Libération de Mont-de-Marsan
La libération de Mont-de-Marsan ou combat du Pont de Bats est une bataille de la Seconde Guerre mondiale, un des nombreux affrontements de la campagne de libération de la France, qui se déroule du 20 au 21 août 1944, et aboutit à aux libérations de Mont-de-Marsan et de Saint-Pierre-du-Mont, et plus généralement de l’est du département des Landes.
Date | 20 et 21 août 1944 |
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Lieu |
Mont-de-Marsan Saint-Pierre-du-Mont |
Issue | Victoire Française |
France Libre | Reich allemand |
LĂ©once Dussarrat | inconnu |
200 maquisards | 300 soldats, 40 camions |
4 morts | 4 morts, 9 camions capturés, 1 détruit |
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Coordonnées | 43° 53′ 06″ nord, 0° 31′ 34″ ouest |
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Contexte
Durant la Seconde Guerre mondiale, la ville de Mont-de-Marsan est occupée par l'armée allemande à partir du . Elle est coupée en deux par la ligne de démarcation[1].
- Voie ferrée marquant la ligne de démarcation de 1940 à 1943. Le tunnel passant en dessous est emprunté clandestinement par ceux cherchant à passer en zone libre
- Mémorial du « chemin de l'évasion »
Les hôpitaux Sainte-Anne, Layné et Lesbazeilles, la caserne Bosquet, les établissements scolaires et hôteliers sont réquisitionnés par l'armée allemande pour y loger les officiers et les soldats. Les structures de commandement de l'armée allemande (kommandantur) se partagent entre plusieurs sites : l'Orstkommandantur (centre de commandement de la ville) s'installe au 22 rue Victor-Hugo, la Feldkommandantur (centre de commandement du département) occupe le deuxième étage du cercle des officiers (l'actuel hôtel de ville), la Standortkommandantur (centre de commandement de la garnison) est à la Caisse d'Épargne (actuel hôtel de la police municipale), la kommandantur départementale responsable des laissez-passer (ausweis) pour les Landes et les Basses-Pyrénées est au 17 rue Lesbazeilles[1].
L'aérodrome de Mont-de-Marsan est réquisitionné par l'armée d'occupation. La Luftwaffe y fait réaliser une piste en béton et le site devient le plus important du sud-ouest pendant la durée du conflit. Les avions allemands y décollent pour surveiller le littoral ou pour aller bombarder l'Angleterre. Le , le site est bombardé par une cinquantaine d'avions anglo-américains. Les dégâts collatéraux entraînent la mort de douze civils, on compte également quinze blessés[2].
La libération de Mont-de-Marsan s’inscrit dans la libération du sud-ouest de la France. Dans cette zone, ce sont presque uniquement des résistants qui font face aux troupes d’occupation allemandes et non des troupes alliées (anglo-américaines). D’après Dominique Lormier, 145 000 résistants des forces françaises de l’intérieur (FFI) affrontent 190 000 soldats allemands en 1944 et 1945. Le bilan est très positif pour les résistants : 87 000 allemands sont tués, blessés ou capturés dans le Sud-Ouest[3].
On compte quatre batailles décisives sur ce théâtre : Javerlhac (Dordogne), l’Isle Jourdain (Gers), Mont-Gargan (Haute-Vienne) et Mont-de-Marsan.
Le 27 mars 1944, la ville est bombardée par l’aviation américaine : l’aérodrome situé au nord de la ville servait alors de base pour les patrouilleurs longue portée Junkers Ju 290 qui chassaient les convois alliés dans l’Atlantique[4].
Dès juin 1944, conformément aux ordres britanniques, le réseau Léon-des-Landes mené par Léonce Dussarrat commence le sabotage systématique de tout ce qui pourrait être utile aux allemands : voix ferrées, lignes téléphoniques, télégraphiques et ponts. Selon l'expression des résistants gersois : « Léon fait tout sauter dans les Landes[5]. »
20 août
Devant l’avancée des résistants, les Allemands se préparent à quitter Mont-de-Marsan en faisant sauter une partie de la base aérienne ; ils placardent des affiches prévenant la population qu’ils bombarderaient la ville en cas d'agitation. Malgré leur fuite, ils refusent de livrer leurs stocks de vivres aux autorités françaises qui se mettent en place, mais laissent la population les piller. Dans la nuit, les soldats positionnés dans la base aérienne, le lycée Duruy et aux alentours de la ville quittent leurs positions et partent vers Cère et Dax, leurs dernières positions sûres dans les Landes.
