonctions passĂ©s.

PersĂ©polis comprend un vaste complexe palatin Ă©rigĂ© sur une terrasse monumentale qui supporte de multiples bĂątiments hypostyles. Ces palais ont des fonctions protocolaires, rituelles, emblĂ©matiques, ou administratives prĂ©cises : audience, appartements royaux, administration du trĂ©sor, accueil. À proximitĂ© de la Terrasse se trouvaient d’autres Ă©lĂ©ments : tombes royales, autels, jardins. Il y avait aussi les habitations de la ville basse dont aujourd’hui il ne reste rien de visible. De nombreux bas-reliefs sculptĂ©s sur les escaliers et portes des palais reprĂ©sentent la diversitĂ© des peuples composant l’empire. D’autres consacrent l’image d’un pouvoir royal protecteur, souverain, lĂ©gitime, et absolu, ou dĂ©signent XerxĂšs Ier comme successeur lĂ©gitime de Darius le Grand. Les multiples inscriptions royales persĂ©politaines cunĂ©iformes rĂ©digĂ©es en vieux-persan, babylonien, ou Ă©lamite, gravĂ©es Ă  divers endroits du site, procĂšdent des mĂȘmes buts, et prĂ©cisent Ă©galement pour certains bĂątiments le roi ayant ordonnĂ© leur Ă©rection.

L’idĂ©e que PersĂ©polis n’avait qu’une occupation annuelle et rituelle dĂ©diĂ©e Ă  la rĂ©ception par le roi des tributs offerts par les nations assujetties de l’empire Ă  l’occasion des cĂ©rĂ©monies du nouvel an perse a longtemps prĂ©valu. Il est maintenant certain que la citĂ© Ă©tait occupĂ©e en permanence et tenait un rĂŽle administratif et politique central pour le gouvernement de l’empire. De nombreuses archives Ă©crites sur des tablettes d’argile dĂ©couvertes dans les bĂątiments du trĂ©sor et les fortifications ont permis d’établir ces rĂŽles, et livrent des renseignements prĂ©cieux sur l’administration impĂ©riale achĂ©mĂ©nide et la construction du complexe. PersĂ©polis est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979.

Historique

Construction

Historique présumé des constructions[1].
1re période : Darius Ier
( Ă  )
  • Terrasse
  • Apadana (palais, escalier est)
  • TrĂ©sor
2e période : Darius Ier - XerxÚs Ier
( Ă  )
  • Tachara
  • Escalier de PersĂ©polis
  • Porte de toutes les nations
  • Apadana (escalier nord)
3e période : XerxÚs Ier
( Ă  )
  • Hadish
  • Harem
  • Tripylon
  • Palais D
4e période : ArtaxerxÚs Ier
  • Palais des Cent-Colonnes
  • Palais d’ArtaxerxĂšs Ier
  • Garnison
5e période
Inconnue
  • Constructions sud

AprĂšs avoir continuĂ© l'Ɠuvre de Cyrus II Ă  Pasargades et parallĂšlement aux importants travaux de construction entrepris Ă  Suse, Darius Ier dĂ©cide d'Ă©tablir une nouvelle capitale ; cette dĂ©cision est gĂ©nĂ©ralement interprĂ©tĂ©e comme une volontĂ© de se distinguer de la branche aĂźnĂ©e des AchĂ©mĂ©nides, Ă  laquelle Pasargades est fortement liĂ©e. Il choisit pour cela une ville identifiĂ©e depuis comme Ă©tant Uvādaicaya (MatteziĆĄ en babylonien). Cette ville doit dĂ©jĂ  avoir une certaine importance politique puisque c'est lĂ  que Darius fit exĂ©cuter Vahyazdāta, son principal opposant perse, en Par ailleurs, la prĂ©sence de palais et de portes monumentales remontant Ă  Cyrus et Cambyse II est attestĂ©e, ainsi qu'un tombeau inachevĂ© probablement destinĂ© Ă  Cambyse. Des tablettes babyloniennes montrent qu'il s'agit alors d'un centre urbain dĂ©veloppĂ©, actif et peuplĂ©, ayant des relations commerciales avec la Babylonie, capable d'assurer les moyens logistiques et alimentaires pour un chantier de cette ampleur[2]. Pierre Briant, historien de la Perse achĂ©mĂ©nide, note en effet que la mise en Ɠuvre chronologiquement proche de chantiers importants Ă  Suse et PersĂ©polis suppose la mobilisation de moyens considĂ©rables. De fait, ces constructions entrent dans le cadre d'un plan global de rĂ©amĂ©nagement des rĂ©sidences royales visant Ă  montrer Ă  tous que « l'avĂšnement du nouveau roi marque une refondation de l'empire »[3].

Darius choisit pour site de construction le bas de la formation rocheuse du Kuh-e Rahmat qui devient ainsi le symbole de la dynastie achĂ©mĂ©nide. Il y fait Ă©riger la Terrasse, des palais (Apadana, Tachara), les salles du TrĂ©sor, ainsi que les murailles est. Il est difficile de dater avec prĂ©cision la construction de chaque monument. La seule indication irrĂ©futable est fournie par des tablettes retrouvĂ©es sur le site qui attestent une activitĂ© au moins dĂšs , lors de la construction des fortifications. On peut en revanche attribuer la plupart des constructions aux pĂ©riodes correspondant aux rĂšgnes des diffĂ©rents souverains[4]. Les constructions de Darius sont ensuite terminĂ©es et complĂ©tĂ©es par ses successeurs : son fils XerxĂšs Ier ajoute au complexe la Porte de toutes les nations, le Hadish, ou encore le Tripylon. Sous ArtaxerxĂšs Ier en , on dĂ©nombre 1 149 artisans prĂ©sents sur les chantiers[5]. Le site reste en construction au moins jusqu’en , et peut-ĂȘtre mĂȘme jusqu’à la chute de l’empire achĂ©mĂ©nide : une porte reste en effet inachevĂ©e, ainsi qu'un palais attribuĂ© Ă  ArtaxerxĂšs III[6].

Au contraire d'autres constructions monumentales antiques grecques ou romaines, la construction de PersĂ©polis ne doit rien Ă  l’esclavage. Elle est entiĂšrement assurĂ©e par des ouvriers venant de tous les pays de l’Empire : Babylonie, Carie, Ionie, ou Égypte[7]. Sur ce point notons que l’Égypte est conquise en par Cambyse II oĂč il se fait nommer pharaon, massacre l'Ă©lite et dĂ©truit des temples. La venue d'artisans des diffĂ©rentes parties d'un Empire si rĂ©cemment conquis, mĂȘme rĂ©munĂ©rĂ©s, suggĂšre un dĂ©placement forcĂ© avec ou sans la famille (point sur lequel il ne peut y avoir que des suppositions). D'autre part, la pratique de l'esclavage Ă©tant avĂ©rĂ©e dans l'empire achĂ©mĂ©nide (bas reliefs et tablettes), rien n'indique que les carriĂšres d’oĂč proviennent les pierres ou les forĂȘts d’oĂč venait le bois d’Ɠuvre n'Ă©taient pas exploitĂ©es par des esclaves ni que les matiĂšres premiĂšres et les finances ne provenaient des tributs de guerre des rĂ©centes conquĂȘtes (y compris la vente d’esclave)[8].

Destruction

Hemidrachme du royaume de perside.Date : c. 100 AC. - 100 AD.

ProtĂ©gĂ©e par sa situation au cƓur de l’empire achĂ©mĂ©nide, PersĂ©polis ne dispose pas de solides dĂ©fenses. En outre, la position au pied du Kuh-e Ramat reprĂ©sente un point faible Ă  cause du faible dĂ©nivellement Ă  l’est, entre la Terrasse et le sol. Ce cĂŽtĂ© Ă©tait protĂ©gĂ© par un rempart et des tours[9] - [10].

Les connaissances de la prise et de la destruction de PersĂ©polis, attribuĂ©es Ă  Alexandre le Grand, proviennent essentiellement des Ă©crits d’historiens antiques, au premier rang desquels Plutarque[11], Diodore de Sicile[12], et Quinte-Curce[13]. Certains Ă©lĂ©ments archĂ©ologiques corroborent leurs dires, mais leur version de la destruction de la citĂ© est contestĂ©e : Duruy la met en doute puisqu’« on voit peu de temps aprĂšs la mort du conquĂ©rant, le satrape PeucestĂšs y sacrifier aux mĂąnes de Philippe et d’Alexandre »[14].

D’aprĂšs Plutarque, Diodore de Sicile et Quinte-Curce, Tiridate, gardien du trĂ©sor, fait porter Ă  Alexandre, dont l’armĂ©e approchait, une lettre de reddition l’invitant Ă  se rendre Ă  PersĂ©polis en vainqueur. Les richesses lui seraient ainsi rapidement acquises. Les Ă©crits ne mentionnent cependant pas la rĂ©ponse d’Alexandre. Diodore et Quinte-Curce racontent Ă©galement la rencontre en route pour PersĂ©polis, de 4 000 prisonniers grecs mutilĂ©s ou ayant subi de mauvais traitements de la part des Perses. La chute de PersĂ©polis est suivie du massacre de ses habitants et du sac de ses richesses.

AprĂšs avoir pris la citĂ© en , Alexandre y laisse une partie de son armĂ©e et poursuit sa route, ne revenant Ă  PersĂ©polis que quelque temps aprĂšs. À l’issue d’une journĂ©e de beuverie en l’honneur de la victoire, PersĂ©polis est incendiĂ©e sur ordre du conquĂ©rant en mai [15]. Les raisons ayant motivĂ© cette destruction sont controversĂ©es. Plutarque et Diodore relatent qu’un Alexandre ivre de vin aurait jetĂ© la premiĂšre torche sur le palais de XerxĂšs Ă  l'instigation de ThaĂŻs, maĂźtresse de PtolĂ©mĂ©e Ier SĂŽter, qui jette la seconde. ThaĂŻs aurait exhortĂ© Alexandre et ses compagnons d’armes Ă  venger ainsi le sac passĂ© d’AthĂšnes par XerxĂšs Ier. Cette hypothĂšse pourrait se trouver accrĂ©ditĂ©e par l’intensitĂ© des destructions du Tripylon et du Hadish, qui montre que ces bĂątiments construits par XerxĂšs ont plus souffert de l’incendie que d’autres[16]. Certains avancent que la rencontre des prisonniers mutilĂ©s, provoquant colĂšre et tristesse du souverain, aurait constituĂ© un motif supplĂ©mentaire de reprĂ©sailles.

En rĂ©alitĂ©, il est maintenant admis par les historiens que la raison de la destruction de PersĂ©polis est plus vraisemblablement d’ordre politique. La dĂ©cision d’Alexandre semble effectivement rĂ©flĂ©chie. Alors que le vainqueur prend soin d’épargner les villes prises et notamment Babylone, ne mĂ©nageant aucun geste pour se concilier la population, il accomplit Ă  PersĂ©polis un geste d’une haute portĂ©e symbolique dictĂ©e par le contexte perse : le cƓur idĂ©ologique du pouvoir achĂ©mĂ©nide se situe toujours dans ses capitales. La population, ayant fait acte de soumission forcĂ©e ou volontaire, reste attachĂ©e au souverain lĂ©gitime et est en mauvais termes avec les conquĂ©rants. La dĂ©cision est donc prise d’incendier le sanctuaire dynastique perse afin de signifier Ă  la population le changement de pouvoir[17]. Duruy dit ainsi qu’« Alexandre voulut annoncer Ă  tout l’Orient, par cette destruction du sanctuaire national, la fin de la domination persique »[14].

Les écrits anciens mentionnent les regrets exprimés plus tard par un Alexandre honteux de son geste. Pour Briant, ces regrets impliquent en fait qu'Alexandre, reconnaissant son échec politique, l'attribuait à cette destruction[17].

La destruction de PersĂ©polis marque la fin du symbole de la puissance achĂ©mĂ©nide. Le premier empire perse disparaĂźt complĂštement avec la mort de Darius III, dernier empereur de sa dynastie. L’hellĂ©nisation commence avec les SĂ©leucides.

PersĂ©polis a continuĂ© d'ĂȘtre utilisĂ©e par les dynasties perses suivantes. Au pied de la Terrasse se trouve un temple, peut-ĂȘtre construit par les AchĂ©mĂ©nides, et rĂ©utilisĂ© par les SĂ©leucides, puis par les Fratadaras (gardiens du feu)[18].

La ville basse est progressivement abandonnée au profit de sa voisine Istakhr, à l'époque parthe. Des graffitis, attribuables aux derniers rois de Perse sous les Parthes ou au début de l'Úre sassanide, montrent que le site est cependant resté lié à la monarchie perse, au moins symboliquement. En effet, une inscription en Pehlevi relate qu'un fils de Hormizd Ier ou Hormizd II y donne un banquet et y fait procéder à un service cultuel. Persépolis a donc pu continuer à servir de lieu de culte plusieurs siÚcles aprÚs l'incendie de Persépolis sert également de référence architecturale pour certains éléments des constructions sassanides telles le palais de Firouzabad[19].

  • Graffiti sassanide montrant un cavalier, MusĂ©e de PersĂ©polis
    Graffiti sassanide montrant un cavalier, Musée de Persépolis
  • Inscription en Pehlevi, MusĂ©e de PersĂ©polis
    Inscription en Pehlevi, Musée de Persépolis

PremiĂšres visites des ruines : le temps des voyageurs

Persépolis par Tavernier, 1713.
Persépolis vue du sud, par Jean Chardin (1711).

Les ruines sont connues par les Sassanides sous le nom moyen-persan de st stwny (« les cent colonnes »)[19], et depuis le XIIIe siĂšcle, sous celui de Chehel minār (« les quarante colonnes »). Le nom actuel de Takht-e Jamshid semble provenir d’une interprĂ©tation des reliefs les reliant aux exploits du hĂ©ros mythique Jamshid[10]. Le site fait l’objet de nombreuses visites par les Occidentaux du XIVe au XVIIIe. Aux simples observations anecdotiques des dĂ©buts se substituent progressivement des travaux descriptifs de plus en plus poussĂ©s [10] - [20] - [21] - [22] - [23]:

  • De passage alors qu'il se rend Ă  Cathay en 1318, Odoric de Pordenone, moine voyageur vĂ©nitien passe par Chehel minār sans s’attarder sur les ruines. C’est le premier EuropĂ©en Ă  mentionner le site. Il est suivi aprĂšs plus d’un siĂšcle (1474) par un autre voyageur vĂ©nitien : Josaphat Barbaro.
  • Le missionnaire portugais, Antonio de Gouvea, visite le site en 1602. Il y remarque des inscriptions cunĂ©iformes et des reprĂ©sentations d’« animaux Ă  tĂȘtes d’homme ».
Bas-relief, par EugĂšne Flandin (1840).
  • L’ambassadeur d’Espagne auprĂšs de Shah Abbas Ier, Don Garcias de Silva y Figueroa, dĂ©crit longuement le site dans une lettre datant de 1619. S’appuyant sur les textes grecs, il fait clairement le lien entre PersĂ©polis et Chehel Minār.
  • De 1615 Ă  1626, le Romain Pietro Della Valle visite de nombreux pays d’Orient. Il rapporte de PersĂ©polis des copies d’inscriptions cunĂ©iformes qui servirent plus tard au dĂ©chiffrage de l’écriture.
  • Il est suivi par les Anglais Dodmore Cotton et Thomas Herbert de 1628 Ă  1629, dont le voyage a pour objet l’étude et le dĂ©chiffrage des Ă©critures orientales.
  • De 1664 Ă  1667, PersĂ©polis est visitĂ©e par les Français Jean ThĂ©venot et Jean Chardin. ThĂ©venot note Ă  tort dans son ouvrage Voyage au Levant, que ces ruines sont trop petites pour ĂȘtre la demeure des rois de l’ancienne Perse. Chardin attribue clairement le site Ă  PersĂ©polis. Il s’attache les services du dessinateur Guillaume-Joseph Grelot et dĂ©crit la citĂ© royale dans un ouvrage dont la qualitĂ© est saluĂ©e par Rousseau.
  • En 1694, l’Italien Giovanni Francesco Gemelli-Carreri reporte les dimensions de toutes les ruines auxquelles il accĂšde, et Ă©tudie les inscriptions.
  • En 1704, le Hollandais Cornelis de Bruijn observe et dessine les ruines. Il publie ses travaux en 1711 : Reizen over Moskovie, door Persie en Indie, puis en 1718, en français : Voyages de Corneille le Brun par la Moscovie, en Perse, et aux Indes orientales.

