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Pierre-Louis Bourgoin

Pierre Louis Auguste Bourgoin[1], né le à Cherchell (Algérie[2]) et mort le à Paris, est un officier de l'Armée française de la Libération durant la Seconde Guerre mondiale, Compagnon de la Libération et homme politique français.

Pierre-Louis Bourgoin
Fonctions
Député français
–
(11 ans, 4 mois et 27 jours)
Circonscription 12e circonscription de Paris
Législature Ire, IIe, IIIe et IVe (Cinquième République)
Prédécesseur circonscription créée
Successeur Pierre de BĂ©nouville
Biographie
Parti politique UNR–UDR-UDT–UD-Ve

Biographie

Né en Algérie en 1907, il est instituteur en Afrique-Occidentale française (AOF) à partir de 1925. Il est passionné par la chasse au fauve.

Il effectue son service militaire en 1928 au 3e régiment de tirailleurs algériens, où il est nommé sous-lieutenant de réserve en 1929.

La Seconde Guerre mondiale

Promu lieutenant de réserve en 1939 avec effet rétroactif au , Pierre Bourgoin rejoint dès les Forces françaises libres (FFL) et prend part, en août de la même année, au ralliement à la France libre de l'Oubangui-Chari, pays où il exerçait comme instituteur.

Les campagnes d'Afrique

Les commandos britanniques en Afrique du Nord

Incorporé en au Bataillon de marche no 2, au sein duquel il commande le groupe franc, il participe à la campagne de Syrie en juin 1941 et y est blessé au pied droit par un éclat d'obus en juillet. Il est condamné à mort par contumace pour faits de résistance en 1941[3]. Capitaine en , il est affecté au groupe de bombardement Lorraine et effectue dans cette unité la campagne de Libye en tant que commandant de l'échelon à terre (Groupement nord-africain).

En , il est blessé par balle une seconde fois, à la face postérieure du genou. En , il est encore blessé lors d'un accident d'avion et souffre de fractures multiples des côtes.

Après avoir effectué un stage de commando parachutiste, il est affecté aux services secrets britanniques de l'Intelligence Service Landing Departement. Il y est chargé du renseignement lors de missions spéciales. Il effectue également à la tête d'un commando des coups de main en Tunisie.

En , il reçoit, ainsi que le capitaine Augustin Jordan, la mission de désorganiser les arrières lointains de l'ennemi, et il réussit à atteindre la frontière tunisienne avant que la 8e armée ne soit arrivée à Tripoli.

En , un groupe attaque continuellement les convois entre Tripoli et Sousse, tandis que l'autre détruit des ouvrages d'art à Kairouan, à Mateur et fait sauter un train sur un pont dans la région de Gabès. Jordan est fait prisonnier.

Le , avec son groupe, il traverse les territoires occupés par deux divisions ennemies, situe l'emplacement exact d'un grand nombre de pièces d'artillerie adverses, détruit un pont d'une importance primordiale pour l'ennemi et ramène son groupe au complet.

Alors qu'il se rend en Algérie le , au retour d'une reconnaissance des infrastructures allemandes en Tunisie, son véhicule est attaqué par un avion allemand et son conducteur en perd le contrôle. Bourgoin porte 37 traces de blessures et est amputé du bras droit ; quant à son bras gauche, il porte une fracture du radius et du cubitus et une fracture complète du poignet, ainsi que des blessures multiples par éclats d'obus à la cuisse gauche. Il réussit à échapper aux recherches allemandes, se cache en s'enterrant dans le sable et est recueilli au bout de six heures par une patrouille anglaise. Il est soigné à l'hôpital de Philippeville, puis en convalescence à l'hôpital d'Alger et part en Angleterre dès sa guérison, le , après sept mois d'hospitalisation.

Les SAS

Désormais surnommé « le Manchot », il est promu commandant. En , il prend, à la suite de Pierre Fourcaud, le commandement du 4e régiment du Special Air Service, le 4e Bataillon d'Infanterie de l'Air, une unité française de 500 hommes qui deviendra en 1944 le 2e régiment de chasseurs parachutistes. Il entraîne son régiment en Angleterre, puis en Écosse en vue du débarquement en Europe. En , il rencontre le maréchal britannique Bernard Montgomery qui passe en revue les deux régiments SAS français : le 3e, commandé par le capitaine Chateau-Jobert et le 4e.

À partir de la nuit du 5 au , son régiment est envoyé en Bretagne lors des opérations de la bataille de Normandie afin d'y fixer les troupes allemandes présentes : ce sont les opérations SAS en Bretagne. Lui-même est parachuté, malgré son handicap, avec un parachute bleu-blanc-rouge, cadeau des Anglais, dans la nuit du 10 au , sur Dingson dans le Morbihan, à côté de Saint-Marcel, avec son état-major et une compagnie. Il y rejoint ses hommes qui encadrent déjà les résistants.

Afin de bloquer sur place les 85 000 [4] - [5] soldats allemands qui se trouvent dans la rĂ©gion, il rassemble 3 000 maquisards et 200 SAS dans le maquis de Saint-Marcel (Morbihan). La base Samwest situĂ©e Ă  Duault (CĂ´tes-du-Nord) est dispersĂ©e le par une attaque allemande. C'est ensuite au tour de Dingson d'ĂŞtre attaquĂ©e : c'est le combat de Saint-Marcel le . Le rassemblement est dispersĂ© après la bataille, et les hommes de Bourgoin se dissĂ©minent dans toute la rĂ©gion. Les 18 Cooney-parties (58 hommes) Ă©taient entrĂ©es en action le . Après le , le reste du rĂ©giment est rejoint peu Ă  peu en renfort par des parachutages ponctuels de « sticks ». L'action de Bourgoin paralyse les Allemands qui recherchent dĂ©sespĂ©rĂ©ment tout manchot suspect. Il Ă©chappe de peu Ă  la capture près de l'Ă©cluse de Guillac le . Il devient l'homme le plus recherchĂ© dans toute la Bretagne, jusqu'Ă  la libĂ©ration de la rĂ©gion en aoĂ»t. Rommel met une seconde fois sa tĂŞte Ă  prix, après l'avoir dĂ©jĂ  fait lors de la campagne d'Afrique ; il sait qu'il a affaire au mĂŞme personnage.

