Lanceur de balles de défense
« Lanceur de balles de dĂ©fense » (LBD) est un terme de l'administration française dĂ©signant une « arme sublĂ©tale » utilisant un projectile conçu pour se dĂ©former ou s'Ă©craser Ă lâimpact et limiter le risque de pĂ©nĂ©tration dans un corps vivant, mais avec une puissance dâarrĂȘt suffisante pour dissuader ou arrĂȘter un individu.
Ce type d'arme a été adopté par la Police nationale et des polices municipales, puis par la Gendarmerie nationale et l'administration pénitentiaire, comme armement intermédiaire entre la matraque et l'arme de poing. Le premier LBD fut celui fabriqué et commercialisé sous la marque Flash-Ball par le fabricant Verney-Carron.
Un lanceur de balles de dĂ©fense est dĂ©fini comme « arme de force intermĂ©diaire » (AFI), au mĂȘme titre que le « pistolet Ă impulsions Ă©lectriques » (PIE) et la « grenade de dĂ©sencerclement » (GMD/DBD/DMP). Il peut ainsi constituer « dans le respect des lois et des rĂšglements, une rĂ©ponse graduĂ©e et proportionnĂ©e Ă une situation de danger lorsque lâemploi lĂ©gitime de la force sâavĂšre nĂ©cessaire pour dissuader ou neutraliser une personne violente et/ou dangereuse. »[1] - [2], avant utilisation de lâarme individuelle (pistolet 9 mm)[2].
L'usage de LBD peut prĂ©senter Ă courte distance des effets traumatiques dont la sĂ©vĂ©ritĂ© peut entraĂźner des lĂ©sions graves pouvant ĂȘtre irrĂ©versibles voire mortelles[3]. Dans le cadre de son utilisation par les forces de l'ordre, le LBD a causĂ© des blessures : deux personnes sont dĂ©cĂ©dĂ©es et vingt-trois autres ont perdu l'usage d'un Ćil en France entre 2004 et 2019, aprĂšs avoir Ă©tĂ© touchĂ©es au visage par un tir de LBD[4].
Histoire
Les LBD sont apparus dans la décennie 1990.
à l'origine, ces armes étaient en France utilisées par des unités spécialisées. Leur usage a ensuite été élargi aux Brigade anti-criminalité (BAC) à l'occasion d'émeutes en banlieues. L'usage s'est ensuite élargi aux policiers de proximité en 2000. Depuis, elle a été plus largement diffusée dans les unités de maintien de l'ordre[5].
1 270 Flash-Ball ont été livrés de 2002 à 2005 à la police nationale dans le cadre de la loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (LOPSI) de 2002, pour un coût de 1,18 million d'euros. En 2007, les policiers municipaux sont habilités à les utiliser à condition de suivre une formation spécifique[6] ; en décembre 2020, la durée de cette formation pratique est réduite de moitié[7].
Le , le ministĂšre de l'IntĂ©rieur a lancĂ© un appel d'offres pour trois lots de LBD : un lot de 180 lanceurs multi-coups Ă six coups, un lot de 270 lanceurs multi-coups Ă quatre coups, enfin, un lot de 1280 lanceurs mono-coup. Ils seront destinĂ©s Ă la police et Ă la gendarmerie nationale[8]. Entre le , et le , Ă Paris, selon le tribunal administratif, prĂšs de 1000 tirs de LBD ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s, occasionnant des blessures graves chez 33 personnes, dont 28 touchĂ©es Ă la tĂȘte[9], soit environ 3 %.
Entre le dĂ©but du mouvement des Gilets jaunes en , et dĂ©but , l'AFP recense 23 personnes, « Gilets jaunes, lycĂ©ens ou simples passants », qui ont perdu un Ćil[10].
Types de lanceurs
Le Flash-Ball
Les premiers de ces lanceurs sont les Flash-Ball, fabriqués et commercialisés par le fabricant français Verney-Carron, qui étaient destinés à l'origine, aux particuliers. Le Flash-Ball apparait pour la premiÚre fois dans le catalogue général de Verney-Carron de 1990, alors que le modÚle Super-Pro, destiné aux professionnels, ne sera commercialisé que 10 ans plus tard en 2000 à la suite du feedback des forces de police équipées officiellement du modÚle « Compact » depuis 1995. Les munitions spéciales de 44 mm de diamÚtre (calibre 44/83 spécifique aux Flash-Ball) et d'une masse de 29 grammes[11], sont des sphÚres en caoutchouc souple dénuées de toute aspérité.
Les « historiques » utilisent des balles en caoutchouc rigide de petit diamĂštre, ce qui permet lâutilisation dans des fusils Ă pompe traditionnels ou dans des armes de poing spĂ©cifiques. Elles ont une forte probabilitĂ© de lĂ©talitĂ© Ă courte distance (jusqu'Ă 50 mĂštres au moins) et sont par consĂ©quent destinĂ©es Ă des tirs de loin.
« Lanceurs Flash-Ball livrés et crédits exécutés par la police nationale au titre de l'équipement des fonctionnaires »[12] | ||
Nombre | DĂ©penses (en M âŹ) | |
---|---|---|
2003 | 680 | 0,61 |
2004 | 220 | 0,21 |
2005 | 370 | 0,36 |
Total 2003-2005 | 1 270 | 1,18 |
Le LBD 40
Depuis dĂ©but 2009, les forces de lâordre françaises sont Ă©galement Ă©quipĂ©es dâun lanceur de balles de dĂ©fense 40 mm fabriquĂ© par l'armurier suisse BrĂŒgger & Thomet, le B&T LL06, appelĂ© LBD 40 en France, une version non lĂ©tale du lance-grenades B&T GL06. Il sâagit dâun lanceur de munition de 40 mm de diamĂštre qui utilise des projectiles non-sphĂ©riques afin dâassurer prĂ©cision et puissance dâarrĂȘt de 10 Ă 50 mĂštres[13]. Son exportation est rĂ©gie par la loi sur le contrĂŽle des biens (LCB) et la loi fĂ©dĂ©rale sur le matĂ©riel de guerre (LFMG)[14]. En France, ce Lanceur de Balles de DĂ©fense est classĂ© comme arme de « catĂ©gorie C » "Arme Ă feu fabriquĂ©e pour tirer une balle ou plusieurs projectiles non mĂ©talliques"
Le LBD 40 utilise des balles de 40 à 46 mm, dont les projectiles sont stabilisés grùce à un effet gyroscopique entraßné par le canon rayé. Elle a ainsi une meilleure précision et une meilleure conservation de l'énergie cinétique, avec 84 joules à 40 mÚtres contre environ 60 joules pour le Flash-Ball[15], soit l'énergie d'un objet d'une masse de 8,4 kilogrammes tombant à 1,02 mÚtre de hauteur.
