Huawei
Huawei (prononciation française : [wawÉj]; en chinois simplifiĂ© : ćäžș ; chinois traditionnel : èŻçș ; pinyin : ), officiellement Huawei Technologies Co., Ltd. (en chinois simplifiĂ© : ćäžșææŻæéć Źćž ; chinois traditionnel : èŻçșæèĄæéć Źćž ; pinyin : ), est une entreprise fondĂ©e en 1987, dont le siĂšge social se trouve Ă Shenzhen en Chine et qui fournit des solutions dans le secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC). Le mĂ©tier historique de Huawei est la fourniture de rĂ©seaux de tĂ©lĂ©communication aux opĂ©rateurs : l'entreprise fournit des matĂ©riels, des logiciels et des prestations de services pour les rĂ©seaux de tĂ©lĂ©communications des opĂ©rateurs et les rĂ©seaux informatiques des entreprises.
Huawei en élargissant son marché est devenu un fournisseur de solutions numériques en terminaux, réseaux et cloud, pour les opérateurs, entreprises et consommateurs. Ses produits et solutions sont déployés dans plus de 170 pays. Il est le plus grand fabricant de matériel de télécommunication du monde[3].
Huawei fait l'objet de nombreuses critiques, ce qui amÚne en particulier plusieurs pays à refuser le développement de la 5G par Huawei, au vu du risque d'espionnage estimé.
DĂ©nomination
HuĂĄwĂ©i est un jeu de mots basĂ© sur lâexpression äžćæäžș ZhĆnghuĂĄ yÇuwĂ©i â qui signifie « La Chine prometteuse ». Le fondateur l'a raccourci en « èŻçș Huawei »:
Le caractĂšre èŻ signifie notamment « Chine », mais peut aussi ĂȘtre utilisĂ© comme adjectif pour signifier « beau », « splendide ».
Le caractĂšre çș signifie « action » ou « travail fini ».
HuĂĄwĂ©i lui-mĂȘme en tant que mot dissyllabique peut donc ĂȘtre traduit en « bel ouvrage ».
Histoire
Création et développement
L'entreprise a été créée en 1987 à Shenzhen, à l'époque zone économique spéciale développée à proximité de Hong Kong, par Ren Zhengfei, ancien colonel[4] de l'Armée populaire de libération, membre du Parti communiste chinois, qui est devenu un magnat des télécommunications[5]. Le premier produit commercialisé par Huawei en 1988 est le PABX, un commutateur pour les entreprises.
Internationalisation
En 1997, Huawei dĂ©croche son premier contrat Ă lâĂ©tranger et, en 2004, son premier gros contrat en Europe en signant avec le fournisseur nĂ©erlandais Telfort (en)[6].
En 2003, Huawei sâinstalle en France, notamment Ă Boulogne-Billancourt et Issy-les-Moulineaux. Plus tard, le groupe ouvrira une antenne Ă Lyon en 2011 puis un centre de recherche Ă Grenoble en 2018[7].
En 2007, Huawei transfĂšre son siĂšge europĂ©en de Londres Ă DĂŒsseldorf.
Le , Huawei Technologies et Bain Capital tentent de racheter le fabricant d'équipements réseau 3Com pour un montant de 2,2 milliards de dollars américains[8] - [9], mais l'offre est abandonnée à cause de l'opposition du gouvernement américain pour des raisons de sécurité nationale, face aux menaces de cyber-espionnage venues de Chine[10].
En 2009, Huawei met en Ćuvre le premier rĂ©seau LTE commercial dans le monde pour lâopĂ©rateur finno-suĂ©dois Telia Sonera, pour couvrir la ville dâOslo en haut dĂ©bit mobile[11].
Depuis 2009, Huawei commercialise également des téléphones portables en marque propre, sous Android[12].
Acteur majeur mondial
En 2010, avec 19,81 milliards dâeuros de chiffre d'affaires, Huawei devient le deuxiĂšme fournisseur mondial en rĂ©seaux de tĂ©lĂ©communications, derriĂšre Ericsson et devant Nokia Siemens Networks, Alcatel-Lucent, Cisco Systems et ZTE[13] - [14]. Ceux-ci ont vu leurs parts de marchĂ© en Asie s'effriter et ont assistĂ© Ă la montĂ©e en puissance du groupe chinois sur les marchĂ©s Ă©mergents et occidentaux.
En 2010, Huawei réalise 65 % de son chiffre d'affaires à l'export, contre 60 % en 2009. Il s'élÚve à 185,2 milliards de yuans (27,36 milliards de dollars) en hausse de 24,2 % par rapport à 2009.
En 2011, Huawei se dĂ©veloppe sur le marchĂ© de terminaux et des solutions pour les entreprises (informatique en nuage, tĂ©lĂ©prĂ©sence, centre de donnĂ©es, sĂ©curitĂ©âŠ).
En 2011, Huawei travaille avec 45 des 50 principaux opérateurs de télécommunication, et possÚde 110 000 collaborateurs dans 140 pays. Ces collaborateurs sont composés de 80 % d'ingénieurs avec une moyenne d'ùge de 29 ans[15].
En 2013, 70 % du chiffre d'affaires de Huawei est réalisé à l'international[16]. Preuve de cette croissance, Huawei s'impose progressivement comme l'un des constructeurs de smartphones les plus importants. Au deuxiÚme trimestre 2018, l'entreprise chinoise dépasse ainsi le géant Apple quant au nombre de smartphones vendus[17].
