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Histoire des femmes en Iran

La condition des femmes dans la société iranienne a connu de nombreuses évolutions au cours de l'histoire, depuis l'égalité complÚte ou presque avec l'homme dans la mythologie ou aux temps préislamiques, la perte de leur indépendance durant la période islamique, le début de leur émancipation avec la révolution constitutionnelle, les grandes modernisations de l'Úre Pahlavi, et enfin l'avÚnement d'une théocratie en Iran en 1979. Certaines de l'importance de leur place dans la société, des femmes s'impliquent dans le combat pour l'amélioration de la condition féminine et la reconnaissance de leurs droits par la république islamique. L'attribution du prix Nobel de la paix en 2003, à Shirin Ebadi, souligne l'importance d'un militantisme féminin qui inclut des femmes de toutes origines ethniques, et de tous points de vue religieux. Les femmes ont ainsi fait leur entrée dans les secteurs politiques, économiques, sociaux et culturels de la société.

Image traditionnelle d’une femme perse portant une coupe de vin, comme dĂ©peinte au palais de Hasht Behesht, Ispahan, Iran, XVIIe siĂšcle.

Place des femmes dans la mythologie perse

Pour comprendre la place de la femme dans la sociĂ©tĂ© iranienne, il convient d’abord de se pencher sur la mythologie perse dĂ©crivant la crĂ©ation du monde et les dieux des Aryens, dont on peut trouver le rĂ©cit dans les textes sacrĂ©s zoroastriens tels que l’Avesta ou les Yashts. Ces Ă©crits trĂšs anciens datent probablement de l’ùre indo-iranienne (voir Indo-Iraniens), les mythes ont ensuite Ă©tĂ© repris en partie par Ferdowsi dans l’épopĂ©e du Shah Nameh

Le Yasht V (Aban Yasht) est consacrĂ© Ă  la dĂ©esse Ardvi Sura Anahita, dĂ©crite comme une jolie femme au corps ferme et Ă©lancĂ©. Elle est la dĂ©esse de toutes les eaux Ă  la surface de la terre ainsi que de la pluie, de l’abondance, de la fertilitĂ©, des unions, de l’amour, de la maternitĂ© et de la victoire[1]. Les Anciens voyaient en elle la source de la vie et elle symbolise la prĂ©pondĂ©rance du rĂŽle fĂ©minin dans la sociĂ©tĂ©[2]. C’est une des raisons Ă©voquĂ©es pour expliquer que les cĂ©rĂ©monies de couronnements royaux se tenaient au temple d’Anahita[2].

Selon les mythes perses, Gayomartan, appelĂ© Kayomars dans le Shah Nameh, est prĂ©sentĂ© comme le premier roi, qui a Ă©tĂ© tuĂ© par l’esprit du mal (Angra Mainyu), tout comme le taureau primordial a Ă©tĂ© le premier animal existant sur la terre (qui a donnĂ© naissance Ă  toutes les autres espĂšces animales aprĂšs avoir lui aussi Ă©tĂ© tuĂ© par Angra Mainyu). La semence de Gayomartan, purifiĂ©e par le soleil, fit germer un plant de rhubarbe qui, se dĂ©veloppant lentement, se transforma en Mashya et Mashyana[3], premier homme et premiĂšre femme. Pour les peuples iraniens, homme et femme ont donc Ă©tĂ© crĂ©Ă©s en mĂȘme temps, contrairement aux religions rĂ©vĂ©lĂ©es (judaĂŻsme et christianisme). De plus, le pĂ©chĂ© originel pour les Aryens est autant le fait de l’homme que de la femme, qui enjĂŽlĂ©s par Angra Mainyu, voient en lui leur crĂ©ateur[4].

Perspective historique

Place de la femme durant l'Antiquité perse

Fragment de bas-relief en bitume représentant une jeune femme et sa servante l'éventant, période néo-élamite, excavé à Suse. Conservé au Louvre.

On sait peu de choses concernant les femmes dans les civilisations prĂ©-achĂ©mĂ©nides. Cependant, de nombreuses fouilles archĂ©ologiques portant sur divers sites iraniens, dont certains datent de 4 700 ans av. J.-C., mettent en Ă©vidence l’utilisation de maquillage et colorants corporels, ainsi que d’instruments ayant servi Ă  leur fabrication et leur application. De mĂȘme, colliers, bracelets, broches, ou peignes ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s dans des tombes fĂ©minines[5]. De plus, les doctrines religieuses dĂ©veloppĂ©es durant la pĂ©riode zoroastrienne et prĂ©-zoroastrienne attestent de l’égalitĂ© qui rĂ©gnait entre l’homme et la femme[6].

L’absence de reprĂ©sentation fĂ©minine Ă  PersĂ©polis[7], dont la pierre conserve l’histoire de la Perse antique, est remarquable. Tous les bas-reliefs et statues sculptĂ©s Ă  l’apogĂ©e de l’empire achĂ©mĂ©nide y sont masculines, reprĂ©sentant des taureaux, des lions, des Ă©talons ailĂ©s, des hommes guerroyant, ou des serviteurs marchant Ă  la suite du roi. Cependant, une grande partie de PersĂ©polis (particuliĂšrement les intĂ©rieurs) ayant Ă©tĂ© dĂ©truite par Alexandre le Grand ou altĂ©rĂ©e par le temps, des chercheurs n’excluent pas la possibilitĂ© de reprĂ©sentations fĂ©minines aujourd’hui disparues. Sur d’autres sites antiques perses, des reprĂ©sentations fĂ©minines sur pierre ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es dans un bon Ă©tat de prĂ©servation. Une reprĂ©sentation de femme achĂ©mĂ©nide de haut rang est visible au Louvre, montrant celle-ci assise sur un tabouret et Ă©ventĂ©e par une servante. Sa mise soignĂ©e comprenant notamment du maquillage, suggĂšre l’importance que l’esthĂ©tique pouvait revĂȘtir Ă  l’époque achĂ©mĂ©nide[5]. Cependant, il existe aussi de nombreuses reprĂ©sentation fĂ©minines sur des sceaux et des gemmes[8].

Les sources connues au sujet de la vie privĂ©e Ă  l'Ă©poque achĂ©mĂ©nide et sassanide apportent avant tout des Ă©lĂ©ments sur la vie du roi, de la famille royale, et dans une moindre mesure, des nobles et des courtisans[8]. Les femmes jouaient un rĂŽle dans la vie quotidienne sous la dynastie achĂ©mĂ©nide : elles travaillaient aux cĂŽtĂ©s des hommes dans les ateliers et y recevaient le mĂȘme salaire[7], ce qui est attestĂ© dans une certaine mesure par les tablettes Ă©lamites retrouvĂ©es Ă  PersĂ©polis[8]. Il semble peu probable que la polygamie ait Ă©tĂ© la rĂšgle chez les Perses communs[8]. En revanche, de nombreuses sources indiquent que les rois, et d'autres perses pratiquent la polygamie et ont aussi des concubines (parmi lesquelles certaines Ă©taient achetĂ©es). La distinction entre femme lĂ©gitime et concubine est attestĂ©e chez HĂ©rodote, Plutarque, Dinon et CtĂ©sias[9]. Plutarque souligne mĂȘme la jalousie des rois envers ses concubines, lequel punissait de mort ceux qui s'Ă©taient approchĂ©s de trop prĂšs de celles-ci[10].

Les femmes de haute naissance pouvaient mĂȘme avoir une influence sur les affaires de l’État, et les membres de la famille royale possĂ©daient leurs propres domaines. Nombre de documents parvenus jusqu’à nous tĂ©moignent de leur implication dans la gestion des affaires : lettres portant sur l’acheminement de grain, de vin, ou d’animaux jusqu’au palais depuis des possessions lointaines. Les seules limites Ă  l’autoritĂ© de la reine douairiĂšre Ă©taient fixĂ©es par le souverain lui-mĂȘme. De telles coutumes persistĂšrent jusqu’à l’empire Sassanide, avec moins d’importance, mĂȘme si Purandokht (ou BĂ»rĂąndĂ»kht), fille du roi Khosrau II, gouverna l’empire perse durant presque deux ans[11]. À cette Ă©poque, le plus haut rang fĂ©minin Ă©tait tenu par la mĂšre du roi, puis la mĂšre du prince hĂ©ritier et enfin les filles et sƓurs du roi. En fait, les femmes Ă©taient divisĂ©es en deux catĂ©gories Ă  l'Ă©poque sassanide : les femmes libres avaient des droits et des responsabilitĂ©s lĂ©gales, comme ceux de signer des contrats, de payer ses dettes, d'hĂ©riter. Ces droits n'Ă©taient cependant pas Ă©gaux Ă  ceux des hommes, car la capacitĂ© lĂ©gale des femmes Ă©tait comparable Ă  celle des mineurs[12]. Les femmes esclaves, n'avaient que peu de droits ; elles Ă©taient considĂ©rĂ©es comme une marchandise et leur valeur Ă©tait gĂ©nĂ©ralement plus basse que celle d'un esclave masculin[12].