Le lanceur polyvalent permettra ultĂ©rieurement de lancer des munitions Ă effet marquant ou irritant/lacrymogĂšne, tout en conservant l'effet du choc liĂ© Ă l'impact du projectile. Le viseur Ă©lectronique EOTech (en) du LBD 40 est rĂ©glĂ© pour une distance de 25 mĂštres, et n'est pas prĂ©vu pour ĂȘtre modifiĂ©. Ă cette distance, et avec la munition française d'Alsetex, les tests du bureau de la police constatent un Ă©cart de 14 cm entre deux tirs. La doctrine impose donc des tirs vers des zones situĂ©es Ă plus de 14 cm de la tĂȘte, et la position de contact (tant que la dĂ©cision de tirer n'est pas prise) doit ĂȘtre l'axe du canon sous l'horizontale et l'index ne doit pas ĂȘtre en contact avec la queue de dĂ©tente mais sur le long du pontet. La distance de prĂ©cision s'agrandit avec la distance, 23 cm Ă 40 m, 39 cm Ă 60 m[16].
Munitions
Le LBD 40 peut tirer différents types de balles : en caoutchouc, en mousse, assourdissantes, lacrymogÚnes ou fumigÚnes[17].
En France, les balles (appelĂ©es munitions de dĂ©fense Ă courte portĂ©e (MDCP)) utilisĂ©es pour le LBD 40 sont produites par la sociĂ©tĂ© française Alsetex, leader europĂ©en des produits de maintien de l'ordre, installĂ©e Ă PrĂ©cignĂ© dans la Sarthe[18]. Ces munitions de dĂ©fense Ă courte portĂ©e, conçues Ă l'origine pour le Flash-Ball, ont Ă©tĂ© adaptĂ©es pour le LBD 40[18]. Ă ce titre BrĂŒgger & Thomet estime qu'ils ne peuvent « juger le danger potentiel [sic] des munitions utilisĂ©es en France » et que « les munitions utilisĂ©es exercent une influence substantielle sur les effets et la prĂ©cision »[19].
En , Alsetex, obtient un marché (5,57 millions d'euros) portant sur la fabrication et la vente de munitions de défense à courte portée (MDCP) de calibre 40 mm pour la gendarmerie, la police et l'administration pénitentiaire[18], soit environ 115.000 munitions de ce type par an[20].
Le lanceur multicoups
Des forces de lâordre françaises sont Ă©galement Ă©quipĂ©es dâun lanceur multicoups de 40 mm, le Penn Arms PGL 65 fabriquĂ© par l'armurier amĂ©ricain Combined Systems, Inc. (en) (CSI / CTS) et distribuĂ©s par Rivolier son associĂ© français[21]. Il sâagit dâun lanceur de munition multicoups de 40 mm de diamĂštre pouvant tirer jusquâĂ 6 cartouches en 4 secondes sur une distance de 150 mĂštres. Il est prĂ©vu pour ĂȘtre exclusivement utilisĂ© avec des grenades fumigĂšnes ou lacrymogĂšnes, et non des munitions de dĂ©fense[22]. Au mĂȘme titre que les lanceurs classiques « Cougar » et « Chouka » le tir doit ĂȘtre effectuĂ© en cloche, le tir tendu est donc proscrit. Il est en service au sein des CRS depuis 2013[23]
Le , le ministĂšre de lâIntĂ©rieur lance un appel d'offres pour lâacquisition de grenades de 40 mm adaptĂ©e Ă cette arme, les grenades fumigĂšnes lacrymogĂšne CM3. Il est remportĂ© le par le fabricant français SAE Alsetex. Le , le gouvernement lance un appel dâoffres pour lâacquisition de 180 lanceurs multi-coups 6 coups et de 270 lanceurs multi-coups 4 coups[24].
Nouveaux lanceurs
Fin 2018, le ministĂšre de lâIntĂ©rieur lance un appel d'offres pour la fourniture de lanceurs de balles de dĂ©fense (LBD) et de lanceurs Ă cartouches de gaz lacrymogĂšne. Le , deux PME françaises remportent le marchĂ©. Le groupe Rivolier, associĂ© Ă un fabriquant Ă©tranger[25], livrera 180 lanceurs Ă cartouches de gaz lacrymogĂšne Ă six coups (PennArms 40 mm?[21]) et leur Ă©quipement pour un montant de 727 450 euros. Le second marchĂ©, remportĂ© par Alsetex, concerne la fourniture de 1280 lanceurs de balles de dĂ©fense mono-coup (Alsetex Cougar 40) pour 1,638 million dâeuros, ainsi que 270 lanceurs Ă quatre coups (Alsetex Cougar MS 40?)[26] - [27].
En 2021 le groupe Rivolier remporte un marché de 500 500 euros pour fournir 1100 viseurs électroniques pour LBD 40 destinés à la Police Nationale, à la Gendarmerie et aux unités d'intervention de l'administration pénitentiaire [28].
Utilisation
En 1995, certaines unités des forces de police sont officiellement dotées du lanceur de balles de défense Flash-Ball modÚle « Compact ». Les unités qui choisissent de s'équiper de ce lanceur parient sur son aspect dissuasif, à la fois par son apparence imposante et par le volume sonore de sa détonation (équivalent à celle d'un fusil de chasse calibre 12).
Cette dotation vient en complément des balles de petit diamÚtre en caoutchouc rigide qui étaient déjà en dotation depuis de nombreuses années dans certaines unités.
En 2000, le premier appel d'offres pour des lanceurs de balles de défense est lancé par le ministÚre de l'Intérieur. Le Flash-Ball Super-Pro remporte cet appel d'offres.
Dans un entretien donnĂ© le au Monde, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'IntĂ©rieur du gouvernement Raffarin, dĂ©clarait que cette arme Ă©tait destinĂ©e à « impressionner », et que « quand les policiers en sont Ă©quipĂ©s, les voyous ne viennent pas les chercher »[29]. Alors que le Flash-Ball Ă©tait utilisĂ© depuis 1995 par plusieurs unitĂ©s spĂ©cialisĂ©es de la Police nationale et de la Gendarmerie nationale, telles que la BAC, le GIGN ou le Raid, il a ajoutĂ© que cette arme Ă©tait « moins dangereuse que les armes Ă feu », et qu'elle n'avait jamais provoquĂ© « d'accident mortel en service » â jusqu'alors puisque depuis lors une victime est dĂ©cĂ©dĂ©e en 2010. Elle est aussi utilisĂ©e par les polices municipales comme indiquĂ© par l'article 2-1 de la version consolidĂ©e au du DĂ©cret no 2000-276 du relatif Ă l'armement des agents de police municipale[30]
AprÚs des essais en 2008, certaines unités des forces de l'ordre sont équipées en 2009 d'un nouveau lanceur de balles de défense 40 mm (LBD 40) qui permet des tirs plus précis entre 25 et 50 mÚtres mais est dangereux aux distances d'utilisation du Flash-Ball.