Missions archéologiques : le temps des scientifiques

Ruines de Persepolis par Alberto Pasini, 1856. Coll. part.
PersĂ©polis vue d’oiseau, par Charles Chipiez (1884).

Le XIXe, puis le XXe siÚcle voient se multiplier les missions scientifiques à Persépolis[15] - [21] - [24] - [25] - [26] - [27]:

  • En 1840 et 1841, le peintre EugĂšne Flandin et l'architecte Pascal Coste, attachĂ©s Ă  l'ambassade de France, visitent plusieurs ruines en Perse parmi lesquelles PersĂ©polis. Ils en Ă©tablissent un relevĂ© topographique et descriptif.
  • Les premiĂšres vĂ©ritables fouilles archĂ©ologiques sont rĂ©alisĂ©es en 1878. Motamed-Od Dowleh Farhad Mirza, gouverneur de Fars, dirige des travaux dĂ©gageant une partie du Palais des Cent-Colonnes.
  • Peu aprĂšs, les Français Charles Chipiez et Georges Perrot rĂ©alisent une exploration trĂšs importante du site. GrĂące Ă  une Ă©tude architecturale poussĂ©e des ruines et des dĂ©bris excavĂ©s, Chipiez dessine de saisissantes reconstructions des palais et monuments tels qu’ils lui semblent avoir dĂ» ĂȘtre Ă  l’époque achĂ©mĂ©nide.
  • Le savant allemand Franz Stolze explore Ă©galement les sites archĂ©ologiques de Fars et publie le rĂ©sultat de ses travaux en 1882.
  • Les archĂ©ologues français Jane et Marcel Dieulafoy rĂ©alisent deux missions archĂ©ologiques en Perse (1881-82 et 1884-86). Ils explorent PersĂ©polis dont ils ramĂšnent pour la premiĂšre fois des documents photographiques. Ils rĂ©alisent Ă©galement des reconstructions et rapportent de nombreuses piĂšces archĂ©ologiques.
  • De 1931 Ă  1939, des fouilles sont rĂ©alisĂ©es par les Allemands Ernst Herzfeld puis Erich Frederich Schmidt, missionnĂ©s par l’Oriental Institute de l’universitĂ© de Chicago.
  • Au cours des annĂ©es 1940, le Français AndrĂ© Godard, puis l’Iranien A. Sami, poursuivent les fouilles pour le compte de l’Iranian Archeological Service (IAS), depuis intĂ©grĂ© Ă  l'Organisation de l'hĂ©ritage culturel d'Iran.
  • Par la suite, l’IAS sous la direction d’Ali Tajvidi dirige des travaux d’excavation et de restauration partielle en coopĂ©ration avec les Italiens Giuseppe et Ann Britt Tilia, de l’Instituto Italiano Per il Medio ad Estremo Oriente. Ces fouilles ont rĂ©vĂ©lĂ© l’existence probable de deux autres palais attribuĂ©s Ă  ArtaxerxĂšs I et ArtaxerxĂšs III, qui ont disparu.
  • De 2008 Ă  2016, une Ă©quipe italo-iranienne guidĂ©e par Pierfrancesco Callieri et Alireza Askari Chaverdi a dĂ©couvert la ville basse se trouvant au pied de la terrasse de PersĂ©polis et une porte monumentale construite avant le rĂšgne de Darius Ier.

Toutes les structures de PersĂ©polis ne sont pas encore fouillĂ©es. Il reste deux monticules Ă  l’est du Hadish et du Tachara dont les origines ne sont pas encore connues[6].

Histoire récente

Persépolis, vue du Kuh-e Rahmat.

Des cĂ©rĂ©monies fastueuses, avec des parades historiques en tenue d’époque achĂ©mĂ©nide, se sont dĂ©roulĂ©es pendant trois jours en 1971 Ă  PersĂ©polis, Ă  l’occasion de la cĂ©lĂ©bration des 2 500 ans de la monarchie. Le shah Mohammed Reza Pahlavi convie alors la plupart des chefs d'État du monde, souverains, ou prĂ©sidents, etc. Ă  sĂ©journer dans un village de tentes Ă  cĂŽtĂ© du site archĂ©ologique. Le faste des cĂ©rĂ©monies, mobilisant plus de 200 serviteurs venus de France pour les banquets, suscite une polĂ©mique dans la presse internationale et contribue Ă  ternir l’image du Shah. Le montant des dĂ©penses est Ă©valuĂ© Ă  l'Ă©poque Ă  plus de 22 millions de dollars US, le financement est rĂ©alisĂ© au dĂ©triment de projets d’urbanisme ou sociaux. Les partisans du Shah rĂ©torquent qu'il s'agit d'une vitrine d'investissements futurs[28]. Mais mĂȘme si cette somme est comparable Ă  celle de n'importe quel sommet international (dĂ©penses de sĂ©curitĂ©, etc.), c'est la signification symbolique de l'Ă©vĂ©nement qui est critiquĂ©e par la presse internationale. En outre, les festivitĂ©s s’accompagnent d’une rĂ©pression des opposants au Shah[29]. Le prĂ©sident de la RĂ©publique française, Georges Pompidou, se fait reprĂ©senter au dernier moment par son Premier ministre, Jacques Chaban-Delmas, et la reine d'Angleterre envoie le duc d'Édimbourg et la princesse Anne. La dĂ©coration (en particulier la maison BaguĂšs), les traiteurs, le service, les tentes, etc. provenaient de France.

Une tentative iconoclaste, comparable Ă  celle ayant dĂ©truit quelque vingt ans plus tard les Bouddhas de BĂąmiyĂąn, a lieu aprĂšs la rĂ©volution islamique de 1979, dans le but d’éradiquer la forte rĂ©fĂ©rence culturelle Ă  la pĂ©riode prĂ©islamique et Ă  la monarchie. C'est ainsi que l’ayatollah Sadeq Khalkhali tente avec ses partisans de raser PersĂ©polis Ă  l’aide de bulldozers. L’intervention de Nosratollah Amini, gouverneur de la province de Fars, et la mobilisation des habitants de Chiraz s’interposant devant les engins permettent alors de sauver le site de la destruction[30].

PersĂ©polis est un milieu fragile dont la prĂ©servation peut ĂȘtre compromise par l’activitĂ© humaine. La question de la nocivitĂ© de certains composants chimiques issus de pollutions agricoles est rĂ©guliĂšrement soulevĂ©e[31]. Un programme de protection du site a rĂ©cemment commencĂ©, visant Ă  limiter les dĂ©gradations liĂ©es Ă  l’érosion et au passage de visiteurs : des toitures ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© mises en place protĂ©geant certains Ă©lĂ©ments comme l’escalier est de l’Apadana, et il est prĂ©vu de recouvrir le sol d’un plancher sur les lieux de passage[32]. La construction d’un barrage proche de Pasargades entretient une polĂ©mique entre le ministĂšre iranien de l’archĂ©ologie et le ministĂšre de la culture et du patrimoine. La montĂ©e des eaux pourrait endommager nombre de sites archĂ©ologiques de la rĂ©gion, dont PersĂ©polis[33]. De plus, la construction d’une ligne de chemin de fer dont le tracĂ© pourrait passer Ă  proximitĂ© de PersĂ©polis et Naqsh-e Rostam fait Ă©galement redouter des dommages pour ces sites, ce qui pourrait faire passer certains de la liste du patrimoine mondial Ă  celle des sites en danger par l'UNESCO[34]. Des actions en justice menĂ©es par l'Office de Fars de l'Organisation de L'HĂ©ritage Culturel et du Tourisme ont dĂ©jĂ  abouti Ă  la condamnation du ministĂšre des transports[35]. En parallĂšle, une demande de rattachement des sites voisins de Naqsh-e Rostam, Naqsh-e Rajab, Ishtakr, et Kuh-e Ramat au classement de PersĂ©polis par l'UNESCO est en cours[36], ce qui pourrait contrarier le tracĂ© actuel du chemin de fer. De plus, PersĂ©polis est rĂ©guliĂšrement victime de vols liĂ©s au trafic d’antiquitĂ©s[37], voire de vandalisme[38]. Le site subit Ă©galement des dĂ©gradations du fait de nĂ©gligences comme Ă  l'occasion de la rĂ©alisation de films[39]. Une extension du musĂ©e est Ă©galement prĂ©vue, dont les modalitĂ©s exactes ne sont pas encore dĂ©finies : le classement du site au patrimoine mondial interdit en effet toute modification[40].

L'art persépolitain

Architecture

Les Perses ne possĂšdent pas Ă  l’origine un bagage architectural propre : en effet, il s’agit initialement d’un peuple semi-nomade de pasteurs et cavaliers[41]. Or, dĂšs sa fondation par Cyrus le Grand, l'Empire perse se dote de constructions monumentales. D'abord inspirĂ©s par les peuples conquis, les architectes achĂ©mĂ©nides intĂšgrent ces influences et proposent rapidement un art original. Si, Ă  Pasargades, le plan gĂ©nĂ©ral montre encore des influences nomadiques avec ses bĂątiments Ă©tirĂ©s, dispersĂ©s dans un immense parc, cinquante ans plus tard celui de PersĂ©polis fait preuve de rationalisation et d'Ă©quilibre : le plan carrĂ© est systĂ©matisĂ©, les colonnes sont strictement arrangĂ©es (6 Ă— 6 m pour l'Apadana, 10 Ă— 10 m dans le palais des Cent Colonnes...), y compris dans la plupart des petites salles du Harem et les annexes des palais. Les transitions des portiques aux cĂŽtĂ©s latĂ©raux sont assurĂ©es par des tours d'angle Ă  l'Apadana, une autre innovation majeure. Les deux grandes portes et les diffĂ©rents passages distribuent la circulation vers les bĂątiments principaux[42].

Ces rĂ©alisations sont des crĂ©ations originales dont le style rĂ©sulte de la combinaison d’élĂ©ments issus des civilisations assujetties. Il ne s’agit pas d’une hybridation, mais plutĂŽt d’une fusion des styles qui en crĂ©e un nouveau. Issue du savoir faire d’architectes et ouvriers de tout l’empire, l’architecture perse est utilitaire, rituelle et emblĂ©matique. PersĂ©polis montre ainsi de nombreux Ă©lĂ©ments attestant de ces sources multiples[43].

  • Corniche de style pharaonique Ă©gyptien
    Corniche de style pharaonique Ă©gyptien
  • Lamassus de style assyrien
    Lamassus de style assyrien

Du fait de l’inclusion de l’Ionie dans les satrapies de l’empire, l’architecture perse achĂ©mĂ©nide est marquĂ©e par une forte influence grecque ionienne, particuliĂšrement visible dans les salles hypostyles et les portiques des palais de PersĂ©polis[44]. L’essor du style ionien en GrĂšce est brisĂ© net aprĂšs l’invasion perse, mais il s’exprime de maniĂšre Ă©clatante en Perse, au moyen de monuments grandioses. Des architectes lydiens et ioniens sont en effet engagĂ©s sur les chantiers de Pasargades, puis plus tard sur ceux de PersĂ©polis et Suse. Ils en rĂ©alisent les principaux Ă©lĂ©ments, et on trouve ainsi des graffitis en grec dans les carriĂšres proches de PersĂ©polis, mentionnant les noms de chefs carriers. Ils jouent un rĂŽle majeur dans l’éclosion du style perse, autant dans l’appareil que dans la maçonnerie. La participation de Grecs Ă  l’érection de colonnes et Ă  l’ornement de palais en Perse est Ă©galement mentionnĂ©e par la charte de Suse, ainsi que par Pline l'Ancien[45] - [46]. Les colonnes de PersĂ©polis sont effectivement de style ionien, avec un fĂ»t cannelĂ© et mince : le diamĂštre est infĂ©rieur au dixiĂšme de la hauteur, aucune colonne de PersĂ©polis n'est large de plus d'1,9 m. Certains chapiteaux portent des griffons inspirĂ©s des griffons de bronze archaĂŻques grecs[43].

Parmi les Ă©lĂ©ments de style pharaonique Ă©gyptien aisĂ©ment reconnaissables, on citera les gorges des corniches surplombant les portes, ainsi que le dĂ©part des chapiteaux[43]. Certains attribuent Ă©galement aux Égyptiens l'apport du portique[42].

L'influence de la MĂ©sopotamie est bien sĂ»r trĂšs prĂ©sente, en particulier dans la formule palatine associant deux palais, l’un pour l’audience publique et l’autre pour l’audience privĂ©e. Cette influence est Ă©galement visible dans les motifs de palmettes ou de rosaces fleuries dĂ©corant reliefs et palais, ou dans les merlons crĂ©nelĂ©s rappelant la forme des ziggourats, ornant les escaliers des palais. Des reliefs Ă©maillĂ©s et polychromes sont d’inspiration babylonienne. Enfin, les orthostates ornĂ©s de bas reliefs de l’Apadana, les hommes-taureaux ailĂ©s des portes sont de style assyrien[43].

PrĂ©sent au Moyen-Orient avant les Perses, le principe d’espaces internes crĂ©Ă©s par des supports et plafonds en bois Ă©volue, la salle hypostyle devient l’élĂ©ment central du palais. L'apport des techniques grecques permet Ă  l'architecture perse d'aboutir Ă  des constructions diffĂ©rentes oĂč l’espace a des fonctions diffĂ©rentes : le dĂ©gagement de vastes espaces au moyen de colonnes hautes et fines constitue une rĂ©volution architecturale propre Ă  la Perse. Les salles hypostyles y sont destinĂ©es aux foules et plus seulement aux prĂȘtres comme en GrĂšce ou en Égypte[47].

Colonne de l'Apadana, par EugĂšne Flandin, 1840.

