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Microbiote des plantes

Le microbiote des plantes, appelé aussi phytobiote, est le microbiote constitué de la communauté de micro-organismes bactériens et fongiques plus ou moins mutualistes ou symbiotiques, associée à la plupart des plantes[2] :

  • une partie du microbiote, dite « rhizosphĂ©rique Â» est intimement associĂ©e aux racines ;
  • une autre part est externe (Ă©piphyte, c'est-Ă -dire sur les Ă©corces, les tiges et les feuilles des plantes[3] ; dans ce dernier cas, les micro-organismes symbiotes sont presque toujours uniquement en surface immĂ©diate de la feuille dite « phyllosphĂšre Â» ou de la tige dite « caulosphĂšre Â», ou des micro-habitats spĂ©cifiques comme l'anthosphĂšre pour les fleurs, la carposphĂšre pour les fruits et la spermosphĂšre pour les graines).
  • une derniĂšre part, composĂ©e de micro-champignons ou de bactĂ©ries endophytes (endosphĂšre), vit pour tout ou partie Ă  l'intĂ©rieur des feuilles ou de certaines cellules vĂ©gĂ©tales (dans les cĂ©rĂ©ales notamment).
Phytobiome (ou microbiome d'un végétal) occupant l'endosphÚre (toute la plante) et ici aussi représenté compartimenté, dont en rhizosphÚre (sur et à proximité des racines), et phyllosphÚre (sur et sous les feuilles uniquement).
On retrouve aussi sur (voire dans) la plante des microbes plus ou moins ubiquistes et opportunistes, Ă©ventuellement pathogĂšnes provenant de l'air et du sol.
Taille et diversité des organismes du sol.
Trois photographies diachroniques (2002, 2006 et 2015) montrant la croissance de saules et peupliers (espĂšces pionniĂšres) au bord de la riviĂšre Snoqualmie (Ouest de l’État de Washington), sur bancs de galets et sables. Ces arbres poussent spontanĂ©ment et vigoureusement bien que situĂ©s sur un substrat oligotrophe et carencĂ© en azote.
Sharon L. Doty et al., dans une étude de 2016[1] montrent qu'une part du microbiote est formé non pas de bactéries et champignons rhizosphériques mais de bactéries endophytes diazotrophes de l'intérieur des branches, qui aident efficacement à capter l'azote ambiant (et non directement bioassimilable par les végétaux).

Le microbiome de la plante est appelé phytobiome.

Ce microbiote est étudié depuis au moins les années 1950[4] et fait l'objet de nombreuses découvertes.

L'un des enjeux d'une meilleure connaissance du microbiote des végétaux est de l'utiliser comme allié en agriculture, voire pour la dépolluer des sols ou de l'eau (pollution azotée en particulier, responsable de l'acidification et de l'eutrophisation et d'un appauvrissement de nombreux habitats et écosystÚmes).

Historique des découvertes

De nombreux types de symbioses entre organismes sont connus et semblent faire partie des mécanismes importants de l'évolution et de la sélection naturelle[5].

La mycologie et la botanique ont depuis plusieurs décennies montré que le systÚme racinaire des plantes abrite des symbioses complexes et souvent vitales (avec des champignons et des bactéries principalement, externes ou endophytes, internes). Ces symbioses permettent notamment aux végétaux de mieux capter l'azote comme nutriment mais elles présentent aussi de nombreux autres avantages pour les plantes (et leurs symbiotes).

Bactéries fixatrices d'azote dans les racines... et les feuilles

Des bactĂ©ries fixatrices d'azote ont d'abord Ă©tĂ© trouvĂ©es et Ă©tudiĂ©es dans les nodules racinaires dĂ©veloppĂ©s par les lĂ©gumineuses (FabacĂ©es) puis, Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme de certaines plantes alors dites actinorhiziennes (abritant des actinomycĂštes dans des structures actinorhizes). Ce type de symbioses - envisagĂ©es d'abord associĂ©es aux racines[6] puis aux aiguilles de certains rĂ©sineux[7] permet Ă  certains vĂ©gĂ©taux d'avoir une croissance plus rapide, voire trĂšs rapide, en particulier chez des espĂšces ou variĂ©tĂ©s de grand intĂ©rĂȘt agricole[8], commercial et alimentaire comme la (canne Ă  sucre[9]).

