Pierre Boyer de Latour du Moulin
Pierre Boyer de Latour du Moulin, né le à Maisons-Laffitte et mort le dans le 17e arrondissement de Paris[1], est un général d'armée français.
Pierre Boyer de Latour du Moulin | ||
Pierre Boyer de Latour du Moulin en 1946. | ||
Naissance | Maisons-Laffitte, France |
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Décès | Paris 17e, France |
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Origine | Française | |
Allégeance | France | |
Arme | Armée de terre | |
Unité | 1er régiment de tirailleurs marocains 4e régiment de tirailleurs marocains |
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Grade | Général d'armée | |
Années de service | 1914 – 1956 | |
Conflits | Première Guerre mondiale Seconde Guerre mondiale Guerre d'Indochine |
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Distinctions | Médaille militaire (1920) Croix de guerre 1914-1918 Croix de guerre 1939-1945 Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs Grand-croix de la Légion d'honneur (1956) |
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Il s'illustre particulièrement lors de la Seconde Guerre mondiale au commandement du 2e groupe de tabors marocains (2e GTM) lors de la campagne d'Italie (corps expéditionnaire français) et de la libération de Marseille puis lors des campagnes de France et d'Allemagne.
Biographie
Carrière
Engagé à 18 ans, en août 1914, il sert dans les dragons jusqu'en 1916 où, sur sa demande, il est muté au 1er régiment de tirailleurs marocains. Il termine la Première Guerre mondiale avec le grade de lieutenant à titre temporaire. Après la guerre, il devient officier dans l'armée d'active en passant par l'école de Saint-Maixent. Après un bref passage en Algérie, il est affecté sur sa demande aux affaires indigènes du Maroc ; il reste 25 ans dans ce pays qu'il adopte. Il participe ensuite à la campagne de pacification du pays.
À la fin des années 1930, il fait partie du cabinet du résident général de France au Maroc, le général Charles Noguès, puis commande un bataillon du 4e régiment de tirailleurs marocains pendant la Seconde Guerre mondiale. Il recrute des goumiers marocains et crée le deuxième groupe de tabors marocains (2e GTM) à la tête duquel il participe à la campagne de Tunisie (fin 1942), puis à la libération de la Corse et de l'Île d'Elbe. En 1944, il participe au débarquement de Provence et, avec la première armée française, il prend une part décisive à la victoire de Marseille puis, pendant tout l'hiver 1944, combat dans les Vosges et en Alsace avant de franchir le Rhin.
Colonel en 1944, général de brigade en 1946, il part après la guerre pour l'Indochine où, de 1947 à 1949, il assure des commandements militaires mais aussi civils puisqu'il est commissaire de la République en Cochinchine. Puis il retrouve le Maroc pour seconder le maréchal Alphonse Juin, alors résident général à Rabat. Il retourne ensuite en Europe où il commande pendant deux ans les troupes françaises d'occupation en Autriche. En 1954, il est nommé commandant supérieur des troupes en Tunisie puis résident général de France en Tunisie à la veille du discours de Carthage prononcé le 31 juillet par Pierre Mendès France ; c'est lui qui négocie les accords d'autonomie interne. Il occupe brièvement, de novembre 1955 à janvier 1956, les fonctions de résident général de France au Maroc.
Devenu général d'armée en 1956, il est mis en disponibilité après avoir publié Vérités sur l'Afrique du Nord.
Famille
La famille Boyer, dont descend le général Pierre Boyer de Latour du Moulin, est une famille subsistante d'ancienne bourgeoisie originaire du Gévaudan, puis d'Île-de-France[2]. Son fondateur, Jacques Boyer (1776-1834), était négociant à Marvejols, dans l'actuel département de la Lozère. Georges Boyer (1858-1922), père de Pierre, a été adopté par Célestin Latour du Moulin (1822-1888).
Alors qu'il est lieutenant, Pierre Boyer de Latour du Moulin vit selon la coutume berbère (vers 1925) avec Lalla Khadija Iserouchenia (décédée en 1931), la fille d'un caïd de l'Atlas marocain issu de la tribu berbère des Aït Seghrouchen. Ils ont un fils, Georges (1926-2011), père de la journaliste Patricia Boyer de Latour[3] et de François Boyer de Latour. Il épouse en 1938 Claude Girot de Langlade (1920-1962), fille de Paul Girot de Langlade, dont sont issus huit enfants : Nicole épouse de Michel Denis de Senneville, Chantal épouse du préfet Philippe Legrix, Brigitte épouse de Régis Seigneur, Marie-France épouse de Régis Fouques-Duparc puis de Dominique Monti, Dominique épouse de Jacques Tallon, Christine épouse de Jean-Luc Golléty, Isabelle épouse de Luc d'Aboville, et enfin François-Xavier époux d'Anne Guillet.
