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François Villon

François de Montcorbier dit Villon (/vijɔ̃/), nĂ© en 1431 (peut-ĂȘtre Ă  Paris) et mort aprĂšs 1463, est un poĂšte français de la fin du Moyen Âge.

François Villon
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
ReprĂ©sentation prĂ©sumĂ©e de François Villon dans la plus ancienne Ă©dition de ses Ɠuvres (Pierre Levet, 1489).
Nom de naissance François de Montcorbier
Alias
Villon
Naissance
Paris, Drapeau du Royaume de France Royaume de France
DĂ©cĂšs aprĂšs 1463
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture moyen français

ƒuvres principales

Écolier de l’UniversitĂ©, maĂźtre de la facultĂ© des Arts dĂšs 21 ans, il mĂšne tout d'abord la vie joyeuse d’un Ă©tudiant indisciplinĂ© du Quartier latin. À 24 ans, il tue un prĂȘtre dans une rixe et fuit Paris. AmnistiĂ©, il s’exile de nouveau, un an plus tard, aprĂšs le cambriolage du collĂšge de Navarre. Accueilli Ă  Blois Ă  la cour du prince-poĂšte Charles d’OrlĂ©ans, il Ă©choue Ă  y faire carriĂšre. Il mĂšne alors une vie errante et misĂ©rable. EmprisonnĂ© Ă  Meung-sur-Loire, libĂ©rĂ© Ă  l’avĂšnement de Louis XI, il revient Ă  Paris aprĂšs quelque six ans d’absence. De nouveau arrĂȘtĂ© lors d'une rixe, il est condamnĂ© Ă  la pendaison. AprĂšs appel, le Parlement casse le jugement mais le bannit pour dix ans ; il a 31 ans. Ensuite, on perd totalement sa trace.

Dans les dĂ©cennies qui suivent la disparition de Villon, son Ɠuvre est publiĂ©e et connaĂźt un grand succĂšs. Le Lais, long poĂšme d’écolier, et Le Testament, son Ɠuvre maĂźtresse, sont Ă©ditĂ©s dĂšs 1489 – il aurait eu 59 ans. Trente-quatre Ă©ditions se succĂšdent jusqu’au milieu du XVIe siĂšcle[1]. TrĂšs tĂŽt, une « lĂ©gende Villon » prend forme sous diffĂ©rents visages allant, selon les Ă©poques, du farceur escroc au poĂšte maudit.

Son Ɠuvre n’est pas d’un accĂšs facile : elle nĂ©cessite notes et explications. Sa langue (dont certains termes ont disparu ou changĂ© de sens) ne nous est pas familiĂšre, de mĂȘme que sa prononciation est diffĂ©rente de l'actuelle, rendant certaines rimes curieuses dans la traduction en français moderne. Les allusions au Paris de son Ă©poque, en grande partie disparu et relevant de l'archĂ©ologie, son art du double sens et de l’antiphrase le rendent souvent difficilement comprĂ©hensible, mĂȘme si la recherche contemporaine a Ă©clairci beaucoup de ses obscuritĂ©s.

Biographie

Patronyme, date et lieu de naissance

Son patronyme, son année et son lieu de naissance restent sujets à polémique.

Les prĂ©cisions qui suivent proviennent des recherches faites, dans diffĂ©rents fonds d'archives, par Auguste Longnon et publiĂ©es dans son Étude biographique sur François Villon : d'aprĂšs les documents inĂ©dits conservĂ©s aux Archives nationales[2].

Le nom de Montcorbier, aujourd’hui acceptĂ©, est rĂ©vĂ©lĂ© par deux lettres de rĂ©mission :

  • 1re lettre de rĂ©mission (Ă©mise de Saint-Pourçain en Auvergne) accordĂ©e Ă  « Maistre François des Loges, dit de Villon » en janvier 1456 (nouveau style, 1455 ancien style) pour un meurtre commis le jour de la FĂȘte-Dieu, au cloĂźtre de Saint-BenoĂźt-le-BĂ©tournĂ©, Ă  Paris, sur la personne de Philippe Chermoye, prĂȘtre ;
  • 2e lettre de rĂ©mission (Ă©mise de Paris) accordĂ©e Ă  « François de Monterbier, maistre es arts » pour le mĂȘme crime Ă  la seule modification prĂšs sur le nom de la victime « Philippe Sermoise » au lieu de « Chermoye ».