Une partie du microbiote des plantes, découverte en 2009 et 2016[1], est cachée dans la portion aérienne des arbres, dans les aiguilles des essences pionniÚres résineuses et dans les branches d'arbres des Salicaceae (saules (Salix sp.)[10] et peupliers (Populus sp.). Elle explique que ces taxons peuvent croitre facilement sur des substrats pourtant trÚs pauvres et notamment carencés en azote bioassimilable[1].

Élagage naturel

ÉpicĂ©a trĂšs branchu, montrant que l'Ă©lagage naturel est inexistant ou trĂšs lent chez certaines espĂšces pour qui une taille d'entretien afin d'accĂ©lĂ©rer la chute des branches mortes peut ĂȘtre envisagĂ©e.

L'Ă©lagage naturel, appelĂ© autoĂ©lagage, Ă©limine les branches affaiblies (parasitisme de faiblesse) ou mortes (mort par manque de lumiĂšre ou tuĂ©es par des champignons localement parasites)[11], favorisant l’élĂ©vation de la couronne et l’installation du houppier dĂ©finitif. Il se rĂ©vĂšle donc utile Ă  l'adaptation d'une structure ligneuse Ă  son environnement, participe Ă  la construction de l'architecture d'un individu, et fait intrinsĂšquement parti de l'Ă©cosysteme et de l'Ă©quilibre d'un peuplement.

Il implique l'activitĂ© d'une communautĂ© microbienne spĂ©cialisĂ©e qui parasite les tissus ligneux affaiblis (organismes biotrophes), les tue puis dĂ©compose les branches manquant de lumiĂšre (organismes nĂ©crotrophes), ou simplement des micro-organismes saprotrophes (saproxyliques et saproxylophages) qui consomment des branches dĂ©jĂ  mortes. Plusieurs Ă©tudes mettent en Ă©vidence la diversitĂ© taxonomique de ce groupe d'« Ă©lagueurs Â» : Stereum gausapatum, Vuilleminia comedens (de), Peniophora quercina, Phellinus ferreus (en), Phlebia rufa sur les branches de chĂȘnes ; Daldinia concentrica, Hypoxylon rubiginosum, Peniophora lycii et Peniophora quercina sur celles de frĂȘne[12] - [13].

L'absence de la communauté microbienne associée à des arbres importés dans une région et propre à chaque espÚce ligneuse (épicéas en plaine, Pin de Monterey et cyprÚs introduits de Californie en Bretagne) a pour conséquence que l'élagage naturel ne s'effectue plus. L'aspect lisse du tronc correspond ainsi à une sculpture microbienne, les agents d'élagage étant des champignons microscopiques[14].

Découvertes d'un endomicrobiote aérien chez les végétaux

Jusqu'en 2010, les endosymbioses bactĂ©riennes fixatrices d'azote n’étaient connues avec certitude que chez les graminĂ©es tropicales ou certains arbres, mais uniquement au niveau racinaire ou en situation d'Ă©piphytes, sur les feuilles. Ces endosymbioses bactĂ©riennes Ă©taient auparavant soupçonnĂ©es dans les parties aĂ©riennes de quelques essences d'arbres[1].

Au début du XXIe siÚcle, des chercheurs intrigués par la capacité de certaines essences pionniÚres à s'enraciner et à grandir rapidement dans des substrats trop pauvres pour leur offrir une quantité suffisante d'azote ont soupçonné qu'il existait aussi des endosymbioses aériennes chez les certains arbres (pins, robiners et aulnes) avec des effets d'abord uniquement expliqués par des réactions de dénitrification[15] - [1].

Deux Ă©tudes rĂ©centes (2012 et 2016) montrent que des rĂ©sineux croissant sur des substrats rocheux trĂšs pauvres en azote pouvaient Ă©galement abriter Ă  l’intĂ©rieur de leurs aiguilles des colonies de bactĂ©ries fixatrices d'azote ; il s'agit des essences amĂ©ricaines du Pin tordu (Pinus contorta)[7], du Thuya gĂ©ant (Thuja plicata)[16] dont certains tissus abritent des bactĂ©ries des genres Paenibacillus et Dyadobacter, fixatrices d'azote[17] et du Pin flexible (Pinus flexilis)[18].

