François Villon
François de Montcorbier dit Villon (/vijÉÌ/), nĂ© en 1431 (peut-ĂȘtre Ă Paris) et mort aprĂšs 1463, est un poĂšte français de la fin du Moyen Ăge.
Nom de naissance | François de Montcorbier |
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Alias |
Villon |
Naissance |
Paris, Royaume de France |
DĂ©cĂšs | aprĂšs 1463 |
Activité principale |
Langue dâĂ©criture | moyen français |
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Ćuvres principales
- Le Lais (1457)
- Le Testament (1461)
- Ballade des pendus (1462)
Ăcolier de lâUniversitĂ©, maĂźtre de la facultĂ© des Arts dĂšs 21 ans, il mĂšne tout d'abord la vie joyeuse dâun Ă©tudiant indisciplinĂ© du Quartier latin. Ă 24 ans, il tue un prĂȘtre dans une rixe et fuit Paris. AmnistiĂ©, il sâexile de nouveau, un an plus tard, aprĂšs le cambriolage du collĂšge de Navarre. Accueilli Ă Blois Ă la cour du prince-poĂšte Charles dâOrlĂ©ans, il Ă©choue Ă y faire carriĂšre. Il mĂšne alors une vie errante et misĂ©rable. EmprisonnĂ© Ă Meung-sur-Loire, libĂ©rĂ© Ă lâavĂšnement de Louis XI, il revient Ă Paris aprĂšs quelque six ans dâabsence. De nouveau arrĂȘtĂ© lors d'une rixe, il est condamnĂ© Ă la pendaison. AprĂšs appel, le Parlement casse le jugement mais le bannit pour dix ans ; il a 31 ans. Ensuite, on perd totalement sa trace.
Dans les dĂ©cennies qui suivent la disparition de Villon, son Ćuvre est publiĂ©e et connaĂźt un grand succĂšs. Le Lais, long poĂšme dâĂ©colier, et Le Testament, son Ćuvre maĂźtresse, sont Ă©ditĂ©s dĂšs 1489 â il aurait eu 59 ans. Trente-quatre Ă©ditions se succĂšdent jusquâau milieu du XVIe siĂšcle[1]. TrĂšs tĂŽt, une « lĂ©gende Villon » prend forme sous diffĂ©rents visages allant, selon les Ă©poques, du farceur escroc au poĂšte maudit.
Son Ćuvre nâest pas dâun accĂšs facile : elle nĂ©cessite notes et explications. Sa langue (dont certains termes ont disparu ou changĂ© de sens) ne nous est pas familiĂšre, de mĂȘme que sa prononciation est diffĂ©rente de l'actuelle, rendant certaines rimes curieuses dans la traduction en français moderne. Les allusions au Paris de son Ă©poque, en grande partie disparu et relevant de l'archĂ©ologie, son art du double sens et de lâantiphrase le rendent souvent difficilement comprĂ©hensible, mĂȘme si la recherche contemporaine a Ă©clairci beaucoup de ses obscuritĂ©s.
Biographie
Patronyme, date et lieu de naissance
Son patronyme, son année et son lieu de naissance restent sujets à polémique.
Les prĂ©cisions qui suivent proviennent des recherches faites, dans diffĂ©rents fonds d'archives, par Auguste Longnon et publiĂ©es dans son Ătude biographique sur François Villon : d'aprĂšs les documents inĂ©dits conservĂ©s aux Archives nationales[2].
Le nom de Montcorbier, aujourdâhui acceptĂ©, est rĂ©vĂ©lĂ© par deux lettres de rĂ©mission :
- 1re lettre de rĂ©mission (Ă©mise de Saint-Pourçain en Auvergne) accordĂ©e à « Maistre François des Loges, dit de Villon » en janvier 1456 (nouveau style, 1455 ancien style) pour un meurtre commis le jour de la FĂȘte-Dieu, au cloĂźtre de Saint-BenoĂźt-le-BĂ©tournĂ©, Ă Paris, sur la personne de Philippe Chermoye, prĂȘtre ;
- 2e lettre de rĂ©mission (Ă©mise de Paris) accordĂ©e à « François de Monterbier, maistre es arts » pour le mĂȘme crime Ă la seule modification prĂšs sur le nom de la victime « Philippe Sermoise » au lieu de « Chermoye ».
Auguste Longnon en dĂ©duit logiquement que François de Monterbier et François des Loges, dit de Villon, sont la mĂȘme personne. Par ailleurs, des archives de l'UniversitĂ© de Paris, oĂč François Villon a Ă©tudiĂ©, un nom ressort : celui de Franciscus de Moult-Corbier, parisiensis, qui apparait aussi sous la forme « Franciscus de Moncorbier ». La graphie de l'Ă©poque, rendant possible la lecture d'un « T » en « C » et d'un « E » en « O », peut assimiler « Monterbier » à « Moncorbier ». Cette hypothĂšse est dĂ©sormais acceptĂ©e. On peut aussi se rĂ©fĂ©rer Ă la « Simple conjecture sur les origines paternelles de François Villon » de l'abbĂ© Reure[3].
D'aprĂšs la premiĂšre lettre de rĂ©mission, datĂ©e de janvier 1456, l'Ăąge de Villon est de « 26 ans et environ », ce qui signifie en principe qu'il avait 26 annĂ©es rĂ©volues, l'expression « et environ » Ă©tant alors courante. Auguste Longnon indique qu'il n'est pas exclu, vu l'imprĂ©cision, que Villon ait pu avoir 25 ans. Mais l'analyse d'acte similaires par Henri Lot[4] montre que la prĂ©cision Ă©tait pourtant probablement d'usage. Il est donc possible que François Villon soit nĂ© en 1429 ou 1430, et non en 1431. Le dĂ©but du grand testament, dont tout le monde convient qu'il fut Ă©crit en 1461, Ă©nonce « en l'an de mon trentiĂšme Ăąge », reprise de l'introduction du Roman de la rose. Mais le mĂštre empĂȘche « l'an trente-et-uniĂšme » ou mĂȘme « vingt-neuviĂšme » et l'indication reste peu fiable.
Quant au lieu de naissance supposé, il n'est pas avéré. Auguste Longnon indique que la strophe du Testament, faisant référence à Paris, est douteuse à maints égards (page 6 à 9 de l'ouvrage cité en référence). Aucune autre référence n'étaie cette hypothÚse d'une naissance à Paris, qui reste donc sujette à caution.
Je suis François, dont il me poise |
Selon Auguste Longnon, cette strophe peut provenir de l'erreur d'un copiste, ĂȘtre lâĆuvre d'un faussaire, etc. Comme il existe beaucoup de variantes de ce demi-huitain, cette seule rĂ©fĂ©rence au lieu de naissance doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e avec scepticisme.
Prononciation du nom « Villon »
En français moderne, Villon se prononce [vijÉÌ][5], comme les deux derniĂšres syllabes du mot « pavillon ». Dans la Ballade finale du Grand Testament, le poĂšte fait rimer son nom avec des mots tels que « carillon » et « vermillon »[6]. Il faut donc bien prononcer « [vijÉÌ] »[7].
« Et nous dirions Vilon comme tout le monde, si François Villon ne sâĂ©tait prĂ©muni contre notre ignorance en faisant rimer son nom avec couillon. »
â Louis Aragon
Toutefois la justesse de la prononciation « [vilÉÌ] » n'est pas totalement exclue selon Albert Dauzat[8].
Jeunesse
En décembre 1456, écrivant ses Lais avant son départ de Paris, il entend la cloche de la Sorbonne sonner le couvre-feu de l'Université :
J'oĂŻs la cloche de Serbonne,
Qui toujours Ă neuf heures sonne[10]
Né en 1431, sous l'occupation anglaise, orphelin de pÚre, il est confié par sa mÚre, pauvre femme illettrée et pieuse
Femme je suis povrette et ancienne,
Qui riens ne scay ; oncques lettre ne leus[11]
Ă maĂźtre Guillaume de Villon (dont il prendra le nom au plus tard en 1456), chapelain[12] de Saint-BenoĂźt-le-BĂ©tournĂ©. Cette Ă©glise se situe en bordure de la populeuse rue Saint-Jacques, prĂšs du collĂšge de Sorbonne, en plein cĆur du quartier universitaire. Elle a Ă©tĂ© nommĂ©e ainsi parce que son chĆur, orientĂ© non pas Ă l'est mais Ă l'ouest, Ă©tait « mal tournĂ© ».
Son tuteur
Qui m'a esté plus doulx que mere
à enfant levé de maillon[13] (levé du maillot)
est un personnage important de la communautĂ© de Saint-BenoĂźt. MaĂźtre-Ăšs-arts, bachelier en dĂ©cret (droit canonique), titulaire dâune des chapelles et jouissant des revenus attachĂ©s Ă ce bĂ©nĂ©fice (il possĂšde plusieurs maisons quâil loue), il est aussi professeur de droit et reprĂ©sente la communautĂ© comme procureur. Ses relations et son crĂ©dit aideront Villon Ă se tirer de « maints bouillons[14] ». Il se charge de son instruction premiĂšre puis l'envoie Ă©tudier Ă la facultĂ© des arts de Paris pour qu'il accĂšde au statut privilĂ©giĂ© de clerc. Il y a alors quatre facultĂ©s Ă Paris : thĂ©ologie, dĂ©cret, mĂ©decine et arts, la derniĂšre servant dâintroduction aux trois premiĂšres dites « supĂ©rieures ». En 1449, Villon obtient le premier grade de la facultĂ© des arts (le baccalaurĂ©at). En 1452, Ă 21 ans, il obtient le second grade, la maĂźtrise des arts, qui fait de lui un clerc (Dominus Franciscus de Montcorbier â câest le titre inscrit sur le registre de lâUniversitĂ©[15]) portant tonsure, bonnet et robe longue, pouvant jouir dâun bĂ©nĂ©fice ecclĂ©siastique et accĂ©der aux autres facultĂ©s.
L'UniversitĂ© de Paris est alors un vĂ©ritable Ătat dotĂ© de nombreux privilĂšges. Ses membres ne peuvent ĂȘtre jugĂ©s que par un tribunal ecclĂ©siastique. Mais si les clercs comprennent presque toute la nation intellectuelle, les diplĂŽmĂ©s qui ne reçoivent pas de bĂ©nĂ©fice, et n'exercent donc aucune fonction, se trouvent en marge de la sociĂ©tĂ©. Ils constituent une classe de dĂ©voyĂ©s, voire de vagabonds. LâĂ©poque oĂč Ă©tudie Villon est une pĂ©riode de troubles universitaires, sur fond de querelle entre l'UniversitĂ© (qui a soutenu les Bourguignons puis les Anglais) et le roi Charles VII. DĂ©sordres estudiantins et heurts avec la police se multiplient. De 1453 Ă 1454, les cours sont mĂȘme supprimĂ©s Ă cause d'une longue grĂšve des professeurs[16]. Villon nĂ©glige alors ses Ă©tudes (sans doute en thĂ©ologie, pour prĂ©tendre Ă un titre plus Ă©levĂ© que celui de maĂźtre Ăšs arts) et court l'aventure. Dans son Testament, il Ă©voque cette Ă©poque avec regret :
Bien sçay, se j'eusse estudié
Ou temps de ma jeunesse folle
Et a bonnes meurs dedié,
J'eusse maison et couche molle.
Mais quoy ! je fuyoië l'escolle
Comme fait le mauvaiz enffant
En escripvant cette parolle
A peu que le cueur ne me fent ![17]
Dans le quartier de Saint-BenoĂźt, il frĂ©quente des familles de chanoines apparentĂ©es Ă des bourgeois qui exercent des charges dans lâadministration des finances, au Parlement et au ChĂątelet. C'est ainsi qu'il fait connaissance du prĂ©vĂŽt de Paris Robert dâEstouteville et de sa femme. Il se lie aussi Ă des clercs certes de bonne famille, plus fortunĂ©s que lui mais dĂ©voyĂ©s, quâil nommera les « gracieus galans »
Si bien chantans, si bien parlans,
Si plaisans en faiz et en dis[18]
comme Regnier de Montigny (parent de deux chanoines de Saint-Benoßt) et Colin de Cayeux, qui seront pendus, ou Guy Tabarie, qui dénoncera plus tard le vol du collÚge de Navarre[19].
Débuts littéraires et premiers méfaits
Le 5 juin 1455, au soir de la FĂȘte-Dieu, Villon tue un prĂȘtre lors d'une rixe. On connaĂźt lâĂ©vĂ©nement par la relation qu'en font les lettres de rĂ©mission que le poĂšte obtient en janvier 1456 (celles-ci reprennent cependant les termes de ses suppliques, donc sa propre version des faits). Assis avec un prĂȘtre et une femme sur un banc de pierre de Saint-BenoĂźt, dans la rue Saint-Jacques, il est pris Ă partie, sous un prĂ©texte qu'on ignore, par un autre prĂȘtre, Philippe Sermoise. Ce dernier tire une dague de sa robe, le frappe au visage, lui fend la lĂšvre et le poursuit. Pour se dĂ©fendre, Villon plante sa dague dans lâaine de son agresseur. Sermoise roule Ă terre. Villon lui jette une pierre au visage. Sous un faux nom, il se rend chez un barbier pour se faire panser. Sermoise meurt le lendemain, aprĂšs lui avoir pardonnĂ©. Par crainte de la justice, Villon quitte Paris et se cache pendant sept mois. GrĂące aux relations de Guillaume de Villon, il obtient, en janvier 1456, des lettres de rĂ©mission de la chancellerie royale. Elles prĂ©cisent quâil sâest jusque-là « bien et honorablement gouvernĂ© [âŠ] comme Ă homme de bonne vie ». Câest donc la premiĂšre fois quâil a affaire Ă la justice.
CâĂ©tait le plus riche et le plus vaste des collĂšges parisiens. Il sâĂ©tendait en haut de la montagne Sainte-GeneviĂšve. Vers la NoĂ«l 1456, Villon et ses complices cambriolent les coffres du CollĂšge.