Formation et habilitation
Pour ĂȘtre habilitĂ© Ă l'usage du LBD 40 pendant deux ans, il faut que sur cinq balles tirĂ©es, deux touchent la cible[5].
Dans le monde, plusieurs services de polices utilisent le BrĂŒgger & Thomet GL06 (LBD 40 en France). Certains l'utilisent dans le cadre du maintien de l'ordre, d'autres non. Par exemple en Suisse, la police cantonale bernoise l'utilise lors de manifestations violentes, alors qu'au sein de la gendarmerie vaudoise, seul le DĂ©tachement d'action rapide et de dissuasion l'utilise Ă de rares occasions en milieu carcĂ©ral ou pour la maitrise d'un forcenĂ© en pleine crise de dĂ©compensation. Les projectiles utilisĂ©s sont ceux du fabricant de l'arme, alors que ceux utilisĂ©s en France sont dĂ©veloppĂ©s et produits localement[31].
Ambiguïté sur le nom du lanceur
L'entreprise française Verney-Carron, qui commercialise le LBD de marque Flash-Ball, précise en 2011 que des articles référencés ci-dessous parlent systématiquement de Flash-Ball, quels que soient le modÚle et la marque de lanceur de balles de défense impliqué[32]. Le Monde indique dans son infographie du [33] que le LBD 40 était, à la date de publication de cette infographie, en phase de test dans la police nationale depuis suffisamment longtemps pour que l'aspect initial « de couleur jaune » ait été modifié. C'est d'ailleurs ce LBD 40 dans sa phase jaune et noir dont il est question dans la Saisine no 2008-1 de la CNDS[34] comme le montre une lecture attentive.
Le Flash-Ball n'Ă©quipe plus la police nationale depuis 2016, remplacĂ©s par le B&T LL06, dĂ©signĂ© LBD 40 en France, fabriquĂ© par la firme suisse BrĂŒgger & Thomet[35]. En 2015 lors du salon Milipol de 2013, Verney Carron prĂ©sente le Super Pro 2, le successeur du Flash Ball Super Pro. Il a Ă©tĂ© modernisĂ© sur demande de la police nationale. Depuis cette date, la nouvelle arme Ă©quipe la plupart des polices municipales qui en ont l'autorisation.
EnquĂȘtes
Au cours du mouvement des gilets jaunes entre mi- et , 52 enquĂȘtes sont relatives Ă un possible usage abusif du lanceur de balles de dĂ©fense, pour 9.200 tirs de LBD[36].
Le jeudi , le secrĂ©taire d'Ătat auprĂšs du ministre de l'IntĂ©rieur, Laurent Nuñez, s'exprime devant le SĂ©nat Ă l'occasion de l'examen d'une proposition de loi visant Ă interdire l'usage des LBD et annonce que 13 095 tirs de LBD ont eu lieu depuis le dĂ©but du Mouvement des Gilets jaunes et qu'il avait "83 enquĂȘtes en cours Ă l'IGPN et Ă l'IGGN impliquant des faits concernant des tirs de LBD"[37] - [38].
Usages
Dans le maintien de l'ordre, les LBD sont peu utilisés par les CRS et gendarmes mobiles, avec seulement un tiers des tirs[39].
Les policiers de la sécurité publique (brigades anti criminalité et compagnies de sécurisation) ainsi que les BRI de la police judiciaire totalisent les deux tiers restants[39].
Risques
CaractÚre létal
Le principe des lanceurs de balles de dĂ©fense est dâavoir une puissance dâarrĂȘt suffisante pour dissuader ou arrĂȘter un individu mais rĂ©partie sur une surface plus grande que les munitions Ă projectiles mĂ©talliques de mĂȘme puissance afin dâĂ©viter les risques de pĂ©nĂ©tration. Bien que le projectile tirĂ© par un lanceur de balles de dĂ©fense soit a priori conçu pour ne pas ĂȘtre mortel, il peut occasionner des blessures graves voire fatales, en particulier s'il atteint la tĂȘte ou si la personne est sensible. On recense en particulier plusieurs cas d'Ă©borgnement.
En effet, un projectile en caoutchouc est potentiellement mortel, comme n'importe quel projectile, s'il atteint des zones sensibles ou encore si le tir est opĂ©rĂ© Ă courte portĂ©e ; cette notion de « courte portĂ©e » varie selon les types de LBD et de munition utilisĂ©s. La Commission nationale de dĂ©ontologie de la sĂ©curitĂ© (CNDS) distingue le Flash-Ball des autres LBD[34]. Selon un document de 2003 du Centre de recherche et d'Ă©tudes de la police nationale, « le systĂšme LBD prĂ©sente des effets traumatiques dont la sĂ©vĂ©ritĂ© peut entraĂźner des lĂ©sions graves pouvant ĂȘtre irrĂ©versibles voire mortelles, lors de tirs jusqu'Ă cinq mĂštres au moins. Pour des distances de tirs comprises entre cinq et dix mĂštres, des lĂ©sions graves sont observĂ©es »[3]. Alors que les rĂšgles d'engagement du LBD demandent une distance d'utilisation de 25 Ă 50 mĂštres.