Composition (de la communauté associée)

Mycélium du champignon Amanita muscaria en symbiose (ectomycorhize) avec la racine d'un pin américain (Pinus radiata)
Mycélium (blanc) de champignon ectomycorhizien associé aux racines (brunes) de Picea glauca en condition aérobie
DĂ©tail d'un manchon ectomycorhizien
Gainage par des bactéries filamenteuses d'une racine subaquatique d'aulne
  • Fonge : la plupart des espĂšces vĂ©gĂ©tales terrestres ont une ou plusieurs espĂšces de champignons qui les mycorhizent.
  • BactĂ©ries : selon les donnĂ©es disponibles au dĂ©but des annĂ©es 2010, la diversitĂ© taxonomique des bactĂ©ries du microbiote est relativement rĂ©duite, avec composition phylogĂ©nĂ©tique se rĂ©sumant Ă  quelques embranchements bactĂ©riens avec pour la rhizosphĂšre notamment Actinobacteria, Bacteroidetes, Firmicutes & Proteobacteria[19].

Fonctions

Les animaux sont associés à un microbiote interne et externe qui semble toujours principalement bactérien bien qu'il abrite également des champignons et des protozoaires et quelques organismes parasites ou commensaux (qui aident généralement leurs hÎtes à mieux vivre). Ce microbiote influence notamment l'efficacité de la nutrition et la qualité du systÚme immunitaire vital pour la santé de l'hÎte. Comme chez les plantes[20], cette association se réalise avec d'autres communautés et quelques spécificités.

Comme les animaux et toutes les espĂšces connues, les plantes ont besoin d'un nutriment vital : l'azote (N). Elles ne peuvent cependant pas l'utiliser sous sa forme N2 la plus commune (plus de 75 % de l’air), elles doivent le capter dans l'environnement sous forme de nitrates principalement mais il y est parfois rare. Au cours de l'Ă©volution et de la coĂ©volution entre les plantes et les micro-organismes abondamment prĂ©sents dans les sols, la plupart des plantes ont dĂ©veloppĂ© des relations symbiotiques en s'associant certaines bactĂ©ries, capables en milieu anoxique ou appauvri en oxygĂšne, de transformer l'azote de l'atmosphĂšre (prĂ©sent dans un sol suffisamment aĂ©rĂ©) en azote biodisponible. Elles le font via un enzyme, la nitrogĂ©nase que les plantes ne peuvent biosynthĂ©tiser et qui ne fonctionne qu'Ă  l’abri de l’oxygĂšne[1].

Ce microbiote vĂ©gĂ©tal rend certaines plantes plus tolĂ©rantes au sel, aux tempĂ©ratures extrĂȘmes et, permet la production de vitamines et phytohormones pour un meilleur captage des oligo-Ă©lĂ©ments, augmente leur rĂ©sistance Ă  certains microbes pathogĂšnes, dĂ©toxifie certains polluants (dans la plante et aussi le sol) et, augmente fortement la capacitĂ© des vĂ©gĂ©taux Ă  prĂ©lever des nutriments dans le sol, l'air et/ou l'eau[19] - [21] - [22] - [23] et par suite Ă  dĂ©colmater le sol de leurs exsudats et de leur nĂ©cromasse, de l'enrichir au profit de l'humification, du captage de carbone (puits de carbone) et plus gĂ©nĂ©ralement de la biodiversitĂ© des sols (pĂ©doflore et pĂ©dofaune) et de la biosphĂšre.

Enjeux

Mieux connaitre et comprendre ces symbioses est un enjeu dans de nombreux domaines.

