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Bataille de Marseille

La bataille de Marseille est l'ensemble d'actions et de combats du 21 au ayant conduit à la libération de Marseille.

Libération de Marseille
Description de cette image, également commentée ci-après
Revue de troupes du 7e RTA du colonel Léon Chappuis dans Marseille libérée, le . De droite à gauche : Emmanuel d'Astier de La Vigerie, Joseph de Goislard de Monsabert (en képi à feuilles de chêne), Jean de Lattre de Tassigny et André Diethelm.
Informations générales
Date -
Lieu Marseille
Issue Victoire française, libération de Marseille
Commandants
Drapeau de la France Joseph de Goislard de MonsabertDrapeau de l'Allemagne Hans Schaefer
Pertes
1 400 à 1 800 tués, blessés et disparus2 000 tués, blessés et disparus,
11 000 prisonniers

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CoordonnĂ©es 43° 19′ 48″ nord, 5° 22′ 48″ est

Présentation

Le a lieu le débarquement en Provence. À cette occasion, l'occupant se retranche dans ses bunkers, se terre mais continue de se battre contre la résistance et fait sauter les installations portuaires : plus de 200 navires sont coulés et le célèbre pont transbordeur de Marseille détruit.

Le 19 août 1944, le général de Lattre de Tassigny reçoit l'ordre du général Patch, commandant la 7e armée américaine, de prendre Toulon et Marseille. Deux groupements sont constitués afin d'attaquer les deux ports simultanément :

Les FFI de Marseille commandés par Henri Simon (et comptant dans leurs rangs Gaston Defferre) préparent la libération de la ville. Le lundi 21 août, ils lancent l'insurrection accompagnée d'un mot d'ordre de grève générale. Ils occupent rapidement nombre de bâtiments et de carrefours mais, mal armés et peu nombreux, leur position est critique jusqu'à l'arrivée des tirailleurs algériens de la 3e division d'infanterie algérienne (3e DIA) du général de Monsabert et des goumiers marocains du général Guillaume appuyés par le Combat Command 1 (CC1) de la 1re division blindée (1re DB) qui pénètrent dans Marseille le mercredi 23. Les Allemands se méprennent tant quant à l'importance de l’insurrection qu'à celles des forces régulières en présence, bluffés par les actions des différents partis de la résistance et par la rapidité de l'extension de l'offensive depuis le débarquement qui les mènent à des erreurs stratégiques : le rapport de force serait de 4 pour un en faveur des Allemands si l'on s'en tient aux forces régulières selon certains.

Les combats avec l'armée allemande se poursuivront malgré tout plusieurs jours, jusqu'à la capitulation du général Schaeffer le 28 août. Le bombardement de Marseille a été évité et s'est limité aux batteries des iles du Frioul. Le 29, le général de Lattre assiste au défilé de l’armée d'Afrique sur la Canebière[1],

Déroulement des opérations

Le colonel Georges Leblanc défile sur la canebière en tête du 1er GTM après la libération de la ville

La prise de Marseille est anticipée du fait de la rapidité du déroulement des opérations sur Toulon. Ces deux batailles sont d’ailleurs très similaires dans leur déroulement en trois phases (investissement, resserrement et assaut final)[2].

L’opération débute le matin du par la prise du carrefour du Camp au Nord Ouest de La Ciotat par le 2e régiment de cuirassiers (2e RC) (CC1 de la 1re DB) aux ordres du Général Bonjour qui luttaient depuis la veille, ouvrant ainsi la route d'Aubagne au 7e régiment de tirailleurs algériens (7e RTA) du colonel Léon Chappuis, ainsi qu'aux trois groupements de tabors marocains (GTM)[3].

Après de durs combats, les 21 et 22 août, le 2e RC et le 3e bataillon porté de zouaves (CC3 de la 1re DB), renforcés par le 2e GTM, s’emparent d'Aubagne. Une partie des effectifs du 7e RTA, le 3e bataillon (Cdt FINAT-DUCLOS, qui tombera devant la batterie du Canet, à l'Ouest) a traversé le Garlaban à dos de mules un peu au Nord par le plan de l'Aigle et fait la jonction avec la résistance[4] - [5] au col de Cante Perdrix (maquis Attila) avant d'atteindre Allauch.