De mĂȘme, la CNDS note que : « Si les projectiles lancĂ©s par le LBD ont Ă©tĂ© choisis pour leur capacitĂ© de dĂ©formation Ă lâimpact limitant le risque de pĂ©nĂ©tration dans un corps vivant, ils peuvent avoir des consĂ©quences dramatiques lorsque la partie corporelle atteinte est, comme en lâespĂšce, le visage et plus prĂ©cisĂ©ment les yeux. En outre, un tir Ă faible distance (Ă moins de 10-15 mĂštres) accroĂźt considĂ©rablement les risques[34]. » Cet avis ne concerne cependant pas le Flash-Ball qui a Ă©tĂ© conçu pour le tir entre 5 et 15-20 mĂštres. A noter que ce cas relĂšve d'une mauvaise utilisation du LBD puisque sa plage de distance d'utilisation est de 25 Ă 50 mĂštres. La Saisine no 2008-1[34] de la CNDS indique clairement qu'il s'agit d'un LBD 40 dans sa phase prototype Ă l'essai et que ces prescriptions d'utilisation n'ont pas Ă©tĂ© respectĂ©es: « (...), armĂ© du lanceur de balles de dĂ©fense 40 Ă 46 (LBD), de couleur jaune et noire, lors de lâintervention de la CDI, M. M.L. a Ă©tĂ© auditionnĂ© par lâIGPN, confrontĂ© Ă la jeune victime, puis rĂ©entendu par la Commission. » et « câest alors quâil avait Ă©tĂ© touchĂ© Ă lâĆil droit par un tir effectuĂ©, Ă dix ou quinze mĂštres de distance par un CRS, cagoulĂ©, casquĂ©, muni dâune arme jaune et noire, Ă un seul canon, arme quâil pouvait distinguer nettement dâun flashball classique. »
C'est pour ces raisons qu'en France, les rĂšgles d'utilisation policiĂšre interdisent de viser la tĂȘte avec un LBD ou un Flash-Ball[40]. Cependant, ces rĂšgles d'engagements ne sont pas toujours respectĂ©es, ce que relĂšve l'IGPN[41].
En , à la suite des manifestations des Gilets jaunes, le Conseil de l'Europe appelle la France à suspendre l'usage des LBD afin de « mieux respecter les droits humains »[42].
Blessures oculaires
La lĂ©gislation ne prĂ©voit pas de collecte systĂ©matique d'informations relative aux blessures rĂ©sultantes de l'usage de ces armes, dans le cadre du maintien de lâordre[43].
Ă la suite du mouvement des gilets jaunes durant lequel 1 800 membres des forces de l'ordre ont Ă©tĂ© blessĂ©s, certains services ont utilisĂ© Ă grande Ă©chelle les LBD. Des mĂ©decins français ont publiĂ© dans la revue mĂ©dicale britannique The Lancet leurs observations [44] - [45] : une des Ă©tudes porte sur les blessures oculaires imputables aux LBD sur la pĂ©riode allant de Ă . Il est recensĂ© deux cas de blessures oculaires en 2016, un en 2017 contre 25 en 2018 et 15 sur la pĂ©riode Ă©tudiĂ©e de 2019. Parmi les victimes il y a 38 hommes et cinq femmes. Leur Ăąge moyen est de 26 ans. Vingt-cinq personnes prĂ©sentent des blessures ouvertes au globe oculaire et 18 dâautres traumatismes, dont 10 cas Ă la rĂ©tine. Il eut 25 cas de fractures orbitales, 12 de fractures de la face et deux de dommages au cerveau. Sur 43 personnes, 30 ont dĂ» ĂȘtre opĂ©rĂ©es, Ă une ou plusieurs reprises. Parmi elles, neuf ont dĂ» ĂȘtre Ă©nuclĂ©Ă©es[43].
Critiques et condamnations
à la suite de l'annonce de l'extension de son usage à la police de proximité dans les cités de zone urbaine sensible, plusieurs groupes de défense des droits de l'homme, dont, notamment, et surtout Amnesty International, ont exprimé leur crainte que le déploiement d'armes de ce type n'amÚne une augmentation des violences policiÚres[46].
Une proposition de loi a été enregistrée le visant à interdire cette arme[13].
De plus, la Commission nationale de déontologie de la sécurité apporte une précision importante : « Compte tenu d'une part de l'imprécision des trajectoires de tirs de flash-ball qui rendent inutiles les conseils d'utilisation théoriques et, d'autre part, de la gravité comme de l'irréversibilité des dommages collatéraux manifestement inévitables qu'ils occasionnent, la CNDS recommande de ne pas utiliser cette arme lors de manifestations sur la voie publique, hors les cas trÚs exceptionnels qu'il conviendrait de définir trÚs strictement. »[47]
Une déclaration commune sur l'armement de la police circule actuellement, lancée par l'observatoire et laboratoire de la démocratie locale (OBSLAB) de Nantes[48] des suites de la manifestation du à Nantes.
En 2014, un rapport relatif Ă l'emploi des munitions en opĂ©rations de maintien de l'ordre publiĂ© par le ministĂšre de l'IntĂ©rieur suggĂšre possible l'utilisation du LBD, "en cas de violences exercĂ©es contre les forces de lâordre ou si celles-ci ne peuvent dĂ©fendre autrement le terrain quâelles occupent"[49].
Dans un rapport de , le DĂ©fenseur des droits demande « de retirer les lanceurs de balles de dĂ©fense de la dotation des forces chargĂ©es de lâordre public »[50]. Ă la suite de ce rapport, le prĂ©fet de police de Paris a dĂ©cidĂ© de ne plus avoir recours Ă lâusage du LBD 40x46 dans les opĂ©rations de maintien de lâordre au regard de sa dangerositĂ© et de son caractĂšre inadaptĂ© dans ce contexte[49]. L'argument du dĂ©fenseur des droits pour l'interdiction des LBD est qu' "Au cours d'une manifestation oĂč, par dĂ©finition, les personnes visĂ©es sont gĂ©nĂ©ralement groupĂ©es ou mobiles, le point visĂ© ne sera pas nĂ©cessairement le point touchĂ© et la personne visĂ©e pourra ne pas ĂȘtre celle atteinte."[49]. Toutefois, le ministĂšre de l'intĂ©rieur ne sait pas par quoi remplacer les LBD[49].
La LDH et la CGT ont plaidĂ© pour lâinterdiction de l'usage du LBD controversĂ©, afin d'Ă©viter de nouveaux blessĂ©s. En ce qui concerne la France, le tribunal administratif de Paris sâest considĂ©rĂ© incompĂ©tent pour donner des instructions au ministĂšre de lâintĂ©rieur et « prendre des mesures qui auraient valeur rĂ©glementaire » dans toute la France. Il considĂšre que cette requĂȘte relĂšve de la compĂ©tence du Conseil dâEtat. En ce qui concerne Paris, le tribunal a notamment pris en compte l'intention dâĂ©quiper les policiers de camĂ©ras piĂ©tons, et la non utilisation de LBD durant l'acte X[9].