Une mosaĂŻque de l’ùre Sassanide dĂ©terrĂ©e Ă  Bishapour. Certaines mosaĂŻques reprĂ©sentaient des femmes dĂ©vĂȘtues. ConservĂ©e au Louvre.

Les historiens pensent que c’est Cyrus le Grand qui, dix siĂšcles avant l’Islam, a Ă©tabli la coutume de couvrir les femmes afin de protĂ©ger leur chastetĂ©. D’aprĂšs cette thĂ©orie, le voile est ainsi passĂ© des AchĂ©mĂ©nides aux SĂ©leucides, ceux-ci l’ayant, Ă  leur tour, transmis aux Byzantins. Par le biais des invasions arabes, il se rĂ©pand ensuite au travers du monde musulman et reste connu en Iran sous le nom de chador[13].

PĂ©riode mĂ©diĂ©vale et islamisation de l’Iran

La condition fĂ©minine en Iran change de façon importante au cours de la pĂ©riode mĂ©diĂ©vale. À partir de la conquĂȘte islamique de la Perse, le rĂŽle social des femmes se modifie. Toute participation Ă  la vie publique ou Ă  l'exercice du pouvoir leur est interdite[14]. Des droits concernant la sphĂšre privĂ©e sont Ă©galement supprimĂ©s, et des lois s'inspirant de l’islam avantagent dĂ©sormais les hommes. La polygamie est facilitĂ©e et le port du hijab devient la rĂšgle[15].

Dans le Shahnameh, le grand poĂšte perse et iranologue, Ferdowsi, lui-mĂȘme mariĂ© avec une femme instruite et cultivĂ©e, prĂ©sente une image de la femme perse contrastant avec cette situation juridique. Plus de vingt femmes apparaissent ainsi dans cette Ɠuvre, toutes sages, intelligentes et respectables. Deux d’entre elles, Homai et Gardieh, deviennent « reines » de Perse au cours de l’épopĂ©e [16]. On peut avoir une idĂ©e de l’importance de la place que la culture perse rĂ©serve alors aux femmes et Ă  leur beautĂ© en considĂ©rant la multitude de chefs-d’Ɠuvre qui leur sont dĂ©diĂ©s ; que ce soit au travers de la miniature, de la peinture, ou de la littĂ©rature d’un Hafez, dont l’Ɠuvre magnifie la fĂ©minitĂ©[17]. L’image montrant une jeune fille habillĂ©e de beaux vĂȘtements hauts en couleur, tenant une coupe de vin Ă  la main, est un leitmotiv du portrait amoureux perse de l’époque. La forte charge Ă©rotique de ces images rĂ©side plus dans l’association des plaisirs enivrants du vin et de l’amour que dans une reprĂ©sentation, ici impensable, de la nuditĂ©. L’égalitĂ© des genres est l’un des principes de base de la culture perse, perdurant des siĂšcles, tout comme chez les Zoroastriens.

EntrĂ©e dans l’ùre moderne

Une femme perse qajari, fumant ici le Qalyan.
Une femme arménienne à Isfahan vers 1850.
Quelques-unes des filles de Mozaffaredin Shah : Shokouh-os-Saltaneh, Anvar-ed-Dowleh, Shokouh-ed-Dowleh, Ghamar-os-Saltaneh, Ezzat-ed-Dowleh II, Nour-os-Saltaneh, Mochoul khanoum « nadimeh », Aghdas-os-Saltaneh (de g. à d. et de h. en b.).

Il faut attendre le XIXe siùcle pour que des femmes commencent à marquer l’histoire de l’Iran musulman.

La premiĂšre femme apparaissant non voilĂ©e en public est Fatemeh, nĂ©e en 1814, figure du mouvement Baha’i. Ce mouvement se prononce en effet en faveur de l’émancipation fĂ©minine et apporte son soutien aux fĂ©ministes iraniennes. Des femmes issues de ce mouvement telles Khorshid Khanoum et Roustameh voyagent alors en Iran pour sensibiliser le peuple perse Ă  propos de l’émancipation fĂ©minine. Ce mouvement rĂ©jouit les femmes de la cour Qajare, qui soutiennent l’initiative de Fatemeh, bien que perçue comme radicale. Fatemeh finit exĂ©cutĂ©e par pendaison pour avoir tentĂ© de tuer Nasseredin Shah[18].

Durant la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle, Taj Saltaneh, fille de Nasseredin Shah consacre une partie de son autobiographie Ă  dĂ©crire les conditions dĂ©plorables de la femme iranienne : elle critique le port obligatoire du voile et insiste sur le fait que les femmes sont tenues Ă  l’écart du progrĂšs et de la libertĂ© Ă  cause des codes vestimentaires qui leur sont imposĂ©s[19].

À l’aube du XXe siĂšcle, certains modernistes iraniens ayant voyagĂ© en Europe afin d’y suivre de hautes Ă©tudes, considĂšrent le voile islamique comme un symbole d’arriĂ©ration. Son retrait, de leur point de vue, est essentiel Ă  la progression de l’Iran qu’ils souhaitent affranchir de la culture arabo-islamique. D'autres, au contraire, basent leur discours sur la nĂ©cessitĂ© d'Ă©duquer les femmes et de les faire sortir de leur confinement au foyer[20]. Tous les modernistes n'Ă©taient cependant pas opposĂ©s au voile.

La rĂ©volution constitutionnelle de l’Iran entre 1905 et 1911 marque un tournant dans la vie des femmes iraniennes. Seule une minoritĂ© d'hommes et de femmes prend part Ă  cette rĂ©volution, mais l'engagement des femmes leur fait gagner en considĂ©ration[21]. Les revendications des femmes au cours de cette rĂ©volution portent principalement sur leurs droits politiques : elles souhaitent un large dĂ©bat sur leur place dans la sociĂ©tĂ©. La participation des femmes Ă  la rĂ©volution constitutionnelle lĂ©gitime l'intĂ©gration des femmes et des hommes dans la sociĂ©tĂ©, souligne la nĂ©cessitĂ© de l'Ă©ducation des femmes, donne naissance Ă  des dĂ©bats sur la famille et le voile, et enfin donne aux femmes une occasion de s'organiser et de crĂ©er un mouvement pour les droits des femmes[22].

C’est alors une pĂ©riode de libertĂ© d’expression grandissante et de progression sociale des femmes (1911–1924). Ainsi, la premiĂšre Ă©cole pour filles est-elle fondĂ©e par des missionnaires amĂ©ricaines dans l’AzerbaĂŻdjan iranien, la tendance se rĂ©pand ensuite dans d’autres villes (TĂ©hĂ©ran, Rasht, Hamedan). En 1910, le journal anglais Times souligne l'existence de cinquante Ă©coles pour filles Ă  TĂ©hĂ©ran[23]. Ces Ă©coles sont gĂ©nĂ©ralement tenues par des religieuses chrĂ©tiennes.

Qu’elles soient de confession zoroastrienne, juive, baha'ie, chrĂ©tienne armĂ©nienne ou musulmane, des femmes rĂ©clament des droits Ă©mancipateurs autant que l’adoption de la Constitution, qui a lieu au cours de la mĂȘme annĂ©e[24]. Toutefois, le droit de la famille reste soumis Ă  la charia.

PĂ©riode Pahlavi

La dĂ©faite des constitutionnalistes (1921–1925) et le renforcement du pouvoir de Reza Shah (1925–1941) ont deux consĂ©quences contradictoires. Les journaux et les groupes de femmes indĂ©pendants sont interdits par le pouvoir ; tandis que l'État applique des rĂ©formes sociales promouvant l’éducation de masse et l’emploi rĂ©munĂ©rĂ© des femmes. Reza Shah initie aussi sa politique controversĂ©e de Kashf-e Hijab, bannissant le port du hijab en public. Mais, Ă  l’instar d’autres parties de la sociĂ©tĂ© de l’époque, les femmes perdent le droit de s’exprimer et tout dĂ©saccord avec la politique du rĂ©gime est rĂ©primĂ©.

