Ashraf Pahlavi
Ashraf ol-Moulk Pahlavi (en persan : Ű§ŰŽŰ±Ù ÙŸÙÙÙÛ)[1], nĂ©e le Ă TĂ©hĂ©ran et morte le Ă Monaco, est une princesse iranienne.
Ű§ŰŽŰ±Ù ÙŸÙÙÙÛ
Nom de naissance | Ashraf ol-Moulk Pahlavi |
---|---|
Naissance |
TĂ©hĂ©ran (Ătat sublime de Perse) |
DĂ©cĂšs |
Commune de Monaco (Monaco) |
PĂšre | Reza Shah |
MĂšre | Tadj ol-Molouk |
Conjoint |
1) Ali Ghavam (1937-1942) 2) Ahmad Shafiq (1944-1960) 3) Mehdi Bushehri (1960) |
Enfants |
Prince Shahram Pahlavi-Nia Shahriar Shafiq Azadeh Shafiq |
Elle est la fille de Reza Chah Pahlavi, fondateur de la dynastie impĂ©riale et est la sĆur jumelle de Mohammad Reza Pahlavi, le dernier chah de la dynastie Pahlavi d'Iran[2].
La princesse joua un grand rĂŽle politique et social sous le rĂšgne de son frĂšre avec lequel elle entretenait une trĂšs bonne relation ce qui lui a permis d'exercer une rĂ©elle influence sur les dĂ©cisions prises au plus haut niveau de l'Ătat iranien. Elle est souvent dĂ©crite comme une des figures tutĂ©laires des mouvements fĂ©ministes iraniens.
Biographie
AprĂšs une enfance solitaire au sein de la famille royale qu'elle dĂ©crit elle-mĂȘme comme malheureuse[3], elle n'a jamais pu accomplir son rĂȘve qui Ă©tait d'Ă©tudier dans une universitĂ© europĂ©enne. Elle fait de son esprit rebelle une force pour avoir un poids dans l'exercice du pouvoir, en s'affranchissant du rĂŽle traditionnel de la femme qui prĂ©valait alors.
C'est ainsi qu'en 1953, Ashraf Pahlavi joue un rĂŽle important dans l'opĂ©ration Ajax, puisque c'est elle qui doit convaincre son frĂšre, Mohammad Reza Chah, de donner son consentement Ă la CIA et au SIS d'engager l'opĂ©ration[4] qui vise Ă destituer le Premier ministre Mossadegh aprĂšs son coup d'Ătat. Le chah, qui a souvent Ă©tĂ© dĂ©crit comme un homme indĂ©cis[5], s'oppose d'abord Ă l'opĂ©ration avant d'accepter.
Fonctions occupées
Elle occupe les fonctions suivantes :
- présidente honoraire de l'organisation du Lion et du soleil rouge, 1944 ;
- présidente de l'Organisation des femmes iraniennes, 1967-1979 ;
- membre de la Haute commission aux droits de l'homme des Nations unies, 1970 ;
- membre du comité consultatif de la conférence internationale de la femme, 1975.
Elle est aussi une porte-parole importante de son frĂšre, dont elle a conduit plusieurs missions diplomatiques, notamment en Chine[6].
En septembre 1977, elle échappe à un attentat alors qu'elle séjourne à Antibes[7] - [8].
Exil
AprĂšs avoir dĂ» fuir son pays pendant la RĂ©volution iranienne qui a dĂ©bouchĂ© sur lâinstauration de la RĂ©publique islamique en 1979, elle nâa jamais oubliĂ© son pays en continuant d'ĂȘtre engagĂ©e politiquement et en promouvant la culture iranienne.
Ainsi, dĂšs 1980, elle publie son autobiographie intitulĂ©e Visages dans un miroir, dans laquelle elle revient sur son histoire en lien avec les Ă©vĂšnements politiques contemporains survenus en Iran. Peu de temps aprĂšs, en 1983, elle publie un second ouvrage : Jamais rĂ©signĂ©e, dans lequel elle critique le nouveau pouvoir islamique mis en place sous lâĂ©gide de lâayatollah Khomeiny et tente dâexpliquer comment lâIran en est arrivĂ© lĂ .
Vie familiale
Elle se marie trois fois et a trois enfants :
- Shahram Pahlavi-Nia (né en 1940)
- Shahriar Shafiq (né en 1945-assassiné en 1979 à Paris)
- Azadeh Shafiq (née en 1951, morte de leucémie en 2011).
Elle est inhumée au cimetiÚre de Monaco.
En 2014, sa résidence new-yorkaise à Manhattan (29 Beekman Place) est mise en vente à 49 millions de dollars[9].
Engagement politique
Ashraf Pahlavi a beaucoup ĆuvrĂ© en faveur de la condition des femmes en Iran au cours de sa vie. DĂšs sa jeunesse en 1934, elle participe Ă une cĂ©rĂ©monie organisĂ©e par son pĂšre qui revĂȘt une grande importance symbolique pour toutes les Iraniennes. Comme elle le raconte elle-mĂȘme dans son autobiographie, les femmes de la famille royale, dont la princesse Ashraf, apparaissent non-voilĂ©e en public et Ă la suite de cela le port du voile islamique sera interdit par le chah[3].
Le rĂšgne de son frĂšre Mohammad Reza Pahlavi est marquĂ© par de nombreuses rĂ©formes modernisatrices et de rapprochement des modes de vie occidentaux. La princesse Ashraf a jouĂ© un grand rĂŽle dans lâamĂ©lioration des droits de la femme en Iran en apparaissant comme la figure tutĂ©laire et le porte-voix des mouvements fĂ©ministes auprĂšs du pouvoir.