La plupart des colonnes sont en bois, reposant Ă©ventuellement sur une base de pierre ; elles ont toutes disparu. C'est seulement lorsque la hauteur est trop importante que la pierre est utilisĂ©e comme celles de l'Apadana et de la Porte de toutes les nations. Les colonnes de pierre ayant subsistĂ© sont trĂšs composites et montrent une influence des diffĂ©rentes civilisations de l'empire, ce qui n'est peut-ĂȘtre pas innocent : la base campaniforme est une crĂ©ation achĂ©mĂ©nide mais sans doute d'inspiration hittite ; le fĂ»t cannelĂ© est ionien ; le chapiteau, d'une hauteur dĂ©mesurĂ©e pouvant aller jusqu'au tiers de la colonne commence par un chapiteau de style Ă©gyptien suivi d'un pilier carrĂ© Ă  double volute, une crĂ©ation iranienne inspirĂ©e par des motifs assyriens. Le tout est surmontĂ© d'une imposte thĂ©riomorphe (de forme animale), autre motif importĂ© de MĂ©sopotamie cette fois, mais dont la fonction de soutien de poutres est inĂ©dite. On peut voir dans cette composition un rĂ©sumĂ© de la diversitĂ© de l'empire[42].

Comme tous les palais achĂ©mĂ©nides, ceux de PersĂ©polis avaient systĂ©matiquement des murs en brique crue, ce qui peut paraĂźtre surprenant dans une rĂ©gion oĂč la pierre de construction est disponible en quantitĂ©. C'est en fait une caractĂ©ristique commune Ă  tous les peuples de l'Orient, qui ont rĂ©servĂ© les murs de pierre aux temples et aux murailles. Aucun mur de PersĂ©polis n'a donc survĂ©cu, les Ă©lĂ©ments encore dressĂ©s sont les chambranles des portes et les colonnes de pierre[42].

Bien que sa construction se soit étalée sur deux siÚcles, Persépolis montre une remarquable unité de style caractérisant l'art achéménide : initié à Pasargades, achevé sous Darius à Persépolis, on ne note plus d'évolutions notables tant dans l'architecture que dans les décorations ou les techniques. Seules les derniÚres tombes royales perdent une branche par rapport à celles de Naqsh-e Rostam, sans doute par manque de place mais leurs bas-reliefs sont strictement identiques à celle de Darius[42].

Sculpture

DĂ©tail montrant la signature de l'artiste (Tripylon).

La forme la plus connue et la plus rĂ©pandue de sculpture achĂ©mĂ©nide est le bas-relief, s'exprimant particuliĂšrement Ă  PersĂ©polis. Ils y dĂ©corent systĂ©matiquement les escaliers, les cĂŽtĂ©s des plateformes des palais et l'intĂ©rieur des baies. Les Ɠuvres sont rĂ©alisĂ©es en sĂ©rie, et signĂ©es par le sculpteur. On suppose qu'ils sont Ă©galement utilisĂ©s pour la dĂ©coration des salles hypostyles. On peut y voir des inspirations Ă©gyptienne et assyrienne, voire grecque pour la finesse de l'exĂ©cution, sachant que nombre d'artisans ou d'esclaves provenaient de ces contrĂ©es. On y rencontre la plupart des stĂ©rĂ©otypes des reprĂ©sentations orientales antiques. Ainsi, tous les personnages sont reprĂ©sentĂ©s de profil. Si la perspective est parfois prĂ©sente, les diffĂ©rents plans sont gĂ©nĂ©ralement rendus l'un sous l'autre. Les proportions entre les personnages, les animaux et les arbres ne sont pas respectĂ©es. En outre, le principe d'isocĂ©phalie est strictement appliquĂ©, y compris sur diffĂ©rentes marches d'escalier. Les sujets reprĂ©sentĂ©s composent des dĂ©filĂ©s de reprĂ©sentants des peuples de l'empire, de nobles perses, de gardes, des scĂšnes d'audience, des reprĂ©sentations royales et des figures de combats opposant un hĂ©ros royal Ă  des animaux rĂ©els ou imaginaires. Ces bas-reliefs sont remarquables pour leur qualitĂ© d'exĂ©cution, chaque dĂ©tail y est rendu avec une grande finesse[42].

Statue d'un chien, provenant de la tour sud-est de l'Apadana, Musée national de Téhéran.

On connaßt trÚs peu de sculptures achéménides en ronde-bosse. Celle de Darius, retrouvée à Suse est la plus connue, mais il ne s'agit cependant pas d'un exemple unique. Plutarque mentionne par exemple qu'une grande statue de XerxÚs Ier se trouvait à Persépolis[11].

Cependant, de nombreux Ă©lĂ©ments de dĂ©coration peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme de la ronde-bosse. Elle est surtout utilisĂ©e pour des reprĂ©sentations d'animaux rĂ©els ou mythologiques, frĂ©quemment inclus comme Ă©lĂ©ments architecturaux dans les portes et les chapiteaux. Ce sont essentiellement des taureaux qui sont reprĂ©sentĂ©s comme gardiens des portes, ainsi qu'au portique du Palais des Cent Colonnes. Les chapiteaux de colonne se terminent par des impostes de protomĂ©s animaliers : taureaux, lion, griffons, etc. Les animaux sont trĂšs stylisĂ©s, sans aucune variation[42]. Quelques statues entiĂšrement en ronde-bosse ont Ă©galement Ă©tĂ© retrouvĂ©es, comme celle reprĂ©sentant un chien qui dĂ©corait une tour d'angle de l'Apadana.

Polychromie

Grumeaux de boue pigmentée provenant des murs, Musée de Persépolis.

L’utilisation de couleurs a souvent Ă©tĂ© mĂ©sestimĂ©e du fait des nombreuses altĂ©rations que subissent les pigments au cours du temps. IntempĂ©ries, fragilitĂ© des enduits, ou pĂ©rissabilitĂ© des pigments organiques en sont les raisons principales. D’autres dĂ©gradations peuvent Ă©galement survenir du fait de manipulations, de traitements de conservation et de rĂ©novation des piĂšces. Nettoyages, applications de vernis, d’enduits protecteurs, voire retouches colorĂ©es ont Ă©tĂ© ainsi mis en cause dans l’apparition de fausses teintes ou la dĂ©gradation d’objets. Ces manipulations, comme la mise en Ă©vidence de composants artificiels de peintures modernes sur certaines piĂšces, poussent les scientifiques Ă  examiner avec prudence et minutie toute dĂ©couverte de traces colorĂ©es sur des sculptures et objets achĂ©mĂ©nides[48].

La mise en Ă©vidence de multiples couleurs sur de nombreuses piĂšces issues de la plupart des palais et bĂątiments persĂ©politains atteste la richesse et l’omniprĂ©sence de peintures polychromes Ă  PersĂ©polis. Il ne s’agit pas seulement de preuves reposant sur des traces pigmentaires persistant sur des objets, mais de preuves consistantes comme des agglomĂ©rats de peintures formant des grumeaux, de couleurs ayant pris en masse dans des bols retrouvĂ©s en de multiples endroits du site[48].

Carreau émaillé azur, Musée de Persépolis.

De telles couleurs Ă©taient utilisĂ©es non seulement sur les Ă©lĂ©ments architecturaux (murs, reliefs, colonnes, portes, sols, escaliers, statues), mais aussi sur les tissus et autres dĂ©corations. Briques vernissĂ©es, revĂȘtement de sols en chaux colorĂ©e Ă  l’ocre rouge ou gypseux vert-gris, colonnes peintes et autres tentures paraient ainsi de multiples couleurs les intĂ©rieurs et extĂ©rieurs des palais. Des traces de couleur rouge ont Ă©galement Ă©tĂ© retrouvĂ©es sur la statue de Darius conservĂ©e au musĂ©e national d’Iran Ă  TĂ©hĂ©ran[49] - [48].

La grande palette des couleurs retrouvĂ©es donne en effet une idĂ©e de la richesse polychromique prĂ©sente Ă  l’origine : noir (asphalte), rouge (verre rouge opaque, vermillon, hĂ©matite de l’ocre rouge), vert, bleu Ă©gyptien, blanc, jaune (ocre ou dorĂ©). L’utilisation de pigments vĂ©gĂ©taux est Ă©voquĂ©e, mais n’est pas Ă  ce jour dĂ©montrĂ©e[48].

Il peut nĂ©anmoins ĂȘtre difficile de reconstituer prĂ©cisĂ©ment la vĂ©ritable palette de couleurs prĂ©sente en un lieu prĂ©cis, plusieurs reliefs ou palais ayant Ă©tĂ© reconstruits ou restaurĂ©s en utilisant des piĂšces ou des fragments rĂ©assemblĂ©s provenant en fait de plusieurs endroits. L’examen des diffĂ©rences entre certains reliefs et leur dessins antĂ©rieurs par Flandin, a permis par exemple de mettre en Ă©vidence des erreurs de restaurations portant sur un sphinx[48].

Complexe palatin

Terrasse

Plan de Persépolis.

Le complexe palatin de PersĂ©polis repose sur une terrasse de 450 m sur 300, et 14 m de haut, qui prĂ©sente quatre niveaux de m. L’entrĂ©e dĂ©bouche sur le niveau rĂ©servĂ© aux dĂ©lĂ©gations. Les quartiers des nobles sont sur un niveau supĂ©rieur. Les quartiers rĂ©servĂ©s au service et Ă  l’administration sont situĂ©s sur le plus bas niveau. Les quartiers royaux sont sur le plus haut niveau, visibles par tous. Le calcaire gris est la pierre la plus utilisĂ©e pour la construction. L'organisation des constructions suit un plan rigoureusement orthogonal suivant une organisation hipoddamienne[50] - [51].

Le cĂŽtĂ© est de la terrasse est formĂ© par le Kuh-e Rahmat, dans la paroi duquel sont creusĂ©es les sĂ©pultures royales qui surplombent le site. Les trois autres cĂŽtĂ©s sont formĂ©s par un mur de soutĂšnement dont la hauteur au sol varie de 5 Ă  14 m. Le mur est composĂ© d’énormes pierres taillĂ©es, ajustĂ©es sans mortier et fixĂ©es au moyen de chevilles mĂ©talliques. La façade ouest constitue le front du complexe et prĂ©sente l’accĂšs principal Ă  la Terrasse sous la forme d’un escalier monumental[52].

Le nivellement du sol rocheux est assurĂ© par le comblement des dĂ©pressions avec de la terre et des pierres. Le terrassement final est rĂ©alisĂ© au moyen de lourdes pierres Ă©galement fixĂ©es entre elles par des chevilles mĂ©talliques. Au cours de cette premiĂšre phase prĂ©paratoire, le rĂ©seau de drainage et d’adduction d’eau est mis en place, parfois taillĂ© Ă  mĂȘme le roc[15]. Les blocs ont Ă©tĂ© dĂ©coupĂ©s et formatĂ©s Ă  l’aide de burins et de barres Ă  mine, permettant la fragmentation des pierres en surfaces planes. Le levage et le positionnement des pierres ont Ă©tĂ© assurĂ©s au moyen de madriers[53].

Sur la façade sud, des inscriptions trilingues cunéiformes ont été retrouvées. Le texte, rédigé en élamite, se rapproche d'une inscription des palais de Suse, et proclame :

« Moi, Darius le Grand Roi, roi des rois, roi des pays, roi sur cette terre, fils d'Hystapes, l'Achéménide. »
Et Darius le roi dit : « en cet emplacement oĂč cette forteresse-ci a Ă©tĂ© construite, lĂ  ou auparavant aucune forteresse n'avait Ă©tĂ© construite. Par la grĂące d'Ahuramazda, cette forteresse-ci, moi je l'ai construite ainsi qu'en Ă©tait le dessein d'Ahuramazda, tous les dieux (Ă©tant) avec lui, (Ă  savoir) que cette forteresse fĂ»t construite. Et je l'ai construite, parachevĂ©e et rendue belle et rĂ©sistante, ainsi que cela m'avait Ă©tĂ© prescrit ».
Et Darius le roi dit : « Moi, qu'Ahuramazda me protÚge, tous les dieux (étant) avec lui, et aussi cette forteresse-ci, et encore ce qui a été aménagé pour cet emplacement. Ce que pensera l'homme qui est hostile, que cela ne soit pas reconnu ! »[3]
Alvéole de pivot pour gond de porte.

Ces inscriptions pourraient correspondre Ă  l’emplacement de l'entrĂ©e initiale du complexe, avant la construction de l’escalier monumental et l’ajout de la Porte de toutes les nations[54].

La configuration de la Terrasse suggĂšre que sa conception a Ă©galement pris en compte des impĂ©ratifs de dĂ©fense du site en cas d’attaque. Un mur et des tours en constituaient le pĂ©rimĂštre, doublĂ© Ă  l'est par un rempart fortifiĂ© et des tours. L’angulation des murs est en effet rĂ©alisĂ©e de façon Ă  ouvrir un champ de vision maximal aux dĂ©fenseurs vers l'extĂ©rieur[55].

La Terrasse supporte un nombre impressionnant de constructions colossales, rĂ©alisĂ©es en calcaire gris provenant de la montagne adjacente. Ces constructions se distinguent par l’utilisation importante de colonnades et de piliers, dont un bon nombre est restĂ© debout. Les espaces hypostyles sont constants, quelles que soient leurs dimensions. Ils associent des salles comptant 99, 100, 32, ou 16 colonnes suivant des arrangements variables (20×5 pour une salle du TrĂ©sor, 10×10 pour le Palais des Cent-Colonnes). Certaines de ces constructions n’ont pas Ă©tĂ© achevĂ©es. Des matĂ©riaux et dĂ©chets utilisĂ©s par des ouvriers ont mĂȘme Ă©tĂ© retrouvĂ©s, n’ayant pas Ă©tĂ© nettoyĂ©s[27]. Des fragments de rĂ©cipients ayant servi Ă  stocker de la peinture ont Ă©tĂ© ainsi mis au jour par hasard en 2005 Ă  proximitĂ© de l’Apadana. Ils confirment les indices dĂ©jĂ  connus attestant de l’utilisation de peintures pour la dĂ©coration des palais[56] - [57].

Escalier principal (ou escalier de Persépolis)

Escalier principal.

L’accĂšs Ă  la Terrasse se fait par la façade ouest au moyen d’un escalier monumental symĂ©trique Ă  deux volĂ©es divergentes puis convergentes. AjoutĂ© par XerxĂšs, cet accĂšs remplace l'accĂšs initial qui se faisait par le sud de la terrasse. L'escalier devient alors la seule entrĂ©e importante. Des accĂšs secondaires ont pu exister notamment sur le versant est dont la hauteur est moindre en raison de la dĂ©clivitĂ© du sol. Il est construit avec des blocs massifs de pierre taillĂ©s et chevillĂ©s. Chaque volĂ©e comporte 111 marches, larges de 6,9 m, profondes de 31 cm, et prĂ©sentant une dĂ©clivitĂ© de 10 cm. La faible cĂŽte rĂ©alisĂ©e autorise ainsi l’accĂšs aux cavaliers et chevaux. Certaines pierres permettent Ă  elles seules la taille de cinq marches. L’escalier Ă©tait fermĂ© en haut par des portes de bois dont les charniĂšres pivotaient dans des alvĂ©oles taillĂ©es dans le sol. Il dĂ©bouche sur une petite cour ouvrant sur la porte de toutes les nations[50].

Une autre explication à la faible déclivité est le fait que les visiteurs reçus étaient souvent de hauts dignitaires ùgés, et qu'ainsi l'accÚs leur était plus facile. De plus cela leur permettait de monter les marches sans avoir à se pencher en avant, et ainsi de garder une posture digne.