Acquisition des droits politiques et civils pour les femmes iraniennes (1931-1979)

C’est au cours du rĂšgne des Pahlavi que les Ă©volutions les plus considĂ©rables de la condition fĂ©minine ont lieu en Iran. En 1931, le parlement, ou Majlis, approuve une loi qui fixe l’ñge lĂ©gal du mariage Ă  15 ans (au lieu de 13 auparavant). Le code civil adoptĂ© Ă  cette Ă©poque reprĂ©sente en revanche une sĂ©cularisation de la charia ; en effet, le pouvoir judiciaire auparavant dĂ©volu aux tribunaux religieux est donnĂ© aux juridictions de l'Ă©tat, mais l'esprit de la loi n'est pas modifiĂ© en profondeur[25].

Sous l’impulsion de Reza Shah, est crĂ©Ă© un systĂšme d’éducation nationale ne faisant aucune distinction entre garçons et filles en 1936. Cette mĂȘme annĂ©e, les premiĂšres femmes font leur entrĂ©e Ă  l'universitĂ© de TĂ©hĂ©ran[26], une loi interdit purement et simplement le port du voile pour les femmes (et le port des habits religieux pour les hommes)[27]. L'interdiction du port du voile est levĂ©e en 1941, Ă  l'arrivĂ©e au pouvoir de Mohammad Reza Pahlavi[28].

Journal iranien de 1968 : ingénieures nucléaires iraniennes posant devant le réacteur nucléaire de Téhéran.

Les ultimes Ă©volutions de la condition des femmes ont lieu sous le rĂšgne de Mohammad Reza Shah[29] :

  • Droit d’éligibilitĂ© et de vote accordĂ© en 1963
  • « Loi de la Protection de la famille » votĂ©e en 1967. Cette loi limite le droit unilatĂ©ral des hommes au divorce et Ă  la polygamie dont la pratique se fait trĂšs rare du fait de ces nouvelles contraintes. L’article 8 de cette loi interdit ainsi Ă  l’époux de divorcer sans avoir obtenu un certificat de non-rĂ©conciliation de la part d’un tribunal, lequel est tenu de tenter par tous les moyens de rĂ©concilier le couple. De plus, l'Ă©poux avait besoin du consentement de la premiĂšre Ă©pouse afin de conclure un second mariage. Le mariage temporaire (Sigheh) Ă©tait en vigueur comme aujourd'hui.
  • Fondation de l’OFI (Organisation des femmes iraniennes) en 1964 par la princesse Ashraf Pahlavi. Cette organisation rĂ©unit divers organismes qui s’occupent de confort familial, de protection des enfants, de formation professionnelle, de planning familial et de conseil juridique.
  • Passage de l’ñge lĂ©gal du mariage Ă  18 ans en 1973.
  • D’autres lois suivent ensuite, visant Ă  faciliter l’accĂšs des femmes aux fonctions jusque-lĂ  rĂ©servĂ©es aux hommes (notamment dans le domaine juridique). Le service national (calquĂ© sur le modĂšle du Service militaire IsraĂ©lien est rendu obligatoire pour les femmes cĂ©libataires, qui peuvent accĂ©der plus facilement aux emplois dans les forces armĂ©es et la police. Au cours de la RĂ©volution blanche, les femmes appelĂ©es servent gĂ©nĂ©ralement dans le corps du Sepah-e Danesh (« armĂ©e du savoir », au service de la population dans les domaines de l’éducation, de la santĂ© et de la technologie).

En quelques annĂ©es, la femme iranienne acquiert donc des droits civils et politiques importants. Une des lĂ©gislatures voit mĂȘme l’élection de vingt-deux femmes parmi les dĂ©putĂ©s (Mehrangiz Dowlatshahi compte parmi les premiĂšres femmes Ă©lues) et deux parmi les sĂ©nateurs. La premiĂšre femme ministre (de l’éducation nationale) est Farrokh-Rou Parsa, dans les annĂ©es 1970. En 1976, 13,8 % de la population active sont des femmes, en majoritĂ© rurales[30] En 1978, les femmes reprĂ©sentent 30 % des Ă©tudiants[31]. En 1979, hommes et femmes bĂ©nĂ©ficient des mĂȘmes avantages Ă©ducatifs. Les femmes peuvent en outre travailler dans de nombreux domaines professionnels. Cependant, la situation des femmes rurales est encore loin de la situation des femmes urbaines. Les femmes rurales sont toujours peu Ă©duquĂ©es[32] et leur situation se serait mĂȘme dĂ©gradĂ©e Ă  cause de la modernisation rapide du pays[33]

Conflit entre modÚles sociaux traditionnel et occidentalisé

L’attitude de la sociĂ©tĂ© iranienne traditionnelle (c’est-Ă -dire Ă  l’exclusion des classes moyennes et supĂ©rieures occidentalisĂ©es) avant la rĂ©volution iranienne est de pratiquer la sĂ©grĂ©gation sexuelle dans la sphĂšre publique. En gĂ©nĂ©ral, les femmes revĂȘtent un chador (piĂšce de tissu de la taille d’un drap dont les femmes se couvrent entiĂšrement) quand elles sont dans l’espace public, ou que des hommes ne comptant pas parmi les membres de leur famille sont prĂ©sents dans la maison. Le rĂŽle de la femme se limite aux tĂąches domestiques : tenir le foyer et Ă©lever les enfants. Le rĂŽle des hommes est dĂ©volu Ă  la sphĂšre publique : ils travaillent dans les champs, au bazar ou dans des bureaux. Ceux qui dĂ©vient de ce modĂšle peuvent voir la rĂ©putation de leur famille remise en cause. Le clergĂ© cherche Ă  maintenir la femme dans ce rĂŽle traditionnel au sein d’une sociĂ©tĂ© islamique.

Ces attitudes traditionalistes se confrontent violemment avec les attitudes et les coutumes des classes moyennes et supĂ©rieures laĂŻques, particuliĂšrement Ă  TĂ©hĂ©ran. Les rĂ©unions mixtes, en privĂ© et en public, sont en effet la norme Ă  l’époque Pahlavi. Le gouvernement est le principal promoteur du changement de rĂŽle de la femme dans la sociĂ©tĂ©. Cette confrontation entre idĂ©aux gouvernementaux et clĂ©ricaux crĂ©e un conflit social qui devient l’une des causes de la rĂ©volution iranienne.

Avant la révolution, trois types de femmes travaillent :

  • dans les classes sociales supĂ©rieures, les femmes travaillent comme employĂ©es, exercent des professions libĂ©rales, ou participent bĂ©nĂ©volement Ă  des projets divers ;
  • les femmes laĂŻques des classes moyennes essaient de suivre ce modĂšle, alors que les femmes traditionalistes de la mĂȘme classe ne travaillent au-dehors qu’en cas d’extrĂȘme nĂ©cessitĂ© ;
  • les femmes issues des basses classes sociales travaillent frĂ©quemment en dehors de leur foyer, ne disposant sinon que de revenus insuffisants pour faire vivre leur famille. Ceci est particuliĂšrement marquĂ© dans les grandes villes.

À la veille de la rĂ©volution iranienne, la sociĂ©tĂ© iranienne est donc divisĂ©e entre religieux traditionalistes, prĂŽnant le maintien de la femme dans un rĂŽle domestique en harmonie avec une sociĂ©tĂ© islamique, et laĂŻques occidentalisĂ©s, qui promeuvent et mettent en pratique la participation active de la femme dans la sphĂšre publique[18].

