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Grenade de désencerclement

Une grenade de désencerclement (appelée sting-ball grenade en anglais) est une grenade à main utilisée par les forces de l'ordre dans certains pays pour repousser les manifestants. Leur utilisation est généralement régie par des rÚgles précises car elles peuvent blesser trÚs gravement.

Chargement d'une grenade de désencerclement sur un fusil.

Description

Un plot montrant son picot de fixation sur la grenade.

Ces grenades, aussi nommĂ©es « Hornet's Nest » (nid de frelon) dans les pays anglophones, sont basĂ©es sur le fonctionnement des grenades Ă  fragmentation. Cependant, au lieu de contenir une coque de mĂ©tal destinĂ©e Ă  exploser en shrapnel, elles sont formĂ©es de trois rangĂ©es de six plots de caoutchouc dur, en plus du bouchon allumeur qui est lui aussi gainĂ© de caoutchouc. À l'explosion, elles projettent leur plots de caoutchouc de façon circulaire et incontrĂŽlĂ©e. Certaines d'entre elles peuvent Ă©galement contenir une charge de gaz CS ou de gaz poivre.

En France

En France, la grenade de dĂ©sencerclement est officiellement nommĂ©e « grenade Ă  main de dĂ©sencerclement » (GMD)[1], mais aussi « dispositif balistique de dĂ©sencerclement » (DBD)[1] ou « dispositif manuel de protection » (DMP)[1]. Elle est dĂ©finie comme « arme de force intermĂ©diaire » (AFI), au mĂȘme titre que le « pistolet Ă  impulsions Ă©lectriques » (PIE), et le « lanceur de balles de dĂ©fense » (LBD), qui permet « dans le respect des lois et des rĂšglements, une rĂ©ponse graduĂ©e et proportionnĂ©e Ă  une situation de danger lorsque l’emploi lĂ©gitime de la force s’avĂšre nĂ©cessaire »[2], avant utilisation de l’arme individuelle (pistolet 9 mm)[1]. La grenade de dĂ©sencerclement est classĂ©e au « 6° de la catĂ©gorie A2 »[1] - [3] - [4], soit comme « matĂ©riel de guerre », rubrique 2.

En Europe, seules les forces de police françaises l'utilisent[5]. La grenade offensive OF F1, plus utilisée depuis 2017, et la grenade lacrymogÚne instantanée GLI-F4, produites par Alsetex, ne sont pas des grenades de désencerclement.

Réglementation et sécurité

Le droit français permet de l'utiliser en cas de danger, lorsque les forces de l'ordre sont encerclées et menacées ; une circulaire de la police nationale précise :

« lorsque les forces de l’ordre se trouvent prises Ă  partie par des groupes violents ou armĂ©s [
]. AprĂšs usage, il convient de s’assurer aussitĂŽt de l’état de santĂ© de la personne et de la garder sous surveillance ; au besoin, un examen mĂ©dical doit ĂȘtre effectuĂ© dans les meilleurs dĂ©lais. »

— Renaud Lecadre, Un manifestant dans le coma : de nouvelles images à charge contre les policiers[6]

Elles peuvent ĂȘtre lancĂ©es jusqu'Ă  trente mĂštres et doivent l'ĂȘtre au ras du sol.

Cette arme peut toutefois blesser gravement, si elle est tirĂ©e en direction de la tĂȘte, comme l'a prouvĂ© le cas Romain Dussaux (voir plus bas). En outre, son potentiel de lĂ©talitĂ© n'a jamais Ă©tĂ© pleinement Ă©valuĂ©, comme l'a rĂ©vĂ©lĂ© un tĂ©moignage : « aucune Ă©valuation pour des tirs en zone crĂąnio-faciale n’a Ă©tĂ© effectuĂ©e[7]. » La formation des policiers n'est donc pas adaptĂ©e Ă  cette lĂ©talitĂ© potentielle : « on nous a parlĂ© d’une arme non lĂ©tale, de galets qui montent jusque maximum la hauteur de la taille[7]. »

Mise en Ɠuvre

Les policiers utilisent ce dispositif lorsqu'ils se sentent en insécurité.

Par exemple, cet outil a Ă©tĂ© utilisĂ© en 2020 par des policiers intervenant dans le cadre d'un tapage nocturne. AprĂšs avoir Ă©tĂ© attaquĂ©s, les policiers auraient fait usage de grenades de dĂ©sencerclement pour pouvoir quitter la fĂȘte dans le dĂ©partement du Val-de-Marne[8].

Incidents notables

Le , une femme a perdu un Ɠil Ă  la suite de l'utilisation soit d'un lanceur de balle de dĂ©fense soit d'une grenade de dĂ©sencerclement Ă  Villemomble (Seine-Saint-Denis)[9].

À Rennes, en , un CRS se blesse Ă  la main, et un autre est atteint de surditĂ©, lorsque la grenade lui explose dans la main[10].

Le , Ă  Paris, un journaliste indĂ©pendant du nom de Romain Dussaux est gravement blessĂ© Ă  la tĂȘte — « fracture temporale avec enfoncement de la boĂźte crĂąnienne Â» — par l'explosion d'une grenade de dĂ©sencerclement lancĂ©e en marge d'une manifestation[11]. Il sort du coma le lundi , soit 9 jours aprĂšs l’évĂ©nement[12] Le lanceur n'a manifestement pas respectĂ© les rĂšgles d'utilisation de l'engin[6] ; en particulier, la gravitĂ© de l'Ă©tat serait due au lancement d'une grenade lacrymogĂšne Ă  proximitĂ© du blessĂ©[13]. En outre, selon Le Monde, « les premiers Ă©lĂ©ments d’enquĂȘte [
] font apparaĂźtre de fortes contradictions entre le rĂ©cit des policiers et l’exploitation des vidĂ©os filmĂ©es par des tĂ©moins[7] » : les policiers auraient en effet exagĂ©rĂ© l'hostilitĂ© de la foule.