Porte de toutes les nations

  • Taureaux de la Porte des nations (accĂšs ouest)
    Taureaux de la Porte des nations (accĂšs ouest)
  • Porte des nations (vue ouest)
    Porte des nations (vue ouest)
  • Lamassus de la Porte des nations (accĂšs est)
    Lamassus de la Porte des nations (accĂšs est)

La Porte de toutes les nations, ou Porte de XerxÚs, a été construite par XerxÚs Ier, fils de Darius le Grand. La date présumée de sa construction est [58].

Son entrĂ©e ouest est gardĂ©e par deux taureaux colossaux qui en composent les montants et mesurent 5,5 m de haut, d’inspiration assyrienne. Elle donne sur un hall central de 24,7 m2. Des bancs de marbre longent les murs du hall qui Ă©tait couvert Ă  l’origine. Son toit Ă©tait supportĂ© par quatre colonnes de 18,3 m de haut, symbolisant des palmiers, et dont les sommets sculptĂ©s reprĂ©sentent des feuilles de palme stylisĂ©es[59]. À l’entrĂ©e ouest s’ajoutent deux sorties : une vers le sud ouvrant sur la cour de l’Apadana, et une vers l’est ouvrant sur l’AllĂ©e des processions. Cette derniĂšre est gardĂ©e par une paire de statues colossales reprĂ©sentant des hommes-taureaux ailĂ©s, ou lammasus[60]. Ces figures protectrices sont aussi prĂ©sentes sur des chapiteaux de colonnes du Tripylon. On en observe Ă©galement des restes de pieds Ă  la base de montants de la Porte inachevĂ©e[61]. Chaque entrĂ©e de la Porte de toutes les nations Ă©tait fermĂ©e par une porte de bois Ă  deux battants dont les charniĂšres pivotaient dans des alvĂ©oles taillĂ©es dans le sol. Les portes Ă©taient ornĂ©es de mĂ©taux prĂ©cieux[62].

Porte des Nations : inscription royale cunéiforme de XerxÚs.

Une inscription cunĂ©iforme est gravĂ©e au-dessus des taureaux de la façade ouest dans les trois langues majeures de l’empire (vieux-persan, babylonien, et Ă©lamite) :

« Ahuramazda est le grand dieu, qui a crĂ©Ă© cette terre ici, qui a crĂ©Ă© ce ciel lĂ -bas, qui a crĂ©Ă© l’homme, qui a crĂ©Ă© le bonheur pour l’homme, qui a fait XerxĂšs roi, unique roi de nombreux, unique souverain de nombreux.

Je suis XerxĂšs, le grand roi, le roi des rois, le roi des peuples aux nombreuses origines, le roi de cette terre grande au loin, le fils du roi Darius l’AchĂ©mĂ©nide.

Le roi XerxĂšs dĂ©clare : « GrĂące Ă  Ahuramazda, j’ai fait ce Portique de tous les peuples ; il y a encore beaucoup de bon qui a Ă©tĂ© fait dans cette Perse, que moi j'ai fait et que mon pĂšre a fait. Tout ce qui a Ă©tĂ© fait en outre, qui paraĂźt bon, tout cela nous l'avons fait grĂące Ă  Ahuramazda. »

Le roi XerxĂšs dĂ©clare : « Qu’Ahuramazda me protĂšge, ainsi que mon royaume, et ce que j'ai fait, et ce que mon pĂšre a fait, qu'Ahuramazda protĂšge cela aussi. »[63] »

Cette inscription laisse donc penser que la Porte de toutes les nations a Ă©tĂ© nommĂ©e ainsi par XerxĂšs en rĂ©fĂ©rence aux multiples peuples et royaumes composant l’empire achĂ©mĂ©nide[59]. Cette inscription est Ă©galement retrouvĂ©e au-dessus des lammasus[64].

Allée des processions et Porte inachevée

Longeant d’ouest en est la partie nord de la Terrasse, l’allĂ©e des processions mĂšne de la Porte de toutes les nations Ă  une construction similaire : La Porte inachevĂ©e (aussi appelĂ©e le Palais inachevĂ©), appelĂ©e ainsi car sa construction tardive n'Ă©tait pas terminĂ©e lors de la destruction du site par Alexandre. Cette porte se trouve donc Ă  l’angle nord-est de la Terrasse, et compte quatre colonnes. Elle dĂ©bouche sur une cour qui ouvre sur le Palais des Cent-Colonnes. Un double mur bordait l’allĂ©e sur ses deux cĂŽtĂ©s, protĂ©geant l’Apadana et les palais privĂ©s des regards. Des salles de garde et des rĂ©serves s'y trouvaient dans des appendices. Seules les parties basses de ces murs subsistent Ă  ce jour, mais certains pensent qu’ils atteignaient la hauteur des statues de lamassus. Dans une alcĂŽve sur un cĂŽtĂ© de l’allĂ©e, on peut observer deux tĂȘtes de griffons partiellement restaurĂ©es qui semblent n’avoir jamais Ă©tĂ© montĂ©es sur des colonnes. Elles peuvent avoir Ă©tĂ© destinĂ©es Ă  une construction ultĂ©rieure[65].

  • AllĂ©e des processions (vue est)
    Allée des processions (vue est)
  • Chapiteau de colonne Ă  protomĂ©s de griffons (allĂ©e des processions)
    Chapiteau de colonne à protomés de griffons (allée des processions)
  • Porte inachevĂ©e (vue sud)
    Porte inachevée (vue sud)

Apadana (ou salle d’audience de Darius)

Détail dŽun relief de la délégation lydienne (Apadana, escalier est).

L’Apadana a Ă©tĂ© construit par Darius le Grand. La date du dĂ©but de son Ă©rection serait , selon deux tablettes d’or et d’argent retrouvĂ©es dans des coffres de pierre insĂ©rĂ©s dans les fondations. Darius y a fait graver son nom et le dĂ©tail de son empire. La construction aurait durĂ© longtemps et aurait Ă©tĂ© achevĂ©e sous XerxĂšs Ier[66]. L’Apadana est avec le Palais des Cent-Colonnes, la plus grande et la plus complexe des constructions monumentales de PersĂ©polis. Il se trouve au centre de la partie ouest de la Terrasse. PlacĂ© sur un haut niveau, il est accessible par deux escaliers monumentaux en double rampes symĂ©triques et parallĂšles, qui flanquent le soubassement des cĂŽtĂ©s nord et est[67].

Palais

Le palais a un plan carrĂ© de 60,5 m de cĂŽtĂ©. Il comporte 72 colonnes dont 13 sont encore debout. Mesurant prĂšs de 20 m de haut, les colonnes ont probablement Ă©tĂ© Ă©rigĂ©es au moyen de rampes de terre permettant d’amener, puis de positionner les pierres Ă  hauteur voulue. Les rampes sont probablement Ă©levĂ©es au fur et Ă  mesure de l’avancement des colonnes, puis la terre est Ă©vacuĂ©e[68]. TĂ©moignant de l'influence ionienne, les colonnes de l'Apadana prĂ©sentent le mĂȘme diamĂštre et une hauteur proche de celles du temple d’HĂ©ra Ă  Samos, en outre, elles prĂ©sentent des cannelures similaires[69].

  • Colonnes ioniennes et Ă©lĂ©ments de colonnes (Apadana)
    Colonnes ioniennes et éléments de colonnes (Apadana)
  • Chapiteau de colonne Ă  protomĂ© de taureau (Apadana)
    Chapiteau de colonne à protomé de taureau (Apadana)
  • ÉlĂ©ments en marbre gris, remontĂ©s d'une colonne de l'Apadana. MusĂ©e national d’Iran, TĂ©hĂ©ran
    ÉlĂ©ments en marbre gris, remontĂ©s d'une colonne de l'Apadana. MusĂ©e national d’Iran, TĂ©hĂ©ran

Les plans initiaux du palais sont plus simples : l’escalier de PersĂ©polis et la Porte de toutes les nations ayant Ă©tĂ© ultĂ©rieurement construits, un accĂšs au palais par le nord devient nĂ©cessaire. Cela explique l’ajout d'un escalier sur le flanc nord du soubassement. La partie centrale, une grande salle hypostyle de forme carrĂ©e, comporte 36 colonnes ordonnĂ©es en six rangĂ©es. Elle est entourĂ©e Ă  l’ouest, au nord, et Ă  l’est, par trois portiques rectangulaires portĂ©s chacun par douze colonnes ordonnĂ©es en deux rangĂ©es. La partie sud consiste en une sĂ©rie de petites salles, et s’ouvre sur le palais de Darius, le Tachara. Les coins Ă©taient occupĂ©s par quatre tours. Ces Ă©lĂ©ments angulaires assuraient le contreventement efficace des espaces aĂ©riens du palais[70] - [71] - [72].

Le palais de Darius le grand à Persépolis. Photo .

Le plafond Ă©tait soutenu par des poutres reposant sur des protomĂ©s de taureaux et de lions. OpposĂ©s, les protomĂ©s forment une selle sur laquelle une poutre principale Ă©tait posĂ©e. Les deux tĂȘtes faisant ainsi protrusion latĂ©ralement sur environ un mĂštre. Des poutres transversales Ă©taient Ă©galement posĂ©es directement sur les tĂȘtes, stabilisĂ©es par les oreilles ou les cornes de l’animal sculptĂ©. Ces Ă©lĂ©ments des animaux sont fixĂ©s par des gougeons de fer et assujettis au plomb. Les poutres transversales joignaient les colonnes des rangĂ©es voisines, les espaces restant Ă©taient alors couverts par des poutres secondaires. L’ensemble Ă©tait calfatĂ© et recouvert par une couche de mortier de boue sĂ©chĂ©e. Les poutres Ă©taient en chĂȘne, en Ă©bĂšne, et en cĂšdre du Liban[73] - [70]. L’utilisation de toitures lĂ©gĂšres en cĂšdre s'ajoutant aux techniques des colonnades ioniennes permettent la libĂ©ration d'un espace important : l’entre-axe des rangĂ©es de colonnes de l’Apadana est de 8,9 m, pour un rapport entre diamĂštre des colonnes et distance entre les fĂ»ts de seulement 1 pour 3,6. En comparaison, celui de la salle hypostyle du temple de Karnak est de 1 pour 1,2. La stylisation du pelage montre une volontĂ© de s’affranchir du rĂ©alisme pour des animaux emblĂ©matiques[70].

L’ensemble Ă©tait richement peint comme l'attestent les multiples traces de pigments retrouvĂ©es sur les bases de certaines colonnes, les murs et les bas-reliefs des escaliers. L’intĂ©rieur de la gorge d’un lion sculptĂ© porte encore des traces distinctes de couleur rouge. Couverts d’une couche de stuc dont on a retrouvĂ© des fragments, les murs Ă©taient Ă©galement ornĂ©s de tentures brodĂ©es d’or, carrelĂ©s de cĂ©ramiques, et dĂ©corĂ©s de peintures reprĂ©sentant des lions, taureaux, fleurs et plantes. Les portes de bois et les poutres portaient Ă©galement des plaques d’or, des inclusions d’ivoire et de mĂ©taux prĂ©cieux. Les ornements des chapiteaux de colonnes diffĂšrent selon leur position : taureaux pour les colonnes du hall central et du portique nord, autres figures animales pour les portiques est et ouest[74] - [75].

  • Chapiteau de colonne Ă  protomĂ© de lion (Apadana)
    Chapiteau de colonne à protomé de lion (Apadana)
  • Toit de l’Apadana, par Charles Chipiez (1884)
    Toit de l’Apadana, par Charles Chipiez (1884)
  • Reconstruction de l'Apadana, par Charles Chipiez (1884)
    Reconstruction de l'Apadana, par Charles Chipiez (1884)
  • TĂȘte de lion et base campaniforme de colonne (Apadana)
    TĂȘte de lion et base campaniforme de colonne (Apadana)

Selon l'archĂ©ologue David Stronach, la configuration d’un palais comme l’Apadana rĂ©pond Ă  deux fonctions principales. Ses dimensions autorise la rĂ©ception de 10 000 personnes, ce qui assure une audience importante au roi. D’autre part, sa surĂ©lĂ©vation permet au roi d’observer cĂ©rĂ©monies et parades se tenant dans la plaine[75]. Des fouilles rĂ©alisĂ©es Ă  Suse, dans un palais Ă©galement rĂ©alisĂ© pour Darius Ier, ont mis au jour une dalle dans l’Apadana, situĂ©e dans l’axe du palais en regard du mur sud. La comparaison montrant que les deux palais ont des conceptions voisines, l’existence d’un trĂŽne fixĂ© au sol de l’Apadana de PersĂ©polis est probable. De plus, deux passages proches permettaient au roi de se retirer dans les appartements et quartiers royaux adjacents[76] - [77].

Quand Alexandre le Grand a incendiĂ© PersĂ©polis, le toit de l’Apadana s’est Ă©croulĂ© vers l’est, protĂ©geant les reliefs de cette partie de l’usure pendant prĂšs de 2 100 ans. Une tĂȘte de lion massive a Ă©tĂ© retrouvĂ©e dans une fosse proche du mur sĂ©parant l’Apadana du Palais des Cent-Colonnes. Elle semble avoir eu pour fonction de soutenir une poutre principale du toit. Sa prĂ©sence dans une fosse situĂ©e sous le niveau du sol est cependant inexpliquĂ©e. Une rĂ©plique du portique de l’Apadana se trouve au musĂ©e du site et donne une idĂ©e de la magnificence du palais[78].

Escalier est

  • SchĂ©ma de l’escalier est de l’Apadana
    SchĂ©ma de l’escalier est de l’Apadana
  • Panneau central et ses triangles (Apadana, escalier est)
    Panneau central et ses triangles (Apadana, escalier est)
  • CrĂȘte ornĂ©e de merlons crĂ©nelĂ©s (Apadana, escalier est)
    CrĂȘte ornĂ©e de merlons crĂ©nelĂ©s (Apadana, escalier est)

Recouvert par les dĂ©bris du toit incendiĂ© de l'Apadana, l’escalier est a Ă©tĂ© remarquablement prĂ©servĂ©. Il se divise en trois panneaux (nord, central, et sud) et en triangles sous les marches. Le panneau nord montre la rĂ©ception de Perses et de MĂšdes. Le panneau sud montre la rĂ©ception de personnages provenant des nations assujetties. L’escalier comporte de multiples symboles de fertilitĂ© : germes et fleurs de grenade, rangs sĂ©parĂ©s par des fleurs Ă  douze pĂ©tales, ou arbres et graines dĂ©corant les triangles[79]. Les arbres, pins et palmettes, symbolisent les jardins du palais[80]. Les panneaux portent des inscriptions indiquant que Darius a construit le palais, que XerxĂšs l’a complĂ©tĂ© et a demandĂ© Ă  Ahuramazda de protĂ©ger le pays de la famine, de la fĂ©lonie, et des tremblements de terre[81]. Les personnages des reliefs observent un port altier. Les caractĂšres ethniques sont mĂ©ticuleusement reportĂ©s, et les dĂ©tails sont ouvragĂ©s avec finesse : pelages, barbes, cheveux sont ainsi reprĂ©sentĂ©s en petites bouclettes, vĂȘtements et animaux sont caractĂ©risĂ©s avec minutie. L’examen de scĂšnes non finies plaide pour une organisation postĂ©e du travail, faisant appel Ă  une spĂ©cialisation de l’ouvrier (visages, coiffures, parures)[82]. Les artistes et ouvriers qui ont participĂ© Ă  la construction ne disposaient d’aucune libertĂ© de crĂ©ation : ils devaient suivre de façon rigoureuse les orientations fournies par les conseillers du roi. La rĂ©alisation des Ɠuvres suit en effet un programme qui ne laisse aucune part Ă  l’improvisation[83]. Initialement polychromes, les frises rĂ©pondaient aux impĂ©ratifs fixĂ©s par le souverain : mise en valeur de l’ordre et de la rigueur. Ces caractĂšres entraĂźnent un statisme des reprĂ©sentations faisant penser aux orthostates des palais assyriens. La distribution par registres en rangs dĂ©finis, la raideur des sujets Ă©voquent l’influence du style ionien sĂ©vĂšre[82].