L’implication des femmes dans la rĂ©volution

ConfortĂ©es par les avancĂ©es statutaires ayant fait suite Ă  la rĂ©volution constitutionnelle en dĂ©but de siĂšcle, les femmes s'impliquent massivement dans la rĂ©volution iranienne[34], et contribuent Ă  sa victoire. Beaucoup, issues des basses et moyennes classes sont ainsi projetĂ©es dans la sphĂšre publique[35]. Pendant des annĂ©es, l’impossibilitĂ© de briser la barriĂšre du confinement Ă  la sphĂšre privĂ©e Ă©tait la principale source de frustration pour les partisans du droit des femmes en Iran. La rĂ©volution fait paradoxalement cĂ©der cette entrave du jour au lendemain. Lorsque Khomeini, en 1978, appelle les femmes Ă  participer aux manifestations en ignorant le couvre-feu pour montrer leur opposition Ă  la tyrannie ; des millions d’entre elles, y compris les religieuses traditionalistes n’ayant jamais auparavant pensĂ© quitter leurs maisons sans leurs maris ou leurs pĂšres, descendent dans la rue [36] - [37]. L’appel de Khomeini au soulĂšvement contre le Shah enlĂšve ainsi tous les doutes dans les esprits des femmes musulmanes quant Ă  leur droit de se rendre dans la rue de jour comme de nuit.

De nombreuses femmes qui prennent part Ă  la rĂ©volution iranienne font partie des classes moyennes sĂ©cularisĂ©es, parmi lesquelles des opposantes au rĂ©gime ont Ă©tĂ© recrutĂ©es. Comme leurs compagnons, ces femmes ont aussi des aspirations nationalistes et pensent que le Shah est aux ordres des États-Unis. Certaines s’enrĂŽlent aussi dans des groupes de guĂ©rilla, comme les moudjahedin ou les fedayins.

Perte des acquis de l’époque Pahlavi (1979-1989)

Avec la rĂ©volution iranienne de 1979, le droit des femmes essuie de profondes modifications liĂ©es au conservatisme religieux. Le groupe qui hĂ©rite du pouvoir aprĂšs cette rĂ©volution est celui de la classe moyenne traditionnelle et religieuse (en majoritĂ© des bazaris, travaillant dans les bazars), qui privilĂ©gient la restriction de la place de la femme Ă  l’espace privĂ© exclusif. La premiĂšre consĂ©quence pour les femmes est l'abrogation de la loi sur la protection de la famille, favorable aux femmes, votĂ©e Ă  l’époque du Shah[15].

MalgrĂ© les dĂ©crets de nombreux ecclĂ©siastiques tels l’ayatollah Taleghani, l’État fait du port du hijab une obligation pour toutes les femmes, les soumettant Ă  des rĂšgles strictes de conduite en sociĂ©tĂ©. En effet, l’ayatollah Khomeini dĂ©clare « Chaque fois que dans un autobus un corps fĂ©minin frĂŽle un corps masculin, une secousse fait vaciller l’édifice de notre rĂ©volution » [38]. L’islamisation de la sociĂ©tĂ© commence donc par une rĂ©forme du statut des femmes, de nouveau soumises Ă  la charia, et Ă©cartĂ©es de toutes les hautes fonctions publiques. De plus, tous les acquis du XXe siĂšcle sont perdus : abaissement de l’ñge lĂ©gal du mariage Ă  9 ans, sĂ©grĂ©gation dans les bus (femmes Ă  l’arriĂšre et hommes Ă  l’avant). Cette involution provoque alors de fortes contestations. Des manifestations rassemblant des milliers de femmes, en majoritĂ© laĂŻques, ont lieu dĂšs le 7 mars 1979, veille de la journĂ©e internationale des femmes du 8 mars, et jusqu'au 13 mars, Ă  TĂ©hĂ©ran, Isfahan, Tabriz et Sanandaj dans le Kurdistan, pour protester contre les mesures prises par Khomeini[39] - [40] - [41]. Le lundi 12 mars, prĂšs de 20 000 femmes dĂ©filent de l'universitĂ© de TĂ©hĂ©ran jusqu'au square de la LibertĂ©, pour protester contre le retour au voile islamique et dĂ©fendre leurs droits, et de nombreux hommes les rejoignent lors de la manifestation[39] - [42].

La polygamie redevient légale, l'ùge minimum du mariage des filles passe de 15 à 9 ans et le non port du voile est puni de 70 coups de fouets[28].

Les hommes reçoivent Ă  cette Ă©poque tout pouvoir de dĂ©cision concernant leur famille, y compris les mouvements de leur femme et la garde des enfants. Le point de vue lĂ©gal des mollahs est, selon l’ayatollah Mohammad Yazdi, ancien chef du systĂšme judiciaire, « votre femme, qui est votre possession, est, en fait, votre esclave »[43].

Si les principales cibles de ces mesures sont avant tout les femmes instruites et modernistes, elles touchent aussi durement les militantes musulmanes. L’image de la femme dans le discours dominant change alors, passant de celle d’une femme socialement active Ă  celle d’une femme-Ă©pouse. On ne compte plus que quatre femmes dĂ©putĂ©es au cours des trois premiĂšres lĂ©gislatures de la rĂ©publique islamique. NĂ©anmoins, nombre de femmes refusent de rentrer au foyer et continuent Ă  ĂȘtre actives dans tous les domaines oĂč elles le peuvent, participant mĂȘme activement Ă  l’effort de guerre contre l’Irak. Le mouvement de dĂ©fense des droits des femmes se renforce donc paradoxalement.

Période post-révolutionnaire

À la fin des annĂ©es 1980, la sociĂ©tĂ© iranienne connaĂźt deux Ă©vĂšnements majeurs qui signent l’avĂšnement d’une nouvelle pĂ©riode pour les femmes iraniennes : la mort de Khomeini qui tourne la page de la rĂ©volution, et la guerre Iran-Irak qui se termine en laissant une nation exsangue ayant sacrifiĂ© ses forces vives et dont l’économie est sinistrĂ©e. La nĂ©cessitĂ© urgente de reconstruire et de stabiliser le pays modifie le statut des femmes, et rend plus que jamais nĂ©cessaire leur rĂ©implication dans la sociĂ©tĂ© iranienne.

Toutefois, la scolarisation des filles, promue par le rĂ©gime, est considĂ©rĂ© comme un acquis de la rĂ©volution islamique. De mĂȘme, alors que les Iraniennes faisaient en moyenne sept enfants au dĂ©but de la rĂ©volution, elles n'ont en moyenne que deux enfants trente ans plus tard. Par ailleurs, la plupart des Iraniens sont monogames, mĂȘme s'il existe des poches de polygamie dans certaines provinces[44].

Reprise du militantisme féminin

Les revendications de la sociĂ©tĂ© civile recommencent Ă  s’exprimer de maniĂšre assez notable, particuliĂšrement celles des femmes Ă  qui l’État peut difficilement refuser de reconnaĂźtre la participation Ă  la rĂ©volution, Ă  la guerre, et l’implication dans la bonne marche d’un pays alors que nombre d’hommes Ă©taient au front. AprĂšs la fin de la guerre et la mort de Khomeini en 1989, alors que les dirigeants religieux reprennent les discours prĂŽnant un rĂŽle de la femme limitĂ© Ă  celui de femme au foyer, des femmes Ă©duquĂ©es deviennent de plus en plus critiques des positions du rĂ©gime, qu'elles ne trouvent pas compatibles avec leurs nouvelles aspirations[45]

Il existe en Iran trois types de militantes pour les droits de la femme[46]:

  • les musulmanes traditionalistes (issues de la classe moyenne traditionnelle ou des familles clĂ©ricales ou bazaris), pour qui seule la charia est source de loi. Elles prĂŽnent le retour Ă  la vie sociale active en restant sĂ©parĂ©es des hommes (les femmes travailleraient uniquement pour des femmes).
  • les musulmanes modernistes (originaires de la classe moyenne traditionnelle mais instruites et actives), qui veulent rĂ©former la lĂ©gislation pour amĂ©liorer le statut des femmes dans la sphĂšre publique et privĂ©e en se basant sur une interprĂ©tation moderne de la charia. Ce courant se cristallise autour de la revue Zanan (Femmes), fondĂ©e par Shahla Sherkat et principal lieu d'Ă©laboration du fĂ©minisme musulman en Iran.
  • les modernistes laĂŻques (issues pour la plupart de la classe moyenne moderne, trĂšs instruites Ă  la suite des changements amenĂ©s par les Pahlavi). Elles ne considĂšrent pas la charia comme une source de lĂ©gislation et revendiquent la sĂ©paration du clergĂ© et de l’État. Ce sont ces militantes qui reçoivent le soutien de la diaspora iranienne.