Auguste Longnon en dĂ©duit logiquement que François de Monterbier et François des Loges, dit de Villon, sont la mĂȘme personne. Par ailleurs, des archives de l'UniversitĂ© de Paris, oĂč François Villon a Ă©tudiĂ©, un nom ressort : celui de Franciscus de Moult-Corbier, parisiensis, qui apparait aussi sous la forme « Franciscus de Moncorbier ». La graphie de l'Ă©poque, rendant possible la lecture d'un « T » en « C » et d'un « E » en « O », peut assimiler « Monterbier » Ă  « Moncorbier ». Cette hypothĂšse est dĂ©sormais acceptĂ©e. On peut aussi se rĂ©fĂ©rer Ă  la « Simple conjecture sur les origines paternelles de François Villon » de l'abbĂ© Reure[3].

D'aprĂšs la premiĂšre lettre de rĂ©mission, datĂ©e de janvier 1456, l'Ăąge de Villon est de « 26 ans et environ », ce qui signifie en principe qu'il avait 26 annĂ©es rĂ©volues, l'expression « et environ » Ă©tant alors courante. Auguste Longnon indique qu'il n'est pas exclu, vu l'imprĂ©cision, que Villon ait pu avoir 25 ans. Mais l'analyse d'acte similaires par Henri Lot[4] montre que la prĂ©cision Ă©tait pourtant probablement d'usage. Il est donc possible que François Villon soit nĂ© en 1429 ou 1430, et non en 1431. Le dĂ©but du grand testament, dont tout le monde convient qu'il fut Ă©crit en 1461, Ă©nonce « en l'an de mon trentiĂšme Ăąge », reprise de l'introduction du Roman de la rose. Mais le mĂštre empĂȘche « l'an trente-et-uniĂšme » ou mĂȘme « vingt-neuviĂšme » et l'indication reste peu fiable.

Quant au lieu de naissance supposé, il n'est pas avéré. Auguste Longnon indique que la strophe du Testament, faisant référence à Paris, est douteuse à maints égards (page 6 à 9 de l'ouvrage cité en référence). Aucune autre référence n'étaie cette hypothÚse d'une naissance à Paris, qui reste donc sujette à caution.

Je suis François, dont il me poise
NĂ© de Paris emprĂšs Pontoise
Et de la corde d'une toise
Saura mon col que mon cul poise

Selon Auguste Longnon, cette strophe peut provenir de l'erreur d'un copiste, ĂȘtre l’Ɠuvre d'un faussaire, etc. Comme il existe beaucoup de variantes de ce demi-huitain, cette seule rĂ©fĂ©rence au lieu de naissance doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e avec scepticisme.

Prononciation du nom « Villon »

En français moderne, Villon se prononce [vijɔ̃][5], comme les deux derniĂšres syllabes du mot « pavillon ». Dans la Ballade finale du Grand Testament, le poĂšte fait rimer son nom avec des mots tels que « carillon » et « vermillon »[6]. Il faut donc bien prononcer « [vijɔ̃] »[7].

« Et nous dirions Vilon comme tout le monde, si François Villon ne s’était prĂ©muni contre notre ignorance en faisant rimer son nom avec couillon. »

— Louis Aragon

Toutefois la justesse de la prononciation « [vilɔ̃] » n'est pas totalement exclue selon Albert Dauzat[8].

Jeunesse

Saint-Benoßt-le-Bétourné. Villon avait sa chambre dans la maison de maßtre Guillaume de Villon, à la Porte Rouge, au cloßtre de Saint-Benoßt[9].
En décembre 1456, écrivant ses Lais avant son départ de Paris, il entend la cloche de la Sorbonne sonner le couvre-feu de l'Université :

J'oĂŻs la cloche de Serbonne,
Qui toujours Ă  neuf heures sonne[10]

Né en 1431, sous l'occupation anglaise, orphelin de pÚre, il est confié par sa mÚre, pauvre femme illettrée et pieuse

Femme je suis povrette et ancienne,
Qui riens ne scay ; oncques lettre ne leus[11]

Ă  maĂźtre Guillaume de Villon (dont il prendra le nom au plus tard en 1456), chapelain[12] de Saint-BenoĂźt-le-BĂ©tournĂ©. Cette Ă©glise se situe en bordure de la populeuse rue Saint-Jacques, prĂšs du collĂšge de Sorbonne, en plein cƓur du quartier universitaire. Elle a Ă©tĂ© nommĂ©e ainsi parce que son chƓur, orientĂ© non pas Ă  l'est mais Ă  l'ouest, Ă©tait « mal tournĂ© ».