Selon le cabinet Dell'Oro, en 2018, Huawei est le premier fabricant mondial d'équipements télécoms avec 31 % du marché(contre 29 % pour Ericsson et 23 % pour Nokia).
En 2018, Huawei est le 2e constructeur mondial de smartphones derriĂšre Samsung et devant Apple[18].
En 2018, Huawei doit se retirer du marché australien. En effet, les autorités australiennes ont exclu le chinois Huawei des contrats pour la mise en place de la future infrastructure 5G du pays[19].
En 2019, Huawei ouvre un centre de cybersécurité à Bruxelles sur 1 000 m2, Il va présenter sa pratique en cybersécurité, de la chaßne d'approvisionnement à la recherche et développement en passant par les produits et les solutions Huawei. Les opérateurs de télécommunications auront la possibilité de tester et d'examiner ses matériels et auront accÚs au code source[20]. Huawei possédait déjà deux centres de cybersécurité sur le sol européen : l'un à Londres, ouvert en 2010, et l'autre à Bonn en Allemagne, inauguré en 2018.
En 2019, le groupe Huawei est en situation de quasi-monopole sur le continent africain[21]. Il y dispose d'environ 70 % des parts du marchĂ© des infrastructures. Pareille domination (Ă laquelle ont largement contribuĂ© les facilitĂ©s de financement fournis par les banques publiques dâĂtat aux gouvernements ou opĂ©rateurs de tĂ©lĂ©communications africains) place lâĂ©quipementier dans une position idĂ©ale pour le dĂ©ploiement de la 5G en Afrique : des premiers contrats ont dâailleurs Ă©tĂ© signĂ©s avec lâAfrique du Sud, le Kenya et lâĂgypte et, en date de juillet 2020, aucun gouvernement africain nâa encore prononcĂ© la moindre interdiction contre Huawei[22].
En janvier 2020, le Royaume-Uni pose des garde-fous sur le dĂ©ploiement de la 5G par Huawei, aucun Ă©quipement sur les cĆurs de rĂ©seaux, part de marchĂ© limitĂ©e Ă 35 % et aucune prĂ©sence sur les sites critiques, comme les centrales nuclĂ©aires[23].
Le 27 fĂ©vrier 2020, se positionnant pour le dĂ©ploiement la 5G en Europe, Huawei annonce son intention dâinstaller un site de production dâĂ©quipements en France[24].
En , Huawei ouvre un centre de recherche et développement(R&D) consacré à la recherche fondamentale en mathématiques à Paris en France[25].
Au second trimestre 2020, Huawei détrÎne Samsung et devient le 1er vendeur mondial de smartphones[26].
En , Huawei annonce la vente de sa filiale Honor, comprenant la marque, les usines et toutes les infrastructures affiliées, pour l'équivalent de 15,2 milliards de dollars à un consortium. La marque Honor représente 26 % des ventes de Huawei au moment de sa vente[27] - [28].
En dĂ©cembre 2020, Huawei annonce qu'il va installer Ă Brumath en Alsace un site de production dâĂ©quipements liĂ©s notamment Ă la technologie 5G. Il emploiera dans un premier temps trois cents personnes. Ce sera sa premiĂšre usine de production hors de Chine[29]. Cette implantation est soutenue Ă hauteur de 800 000 ⏠par la rĂ©gion Grand Est[30]
Guerre commerciale entre les Ătats-Unis et la Chine
La directrice financiĂšre de Huawei, Meng Wanzhou qui est Ă©galement la fille du fondateur Ren Zhengfei est arrĂȘtĂ©e au Canada en sur requĂȘte des autoritĂ©s amĂ©ricaines qui l'accusent de fraude bancaire et de fraude Ă©lectronique[31] - [32].
Le , le SecrĂ©taire Ă la SĂ©curitĂ© intĂ©rieure des Ătats-Unis Kirstjen Nielsen, le Procureur gĂ©nĂ©ral des Ătats-Unis Matthew Whitaker, le SecrĂ©taire au commerce Wilbur Ross, le Directeur du FBI Christopher Wray et les procureurs fĂ©dĂ©raux annoncent vingt-trois chefs d'accusation (dont fraude bancaire et financiĂšre, blanchiment d'argent, complot visant Ă escroquer les Ătats-Unis, vol de technologie des secrets commerciaux, prime offerte aux travailleurs qui volaient des informations confidentielles Ă des sociĂ©tĂ©s du monde entier, fraude par fil, entrave Ă l'exercice de la justice et violations de sanctions) contre Meng Wanzhou, Huawei, Huawei Device USA Inc. et la filiale iranienne de Huawei, Skycom. Le ministĂšre a Ă©galement dĂ©posĂ© une demande d'extradition formelle concernant Meng auprĂšs des autoritĂ©s canadiennes le mĂȘme jour[33] - [34] - [35] - [36] - [37].
Les Ătats-Unis exercent au cours de lâannĂ©e 2019 des pressions contre des dizaines de pays afin de les dissuader d'acheter du matĂ©riel de Huawei. Les services de renseignement amĂ©ricains se refusent toutefois Ă expliquer prĂ©cisĂ©ment en quoi le groupe chinois constituerait une menace pour la sĂ©curitĂ© des rĂ©seaux de tĂ©lĂ©communication mondiaux. D'aprĂšs le chercheur amĂ©ricain en communication Dan Schiller, « la cause de cette panique est tout autre : alors que les Ătats-Unis sont contraints dâabandonner leur leadership dans la mise en place des technologies rĂ©seaux de nouvelle gĂ©nĂ©ration, ce sont eux qui craignent de perdre lâaccĂšs Ă ces systĂšmes - un accĂšs quâils sâĂ©taient assurĂ© grĂące Ă une coopĂ©ration de longue date entre le renseignement et les industriels[3]. »
En 2019, Huawei est exclu de plusieurs appels d'offres notamment concernant les cĆurs de rĂ©seaux, oĂč ses Ă©quipements sont dans certains pays occidentaux dĂ©montĂ©s[38]. En , Donald Trump annonce l'interdiction pour Huawei de vendre des Ă©quipements de rĂ©seaux aux Ătats-Unis[39].