Nonobstant leurs diffĂ©rences, ces types de militantes s'affrontent de moins en moins aprĂšs la fin de la guerre. On assiste alors progressivement Ă  l'effacement des diffĂ©rences d'ordre politico-religieux, et Ă  l'Ă©mergence, au sein d'un mouvement fĂ©ministe global, de discours marquĂ©s par la convergence des points de vue revendicateurs. Les fĂ©ministes, musulmanes ou laĂŻques, traditionalistes, rĂ©formistes, ou modernistes dĂ©battent dans les mĂȘmes journaux, organisent des rĂ©unions, laissant se dessiner une solidaritĂ© de sexe autorisant les collaborations[47].

Une nouvelle phase d’acquisition de droits

Devant tant de pression de la part de la population fĂ©minine et sous l’égide de Rafsandjani, le Haut conseil de la rĂ©volution culturelle crĂ©e en 1987 le Conseil culturel et social des femmes. Ce conseil fonde l’Institution exĂ©cutive des femmes, fait admettre l’idĂ©e d’une conseillĂšre du prĂ©sident pour les femmes, crĂ©Ă© un Bureau des affaires des femmes (en 1991), et rĂ©ussit Ă  faire supprimer les lois ou rĂšglements interdisant ou limitant l’accĂšs des femmes Ă  certaines filiĂšres universitaires. Dans le mĂȘme esprit, certaines professions s’ouvrent aux femmes : enseignement, mĂ©decine, travail en laboratoire, ingĂ©nierie, pharmacie, assistance sociale et traduction. Certains corps de mĂ©tier leur restent toutefois inaccessibles, comme la magistrature, le secours civil (pompiers), ou la prĂ©sidence de la rĂ©publique[48] - [47]. Une des filles du prĂ©sident Rafsandjani, elle-mĂȘme dĂ©putĂ©e, fait Ă©tat publiquement de l'absence de raisons valables limitant l'accĂšs des femmes aux plus hauts postes administratifs, y compris la prĂ©sidence[47]. La loi sur le divorce, qui avait Ă©tĂ© modifiĂ©e Ă  l’avĂšnement de la rĂ©publique islamique, est amendĂ©e en 1992 : l’épouse peut alors ĂȘtre dĂ©dommagĂ©e par son mari si elle peut prouver qu’elle a effectuĂ© des tĂąches mĂ©nagĂšres contre sa volontĂ©.

Le dĂ©but des annĂ©es 1990 montre clairement une montĂ©e de l’emploi des femmes, Ă  un niveau bien supĂ©rieur Ă  celui de la pĂ©riode prĂ©cĂ©dant la rĂ©volution. L’accomplissement intellectuel pour les femmes est aussi le rĂ©sultat de politiques favorisant l’accĂšs Ă  l’éducation, et de campagnes d’instruction. Le nombre de femmes dans l’éducation augmente, pour dĂ©passer celui des hommes dans l’éducation supĂ©rieure. Ainsi, d’aprĂšs le ministĂšre iranien de la recherche, prĂšs de 6 % des professeurs titulaires, 8 % des professeurs adjoints, et 14 % des professeurs assistants sont des femmes durant l’annĂ©e scolaire 1998–1999. Les femmes comptent pour 56 % de tous les Ă©tudiants en sciences naturelles, et 20 % des doctorants en philosophie. En revanche, afin de crĂ©er des conditions pĂ©rennisant la sĂ©grĂ©gation sexuelle, le gouvernement fixe un quota de femmes pĂ©diatres, gynĂ©cologues, et met en place des barriĂšres pour celles souhaitant devenir ingĂ©nieurs dans le gĂ©nie civil. Pour la premiĂšre fois, en janvier 1996, une femme devient vice-ministre (de la santĂ© publique).

L’arrivĂ©e au pouvoir des rĂ©formateurs

En mai 1997, un grand nombre de femmes participe Ă  l’élection prĂ©sidentielle, elles votent en majoritĂ© pour Mohammad Khatami[49], un clerc rĂ©formiste qui promet une baisse de la rĂ©pression et une plus grande tolĂ©rance Ă  l’égard des institutions de la sociĂ©tĂ© civile. Son Ă©lection ouvre une pĂ©riode durant laquelle les femmes peuvent de nouveau exprimer leurs idĂ©es, certaines faisant preuve de plus d’audace dans leurs demandes et critiques.

Sous Khatami, le Bureau des affaires des femmes devient le Centre des Affaires de la participation des Femmes[50]. L’objectif de cette nouvelle institution est que les femmes s’organisent et dĂ©fendent leurs droits. Les ONG de dĂ©fense des droits des femmes se sont donc multipliĂ©es depuis cette Ă©poque, mais le gouvernement ne leur donne toutefois pas les moyens d’ĂȘtre indĂ©pendantes. Hormis le Centre de la Participation des Femmes, il existe d’autres organismes tels que le Conseil Culturel et Social des Femmes (crĂ©Ă© en 1987), la Commission du Parlement pour les Questions des Femmes, de la Famille et de la Jeunesse (crĂ©Ă©e en 1997), Le Bureau GĂ©nĂ©ral pour les Questions des Femmes et les Questions Judiciaires qui ont pour but de promouvoir l’égalitĂ© des sexes dans tous les domaines de la vie sociale, y compris la lĂ©gislation, les programmes et les projets [51].

Le sixiĂšme majlis d'Iran voit l’élection de partisanes des droits de la femme : on dĂ©nombre alors 13 dĂ©putĂ©es sur les 270 siĂšges. Elles entreprennent de changer certaines des lois les plus conservatrices qui consacrent la domination culturelle des hommes.

Des dĂ©putĂ©es rĂ©formistes dĂ©fient mĂȘme leurs collĂšgues masculins en portant dans l'hĂ©micycle un maghnahed (une sorte de foulard cagoule) Ă  la place tchador noir obligatoire[52].

Mais par la suite, durant les Ă©lections de la septiĂšme majlis, toutes ces reprĂ©sentantes sont dĂ©clarĂ©es inĂ©ligibles par le conseil des gardiens, qui autorise seulement les candidatures de femmes du camp conservateur. La nouvelle assemblĂ©e, comme prĂ©vu, commence Ă  bouleverser beaucoup des lois qu’avaient fait passer les rĂ©formistes du sixiĂšme majlis.

Le point de vue des femmes du camp conservateur Ă  propos de la condition fĂ©minine en Iran et de l’inĂ©galitĂ© des statuts est gĂ©nĂ©ralement similaire Ă  celui des hommes. Masoumeh Ebtekar, vice-prĂ©sidente de Mohammad Khatami pour la protection environnementale ne prĂ©fĂšre pas donner plus de libertĂ©s aux femmes et justifie les lois sur la lapidation en disant: « On doit aussi prendre en compte les affaires lĂ©gales et psychologiques de la sociĂ©tĂ©. Si les lois habituelles de la famille sont brisĂ©es, cela aurait des consĂ©quences graves pour toute la sociĂ©tĂ©. ». Elle dĂ©fend aussi l’obligation pour une femme d’avoir l'autorisation de son mari pour voyager: « l'homme est responsable des affaires financiĂšres et de la sĂ©curitĂ© du foyer. Donc une femme a besoin de la permission de son mari pour voyager. Sinon, des problĂšmes et des querelles vont voir le jour au sein du couple. »[53]

L’annĂ©e 1997 marque aussi la naissance d’un mouvement fĂ©ministe islamiste en Iran, qui regroupe plusieurs organisations et individus. La plus influente d'entre elles est la SociĂ©tĂ© des Femmes de la RĂ©volution Islamique, crĂ©Ă©e aprĂšs la rĂ©volution. Son but est de dĂ©velopper des mĂ©thodes appropriĂ©es pour construire la sociĂ©tĂ© en mettant un terme Ă  l’oppression de la femme. Les femmes islamistes en Iran critiquent la condition des femmes dans les sociĂ©tĂ©s islamiques historiques et modernes. De leur point de vue, grĂące Ă  l'interprĂ©tation, la manipulation, et l’exagĂ©ration du sens de certains textes coraniques, les sociĂ©tĂ©s musulmanes oppriment les femmes depuis des siĂšcles, leur refusant des droits et une dignitĂ© qu'un islam authentique leur garantit[18].

La thématique des droits des femmes devient progressivement un phénomÚne de société donnant lieu à des débats publics de plus en plus ouverts, relayés par les médias, réunissant dans la discussion intellectuels laïcs et religieux, femmes et hommes[34].