Son tuteur

Qui m'a esté plus doulx que mere
À enfant levĂ© de maillon[13] (levĂ© du maillot)

est un personnage important de la communautĂ© de Saint-BenoĂźt. MaĂźtre-Ăšs-arts, bachelier en dĂ©cret (droit canonique), titulaire d’une des chapelles et jouissant des revenus attachĂ©s Ă  ce bĂ©nĂ©fice (il possĂšde plusieurs maisons qu’il loue), il est aussi professeur de droit et reprĂ©sente la communautĂ© comme procureur. Ses relations et son crĂ©dit aideront Villon Ă  se tirer de « maints bouillons[14] ». Il se charge de son instruction premiĂšre puis l'envoie Ă©tudier Ă  la facultĂ© des arts de Paris pour qu'il accĂšde au statut privilĂ©giĂ© de clerc. Il y a alors quatre facultĂ©s Ă  Paris : thĂ©ologie, dĂ©cret, mĂ©decine et arts, la derniĂšre servant d’introduction aux trois premiĂšres dites « supĂ©rieures ». En 1449, Villon obtient le premier grade de la facultĂ© des arts (le baccalaurĂ©at). En 1452, Ă  21 ans, il obtient le second grade, la maĂźtrise des arts, qui fait de lui un clerc (Dominus Franciscus de Montcorbier — c’est le titre inscrit sur le registre de l’UniversitĂ©[15]) portant tonsure, bonnet et robe longue, pouvant jouir d’un bĂ©nĂ©fice ecclĂ©siastique et accĂ©der aux autres facultĂ©s.

L'UniversitĂ© de Paris est alors un vĂ©ritable État dotĂ© de nombreux privilĂšges. Ses membres ne peuvent ĂȘtre jugĂ©s que par un tribunal ecclĂ©siastique. Mais si les clercs comprennent presque toute la nation intellectuelle, les diplĂŽmĂ©s qui ne reçoivent pas de bĂ©nĂ©fice, et n'exercent donc aucune fonction, se trouvent en marge de la sociĂ©tĂ©. Ils constituent une classe de dĂ©voyĂ©s, voire de vagabonds. L’époque oĂč Ă©tudie Villon est une pĂ©riode de troubles universitaires, sur fond de querelle entre l'UniversitĂ© (qui a soutenu les Bourguignons puis les Anglais) et le roi Charles VII. DĂ©sordres estudiantins et heurts avec la police se multiplient. De 1453 Ă  1454, les cours sont mĂȘme supprimĂ©s Ă  cause d'une longue grĂšve des professeurs[16]. Villon nĂ©glige alors ses Ă©tudes (sans doute en thĂ©ologie, pour prĂ©tendre Ă  un titre plus Ă©levĂ© que celui de maĂźtre Ăšs arts) et court l'aventure. Dans son Testament, il Ă©voque cette Ă©poque avec regret :

Bien sçay, se j'eusse estudié
Ou temps de ma jeunesse folle
Et a bonnes meurs dedié,
J'eusse maison et couche molle.
Mais quoy ! je fuyoië l'escolle
Comme fait le mauvaiz enffant
En escripvant cette parolle
A peu que le cueur ne me fent ![17]

Dans le quartier de Saint-BenoĂźt, il frĂ©quente des familles de chanoines apparentĂ©es Ă  des bourgeois qui exercent des charges dans l’administration des finances, au Parlement et au ChĂątelet. C'est ainsi qu'il fait connaissance du prĂ©vĂŽt de Paris Robert d’Estouteville et de sa femme. Il se lie aussi Ă  des clercs certes de bonne famille, plus fortunĂ©s que lui mais dĂ©voyĂ©s, qu’il nommera les « gracieus galans »

Si bien chantans, si bien parlans,
Si plaisans en faiz et en dis[18]

comme Regnier de Montigny (parent de deux chanoines de Saint-Benoßt) et Colin de Cayeux, qui seront pendus, ou Guy Tabarie, qui dénoncera plus tard le vol du collÚge de Navarre[19].

Débuts littéraires et premiers méfaits

Le 5 juin 1455, au soir de la FĂȘte-Dieu, Villon tue un prĂȘtre lors d'une rixe. On connaĂźt l’évĂ©nement par la relation qu'en font les lettres de rĂ©mission que le poĂšte obtient en janvier 1456 (celles-ci reprennent cependant les termes de ses suppliques, donc sa propre version des faits). Assis avec un prĂȘtre et une femme sur un banc de pierre de Saint-BenoĂźt, dans la rue Saint-Jacques, il est pris Ă  partie, sous un prĂ©texte qu'on ignore, par un autre prĂȘtre, Philippe Sermoise. Ce dernier tire une dague de sa robe, le frappe au visage, lui fend la lĂšvre et le poursuit. Pour se dĂ©fendre, Villon plante sa dague dans l’aine de son agresseur. Sermoise roule Ă  terre. Villon lui jette une pierre au visage. Sous un faux nom, il se rend chez un barbier pour se faire panser. Sermoise meurt le lendemain, aprĂšs lui avoir pardonnĂ©. Par crainte de la justice, Villon quitte Paris et se cache pendant sept mois. GrĂące aux relations de Guillaume de Villon, il obtient, en janvier 1456, des lettres de rĂ©mission de la chancellerie royale. Elles prĂ©cisent qu’il s’est jusque-lĂ  « bien et honorablement gouvernĂ© [
] comme Ă  homme de bonne vie ». C’est donc la premiĂšre fois qu’il a affaire Ă  la justice.