Dans le cadre de la guerre commerciale entre les Ătats-Unis et la Chine et du soupçon envers Huawei de laisser PĂ©kin espionner les tĂ©lĂ©communications, le prĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump interdit aux groupes amĂ©ricains de commercer dans les tĂ©lĂ©communications auprĂšs de sociĂ©tĂ©s Ă©trangĂšres jugĂ©es dangereuses pour la sĂ©curitĂ© nationale, et Google suspend ses relations avec l'entreprise chinoise, utilisatrice de son systĂšme Android[40]. Il en va de mĂȘme pour Intel, Qualcomm et Broadcom[41]. Il faut noter que Huawei avait dĂ©jĂ anticipĂ© un tel scĂ©nario et Ă©tait dĂ©jĂ en train de dĂ©velopper une alternative Ă Android, un nouveau systĂšme dâexploitation sous le nom de code de "HarmonyOS" depuis 2012[42]. En , des analyses effectuĂ©es par The Wall Steet Journal montrent que Huawei a moins recours aux fournisseurs amĂ©ricains depuis mai et Ă©limine l'utilisation de puces amĂ©ricaines dans les nouveaux modĂšles de smartphones[43].
Le , les Ătats-Unis annoncent une prolongation de 90 jours de la licence provisoire accordĂ©e Ă Huawei (la troisiĂšme prolongation aprĂšs celles de mai et aoĂ»t)[44] - [45]. Toutefois, malgrĂ© ce sursis, les smartphones Huawei ne peuvent toujours pas bĂ©nĂ©ficier de la certification Android et donc des applications Google[46].
En février 2020, de nouveaux chefs d'accusation pour vol de secrets industriels s'ajoutant à ceux relatifs au commerce avec l'Iran et la Corée du nord sont prononcés contre Huawei[47].
En mai 2020, les Ătats-Unis adoptent de nouvelles mesures interdisant la fourniture de composants Ă©lectroniques semi-conducteurs Ă Huawei, dĂšs le mois de septembre, sur la base de ses lois d'extraterritorialitĂ©, cet embargo devient mondial. TSMC (Taiwan Semiconductors Manufacturers), devra cesser ses fournitures[48] - [49]. En parallĂšle du conflit sino-amĂ©ricain, d'autres nations prennent position et mettent Ă mal la place de Huawei sur l'Ă©chiquier mondial dans le dĂ©ploiement de la 5G. En juillet 2020, la Grande-Bretagne annonce ainsi renoncer Ă continuer l'Ăąge d'or des relations sino-britannique. Le 14 juillet 2020, le gouvernement britannique annonce ainsi bannir Huawei de tous ses projets de tĂ©lĂ©communications avec une prise d'effet Ă compter du 21 janvier 2021[50]. La France confirme quant Ă elle que Huawei pourra investir sur son territoire[51].
En 2021, malgrĂ© le changement d'administration, Huawei reste visĂ© par les Ătats-Unis en tant que menace pour la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure. Huawei avait appelĂ© le nouveau gouvernement à « une politique dâouverture »[52].
Au premier semestre 2021, Huawei voit son chiffre d'affaires baisser de 29,4 %, et celui de sa branche mobile de 47 %, Ă la suite des sanctions amĂ©ricaines. D'aprĂšs le cabinet dâĂ©tudes Canalys, Huawei ne figure plus parmi les cinq premiers mondiaux du secteur des smartphones. Le cabinet Counterpoint, au premier trimestre de 2021 ne lui accorde plus que 4% de part de marchĂ©, contre 20 % au deuxiĂšme trimestre de 2020[53].
En novembre 2021, Huawei annonce la vente de ses activités dans les serveurs suites aux sanctions américaines[54].
Marchés, produits et solutions
Huawei Technologies décline son offre à destination de trois types de marchés : opérateurs, entreprises, grand public.
Opérateurs
L'entreprise conçoit des équipements de télécommunications (antennes-relais, DSLAM, routeurs, commutateurs) pour les opérateurs de télécommunications.
Huawei accompagne les opérateurs dans la migration de leurs infrastructures réseaux vers des technologies plus récentes (par exemple pour les réseaux mobiles GSM vers successivement la 3G, la 4G (LTE), la 5G), ce qui permet de remplacer les équipementiers en place.
En matiĂšre de convergence des rĂ©seaux, Huawei construit le produit Single RAN (Radio Access Network), qui a pour fonction de fusionner toutes les capacitĂ©s de communication radio dâun rĂ©seau cellulaire (GSM, UMTS HSPA+, LTEâŠ) en un seul Ă©quipement[55].
