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Maquis de Saint-Marcel

Le maquis de Saint-Marcel, dit aussi maquis de la Nouette, est un maquis qui exista en Bretagne occupée, dans le centre du Morbihan non loin du village de Saint-Marcel pendant la Seconde Guerre mondiale.

Bataille de Saint-Marcel
Description de cette image, également commentée ci-après
Le MĂ©morial en l'honneur des RĂ©sistants du maquis de Saint-Marcel.
Informations générales
Date
Lieu Saint-Marcel
Issue Indécise
Commandants
• Paul Chenailler, dit Morice
• Pierre Bourgoin
Forces en présence
FFI :
3 000 hommes

2e RCP/4e SAS :
200 hommes

États-Unis :
4 avions P-47 Thunderbolt
2e régiment parachutiste de maintenance et d'instruction (300 hommes)
Un commando de chasse du 17e état-major du génie de forteresse
Éléments de la 275e division d'infanterie
Une compagnie du 798e bataillon de GĂ©orgiens[1]
Pertes
27 morts[2]
60 blessés[3]
15 prisonniers[3]
27 morts[4]
quelques prisonniers relâchés

Seconde Guerre mondiale

Batailles

2e campagne de France


Front d'Europe de l'Ouest


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Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée


Bataille de l'Atlantique


Guerre du Pacifique


Guerre sino-japonaise

CoordonnĂ©es 47° 48′ 18″ nord, 2° 25′ 03″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Bataille de Saint-Marcel
GĂ©olocalisation sur la carte : Bretagne
(Voir situation sur carte : Bretagne)
Bataille de Saint-Marcel
GĂ©olocalisation sur la carte : Morbihan
(Voir situation sur carte : Morbihan)
Bataille de Saint-Marcel

Histoire

Création du maquis

Musée de la Résistance bretonne de Saint-Marcel : récit de la création du maquis de Saint-Marcel.

Il a été créé en février 1943 par Émile Guimard de Lizio, et Antoine Rolland, de Sérent, pour recevoir des parachutages d'armes[5]. Ce terrain discret, dénommé « baleine » derrière la ferme de la Nouette près de Saint-Marcel avait été trouvé à la demande de la mission Cockle composée de deux agents secrets de la France libre, le lieutenant Guy Lenfant et le sergent radio André Rapin, parachutés près de l'étang au Duc entre Ploërmel et Loyat dans la nuit du 21 au pour armer les premiers réseaux de Résistance du Morbihan[6]. Ces deux agents, missions remplies avec de multiples parachutages autour de Ploërmel et de Pontivy durant le premier semestre 1943, retournèrent en Angleterre le de la même année[7], embarquant avec eux le plan des défenses allemandes du Morbihan, remis par le commandant départemental de gendarmerie et résistant, Maurice Guillaudot[8]. En mai, ces parachutages furent suspendus, après quelques ratés, pour ne pas attirer l'attention de l'occupant.

En mars 1944, plusieurs arrestations désorganisèrent la résistance locale. Le commandant Guillaudot, à Vannes, et son adjoint, le lieutenant de gendarmerie Théophile Guillo, à Ploërmel, son fils, Joseph Guillo, 20 ans (qui mourra en déportation), furent arrêtés, torturés et déportés. Plusieurs cadres FFI, de Ploërmel notamment (Henri Calindre, Louis Chérel, Lionel Dorléans, Paul Hervy) furent fusillés le à Saint-Jacques-de-la-Lande près de Rennes.

Le , l'ordre est donnĂ© par le colonel Morice (Paul Chenailler), chef dĂ©partemental F.F.I. (après l'arrestation du commandant Maurice Guillaudot), Ă  tous les rĂ©sistants du Morbihan de se rassembler Ă  la Nouette, la ferme de la famille Pondard près de Saint-Marcel (soit environ 3 000 hommes).

Description du maquis

Une description précise du maquis de Saint-Marcel est fournie par un témoignage allemand (les résistants y sont qualifiés de « terroristes ») :

« À deux kilomètres environ à l'ouest de Saint-Marcel, près de Malestroit, le camp de terroristes s'étendait sur un carré de plus de deux kilomètres de côté et était entouré de points d'appui en fortification de campagne. En particulier, toutes les voies d'accès au camp étaient protégées par des obstacles en rondins avec des mines télécommandées et des abris renforcés par des sacs de terre. À l'intérieur du camp se trouvaient quelques bâtiments de ferme que les terroristes ont utilisés comme central radio ou comme poste de secours, le château étant occupé par le « quartier général ». Les hommes du camp cantonnaient en partie dans les broussailles d'environ deux mètres de haut, d'une superficie de quatre cents sur huit cents mètres où avaient été aménagés des layons le long desquels se trouvaient des cabanes de branchage et des tentes avec de la paille abritant dix à vingt hommes. À l'intérieur du camp, une prairie d'environ cinquante sur deux cents mètres servait de zone et de centre de rassemblement[9]. »