Portail du CollÚge de Navarre orné des statues de Philippe le Bel et Jeanne de Navarre.
C’était le plus riche et le plus vaste des collĂšges parisiens. Il s’étendait en haut de la montagne Sainte-GeneviĂšve. Vers la NoĂ«l 1456, Villon et ses complices cambriolent les coffres du CollĂšge.

Villon passe l’annĂ©e 1456 Ă  Paris. Vers NoĂ«l, il gagne Angers pour fuir une maĂźtresse « qui m’a estĂ© felonne et dure », dit-il dans le Lais. Dans ce poĂšme espiĂšgle de 320 vers (40 huitains), il dit adieu Ă  ceux qu’il connaĂźt, amis et ennemis, en leur faisant Ă  chacun un legs imaginaire, plein de sous-entendus ironiques. Si ces dons ont dĂ» amuser ses amis parisiens, aujourd’hui leur sens rĂ©siste aux efforts de dĂ©cryptage.

L'an quatre cent cinqante et six
Je, François Villon, écolier
[
]
En ce temps que j'ai dit devant,
Sur le Noël, morte saison
Que les loups se vivent de vent
Et qu'on se tient en sa maison
Pour le frimas, prùs du tyson[20]


GrĂące Ă  la dĂ©couverte du dossier relatif au vol du CollĂšge de Navarre et Ă  l’interrogatoire de Guy Tabarie, on sait que, peu de jours avant son dĂ©part, Villon et plusieurs autres malfaiteurs — dont Colin de Cayeux — se sont introduits de nuit dans le CollĂšge de Navarre en escaladant ses murs pour dĂ©rober 500 Ă©cus d’or conservĂ©s dans les coffres de la sacristie. Le vol n’est dĂ©couvert qu’en mars. Une enquĂȘte est ouverte sans que les auteurs soient identifiĂ©s. Mais en juin, un complice trop bavard, Guy Tabarie, est arrĂȘtĂ© sur dĂ©nonciation. TorturĂ© au ChĂątelet, il livre le nom de ses complices : « Ilz avoient ung aultre complice nommĂ© maistre Françoys Villon, lequel estoit allĂ© Ă  Angiers en une abbaye en laquel il avoit ung sien oncle qui estoit religieulx en ladite abbaye, et qu’il y estoit alĂ© pour savoir l’estat d’ung ancien religieulx dudit lieu, lequel estoit renommĂ© d’estre riche de V ou VIm (5 ou 6 000) escus et que lui retournĂ©, selon ce qu’il rapporteroit par de ça aux autres compaignons, ilz yroient tous par delĂ  pour le desbourser[21]. »

Les véritables raisons du départ de Villon auraient donc été de fuir la justice et de préparer un nouveau cambriolage.

Une autre hypothĂšse est Ă©mise par AndrĂ© Burger[22] qui est impossible Ă  vĂ©rifier mais donne toutefois un bon exemple des conjectures suscitĂ©es par les nombreuses zones d’ombre entourant la vie du poĂšte. Elle s’appuie sur un dĂ©tail donnĂ© par Guy Tabarie dans son interrogatoire : « l’ung d’eulx (il s’agirait de Villon selon Burger) les avoit destournez et empeschez de crocheter unes aulmoires pres dudit coffre (contenant les 500 Ă©cus), lesquelles aulmoires avoit bien plus grant chevance, comme IIII ou VM escus (4 ou 5 000), et disoit ledit maistre Guy que les autres compaignons maudisoient leur compaignon qui les avoit destournez de crocheter lesdictes aulmoires[23]. » Le poĂšte ne serait pas un voleur professionnel : il aurait seulement voulu se procurer une somme d’argent pour rejoindre, Ă  Angers, la cour du roi RenĂ© et devenir poĂšte attachĂ© au mĂ©cĂšne. Pour dĂ©dommager ses complices de leur pillage parisien imparfait, il leur aurait fait miroiter la possibilitĂ© d'un cambriolage prometteur Ă  Angers.

Une interprĂ©tation des vers 1457-1460 du Testament semble indiquer que le roi RenĂ© l’aurait mal reçu[24].