La pose des cĂąbles sous-marins de tĂ©lĂ©communications constitue un nouvel axe de dĂ©veloppement stratĂ©gique[56] de Huawei, car jusqu'Ă prĂ©sent, seules trois entreprises (ASN, TE Subcom et NEC) contrĂŽlaient la majeure partie de ce marchĂ© mondial, sachant que 99 % du trafic internet passe par ces cĂąbles dont 80 % du flux transite par les Ătats-Unis quelle qu'en soit sa destination[57]. En difficultĂ© depuis son interdiction dâaccĂ©der aux technologies amĂ©ricaines, Huawei vend sa participation majoritaire dans Huawei Marine, joint-venture avec le britannique Global Marine Systems, sa filiale du secteur cĂąbles sous-marins, qui avait vu le jour en 2008. Huawei cĂšde ses 51 % Ă Hengtong Optic-Eletric[58], spĂ©cialiste de la fibre optique et du cĂąblage. Huawei Marine a rĂ©alisĂ© Ă ce jour de 90 projets du Pacifique Ă l'Atlantique[59].
Entreprises
Pour les entreprises, Huawei développe des solutions de bout en bout : commutateur PABX, cloud computing, communications unifiées[60], et solutions pour les gouvernements : Huawei 4G eLTE.
En 2015, Huawei et Alstom ont finalisĂ© un projet pilote Ă Valenciennes consistant Ă dĂ©velopper une technologie de rĂ©seau haut dĂ©bit de radiocommunication multiservice LTE 4G destinĂ©e Ă l'exploitation la signalisation embarquĂ©e des mĂ©tros. Ce systĂšme prend en charge les messages vocaux et vidĂ©o essentiels, le systĂšme CBTC (contrĂŽle des trains basĂ© sur la communication en rĂ©seau) et des applications de donnĂ©es Ă large bande comme les systĂšmes dâinformation passagers et la diffusion continue en direct dâimages en TVCF[61]
En 2016, Huawei et Siemens ont annoncé la validation d'un systÚme d'exploitation des trains CBTC basé sur un réseau mobile 4G LTE (les tests d'interopérabilité ont eu lieu en France fin 2015)[62].
En mars 2020, Huawei se positionne sur le marché des hÎpitaux en signant à Paris un accord-cadre avec Schnell Li-Fi, un « spin-off » de l'institut allemand Fraunhofer. Les deux sociétés vont proposer aux hÎpitaux une solution mondiale pour les salles opérationnelles basée sur le Li-Fi, une technologie similaire au Wi-Fi, mais plus sécurisée, car elle utilise la lumiÚre pour fournir du trÚs haut débit[63].
Grand public
Pour le grand public, Huawei fabrique des tĂ©lĂ©phones mobiles. Ses smartphones sont Ă©quipĂ©s du systĂšme d'exploitation Android, mais Ă©galement des clĂ©s 3G, tablettes, modems hybrides 3G / WiâFiâŠ
Présent dans les entreprises européennes en coentreprise depuis quelques années[64], Huawei décide en de s'implanter avec sa propre marque sur le marché grand public français en plaçant le U8230 équipé d'Android chez Bouygues Telecom[65] - [66].
En 2011, sort le Huawei Sonic (U8650), Ă©galement sous Android 2.3, et le Huawei Vision (U8850)[67] - [68].
Leader mondial des ventes de modems USB 3G / 3G+, Huawei développe en 2009 le plus petit modem au monde, le i-Mo[69].
Huawei construit la premiĂšre tablette tactile sous Android 3, appelĂ© aussi Android Honeycomb[70], ainsi que des clĂ©s 3G distribuĂ©es par les grands opĂ©rateurs comme Orange, SFR, et Bouygues Telecom. Câest le cas des clĂ©s 3G Huawei E160, Huawei E1552 ou Huawei E5823 vendu chez Orange avec le nom Domino.
Les années 2018 à 2020 voient arriver respectivement les smartphones :
- en 2018 : les P20 et P20 Pro ;
- en 2019 : les P30 et P30 Pro ;
- en 2020 : les P40 et P40 Pro.
Ces modÚles entendent se spécialiser en photographie et vidéo FHD et 4K, ainsi qu'en séquences de ralenti 240 fps jusqu'à 10 secondes.
Toutefois, une décision de Donald Trump interdit dÚs 2019 à Google toute fourniture de produits et services à Huawei, dont le Play Store, les applications Google, Google Maps et Gmail, et surtout YouTube. Huawei s'adapte en proposant le moteur de recherche français Qwant, son propre service de distribution de logiciels et l'usage du service français Dailymotion. AprÚs avoir développé son propre systÚme d'exploitation pour mobile pour se passer d'Android et son « app store » maison AppGallery pour compenser la perte du Play Store de Google, le groupe chinois lance Petal Maps, son propre service de navigation sur smartphone, disponible dans 79 langues[71].
En mars 2020, Huawei lance son service de streaming de musique en Europe, concurrençant Spotify : Huawei Music[72].
En juillet 2020, Huawei lance Sound X, une collaboration avec le fabricant français Devialet[73].
En novembre 2020, l'entreprise annonce le lancement de la version bĂȘta de Harmony OS pour le mois de dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e. Il s'agit d'un nouveau systĂšme d'exploitation produit par Huawei dans le but de concurrencer Android[74].
SoC ARM
Le , Huawei annonce au MWC de Barcelone la sortie de téléphones dont les processeurs sont coproduits avec l'entreprise HiSilicon[75], filiale de Huawei. Les deux entreprises coopÚrent depuis à la production de processeurs d'architecture ARM Cortex A9, Cortex A7 et Cortex A15, sous licence de propriété intellectuelle d'ARM[76].
Les premiers tĂ©lĂ©phones utilisant le K3v2 sont les Huawei Ascend D1 Quad et Quad XL annoncĂ©s avec vingt jours d'autonomie en mode veille et un processeur Cortex A9 MP 4 cĆurs, accompagnĂ© d'un GPU 16 cĆurs[77].
