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Li-Fi

Le Li-Fi (ou Light Fidelity) est une technologie de communication sans fil reposant sur l'utilisation de la lumière visible, de longueur d'onde comprise entre 480 nm (670 THz, bleu-vert) et 650 nm (460 THz, orange-rouge). Alors que le Wi-Fi utilise une partie radio du spectre électromagnétique hors du spectre visible, le Li-Fi utilise la partie visible (optique) du spectre électromagnétique. Le principe du Li-Fi repose sur le codage et l'envoi de données via la modulation d'amplitude des sources de lumière (scintillation imperceptible à l'œil), selon un protocole bien défini et standardisé.

Logo de la technologie Light Fidelity (Li-Fi)

Le Li-Fi est un type de système VLC (Visible Light Communication, transmission par la lumière visible). Il se différencie de la communication par laser, par fibre optique et de l'IrDa par ses couches protocolaires. Les couches protocolaires du Li-Fi sont adaptées à des communications sans fil jusqu'à une dizaine de mètres.

Origine du nom

Les acronymes Li-Fi et Wi-Fi trouvent leur origine dans le mot Hi-Fi qui est l'abréviation du terme anglophone pour High Fidelity et qui signifie en français « Haute Fidélité ». Le terme Wi-Fi a été utilisé pour Wireless Fidelity (par rétroacronymie basée sur les slogans de la wifi alliance, le terme n'étant pas un acronyme mais seulement un jeu de mots avec Hi-Fi) où le terme Wireless (sans fil) se réfère à l'usage des ondes radio. L'acronyme Li-Fi signifie Light Fidelity où Light se réfère à la lumière. Ce terme a été proposé pour la première fois par Harald Haas (en), professeur de communication mobile à l'université d'Édimbourg, lors de la conférence TED en 2011[1].

Historique

La première démonstration de communication optique date de 1880 quand Alexander Graham Bell, connu pour l'invention du téléphone, montra son photophone capable de transmettre sur plusieurs centaines de mètres le son de sa voix en utilisant la lumière du soleil. Ce fut la première technique de communication sans fil mise au point, bien avant l'apparition des communications radio qui feront passer aux oubliettes le photophone. Alexander Graham Bell dira à propos de cette invention : « Can imagination picture what the future of this invention is to be? » (« Notre imagination peut-elle nous dire ce que sera le futur de cette invention ? »).

Le développement du Li-Fi est fortement corrélé au développement des diodes électroluminescentes ou LED puisqu'elles sont les seules sources de lumière (avec les lasers) à avoir des capacités de commutations très rapides (jusqu'à un milliard de fois par seconde). Dès 2005, c'est au Japon et en France, que les premières expériences de communications Li-Fi avec des luminaires LED se feront connaître, les précurseurs dans ce domaine étant les chercheurs de l'université Keiō à Tokyo, de l'université d'Édimbourg et ceux de l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.

Depuis 2010, avec la généralisation des LED, dont dans le bâtiment, plusieurs acteurs académiques et industriels se lancent dans l'étude et le développement de solutions Li-Fi. Les pistes explorées sont notamment : Smart Lighting Engineering Centre[2], COWA[3], UC-Light Centre[4], université d'Oxford[5] et Fraunhofer Institute[6].

En France, le laboratoire LISV de l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines mène depuis 2005 des travaux de recherche dans ce domaine, notamment autour d'applications de communication entre véhicules en utilisant leurs phares à LED. En Écosse, Harald Haas fonde la société PureLifi au sein de l'université d'Édimbourg pour développer sa technologie.

La première application du Li-Fi est sa version monodirectionnelle bas débit, appelée aussi "VLC" ou Visual Light Communication. Elle permet de géolocaliser les personnes à l'intérieur des bâtiments grâce à une signature lumineuse unique à chaque luminaire captée sur un dispositif mobile dédié. De nombreux grands groupes et des start-ups travaillent sur la commercialisation de ces solutions.

À Paris, à l'occasion d'une conférence[7], France Télévisions et une start-up ont fait une présentation publique de cette technologie avec des démonstrations de streaming audio et vidéo de programmes du groupe public[8].