AprĂšs l’arrestation de Tabarie, Villon ne peut plus rentrer Ă  Paris et est dĂ©sormais condamnĂ© Ă  mener une vie errante et misĂ©rable. Cet exil va durer prĂšs de six annĂ©es, pendant lesquelles on perd sa trace. Trop vagues, les lieux citĂ©s dans le Testament ne peuvent ĂȘtre identifiĂ©s.

À la cour de Charles d'OrlĂ©ans

Charles d'Orléans, entouré de ses courtisans, recevant l'hommage d'un vassal. Villon participe, pendant un certain temps, aux activités poétiques de la cour de Blois.

En dĂ©cembre 1457-janvier 1458, ses pĂ©rĂ©grinations le conduisent Ă  Blois, Ă  la cour du duc d'OrlĂ©ans. Petit-fils de Charles V, le prince a alors 63 ans et n’est pas encore pĂšre du futur Louis XII. Prisonnier des Anglais pendant vingt-cinq ans, il a Ă©crit pour se distraire et est devenu le premier poĂšte de son Ă©poque. RentrĂ© en France, il a fait de sa cour le rendez-vous des plus fins rimeurs. On y vient de loin, sĂ»r d’ĂȘtre bien accueilli.

Des albums recueillent les compositions du duc, de ses courtisans et de ses invitĂ©s. Dans l'un de ces manuscrits[25] se trouvent trois ballades de Villon, probablement autographes : l’ÉpĂźtre Ă  Marie d'OrlĂ©ans, la Ballade des contradictions (prĂ©cĂ©dĂ©e dans le manuscrit du nom, en partie rognĂ©, de l’auteur) et la Ballade franco-latine.

L’ÉpĂźtre Ă  Marie d'OrlĂ©ans comprend deux poĂšmes dĂ©diĂ©s Ă  la fille du duc, Marie : l'un pour cĂ©lĂ©brer sa naissance, le 19 dĂ©cembre 1457 ; l'autre pour la remercier de l’avoir tirĂ© d’un mauvais pas (il aurait Ă©tĂ© libĂ©rĂ© de prison, en 1460, lors de l'entrĂ©e dans OrlĂ©ans de Marie, alors ĂągĂ©e de 3 ans[26]).

La Ballade des contradictions, dite aussi du concours de Blois, est la troisiÚme d'une série de dix ballades composées par divers auteurs sur le thÚme, imposé par Charles d'Orléans, du jeu des contradictions : « Je meurs de soif en couste (à cÎté de) la fontaine ». La ballade de Villon traduirait son malaise de se trouver dans un milieu trÚs différent de ceux qu'il a connus jusque-là :

En mon pays suis en terre loingtaine [
]
Je riz en pleurs et attens sans espoir [
]
Bien recueully, debouté de chascun.

La derniÚre contribution de Villon est la Ballade franco-latine, qui fait écho à deux poÚmes bilingues du manuscrit, en forme de dialogue entre Charles et l'un de ses favoris, Fredet. Comme l'a montré Gert Pinkernell[27], c'est une attaque en rÚgle contre Fredet. Dans deux ballades, Villon est réprimandé par Charles et l'un de ses pages qui, sans le nommer, l'accusent de mensonge et d'arrivisme.

AprĂšs cet Ă©pisode, Villon quitte vraisemblablement la cour de Blois.

En octobre-novembre 1458, il tente en vain de reprendre contact avec son ancien et éphémÚre mécÚne venu assister, à VendÎme, au procÚs pour trahison de son gendre Jean II d'Alençon. Il fait parvenir à Charles la Ballade des proverbes et la Ballade des menus propos. Mais ce dernier ne le reçoit plus à sa cour.

DerniÚres années connues

Durant l'Ă©tĂ© 1461, Villon est emprisonnĂ© Ă  Meung-sur-Loire. Dans la basse fosse de la prison de l’évĂȘque d’OrlĂ©ans Thibault d’Aussigny, « la dure prison de Mehun », il est nourri


 d’une petite miche
Et de froide eaue tout ung esté[28].

Qu’a-t-il fait ? On l’ignore. Mais il aurait Ă©tĂ© dĂ©chu de sa qualitĂ© de clerc par l’évĂȘque (qui n'en avait pas le droit, Villon relevant du seul Ă©vĂȘque de Paris). Dans l'ÉpĂźtre Ă  ses amis, il appelle Ă  l’aide :

Aiez pictié, aiez pictié de moi
À tout le moins, s’i vous plaist, mes amis !
En fosse giz (non pas soubz houz ne may) (non pas sous les houx des fĂȘtes de mai)
[
] Bas en terre - table n'a ne trestaux.
Le lesserez lĂ , le povre Villon ?