Forces en présence

Drapeau de la France FFI et ArmĂ©e française de la LibĂ©ration 2 500 hommes

Drapeau des États-Unis États-Unis

Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand

  • 2e rĂ©giment parachutiste de maintenance et d'instruction (300 hommes) ;
  • un commando de chasse du 17e Ă©tat-major du gĂ©nie de forteresse ;
  • Ă©lĂ©ments de la 275e division d'infanterie de Redon ;
  • une compagnie du 798e bataillon de GĂ©orgiens ;
  • 2 bataillons du 3e rĂ©giment d'artillerie ;
  • patrouille de la brigade de Feldgendarmerie no 790.

Opération Dingson

Dans le cadre de la bataille de Normandie (opĂ©ration Overlord), 18 SAS (Special Air Service) des Forces françaises libres, commandĂ©s par les lieutenants Pierre Marienne et Henri Deplante, sont parachutĂ©s le soir du (22 h 30, heure locale[10]) près de Plumelec et de GuĂ©henno (Morbihan), Ă  15 km de Saint-Marcel : c'est l'opĂ©ration Dingson. 18 autres SAS sont aussi parachutĂ©s dans les CĂ´tes-d'Armor (forĂŞt de Duault), pour renseigner le haut commandement, s'assurer de la capacitĂ© de la rĂ©sistance locale, prĂ©parer l'arrivĂ©e d'autres missions et Ă©galement ralentir la remontĂ©e des forces d'occupation vers la Normandie (opĂ©ration Samwest).

Malgré un accrochage dans le Morbihan dès l'atterrissage qui fait un mort (le caporal Émile Bouétard) et trois prisonniers, 14 SAS rejoignent Saint-Marcel. Jusqu'au , 160 parachutistes du 4th SAS vont les rejoindre, dont le commandant du régiment Pierre-Louis Bourgoin.

Dans la nuit du 17 au quatre jeeps et des armes transportées par des planeurs furent parachutées , d'autres l'étant début août à Malachappe près de Pluvigner et le 5 août à Locoal-Mendon.

Bataille de Saint-Marcel

Le , le maquis est attaquĂ©. MalgrĂ© un soutien aĂ©rien alliĂ© pendant une heure en milieu d'après-midi au moment oĂą la pression ennemie s'aggrave (4 avions de chasse P-47 Thunderbolt amĂ©ricains mitraillant les convois allemands en direction du maquis), les 3 000 rĂ©sistants et 200 parachutistes SAS français (comprenant des cooneys parties et des rescapĂ©s de Duault venus complĂ©ter les parachutĂ©s sur le camp), se replieront Ă  la faveur de la nuit, après toute une journĂ©e de combat.

Ce jour-là, Pierre Marienne (1908-1944) galvanisa les combattants, il mitraillait les Allemands d'une jeep en intervenant dans les secteurs menacés. Blessé à la tête et couvert d'un bandeau de parachute blanc teinté de sang, il y gagna son surnom : le « lion de Saint-Marcel »[11] - [12].

Pertes du maquis

Selon l'essayiste Pierre Montagnon, le bilan pour les Français est de 42 tués, dont 6 parachutistes, 60 blessés et 15 prisonniers[13]. Mais pour Patrick Mahéo, « dans le nombre de quarante-deux, habituellement indiqué, figurent des non-combattants assassinés par les Allemands et des F.F.I. ou des parachutistes tués dans le voisinage au cours des jours suivants[4]. » D'après Gérard Le Marec, les Français ont une trentaine de tués[3]. Pour Philippe Buton, les Français déplorent 27 tués, dont 6 parachutistes et 21 FFI[2]. Le service médical était alors sous la direction du docteur Édouard Mahéo[14].

Stèle des fusillés de Saint-Marcel.
Affiche de la commémoration du maquis de Saint-Marcel le en présence du général De Gaulle.

Du cĂ´tĂ© des Allemands, entre 300 et 600 hommes[15] auraient Ă©tĂ© tuĂ©s selon les rĂ©sistants. Le monument du maquis inaugurĂ© en 1951, en prĂ©sence des colonels Morice et Bourgoin, fait Ă©tat de 560 morts allemands[16]. Un officier britannique prĂ©sent Ă  Saint-Marcel, le capitaine Fay, estima les pertes allemandes Ă  300 hommes[13].

Cependant selon Pierre Montagnon, Gérard Le Marec et Patrick Maheo, cette estimation de 560 morts allemands est sans doute exagérée[3] - [4] - [13].