Villon passe lâannĂ©e 1456 Ă Paris. Vers NoĂ«l, il gagne Angers pour fuir une maĂźtresse « qui mâa estĂ© felonne et dure », dit-il dans le Lais. Dans ce poĂšme espiĂšgle de 320 vers (40 huitains), il dit adieu Ă ceux quâil connaĂźt, amis et ennemis, en leur faisant Ă chacun un legs imaginaire, plein de sous-entendus ironiques. Si ces dons ont dĂ» amuser ses amis parisiens, aujourdâhui leur sens rĂ©siste aux efforts de dĂ©cryptage.
L'an quatre cent cinqante et six
Je, François Villon, écolier
[âŠ]
En ce temps que j'ai dit devant,
Sur le Noël, morte saison
Que les loups se vivent de vent
Et qu'on se tient en sa maison
Pour le frimas, prĂšs du tyson[20]âŠ
GrĂące Ă la dĂ©couverte du dossier relatif au vol du CollĂšge de Navarre et Ă lâinterrogatoire de Guy Tabarie, on sait que, peu de jours avant son dĂ©part, Villon et plusieurs autres malfaiteurs â dont Colin de Cayeux â se sont introduits de nuit dans le CollĂšge de Navarre en escaladant ses murs pour dĂ©rober 500 Ă©cus dâor conservĂ©s dans les coffres de la sacristie. Le vol nâest dĂ©couvert quâen mars. Une enquĂȘte est ouverte sans que les auteurs soient identifiĂ©s. Mais en juin, un complice trop bavard, Guy Tabarie, est arrĂȘtĂ© sur dĂ©nonciation. TorturĂ© au ChĂątelet, il livre le nom de ses complices : « Ilz avoient ung aultre complice nommĂ© maistre Françoys Villon, lequel estoit allĂ© Ă Angiers en une abbaye en laquel il avoit ung sien oncle qui estoit religieulx en ladite abbaye, et quâil y estoit alĂ© pour savoir lâestat dâung ancien religieulx dudit lieu, lequel estoit renommĂ© dâestre riche de V ou VIm (5 ou 6 000) escus et que lui retournĂ©, selon ce quâil rapporteroit par de ça aux autres compaignons, ilz yroient tous par delĂ pour le desbourser[21]. »
Les véritables raisons du départ de Villon auraient donc été de fuir la justice et de préparer un nouveau cambriolage.
Une autre hypothĂšse est Ă©mise par AndrĂ© Burger[22] qui est impossible Ă vĂ©rifier mais donne toutefois un bon exemple des conjectures suscitĂ©es par les nombreuses zones dâombre entourant la vie du poĂšte. Elle sâappuie sur un dĂ©tail donnĂ© par Guy Tabarie dans son interrogatoire : « lâung dâeulx (il sâagirait de Villon selon Burger) les avoit destournez et empeschez de crocheter unes aulmoires pres dudit coffre (contenant les 500 Ă©cus), lesquelles aulmoires avoit bien plus grant chevance, comme IIII ou VM escus (4 ou 5 000), et disoit ledit maistre Guy que les autres compaignons maudisoient leur compaignon qui les avoit destournez de crocheter lesdictes aulmoires[23]. » Le poĂšte ne serait pas un voleur professionnel : il aurait seulement voulu se procurer une somme dâargent pour rejoindre, Ă Angers, la cour du roi RenĂ© et devenir poĂšte attachĂ© au mĂ©cĂšne. Pour dĂ©dommager ses complices de leur pillage parisien imparfait, il leur aurait fait miroiter la possibilitĂ© d'un cambriolage prometteur Ă Angers.
Une interprĂ©tation des vers 1457-1460 du Testament semble indiquer que le roi RenĂ© lâaurait mal reçu[24].
AprĂšs lâarrestation de Tabarie, Villon ne peut plus rentrer Ă Paris et est dĂ©sormais condamnĂ© Ă mener une vie errante et misĂ©rable. Cet exil va durer prĂšs de six annĂ©es, pendant lesquelles on perd sa trace. Trop vagues, les lieux citĂ©s dans le Testament ne peuvent ĂȘtre identifiĂ©s.
à la cour de Charles d'Orléans
En dĂ©cembre 1457-janvier 1458, ses pĂ©rĂ©grinations le conduisent Ă Blois, Ă la cour du duc d'OrlĂ©ans. Petit-fils de Charles V, le prince a alors 63 ans et nâest pas encore pĂšre du futur Louis XII. Prisonnier des Anglais pendant vingt-cinq ans, il a Ă©crit pour se distraire et est devenu le premier poĂšte de son Ă©poque. RentrĂ© en France, il a fait de sa cour le rendez-vous des plus fins rimeurs. On y vient de loin, sĂ»r dâĂȘtre bien accueilli.
Des albums recueillent les compositions du duc, de ses courtisans et de ses invitĂ©s. Dans l'un de ces manuscrits[25] se trouvent trois ballades de Villon, probablement autographes : lâĂpĂźtre Ă Marie d'OrlĂ©ans, la Ballade des contradictions (prĂ©cĂ©dĂ©e dans le manuscrit du nom, en partie rognĂ©, de lâauteur) et la Ballade franco-latine.
LâĂpĂźtre Ă Marie d'OrlĂ©ans comprend deux poĂšmes dĂ©diĂ©s Ă la fille du duc, Marie : l'un pour cĂ©lĂ©brer sa naissance, le 19 dĂ©cembre 1457 ; l'autre pour la remercier de lâavoir tirĂ© dâun mauvais pas (il aurait Ă©tĂ© libĂ©rĂ© de prison, en 1460, lors de l'entrĂ©e dans OrlĂ©ans de Marie, alors ĂągĂ©e de 3 ans[26]).
La Ballade des contradictions, dite aussi du concours de Blois, est la troisiÚme d'une série de dix ballades composées par divers auteurs sur le thÚme, imposé par Charles d'Orléans, du jeu des contradictions : « Je meurs de soif en couste (à cÎté de) la fontaine ». La ballade de Villon traduirait son malaise de se trouver dans un milieu trÚs différent de ceux qu'il a connus jusque-là :
En mon pays suis en terre loingtaine [âŠ]
Je riz en pleurs et attens sans espoir [âŠ]
Bien recueully, debouté de chascun.
La derniÚre contribution de Villon est la Ballade franco-latine, qui fait écho à deux poÚmes bilingues du manuscrit, en forme de dialogue entre Charles et l'un de ses favoris, Fredet. Comme l'a montré Gert Pinkernell[27], c'est une attaque en rÚgle contre Fredet. Dans deux ballades, Villon est réprimandé par Charles et l'un de ses pages qui, sans le nommer, l'accusent de mensonge et d'arrivisme.
AprĂšs cet Ă©pisode, Villon quitte vraisemblablement la cour de Blois.
En octobre-novembre 1458, il tente en vain de reprendre contact avec son ancien et éphémÚre mécÚne venu assister, à VendÎme, au procÚs pour trahison de son gendre Jean II d'Alençon. Il fait parvenir à Charles la Ballade des proverbes et la Ballade des menus propos. Mais ce dernier ne le reçoit plus à sa cour.
DerniÚres années connues
Durant l'Ă©tĂ© 1461, Villon est emprisonnĂ© Ă Meung-sur-Loire. Dans la basse fosse de la prison de lâĂ©vĂȘque dâOrlĂ©ans Thibault dâAussigny, « la dure prison de Mehun », il est nourri
⊠dâune petite miche
Et de froide eaue tout ung esté[28].
Quâa-t-il fait ? On lâignore. Mais il aurait Ă©tĂ© dĂ©chu de sa qualitĂ© de clerc par lâĂ©vĂȘque (qui n'en avait pas le droit, Villon relevant du seul Ă©vĂȘque de Paris). Dans l'ĂpĂźtre Ă ses amis, il appelle Ă lâaide :
Aiez pictié, aiez pictié de moi
Ă tout le moins, sâi vous plaist, mes amis !
En fosse giz (non pas soubz houz ne may) (non pas sous les houx des fĂȘtes de mai)
[âŠ] Bas en terre - table n'a ne trestaux.
Le lesserez lĂ , le povre Villon ?
Villon a ressenti comme injuste et excessivement sĂ©vĂšre la peine infligĂ©e par Thibault dâAussigny. Câest de la prison de Meung quâil fait dater tous ses malheurs. Dans le Testament, il rend l'Ă©vĂȘque responsable de sa dĂ©chĂ©ance physique et morale et le voue aux gĂ©monies :
Synon aux traitres chiens mastins
Qui mâont fait ronger dures crostes, (croĂ»tes)
[âŠ] Je feisse pour eulx pez et roctesâŠ
[âŠ] Câon leur froisse les quinze costes
De groz mailletz, fors et massiz[29]
Le 2 octobre 1461, le nouveau roi Louis XI fait son entrĂ©e solennelle Ă Meung-sur-Loire. Comme le veut la coutume, on libĂšre, en signe de joyeux avĂšnement, quelques prisonniers nâayant pas commis de dĂ©lits trop graves. Bien que la lettre de rĂ©mission nâait pas Ă©tĂ© conservĂ©e, on sait que Villon recouvre la libertĂ© Ă cette occasion : il remercie en effet le roi dans la Ballade contre les ennemis de la France. Dans la Requeste au prince, il demande une aide financiĂšre Ă un prince du sang qui pourrait ĂȘtre Charles dâOrlĂ©ans[30]. Estimant que son exil a assez durĂ©, il rejoint Paris[31].
Mais il doit se cacher car lâaffaire du vol du CollĂšge de Navarre nâest pas oubliĂ©e. C'est peut-ĂȘtre alors qu'il rĂ©dige la Ballade de bon conseil, oĂč il se prĂ©sente comme un dĂ©linquant amendĂ©, puis la Ballade de Fortune, exprimant sa dĂ©ception croissante Ă l'Ă©gard des bien-pensants qui hĂ©sitent Ă l'accueillir[32].
Fin 1461, il entame son Ćuvre maĂźtresse, Le Testament :
En l'an de mon trentĂŻesme aage,
Que toutes mes hontes j'euz beues,
Ne du tout fol, ne du tout saige[33]âŠ
L'Ă©dition princeps du Testament publiĂ©e Ă Paris par Pierre Levet en 1489 est un petit in-4° de 113 pages illustrĂ© de quatre gravures (un homme, une femme, un Ă©vĂȘque et trois pendus).
Le Testament est une Ćuvre beaucoup plus variĂ©e que le Lais. Il comprend 186 strophes de 8 vers (1488 vers), qui en constituent la partie proprement narrative, Ă laquelle s'ajoutent 16 ballades et 3 rondeaux (535 vers) soit antĂ©rieurs, soit Ă©crits pour la circonstance. Le Testament ne commence quâau vers 793. FacĂ©tieux et satirique, Villon â qui ne possĂšde rien â s'exprime en homme trĂšs riche et fait des legs aussi comiques qu'imaginaires Ă des gens quâil dĂ©teste. La premiĂšre partie, souvent appelĂ©e les Regrets, exprime un jugement sur lui-mĂȘme (il est seul, pauvre, prĂ©maturĂ©ment vieilli) et sur son passĂ© â mĂ©ditation poignante sur la vie et la mort.
Le 2 novembre 1462, Villon est de nouveau arrĂȘtĂ© pour un larcin. Mais l'affaire du collĂšge de Navarre le rattrape. La FacultĂ© de thĂ©ologie fait opposition Ă sa remise en libertĂ©. Elle dĂ©lĂšgue l'un de ses maĂźtres, Laurens Poutrel, chapelain de Saint-BenoĂźt (connaissant donc bien Guillaume de Villon), pour nĂ©gocier avec le prisonnier. Celui-ci doit promettre de rembourser sa part de butin â soit 120 livres â dans un dĂ©lai de trois ans (documents retrouvĂ©s par Marcel Schwob[34]).
Cette pĂ©riode de libertĂ© est de courte durĂ©e. Ă la fin du mĂȘme mois, Villon est de nouveau impliquĂ© dans une rixe. MaĂźtre Ferrebouc, un notaire pontifical ayant participĂ© Ă l'interrogatoire de Guy Tabarie (documents retrouvĂ©s par Auguste Longnon[35]), a Ă©tĂ© blessĂ© lĂ©gĂšrement dâun coup de dague. Villon et quatre de ses compagnons remontaient la rue Saint-Jacques un soir aprĂšs souper. Un de ses compagnons, voyant de la lumiĂšre Ă lâauvent de lâĂ©critoire de Ferrebouc (les notaires sont autorisĂ©s Ă travailler aprĂšs le couvre-feu), sâarrĂȘte Ă la fenĂȘtre, se moque des scribes et crache dans la piĂšce. Les clercs sortent avec le notaire. Une mĂȘlĂ©e s'ensuit. Bien qu'il semble sâĂȘtre tenu Ă l'Ă©cart, Villon est arrĂȘtĂ© le lendemain et incarcĂ©rĂ© au Grand ChĂątelet. Avec le nouveau roi, le personnel a changĂ© : son ancien protecteur, Robert dâEstouteville, nâest plus en fonctions. Ătant donnĂ© ses antĂ©cĂ©dents et la qualitĂ© de Ferrebouc, l'affaire s'annonce trĂšs grave. DĂ©gradĂ© de son statut de clerc, mis Ă la question de lâeau, Villon est condamnĂ© Ă ĂȘtre « Ă©tranglĂ© et pendu au gibet de Paris ». La PrĂ©vĂŽtĂ© entend bien se dĂ©barrasser de ce rĂ©cidiviste. Villon fait appel, devant le Parlement de Paris, d'une sentence quâil considĂšre comme une injustice, une « tricherie[36] ». Attendant avec angoisse la dĂ©cision de la Cour, c'est sans doute dans sa geĂŽle qu'il compose le Quatrain (voir plus bas Ă©tude du Quatrain) et la cĂ©lĂšbre Ballade des pendus[37]. En effet, le Parlement confirmait en gĂ©nĂ©ral les peines de la PrĂ©vĂŽtĂ©.
