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Armée perse sous Darius III

L'armée perse de Darius III a été opposée à l'armée macédonienne d'Alexandre le Grand de 334 à 330 av. J.-C. Elle a été vaincue aux batailles du Granique, d'Issos et de Gaugamèles, victime de son impréparation et des erreurs stratégiques commises par Darius.

Lancier perse, palais de Darius Ier Ă  Suse, peut-ĂŞtre un MĂ©lophore.

Effectifs

Les effectifs dĂ©livrĂ©s par les auteurs anciens sont très divergents, et parfois peu vraisemblables. Certains, comme Arrien par exemple, vont jusqu'Ă  affirmer que Darius III aligne Ă  Gaugamèles près d'un million de fantassins, 40 000 cavaliers et 200 chars Ă  faux. La critique moderne a beaucoup diminuĂ© ces chiffres, 200 000 Ă  300 000 semble un maximum, sans doute moins. Ă€ Issos aux 25 000 Ă  30 000 hommes d'Alexandre, Darius en oppose 100 000 dont une moitiĂ© Ă  peine prend part Ă  la bataille. L'armĂ©e perse reste nĂ©anmoins plus nombreuse que l'armĂ©e macĂ©donienne. Il s'agit cependant d'une armĂ©e bien moins homogène que l'armĂ©e macĂ©donienne et qui n'a qu'une faible expĂ©rience du combat.

Cavalerie

Cavalerie lourde

Reconstitution d'un cavalier perse d'après le sarcophage d'Alexandre.

Les corps de cavalerie sont très nombreux dans l'armĂ©e perse. Il y a bien sĂ»r les Perses eux-mĂŞmes dont les cavaliers sont Ă©quipĂ©s d'une armure en cuir ou en tissu molletonnĂ©, sur laquelle on fixe des Ă©cailles de mĂ©tal afin de protĂ©ger la poitrine, l'abdomen, le dos et les Ă©paules. Elle Ă©tait souvent portĂ©e sous une tunique gĂ©nĂ©ralement de couleurs vives. Chaque cavalier porte deux poltons, une javeline de 1,5 mètre environ, parfois 1,8 mètre dont la pointe est en fer ou en bronze. En armes de contact, ces cavaliers utilisent soit une Ă©pĂ©e courte (assez similaire au kopis grec) soit une longue dague (l'akenakes) soit divers types de haches.

Certains cavaliers sont équipés plus lourdement que la majorité et montent des chevaux en partie protégés par une cuirasse composée d'une couverture en cuir recouverte d'écaille de bronze et attachée à la base du cou du cheval et à la ceinture du cavalier. Cette protection, qui se nomme parameridia protège les flancs du cheval et les jambes du cavalier, ce sont les débuts de la technique des cataphractaires, d'origine scythique. Sur la tête du cheval on fixe un bonnet de cuir recouvert lui aussi d'écailles de bronze qui la protège des oreilles aux nasaux. Quant au poitrail de l'animal il est abrité d'une armure de cuir recouvert de lamelles de bronze. Les cavaliers ont un casque métallique, soit de type grec soit de forme conique, et une cuirasse de bronze. Ce sont surtout les peuples scythiques d'Asie centrale : les Massagètes et les Bactriens, placés à l'aile gauche lors de la bataille de Gaugamèles, ainsi que les Cappadociens de l'aile droite qui sont ainsi équipés.

Cavalerie légère

Les Scythes sont des archers à cheval qui utilisent un arc composite court et incurvé, souvent fabriqué à partir de matériaux très divers tels les nerfs d'animaux (pour la corde), de corne, de bois... Les flèches, légères et peintes en rouge ou en blanc possèdent une pointe en bronze ou en fer et sont disposées dans un gorytos, étui pendu à la ceinture du côté gauche et qui contient plus de 200 flèches. Leur deuxième arme est soit une dague soit une hache, rarement le javelot. Ils sont facilement identifiables à leurs tissus en laine, soie, feutrine ou cuir de couleur éclatante (bleu, blanc, jaune, pourpre...). Certains Scythes se battent à pied essentiellement et utilisent alors une hache et leur bouclier caractéristique : ovale, en bois et recouvert de peau.

Les Sakas, appelés aussi Massagètes par Hérodote, peuple scythe d'Asie centrale, adoptent, outre l'arc scythe, une hache à tête de pioche équilibrée du côté opposé par une tête de marteau, ainsi qu'une longue épée. Il faut noter enfin la présence de cavaliers d'Arachosie (région de Kandahar actuelle au sud de l'Afghanistan) armés de javelots et de courtes haches et des premières mentions d'archers montés Parthes lesquels combattent généralement avec les Mèdes les deux peuples se mélangeant aisément.

Chars et éléphants de guerre

Charge des chars à faux perses à la bataille de Gaugamèles.

Darius III aligne 200 chars à faux à Gaugamèles et fait enlever les pierres de la plaine pour faciliter leurs mouvements. Il les place au centre de son dispositif afin d'attaquer de front la phalange macédonienne. Le premier choc des chars à faux est meurtrier pour les phalangites, mais rapidement ceux-ci pointent leurs sarisses sur les conducteurs de chars et brisent leur assaut. Darius se tient lui-même juché sur son char au milieu du bataillon des Parents du Roi. Par deux fois, à Issos et à Gaugamèles, il doit fuir face à l'attaque frontale des cavaliers macédoniens, ce qui tend à montrer l'inadaptabilité de cette arme de guerre, prestigieuse, mais peu efficace à l'arrêt.