Les femmes iraniennes et l’Iran d’aujourd’hui

Femmes dans une rue de Chiraz en 2005.

ÉlĂ©ments socio-dĂ©mographiques

En 2005, les femmes d’Iran Ă©taient au nombre de 34 266 000 sur une population totale de 69 515 000, c’est-Ă -dire 49,3 femmes pour 50,7 hommes. L’espĂ©rance de vie Ă  la naissance d’une femme iranienne est de 72 ans en 2004 et son espĂ©rance de vie en bonne santĂ©, de 56,1 ans. La proportion de fillettes scolarisĂ©es en Ă©cole primaire est de 85 % en 2004, soit une proportion Ă  peine infĂ©rieure Ă  celle des garçons pour la mĂȘme annĂ©e[54].

Selon une Ă©tude rĂ©alisĂ©e Ă  Chiraz en 2000[55], l’ñge moyen des femmes au mariage est de 17,1 ans et l’ñge de la premiĂšre procrĂ©ation de 19,5 ans. Ces donnĂ©es sont jugĂ©es comparables avec celles du pays et confirment celles d'une autre Ă©tude datant de 1993, les auteurs conseillent au gouvernement de relever l’ñge lĂ©gal du mariage. L'Ăąge moyen au premier mariage des femmes est remontĂ© pour atteindre 22 ans au recensement de 1996[31].

Dans le mĂ©tro de TĂ©hĂ©ran, les wagons de tĂȘte et de queues sont rĂ©servĂ©s aux femmes mais les hommes y sont admis[44].

Planning familial

La politique de planning familial en Iran est un grand succĂšs[56]. La surpopulation induite par la croissance dĂ©mographique exponentielle qui a suivi la rĂ©volution a conduit l’Iran Ă  mettre en place pendant plus de 10 ans un ambitieux programme de contrĂŽle des naissances au centre duquel l’éducation de la femme sur la contraception revĂȘt la plus grande importance. La maĂźtrise par la femme iranienne de sa fĂ©conditĂ© et son accĂšs Ă  la connaissance sont ainsi reconnus par toutes les autoritĂ©s comme Ă©tant le pivot central de ce programme. La spectaculaire baisse de la natalitĂ© observĂ©e, fait de la rĂ©alisation exemplaire de ce programme un modĂšle pour tous les autres pays. L’accĂšs Ă  la contraception est ainsi facilitĂ©, de mĂȘme que son utilisation, y compris dans les zones rurales du pays. L’écart observĂ© avec les zones urbaines s’amenuise notablement[57].

L’interruption thĂ©rapeutique de grossesse est autorisĂ©e en Iran depuis l'avĂšnement de la rĂ©publique islamique. Toutefois, l’avortement reste interdit en 2004 par le code pĂ©nal[58].

En 2021, l'Iran adopte une politique nataliste, et restreint fortement l'accĂšs Ă  la contraception et Ă  l'avortement[59].

Le combat pour les droits des femmes

Les nouvelles rĂ©alitĂ©s sociales des femmes iraniennes ont contraint les lĂ©gislateurs et les spĂ©cialistes de la loi islamique Ă  consacrer une partie importante de leurs Ă©crits aux problĂšmes des femmes et Ă  leur place dans la sociĂ©tĂ©. Les femmes et leurs droits se trouvent dĂ©sormais au cƓur des dĂ©bats jurisprudentiels oĂč s’affrontent les visions rĂ©formatrices et conservatrices[60].

En 1995 est lancĂ© le magazine Khānevādeh (Famille) pour parler de problĂšmes de familles. Il devient en fait une tribune pour aborder les problĂšmes des femmes qui cherchent Ă  ĂȘtre soutenues dans leurs protestations contre les inĂ©quitĂ©s lĂ©gales concernant le mariage, le divorce, la garde des enfants et la violence domestique. Ce magazine exprime les positions de fĂ©ministes musulmanes, qui dĂ©noncent les contradictions d'une sociĂ©tĂ© basĂ©e sur l’islam qui continue cependant Ă  exposer les femmes Ă  l’injustice. Le fĂ©minisme musulman naĂźt donc en Iran dans les annĂ©es 1990[61] ; il est un discours de femmes urbaines instruites (mais aussi de quelques hommes) qui cherchent Ă  prĂ©ciser les droits des femmes sous un jour religieux en effectuant une relecture des textes sacrĂ©s. Ce combat vise Ă  donner une lĂ©gitimitĂ© thĂ©ologique Ă  un mouvement pour les droits des femmes dans le monde musulman.

D’autres femmes islamistes vont encore plus loin dans le combat pour les droits de femmes en prĂ©sentant une vision de la sociĂ©tĂ© basĂ©e sur une interprĂ©tation des textes islamiques centrĂ©e sur les femmes. Elles dĂ©noncent les « voies authentiquement islamiques » prĂ©sentĂ©es aux femmes comme n’étant que du « patriarcat dans un costume islamique »[18].

L’attribution du prix Nobel de la paix en 2003 Ă  Shirin Ebadi, une avocate fĂ©ministe dĂ©fendant les droits de l’homme, renforce la confiance des fĂ©ministes iraniennes et ancre leurs relations avec les iraniens expatriĂ©s. Shirin Ebadi permet aux militantes iraniennes du droit des femmes de faire davantage entendre leur message en occident. Ancienne juge et prĂ©sidente du tribunal de TĂ©hĂ©ran sous le Shah, aujourd’hui avocate au Barreau de TĂ©hĂ©ran, Shirin Ebadi a fait sa cause depuis de nombreuses annĂ©es de la dĂ©fense des prisonniers politiques et des enfants. Elle est Ă©galement Ă  l’origine de la cĂ©lĂ©bration en Iran de la journĂ©e internationale de la femme, et crĂ©e en 1994 la SociĂ©tĂ© pour la protection des droits de l’enfant.

D’aprĂšs le rapport annuel 2006 d’Amnesty International, arrestations arbitraires, torture et mauvais traitements sont toujours infligĂ©s aux femmes iraniennes, notamment aux militantes des droits humains. En outre, il est reprochĂ© Ă  l’Iran le caractĂšre discriminatoire des lois et du fonctionnement de la justice, qui permettent aux responsables d’atteintes aux droits des femmes de bĂ©nĂ©ficier de l’impunitĂ©. La rapporteuse d’Amnesty International demande Ă  l’Iran d’adopter un plan national d’action en faveur de la promotion et de la protection des droits humains en vue d’éliminer la violence contre les femmes. Concernant l’accĂšs au logement convenable, le rapport pointe aussi des discriminations envers les femmes, et dĂ©plore le manque de structures d’accueil pour celles qui sont victimes de violences[62].

Faisant suite Ă  une demande exprimĂ©e par l’Union europĂ©enne, le Majlis vote en 2004 une loi Ă©tablissant l’égalitĂ© des sexes en ce qui concerne les droits de succession. Cette disposition est rapidement annulĂ©e par l’assemblĂ©e, remodelĂ©e par de nouvelles Ă©lections[63]. Le retrait du concept d’égalitĂ© des sexes remportait le soutien de 10 des dĂ©putĂ©es fĂ©minines conservatrices composant le nouveau Majlis, l’une d’entre elles le justifiait par le souci d’éviter des brimades aux hommes[64].

Durant la présidence de Hassan Rohani, en 2017, Farzaneh Sharafbafi, premiÚre femme iranienne à obtenir un doctorat en aéronautique devient également la premiÚre femme PDG d'Iran Air[65].

La journée de la femme en Iran

Deux jeunes filles dans une rue de Chiraz.
Plusieurs filles à Téhéran.

Selon le calendrier iranien, le 29 Bahman (18 fĂ©vrier) est considĂ©rĂ© historiquement par les Perses comme la journĂ©e de la femme, dont la cĂ©lĂ©bration remonte Ă  l’ancien temps des traditions zoroastriennes.

Deux journées de la femme iranienne sont célébrées en Iran : le régime iranien célÚbre le 16 décembre, jour de la naissance de Fatemeh, la fille du prophÚte, comme une célébration du rÎle social de la femme en tant que mÚre[66], tandis que les militantes des droits des femmes célÚbrent la journée internationale des droits de la femme le 8 mars. Un rassemblement de femmes revendiquant la fin des discriminations sexuelles dans le pays ayant eu lieu à Téhéran le , a ainsi donné lieu à une répression violente[67].