Triangles et panneau central.

Les triangles sont occupĂ©s par des reliefs symbolisant le nouvel an : un lion dĂ©vorant un taureau. L’équinoxe de printemps montre un ciel oĂč la constellation du Lion est au zĂ©nith, tandis que celle du Taureau disparaĂźt Ă  l’horizon sud. Norouz marque donc le dĂ©but de l’activitĂ© agricole aprĂšs l’hiver. La signification du panneau central est religieuse. Il montre Ahuramazda gardĂ© par deux griffons Ă  tĂȘtes humaines, surplombant quatre gardes perses et mĂšdes. Les Perses tiennent de la main gauche un bouclier rond typique, les sagaies sont tenues de la main droite[81]. Comme sur les autres reliefs du site, les gardes perses sont vĂȘtus d’une longue robe drapĂ©e, et portent des coiffes cannelĂ©es. Les MĂšdes portent des manteaux courts et des pantalons, et sont coiffĂ©s de bonnets ronds ou plissĂ©s, avec parfois une queue[84].

Panneau nord.

Le panneau nord est divisĂ© en trois registres et montre la rĂ©ception du nouvel an sous la forme d’une parade[85]. Du centre vers l’extrĂ©mitĂ© nord, le registre supĂ©rieur montre des immortels suivis par une procession royale. Les immortels portent un bonnet, et sont Ă©quipĂ©s de lances et de carquois lestĂ©s par des pommeaux reposant sur leurs pieds. La procession royale se dĂ©compose en un officiel mĂšde prĂ©cĂ©dant les valets puis les porteurs de chaise royale. La chaise royale est portĂ©e au moyen de sangles harnachĂ©es Ă  l’épaule, soutenant deux bambous passĂ©s au travers de la chaise. La chaise elle-mĂȘme est composĂ©e d’un cadre de bois sculptĂ©, dont les pieds ont des formes de pattes animales. Un valet porte l'escabeau utilisĂ© par le roi qui ne saurait toucher la terre. Ses jambes abĂźmĂ©es portent les traces d’une rĂ©paration fixĂ©e par des clamps de fer. La procession se poursuit par le responsable mĂšde des Ă©curies royales, Ă  la tĂȘte des chevaux du roi, chacun dirigĂ© par un page. Les chevaux sont finement ouvragĂ©s laissant voir le dĂ©tail des mors. Le cortĂšge est fermĂ© par deux chariots menĂ©s par un Ă©lamite. Les chevaux de trait sont plus petits et plus fins que les prĂ©cĂ©dents, donc d’une autre race. Ils tirent deux chariots dont les roues ont douze rayons (symbolisant les douze mois de l’annĂ©e) et dont les essieux sont sculptĂ©s. Le premier chariot diffĂšre de l’autre : des lions sculptĂ©s sur la caisse semblent indiquer qu’il s’agit d’un attelage de chasse ou de guerre[86]. Les registres infĂ©rieur et moyen montrent Ă©galement des immortels suivis par des nobles perses (coiffes crĂ©nelĂ©es ou Ă  plumes) et mĂšdes (coiffe arrondies avec une petite queue) alternĂ©s. Certains portent des bagages, d’autres des germes et des fleurs de grenadiers. Des diffĂ©rences subtiles dans leurs vĂȘtements et bijoux suggĂšrent des fonctions ou des statuts diffĂ©rents. Les nobles sont reprĂ©sentĂ©s discutant et souriants. Leur attitude est dĂ©tendue et non cĂ©rĂ©monieuse. Ils se tiennent parfois par la main, se tournent l'un vers autre, ou posent la main sur l'Ă©paule du prĂ©cĂ©dent dans des attitudes bienveillantes symbolisant leur unitĂ©[86] - [87]. Les immortels du registre infĂ©rieur sont perses ; armĂ©s de lance, arcs et carquois, chacun scande une marche de l'escalier dans une reprĂ©sentation d'ascension. Ceux du registre moyen portent un bonnet et sont seulement armĂ©s de lances[88].

  • Les 3 registres du Panneau nord (Apadana, escalier est)
    Les 3 registres du Panneau nord (Apadana, escalier est)
  • Porteurs de chaise royale (rĂ©paration d'Ă©poque Ă  l'aide d'agraffes mĂ©talliques) (Apadana, escalier est)
    Porteurs de chaise royale (réparation d'époque à l'aide d'agraffes métalliques) (Apadana, escalier est)
  • Triangle (Apadana, escalier est)
    Triangle (Apadana, escalier est)
Panneau sud.

C’est un panneau remarquable car il reprĂ©sente l’arrivĂ©e des dĂ©lĂ©gations provenant de vingt-trois nations assujetties, alternativement conduites par des guides perses et mĂšdes. Chaque dĂ©lĂ©gation est sĂ©parĂ©e par des pins, le guide mĂšne le dĂ©lĂ©guĂ© de tĂȘte par la main. La qualitĂ© de la finition diffĂšre pour chaque ouvrage : tous les reliefs n’ont pas Ă©tĂ© polis, et leur dĂ©tail est variable. Ce dĂ©filĂ© prĂ©sente prĂšs de 250 personnages, quarante animaux, et des chars. Hauts de 90 cm, les registres ont une longueur totale bout Ă  bout de 145 m[89] - [90]. Pour Dutz, les symboles de PersĂ©polis sont lourds de sens, et leur organisation ne relĂšve pas du hasard. L’agencement des reprĂ©sentations pourrait donc correspondre Ă  un ordre protocolaire, sans que l’on puisse savoir si un tel ordre suit une sĂ©quence dĂ©terminĂ©e par les rangĂ©es horizontales ou verticales (voir schĂ©ma). Dans tous les cas, il apparaĂźtrait clairement que les MĂšdes sont les premiers, et les Éthiopiens les derniers. De plus, aucun des arrangements ne suit la liste sĂ©quentielle des satrapies donnĂ©es par l’inscription du roi. L’agencement des dĂ©lĂ©gations ne semble pas non plus suivre l’ordre d’incorporation des diffĂ©rentes satrapies dans l’empire. En revanche, il pourrait ĂȘtre fonction du temps de voyage les sĂ©parant de PersĂ©polis[89]. Ce raisonnement s’appuie sur les Ă©crits d’HĂ©rodote : « de toutes les nations, les Perses honorent en premier celles qui leur sont le plus proche, en second celles qui sont plus distantes, et portent le moins d’estime pour les plus lointaines »[91]. On sait par les tablettes du TrĂ©sor que les offrandes portĂ©es par les dĂ©lĂ©gations ne correspondent pas Ă  un impĂŽt. Elles correspondent donc Ă  des cadeaux destinĂ©s au roi ou Ă  un usage cĂ©rĂ©monial[92]. En l’absence d’inscription, l’identification des dĂ©lĂ©gations reste toujours un problĂšme car elle se fonde surtout sur les costumes, et offrandes. MalgrĂ© les rapprochements avec d’autres reprĂ©sentations, il subsiste de nombreuses incertitudes. En effet, la prĂ©sence, l'exclusion, l'ordre de citation ou de prĂ©sentation, voire la dĂ©nomination de chaque peuple de l'empire est trĂšs variable tant dans les sculptures que dans les inscriptions royales. Ces derniĂšres ne constituent pas un inventaire administratif rĂ©alisĂ© pour la postĂ©ritĂ©, mais correspondent plutĂŽt Ă  la vision idĂ©elle de l'empire dont le roi souhaite laisser la trace[93].

  • DĂ©lĂ©gations de nations assujetties (Apadana, escalier est)
    Délégations de nations assujetties (Apadana, escalier est)
  • DĂ©lĂ©gation des Ciliciens (Apadana, escalier est)
    Délégation des Ciliciens (Apadana, escalier est)
  • DĂ©tail de la dĂ©lĂ©gation Lydienne (Apadana, escalier est)
    Détail de la délégation Lydienne (Apadana, escalier est)
Reconstitution des dĂ©lĂ©gations d’aprĂšs Dutz[94], Stierlin[95], et Briant[96]:
  • 1 MĂšdes : conduite par un Perse, cette dĂ©lĂ©gation est la plus importante. Les sujets apportent des vĂȘtements, des bracelets ou des torques, un glaive, des pots et un vase. Il s’agit probablement d’autres tribus mĂšdes que celles qui servent l’empire depuis sa fondation, ce qui expliquerait le statut d’assujettis. Au dĂ©but de l’empire, de telles tribus Ă©taient restĂ©es fidĂšles Ă  Astyage, les autres ayant rejoint Cyrus.
  • 2 Élamites : l’Élam est perse depuis la fondation de l’empire par Cyrus le Grand. La dĂ©lĂ©gation conduite par un MĂšde offre une lionne et deux lionceaux, ainsi que des glaives et des arcs.
  • 3 ArmĂ©niens : cette dĂ©lĂ©gation porte un vase Ă  deux anses finement ouvragĂ©, et un cheval.
  • 4 Arachosiens (ou Aryens) : les pantalons sont encore portĂ©s au Baloutchistan. Un des sujets est vĂȘtu d’une peau de fĂ©lin. Les offrandes consistent en un chameau et des pots.
  • 5 Babyloniens : cette dĂ©lĂ©gation offre un taureau, des bols, et une tenture identique Ă  celles de reprĂ©sentations dans le palais des Cent-Colonnes, le TrĂ©sor ou le Tripylon.
  • 6 Assyriens et PhĂ©niciens (ou Lydiens) : ce relief est trĂšs dĂ©taillĂ©. Les offrandes consistent en des vases et coupes ouvragĂ©s (vases Ă  gros goderons, de bronze ou d'argent, Ă  doubles anses figurant des taureaux ailĂ©s), des bijoux (bracelets Ă  fermoir ornĂ©s de griffons ailĂ©s), et un char attelĂ© avec des chevaux de petite taille. VĂȘtements et coiffures des sujets sont trĂšs ouvragĂ©s, on distingue mĂȘme des papillotes toujours portĂ©es par les juifs orthodoxes. L’identitĂ© vestimentaire entretient une controverse entre les origines de ces dĂ©lĂ©gations.
  • 7 Aryens (ou Arachosiens) : les sujets de cette satrapie correspondant aux rĂ©gions d’Herat et de Mashhad sont pratiquement indiffĂ©rentiables des Arachosiens. Les offrandes consistent en un chameau et des vases.
  • 8 Ciliciens ou Assyriens : provenant du sud de l’Asie Mineure, cette dĂ©lĂ©gation offre deux bĂ©liers, des peaux, un vĂȘtement, des coupes et des vases. Cette reprĂ©sentation est minutieusement ouvragĂ©e, et laisse apparaĂźtre le dĂ©tail des vĂȘtements (lacets, ceintures, coiffes).
  • 9 Cappadociens : caractĂ©risĂ©s par l’attache de leur cape au-dessus de l’épaule, ils appartiennent au mĂȘme groupe que les ArmĂ©niens, MĂšdes, et Sagartiens. Ils font prĂ©sent d’un cheval et de vĂȘtements.
  • 10 Égyptiens : le haut du relief reprĂ©sentant cette dĂ©lĂ©gation a Ă©tĂ© sĂ©vĂšrement endommagĂ© par la destruction de l’Apadana. Les parties infĂ©rieures subsistantes suffisent nĂ©anmoins Ă  identifier l’origine des sujets grĂące aux caractĂ©ristiques de leur robe.
  • 11 Scythes (aussi appelĂ©s Sakas): cette satrapie s’étendait de l’Ukraine aux steppes nord-caucasiennes, jusqu’au nord de la Sogdiane. Les sujets sont coiffĂ©s d’un bonnet scythe typique. Ils amĂšnent un cheval, des vĂȘtements, et ce qui pourrait ĂȘtre des bracelets Ă  fermoirs.
  • 12 Lydiens ou Ioniens : ces satrapies grecques Ă©taient fusionnĂ©es et administrĂ©es depuis Sardes. Les sujets sont habillĂ©s de la mĂȘme façon. Ils amĂšnent tissus, pelotes de fil et coupes contenant peut-ĂȘtre des teintures.
  • 13 Parthes : sous les AchĂ©mĂ©nides, les Parthes Ă©taient assujettis, et ce n’est qu’aprĂšs la pĂ©riode grecque sĂ©leucide qu’ils dominent la Perse. La Parthie correspond Ă  l’actuel TurkmĂ©nistan. La dĂ©lĂ©gation apporte vases et chameau. Les sujets sont coiffĂ©s d’un turban entourant Ă©galement le cou.
  • 14 Gandhariens : cette satrapie se trouve en amont de l’Indus, entre Kaboul et Lahore, dans l’ouest de l’actuel Pendjab. Les sujets offrent des lances ainsi qu’un buffle asiatique.
  • 15 Bactriens : la dĂ©lĂ©gation apporte un chameau et des vases. Originaires de Bactriane au nord de l’Afghanistan, les sujets sont coiffĂ©s d’un bandeau.
  • 16 Sagartiens : leurs habits et prĂ©sents (vĂȘtements et cheval) sont similaires Ă  ceux des MĂšdes, Cappadociens et ArmĂ©niens, ce qui suggĂšre l’appartenance Ă  un mĂȘme groupe. Leur terre d’origine est mal connue : voisine de la Thrace en Asie Mineure, ou proche de la mer Noire et du Caucase, voire situĂ©e dans les steppes d’Asie centrale proche de la Bactriane.
  • 17 Sogdiens : ayant pour origine la Sogdiane, actuel Pakistan, cette ethnie appartient au groupe des Scythes dont ils portent le bonnet. Ils amĂšnent un cheval, des haches, des objets pouvant ĂȘtre des torques, et un glaive.
  • 18 Indiens : venant du Sind, basse vallĂ©e de l’Indus, ces sujets sont vĂȘtus d’un pagne, et chaussĂ©s de sandales. Ils amĂšnent un Ăąne, des haches, et des paniers de provisions portĂ©s sur le dos au moyen d’une balance.
  • 19 Thraces (ou Scythes) : la Thrace se situait entre la mer ÉgĂ©e et la mer Noire, sur un territoire aujourd’hui partagĂ© entre GrĂšce, Turquie, et Bulgarie. Les sujets mĂšnent un cheval. Ils portent un bonnet pointu Ă  longues pattes, semblable aux bonnets scythes.
  • 20 Arabes : ces sujets viennent de PhĂ©nicie-Assyrie. Ils sont chaussĂ©s de sandales, et vĂȘtus de tuniques aux bordures brodĂ©es. Ils apportent un dromadaire et un vĂȘtement identique.
  • 21 Drangianiens : il n’y a pas d’accord entre les auteurs concernant l’origine de cette dĂ©lĂ©gation. Pour certains, il s’agit d’individus venant de Merv en Bactriane (Ă©tats actuels d’Afghanistan, d’OuzbĂ©kistan et du Tadjikistan). Pour d’autres, les sujets viennent de la rĂ©gion de Kerman, dans l’est de l’Iran. En outre, leur style de coiffure plaiderait pour une origine proche de Kandahar, de mĂȘme que leur bouclier, lance, et le type du bƓuf qu’ils amĂšnent.
  • 22 Somalis (ou Libyens) : l’origine de cette dĂ©lĂ©gation est controversĂ©e. AccompagnĂ©s d’un chariot, les sujets apportent un koudou ou un bouquetin, sont vĂȘtus de peaux, mais ne sont pas nĂ©groĂŻdes. Le type morphologique des individus ainsi que la prĂ©sence d’un chariot indiquerait une origine libyenne, alors que l’antilope et les parures de peaux plaident pour une origine situĂ©e plus au sud (YĂ©men ou Somalie).
  • 23 Nubiens (ou Éthiopiens ou Abyssiniens) : il s’agit de sujets nĂ©groĂŻdes, qui apportent un okapi ou une girafe, des dĂ©fenses d’élĂ©phant et un vase.