Au mĂȘme moment, en 2012, la tablette Huawei MediaPad 10 FHD utilisant le mĂȘme processeur est prĂ©sentĂ©e.
Produits Honor
Honor est une filiale de Huawei Technologies Co. Ltd, créée le . Elle arrive en France en avec le Honor 6 puis est vendue à Shenzhen Zhixin New Information Technology en 2020, pour l'équivalent de 15,2 milliards de dollars. La marque représentait 26 % des ventes de Huawei au moment de sa vente[78].
Honor est une marque dâentrĂ©e de gamme destinĂ©e principalement aux jeunes et aux petits budgets, qui vend quelque 70 millions de tĂ©lĂ©phones par an[78]. La gamme d'appareils Honor comprend des smartphones, des ordinateurs portables, des tablettes et des montres intelligentes.
Honor a pour objectif de vendre des smartphones essentiellement sur Internet, sans avoir de budget publicité élevé, ce qui lui permet de proposer des smartphones performants à prix compétitifs.
La marque est présente lors d'évÚnements qui fédÚrent une population jeune, tels le FISE et les ColorRun.
L'entreprise
Recherche et développement
En 2010, Huawei ouvre un centre de R&D à Shanghai qui s'étend sur 227 000 m2 et compte 8 000 ingénieurs[79].
Le département R&D de Huawei emploie environ 70 000 personnes dans le monde, soit un peu plus de 45 % de la masse salariale.
Fin 2020, Huawei compte vingt-trois centres de R&D en Europe[80], dont six en France[81] partagés entre Boulogne-Billancourt, Sophia-Antipolis et Paris 7e.
Les champs dâinvestissement en R&D de Huawei sont les suivants : technologies clĂ©s, architectures, standards dans les TIC.
En 2008, Huawei est Ă la tĂȘte des dĂ©pĂŽts de brevets Ă lâOMPI avec 1 737 brevets[82] et est depuis restĂ© dans le trio en tĂȘte des dĂ©posants de brevets. Cependant, il s'agit de demande de brevets, et non d'octrois de brevets[83].
En 2009, Huawei se place au deuxiĂšme rang avec 1847 dĂ©pĂŽts de brevets. Lâentreprise dĂ©tient 10 % des brevets du LTE et de la 4G[84], 15 % en 2011[85].
En 2012, Huawei dépose 41 948 brevets en Chine et 14 494 en dehors de Chine. Parmi ces dépÎts de brevets, 30 240 ont été obtenus. En 2012 toujours, les dépenses en R&D de Huawei atteignent 30 090 millions de yuans, soit 13,7 % du revenu annuel. 1 300 millions de yuans ont été investis dans la recherche.
Structure financiĂšre
Huawei est une entreprise privée dont le capital est détenu par ses salariés à travers un systÚme de stock option[86] et par conséquent n'est pas cotée en bourse. Dispensée juridiquement de présenter ses résultats, l'entreprise publie toutefois sur son site web un rapport annuel d'activité.
Huawei compte, en tout et pour tout, deux actionnairesâ: Ren Zhengfei, qui dĂ©tient 1,18 % du capital et le «âsyndicatâ» des employĂ©s qui possĂšde le reste, soit 98,82 %[87].
Selon la Central Intelligence Agency (CIA), Huawei reçoit un financement de l'appareil sĂ©curitaire de l'Ătat chinois[88].
Pour contourner les monopoles d'Ătat accordĂ©s par les opĂ©rateurs de tĂ©lĂ©phone Ă leurs fournisseurs Ă©tatiques, Ren Zhengfei a eu l'idĂ©e de faire entrer certains de ses clients dans le capital de Huawei[89]..
Chiffre d'affaires
En 2013, le chiffre d'affaires mondial de Huawei est 40 milliards de dollars, en augmentation de 8,5 % par rapport à 2012. Son bénéfice net de 3,47 milliards de dollars a crû de 34,4 % par rapport à 2012.
En 2015, le chiffre dâaffaires de Huawei a atteint 395 milliards de CNY (60,8 milliards de dollars amĂ©ricains), soit une augmentation de 37 % par rapport Ă la mĂȘme Ă©poque de lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente[90].
En 2018, le chiffre d'affaires est estimé à 93,5 milliards d'euros[91].
En 2020, le chiffre d'affaires atteint 115,9 milliards d'euros (891,4 milliards de yuans), soit une croissance de 3,8 % par rapport à 2019. Son bénéfice net est, en hausse de 3,2 %,est lui estimé à 8,39 milliards d'euros (64,6 milliards de yuans)[92].
Critiques et controverses
Espionnage
En 2014 un jury décide de dédommager T-Mobile, à hauteur de 4,8 millions de dollars, concernant un espionnage du robot Tappy développé par l'opérateur. En 2018, Le Monde indique que des serveurs installés par Huawei au siÚge de l'Union africaine, à Addis-Abeba, ont permis de transférer pendant cinq ans des données confidentielles à la Chine[93].
Plusieurs pays de lâOrganisation du traitĂ© de l'Atlantique nord (OTAN) refusent le dĂ©veloppement de la 5G par Huawei Ă cause du risque d'espionnage que celle-ci pourrait reprĂ©senter[94]. Le fondateur de lâentreprise, Ren Zhengfei, dĂ©ment ces risques dâespionnage : « J'aime mon pays, je soutiens le Parti communiste. Mais je ne ferai jamais rien pour nuire au monde »[95]. Ă titre d'exemple, la Turquie refuse l'utilisation des produits et service de l'entreprise chinoise concernant ses rĂ©seaux informatiques militaires[96].