Selon les sources allemandes, les pertes sont plus légères. D'après le rapport d’activité no 14 en date du , du 2e Bureau du XXVe corps d’armée, les affrontements contre les « bandes terroristes » livrés entre le et le ont fait, côté allemand, environ 50 morts, 50 blessés et 20 disparus. Pour Gérard Le Marec, « c'est dans ce total approché qu'il faut compter les pertes du combat de Saint-Marcel »[3].

Les soldats allemands tués à Saint-Marcel sont inhumés au cimetière de Calmon, à Vannes. Selon les recherches effectuées par Patrick Andersen-Bö aux archives municipales de cette ville, 27 corps provenant de Saint-Marcel sont recensés. Ces corps sont transférés ensuite au cimetière militaire allemand du Mont-d'Huisnes[4], à côté d'Avranches.

Côté civils, le village de Saint-Marcel est pillé et brûlé après le combat, 40 personnes seront tuées et d'autres déportées.

Lors des combats pour la libération de la Bretagne, du à , 77 parachutistes furent tués et 195 furent blessés, soit plus de la moitié de l'effectif du 4e bataillon SAS français (450 hommes parachutés). Des volontaires FFI bretons recomposèrent l'effectif du bataillon lorsque celui-ci fut engagé sur la Loire (secteur Orléans – Nevers) lors de l'opération Spencer en septembre 1944.

Notes et références

  1. Contributions des forces spéciales aux missions d'interdiction et de fixation stratégiques : l'exemple des SAS en Bretagne.
  2. Philippe Buton, La joie douloureuse : la libération de la France, Éditions Complexe, 2004, p. 62.
  3. GĂ©rard Le Marec, La Bretagne dans la RĂ©sistance, 1983, Ă©ditions Ouest-France, p. 251.
  4. Patrick Mahéo, Saint-Marcel : haut-lieu de la Résistance Bretonne : chronique d'un village à travers les siècles, Rue des scribes éditions, 1997, p. 227.
  5. « Le commandant Émile Guimard au cœur de la Résistance », Ouest-France,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. Pierre Vallaud et Mathilde Aycard, Le dernier camp de la mort : La tragédie du cap Arcona : 3 mai 1945, Tallandier, , 304 p. (ISBN 979-10-210-2180-8, lire en ligne).
  7. Le musée de la Résistance de Saint-Marcel.
  8. Pierre Montagnon, Histoire de la gendarmerie, Pygmalion, , 437 p. (ISBN 978-2-7564-1715-8, lire en ligne).
  9. Rapport de l'état-major du 25e corps d'armée allemand à l'intention du général von Choltitz, en date du 22 juin 1944, coté par Patrick Mahéo, Saint-Marcel, haut lieu de la résistance bretonne, édition Rue des Scribes, 2005 [EAN 13 : 9782906064478].
  10. « D-Day : Émile Bouétard, le premier mort pour la France », sur France 24, (consulté le )
  11. La rage au cœur, de Jean Paulin, radio parachutiste SAS à Saint-Marcel (1958).
  12. Les BĂ©rets rouges, d'Henry Corta (1921-1998), lieutenant parachutiste SAS (1952).
  13. Pierre Montagnon, Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale, 2011.
  14. « Le docteur Édouard Mahéo, co-président départemental de l'A.N.A.C.R. », Ami entends-tu, no 13,‎ , p. 14 (lire en ligne)
  15. Chiffre établi par le nombre de cercueils commandés (Henry Corta (1921-1998), lieutenant parachutiste SAS : Les bérets rouges (1952), amicale des anciens parachutistes SAS).
  16. A priori, il faut plutôt entendre "mis hors de combat" que tués (Corta et al. 1997).

Bibliographie

TĂ©moignages

  • Henry Corta (lieutenant parachutiste SAS Ă  Saint-Marcel), Les BĂ©rets Rouges, Amicale des Anciens Parachutistes S.A.S., , 329 p.
  • Henry Corta, Marie Chamming's, Joseph JĂ©go, NoĂ«l CrĂ©au et Philippe Reinhart, Qui ose gagne (France-Belgique 1943-1945, les parachutistes du 2e RCP / 4th SAS), Service historique de l'armĂ©e de terre, , 296 p. (ISBN 978-2-86323-103-6).
  • Jean Paulin (radio-parachutiste SAS Ă  Saint-Marcel), la rage au cĹ“ur, Ă©dition marabout-junior, 1958, 158 p.
  • Jack Quillet (adjudant parachutiste SAS Ă  Saint-Marcel), Du maquis aux parachutistes S.A.S., Atlante Editions, 2008, 203 p. (ISBN 2-912671-264).
  • Joseph Jego (maquisard Ă  Saint-Marcel), 1939-1945 : Rage, action, tourmente au pays de Lanvaux, 1991.

Publications historiques

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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