Escalier nord

  • Apadana
    Apadana
  • DĂ©tail de gardes mĂšde (Ă  gauche), avec l'acinace au cĂŽtĂ©, et perse (Ă  droite)
    Détail de gardes mÚde (à gauche), avec l'acinace au cÎté, et perse (à droite)

L’escalier nord a Ă©tĂ© ajoutĂ© par XerxĂšs Ier (r. –) afin de faciliter l’accĂšs Ă  l’Apadana Ă  partir de la Porte de toutes les nations. Les reliefs de cet escalier dĂ©clinent les mĂȘmes thĂšmes que ceux de l’escalier est mais sont plus dĂ©gradĂ©s[97].

Le panneau central montrait initialement XerxĂšs Ier, Darius le Grand et un officiel. Ce dernier pourrait ĂȘtre un ganzabara (gouverneur du TrĂ©sor), ou un chiliarque (officier commandant la garde). Ce relief a Ă©tĂ© par la suite dĂ©placĂ© au TrĂ©sor, et a Ă©tĂ© remplacĂ© par un autre montrant huit gardes. Une inscription cunĂ©iforme trilingue Ă©galement prĂ©sente sur l’escalier est reprend en grande partie le texte de celle de la Porte de toutes les nations, sans prĂ©ciser le nom du bĂątiment.

Tachara

  • Tachara
    Tachara
  • Tachara
    Tachara
  • Roi combattant le mal (Tachara)
    Roi combattant le mal (Tachara)

Ainsi nommĂ© par une inscription situĂ©e sur un montant de sa porte sud, le Tachara, ou palais de Darius, est situĂ© au sud de l’Apadana. C’est le seul des palais Ă  avoir un accĂšs sur le sud au moyen d’un portique. L’entrĂ©e du palais se faisait initialement de ce cĂŽtĂ© par un double escalier. Construit par Darius Ier, le palais est ensuite complĂ©tĂ© par XerxĂšs Ier qui l’étend, puis par ArtaxerxĂšs III (r. –) qui y ajoute un second escalier Ă  l’ouest. Cette nouvelle entrĂ©e crĂ©e une asymĂ©trie inĂ©dite. Les vĂȘtements des personnages mĂšdes, siliciens et sogdiens qui y sont reprĂ©sentĂ©s sont diffĂ©rents de ceux des autres escaliers antĂ©rieurs, ce qui suggĂšre un changement de mode, et renforce l’idĂ©e d’une construction ultĂ©rieure[98].

Les Ă©coinçons de l’escalier sud prĂ©sente des symboles de Norouz : lion dĂ©vorant un taureau. Les parties ascendantes reprĂ©sentent des MĂšdes et Arachosiens apportant animaux, jarres et outres. Il s’agit probablement de prĂȘtres venant de lieux saints zoroastriens tels le lac d'Orumieh en MĂ©die et le lac Helmand en Arachosie, et qui portent le nĂ©cessaire pour des cĂ©rĂ©monies[98]. Le panneau central montre deux groupes de neuf gardes et trois panneaux portant une inscription trilingue de XerxĂšs II indiquant que ce palais a Ă©tĂ© bĂąti par son pĂšre ; le tout est surmontĂ© par le disque ailĂ©, symbole soit d'Ahuramazda soit de la gloire royale, encadrĂ© de deux sphinx[99].

  • Reconstruction du Tachara, par Charles Chipiez (1884)
    Reconstruction du Tachara, par Charles Chipiez (1884)
  • PrĂȘtres mĂšdes et arachosiens
    PrĂȘtres mĂšdes et arachosiens
  • Étude du toit du Tachara, par Charles Chipiez (1884)
    Étude du toit du Tachara, par Charles Chipiez (1884)

L’entrĂ©e du palais se fait par une salle, via une porte oĂč un relief reprĂ©sente des gardes. Cette salle est suivie d’une autre porte ouvrant dans le hall principal, sur laquelle se trouve un relief reprĂ©sentant le roi combattant le mal sous la forme d’un animal. Ce thĂšme est Ă©galement dĂ©clinĂ© sur d’autres portes du palais, dans le Palais des Cent-Colonnes, et dans le harem. La figure malĂ©fique est tantĂŽt symbolisĂ©e par un lion, un taureau, ou un animal chimĂ©rique. Le type de figure pourrait avoir un rapport avec la fonction de la piĂšce concernĂ©e, ou avec des thĂšmes astrologiques[100].

Une porte ouvre dans la salle de bain royale. Elle est ornĂ©e d’un relief montrant un roi apprĂȘtĂ© pour une cĂ©rĂ©monie et suivi de deux serviteurs tenant une ombrelle et un chasse-mouches. Le roi est couronnĂ©, vĂȘtu d’une riche parure agrĂ©mentĂ©e de pierres et piĂšces prĂ©cieuses. Il porte Ă©galement des bracelets, et des bijoux sont accrochĂ©s Ă  sa barbe tressĂ©e[98]. Un autre relief montre probablement un eunuque, seule reprĂ©sentation imberbe du site. Il porte une bouteille d’onguent et une serviette. La circulation d’eau Ă©tait assurĂ©e par un canal couvert au sol passant au milieu de la piĂšce. On peut observer des reliquats du ciment rouge qui tapissait le sol de la salle[100]. Des inscriptions gravĂ©es datant de la pĂ©riode islamique peuvent ĂȘtre vues sur des montants de porte du palais.

Le palais comporte Ă©galement deux autres petites salles situĂ©es sur ses flancs. Le portique sud ouvre dans une cour bordĂ©e par les autres palais. Sur chaque linteau des portes et fenĂȘtres est gravĂ©e une curieuse inscription : « fenĂȘtre en pierre faite dans la maison de Darius ».

Le nom de Tachara provient d'une inscription cunéiforme trilingue sur chaque montant du portique sud :

« Darius le grand roi, le roi des rois, le roi des peuples, le fils de Vistaspa, l'Achéménide, qui a fait ce Tachara ».

Cependant, il est douteux que ce mot, dont la signification exacte reste inconnue, dĂ©signe le bĂątiment lui-mĂȘme : on a en effet retrouvĂ© des bases de colonnes en d'autres endroits de PersĂ©polis portant des inscriptions de XerxĂšs et mentionnant ce mot :

« Je suis XerxÚs, le grand roi, le roi des rois, le roi des peuples, le roi sur cette terre, le fils du roi Darius, l'Achéménide. » Le roi XerxÚs déclare : « J'ai fait ce Tachara. »[63]

Tripylon

DĂ©tail bas d’un relief du Tripylon.

Tirant son nom de ses trois entrĂ©es, le Tripylon, ou hall d'audience de XerxĂšs, ou Palais central, est un petit palais situĂ© au centre de PersĂ©polis. Il est accessible au nord par un escalier sculptĂ© dont les reliefs montrent principalement des gardes mĂšdes et perses. D’autres reliefs reprĂ©sentent des nobles et des courtiers en route pour un banquet. L’escalier sud du Tripylon se trouve au musĂ©e national d’Iran Ă  TĂ©hĂ©ran. Un couloir ouvre Ă  l’est sur une porte ornĂ©e d’un relief montrant :

  • en haut, Darius sur son trĂŽne devant XerxĂšs en prince couronnĂ©, abritĂ©s sous un auvent ornĂ© de symboles divins, taureaux, lions et glands ; roi et prince tiennent Ă  la main des feuilles de palme, symboles de fertilitĂ© ;
  • en bas, les sujets issus de vingt-huit nations les portent.

Ce relief désigne clairement à tous la volonté de Darius de désigner XerxÚs comme successeur légitime au trÎne[16].

Hadish

Procession royale (Hadish).

Le Hadish, ou palais de XerxĂšs, se trouve au sud du Tripylon ; il est bĂąti sur un plan similaire au Tachara mais deux fois plus grand. Son hall central comportait trente-six colonnes de pierre et de bois. Il s’agissait de troncs d’arbres de grandes tailles et grands diamĂštres dont il ne reste plus rien. Il est entourĂ© Ă  l’est et Ă  l’ouest par des petites chambres et couloirs, dont les portes prĂ©sentent Ă©galement des reliefs sculptĂ©s. On y trouve des processions royales reprĂ©sentant XerxĂšs Ier accompagnĂ© de serviteurs l’abritant sous une ombrelle. La partie sud du palais est composĂ©e d’appartements dont la fonction est controversĂ©e : un temps dĂ©crits comme servant Ă  la reine, ils sont plutĂŽt considĂ©rĂ©s comme des magasins ou annexes du TrĂ©sor[101]. L'accĂšs au Hadish se fait par un escalier monumental Ă  l'est, Ă  double volĂ©es divergentes puis convergentes, et un escalier plus petit Ă  volĂ©es convergentes Ă  l'ouest ; les deux prĂ©sentent le mĂȘme dĂ©cor que l'escalier sud du Tachara : taureaux et lions, gardes perses, disque ailĂ© et sphinx[102].

Hadish est un mot vieux-persan figurant sur une inscription trilingue en quatre exemplaires, sur le portique et l'escalier : il signifie « palais ». C'est l'usage des archéologues de nommer ce palais hadish, le nom original n'étant pas connu. L'attribution à XerxÚs est certaine puisque celui-ci, outre ces quatre inscriptions, a fait graver son nom et sa titulature pas moins de quatorze fois[63].

Palais des Cent-Colonnes

Aussi nommĂ© salle du TrĂŽne, il a la forme d’un carrĂ© de 70 m de cĂŽtĂ© : c’est le plus grand des palais de PersĂ©polis. Lors de sa premiĂšre excavation partielle, il est apparu qu'il Ă©tait recouvert par une couche de terre et de cendres de cĂšdre de plus de trois mĂštres d’épaisseur. SĂ©vĂšrement endommagĂ© par l’incendie, seules les bases des colonnes et les montants des portes ont survĂ©cu [25].

Deux taureaux colossaux constituent les bases des colonnes principales de 18 m qui soutenaient le toit du portique de l’entrĂ©e, au nord du palais. L’entrĂ©e se faisait par une porte richement dĂ©corĂ©e de reliefs. Parmi ces reprĂ©sentations, l’une dĂ©crit l’ordre des choses, montrant de haut en bas : Ahuramazda, le roi sur son trĂŽne, puis plusieurs rangs de soldats le soutenant. Le roi tient donc son pouvoir d’Ahuramazda qui le protĂšge, et commande l’armĂ©e qui porte son pouvoir[103].

  • Palais des Cent-Colonnes (vue nord)
    Palais des Cent-Colonnes (vue nord)
  • Taureau (Portique nord)
    Taureau (Portique nord)
  • Garde des immortels (Palais des Cent-Colonnes)
    Garde des immortels (Palais des Cent-Colonnes)
  • Roi luttant contre le mal (Palais des Cent-Colonnes)
    Roi luttant contre le mal (Palais des Cent-Colonnes)
  • Le Palais des Cent-Colonnes reconstruit par Charles Chipiez (1884)
    Le Palais des Cent-Colonnes reconstruit par Charles Chipiez (1884)
  • Étude du toit du Palais des Cent-Colonnes, par Charles Chipiez (1884)
    Étude du toit du Palais des Cent-Colonnes, par Charles Chipiez (1884)
  • Relief sud du Palais des Cent-Colonnes
    Relief sud du Palais des Cent-Colonnes
  • Porte
    Porte

Le palais est décoré de nombreux reliefs en remarquable état de conservation, représentant des taureaux, des lions, des fleurs et des glands[104].

La porte sud du palais prĂ©sente un relief complĂštement diffĂ©rent. Il symbolise le soutien apportĂ© au roi par les diffĂ©rentes nations composant l’empire. Les soldats des cinq rangs infĂ©rieurs appartiennent en effet Ă  plusieurs nations, reconnaissables Ă  leur coiffe, tenues, et armements. TournĂ© vers le TrĂ©sor, ce message s’adresse plutĂŽt aux serviteurs et leur rappelle ce que les richesses transitant par cette porte servent Ă  la cohĂ©sion de l’empire. Des tablettes cunĂ©iformes dĂ©taillent les archives des tributs, donnant ainsi un aperçu des richesses ayant transitĂ© par ces portes[105].

Si les reliefs des entrĂ©es nord et sud du palais concernent essentiellement l’affirmation de la royautĂ©, ceux des parties est et ouest prĂ©sentent comme pour d’autres palais, des scĂšnes hĂ©roĂŻques de combats du roi contre le mal[64].

Trésor

Construit par Darius le Grand, il s’agit d’une sĂ©rie de salles situĂ©e dans l’angle sud-est de la Terrasse, qui s’étendent sur une surface de 10 000 m2. Le trĂ©sor comprend deux salles plus importantes dont le toit Ă©tait supportĂ© respectivement par 100 et 99 colonnes de bois[106]. Des tablettes de bois et d’argile y ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es, qui dĂ©taillent le montant des salaires et avantages payĂ©s aux ouvriers ayant construit le site[7]. D’aprĂšs Plutarque, 10 000 mules et 5 000 chameaux auraient Ă©tĂ© nĂ©cessaires Ă  Alexandre le Grand pour l’acheminement du trĂ©sor de PersĂ©polis[11] - [107]. D’aprĂšs certaines tablettes, 1 348 personnes travaillent au TrĂ©sor en

Le TrĂ©sor est plusieurs fois reconstruit et modifiĂ©. Plusieurs inscriptions y ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es sur des blocs massifs de diorite, mentionnant le roi Darius[108]. On y a Ă©galement retrouvĂ© deux reliefs dont l’un provient de l’escalier nord de l’Apadana. Ce dernier se trouve maintenant au musĂ©e de TĂ©hĂ©ran et reprĂ©sente le roi, sans doute XerxĂšs Ier (ou son pĂšre Darius Ier) sur le trĂŽne. Le roi reçoit un officiel mĂšde inclinĂ© vers l’avant qui porte sa main droite aux lĂšvres en signe de respect. Il pourrait s’agir d’un chiliarque, commandant 1 000 gardes, ou d’un gouverneur du trĂ©sor (ou Ganzabara). Le prince hĂ©ritier et des nobles perses se trouvent debout derriĂšre le souverain. Deux porteurs d’encens se trouvent entre le roi et les dignitaires[109].