Le , Laurent Theron, un syndicaliste de SUD est lourdement touchĂ© Ă  l'Ɠil par une grenade de dĂ©sencerclement place de la RĂ©publique Ă  Paris, il y perd la vue[14].

Le , Ă  Nantes, un syndicaliste CGT reçoit un Ă©clat de grenade de dĂ©sencerclement et subit une « triple fracture au pied droit avec un mois d’arrĂȘt de travail Â»[15].

En , Ă  Toulouse, lors d'une opĂ©ration d'Ă©vacuation de l'universitĂ© Jean JaurĂšs en grĂšve, une grenade de dĂ©sencerclement explose dans la poche d'un policier, blessant lĂ©gĂšrement deux policiers et plus griĂšvement un Ă©tudiant, dont un poumon est gravement touchĂ©. Il est reconnu comme ayant des « lĂ©sions pulmonaires entraĂźnant une incapacitĂ© totale de travail de 15 jours Â»[16] - [17].

En , Ă  Paris, lors de l'acte XIII des Gilets Jaunes, un manifestant, prĂ©sent devant l’AssemblĂ©e nationale, a eu la main arrachĂ©e aprĂšs avoir ramassĂ© une grenade qui a explosĂ©. Selon un tĂ©moin, il s’agit d’une « grenade de dĂ©sencerclement » lancĂ©e par les forces de l’ordre[18].

D'aprĂšs des avocats, depuis le dĂ©but du mouvement des Gilets jaunes en France et jusqu'Ă  fin , 17 personnes ont perdu un Ɠil, au moins trois ont perdu une main et d'autres ont eu leur visage ou des membres de leur corps mutilĂ©s par des lanceurs de balle de dĂ©fense et des grenades de dĂ©sencerclement[5].

Notes et références

  1. MinistĂšre de l'IntĂ©rieur, « BULLETIN OFFICIEL DU MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR, n°2014-10 : Instruction du 2 septembre 2014, annexe IV, pp. 340 Ă  342 » [PDF], DĂ©lĂ©gation Ă  l’information et Ă  la communication du ministĂšre de l’intĂ©rieur, (consultĂ© le )
  2. MinistĂšre de l'IntĂ©rieur, « BULLETIN OFFICIEL DU MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR, n°2014-10 : Instruction du 2 septembre 2014, p. 327 » [PDF], DĂ©lĂ©gation Ă  l’information et Ă  la communication du ministĂšre de l’intĂ©rieur, (consultĂ© le )
  3. Site officiel de l'administration française (service-public.fr), « Arme à feu et matériel de guerre de catégorie A », second onglet : « Matériels de guerre (A2) », « Direction de l'information légale et administrative : (DILA) » (Premier ministre) (consulté le )
  4. MinistĂšre des ArmĂ©es & ministĂšre de l'IntĂ©rieur, « Arme Ă  feu et matĂ©riel de guerre de catĂ©gorie A : MatĂ©riels de guerre (A2) », Rubrique 2, 6° – version consolidĂ©e au 24 octobre 2019, (Article R311-2 modifiĂ© par le « dĂ©cret n°2018-1195 du 20 dĂ©cembre 2018 - art. 26 » ), Journal officiel de la RĂ©publique française sur legifrance.gouv.fr, (consultĂ© le )
  5. (en-GB) Angelique Chrisafis, « French police weapons under scrutiny after gilets jaunes injuries », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consultĂ© le )
  6. Renaud Lecadre, « Un manifestant dans le coma : de nouvelles images Ă  charge contre les policiers », LibĂ©ration,‎ (lire en ligne)
  7. Julia Pascual, « Manifestant blessĂ© : la version policiĂšre contredite par les vidĂ©os », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consultĂ© le )
  8. https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/val-de-marne-une-fete-clandestine-de-300-personnes-degenere-a-joinville-le-pont_4181209.html
  9. « VIDEO. Villemomble : l'opération de police filmée par un habitant », sur Le Parisien,
  10. « Rennes : un CRS se blesse avec sa grenade de désencerclement », sur spi0n.com,
  11. Karl Laske, « A Nation, la grenade de trop Â», Mediapart, 30 mai 2016.
  12. « Le jeune homme blessé par une grenade "est réveillé" et "a dit quelques mots" », sur BFMTV,
  13. Sylvain Mouillard, « Manifestant blessĂ© Ă  Paris : le tĂ©moignage inĂ©dit des pompiers », LibĂ©ration,‎ (lire en ligne)
  14. Ismaël Halissat, « Grenades de désencerclement, dangers collatéraux »,
  15. Stéphanie Lambert, « Manifestation à Nantes. Blessé par une grenade de désencerclement, il témoigne », sur Ouest France,
  16. « Toulouse : trois blessés légers,dont deux policiers, aprÚs l'évacuation de l'Université Jean JaurÚs », sur France3-régions
  17. « Toulouse. Un Ă©tudiant blessĂ© par une grenade de dĂ©sencerclement, une enquĂȘte ouverte », sur Ouest France,
  18. « « Gilets jaunes » : 12 100 manifestants Ă  14 heures, un manifestant griĂšvement blessĂ© Ă  Paris », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )

Articles connexes

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