En 2019, Huawei est soupçonnĂ© dâun vol massif de donnĂ©es aux Pays-Bas. Selon la presse nĂ©erlandaise, les services de renseignement du royaume jugeraient « non souhaitable » lâouverture du marchĂ© national de la 5G au groupe chinois[97]. En avril 2021, le quotidien De Volkskrant confirme ces accusations d'espionnage, Huawei aurait eu accĂšs aux donnĂ©es de lâopĂ©rateur KPN et aux conversations de lâex-premier ministre Jan Peter Balkenende[98].
En 2019, il est rĂ©vĂ©lĂ© que Huawei a tentĂ© d'espionner l'entreprise californienne Akhan Semiconductor, ce qui donne lieu Ă une enquĂȘte du FBI[99]. Ă la suite des accusations dâespionnage, les Ătats-Unis sanctionnent le groupe, puis Google s'en distance. Le cĆur des accusations porte sur les Ă©quipements permettant de dĂ©ployer aux Ătats-Unis le rĂ©seau de donnĂ©es sans fil 5G[100]. Ils annoncent l'interdiction des infrastructures tĂ©lĂ©phoniques Huawei sur le territoire, considĂ©rĂ©es comme une menace en matiĂšre de sĂ©curitĂ© nationale. Dans ce conflit Ă©pineux qui mĂȘle sĂ©curitĂ© nationale et guerre Ă©conomique, l'Europe joue le balancier entre la Chine et les Ătats-Unis, ce qui permettrait de renforcer la place de la France[101], mais la soumet aux pressions des 2 parties[102].
Le , The Wall Street Journal affirme que des employés de Huawei ont aidé les gouvernements de Zambie, d'Ouganda et d'Algérie à espionner leurs citoyens[103] - [104].
Le , la Commission européenne émet des réserves sur la participation de Huawei au déploiement de la 5G en Europe en raison des risques d'espionnage et de détournement des données des citoyens ou des entreprises. La loi chinoise oblige en effet les entreprises comme Huawei à transmettre des informations aux services secrets chinois[105] - [106].
En , le Royaume-Uni dĂ©cide d'exclure Huawei de son rĂ©seau 5G. Lâachat de nouveaux Ă©quipements de l'entreprise sera interdit dĂšs la fin 2020 et les Ă©quipements existants devront ĂȘtre retirĂ©s dâici Ă 2027, a dĂ©clarĂ© le ministre chargĂ© de la culture et du numĂ©rique, Oliver Dowden, Ă la Chambre des communes Ă lâissue dâune rĂ©union du Conseil de sĂ©curitĂ© nationale (NSC) prĂ©sidĂ©e par le premier ministre conservateur Boris Johnson[107].
Huawei va installer une usine de production en Alsace, le site produira des équipements liés à la technologie 5G. Cette implantation soulÚve aussi quelques questions en matiÚre de possibilités d'espionnage dues à la proximité de sites sensibles[108].
Le 17 avril 2021, le quotidien néerlandais De Volksrant relaie un rapport interne de l'entreprise Capgemini, datant de 2010, qui souligne que Huawei aurait espionné l'opérateur néerlandais KPN[109]. Selon ce rapport, Huawei a pu écouter des échanges téléphoniques passés sur les lignes de KPN, dont ceux du Premier ministre de l'époque, Jan Peter Balkenende, et de ses membres du Gouvernement. Si KPN ne nie pas l'existence de ce rapport, l'entreprise réfute l'idée qu'un de ses fournisseurs ait disposé d'un "accÚs non-autorisé, non contrÎlé et illimité à ses réseaux et systÚmes"[109].
Violation de propriété intellectuelle
En 2002, le groupe amĂ©ricain Cisco Systems accuse Huawei dâavoir dĂ©robĂ© du code source en lien Ă ses routeurs. En janvier 2003, Cisco Systems dĂ©pose une plainte en justice contre Huawei pour violation de la propriĂ©tĂ© intellectuelle, concernant essentiellement une version du logiciel VRP, utilisĂ© dans certains produits de routage, et de manuels dâutilisation, contenus dans quelques produits[110]. En juin 2003, la cour du Texas a Ă©mis un jugement prĂ©liminaire contre Huawei. En octobre 2003, Cisco Systems annonce la suspension de son action afin de permettre aux deux sociĂ©tĂ©s de trouver un accord Ă l'amiable. Entre-temps, Huawei s'est engagĂ© Ă respecter une dĂ©cision de justice prĂ©liminaire lui ordonnant d'effectuer quelques modifications sur ses routeurs et ses commutateurs.
De maniÚre plus générale, Huawei a souvent fait l'objet de critiques selon lesquelles le groupe chinois en serait resté au stade de la copie des technologies des concurrents occidentaux. Les investissements du groupe chinois dans la recherche sont élevés[111] et leur réalité ne fait plus de doute pour la plupart des observateurs.