Son fils, Georges Boyer de la Tour du Moulin (1926-2011) s'engage en 1944, à 18 ans, dans le régiment de marche du Tchad, régiment d'infanterie de la 2e division blindée du général Leclerc. Il est grièvement blessé par un tir d'artillerie, le 25 janvier 1945, à Grussenheim devant Colmar. Il participe ensuite à la guerre d'Indochine, ou il est à nouveau très grièvement blessé au cours d'une opération au nord de Saigon, le 20 juin 1950. Devenu officier en 1954, il participe à la guerre d'Algérie et commande la section administrative spécialisée d'Ifigha, en Kabylie. Promu chef de bataillon en 1969, commandeur de la Légion d'honneur, il quitte l'armée en 1971 et poursuit une carrière dans le civil dans l'administration de cliniques privées[4].
Sa petite-fille, Patricia Boyer de Latour, est journaliste, auparavant grand reporter au Figaro, et l'auteur de plusieurs ouvrages[5].
Distinctions
Le général d'armée Boyer de Latour est titulaire de 24 citations dont 18 à l'ordre de l'armée[6].
Décorations françaises
- : Grand-croix de la LĂ©gion d'honneur (1956)
- : MĂ©daille militaire (1920)
- : Croix de guerre 1914-1918, trois citations
- : Croix de guerre 1939-1945, huit citations à l'ordre de l'armée
- : Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs, treize citations
Décorations étrangères
- : Distinguished Service Order (DSO)
- : Distinguished Service Cross (DSC)
- : Grand-croix du Dragon d'Annam
- : Grand officier de l'Étoile noire du Bénin
- : Grand-croix du Nichan Iftikhar
- : Grand-croix du Ouissam alaouite (Mérite militaire chérifien)
- : Commandeur de l'ordre d'Adolphe de Nassau (avec palme)
- MĂ©daille de La Paz (Espagne)
Hommages
La commune de Barbaggio, où s'est déroulée la bataille du col de Teghime opposant le deuxième groupe de tabors marocains commandé par Pierre Boyer de Latour du Moulin à des forces allemandes défendant le passage, l'a honoré en donnant son nom à la place du village.
Notes et références
- « Archives départementales des Yvelines, commune de Maisons-Laffitte, année 1896, acte de naissance no 70, avec mentions marginales de mariage et de décès », sur archives.yvelines.fr (consulté le ).
- Pierre-Marie Dioudonnat, Le Simili-nobiliaire français, Paris, Sedopols, , 818 p. (ISBN 978-2-904177-23-1), p. 155.
- Les Goumiers marocains, film documentaire d'Alain de Sedouy et Ahmed El Maânouni, France 3 Production Lille et GMT Productions, 1992
- « In mémoriam : Georges Boyer de la Tour », La Koumia : bulletin de l'Association des anciens des goums marocains et des affaires indigènes en France, no 181,‎ 1er semestre 2012, p. 28-32 (lire en ligne).
- « Patricia Boyer de Latour », sur esj-paris.com (consulté le ).
- Hommes et destins : dictionnaire biographique d'outre-mer, vol. IV, Paris, Académie des sciences d'outre-mer, , 734 p., p. 128.
Bibliographie
Publications
- Vérités sur l'Afrique du Nord, Paris, Plon, , 205 p.
- De l'Indochine à l'Algérie : le martyre de l'armée française, Paris, Presses du Mail, , 384 p.
- Le Drame français, Paris, Au Fil d'Ariane, , 272 p.
- Demain la France, Montargis, L'Indépendant, , 63 p.
Sources
- Hommes et destins : dictionnaire biographique d'outre-mer, vol. IV, Paris, Académie des sciences d'outre-mer, , 734 p., p. 126-129.
- « Le général Boyer de Latour du Moulin », La Koumia : bulletin de l'Association des anciens des goums marocains et des affaires indigènes en France, no 64,‎ , p. 4-11 (lire en ligne).
- « Souvenirs sur le général Boyer de Latour », La Koumia : bulletin de l'Association des anciens des goums marocains et des affaires indigènes en France, no 65,‎ , p. 5-18 (lire en ligne).