Une forte présence dans les arts et les lettres

Si les iraniennes sont prĂ©sentes depuis toujours dans les arts et la littĂ©rature islamiques, elles y sont surtout reprĂ©sentĂ©es au travers du regard des hommes, « dĂ©possĂ©dĂ©es de leur corps ou de leurs Ă©motions », souvent rĂ©duites Ă  un statut social idĂ©alisĂ© dans un rĂŽle d’épouse, de veuve ou de mĂšre[68]. La rĂ©volution islamique, dans une tentative de maĂźtrise politique de l’art, entretient depuis vingt ans une production littĂ©raire et artistique d’État qui s’appuie sur ce modĂšle peu novateur. En parallĂšle, on assiste Ă  une explosion littĂ©raire et artistique fĂ©minine iranienne, initialement restreinte Ă  la diaspora iranienne Ă  l’étranger[69]. Ce dynamisme culturel porteur de profonds changements se diffuse ensuite en Iran mĂȘme, touchant d’autres secteurs artistiques. En effet, du fait de leur accĂšs plus large Ă  l’éducation, les femmes iraniennes tiennent depuis plusieurs annĂ©es une place des plus importantes dans la production intellectuelle et artistique iranienne contemporaine. Cette prĂ©sence massive au sommet de toutes les formes d’arts et d’expressions culturelles fait non seulement porter un nouveau regard sur le pays, mais aussi change profondĂ©ment l’image que les Iraniennes ont d’elles-mĂȘmes[69].

Parmi ces femmes artistes et intellectuelles dynamiques, on peut citer quelques-unes des plus connues, qui collectionnent prix et rĂ©compenses en Iran comme Ă  l’étranger :

Si le regard que les femmes iraniennes portent sur elles-mĂȘmes se modifie profondĂ©ment, le regard que leur portent les artistes et Ă©crivains iraniens reste toutefois majoritairement empreint de classicisme. Selon Azar Nafisi, « La vĂ©ritable femme reste donc dans la culture masculine iranienne un concept encore subversif qui reste Ă  inventer. »[70] On note toutefois — signe des temps — que certaines Ɠuvres d’auteurs masculins comme Ten, film d’Abbas Kiarostami, s’attachent Ă  faire le portrait de femmes iraniennes dans un registre inĂ©dit jusqu’ici, exposant leur fĂ©minitĂ©.

En 1996, 236 maisons d’édition sont dirigĂ©es par des femmes. En 2000, le pays compte 1309 Ă©crivaines et 104 journaux ou revues sont publiĂ©s par des femmes[37].

Une réalité sociale contrastée

Femmes dans une manifestation, à Téhéran, le .
Les stations de ski comme Dizin sont un espace de liberté en Iran.

Si la constitution de la rĂ©publique islamique d’Iran proclame l’égalitĂ© des sexes, elle place cette derniĂšre dans un cadre religieux, ce qui a pour consĂ©quence l’institutionnalisation des inĂ©galitĂ©s entre hommes et femmes. Toutefois, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, les Iraniennes jouissent de plus de libertĂ©s que les femmes de nombreux autres pays du golfe Persique (Arabie saoudite, Qatar, BahreĂŻn...). Il a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© lors de la 5e ConfĂ©rence internationale des femmes, organisĂ©e par l’UNESCO Ă  PĂ©kin en 1995, puis lors d’une session Ă  New York en 2000 intitulĂ©e Femme-2000. L’égalitĂ© de sexes, le dĂ©veloppement et la paix au XXIe siĂšcle : « Les femmes de l’Iran moderne sont en grande partie privĂ©es de la protection juridique Ă  cause d'un accĂšs limitĂ© aux ressources financiĂšres et d'un systĂšme traditionnel proclamant la prioritĂ© des hommes dans tous les domaines importants de la vie. »[71]

Toutefois, idĂ©ologiquement, le discours des religieux proclame la trĂšs grande importance de la femme pour la famille et la place mĂȘme au-dessus de l’homme. Ali Khamenei cite des hadiths pour appuyer ce point. « Un jour, un homme demande au prophĂšte: "Qui dois-je servir ? Le prophĂšte rĂ©pond "Ta mĂšre" et rĂ©pĂšte cette rĂ©ponse trois fois. Quand l'homme pose la question pour la quatriĂšme fois, il rĂ©pond "ton pĂšre". C'est pourquoi la femme a plus de droits dans la famille.[...] parce qu'elles ont plus de responsabilitĂ©s. »[72]

Les femmes sont autorisĂ©es Ă  la pratique du sport et, en 2000, le pays compte trois millions de licenciĂ©es. Les pratiques sportives exigeant le port de tenues adaptĂ©es, il en rĂ©sulte une exclusion stricte des hommes des lieux d’entraĂźnement, le plus souvent limitĂ©s aux salles closes. Cela complique particuliĂšrement la participation des athlĂštes aux compĂ©titions internationales : Nassim Hassanpour, championne de tir (dont la pratique n’est pas gĂȘnĂ©e par le voile), est ainsi la seule athlĂšte fĂ©minine envoyĂ©e par l’Iran aux Jeux olympiques d’AthĂšnes en 2004. Une autre consĂ©quence de la sĂ©grĂ©gation sexuelle en sport a Ă©tĂ© la nĂ©cessitĂ© de recruter et former des cadres sportifs fĂ©minins. Si les femmes iraniennes s’intĂ©ressent massivement Ă  l’équipe nationale masculine de football, l’accĂšs aux stades leur est paradoxalement toujours interdit alors que les matches sont diffusĂ©s sur les chaĂźnes nationales de TV. En septembre 2017, la prĂ©sence de deux dĂ©putĂ©es au stade Azadi de TĂ©hĂ©ran lors du match de qualification Ă  la coupe du monde Iran-Syrie relance la question de la place des femmes dans les stades[73].

La situation financiĂšre des iraniennes s’est aggravĂ©e Ă  cause de la situation Ă©conomique du pays. Le chĂŽmage touche de maniĂšre beaucoup plus importante les femmes que les hommes, ce facteur explique en partie la frĂ©quence de la prostitution. Selon Hamid Koucha, « l'application inadĂ©quate des lois sacrĂ©es de l'Islam, de mĂȘme que les fortes tensions sociales ou Ă©conomiques, ont acculĂ© une partie des femmes iraniennes Ă  la criminalitĂ©, Ă  l'usage de drogues dures ou au suicide ». L’Iran, avec un fort taux de dĂ©linquance fĂ©minine, se classe parmi les Ă©tats islamiques les plus violents[74].

L’Iran s’est engagĂ© depuis 2002 Ă  ne pas appliquer la peine capitale par lapidation en dehors de condamnations pour faits graves (meurtres). Si l’adultĂšre, reste officiellement Ă  ce jour, un crime passible de la peine capitale, celle-ci n’est plus requise dans les faits d’adultĂšre isolĂ©s. En revanche, elle reste requise quand l’adultĂšre est associĂ© au meurtre [75], et concerne autant les femmes que les hommes.

Malgré cette réalité peu reluisante, le nombre de femmes inscrites en études supérieures dépasse parfois celui des hommes dans les études scientifiques, qui leur étaient traditionnellement réservées.

Si les restrictions induites par les codes vestimentaires en vigueur en Iran imposant le port du hijab (en gĂ©nĂ©ral foulard de couleur sombre dont les couleurs varient selon les administrations) pour les femmes employĂ©es dans la fonction publique ou dans l’exercice de fonctions officielles, ou d’uniformes de couleurs sombres pour les Ă©tudiantes, les iraniennes ont appris depuis plusieurs annĂ©es Ă  exprimer indirectement leurs opinions, en usant d’un langage corporel et vestimentaire contournant ces rĂšgles. De nombreuses femmes, surtout les jeunes, couvrent leur tĂȘte de foulards colorĂ©s, qui, portĂ©s trĂšs en arriĂšre, laissent volontairement apparaĂźtre boucles et coiffures travaillĂ©es[76]. L’usage savant du maquillage revĂȘt Ă©galement un caractĂšre contestataire, de mĂȘme que le port de manteaux colorĂ©s, Ă©ventuellement portĂ©s au-dessus des genoux. Ce mode indirect d’expression de leur sensualitĂ© par les femmes est particuliĂšrement visible dans les grandes villes[77]. Industries du prĂȘt-Ă -porter, de la crĂ©ation, de la mode et des cosmĂ©tiques, reprĂ©sentent ainsi en Iran un secteur en expansion, auquel sont consacrĂ©s de nombreux magazines qui remportent un franc succĂšs. De nombreuses femmes sachant coudre vendent Ă©galement le produit de leur savoir-faire.