Le 5 janvier 1463, le Parlement casse le jugement rendu en premiĂšre instance (Pierre Champion note que, parmi les trois personnes qui pouvaient en ce temps-lĂ prĂ©sider les assises criminelles, il y avait Henri Thiboust, chanoine de Saint-BenoĂźt). Mais « eu regard a la mauvaise vie dudit Villon », il le bannit pour dix ans. Villon adresse alors au clerc du guichet du ChĂątelet (chargĂ© de la tenue du registre dâĂ©crou) la joyeuse Ballade de lâappel et au Parlement une grandiloquente Louenge et requeste Ă la court, oĂč il remercie les magistrats et demande un sursis de trois jours « pour moy pourvoir et aux miens Ă Dieu dire[38] ». C'est son dernier texte connu.
Villon quitte Paris, probablement le 8 janvier 1463. Ensuite, on perd toute trace de lui. « Le malheureux qui, par plusieurs fois, se prĂ©tend minĂ© par la maladie, vieilli avant lâĂąge par les souffrances, touchait-il rĂ©ellement Ă sa fin ? Câest bien possible, Ă©crit Auguste Longnon[39], car on ne comprendrait pas quâun poĂšte de ce talent eĂ»t vĂ©cu longtemps sans produire de vers. »
Au moment de quitter ce monde, Ă©crit Villon Ă la fin du Testament :
Dans leur livre Sermon joyeux et Truanderie, Jelle Koopmans et Paul Verhuyck ont Ă©tudiĂ© les liens textuels entre la Ballade de l'Appel (5 janvier 1463) et le Sermon joyeux de saint Belin (inconnu jusque-lĂ ). Ce sermon joyeux, dans l'exemplaire unique de la BnF, est suivi de la Ballade de l'Appel. Les deux textes se rĂ©pondent parfaitement, tant et si bien que le sermon joyeux pourrait ĂȘtre de Villon. De toute façon, c'est avec ce sermon joyeux que commence la lĂ©gende de Villon[42].
La légende Villon
Villon devient rapidement le type populaire de lâescroc. Il est reprĂ©sentĂ© ici en clerc, figure rase, cheveux courts, portant le bonnet, insigne du licenciĂ© Ăšs arts, et la robe longue. Il tient un livre dâune main et de lâautre une banderole oĂč se lit son nom.
Villon â comme dâautres personnages du Moyen Ăge : Du Guesclin, Jeanne d'Arc â passe trĂšs vite dans la lĂ©gende. Le texte le plus connu de la lĂ©gende villonienne est le Recueil des Repues franches de maistre François Villon et de ses compagnons[43], oĂč il est prĂ©sentĂ© comme un gai luron et un pique-assiette, voir ci-contre.
Certaines de ses ballades sont cĂ©lĂšbres dĂšs la fin du XVe siĂšcle, mais on ne sait de lui que ce que lâon peut apprendre dans son Ćuvre (quâil faut se garder de lire comme une simple et sincĂšre confidence, le poĂšte ayant lui-mĂȘme Ă©laborĂ© son mythe â ou plutĂŽt ses mythes[44]). Il faut attendre la fin du XIXe siĂšcle pour ĂȘtre mieux renseignĂ© sur la vie du poĂšte, grĂące Ă quelques prĂ©cieux documents retrouvĂ©s dans les Archives. Il reste nĂ©anmoins encore dâimportantes zones dâombre qui donnent libre cours aux imaginations, dâoĂč, selon les Ă©poques, les diffĂ©rentes images constitutives de la « lĂ©gende Villon ».
Villon, villonner, villonnerie
Villon disparaĂźt mystĂ©rieusement aprĂšs son dĂ©part de Paris en 1463, mais il connaĂźt une cĂ©lĂ©britĂ© immĂ©diate. DĂšs 1489 â il aurait eu 59 ans â ses Ćuvres sont Ă©ditĂ©es chez Pierre Levet et une vingtaine dâĂ©ditions reproduisent le texte de Levet jusquâen 1533. Ă la demande de François Ier, Marot donne alors du « meilleur poĂšte parisien qui se trouve »[45] une nouvelle Ă©dition oĂč il sâefforce de corriger les fautes des Ă©ditions prĂ©cĂ©dentes. Les allusions satiriques des legs sont dĂ©jĂ devenues inintelligibles (« il faudrait avoir estĂ© de son temps Ă Paris, et avoir connu les lieux, les choses et les hommes dont il parle », dit Marot[45]) mais dĂ©jĂ lâimagerie populaire a transformĂ© Villon. Elle a fait du poĂšte le type de lâescroc par excellence, grand farceur et grand buveur, toujours habile Ă tromper le bourgeois pour vivre dâexpĂ©dients. Il est le hĂ©ros du Sermon des repues franches de maistre Françoys Villon, un petit recueil sur lâart de vivre aux dĂ©pens dâautrui, dont le succĂšs est considĂ©rable autour des annĂ©es 1500. Le poĂšte apparaĂźt comme un bouffon, vivant dâescroqueries journaliĂšres avec ses compagnons. Image que Villon avait paru se rĂ©signer Ă laisser de lui dans le Testament :
Au moins sera de moy mémoire
Telle quâelle est dâun bon follastre[46].
Son vĆu est exaucĂ©, au-delĂ peut-ĂȘtre de ses espĂ©rances. Son nom devient si populaire quâil entre dans la langue : on dit villonner pour duper, tromper, payer en fausse monnaie. Villon, villonner, villonnerie avec le sens de fripon, friponner, friponnerie figurent encore dans le dictionnaire[47] de FuretiĂšre (1702) et dans le dictionnaire Ă©tymologique[47] de MĂ©nage (1694), ce dernier ouvrage prĂ©cisant mĂȘme que « le poĂ«te Villon fut appelĂ© Villon Ă cause de ses friponneries : car son nom Ă©toit François Corbeuil[48]. »
Rabelais, qui connaĂźt bien lâĆuvre de Villon (il le mentionne plusieurs fois dans ses livres, cite de mĂ©moire le Quatrain dans Pantagruel[49] ainsi que le refrain « mais oĂč sont les neiges dâantan ? »), le considĂšre, avec son Ă©poque, comme un fou qui dit de bons mots et joue de bonnes farces. Il nous apprend, toujours dans Pantagruel[50], que Villon, « sur ses vieulx jours », a trouvĂ© refuge Ă Saint-Maixent-en-Poitou et raconte un tour sinistre jouĂ© par lâincorrigible mauvais sujet au frĂšre Tappecoue, sacristain des Cordeliers.
Le premier « poÚte maudit »
Dâautres images viendront se superposer. Avec le XIXe siĂšcle, Villon acquiert son statut de premier « poĂšte maudit », mais câest encore une « figure sans chair ». Câest Ă partir de 1873, grĂące aux recherches entreprises par Auguste Longnon et Marcel Schwob, que sont dĂ©couverts les documents relatifs au meurtre de Philippe Sermoise (lettres de rĂ©mission de 1455), au vol du collĂšge de Navarre (enquĂȘte de 1457-1458) et Ă la rixe Ferrebouc (arrĂȘt du Parlement de 1463). Lâaccent est mis alors et jusquâĂ aujourdâhui (voir le tĂ©lĂ©film de 2009 Je, François Villon, voleur, assassin, poĂšteâŠ) sur le dĂ©classĂ© social, le voleur, le meurtrier condamnĂ© Ă ĂȘtre pendu, le coquillard.
Villon Ă©tait-il un criminel notoire, ou ne fut-il meurtrier que par accident en tuant Philippe Sermoise ? A-t-il fait partie des Coquillards ou Compagnons de la Coquille, bande de malfaiteurs qui sĂ©vit principalement en Bourgogne et en Champagne au cours des annĂ©es 1450 ? On ne dispose d'aucune preuve attestant de son appartenance Ă cette association de malfaiteurs. Les a-t-il frĂ©quentĂ©s en vagabondant sur les routes ? Il a connu au moins l'un dâentre eux, Regnier de Montigny, signalĂ© Ă Dijon en 1455 comme lâun des Coquillards et qui Ă©tait peut-ĂȘtre un ami d'enfance de Saint-BenoĂźt. Colin de Cayeux, le complice du cambriolage du collĂšge de Navarre que Villon appelle par calembour Colin « l'Ăcailler[51] », a-t-il fait partie de la Coquille ? Tous deux finirent au gibet, sans doute le gibet de Montfaucon, lâun en 1457, lâautre en 1460. Les Coquillards utilisaient entre eux un jargon rĂ©vĂ©lĂ© par leur procĂšs Ă Dijon en 1455. Villon emploie le verbe jargonner dans un vers de l'une des ballades diverses dont l'une des variantes (1489) fait allusion aux pipeurs (mot recensĂ© chez les Coquillards et renvoyant Ă des tricheurs, notamment au jeu de dĂ©s) :
Je congnois quand pipeur jargonne[52]
Certains termes du jargon des Coquillards sont utilisĂ©s dans six ballades dont l'intĂ©rĂȘt est plus linguistique que littĂ©raire et qui sont attribuĂ©es Ă Villon dans lâĂ©dition de Levet (1489) sous le titre Le jargon et jobellin dudit Villon. Cinq autres ballades jargonnesques ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es au XIXe siĂšcle dans un manuscrit de la fin du XVe siĂšcle, mais leur attribution Ă Villon a Ă©tĂ© contestĂ©e. Quoi qu'il en soit de la paternitĂ© de Villon sur une partie ou sur la totalitĂ© de ces ballades, cela ne fait pas nĂ©cessairement de lui un membre de la Coquille, d'autant que, comme l'Ă©crit Claude Thiry[53], « cet argot courait les routes comme les bandits qui les Ă©cumaient, et les errants, vivant dâexpĂ©dients plus ou moins honnĂȘtes, cĂŽtoyaient dans les tavernes les criminels endurcis ». Jean Favier est lui aussi rĂ©servĂ© : « La langue nâest pas un argument suffisant pour rattacher le poĂšte Ă la pĂšgre organisĂ©e. » Il met lâaccent sur lâaventure verbale : « Riches de deux expĂ©riences, celle de lâartien et celle du voyou, Villon sâamuse des mots comme des raisonnements[54] ». Le texte et le sens de ces ballades ont fait l'objet de nombreuses conjectures. Le linguiste Pierre Guiraud[55] a trouvĂ©, pour celles de l'Ă©dition Levet, trois sens et trois publics superposĂ©s : selon lui, elles concerneraient tout Ă la fois des tromperies et agressions 1/ de Coquillards, 2/ de tricheurs aux cartes, 3/ d'homosexuels, mais il n'a pas vraiment convaincu les spĂ©cialistes de Villon et de l'argot, puisque tous les Ă©diteurs-traducteurs des ballades en jargon depuis 1968, sauf un[56], s'en sont tenus Ă la premiĂšre interprĂ©tation pour la dĂ©linquance et la criminalitĂ©, conforme Ă la tradition depuis 1489 et renforcĂ©e par les travaux de Marcel Schwob sur les Coquillards en 1890-1892. En outre, concernant la bande des Coquillards de Dijon, il ne faut pas oublier qu'une partie a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e en 1455 au bordel de la ville dans lequel ils se donnaient rendez-vous et avaient leurs habitudes et leurs maĂźtresses[57].
Villon Ă©tait-il un vrai bandit, ou nâĂ©tait-il quâun marginal incapable par la faiblesse de sa volontĂ© de sâarracher au milieu qui le condamnait perpĂ©tuellement ?
Riens ne hais que perseverance[58].
Est-ce lui qui nâa pas voulu que lâon touche Ă la plus grande partie du trĂ©sor du collĂšge de Navarre (interrogatoire de maĂźtre Guy Tabarie du ) ? Cherchait-il seulement des fonds pour avoir les moyens de faire une carriĂšre de poĂšte de cour ?
Toutes ces questions nâont toujours pas de rĂ©ponse aujourdâhui et continuent d'alimenter la lĂ©gende de François Villon.
Ćuvre
Mais oĂč sont les neiges dâantan[59] ?
Tout aux tavernes et aux filles[60].
Il nâest tresor que de vivre Ă son aise[61].
Il nâest bon bec que de Paris[62].
En ce bordeau (bordel) oĂč tenons nostre estat[63].
Je crye Ă toutes gens mercys[64].
Autant en emporte ly vens[65].
Je congnois tout, fors que moy mesmes[66].
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre[67].
Li lesserez lĂ , le povre Villon[68] ?
Villon n'a pas tant renouvelĂ© la forme de la poĂ©sie de son Ă©poque que la façon de traiter les thĂšmes poĂ©tiques hĂ©ritĂ©s de la culture mĂ©diĂ©vale, qu'il connaĂźt parfaitement, et qu'il anime de sa propre personnalitĂ©[69]. Ainsi, il prend Ă contre-pied l'idĂ©al courtois, renverse les valeurs admises en cĂ©lĂ©brant les gueux promis au gibet, cĂšde volontiers Ă la description burlesque ou Ă la paillardise, et multiplie les innovations de langage. Mais la relation Ă©troite que Villon Ă©tablit entre les Ă©vĂ©nements de sa vie et sa poĂ©sie l'amĂšne Ă©galement Ă laisser la tristesse et le regret dominer ses vers. Le Testament (1461-1462), qui apparaĂźt comme son chef-d'Ćuvre, s'inscrit dans le prolongement du Lais que l'on appelle Ă©galement parfois le Petit Testament, Ă©crit en 1456. Ce long poĂšme de 2023 vers est marquĂ© par l'angoisse de la mort et recourt, avec une singuliĂšre ambiguĂŻtĂ©, Ă un mĂ©lange de rĂ©flexions sur le temps, de dĂ©rision amĂšre, d'invectives et de ferveur religieuse. Ce mĂ©lange de tons contribue Ă rendre l'Ćuvre de Villon d'une sincĂ©ritĂ© pathĂ©tique qui la singularise par rapport Ă celle de ses prĂ©dĂ©cesseurs[70].