Le 22 août, la ville de Peypin est investie par les CC1 (partiel), CC2 et le 1er GTM. Une autre colonne du 7e RTA, la 11e est acheminée au carrefour de la pomme (La Bouilladisse) par camion puis gagne Mimet où il passe la nuit. Le lendemain, un parti passe la crête à dos de mules au niveau du pilon du Roi et contourne le verrou de la route des termes en passant la chaîne de l'étoile par Mimet et redescendra sur Plan de Cuques direction les Chartreux, tandis que le deuxième bataillon se porte sur la Gavotte et Septemes.

Ce même jour, outrepassant les ordres, le colonel Chapuis avec le 1er bataillon du 7e RTA et les chars d'un escadron du 2e RC s’introduisent dans Marseille. Les 2e et 3e bataillons du 7e RTA sont quant à eux sérieusement accrochés respectivement au nord et au nord-est de la ville[3] : les troupes passée par Simiane sont bloquées à Septemes par une petite garnison, jusqu'à ce que les troupes passées par les cols à l'Est du massif ne les prennent à revers.

Malgré le soulèvement FFI et la pénétration du 7e RTA et du 2e RC jusqu’au centre de la ville (carrefour de la Madeleine), les Allemands résistent et leurs défenses restent intactes notamment en périphérie[2].

Après une tentative infructueuse de règlement à l’amiable le 23 août, les combats reprennent dès le 24. De Lattre engage alors le 3e régiment de tirailleurs algériens (3e RTA) en provenance de Toulon[2].

Les affrontements des jours suivants sont violents et meurtriers notamment pour la prise de la colline de Notre-Dame-de-La-Garde le 25 et 26 août (II/3e RTA, I/7e RTA, 7e RCA, 2e RC et FFI) et de la gare Saint-Charles (III/7e RTA).

Mais c’est au nord, au carrefour de la Gavotte, que les défenses sont les plus sérieuses avec l’ouvrage en béton de la « Feste » Fouresta à l'emplacement de l'actuelle cité du Plan d'Aou (1er GTM et II/7e RTA)[3]. Parois épaisses de 3 à 4m, DCA, barbelés, mines 6 pièces de flak de 88 desservis par des souterrains sur le plateau de Foresta : 1 an de travaux[6]. Ce n'est que le 27 aout également que la position de Tante Rose/Verduron Haut/Moulin du Diable au dessus de la Gavotte/sud-ouest de Septèmes sera conquise.

Le 26, André Diethelm et le général de Lattre sont à Marseille. À la suite de sa réflexion sur la tenue des tirailleurs qui leur rendent les honneurs, le général Goislard de Monsabert dit au général de Lattre de Tassigny : "Ils sont beaux, mon général[7] !"

Au sud, malgré quelques accrochages (6e Tabor marocain du 2e GTM à Saint-Loup), la progression est plus aisée pour les 2e et 3e GTM. Ce dernier, après un dernier combat au Fort Napoléon du cap Croisette, contrôle le 28 août l’ensemble du littoral sud. Le 2e GTM quant à lui remonte sur le centre-ville et vient renforcer les tirailleurs algériens[3].

Le 27 août la plus grande partie de la ville est libérée, l’ennemi ne tient plus que les installations portuaires et quelques points au nord de la ville.

Le 28 août il se rend finalement au 1er GTM qui vient d’être renforcé par des éléments blindés du CC1 de la 1re DB[3].

Seul résiste encore le commandant du fortin du Racati qui ne croit à la capitulation que lorsqu'on l'amène au QG.

Bilan

Au cours des combats pour la libĂ©ration de Marseille, le nombre de soldats de l'ArmĂ©e française et FFI tuĂ©s et blessĂ©s s'Ă©lèvent Ă  entre 1 400 et 1 800 selon les sources, dont près de la moitiĂ© parmi les goumiers marocains (150 tuĂ©s et 540 blessĂ©s)[8] - [9]. Du cĂ´tĂ© allemand, on dĂ©nombre environ 2 000 tuĂ©s et 11 000 prisonniers[2].