Darius dispose à Gaugamèles d'une troupe de 15 éléphants de guerre, originaires des satrapies indiennes, qu'il place au centre de son dispositif en soutien des chars à faux. Leur contribution à la bataille n'est pas cruciale. Il faut attendre la bataille de l'Hydaspe pour voir les Macédoniens affronter pour la première fois une véritable armée d'éléphants.

Infanterie

Infanterie légère

Bien qu'elle soit numĂ©riquement très nombreuse, l'infanterie n'a pas pour les souverains achĂ©mĂ©nides l'importance des gens de cheval. Elle est essentiellement composĂ©e d'une infanterie lĂ©gère comprenant des javeliniers, des frondeurs et des archers, dont les fameux archers perses et frondeurs rhodiens. Les Perses distinguent les kardakes (en) (ou Cardaces) qui sont des fantassins ne portant pas d'armure, Ă©quipĂ©s de javelots, d'arcs ou alors d'une kopis et d'un bouclier. Ă€ Issos, on estime que Darius dispose d'au moins 20 000 Kardakes, recrutĂ©s surtout en Babylonie. Ils doivent par un armement similaire aux peltastes faire contrepoids Ă  la supĂ©rioritĂ© de l'infanterie macĂ©donienne. Il convient de remarquer que l'arc perse possède une grande taille pour les canons de l'Ă©poque, environ 1,20 mètre. XĂ©nophon note que les archers perses tirent plus loin que les CrĂ©tois pour ajouter ensuite que c'est sans doute la consĂ©quence de flèches plus lĂ©gères. Pour autant, lors des confrontations avec l'armĂ©e d'Alexandre, l'infanterie lĂ©gère perse a Ă©tĂ© balayĂ©e par la phalange macĂ©donienne.

Infanterie lourde et Immortels

Reconstitution d'un fantassin perse d'après le sarcophage d'Alexandre

L'infanterie lourde perse est principalement composĂ©e de mercenaires grecs armĂ©s en hoplites. Ils proviennent essentiellement d'Athènes, citĂ© traditionnellement hostile Ă  la MacĂ©doine. Au Granique, l'infanterie hoplitique mercenaire, privĂ©e du soutien de la cavalerie perse, est prise en Ă©tau, et systĂ©matiquement massacrĂ©. Sur 10 000 mercenaires grecs seulement 2 000 survivent et sont envoyĂ©s aux travaux forcĂ©s. Darius dispose Ă©galement d'une infanterie lourde venant de l'Empire.

L'armĂ©e perse compte depuis Cyrus Ier un bataillon de 10 000 mĂ©lophores, appelĂ©s aussi Immortels par XĂ©nophon, recrutĂ©s parmi la noblesse perse. Il s'agit de lanciers et d'archers d'Ă©lite, ornĂ©s de luxueuses parures, qui forment la garde Ă  pied du roi. Darius les aligne au centre de son dispositif aux batailles d'Issos et de Gaugamèles. Leur courage et leur fidĂ©litĂ© Ă  Darius sont certains mais leur apport n'a pas Ă©tĂ© dĂ©cisif.

Tactiques militaires

La tactique privilégiée par Darius est celle de l'enveloppement par les deux ailes grâce à sa cavalerie, alors qu'Alexandre préfère la percée au centre en profitant des brèches créées sur les ailes adverses par sa cavalerie lourde. Darius parie donc sur sa cavalerie, en nette supériorité numérique. Pourtant à Issos, n'écoutant pas ses conseillers grecs, il place son armée sur un site qui n'est pas favorable aux manœuvres de cavalerie : son aile droite, opposée à la cavalerie thessalienne, est bloquée le long du rivage et ne peut de ce fait réussir l'encerclement. À Gaugamèles, Darius choisit cette fois-ci un terrain favorable, mais la force d'impact des Macédoniens et le brusque changement de direction d'Alexandre qui fonce sur le centre de l'armée perse empêchent toute tentative d'enveloppement. Quant à la défaite du Granique (et au massacre des mercenaires grecs placés à l'arrière sans ordres véritables), elle n'est pas seulement imputable à Darius, même si celui-ci a ordonné aux satrapes d'affronter Alexandre sans préparatifs suffisants. Au moment du débarquement de l'armée macédonienne en Phrygie hellespontique, il ne désigne en effet pas de commandant en chef, laissant se développer les divergences stratégiques entre les satrapes et les généraux dont Memnon de Rhodes, le chef des mercenaires grecs, qui conseille sans succès de pratiquer la terre brûlée et de contraindre les Macédoniens à se battre à l'intérieur du pays.

Finalement, on peut considĂ©rer que tout au long des conquĂŞtes d'Alexandre, la stratĂ©gie macĂ©donienne, fondĂ©e sur l'astuce et la surprise, ainsi que la puissance de choc de la cavalerie et de la phalange, ont prĂ©valu sur l'« esprit chevaleresque Â» des Perses.

Sources antiques

Bibliographie

  • Pierre Briant, Histoire de l’Empire perse, de Cyrus Ă  Alexandre, [dĂ©tail de l’édition].
  • Pierre Jouguet, L'impĂ©rialisme macĂ©donien et l'hellĂ©nisation de l'Orient, Albin Michel, coll. « L'Ă©volution de l'humanitĂ© », 1972.
  • Antonis et Pavlo Georgakis, Arbèles, Socomer, coll. « Les grandes batailles de l'histoire », 1989.

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