Lors des fouilles, ce bùtiment a rapidement été identifié comme étant le Trésor car malgré sa superficie importante, l'accÚs ne se fait que par deux petites portes étroites[110].

Garnison et salle des Trente-deux Colonnes

Sur le versant est du complexe, entre le palais des Cent-Colonnes et la montagne se trouvent de multiples salles formant les quartiers des serviteurs et des soldats, la chancellerie, et des bureaux. Plus de 30 000 tablettes et fragments de tablettes en Ă©lamite y ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es[109]. D’aprĂšs Quinte-Curce et Diodore, Alexandre aurait laissĂ© sur place 3 000 soldats, ce qui donne une idĂ©e des capacitĂ©s de garnison de PersĂ©polis[13] - [12]. Au nord de ces baraquements, on trouve les restes d’une salle qui comportait trente-deux colonnes, dont la fonction n’est pas clairement connue.

Gynécée et musée

Le Musée de Persépolis.
Inscription de XerxÚs (Musée national d'Iran, Téhéran). Une inscription similaire est exposée au musée de Persépolis.

On accĂšde au gynĂ©cĂ©e, appelĂ© improprement « harem », par la porte sud du palais des Cent-Colonnes. Le bĂątiment a une forme de « L » dont l’aile principale a une orientation nord-sud. Son centre consiste en une salle prĂ©sentant des colonnades, ouverte au nord sur une cour par un portique. Cette salle avait quatre entrĂ©es dont les portes Ă©taient dĂ©corĂ©es par des reliefs. Les reliefs latĂ©raux montrent encore des scĂšnes de combat hĂ©roĂŻques Ă©voquant celles du Tachara ou du palais des Cent-Colonnes. Le roi est en effet montrĂ© luttant avec un animal chimĂ©rique (taureau-lion cornu et ailĂ©, cou de corbeau, queue de scorpion) pouvant ĂȘtre une reprĂ©sentation d’Ahriman, divinitĂ© malĂ©fique. Le hĂ©ros plonge son Ă©pĂ©e dans le ventre de la bĂȘte qui lui fait face. Le relief sud montre XerxĂšs Ier suivi de serviteurs selon une scĂšne identique Ă  celles du Hadish. La partie sud de l’aile et l’autre aile la prolongeant vers l’ouest consistent en une sĂ©rie de vingt-cinq appartements hypostyles de seize colonnes chacun. Le bĂątiment prĂ©sente en outre deux escaliers le reliant au Hadish, et deux courettes qui pourraient correspondre Ă  des jardins clos[64] - [111].

Il n’est pas certain que le gynĂ©cĂ©e ait pu ĂȘtre un lieu de rĂ©sidence des femmes. Selon certains, la section centrale aurait pu ĂȘtre destinĂ©e Ă  la reine et Ă  sa suite. D’autres pensent que les femmes rĂ©sidaient Ă  l’extĂ©rieur des murs[64]. La fonction du bĂątiment reste donc controversĂ©e. La prĂ©sence de reliefs Ă©laborĂ©s, de mĂȘme que sa situation sur un haut niveau Ă©voque un bĂątiment ayant une fonction importante. A contrario, sa taille et sa position suggĂšrent plutĂŽt une fonction administrative[109] - [64]. En fait, il est probable que l'appellation de « gynĂ©cĂ©e » soit erronĂ©e, ainsi que celle de « harem » : les chercheurs occidentaux ont projetĂ© leur vision des harems ottomans sur la Perse achĂ©mĂ©nide qui n'en avait pas[112].

Le Harem a été excavé et partiellement restauré par Herzfeld au moyen d'un procédé d'anastylose. Il reconstruit plusieurs salles dont il se sert comme ateliers de restauration et de présentation des piÚces retrouvées sur le complexe. Une partie du « Harem » est alors transformée en musée[113].

Le musĂ©e du site prĂ©sente une grande variĂ©tĂ© d’objets retrouvĂ©s sur le site :

  • poteries, assiettes et gobelets en terre cuites, carreaux de cĂ©ramiques ;
  • piĂšces de monnaie d'Ă©poque;
  • outils de tout genre comprenant des outils de maçonnerie, de taille, de cuisine, ou ustensiles de bouche, mortiers ;
  • ferronneries, pointes de lance et de flĂšches, fragments de trompettes ou d’ornements mĂ©talliques, chevilles mĂ©talliques ;
  • restes d’étoffes ou reliquats de bois composant l’infrastructure ;
  • mors mĂ©talliques et piĂšces de trait ;
  • tablettes gravĂ©es.
  • RĂ©cipient de parfum en marbre (MusĂ©e de PersĂ©polis)
    Récipient de parfum en marbre (Musée de Persépolis)
  • Assiette en Marbre (MusĂ©e de PersĂ©polis)
    Assiette en Marbre (Musée de Persépolis)
  • Mortiers (MusĂ©e de PersĂ©polis)
    Mortiers (Musée de Persépolis)
  • Vase Ă  anses en formes de bouquetins (MusĂ©e de PersĂ©polis)
    Vase à anses en formes de bouquetins (Musée de Persépolis)
  • Assiette de pierre (MusĂ©e de PersĂ©polis)
    Assiette de pierre (Musée de Persépolis)
  • Plat de pierre Ă  poignĂ©es en formes de canards (MusĂ©e de PersĂ©polis)
    Plat de pierre à poignées en formes de canards (Musée de Persépolis)
  • Rhyton en terre cuite (MusĂ©e de PersĂ©polis)
    Rhyton en terre cuite (Musée de Persépolis)
  • ƒil de statue (MusĂ©e de PersĂ©polis)
    ƒil de statue (MusĂ©e de PersĂ©polis)

On y trouve Ă©galement des piĂšces retrouvĂ©es dans les environs datant d’occupations postĂ©rieures (sassanides et islamiques), antĂ©rieures, et mĂȘme prĂ©historiques.

La grande diversitĂ© des piĂšces relevant d'usages quotidiens constitue autant de sources permettant d’avoir une idĂ©e de la vie Ă  l’époque. De plus, la comparaison des piĂšces avec certaines de leur reprĂ©sentation picturales (mors, lances) donnent une idĂ©e de la minutie du travail des ouvriers qui taillaient les reliefs[109].

Autres constructions

Pierres taillées munies de cornes (Terrasse, angle sud-ouest).

Un palais semble avoir Ă©tĂ© construit dans l’angle sud-ouest de la Terrasse, appartenant Ă  ArtaxerxĂšs Ier. Les ruines qui y sont observĂ©es ne correspondent pas Ă  ce palais, mais Ă  une construction rĂ©sidentielle post-achĂ©mĂ©nide appelĂ©e Palais H. Des sculptures reprĂ©sentant des cornes ont Ă©tĂ© disposĂ©es prĂšs du mur de la Terrasse, dont on ne connaĂźt pas la fonction ; elles ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es enterrĂ©es au pied de la Terrasse.

Une autre structure appelĂ©e Palais G se trouve au nord du Hadish, qui correspond Ă©galement Ă  une construction post-achĂ©mĂ©nide. Il semble qu’elle ait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e sur l’emplacement d’une structure dĂ©truite qui pourrait ĂȘtre le palais d’ArtaxerxĂšs III. De mĂȘme, des restes d’une construction appelĂ©e Palais D ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s Ă  l’est du Hadish. Comme les prĂ©cĂ©dentes, cette construction postĂ©rieure Ă  la dynastie achĂ©mĂ©nide a rĂ©utilisĂ© des dĂ©bris et des ornements provenant des ruines de la Terrasse[64] - [114].

En 2016, une Ă©quipe guidĂ©e par Pierfrancesco Callieri et Alizera Askari Shaverdi a retrouvĂ© une porte monumentale de style babylonien qui a un plan rectangulaire, des murs en brique de dix mĂštres d’épaisseur, un couloir central et une chambre intĂ©rieure. Cette porte est une reproduction de la porte d'Ishtar Ă  Babylone. AprĂšs l’étude d’une inscription retrouvĂ©e sur les fouilles, les archĂ©ologues ont dĂ©couvert que cette porte a Ă©tĂ© Ă©difiĂ©e avant le rĂšgne de Darius Ier. Cette dĂ©couverte permet d’affirmer qu’une ville existait dĂ©jĂ  avant le rĂšgne de ce dernier[115].

ÉlĂ©ments annexes

De nombreux Ă©lĂ©ments ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s hors des murs de la Terrasse. Il s’agit de restes de jardins, d’habitations, de sĂ©pultures post achĂ©mĂ©nides, ou de tombes royales achĂ©mĂ©nides. De plus, un rĂ©seau complexe de canalisations d’eau intra et extra muros est en cours d’exploration.

Habitations et quartiers

Habitations de la ville basse.

Des ruines n’ayant pas encore Ă©tĂ© complĂštement fouillĂ©es sont visibles Ă  300 m au sud de la Terrasse. Probablement antĂ©rieures aux palais, ces constructions comportent plusieurs maisons. La plus large consiste en un hall central accessible par un escalier et entourĂ© de salles secondaires. Elles semblent donc avoir Ă©tĂ© destinĂ©es Ă  des personnes de haut rang social. Une construction se trouve Ă©galement au nord de la Terrasse, dont la fonction reste inconnue[116]. Le reste des habitations, en particulier les habitations de personnes modestes, Ă©taient, comme dit dans le documentaire EnquĂȘtes ArchĂ©ologiques: « PersĂ©polis, le Paradis perse », probablement faites de terre cuite qui s’est avec le temps consumĂ©e. En 2008 une Ă©quipe italo-iranienne a dĂ©couvert plusieurs habitations dans la plaine, sous la terrasse. Les archĂ©ologues de cette Ă©quipe ont ainsi retrouvĂ© un four, des maisons d’artisans ou encore de grandes constructions qui Ă©taient probablement des demeures d’aristocrates. AprĂšs de rĂ©centes dĂ©couvertes (2016), Ă  l’encontre des croyances qu'avaient les historiens auparavant, ces mĂȘmes archĂ©ologues ont rĂ©vĂ©lĂ© que PersĂ©polis n’était pas une ville dense car toutes les quartiers ou habitations Ă©taient sĂ©parĂ©s par de grands jardins[115].

En 2016, Pierfrancesco Callieri et Alireza Askari Chaverdi ont engagĂ© des gĂ©ophysiciens qui, grĂące Ă  la prospection gĂ©ophysique ont pu calculer le magnĂ©tisme du sol en contrebas de la terrasse. Ils ont aussi cartographiĂ© la prĂ©sence, plus ou moins haute de tessons de cĂ©ramique datĂ©s de l’époque achĂ©mĂ©nide. La comparaison entre le magnĂ©tisme du sol et la concentration de tessons Ă  la surface a dĂ©voilĂ© des zones d’occupations qui sont probablement les anciens quartiers de la ville basse. Les archĂ©ologues ont donc entrepris des fouilles dans ces zones et trĂšs rapidement, plusieurs objets, habitations ou quartiers ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s. Ils ont aussi remarquĂ© en fouillant que les quartiers avaient des spĂ©cialisations, c’est-Ă -dire que les habitants d’un mĂȘme quartier avaient tous la mĂȘme profession[115].

Jardins

Des explorations gĂ©ologiques rĂ©centes ont mis en Ă©vidence les ruines de jardins achĂ©mĂ©nides et leurs canaux d’irrigation Ă  l’extĂ©rieur du complexe.

Des scientifiques ont effectuĂ© plusieurs carottages dans la plaine, en contrebas de la terrasse et ont dĂ©couvert des sĂ©diments contenant des graines de pollen. AprĂšs avoir Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es par des palynologues, l’on sait qu’elles proviennent de plusieurs arbres, notamment de noyers qui Ă©taient plantĂ©s pour leurs fruits, d’oliviers qui Ă©taient plantĂ©s pour l’huile, de pins, de platanes et de cyprĂšs qui Ă©taient plantĂ©s pour faire de l’ombre. Tous ces arbres n’existaient pas Ă  PersĂ©polis avant l’arrivĂ©e des AchĂ©mĂ©nides. C'est donc cette dynastie qui a importĂ© ces arbres des quatre coins de son empire, c’était pour ces rois une façon de montrer leur pouvoir, leur magnificence. Dans l’émission EnquĂȘtes archĂ©ologiques: PersĂ©polis, le paradis perse, Peter Eeckhout dit: « la puissance des rois achĂ©mĂ©nides se mesure Ă  leur capacitĂ© Ă  crĂ©er ces paradis terrestres en plein dĂ©sert. » On voit que les AchĂ©mĂ©nides on fait d’importants travaux d’amĂ©nagements sur ces terres qui Ă©taient auparavant arides. C’est donc le dĂ©veloppement Ă  grande Ă©chelle des jardins que les AchĂ©mĂ©nides ont soutenu[115]. Une partie en a Ă©tĂ© endommagĂ©e en 1971, lors des cĂ©rĂ©monies de cĂ©lĂ©bration des 2500 ans de la monarchie en Iran. D’autres dommages ont Ă©tĂ© causĂ©s par la construction d’une route asphaltĂ©e aprĂšs la rĂ©volution. De tels jardins appelĂ©s Pairidaeza (mot perse ancien dont est issu le mot « paradis »), Ă©taient souvent rĂ©alisĂ©s Ă  cĂŽtĂ© des palais achĂ©mĂ©nides[117].

RĂ©seau hydraulique

Le systĂšme de canalisation de la Terrasse renferme encore de prĂ©cieux secrets motivant des fouilles approfondies. Il s’agit d’en extraire et analyser les sĂ©diments. Plus de deux kilomĂštres de rĂ©seau ont Ă©tĂ© dĂ©couverts, parcourant la Terrasse et ses environs, et passant sous les palais. Les dimensions trĂšs variables des canaux (60 Ă  160 cm de large, 80 cm Ă  plusieurs mĂštres de profondeur) expliquent l’importance du volume sĂ©dimentaire et la valeur du potentiel archĂ©ologique. Les dĂ©bris qu’ils contiennent peuvent ainsi s’avĂ©rer prĂ©cieux : une partie du trĂŽne prĂ©sumĂ© de Darius a Ă©tĂ© retrouvĂ©e, ainsi que de nombreux fragments de poteries ayant conservĂ© leur couleurs. Les travaux se heurtent toutefois Ă  un problĂšme complexe : le retrait des sĂ©diments permet l’infiltration d’eau, ce qui risque d’endommager la structure du complexe[118] - [119].

Le rĂ©seau de drains et de canaux d’eau traverse les fondations et le sol de la Terrasse. Il est donc probable que les plans de la totalitĂ© du complexe Ă©taient prĂ©cisĂ©ment Ă©tablis avant sa construction[15]. TaillĂ©s Ă  mĂȘme la pierre Ă  la base des murs avant leur Ă©rection, les drains permettaient ensuite d’en assurer la protection en Ă©vacuant les infiltrations pluviales[53].

Grace Ă  des images satellites, les archĂ©ologues ont dĂ©couvert un canal long de quinze kilomĂštres qui apportait de l’eau de bonne qualitĂ© depuis la montagne de Seyedan jusqu’à la Terrasse de PersĂ©polis[115]. Non seulement cette dĂ©couverte permet d’expliquer comment les jardins de PersĂ©polis Ă©taient irriguĂ©s mais aussi comment l’agriculture et la population de la ville basse Ă©taient alimentĂ©es.