La bibliothĂšque historique de la ville de Paris possĂšde une collection d'environ 400 ouvrages et Ćuvres du poĂšte, rĂ©unie par Rudolf Sturm, auteur d'une importante bibliographie de l'auteur.
Dans sa cĂ©lĂšbre Anthologie de la PoĂ©sie française publiĂ©e dans la collection de la PlĂ©iade, AndrĂ© Gide insiste longuement sur l'importance de François Villon en son temps et dans l'histoire de la poĂ©sie française : « Vous avez Villon, disait Housman. Oui ; parmi l'extraordinaire fatras pseudo-poĂ©tique oĂč commençait de s'informer notre langue, Villon surgit qui, dans cette voie lactĂ©e avec feux Ă©teints, luit pour nous d'un Ă©clat incomparable[71]. »
Un poĂšte de son temps
Nonobstant l'universalité des préoccupations de Villon, il faut admettre qu'il a d'abord écrit pour son temps. Ses poÚmes s'adressent tantÎt aux joyeux drilles du Quartier Latin, tantÎt aux princes susceptibles de le prendre sous leur protection.
D'un point de vue formel, il ne semble pas innover et reprend Ă son compte, puis adapte, de nombreux genres littĂ©raires dĂ©jĂ anciens. Il faut cependant replacer cette remarque dans le contexte historique. Le Moyen Ăge est, d'un point de vue intellectuel, une pĂ©riode oĂč les rĂšgles et la symbolique sont parfois plus importantes que le fond du propos. En littĂ©rature, comme dans d'autres arts, les Ćuvres doivent suivre ces stĂ©rĂ©otypes qui appartiennent Ă la culture commune et permettent au lecteur d'appliquer une grille de lecture assez convenue.
En ce qui concerne les thĂšmes qu'il aborde, lĂ encore, Villon ne fait pas montre d'une grande originalitĂ©, tant s'en faut. La mort, la vieillesse, l'injustice, l'amour impossible ou déçu et mĂȘme les affres de l'emprisonnement sont parmi les sujets classiques de la littĂ©rature mĂ©diĂ©vale.
DÚs lors, qu'est-ce qui différencie Villon de ses contemporains[72] ?
Un témoignage autobiographique
En premier lieu, si les sujets abordĂ©s sont classiques, peu d'auteurs les ont vĂ©cus d'aussi prĂšs et, sans avoir toujours des parcours faciles, la plupart furent assez vite intĂ©grĂ©s dans des cours de seigneurs Ă moins qu'ils ne fussent eux-mĂȘmes des grands du royaume comme Charles d'OrlĂ©ans (qui, retenu comme otage connut certes un long exil, mais un exil « dorĂ© »). Villon, quant Ă lui, a brĂ»lĂ© sa vie au fond des tavernes au milieu des gueux, des bandits et des prostituĂ©es. Il fut plusieurs fois emprisonnĂ© et a rĂ©ellement frĂŽlĂ© la mort[73].
« En l'an de [son] trentïesme aage[74] », comme épuisé par cette vie d'aventure, par l'emprisonnement, par la torture et la déchéance, il compose son Testament. Cette vie dissolue transparaßt donnant une profondeur et une sincérité touchantes à ses textes, et ce d'autant plus que consciemment ou non, nous lisons Villon à l'aune de son histoire personnelle.
Outre l'intensitĂ© de son propos, ce qui diffĂ©rencie radicalement l'Ćuvre de Villon de toute la production poĂ©tique mĂ©diĂ©vale, c'est son caractĂšre autobiographique revendiquĂ©[75] (mĂȘme si, nous l'avons vu, la vĂ©racitĂ© des faits est sujette Ă caution). Sans doute la premiĂšre personne est-elle couramment utilisĂ©e par ses contemporains et prĂ©dĂ©cesseurs ; mais il s'agit d'un « je » toujours attĂ©nuĂ©, voilĂ©, le narrateur Ă©clipsant l'auteur. Il est trĂšs courant Ă l'Ă©poque que le narrateur relate un rĂȘve au cours duquel se dĂ©roule l'action. C'est le cas par exemple dans le Roman de la Rose. Ce procĂ©dĂ© dilue l'action et la vraie personnalitĂ© de l'auteur dans les brumes du sommeil et les dĂ©lires oniriques, crĂ©ant une situation « fantastique » qui tient le lecteur Ă distance. En revanche, lorsque Villon se sert du thĂšme du songe Ă la fin du Lais, il le dĂ©tourne de son utilisation classique pour mieux se rire du lecteur[76]. En effet, l'action supposĂ©e rĂȘvĂ©e est ici l'Ă©criture mĂȘme du texte pourtant bien concret que l'on vient de lire⊠Il provoque ainsi une mise en abyme et un paradoxe qui, loin de relativiser le « je », insiste au contraire sur la sincĂ©ritĂ© et la parfaite conscience de Villon lors de la rĂ©daction du Lais. De mĂȘme, le « je » de Villon est puissant et trĂšs concret. LĂ oĂč les autres admettent du bout des lĂšvres : « j'ai ouĂŻ dire queâŠÂ» ou « j'ai rĂȘvĂ© que⊠», Villon se veut affirmatif : « je dis que⊠» et « je pense que »[77].
En somme, sans ĂȘtre rĂ©volutionnaire, Villon reprend Ă son compte la tradition littĂ©raire, se l'approprie et la pervertit pour en faire un porte-voix de sa propre personnalitĂ© et de ses Ă©tats d'Ăąme.
Le PoĂšte et la Mort
Dans son Anthologie de la poésie française (Hachette, Paris, 1961), Georges Pompidou écrit :
« (Villon) a peu Ă©crit et encore y a-t-il dans son Ćuvre beaucoup de vers inutiles. Mais les quelques centaines de vers qui comptent (et que j'ai essayĂ© de citer intĂ©gralement) suffisent Ă faire de lui l'un des grands parmi les grands, avant et avec Baudelaire, celui qui a su le mieux parler de la mort. »
Le Lais
Le Lais est une Ćuvre de jeunesse (1457) formĂ©e de quarante huitains d'octosyllabes, oĂč l'on voit un Villon, joyeux et parfois potache, Ă©grener une suite de « dons » ou de « legs » plus ou moins loufoques, mais toujours cruels et souvent drĂŽles, Ă destination de ses ennemis. Ses cibles favorites sont les autoritĂ©s, la police, les ecclĂ©siastiques trop bien nourris, les bourgeois, les usuriers, en somme les cibles Ă©ternelles de la contestation Ă©tudiante et prolĂ©taire. Il reprend dans ce texte plusieurs genres littĂ©raires connus : au vu des circonstances (le dĂ©part pour Angers) et de l'utilisation de motifs de l'amour courtois des trouvĂšres, ce pourrait ĂȘtre un congĂ©, dans la droite ligne de la tradition arrageoise[78], oĂč le poĂšte galant quitte sa dame qui l'a trop fait souffrir[79].
Cependant, il est ici question de lais (de « laisser »), des dons qui font penser aux testaments littĂ©raires, tel celui d'Eustache Deschamps qui parodia Ă la fin du XIVe siĂšcle toute sorte de documents lĂ©gaux[80]. Enfin, dans les derniĂšres strophes, Villon reprend Ă son compte le thĂšme fort usitĂ© du songe oĂč l'auteur raconte une aventure qui lui est arrivĂ©e en rĂȘve. Parodie de congĂ©, testament satirique et songe ironique : les Lais sont tout cela successivement[81].
Le Lais est avant tout destinĂ© Ă ses amis et compagnons de dĂ©bauche et fourmille d'allusions et de sous-entendus aujourdâhui indĂ©chiffrables mais qui Ă coup sĂ»r devaient beaucoup faire rire ses camarades. Il semble cependant avoir eu un petit succĂšs, car Villon y fait plusieurs fois rĂ©fĂ©rence dans le Testament, se plaignant de façon plaisante que l'Ćuvre circule sous le titre erronĂ© de « testament » :
Sy me souvient, ad mon advis,
Que je feiz Ă mon partement
Certains laiz, l'an cinquante six,
Qu'aucuns, sans mon consentement,
Voulurent nommer « testament » ;
Leur plaisir fut, non pas le myen.
Mais quoy! on dit communément :
« Ung chascun n'est maistre du scien. »[82]
Le Testament
L'imprimerie rĂ©pand l'Ćuvre de François Villon.
Le Testament est une Ćuvre beaucoup moins homogĂšne que n'est le Lais. S'il reprend l'idĂ©e de parodie d'un acte juridique, ce n'est en fait qu'une colonne vertĂ©brale sur laquelle viennent se greffer toutes sortes de digressions sur l'injustice, la fuite du temps, la mort, la sagesse⊠ainsi que des poĂšmes autonomes souvent prĂ©sentĂ©s comme des legs. On retrouve cependant la plume vive et acerbe et l'humour tantĂŽt noir et subtil, tantĂŽt franchement rigolard et paillard qui caractĂ©rise Villon. Peut-ĂȘtre l'auteur souhaite-t-il prĂ©senter ici un large spectre de ses talents afin d'attirer l'attention d'un Ă©ventuel mĂ©cĂšne, le Testamen*/ t devenant une sorte de carte de visite. Le texte s'adresse aussi Ă ses anciens compagnons, soit la foule de misĂ©reux cultivĂ©s que produit Ă cette Ă©poque la Sorbonne.
Villon a insĂ©rĂ© dans son Testament plusieurs ballades, dont certaines sans doute composĂ©es plus tĂŽt. La plus cĂ©lĂšbre est la Ballade des Dames du temps jadis (Testament, vv. 329-356 ; le titre est de ClĂ©ment Marot) avec le fameux vers-refrain Mais oĂč sont les neiges dâantan ?
Villon y Ă©numĂšre plusieurs dames, historiques, mythologiques ou contemporaines, et se demande oĂč se trouvent ces personnes mortes. Il associe ainsi deux motifs traditionnels, lâubi sunt[83] et le tempus fugit[84], topos dĂ©jĂ exploitĂ©s dans les huitains prĂ©cĂ©dents (Testament, vv. 281-328).
Je connais que pauvres et riches
Sages et fols, prĂȘtres et lais,
Nobles, vilains, larges et chichesâŠ
Mort saisit sans exception[86].
Cette ballade a Ă©tĂ© abondamment commentĂ©e[88]. Mais la clef poĂ©tique est dans le pluriel, les neiges; car Villon a Ă©tĂ© le premier Ă employer le mot au pluriel dans le cadre dâune plainte sur le temps qui passe.
En 1989, Paul Verhuyck a montrĂ©, arguments historiques Ă lâappui, que Villon a dĂ©crit des statues de neige, des sculptures de glace[89]. La tradition mĂ©diĂ©vale des fĂȘtes de neige est amplement attestĂ©e, avant et aprĂšs Villon, avec par exemple une danse macabre, Jeanne d'Arc, des figures mythologiques, une sirĂšne, Roland, Rainouart, Flora !
Ainsi, le mystĂšre poĂ©tique du motif dâubi sunt rĂ©side dans une double mort : Villon ne se demande pas seulement oĂč sont les dames mortes, mais aussi oĂč sont leurs figures de neige, les neiges dâantan. Le mot dâantan avait au XVe siĂšcle encore son sens Ă©tymologique : ante annum signifie lâannĂ©e passĂ©e.
Comme la Ballade des dames du temps jadis forme un triptyque avec la Ballade des seigneurs du temps jadis et la Ballade en vieil langage Françoys (Testament, vv. 357-412), on peut mĂȘme se demander si la fĂȘte de neige ne se prolonge pas dans ces deux derniĂšres ballades.
Si Villon a dĂ©crit des sculptures de neige, il a dĂ» sâinspirer dâun hiver particuliĂšrement froid. Or, lâhistoire du climat nous apprend que lâhiver de 1457-1458 (n.st.) fut exceptionnellement sĂ©vĂšre. Ătant donnĂ© le sens Ă©tymologique dâantan, Villon a Ă©crit cette ballade des dames un an plus tard, en 1458 (1458-1459 n.st.), donc Ă une Ă©poque oĂč il fut absent de Paris. Quoique son Testament ait Ă©tĂ© Ă©crit vraisemblablement en plusieurs Ă©tapes, sa forme dĂ©finitive semble dater de 1461, aprĂšs sa libĂ©ration de la prison de Meung-sur-Loire.
Le Testament passe pour ĂȘtre le chef-d'Ćuvre de Villon et l'un des plus beaux textes littĂ©raires du Moyen Ăge tardif[90].
La Ballade des pendus
La ballade dite Ballade des pendus, parfois improprement appelĂ©e Ăpitaphe Villon, est le poĂšme le plus connu de François Villon, et l'un des plus cĂ©lĂšbres poĂšmes de la langue française. On s'accorde en gĂ©nĂ©ral pour penser que cette ballade fut composĂ©e par Villon alors qu'il Ă©tait emprisonnĂ© Ă la suite de l'affaire Ferrebouc, mais le fait n'est pas absolument Ă©tabli[37]. Le poĂšme prĂ©sente une originalitĂ© profonde dans son Ă©nonciation : ce sont les morts qui s'adressent aux vivants, dans un appel Ă la compassion et Ă la charitĂ© chrĂ©tienne, rehaussĂ© par le macabre de la description. Cet effet de surprise est cependant dĂ©samorcĂ© par le titre moderne[91]. Le premier vers « Freres humains, qui aprĂšs nous vivez », conserve de ce fait encore aujourdâhui un fort pouvoir d'Ă©vocation et d'Ă©motion : la voix des pendus imaginĂ©e par Villon transcende la barriĂšre du temps et de la mort[92].