Les AmĂ©ricains atteignent la Bretagne le et la jonction se fait avec les SAS qui se regroupent et reforment le 4e SAS. Fin , Bourgoin reçoit la mission de couvrir avec son rĂ©giment le flanc droit de l'armĂ©e alliĂ©e sur la rive droite de la Loire : c'est l'opĂ©ration Spencer. En septembre, ses troupes attaquent une colonne allemande de 18 000 hommes qui remontait du sud-ouest. Ă€ Saint-Pierre-le-MoĂ»tier, ses « sticks » capturent 3 000 Allemands le et s'emparent d'un matĂ©riel considĂ©rable.

Fin de la guerre et de la vie militaire

Le , le lieutenant-colonel Bourgoin, coiffé pour la première fois du béret rouge, ouvre le défilé militaire en descendant les Champs-Élysées à Paris à la tête du 2e régiment de chasseurs parachutistes, dont le drapeau vient de recevoir la Légion d'honneur des mains du général Charles de Gaulle devant l'Arc de Triomphe. Le régiment défile devant le Premier ministre britannique Winston Churchill et le général de Gaulle. C'est là que la guerre s'arrête pour Bourgoin, l'ancien 4e SAS poursuivant les opérations, notamment en Hollande avec l'opération Amherst.

En , Bourgoin est nommé inspecteur des Parachutistes ; son régiment est remis entre les mains de son adjoint Pierre Puech-Samson. Bourgoin est démobilisé en . Il revient à Saint-Marcel en 1947, en présence du général de Gaulle, et en 1951 lors de l'inauguration du monument du maquis.

En 1949, il est nommé inspecteur général des chasses pour la France et l'Outre-Mer, et est promu colonel de réserve en 1950.

Vie politique

En 1958, il est Ă©lu dĂ©putĂ© UNR de la 12e circonscription de Paris, avec, au premier tour, 15 008 voix sur 39 077, devant le dĂ©putĂ© sortant AndrĂ© Le Troquer, prĂ©sident de l'AssemblĂ©e nationale et lui aussi ancien rĂ©sistant, qui recueille 6 155 suffrages et se dĂ©siste au second tour. ReprĂ©sentant de la France Ă  l’AssemblĂ©e du Conseil de l’Europe Ă  partir de 1959, il est Ă©galement membre de l’AssemblĂ©e de l'Union de l'Europe occidentale. Il se prononce en faveur de l'autodĂ©termination des AlgĂ©riens malgrĂ© son souhait que l'AlgĂ©rie reste française. En 1967, il se prĂ©sente pour la troisième fois dans sa circonscription sous l'Ă©tiquette de l'Union dĂ©mocratique pour la Ve RĂ©publique. Lors des Ă©lections lĂ©gislatives de 1968, Ă  la suite de la dissolution de l'AssemblĂ©e nationale, il fait campagne pour l'Union pour la dĂ©fense de la RĂ©publique et est rĂ©Ă©lu une quatrième fois consĂ©cutive.

Durant ses mandats, il siège par deux fois à la commission de la défense nationale et des forces armées, puis deux fois également à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Par trois fois, entre 1962 et 1970, il dépose un projet de loi visant à simplifier l'obtention des droits pour les anciens combattants et victimes de guerre.

Grand mutilé de guerre, il donne sa démission de député de Paris pour des raisons de santé le . Il meurt le à Paris. Ses obsèques ont lieu aux Invalides, à titre exceptionnel. Il est inhumé à Plumelec dans le Morbihan, où le premier mort SAS du débarquement, Émile Bouétard, est tombé lors des opérations d'invasion de la France ; c'est également près de là que furent exécutés par la Milice française dix-huit parachutistes et résistants, dont le capitaine Pierre Marienne et le lieutenant François Martin, deux des adjoints de Bourgoin. C'est à Plumelec encore qu'il se réfugia après la bataille de Saint-Marcel et qu'il réorganisa son bataillon en vue des actions ultérieures avec l'aide de la Résistance.

Autres activités

  • PrĂ©sident d’honneur de la FĂ©dĂ©ration nationale des parachutistes de France,
  • Vice-prĂ©sident de l’association nationale des mutilĂ©s de guerre,
  • Vice-prĂ©sident de l'Union nationale des mutilĂ©s et rĂ©formĂ©s (UNMR),
  • PrĂ©sident d’honneur de l’association des parachutistes SAS,
  • Vice-prĂ©sident de l'association de soutien au gĂ©nĂ©ral de Gaulle, poste auquel il est rĂ©Ă©lu en , et .

DĂ©corations

Ouvrages

  • Les principaux animaux de chasse de l'Afrique noire continentale française, Lorient 1949.
  • Animaux de chasse d'Afrique, Paris, 1955.
Plaque commémorative sur le domicile parisien de Pierre Bourgoin au n° 78 de l'avenue Mozart

Hommages

La place du Colonel-Bourgoin, à Paris dans le 12e arrondissement, lui est dédiée.

Deux acteurs ont joué des personnages inspirés de sa carrière militaire, au cinéma et à la télévision :

Un timbre à l'effigie du Colonel Bourgoin et du commandant Philippe Kieffer a été émis le .

Notes et références

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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