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MĂ©lophores

Les MĂ©lophores (du grec ancien ÎŒÎ·Î»ÎżÏ†ÏŒÏÎżÎč / mĂȘlophoroi, littĂ©ralement « porteurs de pommes »), Ă©galement appelĂ©s les Immortels, sont un groupe de 10 000 combattants qui constituent la garde personnelle des rois perses achĂ©mĂ©nides. Ce corps d'Ă©lite, formĂ© par Cyrus le Grand puis rĂ©inventĂ© par Darius, est prĂ©sent dans les armĂ©es perses durant les deux guerres mĂ©diques au Ve siĂšcle av. J.-C. et durant les batailles livrĂ©s contre Alexandre le Grand au IVe siĂšcle av. J.-C.

MĂ©lophores
Présentation
Type
Localisation
Adresse
Lancier, palais de Darius Ier Ă  Suse, peut-ĂȘtre un MĂ©lophore.

Fonctions

Selon Xénophon, le corps est créé vers le milieu du VIe siÚcle av. J.-C. par Cyrus le Grand qui juge insuffisants pour garantir sa sécurité et sa tranquillité les gardes des portes :

« Il se demanda quels Ă©taient parmi les autres hommes ceux auxquels il pourrait confier le plus sĂ»rement la garde de son palais. Or comme il savait que les Perses restĂ©s au pays avaient peine Ă  vivre Ă  cause de leur pauvretĂ© et qu’ils menaient une existence trĂšs pĂ©nible, tant Ă  cause de l’ñpretĂ© du sol que parce qu’ils travaillaient de leurs mains, il crut qu’ils seraient les plus disposĂ©s Ă  se satisfaire du rĂ©gime de sa cour. Il prit donc parmi eux dix mille satellites, qui, campĂ©s autour du palais, le gardaient jour et nuit, quand il Ă©tait prĂ©sent, et qui l’accompagnaient dans ses sorties, rangĂ©s de chaque cĂŽtĂ© de sa personne[1]. »

C'est sous Darius qu'ils prennent une importance réelle en devenant le corps d'élite de l'armée perse. Hérodote écrit à leur sujet : « Toute l'infanterie les reconnaissait pour ses généraux, excepté les dix mille, corps de troupes choisi parmi tous les Perses, qui était commandé par HydarnÚs, fils d'HydarnÚs. On les appelait Immortels, parce que si quelqu'un d'entre eux venait à manquer pour cause de mort ou de maladie, on en élisait un autre à sa place, et parce qu'ils n'étaient jamais ni plus ni moins de dix mille »[2].

Les Mélophores sont également chargés de la protection de la tente royale, lorsque le Grand Roi se déplace. Ils combattent autour de lui[3] : ainsi, avec les Parents, ils protÚgent la retraite de Darius III à la bataille de GaugamÚles (331 av. J.-C.).

Ils apparaissent durant les guerres médiques[2] et durant la bataille d'Issos et la bataille de GaugamÚles livrées contre l'armée macédonienne menée par Alexandre le Grand.

Batailles emblématiques des "Immortels"

La bataille la plus emblématique auquel les Immortels ont participé est la Bataille des Thermopyles opposant l'armée Perse commandée par XerxÚs Ier et l'armée grecque commandée par Léonidas Ier de Sparte et se soldant par une victoire Perse

DĂ©nomination

Leur nom vient de la pomme[4] ou de la grenade[5] qui orne la hampe de leur lance, en lieu et place de saurotĂšres (pointes). Mille des MĂ©lophores, commandĂ©s par un chiliarque, portent une pomme d'or, tandis que les 9 000 autres portent des pommes d'argent. Selon HĂ©raclide de CymĂ©, ces Mille sont choisis de naissance noble (aristindĂȘn) et perse.

Paraphrasant HĂ©rodote[2], XĂ©nophon[5] explique leur autre nom d'« Immortels » par le fait que « si quelqu'un d'entre eux venait Ă  manquer pour cause de mort ou de maladie, on en Ă©lisait un autre Ă  sa place, et parce qu'ils n'Ă©taient jamais ni plus ni moins de dix mille[6]. » Cette notion de l'immortalitĂ© est bien connue dans la MĂ©diterranĂ©e antique — c'est par exemple le cas des troupeaux « immortels » dans le contrat au « cheptel de fer » (tout animal mort ou perdu est remplacĂ© par le bĂ©nĂ©ficiaire du bail, le nombre de tĂȘtes restant constant) ou encore des colombes portant l'ambroisie aux dieux dans HomĂšre[7]. C'est encore le cas des « Immortels » de l'AcadĂ©mie française[8].

Équipement

Les Mélophores ont impressionné les auteurs grecs par leur luxe : Hérodote note qu'ils « surpassaient toutes les autres troupes par leur magnificence » et qu'« ils brillaient par la multitude des ornements en or dont ils étaient décorés »[2]. Quinte-Curce remarque également que « c'était eux surtout qu'un luxe d'une opulence inouïe rendaient plus imposants ; à eux les colliers d'or, à eux les robes brochées d'or, et les tuniques à manche, ornées aussi de gemmes[9]. »

Élien prĂ©cise qu'ils portent des robes « couleur pourpre et jaune pomme[10] ». Sensible Ă  leur aspect impressionnant, Alexandre le Grand conserva les MĂ©lophores et les utilisa Ă  son service aprĂšs qu'il eut mis fin au rĂšgne des AchĂ©mĂ©nides.

Il est probable que les lanciers et archers représentés sur les briquées émaillées de l'Apadana (salle d'audience) du palais de Darius Ier à Suse soient des Mélophores.

Dans la culture

Dans sa bande dessinée 300 (adapté au cinéma en 2007), Frank Miller a dépeint les immortels sous des traits qui ne présentent aucun rapport apparent avec les riches soldats représentés sur le palais de Suse : ils ressemblent à des ninjas et portent des masques de métal pour cacher la laideur de leur visage. Le film fut d'ailleurs sujet à controverse lors de sa sortie en salles.

Notes et références

  1. Xénophon, Cyropédie [lire en ligne]. Extrait de la traduction de Pierre Chambry, 1958.
  2. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], VII, 83.
  3. Arrien, III, 13, 1.
  4. Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne), XII, 514b.
  5. Xénophon, Cyropédie, VII, 41, 83.
  6. Extrait de la traduction de Larcher, 1850.
  7. Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne], XII, 64-65.
  8. Rapprochements suggĂ©rĂ©s par Vidal-Naquet dans « Les esclaves immortelles d'AthĂ©na Ilias », dans Le Chasseur noir, MaspĂ©ro, 1981. Sur le « cheptel de fer », cf. Claire PrĂ©aux, « De la GrĂšce classique Ă  l'Égypte hellĂ©nistique. Les troupeaux immortels et les esclaves de Nicias », dans Chronique d'Égypte, 41 (1966), p. 161–164.
  9. Quinte-Curce, III, 3, 13.
  10. Élien, Histoires variĂ©es [lire en ligne], IX, 3.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Pierre Briant, Histoire de l’Empire perse, de Cyrus Ă  Alexandre, [dĂ©tail de l’édition].
  • Raquel RDJ, « Les MĂ©lophores », dans La Revue d'Histoire Militaire, Les Lilas, La Revue d'Histoire Militaire, 2020 (lire en ligne).

Liens externes

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