Services écosystémiques

  • les espĂšces pionniĂšres comme le saule et peuplier offrent d'importants services environnementaux pour l'eau, l'air, les sols, les puits de carbone, les paysages, le tourisme, etc.[24]. Les symbiotes microbiotiques permettent Ă  certains arbres de pousser plus en altitude (jusqu'au niveau de la fonte des neiges parfois - en limite supraforestiĂšre), et secondairement ils permettent ainsi Ă  une espĂšce ingĂ©nieur comme le Castor de coloniser des milieux situĂ©s plus en altitude, (le castor fiber Ă©tait autrefois prĂ©sents en France jusqu'Ă  2 000 m d'altitude selon des donnĂ©es palĂ©ontologiques) et d'y Ă©difier ses barrages qui contribuent Ă  rĂ©guler le flux de l'eau ainsi qu'Ă  offrir de nouveaux milieux propices Ă  la biodiversitĂ© [38, 39].
  • les endosymbioses aĂ©riennes rĂ©cemment dĂ©couvertes dans les branches d'arbres peuvent amĂ©liorer la ressource en bois-Ă©nergie, biomasse-Ă©nergie toute en contribuant Ă  rĂ©guler la teneur de l’air en azote (eutrophisant et acidifiant des pluies) et en amĂ©liorant les puits de carbone d'altitude. Ce microbiote est donc aussi un enjeu pour les questions de gestion, restauration et protection de la nature [25].
  • la stabilisation de phĂ©nomĂšnes d'Ă©rosion des sols : de 2010 Ă  2012, plusieurs Ă©tudes ont portĂ© sur l’identification du microbiome de Populus deltoides et du peuplier hybride, et sur son implication dans la promotion de la croissance de ces arbres, y compris en milieu polluĂ©[26] - [27] - [28] - [29] - [30].
  • dĂ©pollution de sols dĂ©gradĂ©s ou vulnĂ©rables : dans la nature, le peuplier P. trichocarpa peut prospĂ©rer sur des substrats neufs et presque dĂ©pourvus d’azote et de sol, lĂ  oĂč la fonte de neiges alpine a Ă©rodĂ© le sol et dĂ©posĂ© des galets et du sable[31], comme en zone rivulaire de la Snoqualmie River[32] oĂč le sol est presque exclusivement minĂ©ral (sable et galets) et oĂč l’eau est naturellement trĂšs pauvre en azote (0,15 mg d'azote sous forme NO3− et 0,30 mg sous forme de NH4- par litre d’eau en 2011). On avait d’abord pensĂ© que ce peuplier Ă©tait capable d’exploiter au mieux la matiĂšre organique en place et notamment l'azote organique du milieu, mais ce milieu en est presque exempt. Une bactĂ©rie endophyte (Rhizobium tropici) a d’abord Ă©tĂ© observĂ©e Ă  l’intĂ©rieur de peupliers hybrides cultivĂ© en serre (dans des substrats hydroponiques ou de gĂ©lose prĂ©parĂ©s pour qu’ils ne contiennent pas d’azote). Puis plusieurs autres espĂšces endophytes diazotrophes ont Ă©tĂ© isolĂ©es Ă  partir de peuplier sauvage dans une zone riveraine naturelle dominĂ©e par des galets[33] (les bactĂ©ries ont Ă©tĂ© extraites de l’intĂ©rieur d’échantillons de branches d’abord prĂ©alablement dĂ©sinfectĂ©s sur toute leur surface). En inoculant ces endophytes elles se sont montrĂ©es ĂȘtre des symbiotes efficaces chez d'autres espĂšces et familles de plantes, dont chez des graminĂ©es[34], le maĂŻs[35], le riz[36], et d’autres plantes cultivĂ©es aussi diffĂ©rentes que la tomate, le poivron, la courge ou encore l'herbe utilisĂ©e pour les gazons[37] (ce qui pourrait intĂ©resser les propriĂ©taires de golf qui dĂ©pensent beaucoup d'argent en engrais et pesticides (Cf article Golf et environnement). Toutes ces plantes ont montrĂ© aprĂšs inoculation une meilleure croissance et une bonne santĂ© dans de mauvaises conditions nutritives (sol carencĂ© en azote). Ces bactĂ©ries endophytes ont ainsi permis de doubler le rendement de deux variĂ©tĂ©s de tomates inoculĂ©es, et la teneur en azote foliaire des feuilles de plants d'ivraie expĂ©rimentalement inoculĂ©s a augmentĂ© (jusqu'Ă  + 26 %) et jusqu'Ă  6 fois pour l’azote racinaire[37].
  • DĂ©pollution de l'eau par les plantes ; le microbiote de vĂ©gĂ©taux aquatique (hĂ©lophytes ou arbres tels que l'aulne) contribue Ă  mieux « pomper Â» l'azote qui est un eutrophisant problĂ©matique de l'eau. Une partie de ce microbiote semble aussi capable de minĂ©raliser certains surfactants qui sont d'autres polluants prĂ©occupants de l'eau[38]

Agriculture

Agriculture de façon large : La culture sélective des plantes constitue un enjeu majeur depuis l'émergence de la pratique agricole, il y a plusieurs milliers d'années.