Ă la suite de recours dĂ©posĂ©s par la voie d'un rĂ©fĂ©rĂ©-libertĂ© de la CGT et la Ligue des droits de lâhomme, le Conseil d'Ătat a dĂ» se prononcer sur la suspension de l'utilisation des lanceurs de balles de dĂ©fense dans les manifestations[51]. Le , le Conseil d'Ătat a rejetĂ© ces demandes de suspension[52] - [53] en estimant que « lâusage du LBD de 40 mm ne peut ĂȘtre regardĂ©, en lâĂ©tat, comme de nature Ă caractĂ©riser une atteinte grave et manifestement illĂ©gale Ă la libertĂ© de manifester et au droit de ne pas ĂȘtre soumis Ă des traitements inhumains ou dĂ©gradants »[54]. Cette dĂ©cision est saluĂ©e par le syndicat Alliance Police nationale[55], mais vivement condamnĂ©e par les internautes sur les rĂ©seaux sociaux.
Les lanceurs de balles de dĂ©fense sont une nouvelle fois mis en cause lors des manifestations du Mouvement des Gilets jaunes en France. Le [56], le neurochirurgien et chef de service au CHRU de Besançon Laurent Thines lance une pĂ©tition adressĂ©e au Ministre de l'IntĂ©rieur pour demander un moratoire sur lâutilisation des armes sub-lĂ©tales, dont les lanceurs de balles de dĂ©fense, qui engendrent dans certains cas des blessĂ©s graves et des lĂ©sions irrĂ©mĂ©diables[57] - [58] - [59]. Le , la pĂ©tition de Laurent Thines avait dĂ©jĂ rĂ©coltĂ© plus de 105 000 signatures[60].
Depuis, le mouvement des gilets jaunes en , jusquâau , on dĂ©nombrait en plus 143 blessĂ©s graves (dont 17 femmes), 92 dĂ©clarent avoir Ă©tĂ© touchĂ©s par des tirs de lanceur de balles de dĂ©fense[61]. De plus, au , ces derniers ont occasionnĂ© 23 fois, la perte dâun Ćil, dâautres, par centaines ont Ă©tĂ© visĂ©s Ă la tĂȘte, selon David Dufresne sur Mediapart. Pour lui, «A force de parler dââarmes non lĂ©talesâ, âsublĂ©talesâ ou Ă âlĂ©talitĂ© attĂ©nuĂ©eâ, on finit par croire quâelles ne font pas de mal et cela tend Ă dĂ©sinhiber les tireurs»[62].
La présidente du groupe CRCE, Eliane Assassi, a avancé les chiffres de 22 personnes éborgnées par des tirs de LBD depuis le début du Mouvement des Gilets jaunes en réaction des chiffres annoncés par Laurent Nuñez devant le Sénat à l'occasion d'une proposition demandant l'interdiction de l'usage du LBD dans les manifestations[37] - [38].
Le le maire de Phalsbourg (Moselle) a pris un arrĂȘtĂ© interdisant les LBD sur sa commune pour la journĂ©e de manifestations des Gilets Jaunes prĂ©vu le sur sa commune. Il explique que cet arrĂȘtĂ© est symbolique car il n'a pas d'autoritĂ© sur les forces nationales de la gendarmerie[63].
Sondage
Selon un sondage réalisé en , 74% des partisans de La République en marche et 61% des soutiens des Républicains sont favorables aux LBD[64], tandis que 54% des sondés se prononcent contre cette arme, car elle cause des blessures graves parmi les manifestants, notamment avec le mouvement des gilets jaunes[64]. Pour 37% des Français, l'usage du lanceur de balles de défense (LBD) est justifié en cas de manifestation violente[64]. Les soutiens de La France insoumise, du Parti socialiste ou du Rassemblement national sont opposés à l'utilisation des LBD pour 83%, 68% et 61% d'entre eux[64].
Liste de blessés et de victimes
Une personne est morte[65] et au moins 66 autres[66] (la plupart lors de manifestations) avaient perdu l'usage d'un Ćil depuis que l'utilisation de ce type d'arme par la police avait Ă©tĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e en France[67] et l'annĂ©e 2010 (chiffres non mis Ă jour). Officiellement, dans la plupart des cas, le LBD a Ă©tĂ© utilisĂ© par les policiers dans des Zones urbaines sensibles, ou dans des manifestations.
- Liste non exhaustive
1999
- Un homme de 43 ans, à Villiers-sur-Marne, a été éborgné par un tir de flashball le lors d'une intervention de la Brigade anti-criminalité alors qu'il revenait des courses[68].
2005
2006
- Un adolescent de 16 ans, Ă Clichy-sous-Bois, a perdu l'usage d'un Ćil dans la nuit du 28 au Ă la suite d'un tir rapprochĂ©. Selon la police, le tir rĂ©pondait Ă l'agression de policiers par un groupe de jeunes. Selon le pĂšre de la victime, "son fils ne faisait que passer par lĂ "[70]; l'IGS a Ă©tĂ© saisie[71].
2007
- Une Ă©tudiante de 24 ans, Ă Grenoble, le , a perdu l'usage d'un Ćil Ă la suite d'un tir de flashball dans une manifestation contre la PrĂ©sidence de Nicolas Sarkozy[68].
- Ă Nantes, Pierre, un lycĂ©en de 16 ans, manifeste le contre la loi de rĂ©forme des universitĂ©s, il perd un Ćil Ă la suite d'un tir de LBD 40[72].
2008
- Un adolescent de 17 ans Ă Nantes, lors de manifestations lycĂ©ennes le . La Commission nationale de dĂ©ontologie de la sĂ©curitĂ© (CNDS) a notĂ© qu'il « ne rĂ©cupĂ©rera jamais sa vision de lâĆil droit »[34] - [73] - [74]. Il a reçu une ITT de six mois[34]. L'IGS a Ă©tĂ© saisie, une enquĂȘte judiciaire ouverte, et les parlementaires de Loire - Atlantique (François Autain, alors au PCF, et Marie-Odile BouillĂ©, qui siĂšge au groupe Socialiste, radical, citoyen et divers gauche) ont saisi la CNDS[75]. Celle-ci a rendu son avis le , dans lequel elle s'interroge « sur la compatibilitĂ© de l'usage d'une telle arme dans le cadre d'une manifestation qui implique une proximitĂ© des manifestants et de la police et leur grande mobilitĂ© »[34].
2009
- Un Ă©tudiant de 25 ans Ă Toulouse lors de la manifestation unitaire du a perdu un Ćil et a portĂ© plainte, saisissant aussi la Commission nationale de dĂ©ontologie de la sĂ©curitĂ© (CNDS)[76].
- Un jeune de 18 ans hospitalisĂ© pendant au moins six jours Ă la suite d'un tir qui l'a touchĂ© Ă la tĂȘte, qui a eu lieu Ă la citĂ© des Fauvettes, Ă Neuilly-sur-Marne, en . Circonstances inconnues[77].