Dans ce poĂšme, François Villon, qui rit d'ĂȘtre condamnĂ© Ă la pendaison, s'adresse Ă la postĂ©ritĂ© pour solliciter la pitiĂ© des passants et Ă©mettre des souhaits : solliciter notre indulgence et notre pardon, dĂ©crire leurs conditions de vie, adresser une priĂšre Ă JĂ©sus. Au second degrĂ©, on peut percevoir dans cette ballade un appel de l'auteur Ă la pitiĂ© du roi, si elle a bien Ă©tĂ© Ă©crite en prison.
Les différents types de personnages
- Les personnages divins :
- « Dieu » (vers 4, 10, 20, 30, 35) : pour implorer la pitié ;
- « Prince Jésus » (vers 31) et « fils de la Vierge Marie » (vers 16) : il a le pouvoir de maßtriser les hommes ;
- Les hommes : « frĂšres humains » (vers 1), « ses frĂšres » (vers 11) et « hommes » (vers 34) : ils ont des dĂ©fauts et Villon veut que ceux-ci prient pour le pardon des pendus en arguant qu'ils ne sont eux-mĂȘmes pas exempts de dĂ©fauts, et que s'ils prient pour eux, « Dieu en aura plus tost de vous mercis » (ils seront donc ainsi pardonnĂ©s pour leurs propres pĂ©chĂ©s.
- Les condamnés : Villon veut montrer aux hommes que les condamnés à mort souffrent (vers 5 à 9 et 21 à 29).
Différents champs lexicaux
- Le champ lexical de la mort charnelle : « pieça, dévorée et pourrie » (vers 7), « débuez et lavés » (vers 21), « desséchés et noircis » (vers 22), « cavés » (vers 23), « arrache » (vers 24), « charrie » (vers 27). Il montre que les condamnés souffrent.
- Le champ lexical du corps : « chair » (vers 6), « os » (vers 8), « yeux » (vers 23), « barbe » (vers 24). Il provoque, en association avec la description des supplices des pendus une réaction de dégoût propre à susciter la pitié.
- Le champ lexical des choses qui font leur malheur : « infernale foudre » (vers 18), « pluie » (vers 21), « soleil » (vers 22), « pies, corbeaux » (vers 23), « vent » (vers 26).
La structure de l'Ćuvre Ce poĂšme suit les rĂšgles de la ballade classique, les strophes ont donc autant de vers que ceux-ci ont de syllabes (soit des strophes de dix vers en dĂ©casyllabe). Les rimes sont croisĂ©es, cela ne fait toutefois pas partie des rĂšgles de la ballade. Chaque strophe se termine par un refrain (« Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre ! »). La derniĂšre strophe enfin est un envoi de seulement cinq vers, normalement adressĂ© Ă un haut dignitaire (organisateur du concours, mĂ©cĂšne de l'artisteâŠ) il est ici adressĂ© directement au « Prince Jhesus » (vers 31).
Versification : Ă©tude du Quatrain
Ce petit poÚme, sans doute écrit alors que, fatigué de vivre et fataliste, Villon n'a pas encore interjeté appel et attend son exécution par pendaison[93], renferme en quatre octosyllabes la quintessence de l'art de Villon, son désarroi et sa haine farouche de la fuite du temps et de la mort, ainsi que son humour et sa vivacité d'esprit, toujours présents[94].
Tout d'abord, voici le quatrain dont il est question, ainsi que sa transcription en français moderne :
Je suis François, dont il me poise |
« Je suis François, cela me pÚse |
- Vers 1
- Le quatrain dĂ©bute par un jeu de mots sur son prĂ©nom, « François », qui signifie aussi « Français » : ce double sens est prĂ©sentĂ© par Villon comme un double coup du sort. Dans un cas, ce qui lui pĂšse et l'accable (« me poise »), c'est tout simplement d'ĂȘtre lui-mĂȘme, d'avoir connu cette vie d'errance et de misĂšre. Il a vĂ©cu comme un misĂ©reux, il se prĂ©pare Ă mourir comme tel. L'autre fardeau, c'est sa nationalitĂ©. Et pour cause, Robin Daugis, pourtant bien plus impliquĂ© que lui dans l'affaire Ferrebouc, a bĂ©nĂ©ficiĂ© en tant que savoyard d'une justice moins expĂ©ditive. Il attend d'ailleurs en vain son procĂšs, jusqu'en novembre oĂč il est graciĂ© Ă l'occasion de la venue Ă Paris du duc de Savoie.
- Vers 2
- Inversion de l'ordre hiérarchique entre les villes : Pontoise qui semble prendre le pas sur Paris, n'est pas choisie au hasard ou pour la rime. Le prévÎt de Paris qui fait condamner Villon est Jacques de Villiers, seigneur de L'Isle-Adam, prÚs Pontoise⊠Cette ville est en outre réputée pour sa langue chùtiée ; le contraste avec le dernier vers n'en est que plus plaisant⊠Jean Dufournet remarque aussi qu'elle dépend pour les affaires de justice de la prévÎté de Paris. AmÚre conclusion : quel que soit l'ordre d'importance des cités, Villon est pris au piÚge et ne peut échapper au prévÎt et à ses décisions.
- Vers 3 et 4
- S'ils sont explicites et ne renferment apparemment pas de sens cachĂ©, ils sont du point de vue de la versification admirables. Il y a tout d'abord l'allitĂ©ration de « mon col » et « mon cul » symĂ©triques par rapport à « que ». Ensuite, on remarque une assonance Ă la cĂ©sure entre « corde » et « col ». Le tout provoque une accĂ©lĂ©ration du rythme qui nous entraĂźne des deux premiers vers au niveau de langue chĂątiĂ© et au contenu presque administratif (Villon dĂ©clinant son identitĂ©) aux deux suivants qui dĂ©voilent la plaisanterie et utilisent un langage populaire voire argotique (« la corde d'une toise » correspondant au gibet) pour arriver en apothĂ©ose Ă la vulgaritĂ© du mot « cul » repoussĂ© Ă l'extrĂȘme limite du quatrain.
Influence
Villon est imprimĂ© pour la premiĂšre fois en 1489, Ă©dition qui est suivie par plusieurs autres. La derniĂšre Ă©dition quasi contemporaine est celle que ClĂ©ment Marot donna en 1533[96]. Ă cette Ă©poque la lĂ©gende villonienne est dĂ©jĂ bien Ă©tablie. Elle s'estompe vers la fin de la Renaissance, de façon que Boileau, qui mentionne Villon dans son Art poĂ©tique, ne semble le connaĂźtre que par ouĂŻ-dire. C'est au XVIIIe siĂšcle seulement que l'on commence Ă s'intĂ©resser de nouveau au poĂšte. Il est redĂ©couvert Ă l'Ă©poque romantique, oĂč il acquiert son statut de premier « poĂšte maudit ». DĂšs lors, sa notoriĂ©tĂ© ne faiblit plus. Il inspira notamment les poĂštes de l'expressionnisme allemand et fut traduit dans de nombreuses langues (allemand, anglais, russe, espĂ©ranto, espagnol, japonais, tchĂšque, hongroisâŠ), ce qui lui confĂ©ra une rĂ©putation mondiale, tant ses prĂ©occupations sont universelles et transcendent les barriĂšres du temps et des cultures.
En littérature
(illustration d'un livre pour la jeunesse consacré à Louis XI, 1905).
- François Villon devient le héros du recueil des Repues franches[97], texte qui raconte des tours, souvent obscÚnes, joués à des notables par Villon et ses compagnons, et qui a contribué à enrichir la « légende Villon ».
- François Rabelais fait de Villon un personnage Ă part entiĂšre de ses romans Pantagruel et Gargantua, oĂč il le dĂ©peint comme un comĂ©dien et imagine sa vie d'aprĂšs 1462[98].
- S'il n'est pas ou guĂšre connu des premiers Romantiques, tels Chateaubriand ou Nodier, il a inspirĂ©, Ă partir d'environ 1830, tous les auteurs de ce courant. Cependant, certains revendiquĂšrent particuliĂšrement son influence. C'est notamment le cas de Victor Hugo, ThĂ©ophile Gautier, ThĂ©odore de Banville (qui pasticha Villon en lui rendant hommage dans la Ballade de Banville, Ă son maĂźtre), et Ă sa suite Arthur Rimbaud (dont l'une des premiĂšres Ćuvres est une lettre de Charles d'OrlĂ©ans Ă Louis XI pour demander la grĂące de Villon[99]), Charles Baudelaire, Paul Verlaine, bien sĂ»r GĂ©rard de Nerval, Jean Richepin et sa Chanson des gueux, Marcel Schwob et beaucoup d'autres.
- Robert Louis Stevenson a fait de François Villon le héros d'une de ses nouvelles (A lodging for the night - A Story of Francis Villon).
- Francis Carco a écrit une biographie romancée de Villon : Le Roman de François Villon, en 1926, et son ami Pierre Mac Orlan le scénario d'un film d'André Zwoboda intitulé François Villon (1945), dans lequel sont racontés les derniers jours de la vie du poÚte, tels que les imaginait Mac Orlan.
- Tristan Tzara a voulu voir dans le Testament une Ćuvre codĂ©e fondĂ©e entiĂšrement sur des anagrammes.
- Leo Perutz, dans Le Judas de Léonard, s'inspira de François Villon pour l'un de ses personnages, Mancino : celui-là n'est pas mort, mais, amnésique, vit à Milan au temps de Léonard de Vinci.
- Lucius Shepard a écrit une nouvelle intitulée Le Dernier Testament dans Aztechs. Le personnage principal y est frappé par la malédiction de Villon.
- Jean Teulé se met dans la peau de Villon dans son roman Je, François Villon, publié en 2006.
- Gerald MessadiĂ© a Ă©crit une trilogie romanesque intitulĂ©e Jeanne de L'Estoille (La rose et le lys, Le jugement des loups, La fleur d'AmĂ©rique). Le personnage principal, Jeanne, rencontre le personnage romancĂ© de François Villon. Cette relation commencera par le viol de Jeanne, s'ensuivra la naissance d'un enfant (François) puis des rencontres, tout au long des trois tomes, mĂȘlĂ©es de sentiments contradictoires pour Jeanne. Le roman retrace bien toute la vie (romancĂ©e bien sĂ»r) de François Villon, et le climat de l'Ă©poque (coquillard, guerre, Ă©pidĂ©mie).
- Osamu Dazai, écrivain japonais du XXe siÚcle, a écrit un roman intitulé La Femme de Villon.
- Ossip Mandelstam, grand lecteur de Villon, a beaucoup mĂ©ditĂ© sur l'Ćuvre du poĂšte. Ses livres rĂ©vĂšlent de nombreux poĂšmes et traces.
- Boulat Okoudjava (surnommĂ© le « Brassens soviĂ©tique »), auteur et compositeur russe, lui a dĂ©diĂ© une chanson (La PriĂšre de François Villon), oĂč le poĂšte demande Ă Dieu d'aider les autres (les pleutres, les pauvres, etc.) et de ne pas l'oublier.
- Valentyn Sokolovsky. La Nuit dans la ville des cerises ou En attendant François raconte la vie de François Villon en forme de souvenirs dâune personne qui connaĂźt le poĂšte et dont on peut trouver le nom dans les lignes du Grand Testament (en russe, 112 p., Kiev, Ukraine, 2013).
- Il est un personnage secondaire mais important (ùgé d'environ 400 ans) du roman fantastique Le Poids de Son Regard (en) de Tim Powers, celui-ci le nommant généralement « Des Loges » dans le roman.
- Raphaël Jerusalmy en fait un personnage important de son roman La confrérie des chasseurs de livres (Actes Sud 2013). Villon se voit confier une mission par Louis XI : rapporter de Palestine des manuscrits antiques.
Au théùtre
- Théodore de Banville s'en inspire pour sa piÚce Gringoire.
- Bertolt Brecht s'en inspira pour son Opéra de quat'sous.
- Sa vie inspira la piĂšce en quatre actes If I Were King de Justin Huntly McCarthy, crĂ©Ă©e en 1901 Ă Broadway ; et dont l'auteur a lui-mĂȘme tirĂ© un roman If I Were King en 1902.
- The Vagabond King, comédie musicale créée en 1925 par Rudolf Friml, inspirée par la piÚce de Justin Huntly McCarthy.
- Kinski spricht Villon, spectacles par Klaus Kinski (voir discographie de l'acteur).
Au cinéma
- The Oubliette, de Charles Giblyn (1914), inspiré de la vie de Villon.
- The Higher Law (en), de Charles Giblyn (1914), suite du précédent.
- If I Were King, de J. Gordon Edwards (1920), inspiré de la piÚce éponyme.
- The Beloved Rogue, d'Alan Crosland (1927).
- The Vagabond King (Le Roi des Vagabonds), de Ludwig Berger (1930) ; avec Dennis King (Villon) et Jeanette MacDonald (Katherine) ; opérette basée sur la piÚce de Justin Huntly McCarthy.
- Le Roi des gueux (If I Were King), de Frank Lloyd (1938).
- François Villon, d'André Zwobada, scénario de Pierre Mac Orlan (1945) ; avec Serge Reggiani dans le rÎle de Villon.
- The Vagabond King, film musical de Michael Curtiz, 1956, avec Oreste Kirkop (Villon), Katryn Grayson (Catherine de Vaucelles) et Rita Moreno (Huguette).
- Si Paris nous était conté, de Sacha Guitry (1956), dans lequel François Villon est interprété par Pierre Vaneck.
- François Villon - Poetul vagabond (ro), film roumain de Sergiu Nicolaescu (1987), dans lequel François Villon est interprété par Florent Pagny.
- Dans le film Himizu, le personnage principal cite son poÚme Ballade des menus propos dÚs qu'il se retrouve dans des situations misérables.
- François Villon a inspiré le personnage du film d'animation Les Corbeaux (1967) à Nag et GisÚle Ansorge.