Villon a ressenti comme injuste et excessivement sĂ©vĂšre la peine infligĂ©e par Thibault d’Aussigny. C’est de la prison de Meung qu’il fait dater tous ses malheurs. Dans le Testament, il rend l'Ă©vĂȘque responsable de sa dĂ©chĂ©ance physique et morale et le voue aux gĂ©monies :

Synon aux traitres chiens mastins
Qui m’ont fait ronger dures crostes, (croĂ»tes)
[
] Je feisse pour eulx pez et roctes

[
] C’on leur froisse les quinze costes
De groz mailletz, fors et massiz[29]

En 1461, l'avÚnement de Louis XI permet la libération de Villon de la prison de Meung-sur-Loire.

Le 2 octobre 1461, le nouveau roi Louis XI fait son entrĂ©e solennelle Ă  Meung-sur-Loire. Comme le veut la coutume, on libĂšre, en signe de joyeux avĂšnement, quelques prisonniers n’ayant pas commis de dĂ©lits trop graves. Bien que la lettre de rĂ©mission n’ait pas Ă©tĂ© conservĂ©e, on sait que Villon recouvre la libertĂ© Ă  cette occasion : il remercie en effet le roi dans la Ballade contre les ennemis de la France. Dans la Requeste au prince, il demande une aide financiĂšre Ă  un prince du sang qui pourrait ĂȘtre Charles d’OrlĂ©ans[30]. Estimant que son exil a assez durĂ©, il rejoint Paris[31].

Mais il doit se cacher car l’affaire du vol du CollĂšge de Navarre n’est pas oubliĂ©e. C'est peut-ĂȘtre alors qu'il rĂ©dige la Ballade de bon conseil, oĂč il se prĂ©sente comme un dĂ©linquant amendĂ©, puis la Ballade de Fortune, exprimant sa dĂ©ception croissante Ă  l'Ă©gard des bien-pensants qui hĂ©sitent Ă  l'accueillir[32].

Fin 1461, il entame son Ɠuvre maütresse, Le Testament :

En l'an de mon trentĂŻesme aage,
Que toutes mes hontes j'euz beues,
Ne du tout fol, ne du tout saige[33]


Les Pendus.
L'Ă©dition princeps du Testament publiĂ©e Ă  Paris par Pierre Levet en 1489 est un petit in-4° de 113 pages illustrĂ© de quatre gravures (un homme, une femme, un Ă©vĂȘque et trois pendus).

Le Testament est une Ɠuvre beaucoup plus variĂ©e que le Lais. Il comprend 186 strophes de 8 vers (1488 vers), qui en constituent la partie proprement narrative, Ă  laquelle s'ajoutent 16 ballades et 3 rondeaux (535 vers) soit antĂ©rieurs, soit Ă©crits pour la circonstance. Le Testament ne commence qu’au vers 793. FacĂ©tieux et satirique, Villon — qui ne possĂšde rien — s'exprime en homme trĂšs riche et fait des legs aussi comiques qu'imaginaires Ă  des gens qu’il dĂ©teste. La premiĂšre partie, souvent appelĂ©e les Regrets, exprime un jugement sur lui-mĂȘme (il est seul, pauvre, prĂ©maturĂ©ment vieilli) et sur son passĂ© — mĂ©ditation poignante sur la vie et la mort.

Le 2 novembre 1462, Villon est de nouveau arrĂȘtĂ© pour un larcin. Mais l'affaire du collĂšge de Navarre le rattrape. La FacultĂ© de thĂ©ologie fait opposition Ă  sa remise en libertĂ©. Elle dĂ©lĂšgue l'un de ses maĂźtres, Laurens Poutrel, chapelain de Saint-BenoĂźt (connaissant donc bien Guillaume de Villon), pour nĂ©gocier avec le prisonnier. Celui-ci doit promettre de rembourser sa part de butin — soit 120 livres — dans un dĂ©lai de trois ans (documents retrouvĂ©s par Marcel Schwob[34]).