- Deux hommes (21 et 31 ans) Ă Villiers-le-Bel, en , ont chacun perdu l'usage d'un Ćil. L'IGS a Ă©tĂ© saisie[78] - [79]
- Un homme de 25 ans, le Ă Paris, blessĂ© Ă la mĂąchoire et aux dents par un tir de flashball en marge de la FĂȘte de la Musique[68].
- Joachim Gatti, ĂągĂ© de 34 ans Ă Montreuil a perdu un Ćil en juillet 2009 lors d'une manifestation contre l'expulsion d'un centre culturel. L'IGS saisie conclut Ă un non-respect des rĂšgles d'emploi de l'arme[79] - [80] - [81] - [82] - [83]. Selon Le Monde, le policier, membre de la BAC, avait tirĂ© alors qu'il n'Ă©tait pas en Ă©tat de lĂ©gitime dĂ©fense et sans respecter la distance minimale autorisĂ©e[84]. Le policier a Ă©tĂ© mis en examen pour « violences volontaires ayant entraĂźnĂ© une infirmitĂ© ou une mutilation par dĂ©positaire de l'autoritĂ© publique » en [85] - [3]. En , il est renvoyĂ© avec deux collĂšgues en correctionnelle[86]. Le procĂšs des trois policiers mis en examen a lieu en au tribunal de grande instance de Bobigny du 21 au . Le procureur requiert contre le policier qui a blessĂ© Joachim Gatti « trois ans de prison avec sursis, autant dâinterdiction professionnelle et cinq ans dâinterdiction de port dâarmes » et contre les deux autres policiers « dont les tirs ont surtout occasionnĂ© des ecchymoses [...] dix mois de prison avec sursis, dix-huit mois dâinterdiction professionnelle et cinq ans dâinterdiction de port dâarmes »[87].
2010
- Le à Fort-de-France, un homme a été éborgné par un tir de flashball[68].
- Le à Tremblay, un lycéen de 17 ans a été blessé à la mùchoire par un tir de flashball lors d'une intervention de la police[68].
- , à Villetaneuse, un homme de 27 ans qui tentait - selon ses proches et son avocat - de calmer un affrontement entre jeunes et policiers reçoit une balle de LBD dans le visage qui lui perfore la joue et lui brise la mùchoire[67].
- En , un lycĂ©en de 16 ans, Ă©lĂšve au lycĂ©e Jean-JaurĂšs Ă Montreuil devant lequel il participait Ă un blocus, a reçu un tir de lanceur de balles de dĂ©fense qui a entraĂźnĂ© de multiples fractures au visage et un risque de perdre l'Ćil touchĂ©[88]. Une enquĂȘte de l'IGS a Ă©tĂ© ouverte. La sociĂ©tĂ© Verney-Carron (propriĂ©taire de la marque Flash-Ball) dĂ©plore que malgrĂ© son communiquĂ©[32] les journalistes et politiques continuent Ă faire lâamalgame et Ă dĂ©signer toutes les armes de ce type sous le nom de « Flash-Ball » ou « Flashball ». Le , le policier auteur du tir est condamnĂ© Ă un an de prison avec sursis[89].
- Un homme, Mustapha Ziani, est dĂ©cĂ©dĂ© le Ă Marseille aprĂšs ĂȘtre atteint au thorax par un Flash-Ball tirĂ© par un policier français, le tir s'Ă©tant produit aprĂšs que la victime ait agressĂ© un colocataire de son foyer au couteau, et blessĂ© un policier[90] L'autopsie atteste que le tir, effectuĂ© Ă environ 4,40 mĂštres de la victime, Ă©tait bien la "cause directe et exclusive" de sa mort. Six ans aprĂšs les faits, l'auteur du tir, le policier Xavier Crubezy, est condamnĂ© Ă six mois de prison avec sursis[91].
- Le à Nice, un supporter de l'OGC Nice a été éborgné par un tir de flashball[68].
2011
- Le , un adolescent de 17 ans est Ă©borgnĂ© par un tir Ă Audincourt (Doubs), il porte son Ćil arrachĂ© dans la main d'aprĂšs son frĂšre[72].
- Le , Ă Mayotte (dĂ©partement d'outre-mer français de l'ocĂ©an Indien), un enfant de 9 ans perd son Ćil Ă la suite du tir de flashball d'un gendarme, ce dernier est mis en examen[72].
2012
- , un supporter de Montpellier perd un Ćil aprĂšs un tir de LBD, selon son avocat, une vidĂ©o contredit la version policiĂšre : l'IGPN ouvre une enquĂȘte[92].
2013
- , Ă Strasbourg, un mĂ©tallurgiste belge d'ArcelorMittal venu manifester perd l'usage de son Ćil Ă la suite d'un tir au visage[93].
- Au moins deux personnes (une femme et un jeune homme) ont perdu un Ćil Ă la suite de tirs au visage lors des dĂ©bordements ayant suivi certains manifestants de la Manif pour tous, opposĂ©s Ă l'ouverture des droits au mariage et Ă l'adoption pour les couples de mĂȘme sexe.
- Un jeune homme a perdu l'usage d'un Ćil Ă la suite d'un tir au visage sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes la mĂȘme annĂ©e.
- Le , Ă Grenoble, Quentin Charron, un sapeur pompier est mutilĂ© d'un Ćil par un tir de flashball, lors d'une manifestation de pompiers[94].
2014
- , Ă Nantes, deux personnes sont blessĂ©es Ă l'Ćil, dont une par une balle de dĂ©fense qui a dĂ©logĂ© l'Ćil de son orbite[95]. En tout, trois hommes ont perdu l'usage d'un Ćil lors de la manifestation contre le projet d'aĂ©roport du Grand-Ouest Ă Notre-Dame-des-Landes. Durant cette manifestation, les forces de police ont massivement utilisĂ© le Lanceur de balles de dĂ©fense (LBD 40) Ă©quipĂ© d'un viseur et considĂ©rĂ© comme trĂšs prĂ©cis. D'autres mutilations ont Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ©es des suites de tirs de LBD (nez cassĂ©, oreille arrachĂ©e) ainsi que des dizaines de blessures, notamment sur un journaliste indĂ©pendant touchĂ© au thorax[96] - [97].
2016
- , Ă Rennes, un Ă©tudiant a perdu l'usage d'un Ćil lors des manifestations contre le projet de rĂ©forme du Code du travail. L'IGPN a Ă©tĂ© saisie[98].