  • De nombreuses Ă©tudes ont portĂ© sur l'amĂ©lioration de la productivitĂ© des cĂ©rĂ©ales et notamment du blĂ©[39] - [1] ;
  • santĂ© environnementale ; elle passe par le bon Ă©tat des Ă©cosystĂšmes, et donc notamment de l'arbre, des ripisylves des haies et des forĂȘts (touchĂ©es depuis quelques dĂ©cennies par des maladies Ă©mergentes); les arbres Ă©tant condamnĂ©s Ă  une immobilitĂ© relative, leurs symbioses microbiennes leur sont particuliĂšrement vitales. Comprendre ce phĂ©nomĂšne et quelles sont les bactĂ©ries impliquĂ©es pourrait conduire Ă  amĂ©liorer la productivitĂ© agricole. Le microbiote rĂ©cemment dĂ©couvert chez certains arbres pionniers, leur permet de pousser sur des sols considĂ©rĂ©s comme particuliĂšrement infertiles (oligotrophes) en amĂ©liorant localement le puits de carbone, en protĂ©geant les sols[1].
  • une certaine agriculture pourrait devenir moins dĂ©pendante des engrais azotĂ©s de synthĂšse, au profit d’une façon plus naturelle de stimuler la productivitĂ© de plantes cultivĂ©es (Cf. permaculture). En effet, le microbiote rhizosphĂ©rique peut supplĂ©er Ă  une partie significative de l'azote aujourd'hui apportĂ© par des engrais de synthĂšse[40]. Il a Ă©tĂ© montrĂ© que les communautĂ©s microbiennes isolĂ©es sur les branches du peuplier Populus trichocarpa et de saules en situation pionniĂšre sur des sols pauvres en azote, se sont aussi montrĂ©es capables d’aider le maĂŻs, la tomates et le poivrons comme les graminĂ©es et des arbres de la forĂȘt Ă  croĂźtre avec moins d’engrais[1].

Sylviculture :

  • Domaine des bioĂ©nergies : bouleaux, saules et peupliers ne sont pas les bois les plus intĂ©ressants Ă©nergĂ©tiquement (en termes de biomasse Ă©nergie), mais ils sont parfois utilisĂ©s pour la bioĂ©nergie ainsi que par la filiĂšre bois-matĂ©riau[1].
  • sylviculture & agrosylviculture ; Il est maintenant dĂ©montrĂ© que des bactĂ©ries endophytes diazotrophes peuvent ĂȘtre prĂ©levĂ©es Ă  l'intĂ©rieur de tiges d'espĂšces sauvages, et inoculĂ©es Ă  d'autre espĂšces : Ceci a Ă©tĂ© expĂ©rimentĂ© Ă  partir de peupliers sauvages avec des bactĂ©ries prĂ©levĂ©es, cultivĂ©es et inoculĂ©es chez des peupliers hybrides Ă©levĂ©s en conditions contrĂŽlĂ©e (sous serre). Cette inoculation a entraĂźnĂ© une augmentation de la teneur totale en chlorophylle des feuilles et de la teneur totale en azote des racines. Chez les plantes inoculĂ©es, il a Ă©tĂ© estimĂ© que 65 % de leur azote provenait d'une fixation biologique de l’azote atmosphĂ©rique[41].
  • nĂ©o-boisements et reforestation ; On a dĂ©jĂ  montrĂ© que l'inoculation de micro-organismes symbiotes de la rhizosphĂšre pouvait faciliter l'installation et la croissance d'arbres[1] ou d'autres plantes[42] - [43].
    L'inoculation en pĂ©piniĂšre de certaines bactĂ©ries Ă  certaines essences d'arbres pourrait peut-ĂȘtre permettre de diminuer les taux d'Ă©checs de nombreux projets de restauration de sols et de ceintures vertes et boisements en zone aride (sahĂ©lienne notamment) ou salinisĂ©e, ce qui pourrait ĂȘtre une alternative efficace et moins coĂ»teuse et socialement plus acceptable que la transgenĂšse dĂ©jĂ  testĂ©e dans cette perspective.

Perspectives et pistes de recherche

Les conditions favorisantes (ou au contraire inhibantes) des associations optimales de plante avec un microbiote spécifique sont encore trÚs mal comprises, en particulier pour les endosymbioses. Cette question intéresse tant les sciences fondamentales que la recherche appliquée.