à la télévision
- Je, François Villon, voleur, assassin, poÚte... (téléfilm, 2011, 90 min), scénario et réalisation de Serge Meynard, avec Francis Renaud interprétant François Villon et Philippe Nahon, Guillaume de Villon, d'aprÚs le roman de Jean Teulé[100].
En bande dessinée
- Je, François Villon, sĂ©rie en trois albums de Luigi Critone, adaptĂ©e du roman de Jean TeulĂ© et publiĂ©e aux Ă©ditions Delcourt (Mais oĂč sont les neiges d'antan ?, 2011, Bienvenue parmi les ignobles, 2014 et Je crie Ă toutes gens merci, 2016).
En chanson et en musique
La pluie nous a débués et lavés
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés
Et arraché la barbe et les sourcils.
- En 1910, Claude Debussy compose Trois ballades de François Villon.
- En 1929, Jean Cartan compose Trois poÚmes de François Villon,
- En 1951, LĂ©o FerrĂ© met en musique le premier quatrain de la Ballade des pendus dans son « rĂ©cit lyrique » De sac et de cordes. Le texte est chantĂ© par le ChĆur Raymond Saint-Paul.
- En 1953, Georges Brassens met en musique la Ballade des dames du temps jadis, tirée du Testament[101].
- En 1957, Jacques Douai est le premier à mettre en musique l'intégralité de la Ballade des pendus.
- En 1959, LĂ©o FerrĂ© Ă©crit la chanson La poĂ©sie fout l'camp, Villon ! oĂč il s'adresse fraternellement au poĂšte pour dĂ©plorer la bĂȘtise de sa propre Ă©poque[102]. Catherine Sauvage en grave une version en 1961 et Jean Vasca en 1993.
- La mĂȘme annĂ©e, FĂ©lix Leclerc a mis en musique des extraits du petit testament de François Villon (album FĂ©lix Leclerc et sa guitare Vol. 3).
- En 1960, Serge Reggiani dit la Ballade des dames du temps jadis, la Ballade des femmes de Paris, Le Lais, la chanson Au retour de dure prison..., la Ballade des pendus et des extraits du Testament. En 1968, il chante La Ballade des pendus sur une musique de Jean-Jacques Robert.
- La mĂȘme annĂ©e, Monique Morelli chante La Ballade des pendus sur une musique de Lino LĂ©onardi.
- En 1964, Bob Dylan, admet lors de plusieurs interviews l'influence de François Villon, et notamment publie l'album The Times They Are a-Changin' oĂč l'on dĂ©couvre sur l'arriĂšre de la pochette de l'album un poĂšme 11 OUTLINED EPITAPHS, considĂ©rĂ© comme la 11e Ćuvre de l'album (qui ne comporte que dix chansons), oĂč l'on trouve une paraphrase « ah where are the forces of yesteryear?» de la traduction anglaise couramment admise des Neiges d'antan de la ballade des dames du temps jadis par Dante Gabriel Rossetti[103].
- En 1966, Georges Brassens chante Le MoyenĂągeux, hommage non dĂ©guisĂ© Ă François Villon, onziĂšme et dernier morceau de son onziĂšme disque Supplique pour ĂȘtre enterrĂ© Ă la plage de SĂšte.
- En 1967, Boulat Okoudjava, poÚte russe, met en musique son poÚme La priÚre de François Villon.
- En 1974, Monique Morelli publie un album entier consacré aux poÚmes de François Villon.
- En 1978, Daniel Balavoine cite Villon dans sa chanson Le Français est une langue qui résonne (« Moi qui m' crois bon Français je sens que je déconne, / De mes mots censurés que Villon me pardonne⊠»)
- En 1980, Léo Ferré met une nouvelle fois en musique la Ballade des pendus, cette fois intégralement, sous le titre FrÚres humains, l'amour n'a pas d'ùge. Il y entrelace un de ses poÚmes avec le poÚme de Villon. Cette chanson est utilisée par Jean-Luc Godard dans son film Passion (1982).
- En 1983, Stephan Eicher cite la Ballade des pendus (« puis ça, puis là , comme le vent varie ») dans son premier single solo La Chanson bleue.
- En 1987, Little Nemo met en chanson Ballade des pendus (album Past and Future).
- En 1995, La Tordue s'inspire de la Ballade de bonne doctrine a ceux de mauvaise vie dans sa chanson Les Grands Bras en reprenant le refrain « Tout aux tavernes et aux filles » (album Les Choses de rien).
- En 1997, le compositeur Arthur Oldham Ă©crit Le Testament de Villon pour solistes, chĆur et orchestre.
- En 1998, Richard Desjardins s'inspire de l'Ćuvre de Villon et plus particuliĂšrement de la Ballade des pendus pour sa chanson Lomer (Ă la Frenchie Villon) (album Boom Boom).
- En 1999, Le Weepers Circus s'inspire de la Ballade des menus propos pour la chanson Ă Prince (album L'Ă©pouvantail).
- En 2002, Renaud lui rend hommage dans sa chanson Mon bistrot préféré (album Boucan d'enfer).
- La mĂȘme annĂ©e, Corvus Corax, groupe allemand de musique mĂ©diĂ©vale, a mis en musique sa Ballade de Mercy (album Seikilos).
- En 2009, le groupe Peste noire met en chanson la Ballade contre les ennemis de la France sous le nom de Ballade cuntre les anemis de la France (album Ballade cuntre lo Anemi francor).
- La mĂȘme annĂ©e, le groupe Eiffel reprend le texte de Villon paru dans le recueil Le Testament dans sa chanson Mort j'appelle (album Ă tout moment).
- En 2013, Lucio Bukowski cite dans le refrain de Psaumes métropolitains un des vers les plus connus de Villon : « Je meurs de soif auprÚs de la fontaine. »
- En 2014, le groupe La Souris Déglinguée chante une chanson intitulée François Villon.
- En 2016, RĂȘve en scĂšne produit en Corse Jean-Bruno Chantraine pour un Villon, coupable d'idĂ©al[104], avec de nombreuses poĂ©sies mises en musique, sur des propositions de mise en scĂšne et d'association musicale de Jean-Louis Lascoux[105].
- En 2019, le rappeur Nekfeu fait référence à Villon dans la chanson Pair d'As (album Poison ou Antidote) en featuring avec Dadju, par la phrase « J'ai planté personne, je suis pas Villon. »
Le Paris de Villon
EnfermĂ©e dans des murs dĂ©limitant un espace qui correspond aux six premiers arrondissements actuels, Paris est alors peuplĂ©e de plus de 100 000 habitants. CitĂ© universitaire par excellence, avec la Sorbonne, elle abrite sur sa rive gauche prĂšs dâune centaine de collĂšges et accueille quelque cinq mille Ă©tudiants.
La fontaine Maubuée
ChantĂ©e par Villon, dans son Testament, la fontaine MaubuĂ©e existe toujours, au 129 de la rue Saint-Martin, Ă lâangle de la rue de Venise. Juste en face du Centre Georges-Pompidou, l'on peut y observer son tuyau de plomb et sa pierre dĂ©corĂ©e dâĂ©pis et de cornes dâabondance.
Une statue de François Villon réalisée par René Collamarini se trouve dans le square Paul-Langevin (Paris).
Autres
« [âŠ] C'est d'umaine beaultĂ© l'yssue !
Les bras cours et les mains contraites,
Les espaulles toutes bossues ;
Mamelles, quoy ! toutes retraites ;
Telles les hanches que les tetes.
Du sadinet, fy ! Quant des cuisses,
Cuisses ne sont plus, mais cuissetes,
Grivelées comme saulcisses.
Ainsi le bon temps regretons
Entre nous, povres vielles sotes,
Assises bas, Ă crouppetons,
Tout en ung tas comme pelotes,
A petit feu de chenevotes
Tost allumées, tost estaintes ;
Et jadis fusmes si mignotes !âŠ
Ainsi emprent à mains et maintes. »
(Extrait des « Regrets de la Belle HeaulmiÚre », Le Testament[106])
- En 1946, un timbre français représentant François Villon a été édité, qui indiquait 1489 comme date de décÚs[107].
- Dans le jeu de rÎle Vampire, des éditions White Wolf Publishing, le prince (dirigeant des vampires) de Paris est François Villon.
Sources historiques
Aucune de ces sources ne contient l'intégrale des poÚmes maintenant attribués à Villon. De plus, les documents diffÚrent légÚrement sur certains vers, ce qui obligea les éditeurs depuis la premiÚre édition critique de Clément Marot à un long travail de compilation, de comparaison et d'attribution des poésies encore en cours de nos jours. Clément Marot écrivait déjà , dans le prologue de son édition de 1533 :
« Entre tous les bons livres imprimés de la langue français, il ne s'en voit un si incorrect ni si lourdement corrompu que celui de Villon. Et m'ébahis, vu que c'est le meilleur poÚte parisien qui se trouve, comment les imprimeurs de Paris et les enfants de la ville n'en ont eu plus grand soin[108]. »
Manuscrits
- Paris, BibliothÚque nationale (Mss.), Français 25458, manuscrit de Charles d'Orléans, autographe (1458) : Ballade des contradictions, Ballade franco-latine.
- Paris, BibliothÚque nationale (Mss.), Français 1661, aprÚs 1464 : version incomplÚte du Lais.
- Paris, BibliothÚque nationale (Mss.), Français 20041, dit « manuscrit Coislin » du nom d'un ancien propriétaire, aprÚs 1464 : Versions incomplÚtes du Lais et du Testament, quatre poésies diverses.
- Paris, BibliothĂšque de l'Arsenal, Ms. 3523, fin du XVe siĂšcle : versions incomplĂštes du Lais et du Testament, La Ballade de Fortune.
- Berlin, BibliothÚque nationale, Cabinet des estampes, Hs. 78 B 17, dit « Chansonnier de Rohan », vers 1475 : trois poÚmes du Testament et deux poésies diverses.
- Stockholm, BibliothÚque royale, ms. V.u.22, dit « manuscrit Fauchet » du nom d'un ancien propriétaire, aprÚs 1477 : Ce recueil de textes de différents auteurs (dont Villon) comprend des versions incomplÚtes du Lais et du Testament, huit des poésies diverses du poÚte (dont trois sans son nom, parmi des ballades de divers auteurs non nommés) et, dans un ensemble séparé par des pages blanches, cinq ballades en jargon anonymes, différentes de celles de l'imprimé Levet de 1489.
Imprimés
- François Villon, Le Grant Testament Villon et le petit. Son codicille. Le iargon et ses ballades, Pierre Levet, Paris, 1489, prĂ©sumĂ© ĂȘtre l'Ă©dition princeps : version incomplĂšte du Testament, puis huit poĂ©sies diverses (dont sept communes avec manuscrit Fauchet, mais donnĂ©es dans un ordre trĂšs diffĂ©rent), puis six ballades en jargon rĂ©unies sous le titre Le jargon et jobellin dudit Villon, puis version incomplĂšte du Lais;
- Anthologie, Le Jardin de Plaisance et Fleur de rethoricque, Antoine Vérard, Paris, 1501 : Ballades du Testament et six poésies diverses.
Ćuvres et bibliographie
Liste chronologique des Ćuvres de Villon
Cette liste se veut exhaustive. Cependant, elle est rĂ©guliĂšrement mise en doute, l'attribution de tel ou tel poĂšme Ă©tant contestĂ©e, ou a contrario elle se voit parfois enrichie de « nouvelles » Ćuvres⊠NĂ©anmoins, elle semble acceptĂ©e en l'Ă©tat par la plupart des spĂ©cialistes de Villon.
Les Ćuvres sont ici prĂ©sentĂ©es et datĂ©es selon la chronologie Ă©tablie par Gert Pinkernell. Certaines ne sont pas datĂ©es prĂ©cisĂ©ment, et celles incluses par Villon dans le Testament sont ici placĂ©es aprĂšs ce dernier, mĂȘme si elles peuvent ĂȘtre antĂ©rieures. Les titres, sauf pour les deux sĂ©ries distinctes du jargon, sont ceux retenus dans les PoĂ©sies complĂštes, Ă©ditĂ©es et commentĂ©es par Claude Thiry au Livre de poche.
- Ballade des contre vĂ©ritĂ©s (1455 ?â1456 ?, Paris)
- Le Lais (1457, Paris)
- ĂpĂźtre Ă Marie d'OrlĂ©ans (dĂ©but 1458, Blois)
- Double ballade (début 1458, Blois)
- Ballade des contradictions (début 1458, Blois)
- Ballade franco-latine (début 1458, Blois)
- Ballade des proverbes (octobre-novembre 1458, VendĂŽme ?)
- Ballade des menus propos (octobre-novembre 1458, VendĂŽme ?)
- ĂpĂźtre Ă ses amis (Ă©tĂ© 1461, Meung-sur-Loire)
- Débat du cuer et du corps de Villon (été 1461, Meung-sur-Loire)
- Ballade contre les ennemis de la France (fin 1461, Meung-sur-Loire)
- Requeste au prince (fin 1461, Meung-sur-Loire)
- Le Testament (1461). Y sont aussi inclus :
- Ballade des dames du temps jadis (1458-9, cf. supra)
- Ballade des seigneurs du temps jadis
- Ballade en vieux langage françois
- Les regrets de la belle Heaulmiere
- Ballade de la Belle HeaulmiĂšre aux filles de joie
- Double ballade sur le mesme propos
- Ballade pour prier Nostre Dame
- Ballade Ă s'amie
- Lay ou rondeau
- Ballade pour Jean Cotart
- Ballade pour Robert d'Estouteville
- Ballade des langues ennuieuses
- Les Contredits de Franc Gontier
- Ballade des femmes de Paris
- Ballade de la Grosse Margot
- Belle leçon aux enfants perdus
- Ballade de bonne doctrine
- Rondeau ou bergeronnette
- Ăpitaphe
- Rondeau
- Ballade de conclusion
- Ballade de bon conseil (1462, Paris)
- Ballade de Fortune (1462, Paris)
- Le jargon et jobellin dudit Villon (titre donné dans Levet, 1489, Paris)[109]
- Cinq autres ballades jargonnesques du manuscrit de Stockholm (ms copié aprÚs 1477)[110].