2017
- Le samedi , Ă Vigneux-sur-Seine, en Ăle-de-France, lors d'une altercation entre diffĂ©rentes personnes et des policiers Ă la suite d'une course-poursuite, un homme qui n'Ă©tait pas liĂ© Ă cette course perd son Ćil Ă la suite d'un tir de balle de dĂ©fense[99].
2018
- Le , Ayman, un garçon de 16 ans, se rend au stade Octave-Lapize Ă Villiers-sur-Marne, pour le feu d'artifice du . Il passe dans une zone oĂč sont lancĂ©s des lacrymogĂšnes et des balles de LBD. Il assure avoir reçu une balle 40mm de LBD en plein visage[100], provoquant des fractures du massif facial, de la lame papyracĂ©e, du plancher orbital, des os propres du nez et du maxillaire, ainsi qu'une plaie du globe oculaire. Il perd dĂ©finitivement l'usage de son Ćil droit[101]. Le , Ayman dĂ©pose une plainte auprĂšs de l'IGPN[101].
- Le , Alfoussen K. est blessĂ© Ă la suite d'une altercation entre la BAC et un jeune de Villeneuve-la-Garenne, due Ă un contrĂŽle routier pour excĂšs de vitesse, lorsqu'il intervient pour calmer la situation tendue. Il reçut une balle de LBD dans le menton Ă moins de 3 mĂštres, le policier responsable du coup de feu s'empresse ensuite de ranger son lanceur de balles de dĂ©fense. L'ensemble de la scĂšne est filmĂ© sous des angles diffĂ©rents par des habitants de la Caravelle. La blessure de Alfoussen K. nĂ©cessitera 45 points de suture sur une plaie longue de 4 cm et large de 3 cm. Les mĂ©decins lui prescrivent quinze jours dâincapacitĂ© totale de travail (ITT) sous rĂ©serve de complications[102]. Alfoussen K. et une autre personne blessĂ©e dans l'altercation avec les forces de l'ordre dĂ©posent plainte, l'IGPN est chargĂ©e de l'enquĂȘte[103].
- Le , un manifestant est éborgné à Lyon à la suite des manifestations qui ont suivi la victoire de l'équipe de France en finale de la Coupe du monde de football de 2018 en Russie[104].
- Le , Richie A. a perdu son Ćil gauche Ă Saint-Paul (La RĂ©union) lors d'un rassemblement du mouvement des Gilets jaunes, Ă la suite d'un tir de LBD 40[105].
- Le , pendant le mouvement des Gilets jaunes, CĂ©dric P. a perdu l'Ćil gauche Ă La Possession (RĂ©union)[105].
- Le 1er dĂ©cembre, pendant l'Acte III du mouvement des Gilets jaunes, Ă Paris, Frank D. a perdu un Ćil, Anthony a Ă©tĂ© blessĂ© Ă l'Ćil, Lionel J. a Ă©tĂ© blessĂ© Ă la tempe (7 points de suture + 1 plan sous-cutanĂ©). Guy B., environ 60 ans, a eu la mĂąchoire fracturĂ©e Ă Bordeaux. BenoĂźt, touchĂ© Ă la tempe Ă Toulouse, a fait un ĆdĂšme cĂ©rĂ©bral et a Ă©tĂ© placĂ© en coma artificiel dont il est sorti quelques jours plus tard, et RomĂ©o B., fracture ouverte du tibia. Maxime I. a eu une double fracture de la mĂąchoire Ă Avignon. Mathilde M., Ă Tours, blessĂ©e Ă lâoreille, a eu 25 points de suture, acouphĂšnes, lĂ©sions internes lĂ©gĂšres avec troubles de l'Ă©quilibre[105].
- Le , à Grenoble, Doriana, 16 ans, lycéenne, a eu le menton fracturé et deux dents cassées[105].
- Le , à Garges-lÚs-Gonesse, Issam, 17 ans, lycéen, a eu la mùchoire fracturée, à Saint-Jean-de-Braye, Oumar, 16 ans, lycéen, a eu le front fracturé[105].
- Le , Ă BĂ©ziers, Jean-Philippe L., 16 ans, a perdu son Ćil gauche. Ramy, 15 ans, a perdu son Ćil gauche Ă cause d'un LBD 40 ou d'une grenade GLI-F4[105].
- Le , Ă Dijon, pendant le mouvement des Gilets jaunes, Antonin, 15 ans, a eu la mĂąchoire et la mandibule fracturĂ©es. Ă Paris, Thomas, 20 ans, Ă©tudiant, a eu le sinus fracturĂ© et Denis a eu le maxillaire fracturĂ© et la lĂšvre arrachĂ©e. Fiorina Lignier, 20 ans, a perdu son Ćil gauche. Antoine C. a perdu son Ćil gauche, Nicolas C. a eu la main gauche fracturĂ©e. Alexandre F. a perdu son Ćil droit, Fabien a eu la pommette fendue et le nez fracturĂ©. Emeric S., 22 ans, a eu le poignet fracturĂ© avec dĂ©placement du cubitus. Hichem B. a eu la main gauche fracturĂ©e. Hannibal V. a Ă©tĂ© blessĂ© Ă lâĆil. Ă Bordeaux, Jean-Marc M. a perdu son Ćil droit. Ă Mondeville, Constant a eu le nez fracturĂ©, Marien a eu une double fracture de la main droite. Ă Toulouse, Yann a eu le tibia fracturĂ©. Ă Nantes, Philippe S. a Ă©tĂ© gravement blessĂ© aux cĂŽtes, avec hĂ©morragie interne et fracture de la rate[105].
- Le , Ă Toulouse, pendant le mouvement des Gilets jaunes, un homme a perdu un Ćil[105].
2019
- Le , à Strasbourg, un adolescent de 15 ans a été blessé à la mùchoire en marge de la manifestation des gilets jaunes[106].
- Le Ă Bordeaux lors de la manifestation des gilets jaunes, un homme de 47 ans, a Ă©tĂ© touchĂ© Ă la tĂȘte par un tir causant une hĂ©morragie cĂ©rĂ©brale, de multiples fractures et une hĂ©miplĂ©gie sĂ©quellaire persistant plusieurs mois aprĂšs la blessure. Des journalistes notent des manquements de la part des policiers, notamment en ce qui concerne la surveillance et l'assistance Ă la personne touchĂ©e par un tir de LBD[107] - [108] - [1].