21 août
Au matin du 21 août, les Allemands ont quitté la ville et sont remplacés par des maquisards, menés par Dussarrat, qui défilent dans les rues. C’est l'explosion de joie pour la population, on chante La Marseillaise, on acclame les libérateurs. Au balcon de l’hôtel de ville, le maire de Mont-de-Marsan Jean Larrieu, à sympathie collaborationniste, entouré de deux capitaines - un Écossais et un Américain - annonce sa démission et laisse sa place au résistant Marcel David[6].
La joie retombe vite ; vers 13 heures, des coups de feu sont tirés non loin de la ville. On dit que ce sont des détachements allemands, une colonne de quarante camions transportant 300 soldats, s’approchant depuis Tartas par la route de Bayonne[7]. Les 200 maquisards faiblement armés, encadrés par Dussarrat, Gervais, Latour et Despons se portent sur la route de Bayonne et se positionnent sur le ruisseau du trompeur, entre Saint-Pierre-du-Mont et Saint-Perdon ; ils se placent des deux côtés de la route et mitraillent les Allemands.
Finalement, ils se replient sur un point d’appui, le pont ferroviaire de Bats qui surplombe la route de Bayonne. Là , les allemands sont longuement stoppés. Avant de tenter une manœuvre d’encerclement des défenseurs, sur et sous le pont s'engage alors un combat au corps à corps, dans lequel sont tués le capitaine Mellows de l'armée canadienne, le capitaine Marc Croharé, l'adjudant-chef Jean Clapot et l'adjudant André Siot. Les maquisards doivent encore reculer ; la dernière ligne de défense est le pont de Luxey. Au moment du dernier repli, vers 20 heures, un camion allemand saute sur une mine ou explose dans la fusillade.
À partir de ce moment, la fusillade diminue d'intensité et finit à la tombée de la nuit. Les camions allemands font demi-tour vers Dax ou Tartas vers 22 heures 30. Quatre français et autant d'Allemands (enterrés à Dax) ont été tués, un camion allemand a été détruit et neuf capturés[8]. D’après Louis Papy, natif de Mont-de-Marsan, les Allemands furent surpris de ne pas être soutenus par leurs camarades qu’ils croyaient retranchés dans l’aérodrome.
Conséquences
Le chef-lieu et tout l’est des Landes sont libérés de l’occupant, Paul Chary est nommé nouveau préfet des Landes.
Le 23 août, Dax est libéré ; le 28, l'ensemble du département des Landes est officiellement libéré[9].
Galerie
- Photographie ancienne du pont de Bats
- La route de Bayonne, le lendemain des combats.
- Obsèques des quatre morts de la libération de Mont-de-Marsan
- Léonce Dussarrat, capitaine Mellows, colonel de Milleret, Capitaine Estève, Jean Gervais (dit Jean des Landes) et Commandant Claverie. Le 21 août 1944.
- MĂ©morial du Pont de Bats
Bibliographie
- Mont-de-Marsan, la ville aux 1 000 rues, Dictionnaire historique, Alain Lafourcade
- Chronique de Mont de Marsan sous l’occupation, Pierre Groc
- La résistance dans les Landes, Pierre Chabot
- Libération du Sud-Ouest, Dominique Lormier
- Combats oubliés, Résistants et soldats français dans les combats de la Libération 1944-45, Dominique Lormier
Notes et références
- H. Delpont et A. Lafourcade, Mont-de-Marsan : Horizontale et aérienne (1914-2008), Société de Borda.
- Alain Lafourcade, Mont-de-Marsan de A Ă Z, Alan Sutton, , 144 p. (ISBN 9782813802057), p. 9
- « Dominique Lormier : en 1944, «le Sud-Ouest s'est libéré seul» », sur ladepeche.fr (consulté le )
- « Mont-de-Marsan et autres lieux, un jour de mars 1944 - Archives départementales des Landes », sur archives.landes.fr (consulté le )
- « La libération des Landes », sur www.histoiresocialedeslandes.fr (consulté le )
- « La Libération - Saint-Pierre-du-Mont », sur saintpierredumont.fr (consulté le )
- Marion Canu, « Mont-de-Marsan commémore la libération de la ville en 1944 », Sud-Ouest,‎ (ISSN 1760-6454, lire en ligne, consulté le )
- « Seconde Guerre Mondiale : Mont-de-Marsan libérée grâce à l'explosion d'un camion allemand », sur ici, par France Bleu et France 3, (consulté le )
- « Occupation et Libération des Landes (1940-1945) - Archives départementales des Landes », sur archives.landes.fr (consulté le )