Vie privée et contrÎle social
Huawei dĂ©veloppe et commercialise, Ă partir de son expĂ©rience en Chine, son concept de ville sĂ»re, une extension de la ville intelligente. Elle repose sur une infrastructure de tĂ©lĂ©communications de nouvelle gĂ©nĂ©ration (5G), la capacitĂ© de contrĂŽler Ă distance des milliers de types d'objets connectĂ©s (par exemple : feux de circulation, panneaux d'affichage, signalisations diverses), un dĂ©ploiement de camĂ©ras de surveillances connectĂ©es au rĂ©seau et, potentiellement (car dĂ©jĂ dĂ©ployĂ©es en Chine), des applications d'intelligence artificielle sur les images (reconnaissance des plaques minĂ©ralogiques, reconnaissance faciale, etc.). Toutes ces technologies combinĂ©es peuvent mener Ă un contrĂŽle social trĂšs dĂ©veloppĂ© mettant en pĂ©ril les libertĂ©s individuelles (notation sociale base d'un systĂšme de crĂ©dit social, « pilori » numĂ©rique sur Ă©cran d'affichage). La nocivitĂ© effective des villes sĂ»res[112] est totalement dĂ©pendante des autoritĂ©s en charge et met en alerte les associations de dĂ©fense des droits de lâhomme[113] - [114] et les autoritĂ©s indĂ©pendantes de contrĂŽle telle la Commission nationale de l'informatique et des libertĂ©s (CNIL) en France[115].
En France, la mairie de Valenciennes se laisse sĂ©duire en 2017 par un cadeau de l'Ă©quipementier Huawei pouvant reprĂ©senter 2 millions d'euros, Ă charge pour la municipalitĂ© d'en dĂ©finir son usage[116]. Huawei a pu expĂ©rimenter librement son systĂšme de « camĂ©ras intelligentes » dans la ville de Valenciennes grĂące Ă un accord passĂ© avec le maire Jean-Louis Borloo ; quelques annĂ©es plus tard, en 2016, celui-ci est nommĂ© au conseil d'administration de Huawei France, il est administrateur de lâĂ©quipementier pendant deux ans, jusquâĂ fin 2018. Il renonce Ă prendre la prĂ©sidence du conseil d'administration qui lui est proposĂ©e en 2019[117] - [118] - [119].
En 2014, Huawei a offert Ă l'Ouganda 20 camĂ©ras de surveillance Ă©quipĂ©es de technologies de reconnaissance faciale dâune valeur de 702 000 euros. Les autoritĂ©s ougandaises ont, par la suite, attribuĂ© Ă Huawei dĂ©jĂ fournisseur de son rĂ©seau de tĂ©lĂ©communications, un marchĂ© de camĂ©ras de surveillance. Ces outils de surveillance permettent de renforcer l'appareil rĂ©pressif de l'Ă©tat[120]. Les pouvoirs en place ont recouru Ă la sociĂ©tĂ© chinoise Huawei pour dĂ©ployer ces systĂšmes de « safe city ». Les images permettent une reconnaissance faciale et sont transmises en temps rĂ©el aux services de sĂ©curitĂ©[121] - [122].
Une large majoritĂ© des projets de « villes intelligentes » construites en Afrique par la Chine le sont Ă lâinitiative de Huawei qui, en mai 2018, a lancĂ© un fonds de 1,5 Md USD pour soutenir le dĂ©veloppement des « villes intelligentes » sur le continent[22].
Dumping
En 2013, le commissaire europĂ©en au commerce extĂ©rieur Karel De Gucht affirme que les Ă©quipementiers chinois Huawei et ZTE «âpratiquent le dumping de leurs produits sur le marchĂ© europĂ©enâ»[123].
La mĂȘme annĂ©e, Fleur Pellerin, alors ministre française de l'innovation et de l'Ă©conomie numĂ©rique, dĂ©clare lors dâun sommet du groupe de rĂ©flexion IDATE sur les tĂ©lĂ©coms, que « lâEurope a lancĂ© des enquĂȘtes sur des pratiques de dumping ou dâaides dâĂtat, mais nous nâavons pas de donnĂ©es pour les prouver. »[124].
Corruption
En 2014, Huawei identifie 116 employĂ©s suspectĂ©s d'avoir participĂ© Ă un systĂšme de corruption entre commerciaux, au sein mĂȘme de l'entreprise, et distributeurs externes. Ă l'issue de l'enquĂȘte interne, quatre personnes ont Ă©tĂ© remises Ă la justice[125].
Les pots-de-vin étaient versés par les distributeurs aux commerciaux. Ces derniers autorisaient de plus grand rabais dans les services de Huawei ce qui permettait aux distributeurs de toucher des bénéfices plus importants[126].
Roland Sladek, porte-parole du groupe, a précisé : « Sur le marché des entreprises, Huawei met strictement en place une politique de canaux de distribution ouverts, transparents et stables, afin d'instaurer équité et justice. Nous ne faisons preuve d'aucune tolérance à l'égard de pratiques qui ne respecteraient pas les standards que nous nous imposons[127] ».
Achat d'influence politique et « soft-power »
En 2010, Huawei embauche François Quentin, ancien cadre de Thales (groupe de hautes technologies spécialisé dans la défense) au poste de président du conseil d'administration de Huawei France, qui entame une politique offensive contre les détracteurs de l'entreprise, doublée d'une entreprise de séduction de masse de politiciens, journalistes et décideurs, grùce à des cadeaux mirobolants[128].
En effet, pour assurer son influence sur les décisions politico-économiques, Huawei recrute activement, et à prix d'or, d'anciens politiciens et diplomates au large carnet d'adresses, parfois aux limites des rÚgles de déontologie, tels Jean-Louis Borloo, Jean-Marie Le Guen, Gérard Errera ou Jacques Biot. Ainsi, selon un communicant interrogé par Le Canard Enchaßné, « Je ne connais pas une grande boßte de lobbying ou un seul politique reconverti dans le business qui n'ait pas été approché ou contacté par Huawei »[128].
Ainsi, Gérard Errera, élevé à la dignité d'Ambassadeur de France en 2008, ex-secrétaire général des Affaires étrangÚres, ex-ambassadeur au Royaume-Uni, siÚge au comité consultatif de Huawei International[129]'[130].