- Le , JĂ©rĂŽme Rodrigues, une figure symbolique des Gilets jaunes, affirme avoir reçu un tir de LBD, Ă lâĆil droit, lors de la 11e manifestation des Gilets jaunes Ă Paris[109]. NĂ©anmoins, cette hypothĂšse est rĂ©futĂ©e le lendemain par le secrĂ©taire d'Ătat auprĂšs du ministre de l'IntĂ©rieur, Laurent Nuñez, qui a indiquĂ© qu'il excluait « totalement l'usage du tir de lanceur de balles de dĂ©fense[110] ». Dans un premier temps, les seules images disponibles pouvant prouver un Ă©ventuel tir de LBD sont celles de la victime supposĂ©e, JĂ©rĂŽme Rodrigues ; les propres images de la Police Ă©tant inexploitables Ă la suite de « dysfonctionnements des batteries » et d'« objectifs obstruĂ©s »[111]. Le , l'Ă©mission Quotidien diffuse de nouvelles images, de deux angles diffĂ©rents, et des bande-sons supplĂ©mentaires, et affirme qu'un tir de LBD a bien eu lieu sur la place de la Bastille au moment oĂč JĂ©rĂŽme Rodrigues a Ă©tĂ© touchĂ© Ă lâĆil droit, en prĂ©cisant que l'on ne voit pas « si M. Rodrigues a Ă©tĂ© atteint par une grenade de dĂ©sencerclement ou par un tir de LBD »[112]. Le , un policier reconnait, au moment des faits, « avoir tirĂ© mais sans toucher Rodrigues », dans un document qui a Ă©tĂ© transmis Ă l'Inspection gĂ©nĂ©rale de la Police nationale[113] - [114]. Le mercredi , JĂ©rĂŽme Rodrigues annonce sur son compte Facebook avoir dĂ©finitivement perdu son Ćil[115] - [116]. L'expertise menĂ©e par l'IGPN a conclu que le sang retrouvĂ© sur la balle de LBD remise par l'avocat de JĂ©rĂŽme Rodrigues n'Ă©tait pas celui de ce dernier, et que par consĂ©quent, cela ne permettait pas Ă ce stade de l'enquĂȘte de dĂ©terminer la cause de sa blessure[117].
- Le , lors du 12e rassemblement des Gilets jaunes, Louis Boyard, prĂ©sident de l'Union nationale lycĂ©enne, est touchĂ© au pied par un tir de LBD[118], qui lui cause un ĆdĂšme[119].
- Le , un homme est gravement blessĂ© au visage par un tir de LBD en marge du 16e rassemblement des Gilets jaunes Ă Paris, avenue de Wagram[120]. Le soir mĂȘme, la PrĂ©fecture de police demande une enquĂȘte pour Ă©claircir les circonstances des faits, et l'affaire est confiĂ©e Ă l'IGPN[120].
- Le , alors qu'il rentre chez lui à Sartrouville, un étudiant en droit, Adam Chikhi, reçoit par erreur un tir de LBD sur son visage sur fond d'échauffourées entre jeunes et policiers[121].
- Le , Ă Lyon, Soufiane perd l'Ćil droit dans le cadre du dĂ©ploiement d'un dispositif sĂ©curitaire exceptionnel pour le soir de la finale de la Coupe d'Afrique des Nations. Selon la direction centrale de la SĂ©curitĂ© publique de Lyon, il aurait Ă©tĂ© mĂȘlĂ© Ă une altercation entre forces de l'ordre et supporters[122]
Notes et références
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- MinistĂšre de l'IntĂ©rieur, « BULLETIN OFFICIEL DU MINISTĂRE DE LâINTĂRIEUR, n°2014-10 : Instruction du 2 septembre 2014, annexe III, pp. 336 Ă 339 » [PDF], DĂ©lĂ©gation Ă lâinformation et Ă la communication du ministĂšre de lâintĂ©rieur, (consultĂ© le )
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- « Flashball: une vingtaine de blessés graves depuis 2004 »; Mediapart, 4 décembre 2013.
- LĂ©a Guedj et Corinne Audouin, « Abandon du LBD : malgrĂ© le refus du Conseil d'Ătat, "le dĂ©bat commence Ă se former" selon un chercheur », France Inter,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- ArrĂȘtĂ© du 3 aout 2007 relatif aux formations Ă l'armement des agents de police municipale.
- ArrĂȘtĂ© du 23 dĂ©cembre 2020 portant dĂ©rogation temporaire au nombre de sĂ©ances d'entrainement annuel au maniement des armes des agents de police municipale. JORF du 27 dĂ©cembre 2020, texte n°41.
- Le ministÚre de l'Intérieur se dote de nouveaux lanceurs de balles de défense, Le Parisien, 27 décembre 2018.
- Le Monde avec AFP, « Le tribunal administratif de Paris refuse de suspendre lâusage du LBD », Le Monde,â (lire en ligne).
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- version consolidée au 24 septembre 2008 du Décret no 2000-276 du 24 mars 2000 relatif à l'armement des agents de police municipale « Copie archivée » (version du 10 juillet 2012 sur Internet Archive)
- « Une arme suisse et ses blessures dans le viseur des "gilets jaunes" », sur RTS,
- communiqué de Verney-Carron, propriétaire de la marque "Flash-Ball".
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- Lire les "Recommandations d'Amnesty International sur le "lanceur de balles de défenses" 5 mars 2012 - réf : SF12REG56
- Le Flash-Ball apparait pour la premiÚre fois dans le catalogue général de Verney-Carron de 1990, alors que le modÚle Super-Pro, destiné aux professionnels, ne sera commercialisé que 10 ans plus tard en 2000 à la suite du feedback des forces de police équipées officiellement du modÚle « Compact » depuis 1995
- obslab.blogspot.fr
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- Polémique sur les LBD : Castaner dote les forces de l'ordre de caméras-piétons, Etienne Jacob, Le Figaro, 22 janvier 2019.
- « "Gilets jaunes" : "choquĂ© par l'usage de cette arme", un maire de Moselle interdit l'utilisation des lanceurs de balle de dĂ©fense dans sa commune »; France TĂ©lĂ©visions, Par Anne Brigaudeau â France TĂ©lĂ©visions â publiĂ© le 09/03/2019
- Une majorité de Français opposés à l'usage du LBD 40, L'Express, 25 janvier 2019.
- Le Figaro 13/12/2010
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- Clichy : un jeune blessé par un tir de flash-ball, 20 minutes, 30 octobre 2006
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- Loi Pécresse : un lycéen «griÚvement blessé» à Nantes, évacuations à Lyon et Grenoble, Libération, 29 novembre 2007.
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Voir aussi
Articles connexes
- Forces de lâordre françaises dotĂ©es de LBD : Administration pĂ©nitentiaire âą Gendarmerie nationale âą Police municipale âą Police nationale
- Grenade GLI-F4
- Violence policiĂšre en France