Mieux connaitre le devenir et le rĂŽle Ă©ventuel des bactĂ©ries et champignons ainsi « captĂ©s » par la plante, par exemple lors de l'utilisation de mulch ou dans le cadre de phĂ©nomĂšnes de rĂ©silience Ă©cologique observĂ©s avec l'utilisation de bois ramĂ©al fragmentĂ© ou lors de certaines colonisations ou rĂ©gĂ©nĂ©rations forestiĂšres (post-tempĂȘte ou suivant certaines coupes rases ou incendies de forĂȘt[44]) sont des questions d'intĂ©rĂȘt scientifique, mais Ă©galement intĂ©ressantes pour le gĂ©nie Ă©cologique et toutes les techniques de cultures de vĂ©gĂ©taux aĂ©riens ou de l'estran (Les plantes aquatiques marines de la zone de l'estran, Fucaceae par exemple, pourraient Ă©galement prĂ©senter des symbioses d'intĂ©rĂȘt).

Des études pluridisciplinaires associant la botanique, la génétique des plantes, la pédologie et la microbiologie des sols, l'écologie, devraient permettre de mieux comprendre les phénomÚnes de fixation rapide de l'azote atmosphérique[45], et leur importance relative dans le cycle de l'azote et éventuellement les utiliser au profit d'activités humaines plus soutenables à l'égard de l'environnement[15]. La Recherche porte aussi sur l'identification de probiotiques utilisables pour les cultures de végétaux[46] - [47].

Ces Ă©tudes[41] - [1] ont montrĂ© sans ambigĂŒitĂ© qu'il peut ĂȘtre avantageux d’inoculer certains vĂ©gĂ©taux cultivĂ©s par des endophytes provenant de la mĂȘme espĂšce, et mĂȘme d'autres espĂšces, mais on ignore encore si (et dans quelle mesure) la quantitĂ© d’azote fixĂ© par les peupliers sauvages dĂ©pend aussi de la composition, densitĂ© et rĂ©partition de son microbiote naturel.
De plus, pour identifier les bactĂ©ries testĂ©es, on les met habituellement d'abord en culture (sur trois types de mĂ©diums diffĂ©rents dans l’étude Ă©voquĂ©e ci-dessus), ce qui fait qu’on ne connait (et qu’on n’a testĂ©) que des bactĂ©ries « cultivables » (qui ne sont peut-ĂȘtre pas les plus performantes). Enfin, si les tests d’inoculations sur d’autres plantes (dont d’autres espĂšces) ont clairement montrĂ© que ces bactĂ©ries Ă©taient responsables d’une meilleure fixation de l’azote, il est possible qu’il en existe d’autres non encore repĂ©rĂ©es[1].

Il a Ă©tĂ© rĂ©cemment prouvĂ© avec des preuves expĂ©rimentales que le microbiome des graines est transmis au dĂ©veloppement des semences pendant la germination. Le microbiome transmis a Ă©galement une voie de transmission trĂšs spĂ©cifique, ce qui signifie que certaines bactĂ©ries et champignons se dĂ©placent de la mĂȘme maniĂšre vers les feuilles des plantes et d'autres vers les racines des plantes. Il a Ă©galement Ă©tĂ© montrĂ© dans cette Ă©tude que presque tout le microbiome des graines est en fait transmis Ă  la nouvelle plante, avec trĂšs peu de micro-organismes qui restent dans les graines [48] - [49].

Le microbiote comprend aussi des bactĂ©ries qui peuvent dans certaines conditions devenir pathogĂšnes voire mortelles pour la plante (ou pour l'homme comme les salmonelles[50]). Certaines associations qui semblent dĂ©lĂ©tĂšres pour la plante[51] doivent aussi ĂȘtre mieux comprises.

On cherche aussi Ă  mieux comprendre comment le systĂšme immunitaire et le gĂ©nome d'une plante "choisissent", "invitent" ou "acceptent" ces organismes symbiotes (y compris sur les surfaces foliaires)[52], et comment le microbiote interfĂšre dans les relations entre des plantes d'espĂšces diffĂ©rentes et entre individus vĂ©gĂ©taux d'une mĂȘme espĂšce [53], de mĂȘme que le rĂŽle du microbiote dans la dĂ©composition des feuilles mortes et le recyclage des Ă©lĂ©ments qu'elles contiennent[54].

Le microbiote des plantes est - sans surprise - vulnérable aux fongicides et aussi à de nombreux autres biocides dont certains sont des polluants émergents non-biodégradables, comme le nano-argent[55].

La recherche porte aussi sur le rÎle évolutif du microbiote des plantes via l'étude de la théorie hologénomique de l'évolution (en)[56] - [57].

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Notes et références

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