Cette pĂ©riode de libertĂ© est de courte durĂ©e. À la fin du mĂȘme mois, Villon est de nouveau impliquĂ© dans une rixe. MaĂźtre Ferrebouc, un notaire pontifical ayant participĂ© Ă  l'interrogatoire de Guy Tabarie (documents retrouvĂ©s par Auguste Longnon[35]), a Ă©tĂ© blessĂ© lĂ©gĂšrement d’un coup de dague. Villon et quatre de ses compagnons remontaient la rue Saint-Jacques un soir aprĂšs souper. Un de ses compagnons, voyant de la lumiĂšre Ă  l’auvent de l’écritoire de Ferrebouc (les notaires sont autorisĂ©s Ă  travailler aprĂšs le couvre-feu), s’arrĂȘte Ă  la fenĂȘtre, se moque des scribes et crache dans la piĂšce. Les clercs sortent avec le notaire. Une mĂȘlĂ©e s'ensuit. Bien qu'il semble s’ĂȘtre tenu Ă  l'Ă©cart, Villon est arrĂȘtĂ© le lendemain et incarcĂ©rĂ© au Grand ChĂątelet. Avec le nouveau roi, le personnel a changĂ© : son ancien protecteur, Robert d’Estouteville, n’est plus en fonctions. Étant donnĂ© ses antĂ©cĂ©dents et la qualitĂ© de Ferrebouc, l'affaire s'annonce trĂšs grave. DĂ©gradĂ© de son statut de clerc, mis Ă  la question de l’eau, Villon est condamnĂ© Ă  ĂȘtre « Ă©tranglĂ© et pendu au gibet de Paris ». La PrĂ©vĂŽtĂ© entend bien se dĂ©barrasser de ce rĂ©cidiviste. Villon fait appel, devant le Parlement de Paris, d'une sentence qu’il considĂšre comme une injustice, une « tricherie[36] ». Attendant avec angoisse la dĂ©cision de la Cour, c'est sans doute dans sa geĂŽle qu'il compose le Quatrain (voir plus bas Ă©tude du Quatrain) et la cĂ©lĂšbre Ballade des pendus[37]. En effet, le Parlement confirmait en gĂ©nĂ©ral les peines de la PrĂ©vĂŽtĂ©.

Le 5 janvier 1463, le Parlement casse le jugement rendu en premiĂšre instance (Pierre Champion note que, parmi les trois personnes qui pouvaient en ce temps-lĂ  prĂ©sider les assises criminelles, il y avait Henri Thiboust, chanoine de Saint-BenoĂźt). Mais « eu regard a la mauvaise vie dudit Villon », il le bannit pour dix ans. Villon adresse alors au clerc du guichet du ChĂątelet (chargĂ© de la tenue du registre d’écrou) la joyeuse Ballade de l’appel et au Parlement une grandiloquente Louenge et requeste Ă  la court, oĂč il remercie les magistrats et demande un sursis de trois jours « pour moy pourvoir et aux miens Ă  Dieu dire[38] ». C'est son dernier texte connu.

Villon quitte Paris, probablement le 8 janvier 1463. Ensuite, on perd toute trace de lui. « Le malheureux qui, par plusieurs fois, se prĂ©tend minĂ© par la maladie, vieilli avant l’ñge par les souffrances, touchait-il rĂ©ellement Ă  sa fin ? C’est bien possible, Ă©crit Auguste Longnon[39], car on ne comprendrait pas qu’un poĂšte de ce talent eĂ»t vĂ©cu longtemps sans produire de vers. »

Au moment de quitter ce monde, Ă©crit Villon Ă  la fin du Testament :

Ung traict but de vin morillon[40]
Quant de ce monde voult partir[41]

Dans leur livre Sermon joyeux et Truanderie, Jelle Koopmans et Paul Verhuyck ont Ă©tudiĂ© les liens textuels entre la Ballade de l'Appel (5 janvier 1463) et le Sermon joyeux de saint Belin (inconnu jusque-lĂ ). Ce sermon joyeux, dans l'exemplaire unique de la BnF, est suivi de la Ballade de l'Appel. Les deux textes se rĂ©pondent parfaitement, tant et si bien que le sermon joyeux pourrait ĂȘtre de Villon. De toute façon, c'est avec ce sermon joyeux que commence la lĂ©gende de Villon[42].

La légende Villon

Le texte le plus célÚbre de la légende Villon : les Repues Franches (vers 1480).
Villon devient rapidement le type populaire de l’escroc. Il est reprĂ©sentĂ© ici en clerc, figure rase, cheveux courts, portant le bonnet, insigne du licenciĂ© Ăšs arts, et la robe longue. Il tient un livre d’une main et de l’autre une banderole oĂč se lit son nom.

Villon — comme d’autres personnages du Moyen Âge : Du Guesclin, Jeanne d'Arc — passe trĂšs vite dans la lĂ©gende. Le texte le plus connu de la lĂ©gende villonienne est le Recueil des Repues franches de maistre François Villon et de ses compagnons[43], oĂč il est prĂ©sentĂ© comme un gai luron et un pique-assiette, voir ci-contre.