L'ancien ministre Jean-Louis Borloo a Ă©tĂ© administrateur de lâĂ©quipementier Huawei Technologies, de 2016 Ă fin 2018. Il est de retour en juin 2019 jusqu'en mai 2020 en tant que prĂ©sident de la filiale française de Huawei, pour une rĂ©munĂ©ration annuelle de 250 000 âŹ[128]. En septembre 2020, l'ex-secrĂ©taire d'Ătat Jean-Marie Le Guen lui succĂšde au conseil d'administration de Huawei France[119] - [131] - [132].
En , l'ancien directeur de l' Ăcole polytechnique et ancien conseiller technologies auprĂšs du Premier Ministre français Jacques Biot est nommĂ© administrateur chez Huawei France[128]. En il devient prĂ©sident du conseil d'administration de Huawei France[133]'[134]. Son parcours en cabinet ministĂ©riel et son appartenance au corps X-Mines permettront Ă Huawei de promouvoir sa stratĂ©gie Ă haut niveau[135].
De nombreux scientifiques sont Ă©galement recrutĂ©s ou sponsorisĂ©s, que ce soit directement (comme les deux laurĂ©ats de la MĂ©daille Fields, Pierre-Louis Lions et CĂ©dric Villani) ou indirectement, puisque Huawei a financĂ© six centres de recherches en mathĂ©matiques en France, comme le « Centre de recherches Lagrange en mathĂ©matiques et calcul » (dirigĂ© par Merouane Debbah, passĂ© de Centrale Ă Huawei France), et abonde Ă©galement les finances d'autres laboratoires français comme l'Institut des Hautes Ătudes Scientifiques (membre du campus Paris-Saclay)[136]. En mai 2021, dans une tribune dans le Monde, un collectif de scientifiques appelle ainsi leurs collĂšgues chercheurs en mathĂ©matiques et informatique Ă ne pas sâimpliquer dans les activitĂ©s du centre Lagrange, compte tenu notamment de l'implication directe de la firme dans la rĂ©pression au Xinjiang[137].
Face Ă ce lobbying, un « dispositif national de veille et d'action contre l'ingĂ©rence de Huawei » (baptisĂ© « cerbĂšre ») a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par le gouvernement français, pilotĂ© par les ministĂšres de lâĂconomie et des Affaires ĂtrangĂšres, avec l'appui des services de renseignement[128].
Campagnes de désinformation
DĂ©but 2021, un rĂ©seau de faux comptes Twitter est dĂ©mantelĂ© et Huawei annonce l'ouverture d'une enquĂȘte interne, notamment aprĂšs la publication d'un rapport publiĂ© par une sociĂ©tĂ© d'intelligence artificielle, spĂ©cialisĂ©e dans les faux comptes sur les mĂ©dias sociaux et la dĂ©sinformation : Graphika[138]. Les faux comptes ont servi Ă amplifier la diffusion d'articles sponsorisĂ©s en faveur de la technologie 5G proposĂ©e par l'Ă©quipementier, mais Ă©galement Ă dĂ©nigrer les opposants Ă la marque et accuser de corruption les plans politiques en sa dĂ©faveur[139].
Travail des enfants
En 2014, Un reportage du magazine Cash Investigation sur France 2 rĂ©vĂšle le travail des enfants, y compris la nuit, dans l'usine d'un sous-traitant de Huawei Ă Nanchang[140]. InterrogĂ© par les journalistes de L'Usine nouvelle, François Quentin, prĂ©sident du conseil d'administration de Huawei France, menace la prĂ©sentatrice de Cash Investigation, Ălise Lucet : « J'ai activĂ© tous mes rĂ©seaux et Madame Lucet n'aura plus aucun grand patron en interview, sauf ceux qui veulent des sensations extrĂȘmes ou des cours de media training ! »[141]. Quelques jours plus tard, il publie sur son profil Twitter : « Je n'ai pas l'intention de porter atteinte Ă la rĂ©putation de l'Ă©quipe de Cash Investigation et regrette sincĂšrement ces propos mal exprimĂ©s. »[142]. Huawei annonce par la suite avoir dĂ©cidĂ© de cesser de travailler avec le sous-traitant concernĂ©[143] - [144].
Environnement
En 2017, Greenpeace reproche Ă Huawei sa conduite sur les questions environnementales. Si dans sa communication l'entreprise soutient les initiatives gouvernementales chinoises sur lâenvironnement, elle ne livre aucune donnĂ©e sur ses propres produits et ne semble pas conduire de politique industrielle liĂ©e au recyclage[145].
Rupture de partenariats
En dĂ©cembre 2020, le footballeur Antoine Griezmann rompt son contrat avec Huawei, accusĂ© de participer Ă la surveillance des OuĂŻgours[146]. En juin 2021 Ă la suite de la mobilisation d'associations et d'artistes, le journal Les Inrockuptibles annule Ă son tour un partenariat avec lâĂ©quipementier chinois conclu pour son festival organisĂ© Ă lâOlympia[147].
Obsolescence
Un étude datée du 19 aout 2021, explique comment Huawei, pour combler une faille de sécurité, a bloqué l'accÚs au mode DFU de certains de ses appareils. Cela implique que si le systÚme d'exploitation devient corrompu sur ces téléphones, il n'y aucune solution de réparation[148].
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Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Site officiel
- Ressource relative aux organisations :
- Ressource relative Ă la recherche :
- Romain Besnainou, « Qui a peur de Huawei ? », sur france.tv, .