Le Général de Montsabert écrira dans son rapport sur la bataille de Marseille : « Onze mille prisonniers, un grand nombre de pièces d'artillerie intactes, des stocks de munitions et de vivres, les installations portuaires sauvées de la destruction totale sont le bilan de cette libération victorieuse pour laquelle se sont mêlés le sang des cavaliers, des goumiers, des tirailleurs, des vieux artisans de la Victoire d'Italie et des F.F.I. locaux »[3].

Forces en présence

France

  • groupements de tabors marocains (GTM) du gĂ©nĂ©ral Guillaume (et son adjoint le colonel Émile Hogard)
  • plusieurs unitĂ©s de la 3e division d'infanterie algĂ©rienne (3e DIA) du gĂ©nĂ©ral de Monsabert dont
    • 3e rĂ©giment de tirailleurs algĂ©riens (3e RTA) : colonel de Linares (2e bataillon)
    • 7e rĂ©giment de tirailleurs algĂ©riens (7e RTA) : colonel Chappuis
    • 7e rĂ©giment de chasseurs d'Afrique (7e RCA) : colonel Van Hecke
  • plusieurs unitĂ©s de la 1re division blindĂ©e (1re DB) du gĂ©nĂ©ral Sudre dont
    • 2e rĂ©giment de cuirassiers (2e RC) : rĂ©giment de chars
    • 3e bataillon de Zouaves : infanterie portĂ©e
  • FFI

Au sein de ces unités combattent les :

  • Goumiers marocains : un goum, l'Ă©quivalent d'une compagnie, regroupe environ 200 goumiers. En pĂ©riode de guerre, les goums sont regroupĂ©s en Tabor, Ă©quivalent d'un bataillon, de trois Ă  quatre goums. Enfin, le Groupement de tabors marocains (GTM), l'Ă©quivalent d'un rĂ©giment, est composĂ© de trois tabors. Durant la Seconde Guerre mondiale, chaque GTM comporte près de 3 000 hommes dont un peu plus de 200 officiers et sous-officiers. La proportion de MaghrĂ©bins dans un GTM est de 77 Ă  78 %[10].
  • Tirailleurs algĂ©riens : durant la Seconde Guerre mondiale, un rĂ©giment de tirailleurs nord-africains comporte un peu plus de 3 000 hommes (dont près de 500 officiers et sous-officiers) et 200 vĂ©hicules. La proportion de MaghrĂ©bins atteint 69 % pour le rĂ©giment, 74 % pour le bataillon, 79 % pour la compagnie de fusiliers-voltigeurs, 52 % pour la compagnie antichar et 36 % pour la compagnie de canons d'infanterie[10].
  • Chasseurs d'Afrique : durant la Seconde Guerre mondiale, un rĂ©giment de chasseurs d'Afrique comporte environ 900 hommes majoritairement EuropĂ©ens (80%).

Allemagne

  • 13 000 hommes dont 3 900 appartiennent Ă  la Luftwaffe et 2 500 Ă  la Kriegsmarine. L'infanterie de la 244° Infanterie Division commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Hans Schaefer est principalement composĂ©e de trois rĂ©giments de grenadiers (932, 933 et 934 Grenadier-Regiment) et d'un rĂ©giment d’artillerie.

Hommages

Lieux portant le nom de soldats et de résistants morts lors de la Libération de Marseille

Voies portant le nom d'acteurs de la libération de Marseille

Voies portant le nom des goums ou des tabors marocains

  • Avenue des Goumiers Ă  Marseille (Bouches-du-RhĂ´ne)
  • Rue des Goums Ă  Aubagne (Bouches-du-RhĂ´ne)
  • Place des Tabors Ă  Les Pennes-Mirabeau (Bouches-du-RhĂ´ne)
  • Rue des Goumiers Ă  Chatenois (Bas-Rhin)
  • Rue des Tabors marocains Ă  Lapoutroie (Haut-Rhin)
  • Col « Aux Goums Marocains » dans les hautes Vosges (Vosges), avant de redescendre sur La Bresse

Hommages des généraux alliés

« C'est avec le plus grand plaisir que je vous transmets les félicitations personnelles du Chef d'État-Major Général de l'Armée américaine, le général George Marshall, pour avoir anéanti si brillamment et si rapidement la résistance allemande à Toulon et à Marseille. Mes plus profondes félicitations à vous et à votre splendide Armée, pour un fait d'armes qui demeurera à travers l'histoire comme une épopée militaire. »