- Ballade des pendus (fin 1462, Paris)
- Quatrain (fin 1462, Paris)
- Louanges Ă la cour (janvier 1463, Paris)
- Question au clerc du guichet (janvier 1463, Paris)
Ăditions modernes
Villon passe pour un auteur ardu, et ce Ă plusieurs titres. La barriĂšre de la langue tout dâabord : le moyen français nâest pas aisĂ© Ă apprĂ©hender pour le lecteur moderne, Ă la fois sur le plan syntaxique et lexical. Notons cependant que les rĂšgles de grammaire ont dĂ©jĂ commencĂ© Ă se stabiliser au XVe siĂšcle excluant progressivement les reliquats les plus dĂ©routants de la langue romane, notamment les dĂ©clinaisons.
Face Ă cette difficultĂ©, les Ă©diteurs choisissent tantĂŽt de faire figurer Ă cĂŽtĂ© du texte original une transcription en français moderne, tantĂŽt dâannoter le texte original, cette derniĂšre solution prĂ©sentant l'intĂ©rĂȘt de contraindre le lecteur Ă sâimmerger dans la langue riche et poĂ©tique de Villon.
La seconde difficultĂ© rĂ©side dans la mise en contexte : personnages et situations Ă©voquĂ©s Ă©tant souvent inconnus du lecteur moderne, la qualitĂ© des notices sera dĂ©terminante mĂȘme si les spĂ©cialistes de Villon n'ont pas percĂ© tous ses mystĂšres. On ne peut, en lâĂ©tat actuel des connaissances, que sây rĂ©soudre, et admettre que de rares aspects de lâĆuvre nous Ă©chappent encore ; ces lacunes n'empĂȘchent heureusement pas d'apprĂ©cier la drĂŽlerie et l'inventivitĂ© de la langue de Villon[111].
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article. Les éditions actuelles de référence sont celles de J. Rychner et A. Henry, qui s'appuient d'abord en grande partie sur le manuscrit Coislin :
- Le Testament Villon, I, texte, II, commentaire, GenĂšve, Droz, 1974.
- Le Lais villon et les poÚmes variés, I, texte, II, commentaire, GenÚve, Droz, 1977.
- Index des mots. Index des noms propres. Index analytique., GenĂšve, Droz, 1985.
Signalons aussi :
- Ballades en jargon (y compris celles du ms. de Stockholm), éd. bilingue par André Lanly, Paris, Champion, 1971.
- PoĂ©sies complĂštes, Ă©d. prĂ©sentĂ©e, Ă©tablie et annotĂ©e par Pierre Michel, comprenant les prĂ©faces de ClĂ©ment Marot et de ThĂ©ophile Gautier, Le Livre de poche, coll. « Le Livre de poche classique », 1972 (ISBN 2253016705). Ădition trĂšs complĂšte, excellente par ses notes philologiques autant que par ses notes explicatives, auxquelles sont rĂ©servĂ©es toutes les pages impaires du livre.
- Poésies complÚtes, éd. par Claude Thiry, Le Livre de poche, coll. « Lettres gothiques », 1991 (ISBN 2253057029). Cette édition prend pour base l'édition Rychner-Henry, en intégrant les apports de Gert Pinkernell.
- Poésies, éd. bilingue par Jean Dufournet, GF Flammarion, 1992.
- Ballades en argot homosexuel, Ă©d. bilingue par Thierry Martin, Mille et une nuits, 1998 et 2001. Ădition rĂ©agencĂ©e des deux sĂ©ries du jargon, avec interprĂ©tation et glossaire trĂšs orientĂ©s qui rompent avec l'interprĂ©tation gĂ©nĂ©ralement retenue par les autres Ă©diteurs.
- Lais, Testament, PoĂ©sies diverses, Ă©d. bilingue par Jean-Claude MĂŒhlethaler, avec Ballades en jargon, Ă©d. bilingue par Ăric Hicks, Champion, 2004.
- PoĂšmes homosexuels, Ă©d. bilingue par Thierry Martin, Question de Genre/GKC, 2000 et 2007.
- Ćuvres complĂštes, Ă©d. bilingue par Claude Pinganaud, Paris, ArlĂ©a, 2010 pour la mise en français moderne et la prĂ©face.
- Ćuvres complĂštes, Ă©dition bilingue, par Jacqueline Cerquiglini-Toulet avec la collaboration de LaĂ«titia Tabard, Gallimard, coll. « BibliothĂšque de la PlĂ©iade », no 598, 2014.
Ăditions illustrĂ©es
- Les Ćuvres de Françoys Villon, illustrĂ©es par AndrĂ© Collot, Paris, Le Vasseur, 1942 ; In-4° , 203 p., fig. et pl. en noir et en coul. (BNF 31585004)
- Ćuvres complĂštes, illustrĂ©es de treize hors-texte et un frontispice gravĂ©s par AndrĂ© Collot, Ăditions VariĂ©tĂ©, 1955 ; tirage Ă 1 500 exemplaires
- Le Grand Testament Villon et le Petit, son Codicille et ses Ballades, « nouvellement illustré par Robert Monet », Paris, à la Librairie Ratouin, 1948, In-4° , 187 p., fig. et pl. en coul. ; établi sur l'édition Thuasne ; coloris exécuté à la main par M. Beaufumé, enlumineur ; tirage de 1 777 exemplaires (BNF 31585021)
- Le DĂ©bat du coeur et du corps avec sept gravures au carborundum de Michel Haas, Paris, atelier Pasnic, 1997, tirage de 30 exemplaires (BNF 40317171)
Ătudes
- Alice Becker-Ho, La part maudite dans l'Ćuvre de François Villon, L'ĂchappĂ©e, Paris, 2018.
- André Burger, Lexique complet de la langue de Villon, Droz, GenÚve, 1974.
- Aubrey Burl, Danse Macabre, François Villon, Poetry & Murder in Medieval France, Sutton Publishing, 2000.
- Michel Butor, « La prosodie de Villon », dans Critique, 10, 1973, p. 195-214 (repris dans Répertoire IV, Paris, 1974, p. 97-119).
- Pierre Champion, François Villon. Sa vie et son temps, Champion, Paris, 1913 (réimpr. 1984).
- Collectif, publiĂ© par Jean DĂ©rens, Jean Dufournet et Michael J. Freeman, Villon hier et aujourdâhui. Actes du Colloque pour le cinq-centiĂšme anniversaire de lâimpression du Testament de Villon, BibliothĂšque historique de la ville de Paris, Paris, 1993.
- Collectif, publié par Michael Freeman & Jane H.M. Taylor, Villon at Oxford, The Drama of the Text, Proceedings of the Conference Held at St. Hilda's College Oxford March 1996, Amsterdam - Atlanta, Rodopi, 1999.
- Collectif, « Villon testateur », Ătudes françaises, numĂ©ro prĂ©parĂ© par Jean-Marcel Paquette, vol. 16, no 1, 1980, 107 p. (http://revue-etudesfrancaises.umontreal.ca/volume-16-numero-1/).
- Pierre Demarolle, « Temps et espaces dans le Testament de François Villon », Le Moyen Ăge, t. XCIX (5e sĂ©rie, tome 7), no 2,â , p. 281-292 (lire en ligne).
- Jean Deroy, François Villon, Coquillard et Auteur dramatique, Paris, Nizet, 1977.
- Jean Dufournet, Recherches sur le Testament de François Villon, Paris, 1971-1973, 2 vol.
- Jean Dufournet, Nouvelles recherches sur Villon, Paris, 1980.
- Jean Dufournet, DerniĂšres recherches sur Villon, Paris, 2008.
- Jean Dufournet, Villon et sa fortune littéraire, Saint-Médard-en-Jalles, 1970.
- Jean Favier, François Villon, Fayard, Paris, 1982.
- Michael J. Freeman, François Villon in his works : the villain's tale, Amsterdam - Atlanta, Rodopi, 2000.
- Pierre Guiraud, Le Jargon de Villon ou le Gai Savoir de la Coquille, Paris, Gallimard, 1968.
- Pierre Guiraud, Le Testament de Villon ou le Gai Savoir de la Basoche, Paris, Gallimard, 1970.
- Jelle Koopmans & Paul Verhuyck, Sermon joyeux et Truanderie (Villon - Nemo - UlespiÚgle), Amsterdam, Rodopi, 1987 : premiÚre partie François Villon et le Sermon de Saint Belin, p. 9-85.
- David Kuhn, La poétique de François Villon, Paris, Armand Colin, 1967; rééd. sous le nom de David Mus, éd. Champ Vallon, 1992.
- Gert Pinkernell, François Villon et Charles d'OrlĂ©ans, dâaprĂšs les PoĂ©sies diverses de Villon, UniversitĂ€tsverlag C. Winter, Heidelberg, 1992.
- Gert Pinkernell, François Villon : biographie critique et autres études, UniversitÀtsverlag C. Winter, Heidelberg, 2002.
- Italo Siciliano, François Villon et les thĂšmes poĂ©tiques du Moyen Ăge, Paris, Colin, 1934.
- Italo Siciliano, Mésaventures posthumes de maßtre Françoys Villon, Paris, Picard, 1973.
- Erik Spindler, « La fin de Villon : Tous mes cinq sens (Louenge a la court) et la date du bannissement », Les Lettres Romanes, vol. 59, nos 1-2,â , p. 3-16 (ISSN 0024-1415, DOI 10.1484/J.LLR.3.110).
- Leo Spitzer, « Etude a-historique d'un texte : Ballade des dames du temps jadis », dans Modern Language Quarterly, 1, 1940, p. 7-22.
- Florence Richter, Ces fabuleux voyous. Crimes et procĂšs de Villon, Sade, Verlaine, Genet, Paris, Ăditions Hermann, 2010 (avec une prĂ©face de François Ost).
- José Thery, Le ProcÚs de François Villon, discours prononcé par M. José Théry avocat à la cour d'appel., Paris, Alcan-Lévy, imprimeur de l'ordre des avocats, 1899.
- Paul Verhuyck, « Villon et les neiges dâantan », dans Villon hier et aujourdâhui. Actes du Colloque pour le cinq-centiĂšme anniversaire de lâimpression du Testament de Villon, BibliothĂšque historique de la Ville de Paris, 15-17 dĂ©cembre 1989, Ă©d. Jean DĂ©rens, Jean Dufournet et Michael Freeman, Paris: BibliothĂšque historique de la Ville de Paris, 1993, p. 177-189.
- Martin Weiss, Polysémie et jeux de mots chez François Villon. Une analyse linguistique. Univ. de Vienne, Autriche, 2014 (e-book).
- André Nolat, François Villon et les compagnons de la Coquille, dans Némésis ou les vies excessives, Saint-Denis, éditions Publibook, 2017.
Romans biographiques
- Pierre d'Alheim, La Passion de maßtre François Villon, 2 vol., Paris, éditions G. CrÚs et Cie, 1924
- Francis Carco, Le Roman de François Villon, Paris, Albin Michel, 1926
- Justin Huntly McCarthy, If I were King, 1902; traduction française d'HélÚne Caron, La Curieuse Aventure de maßtre François Villon, sire de Montcorbier, Paris, éditions Georges-Anquetil, 1926
- Charles Kunstler, Les Amours de François Villon, Paris, La Nouvelle Société d'édition, 1934
- John Erskine, The Brief Hour of François Villon, Indianapolis, Bobbs Merrill, 1937
- Dr P.M. Maas, François Villon, Dief, Roover, Moordenaar en Dichter, Utrecht, Spectrum, 1946 (rééd. 1961)
- Jean Teulé, Je, François Villon, Paris, Julliard, 2006
- adapté au cinéma par Serge Meynard : Je, François Villon, voleur, assassin, poÚte... (2011)
- adapté en bande dessinée par Luigi Critone : Je, François Villon (2011-2016)
- Raphaël Jerusalmy, La Confrérie des chasseurs de livres, Arles, France, Actes Sud, coll. « Domaine français », 2013, 320 p. (ISBN 978-2-330-02261-7)
Astronomie
Notes et références
- Madeleine Lazard, « ClĂ©ment Marot Ă©diteur et lecteur de Villon », Cahiers de l'Association internationale des Ă©tudes françaises, no 32,â , p. 7-20.
- Auguste Longnon Ătude biographique sur François Villon : d'aprĂšs les documents inĂ©dits conservĂ©s aux Archives nationales..
- Abbé Reure Simple conjecture sur les origines paternelles de François Villon.
- Voir sur persee.fr..
- Jean-Marie Pierret, Phonétique historique du français et notions de phonétique générale, Louvain-la-Neuve, Peeters, (lire en ligne), p. 104.
- Voir sur inlibroveritas.net..
- Voir sur projectebooks.com..
- Albert Dauzat, Dictionnaire étymologique des noms de famille et prénoms de France, 3e éd. Librairie Larousse, Paris, p. 596.
- Pierre Champion, François Villon, Librairie Honoré Champion, Paris, 1984, p. 13.
- Le Lais, v. 276-277.
- Le Testament, v. 893-894, Ballade que Villon feit a la requeste de sa mĂšre pour prier Nostre Dame..
- Au XVe siÚcle, Saint-Benoßt était desservie par un curé, par six chanoines nommés par le chapitre de Notre-Dame et par douze chapelains élus par le chapitre de Saint-Benoßt (Pierre Champion, François Villon, Librairie Champion, 1984, t. 1, p. 12).
- Le Testament, v. 851-852.
- Degeté m'a de maint bouillon (Testament v. 853).
- Bibl. de lâUniversitĂ©, Registre de la Nation de France, ms. no 1, fol. 155. Cf. A. Longnon, Ătude biographique sur Villon, p. 12-13, Gallica.