Elle a fondĂ© et pris la prĂ©sidence de diffĂ©rentes organisations de femmes iraniennes, ce qui permettait Ă la fois Ă la famille royale de conserver un contrĂŽle sur les mouvements politiques fĂ©ministes, tout en leur permettant de sâexprimer sur leurs droits.
Ashraf Pahlavi est donc devenue en 1961 prĂ©sidente du Haut Conseil des Femmes, une fĂ©dĂ©ration regroupant alors 18 associations de femmes. Câest notamment grĂące Ă son engagement que le droit de vote a Ă©tĂ© ouvert aux femmes en 1963. Par la suite, lorsquâest approuvĂ©e la crĂ©ation de lâOrganisation des femmes iraniennes (OFI) par le chah en personne en 1966 pour remplacer le Haut Conseil, elle est Ă©galement dĂ©signĂ©e prĂ©sidente. LâOFI centralise tous les mouvements et revendications fĂ©ministes au sein dâune seule structure, ce qui a permis Ă la fois de gagner en efficacitĂ© mais aussi dâexercer un contrĂŽle politique sur ces mouvements[10]. Mais la princesse nâĂ©tait pas non plus totalement infĂ©odĂ©e Ă son frĂšre jumeau, elle servait Ă©galement ses intĂ©rĂȘts propres et est rĂ©putĂ©e comme une redoutable femme politique[11].
Cet engagement politique sâest Ă©galement dĂ©clinĂ© Ă lâinternational et elle a exercĂ© des fonctions au sein dâorganisations internationales, elle a par exemple conduit la dĂ©lĂ©gation iranienne Ă lâassemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de lâONU pendant prĂšs dâune dĂ©cennie[12]. Elle a Ă©galement Ă©tĂ© prĂ©sidente de la commission de lâONU sur le statut de la femme.
Controverse
MalgrĂ© son soutien public Ă la cause des droits de lâhomme et particuliĂšrement Ă ceux affĂ©rents Ă la condition fĂ©minine, elle nâa cessĂ© de soutenir le rĂ©gime despotique, voire autoritaire, de son frĂšre jumeau. Elle a Ă©galement accumulĂ© au cours de sa vie une immense fortune et menait un train de vie luxueux qui nâĂ©tait pas sans dĂ©plaire Ă certains de ses dĂ©tracteurs. Elle Ă©tait par exemple une habituĂ©e des cercles de jeu sur la CĂŽte dâAzur et Ă©tait pour cela surnommĂ©e « la panthĂšre noire » par la presse française[13].
Elle fut Ă©galement accusĂ©e dâavoir trempĂ© dans des affaires de trafic de drogue, et câest la raison pour laquelle elle fit un procĂšs au journal Le Monde aprĂšs que le mĂ©dia eut publiĂ© dans ses colonnes un article le 6 mars 1972 mentionnant son nom dans une affaire de transport de drogue. Le jugement fut rendu le 12 juillet et la princesse en sortit gagnante[14].
Notes et références
- Son nom signifie « honorée », cf Bertrand Meyer-Stabley, op. cité, p. 72
- (en-GB) AP, « Princess Ashraf, twin sister of Iranâs last shah, dies at 96 », The Guardian,â (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consultĂ© le )
- Pahlavi, Ashraf, Princess, 1919-2016. (trad. de l'anglais), Visages dans un miroir : la soeur du Shah témoigne, Paris, R. Laffont, , 247 p. (ISBN 978-2-221-00549-1 et 9782221005491, OCLC 8178140, BNF 34640186, lire en ligne)
- (en-US) William Grimes, « Ashraf Pahlavi, Twin Sister of Iranâs Last Shah, Dies at 96 », The New York Times,â (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en-GB) AP, « Princess Ashraf, twin sister of Iranâs last shah, dies at 96 », The Guardian,â (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consultĂ© le )
- « Mort de la sĆur jumelle du Chah d'Iran », sur Le Figaro, (consultĂ© le ).
- « La sĆur du chah Ă©chappe Ă un attentat Ă Antibes », France-Soir, 14 septembre 1977.
- « 20h Antenne 2 du 13 septembre 1977 - Attentat contre Ashraf Pahlavi », Archive INA, consulté le 30 mars 2021.
- « In Era of Iconoclasts, Imagination Took Wing on Beekman Place », nytimes.com, 8 septembre 2014.
- (en) Mana Kia, « Negotiating Women's Rights: Activism, Class, and Modernization in Pahlavi Iran », Comparative Studies of South Asia, Africa and the Middle East, vol. 25, no 1,â , p. 227â244 (ISSN 1548-226X, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Marvin Zionis, Majestic Failure : the Fall of the Shah, Chicago, University of Chicago Press, , p. 122
- « Ashraf Pahlavi, la sĆur du dernier Chah dâIran, est dĂ©cĂ©dĂ©e », Le Monde,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- Paris Match, « La princesse Ashraf Pahlavi est dĂ©cĂ©dĂ©e - Elle Ă©tait la jumelle de lâancien Shah dâIran », sur parismatch.com (consultĂ© le )
- « La princesse Ashraf gagne son procĂšs contre " le Monde " », Le Monde,â (lire en ligne, consultĂ© le )
Publications
Biographie
- Bertrand Meyer-Stabley, La véritable princesse Soraya, Paris, Pygmalion, 2002.
Liens externes
- (en) Site officiel