— Extrait de la lettre du 3 septembre 1944 du général Patch, commandant la VIIe Armée américaine, transmettant les félicitations du général Marshall, Chef d'État-Major Général de l'Armée américaine, au général de Lattre de Tassigny commandant la 1re Armée française

Inscriptions de bataille

L'inscription de bataille Marseille 1944 est attribuée aux drapeaux des :

  • 7e rĂ©giment de tirailleurs algĂ©riens (7e RTA)
  • 2e rĂ©giment de cuirassiers (2e RC)

Monuments et plaques commémoratives de la libération de Marseille

  • Stèle en hommage aux Goumiers marocains, avenue des Goumiers Ă  Marseille :

« Marseille reconnaissante aux Tabors marocains. Sous les ordres des colonels Leblanc, Boyer de Latour et Masset du Biest, les 1er, 2e et 3e Groupements de Tabors Marocains ont participé à la libération de Marseille du 21 au 28 août 1944. Au cours des combats : 7 officiers, 10 sous-officiers français, 150 gradés et goumiers marocains ont été tués. 17 officiers, 38 sous officiers français, 540 gradés et goumiers marocains ont été blessés. De l'Atlas au Danube, quatre GTM de l'Armée d'Afrique ont combattu aux côtés de la France et de ses alliés de décembre 1942 à la victoire du 8 mai 1945. »

— Texte de la stèle en hommage aux Goumiers marocains, avenue des Goumiers, Marseille, 2000

  • Plaque commĂ©morative situĂ©e Ă  l'angle de la rue JoĂ«l Recher et de l'avenue de la Corse pour rappeler que les rĂ©sistants Recher JoĂ«l, Coli NoĂ«l, Del Vecchio Adrien, Agnei LĂ©on et Volan NoĂ«l y sont morts pour la France, le 22 aoĂ»t 1944.
  • Monument au 7e rĂ©giment de tirailleurs algĂ©riens (7e RTA)
  • Plaque CommĂ©morative et impacts d'obus visibles sur la façade nord de la Basilique Notre-Dame de la Garde

Citations militaires

Articles connexes

Bibliographie

  • Paul Gaujac, L'ArmĂ©e de la victoire, vol. 3 : De la Provence Ă  l'Alsace, Paris, Charles-Lavauzelle, coll. « Les Grandes batailles de France », , 203 p. (ISBN 978-2-7025-0126-9, OCLC 461876740), p. 124-137.
  • Jean de Lattre de Tassigny, Histoire de la première armĂ©e française, Plon, 1949.
  • François de Linares, Par les portes du Nord : la libĂ©ration de Toulon et Marseille en 1944, Paris, Nouvelles Ă©ditions latines, , 427 p. (ISBN 978-2-7233-2056-6, OCLC 62176140, prĂ©sentation en ligne)

Notes et références

  1. (en) « Libertyship.be », sur libertyship.be (consulté le ).
  2. « Marseille honore ses libérateurs marocains », sur jeanclaudegaudin.net (consulté le ).
  3. « La libération de Marseille », sur Libertyship.be
  4. « Le débarquement de Provence », sur worldwartwo.free.fr (consulté le )
  5. « Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits », sur www.mvr.asso.fr (consulté le )
  6. Général De Lattre, Histoire de la 1er Armée Française, Paris, plon, , p107
  7. Jacques Schmitt, Journal d'un officier de tirailleurs : 1944, Paris/Paris, Bernard Giovanangeli, , 253 p. (ISBN 978-2-7587-0067-8), p 222
  8. Paul Gaujac, Le débarquement de Provence : Anvil-Dragoon, août 1944, Paris, Histoire et collections, , 191 p. (ISBN 978-2-915239-26-3), p. 179
  9. Le capitaine Albert Litas, commandant le 60e goum, y est mortellement blessé le . Il sera promu compagnon de la Libération à titre posthume le .
  10. Paul Gaujac, Le Corps expeditionnaire français en Italie : 1943-1944, Paris, Histoire et collections, , 175 p. (ISBN 978-2-913903-93-7), p. 33
  11. « Rue du colonel Henri Simon - Marseille », sur GoogleMaps
  12. Gaujac, L'armée de la victoire, p. 124-137

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