- Jean Favier, François Villon, Fayard, 1982, chapitre VII, p. 143-145.
- Le Testament, huitain XXVI, vers 201-208. Le texte cité est celui établi par Claude Thiry, p. 107.
- Testament, v. 227-228.
- Pierre Champion a étudié les premiÚres relations de François Villon à partir des Lais écrits par le poÚte à 25 ans (P. Champion, François Villon, Librairie Champion, 1984, tome I, chap. VII).
- Lais, v. 1-2 et 9-13.
- Auguste Longnon, François Villon, Paris, Henri Menu Libraire, 1877, Annexe X, Interrogatoire de maĂźtre Guy Tabarie par devant lâofficial de Paris (22 juillet 1458), p. 169. Consultable sur Gallica.
- CitĂ© par AndrĂ© Lanly dans son introduction aux Ćuvres de Villon, Librairie HonorĂ© Champion, 1969, p. XX.
- Auguste Longnon, François Villon, Paris, Henri Menu libraire, 1877, annexe X, interrogatoire de maĂźtre Guy Tabarie par devant lâofficial de Paris (22 juillet 1458) p. 168. Consultable sur Gallica.
- Andry Courault Ă©tait le chargĂ© dâaffaires du roi RenĂ© Ă Paris. Le « tirant seant en haut » serait le roi RenĂ© lui-mĂȘme.
Item, Ă maistre Andry Courault
Les Contreditz Franc Gontier mande ;
Quant du tirant seant en haut
A cestuy là riens ne demande. - Manuscrit personnel de Charles d'Orléans, Paris, BibliothÚque nationale (Manuscrits), Français 25458. Ce manuscrit a été reproduit en fac-similé par Pierre Champion, dans Le manuscrit autographe des poésies de Charles d'Orléans, GenÚve, Slatkine, 1975.
- Voir sur bude-orleans.org..
- Gert Pinkernell, « La ballade franco-latine Parfont conseil eximium: une satire peu connue de Villon contre Fredet, favori de Charles d'OrlĂ©ans », Zeitschrift fĂŒr romanische Philologie, 1987, 103, p. 300-318.
- Testament, v. 13-14.
- Testament, v. 1984 et suivants.
- Le Lais Villon et les PoÚmes variés, édités par Jean Rychner et Albert Henry, II. Commentaire, p. 80-81.
- Jean Favier, François Villon, Fayard, 1982, ch. XVIII, p. 430-431.
- La date d'écriture de ces deux ballades reste incertaine, voir Rychner-Henry, Le Lais villon et les PoÚmes Variés, II. Commentaire, p. 99-100 et p. 104-105.
- Testament, v. 1-3.
- Publiés par Pierre Champion, François Villon Sa vie et son temps, Paris, Librairie Champion, 1913, T. 2, p. 289.
- A. Longnon, Ćuvres complĂštes de Villon, 1892, p. LXXI-LXXII.
- On me jugea par tricherie (v. 15 de la Ballade de lâappel).
- Jean Favier, François Villon, Fayard, 1982, chapitre XXI, p. 487-497.
- Louenge et Requeste a la Court, v. 32, p. 317.
- A. Longnon, Ătude biographique sur Villon, p. 92, Gallica.
- vin lourd, fait Ă partir dâune variĂ©tĂ© de raisin noir qui, dans sa forme amĂ©liorĂ©e, deviendra le pinot (Villon, PoĂ©sies complĂštes, Lettres gothiques, 1991, note de Claude Thiry).
- Testament, trois derniers vers.
- Jelle Koopmans & Paul Verhuyck, Sermon joyeux et Truanderie, Villon-Nemo-UlespiÚgle, Amsterdam, Rodopi, 1987, 255 pp.: premiÚre partie François Villon et le sermon joyeux de saint Belin, p. 9-85 et (notes) p. 199-209. Le texte de François Villon et le sermon joyeux de saint Belin, trÚs légÚrement modifié en 2004 et en 2009, se trouve aussi sur ce site, sous le bouton « Verhuyck et Villon » (sub 1).
- éd. Paul Verhuyck & Jelle Koopmans, Le Recueil des Repues franches de maistre François Villon et de ses compagnons, GenÚve : Droz, 1995, 205 pp. [Collection TLF, no 455]. Les éditeurs datent le Recueil des Repues franches de 1480, soit quinze années avant 1495, date proposée jadis par Pierre Champion 1913.
- Villon, Lettres gothiques, 1991, introduction de Claude Thiry, p. 6.
- Ćuvres complĂštes de François Villon, suivies d'un choix de poĂ©sies de ses disciples, Ă©dition prĂ©parĂ©e par Bernard de La Monnoye (1763) et annotĂ©e par M. Pierre Jannet (1856), PrĂ©face de ClĂ©ment Marot, page X.
- Testament, v. 1882-1883.
- Consultable sur Gallica.
- Dictionnaire Ă©tymologique de MĂ©nage, Paris, 1694, disponible sur Gallica.
- Pantagruel, I, IV, ch. 67.
- Pantagruel, l. IV, ch. 13.
- Jargon et jobelin dudit Villon, ballade II, vers 4.
- Ballade des menus propos, v. 13.
- Voir son introduction dans Villon, Lettres gothiques, p. 35-37.
- François Villon de Jean Favier, chapitre XV, p. 343-349.
- Le Jargon de Villon ou le gai savoir de la Coquille. Gallimard, 1968.
- L'interprétation en termes de duperie et d'agression homosexuelle a été reprise récemment, atténuée en jeux de sodomie, par Thierry Martin dans Villon : Ballades en argot homosexuel (Mille et une nuits, 1998), sans démonstration probante.
Sur l'homosexualité présumée de Villon, voir notamment :- Jean Dufournet : Nouvelles recherches sur Villon. Champion, 1980, p. 245 (allusion trÚs prudente)
- Yvan G. Lepage : François Villon et lâhomosexualitĂ©. Le Moyen Ăge, t. XCII no 1, 1986.
- Gert Pinkernell : Villon und Ythier Marchant. Zeitschrift fĂŒr romanische Philologie, t. 103, 1987
- Christine Martineau-GĂ©nieys : LâHomosexualitĂ© dans le Lais et le Testament de François Villon. In ConformitĂ© et dĂ©viances au Moyen Ăge. Les Cahiers du C.R.I.S.I.M.A., no 2. Montpellier, UniversitĂ© Paul-ValĂ©ry, 1995
- Thierry Martin : Villon : PoĂšmes homosexuels. GKC, 2000
- Didier Godard : Deux hommes sur un cheval : lâHomosexualitĂ© masculine au Moyen Ăge. H&O, 2003
- La Vie des Français au temps de Jeanne dâArc (ouvrage collectif), Larousse, 2003
- Pierre de Bonneville : Villon et Céline. Le Bulletin célinien, no 333, septembre 2011
- D. Delaplace : Le jargon des Coquillars Ă Dijon au milieu du XVe siĂšcle selon Marcel Schwob (1892), Classiques Garnier, Paris, 2011.
- Testament, v. 104.
- Ballade des dames du temps jadis.
- Ballade de bonne doctrine.
- Les Contredits de Franc Gontier.
- Ballade des femmes de Paris.
- Ballade de la Grosse Margot.
- Ballade de merci.
- Ballade en vieux langage françois.
- Ballade des menus propos.
- Ballade des pendus.
- ĂpĂźtre Ă ses amis.
- Voir Italo Siciliano : François Villon et les thĂšmes poĂ©tiques du Moyen Ăge, Paris, Colin, 1934.
- Voir l'introduction de Claude Thiry Ă l'Ă©dition du Livre de poche, p. 37-42.
- André Gide, Anthologie de la Poésie française, Gallimard, , 847 p., p. 14
- Ăcouter document sonore de France Culture enregistrĂ© par Henri Van Lier intitulĂ© Villon Le refuge de la diction dans Une histoire langagiĂšre de la littĂ©rature.
- Introduction de Claude Thiry, p. 39-40.
- Testament, vers 1.
- Pinkernell : « ReflĂ©tant presque tous des moments prĂ©caires dâune existence mouvementĂ©e, ses textes ont un air trĂšs personnel, susceptible dâĂ©mouvoir encore le lecteur dâaujourdâhui. Câest Ă juste titre que V. passe pour lâun des meilleurs poĂštes du Moyen Ăge europĂ©en. » Gert Pinkernell.
- Burger.
- Introduction de Claude Thiry Ă l'Ă©dition du Livre de poche, p. 41-42.
- Voir les Ćuvres de Jean Bodel, Baude Fastoul, Adam de la Halle.
- Voir aussi La Confession et Testament de l'Amant trespassé de deuil, de Pierre de Hauteville.
- Eustache Deschamps, Testament par esbatement.
- Introduction de Claude Thiry Ă l'Ă©dition du Livre de poche, p. 13-17.
- Testament, huitain LXXV, p. 151.
- Ubi sunt qui ante nos in terra fuerunt? = oĂč sont ceux qui ont vĂ©cu sur terre avant nous?
- Le temps qui sâenfuit.
- DĂ©tail de la fresque de l'Ă©glise des Disciplini Ă Bergame (XVe siĂšcle).
- Le Testament, v. 305-312.
- Jean Favier, François Villon, Fayard, 1982, p. 411.
- p.ex. L. Spitzer, « Ătude ahistorique dâ*/ un texte: ballade des dames du temps jadis », Modern Language Quarterly 1 (1940) p. 7-22 ; et, bien entendu, tous les Ă©diteurs citĂ©s ci-dessus.
- Paul Verhuyck, « Villon et les neiges dâantan », dans Villon hier et aujourdâhui. Actes du Colloque pour le cinq-centiĂšme anniversaire de l'impression du Testament de Villon, BibliothĂšque historique de la Ville de Paris, 15-17 dĂ©cembre 1989. RĂ©unis et publiĂ©s par Jean DĂ©rens, Jean Dufournet et Michael Freeman, Paris, BibliothĂšque historique de la Ville de Paris, 1993, p. 177-189. Le texte de cet article, trĂšs lĂ©gĂšrement modifiĂ© en 2009, se trouve aussi sur le site paulverhuyck.com, sous le bouton âVerhuyck et Villonâ (sub 5).
- Pour une analyse plus détaillée, voir l'introduction de Claude Thiry, dans l'édition du Livre de poche, p. 17-26.
- Ădition et commentaire de Claude Thiry, p. 310-313.
- Jean Favier, François Villon, Fayard, 1982, chapitre 21, p. 495-497.
- Le Lais Villon et les PoÚmes variés, édités par Jean Rychner et Albert Henry, II. Commentaire, p. 124 et 126.
- Le quatrain a été étudié en particulier par Jean Dufournet, Nouvelles recherches sur Villon, Paris, 1980, p. 239-248.
- Ădition de rĂ©fĂ©rence, p. 308-309. Les analyses qui suivent reprennent Ă©galement des Ă©lĂ©ments du commentaire de Claude Thiry.
- ClĂ©ment Marot, Les Ćuvres de François Villon de Paris, Galiot du PrĂ©, Paris, 1533, peut-ĂȘtre rĂ©imprimĂ©e en 1534.
- voir ci-dessus note 35.
- François Rabelais, Quart livre (lire en ligne), Chap. 13 (pp. 315-319), Chap. 67 (pp. 506-510)
- Arthur Rimbaud, "Charles d'OrlĂ©ans Ă Louis XI", 1870 in Ćuvres complĂštes, BibliothĂšque de la PlĂ©iade, Gallimard, pp. 32-34.
- (en) « fiche Je, François Villon, voleur, assassin, poÚte », sur Internet Movie Database.
- Brassens est un grand admirateur de Villon et un passionnĂ© du Moyen Ăge tardif auxquels il fait allusion dans sa chanson Le MoyenĂągeux (« Pardonnez-moi Prince si je / Suis foutrement moyenĂągeux »). Il reprend Ă©galement le poĂšme de Paul Fort, L'Enterrement de Verlaine, dans lequel ce dernier fait de François de Montcorbier « le premier rossignol de France ».
- Léo Ferré l'interprÚte sur scÚne et l'enregistre en studio en 1960, mais cette version ne sera publiée qu'en 2013.
- The Ballad of Dead Ladies .
- Villon, coupable d'idéal.
- Voir sur billetreduc.com.
- Testament, huitains LV-LVI, vers 517-532, p. 133.
- Voir sur wikitimbres.fr..
- Cité dans François Villon, de Jean Favier, Paris, Fayard, 1982, p. 11.
- Plusieurs spécialistes de Villon ont préféré écarter ou traiter à part cet ensemble de six ballades qui proviennent uniquement de l'édition Levet de 1489 et qui n'ont pas les qualités des ballades de Villon, mais dont la premiÚre est à rapprocher de la Ballade des pendus et la deuxiÚme de la Belle leçon aux enfants perdus du Testament. Cette deuxiÚme ballade, qui évoque le triste sort de Regnier de Montigny et de Colin de Cayeux, est donc postérieure à leurs pendaisons respectives (1457 et 1460-1461).
- Selon Thierry Martin (Villon : Ballades en argot homosexuel, op. cit.), les ballades du ms. de Stockholm (VII Ă XI) remonteraient Ă 1455, et celles de lâĂ©dition Levet (I Ă VI) Ă 1461, mais ces dates trĂšs hypothĂ©tiques, de mĂȘme que l'hypothĂšse du caractĂšre homosexuel de ces ballades, ne sauraient ĂȘtre validĂ©es sans une Ă©tude fouillĂ©e et objective des sources, des textes et de leur environnement.
- Voir les « Notes sur la présente édition » de Claude Thiry, p. 47-48.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- « François Villon : sa vie et son Ćuvre » (biographie et prĂ©sentation des Ćuvres, assez dĂ©taillĂ©es)
- Données de la BnF sur François Villon
- Ćuvres de Villon sur le projet Gutenberg
- Ćuvres de Villon sur la Bibliotheca Augustana
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