En avril 2016, EdF lance un projet expérimental d'éclairage extérieur Li-Fi dans le quartier Camille Claudel de Palaiseau[9].

En se tient au Palais Brongniart la première édition du Global LiFi Congress, congrès international dédié au LiFi et visant à permettre aux chercheurs et industriels créer des synergies pour développer le LiFi.

Principe de fonctionnement

Un système Li-Fi est composé de deux blocs principaux : un bloc d'émission et un bloc de réception entre lesquels s’intercale le canal optique. Le cheminement des données à transmettre est alors le suivant :

  • Les donnĂ©es numĂ©riques Ă  transmettre sont d’abord encodĂ©es pour rendre la transmission plus robuste aux dĂ©gradations causĂ©es par le canal optique.
  • Ces donnĂ©es codĂ©es, alors sous forme de signal Ă©lectrique sont converties en signal lumineux grâce Ă  un circuit Ă©lectronique pilotant une ou plusieurs LED. Plus prĂ©cisĂ©ment, ce circuit Ă©lectronique permet de faire varier l’intensitĂ© lumineuse des LED en fonction des donnĂ©es Ă  transmettre. La modulation utilisĂ©e est donc une modulation d'intensitĂ©, dont l'exemple le plus simple est la modulation On-Off Keying (OOK) oĂą des 0 et des 1 logiques sont transmis, par exemple selon le codage Manchester.
  • La lumière Ă©mise se propage ensuite dans l’environnement et subit des dĂ©formations dues par exemple aux obstacles, aux conditions mĂ©tĂ©orologiques... Cet environnement et les dĂ©formations associĂ©es sont regroupĂ©s sous le terme de canal optique.
  • Le signal lumineux dĂ©formĂ© est enfin reçu par un photorĂ©cepteur (photodiode, camĂ©ra…) qui le convertit en courant Ă©lectrique. Le signal Ă©lectrique rĂ©sultant est traitĂ© puis dĂ©modulĂ© et dĂ©codĂ© pour rĂ©cupĂ©rer les donnĂ©es transmises.

Dans la pratique, les modules d'émission et de réception peuvent être équipés de dispositifs optiques (lentilles, miroirs, filtres…) permettant d'améliorer la qualité de la transmission de données.

Avantages du Li-Fi

Le Li-Fi présente de nombreux avantages qui proviennent d'une part de l'utilisation de la lumière et d'autre part de l'utilisation de LED :

  • Le spectre de la lumière couvre une bande frĂ©quentielle d'environ 300 THz. L'utilisation de cette bande est gratuite et n'est pas rĂ©gulĂ©e. En comparaison, le spectre des frĂ©quences radio qu'utilisent les technologies de communications par radio, comme le Wi-Fi ou la 3G/4G, est compris entre 8,3 kHz et 3 000 GHz[10]. Il est rĂ©gulĂ© par l'Union internationale des tĂ©lĂ©communications et peut faire l'objet de redevances.
  • La lumière n'interfère pas avec les frĂ©quences radio ce qui assure la compatibilitĂ© du Li-Fi avec les technologies radio (Wi-Fi, 3G, 4G…).
  • La lumière, contrairement aux ondes radio, ne peut passer au travers des murs ce qui permet d'assurer le cloisonnement des donnĂ©es de part et d'autre des murs. Mais cette caractĂ©ristique limite la portĂ©e du Li-Fi en intĂ©rieur.
  • Une source lumineuse Ă©quipĂ©e de Li-Fi peut ĂŞtre utilisĂ©e pour Ă©clairer et simultanĂ©ment transmettre des informations.

Limitations

Le Li-Fi contraint l’utilisateur à se trouver à proximité et en vue directe d’un luminaire en fonctionnement (plafonnier ou lampe de bureau par exemple). Un équipement Li-Fi ne peut capter le réseau lorsqu'il est dans la poche d'un vêtement.

Il offre une faible portée (quelques mètres seulement pour des communications bidirectionnelles) et est limité par les cloisons opaques telles que du mobilier ou des murs. De plus, les transmissions doivent cohabiter avec des interférences naturelles provenant de la lumière du soleil et d'autres sources lumineuses.

En 2018, un nombre restreint de produits Li-Fi est disponible.