SĂ©pultures royales

SituĂ©es Ă  quelques dizaines de mĂštres de la Terrasse, deux tombes creusĂ©es dans la roche du Kuh-e Ramat dominent le site. Ces tombes sont attribuĂ©es Ă  ArtaxerxĂšs II et ArtaxerxĂšs III. Chaque sĂ©pulcre est entourĂ© de sculptures Ă  colonnades reprĂ©sentant des façades de palais, surplombĂ©es de gravures. Ces reprĂ©sentations comme celles des tombes de Naqsh-e Rostam, ont permis de mieux comprendre l'architecture des constructions palatines perses. Au-dessus du sĂ©pulcre d’ArtaxerxĂšs III, le roi est reprĂ©sentĂ© sur un piĂ©destal Ă  trois niveaux, faisant face Ă  Ahuramazda et Ă  un feu sacrĂ© Ă©galement surĂ©levĂ©. Un mur prĂ©sente une inscription trilingue qui rappelle que Darius le Grand a donnĂ© une descendance, qu’il a construit PersĂ©polis, et liste ses biens. Chaque version diffĂšre lĂ©gĂšrement des deux autres. Une troisiĂšme tombe inachevĂ©e se trouvant plus au sud-est en cours de restauration. Elle semble avoir Ă©tĂ© destinĂ©e Ă  Darius III, dernier roi achĂ©mĂ©nide[120] - [121].

Des restes de sépultures post-achéménides ont également été retrouvés au pied de la montagne, à un kilomÚtre au nord de la Terrasse[64].

Tablettes de Persépolis

Tablette cunéiforme d'argile (Musée de Persépolis).

Durant les fouilles d’Ernst Herzfeld et de Erich Frederich Schmidt, deux sĂ©ries d’archives comprenant de trĂšs nombreuses tablettes cunĂ©iformes de bois et d’argile ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes Ă  PersĂ©polis.

La premiĂšre sĂ©rie, dĂ©couverte par Herzfeld, est connue sous le nom de « Tablettes des fortifications de PersĂ©polis » car elle a Ă©tĂ© trouvĂ©e dans la zone correspondant Ă  des fortifications Ă  l’angle nord-est de la Terrasse[122]. Elle comporte environ 30 000 piĂšces dont 6 000 sont lisibles. Le contenu de 5 000 d’entre elles a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© mais n’est pas encore publiĂ© en totalitĂ©. Elles contiennent principalement des textes administratifs rĂ©digĂ©s en Ă©lamite, langue des chanceliers, entre 506 et , pendant le rĂšgne de Darius Ier, mais des tablettes rĂ©digĂ©es en aramĂ©en Ă  partir desquelles environ 500 textes ont Ă©tĂ© dĂ©chiffrĂ©s[123], une tablette en akkadien, une en grec, une dans une langue et graphie d'Anatolie[124], une en vieux perse[125] ont Ă©galement Ă©tĂ© retrouvĂ©es.

Ces tablettes peuvent ĂȘtre classĂ©es en deux sous-groupes. Le premier concerne le transport de matĂ©riaux d’une place Ă  l’autre de l’empire ; l’autre s’apparente plus Ă  un registre de comptes. Ces piĂšces ont permis d'obtenir des renseignements prĂ©cieux permettant de comprendre le fonctionnement de l’empire et de son administration dans des domaines aussi divers que la construction, la circulation, les courriers, passeports, ou finances, mais ces tablettes nous parlent aussi du quotidien de PersĂ©polis. Certains corps de mĂ©tiers ont ainsi pu ĂȘtre connus comme le gouverneur du TrĂ©sor (ou ganzabara). Les tablettes ont mĂȘme permis de connaĂźtre le nom des personnes ayant travaillĂ© Ă  PersĂ©polis, du simple ouvrier au gouverneur du TrĂ©sor. En outre, certaines tablettes permettent de prĂ©ciser les diffĂ©rents statuts des femmes de tous les horizons sociaux de l’époque achĂ©mĂ©nide[122] - [126] - [127].

L’autre sĂ©rie, dĂ©couverte par Schmidt et connue sous le nom de « Tablettes du TrĂ©sor de PersĂ©polis », compte 139 piĂšces dĂ©crivant des paiements rĂ©alisĂ©s en or et argent entre et Plusieurs d’entre elles sont marquĂ©es de l’empreinte de sceaux, et constituent des lettres et mĂ©morandums adressĂ©s par des officiels au gouverneur du TrĂ©sor[122] - [128].

L’étonnante conservation de tablettes d’argile sĂ©chĂ©e s’explique par le fait qu’elles ont Ă©tĂ© cuites Ă  haute tempĂ©rature par l’incendie de PersĂ©polis. Cette transformation involontaire en terre cuite a paradoxalement permis leur meilleure rĂ©sistance au temps en leur Ă©vitant de tomber en poussiĂšre[64].

ReprĂ©sentant un patrimoine scientifique inestimable, elles ont Ă©galement contribuĂ© Ă  une meilleure connaissance linguistique de l’élamite et du vieux persan et de l’organisation politique et des pratiques religieuses des AchĂ©mĂ©nides[122].

Ce patrimoine se trouve actuellement au centre d’une polĂ©mique d’ordre politique : un procĂšs vise Ă  en obtenir la saisie pour rĂ©aliser une vente au profit des « victimes du terrorisme du Hamas »[129]. L’oriental Institute de l’UniversitĂ© de Chicago a en effet la garde des tablettes depuis leur dĂ©couverte.

Controverses sur les fonctions de Persépolis

Taureaux colossaux (porte inachevée).
DĂ©tail d'un relief suggĂ©rant que le roi tient son pouvoir d’Ahuramazda.

L’Empire perse achĂ©mĂ©nide a en fait plusieurs capitales. Pasargades est celle de Cyrus le Grand, Suse, Ecbatane, ou Babylone sont celles de ses successeurs. La plupart des auteurs s’accordent sur l’importance des fonctions protocolaires et religieuses de PersĂ©polis illustrĂ©es par le fort symbolisme des ornements[15]. Toutefois, l’interprĂ©tation des reliefs reste dĂ©licate car ceux-ci prĂ©senteraient en fait la vision idĂ©alisĂ©e que Darius le Grand avait de son empire[10]. Pour Briant, l’image donnĂ©e est celle d’un pouvoir royal souverain et illimitĂ©, dans un lieu conçu pour exprimer la domination perse et la Pax persica. Par ses vertus confĂ©rĂ©es par la protection d’Ahura Mazda, le roi assure l’unitĂ© d’un monde dont la diversitĂ© ethnoculturelle et gĂ©ographique est soulignĂ©e[83].

Une controverse existe quant Ă  la rĂ©alitĂ© des cĂ©rĂ©monies dĂ©crites par les reliefs, et plusieurs points de vue s’expriment alors. Certains ne voient en PersĂ©polis qu’un lieu rĂ©servĂ© Ă  des initiĂ©s. Cette hypothĂšse s’appuie surtout sur le peu d’écrits anciens mentionnant le site avant sa prise par Alexandre le Grand, qui contraste avec le nombre et la diversitĂ© des peuples assujettis. Autant de dĂ©lĂ©gations auraient dĂ» assurer Ă  PersĂ©polis une notoriĂ©tĂ© plus importante. Selon ce point de vue, aucune rĂ©ception ne se serait rĂ©ellement tenue Ă  PersĂ©polis[130]. Pour d’autres, de telles rĂ©ceptions ont clairement eu lieu. Ils s’appuient sur l’organisation en niveau de la Terrasse qui rĂ©pondrait Ă  une fonction clairement dĂ©finie de sĂ©paration des habitants selon leur rang social. L’organisation des reliefs marquant la progression du tribut jusqu’au trĂ©sor, l’existence de chemins sĂ©parĂ©s menant soit Ă  l’Apadana soit au Palais des Cent-Colonnes, sont autant d’arguments allant dans ce sens. Selon ce point de vue, la fonction protocolaire et religieuse de PersĂ©polis s’exerce au travers des cĂ©lĂ©brations du nouvel an (Nowrouz). Le roi des rois reçoit les offrandes et perçoit l’impĂŽt des dĂ©lĂ©gations provenant de toutes les satrapies[15]. Le cĂ©rĂ©monial obĂ©it Ă  des rĂšgles strictes dictĂ©es par le respect de l’ordre des choses : les dĂ©lĂ©gations suivent un ordre prĂ©cis, et une sĂ©paration claire reflĂšte les diffĂ©rentes classes sociales (roi et personnes de rang royal, nobles perses et mĂšdes, peuples perses et mĂšdes, assujettis). Celles-ci non seulement ne sont pas admises aux mĂȘmes niveaux, mais suivent aussi des chemins diffĂ©rents[130] - [64]. AprĂšs que l’arrivĂ©e des dĂ©lĂ©gations eut Ă©tĂ© annoncĂ©e par des sonneurs, elles sont menĂ©es par la Porte de toutes les nations. Tandis que les assujettis suivent l’allĂ©e des Processions jusqu’à la Porte inachevĂ©e pour ĂȘtre ensuite reçus au Palais des Cent-Colonnes. Les nobles empruntent l’autre issue de la Porte de toutes les nations pour se rendre Ă  l’Apadana. La magnificence et le faste des lieux auraient alors pour but d’impressionner les visiteurs, et d’affirmer la puissance de l’empire[131].

Trompettes de bronzes servant aux sonneurs (Musée de Persépolis).

Henri Stierlin, historien d'art et architecture, abonde Ă©galement dans ce sens. Les espaces libĂ©rĂ©s par l'architecture des palais comme l'Apadana permettent la tenue de grandes rĂ©ceptions, de banquets et rites auliques. Les usages de libations et de banquets royaux se rĂ©pandent en effet depuis la Perse, jusque dans la plupart des satrapies : Thrace, Asie Mineure, ou nord de la MacĂ©doine, intĂšgrent en effet de telles traditions. De plus, la dĂ©couverte de nombreux objets d’orfĂšvrerie achĂ©mĂ©nides ou d’inspiration achĂ©mĂ©nide consacrĂ©s aux arts de la table tĂ©moigne de l’importance de tels banquets pour les Perses. Configuration du site et arrangement des accĂšs tĂ©moignent d’une volontĂ© de rendre la personne royale inabordable pour certains. Elle permet le suivi d’une Ă©tiquette rigoureuse confĂ©rant au souverain un caractĂšre presque divin[132].

Une controverse existe Ă©galement quant Ă  l’occupation de PersĂ©polis. Compte tenu des reliefs, R. Ghirshman suggĂ©rait une occupation annuelle transitoire de PersĂ©polis. OccupĂ©e seulement durant les festivitĂ©s de Nowruz, la citĂ© n’aurait alors qu’une fonction rituelle[133]. Cette thĂšse est de plus en plus contestĂ©e[134] - [75], et Briant note que si l’existence de fĂȘtes et cĂ©rĂ©monies Ă  PersĂ©polis ne fait aucun doute, de nombreuses objections peuvent ĂȘtre formulĂ©es quant Ă  l’hypothĂšse d’une occupation se limitant au nouvel an. Les tablettes prouvent indubitablement que PersĂ©polis est occupĂ© en permanence, et qu’il s’agit d’un centre Ă©conomique et administratif important. En outre, il fait remarquer que la cour achĂ©mĂ©nide Ă©tant itinĂ©rante arpente l’empire, et que les textes anciens ne font Ă©tat de sa prĂ©sence en Perse qu’à l’automne et non au printemps. Si on ne peut exclure l’existence des cĂ©rĂ©monies de Nowruz, il est possible que reliefs et tablettes se rapportent Ă  des offrandes et tributs perçus au cours des voyages des souverains nomades[135] :

Enfin pour David Stronach, il faut plutĂŽt considĂ©rer la fonction de PersĂ©polis sous un angle politique, en tenant compte des conditions d’accession de Darius au pouvoir (Darius avait dĂ» vaincre une opposition[136]). De tels monuments n’auraient pas pour fonction littĂ©rale de reflĂ©ter la puissance ou les richesses de l’empire, mais plutĂŽt de rĂ©pondre Ă  des impĂ©ratifs politiques immĂ©diats. Construite peu aprĂšs l’avĂšnement de Darius, PersĂ©polis consacre en premier lieu la lĂ©gitimitĂ© de son accession au trĂŽne et affirme son autoritĂ© jusqu’aux confins de l’empire. En outre, la rĂ©pĂ©tition de motifs reprĂ©sentant Darius le Grand et XerxĂšs suggĂšre la volontĂ© de lĂ©gitimer son successeur. De mĂȘme, la multiplicitĂ© des rĂ©fĂ©rences Ă  Darius par XerxĂšs Ier suggĂšre la volontĂ© de consolider et sĂ©curiser la succession au trĂŽne[75] - [10].

Citations

Persépolis dans les années 1920, photographie de Harold F. Weston.
  • Jean Chardin :
    « Je ne sais si ma Description, & les Figures qui l’accompagnent, en donneront une grande idĂ©e ; mais je puis assurer que celle qu’on en conçoit par la vue, va au-delĂ  de toutes les expressions : car enfin je n’ai jamais rien vu, ni conçu, de si grand ni de si magnifique. Combien de milliers d’hommes y doivent avoir travaillĂ©, & durant combien d’annĂ©es ? Ce n’est pas seulement ici un Chef-d’Ɠuvre, oĂč il ne soit allĂ© que du travail & de la peine, comme aux Pyramides d’Égypte, qu’Horace a bien raison d’appeler une merveille Barbara, puisque ce n’est aprĂšs tout qu'un amas de pierres : ici il y a de l’art infiniment, de l’ordre, & de l’industrie ; & l’on peut dire que c’est un ouvrage digne des plus grands MaĂźtres, & des savantes mains qui l’ont formĂ©[137]. »
  • Arthur Upham Pope :
    « La splendeur de PersĂ©polis n’est pas la contrepartie accidentelle de la monumentalitĂ© et du faste, c’est le produit de la beautĂ© reconnue comme valeur suprĂȘme[138]. »
  • Roman Ghirshman :
    « Jamais dans l’antiquitĂ©, l’art n’avait fait preuve d’une telle audace[70]. »
  • Marcel Dieulafoy :
    « Lorsque j’essaye de faire revivre dans ma pensĂ©e ces grandioses Ă©difices, lorsque je vois ces portiques aux colonnes de marbre ou de porphyre poli, ces taureaux bicĂ©phales dont les cornes, les pieds, les yeux et les colliers devaient ĂȘtre revĂȘtus d’une mince feuille d’or, les poutres et les solives de cĂšdre de l’entablement et des plafonds, les mosaĂŻques de briques semblables Ă  de lourdes dentelles jetĂ©es en revĂȘtement sur les murs, ces corniches couvertes de plaques d’émaux bleu turquoise que termine un trait de lumiĂšre accrochĂ© Ă  l’arĂȘte saillante des larmiers d’or et d’argent ; lorsque je considĂšre les draperies suspendues au-devant des portes, les fines dĂ©coupures des moucharabiehs, les Ă©paisses couches de tapis jetĂ©es sur les dallages, je me demande parfois si les monuments religieux de l’Égypte, si les temples de la GrĂšce eux-mĂȘmes devaient produire sur l’imagination du visiteur une impression aussi saisissante que les palais du grand roi[14]. »

Notes et références

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Articles connexes

Liens externes

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