Le port du foulard islamique est obligatoire pour toutes les femmes, y compris les touristes. En 2007, plus de 110 000 femmes « mal voilĂ©es » ont reçu des « avertissements » dĂ©livrĂ©s par la police pour non-respect du strict code vestimentaire. Ne respectant pas strictement le code vestimentaire (ses cheveux n’étaient pas entiĂšrement couverts par son foulard), en septembre 2022, une jeune femme de 22 ans dĂ©cĂšde Ă  la suite de son arrestation par le police des mƓurs aprĂšs trois jours de coma. Une manifestation de protestation est dispersĂ©e par des jets de grenades lacrymogĂšnes[78]. Par solidaritĂ© et en signe de protestation, des femmes s'affichent sur les rĂ©seaux sociaux en train de se couper les cheveux ou de brĂ»ler leur voile islamique[79].

À la suite des manifestations de 2022, le procureur gĂ©nĂ©ral de l'Iran annonce la fin de la police des mƓurs mise en place en 2006, mais sans que cela soit confirmĂ© par d'autres personnalitĂ©s, des doutes se faisant jour sur la rĂ©alitĂ© de cette dĂ©cision. En parallĂšle, les autoritĂ©s envisagent de rĂ©viser la loi de 1984 sur le port du voile obligatoire[28] - [80] - [81].

Perspectives d’avenir

Jeunes filles récitant des vers de Hafez sur sa tombe.

L’Iran n’a, Ă  ce jour, toujours pas ratifiĂ© la convention internationale contre la discrimination des femmes. La ratification est consentie par le Majlis en 2003, mais celle-ci est invalidĂ©e par le Conseil des gardiens, qui juge certaines dispositions contraires aux prĂ©ceptes du Coran. L’élection du prĂ©sident conservateur Mahmoud Ahmadinejad provoque une peur chez les militantes des droits des femmes, qui redoutent de perdre leurs acquis. Selon Nayereh Tavakkoli, sociologue et militante du droit des femmes, « il n'y a aucune raison d'ĂȘtre optimiste avec le nouveau gouvernement et le nouveau prĂ©sident. MĂȘme s'il y a des femmes au gouvernement et au parlement, [...] elles ne croient pas Ă  l'Ă©galitĂ© des sexes et trouvent que l'inĂ©galitĂ© est une bonne chose. »[82] La politique d’Ahmadinejad concernant les femmes prĂŽne leur retour au foyer, la famille devant ĂȘtre leur prioritĂ©[83].

Un des enjeux majeurs pour l'avenir est la rĂ©conciliation entre Islam et modernitĂ©, permettant de crĂ©er une sociĂ©tĂ© iranienne ne pĂ©rennisant pas les inĂ©galitĂ©s au dĂ©triment de femmes qui doivent ĂȘtre reconnues comme constituant une importante force sociale[34]. Le militantisme fĂ©minin reste fort, ce qui laisse donc augurer de substantielles modifications de la condition des femmes iraniennes, faisant de la RĂ©publique islamique d’Iran un des pays musulmans oĂč les femmes sont les plus Ă©mancipĂ©es. MalgrĂ© l’obligation de porter le voile en public[84] et le maintien officiel du statut traditionnel d’infĂ©rioritĂ© pour la femme, l’Iran est d’aprĂšs Bernard Hourcade, iranologue au CNRS, « le pays islamique oĂč la rĂ©volution fĂ©ministe est en marche ! »[85]. Les femmes voilĂ©es sortent seules, fondent des associations, votent, manifestent, travaillent ou Ă©tudient. Le combat des militantes reste dur en zones rurales et dans les petites villes, mais le phĂ©nomĂšne est massif.

L’accĂšs massif des femmes Ă  l’éducation (60 % des Ă©tudiants d’universitĂ©, alors que la premiĂšre femme mĂ©daille Fields de l'histoire est une Iranienne, Maryam Mirzakhani[44]), leur part de plus en plus active dans la cohĂ©sion sociale du pays (11 % de la population active)[86], l’importance de leur rĂŽle dans le dĂ©veloppement du pays, laissent donc penser que leur Ă©mancipation n’est qu’une question de temps. L'Iran change, et selon Elāheh Koulāi (ancienne dĂ©putĂ©e au parlement iranien), « le fossĂ© qui existe entre la sociĂ©tĂ© iranienne et l'Ă©tat iranien rend une crise des genres inĂ©vitable »[87].

En 2012, Marzieh Vahid Dastjerdi, premiĂšre et seule femme ministre (chargĂ©e de la SantĂ©) depuis la RĂ©volution islamique, est limogĂ©e de son poste par le prĂ©sident Mahmoud Ahmadinejad ; d'obĂ©dience conservatrice, elle militait nĂ©anmoins pour promouvoir les femmes (elle n'est pas renvoyĂ©e pour cette raison mais pour une polĂ©mique sur les mĂ©dicaments)[88]. Hassan Rohani est Ă©lu prĂ©sident en 2013. ConsidĂ©rĂ© comme un modĂ©rĂ© par rapport Ă  son prĂ©dĂ©cesseur, il demande Ă  ses ministres de nommer des femmes Ă  des postes stratĂ©giques (il en nomme lui-mĂȘme trois sur les onze vice-prĂ©sidents), aprĂšs avoir dĂ©clarĂ© que « la discrimination ne serait pas tolĂ©rĂ©e ». Marzieh Afkham, premiĂšre femme porte-parole du ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres en 2013 devient en 2015 la premiĂšre femme ambassadrice. La situation des femmes reste nĂ©anmoins compliquĂ©e : celles-ci peuvent devenir dĂ©putĂ©e ou ministre mais ne peuvent se prĂ©senter Ă  l'Ă©lection prĂ©sidentielle et font face Ă  des lois qui les discriminent dans les questions de mariage, de divorce ou d'hĂ©ritage[89]. Elles peuvent toutefois accĂ©der Ă  de nombreux mĂ©tiers. En 2016, le pays compte neuf dĂ©putĂ©es, toutes conservatrices. Certaines femmes sont membres du Basij, des supplĂ©tifs du corps des Gardiens de la rĂ©volution islamique[44].

La mĂȘme annĂ©e, les chiffres officiels Ă©tablissent Ă  14 % le travail des femmes en Iran, mĂȘme si avec l'activitĂ© parallĂšle et l'agriculture, elles seraient plutĂŽt 20-30 %[44].

Plusieurs militantes féministes sont toujours inquiétées, comme l'avocate Nasrin Sotoudeh et la réalisatrice Rakhshan Bani-Etemad, lourdement surveillées, ou encore la militante Narges Mohammadi, qui a écopé de huit ans de prison pour « propagande contre le régime »[44].

En 2022, l'Iran compte 5,5 % de femmes parlementaires. Lors de l'Ă©lection prĂ©sidentielle qui s'est tenue l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente, 40 femmes furent candidates mais toutes furent disqualifiĂ©es par le Conseil des gardiens de la rĂ©volution. Le taux de chĂŽmage des femmes s'Ă©tablit Ă  18,4 %, contre 9,5 % pour les hommes ; l'Ă©cart salarial moyen entre hommes et femmes pour le mĂȘme travail est, en 2021, de 41 %. 65 % des Ă©tudiants du pays sont des filles. En 2016, le taux d'alphabĂ©tisation des femmes urbaines est de 88 % et pour les femmes rurales de 72,8 %[28].

Au cinéma

Parmi les films qui dépeignent la condition des femmes en Iran, on peut citer The May Lady (1998) de Rakhshan Bani-Etemad, Deux Femmes (1999) de Tahmineh Milani[28], Une séparation (2011) d'Asghar Farhadi, Une femme iranienne (2011) de Negar Azarbayjani, Les Nuits de Mashhad (2022) d'Ali Abbasi ou encore Leila et ses frÚres (2022) de Saeed Roustaee[90].

Notes et références

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Voir aussi

Bibliographie

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Articles connexes

Liens externes

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