Standardisation

Une communication Li-Fi est réalisée selon le protocole de communication établi par le comité international IEEE 802 (réseaux locaux et métropolitains). Le protocole de standardisation 802.15.7 propre aux communications optiques à courtes distances a été défini par ce même comité. Ce dernier prend en considération les différentes sources d'interférences et vise à respecter les régulations sanitaires en vigueur[11].

Ce standard définit la couche PHY et la couche MAC à adopter afin de développer des solutions compatibles à l'échelle mondiale. Il tient également compte de la mobilité de la transmission optique, de sa compatibilité avec les éclairages artificiels présents dans l'infrastructure, des déficiences qui peuvent être causées par les interférences générées par l'éclairage ambiant. La couche MAC permet de réaliser la liaison avec les couches hautes plus communes comme celles utilisés dans les protocoles TCP/IP. Enfin, le standard se conforme à la réglementation en vigueur sur la sécurité oculaire des usagers.

Le standard dĂ©finit trois couches PHY selon les dĂ©bits envisagĂ©s. La couche PHY I a Ă©tĂ© Ă©tablie pour des applications en extĂ©rieur. PHY I opère de 11,67 kb/s Ă  266,6 kb/s. La couche PHY II permet d'atteindre des dĂ©bits de 1,25 Mb/s Ă  96 Mb/s. La couche PHY III est appropriĂ©e lorsqu’on utilise plusieurs sources Ă©mettrices suivant une mĂ©thode de modulation particulière appelĂ©e Color-Shift Keying (CSK). PHY III opère de 12 Mb/s Ă  96 Mb/s.

Les formats de modulation préconisés pour PHY I et PHY II sont les codages on-off keying (OOK) et variable pulse-position modulation (VPPM). Le codage Manchester utilisé pour les couches PHY I et PHY II englobe l’horloge dans les données transmises en représentant un 0 logique par un symbole OOK de « 01 » et un 1 logique par un symbole OOK de « 10 » avec une composante continue. Ce point est important car la composante continue permet d’éviter l’extinction de la lumière lors d’une suite prolongée de 0 logiques.

Gestion des interférences

Comme la portée du Li-Fi est limitée à 2 voire 3 mètres, cela exige l'utilisation de plusieurs points d'accès afin de couvrir l'ensemble d'un site. C'est pourquoi la gestion des interférences est nécessaire, et elle peut être classée en deux catégories :

  • Annulation d'interfĂ©rence : Il s'agit de la classe des techniques qui visent Ă  Ă©liminer ou Ă  rĂ©duire les interfĂ©rences du signal reçu. Ce type de technique fonctionne Ă  l'extrĂ©mitĂ© du rĂ©cepteur et il est divisĂ© en 4 catĂ©gories :
    • PrĂ©-codage : UtilisĂ© dans les liaisons descendantes, le principe est de crĂ©er artificiellement des canaux orthogonaux.
    • Blind Interference Alignment - BIA : Le concept consiste Ă  maximiser le degrĂ© de libertĂ© des utilisateurs du mĂŞme canal.
    • ContrĂ´le de la puissance : Deux mĂ©thodes sont proposĂ©es :
      • Successive Interference Cancellation - SIC : Cette technologie permet de supprimer les interfĂ©rences de manière rĂ©cursive, en exploitant la dynamique des puissances reçues.
      • Non-Orthogonal Multiple Access - NOMA : C'est une technique qui permet Ă  un groupe d'utilisateurs d'ĂŞtre servi au mĂŞme moment et Ă  la mĂŞme frĂ©quence, mais Ă  un niveau de puissance diffĂ©rent.
    • Des mĂ©thodes spĂ©cialement adaptĂ©es : des mĂ©thodes de gestion ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s comme, par exemple, prendre en compte l'angle de la photodiode ou exploiter la propriĂ©tĂ© de polarisation de la lumière.
  • PrĂ©vention des interfĂ©rences : Elle se rĂ©fère Ă  la classe des techniques qui fonctionnent au niveau de l'Ă©metteur et Ă©vitent les interfĂ©rences, cette classe comprend des technologies telles que : TDMA, OFDMA et Space-Division Multiple Access - SDMA.
    • SDMA : Il s'agit d'une mĂ©thode d'accès aux canaux qui, tout comme NOMA, permet Ă  chaque utilisateur d'utiliser pleinement les blocs de temps et de frĂ©quence disponibles. Pour ce faire, un Ă©metteur Ă  diversitĂ© d'angle est utilisĂ©. Ce dernier Ă©met de multiples faisceaux optiques Ă©troits vers des utilisateurs sĂ©parĂ©s dans l'espace.

Capacités de débit

Le débit maximal varie grandement en fonction de la technologie utilisée par l’émetteur de lumière. Des débits de plusieurs gigabits par seconde ont été atteints avec des micro LED, et plusieurs centaines de gigabits par seconde avec des lasers. En pratique, à cause des contraintes matérielles ces débits sont bien inférieurs[12].

En 2015, le Li-Fi permet une liaison descendante de 10 Mb/s, et une liaison montante de 5 Ă  10 Mb/s[13].

En 2018, les produits grand public offrant les meilleures performances proposent des débits théoriques allant de 10 à 40 mégabits par seconde[14].

Applications commerciales

Une première application commerciale peut être observée dans un supermarché d'Euralille, où les clients peuvent être géolocalisés au moyen de luminaires émettant en Li-Fi et de récepteurs portatifs, et guidés vers les promotions en cours[15].

En , la ville d'Issy-les-Moulineaux installe le Li-Fi au musée Français de la Carte à Jouer à l'occasion de l'exposition temporaire « La Belle boucle de la Seine »[16]. Le visiteur emprunte une tablette équipée d'une clé Li-Fi pour accéder à un guide de visite exploitant cette technologie[17] - [18].

En 2016, Courbevoie est la première commune française à installer cette technologie, au sein de Maison de la famille, structure dédiée à la famille et à la petite enfance[19]. Cette démarche s'inscrit dans le cadre de la loi relative à la sobriété, à la transparence, à l'information et à la concertation en matière d'exposition aux ondes électromagnétiques (loi Abeille).

En 2021, Pure LiFi obtient un contrat de 4,2 millions de Dollars US pour déployer sa solution Kitefin pour l'armée Américaine en Afrique et Europe. La marque annonce sur son site web qu'il s'agit du plus grand déploiement de la technologie à ce jour[20]

Notes et références

  1. (en) [vidéo] Harald Haas: Wireless data from every light bulb, conférence TED 2011.
  2. (en) Smart Lighting Engineering Centre
  3. COWA, www.bu.edu, consulté le 1er février 2014./
  4. UC-Light Centre
  5. « Oxford University » (consulté le )
  6. HHI Fraunhofer Institute
  7. « LE WEB », sur LE WEB (consulté le ).
  8. [Vidéo] France Télévisions et OLEDCOMM au salon LeWeb2012 - Paris
  9. « L'éclairage communiquant expérimenté à Palaiseau », sur lesechos.fr, (consulté le )
  10. « Members Communiqué », sur ITU (consulté le )
  11. (en) « IEEE Standard for Local and Metropolitan Area Networks », IEEE,
  12. (en) Harald Haas, « LiFi is a paradigm-shifting 5G technology », Reviews in Physics,‎ (lire en ligne)
  13. BatiActu (2015) Et si l'on surfait sur Internet grâce à la lumière , Par G.N., le 11/09/2015
  14. « Le LiFi passe à la vitesse supérieure » (consulté le )
  15. Dejeu 2015
  16. « Le Musée Français de la Carte à Jouer d'Issy adopte le Li-Fi pour un nouveau guide de visite d'expo », Club Innovation & Culture CLIC France,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. « Le LiFi, quels enjeux pour les entreprises de demain ? », Seine Ouest Digital (consulté le )
  18. 01net, « Le Li-Fi s'invite au musée pour une visite guidée », sur 01net (consulté le )
  19. « Courbevoie, la première commune qui vous connecte à Internet par "Li-Fi" », sur latribune.fr,
  20. (en) « pureLiFi is awarded a multi-million-dollar deal with the US Army Europe to deliver secure wireless communications system. », sur purelifi.com, mais 2021

Voir aussi

Bibliographie

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Articles connexes

Liens externes

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