Certaines de ses ballades sont cĂ©lĂšbres dĂšs la fin du XVe siĂšcle, mais on ne sait de lui que ce que l’on peut apprendre dans son Ɠuvre (qu’il faut se garder de lire comme une simple et sincĂšre confidence, le poĂšte ayant lui-mĂȘme Ă©laborĂ© son mythe — ou plutĂŽt ses mythes[44]). Il faut attendre la fin du XIXe siĂšcle pour ĂȘtre mieux renseignĂ© sur la vie du poĂšte, grĂące Ă  quelques prĂ©cieux documents retrouvĂ©s dans les Archives. Il reste nĂ©anmoins encore d’importantes zones d’ombre qui donnent libre cours aux imaginations, d’oĂč, selon les Ă©poques, les diffĂ©rentes images constitutives de la « lĂ©gende Villon ».

Villon, villonner, villonnerie

Villon disparaĂźt mystĂ©rieusement aprĂšs son dĂ©part de Paris en 1463, mais il connaĂźt une cĂ©lĂ©britĂ© immĂ©diate. DĂšs 1489 — il aurait eu 59 ans — ses Ɠuvres sont Ă©ditĂ©es chez Pierre Levet et une vingtaine d’éditions reproduisent le texte de Levet jusqu’en 1533. À la demande de François Ier, Marot donne alors du « meilleur poĂšte parisien qui se trouve »[45] une nouvelle Ă©dition oĂč il s’efforce de corriger les fautes des Ă©ditions prĂ©cĂ©dentes. Les allusions satiriques des legs sont dĂ©jĂ  devenues inintelligibles (« il faudrait avoir estĂ© de son temps Ă  Paris, et avoir connu les lieux, les choses et les hommes dont il parle », dit Marot[45]) mais dĂ©jĂ  l’imagerie populaire a transformĂ© Villon. Elle a fait du poĂšte le type de l’escroc par excellence, grand farceur et grand buveur, toujours habile Ă  tromper le bourgeois pour vivre d’expĂ©dients. Il est le hĂ©ros du Sermon des repues franches de maistre Françoys Villon, un petit recueil sur l’art de vivre aux dĂ©pens d’autrui, dont le succĂšs est considĂ©rable autour des annĂ©es 1500. Le poĂšte apparaĂźt comme un bouffon, vivant d’escroqueries journaliĂšres avec ses compagnons. Image que Villon avait paru se rĂ©signer Ă  laisser de lui dans le Testament :

Au moins sera de moy mémoire
Telle qu’elle est d’un bon follastre[46].

Son vƓu est exaucĂ©, au-delĂ  peut-ĂȘtre de ses espĂ©rances. Son nom devient si populaire qu’il entre dans la langue : on dit villonner pour duper, tromper, payer en fausse monnaie. Villon, villonner, villonnerie avec le sens de fripon, friponner, friponnerie figurent encore dans le dictionnaire[47] de FuretiĂšre (1702) et dans le dictionnaire Ă©tymologique[47] de MĂ©nage (1694), ce dernier ouvrage prĂ©cisant mĂȘme que « le poĂ«te Villon fut appelĂ© Villon Ă  cause de ses friponneries : car son nom Ă©toit François Corbeuil[48]. »

Rabelais, qui connaĂźt bien l’Ɠuvre de Villon (il le mentionne plusieurs fois dans ses livres, cite de mĂ©moire le Quatrain dans Pantagruel[49] ainsi que le refrain « mais oĂč sont les neiges d’antan ? »), le considĂšre, avec son Ă©poque, comme un fou qui dit de bons mots et joue de bonnes farces. Il nous apprend, toujours dans Pantagruel[50], que Villon, « sur ses vieulx jours », a trouvĂ© refuge Ă  Saint-Maixent-en-Poitou et raconte un tour sinistre jouĂ© par l’incorrigible mauvais sujet au frĂšre Tappecoue, sacristain des Cordeliers.

Le premier « poÚte maudit »

D’autres images viendront se superposer. Avec le XIXe siĂšcle, Villon acquiert son statut de premier « poĂšte maudit », mais c’est encore une « figure sans chair ». C’est Ă  partir de 1873, grĂące aux recherches entreprises par Auguste Longnon et Marcel Schwob, que sont dĂ©couverts les documents relatifs au meurtre de Philippe Sermoise (lettres de rĂ©mission de 1455), au vol du collĂšge de Navarre (enquĂȘte de 1457-1458) et Ă  la rixe Ferrebouc (arrĂȘt du Parlement de 1463). L’accent est mis alors et jusqu’à aujourd’hui (voir le tĂ©lĂ©film de 2009 Je, François Villon, voleur, assassin, poĂšte
) sur le dĂ©classĂ© social, le voleur, le meurtrier condamnĂ© Ă  ĂȘtre pendu, le coquillard.

Villon Ă©tait-il un criminel notoire, ou ne fut-il meurtrier que par accident en tuant Philippe Sermoise ? A-t-il fait partie des Coquillards ou Compagnons de la Coquille, bande de malfaiteurs qui sĂ©vit principalement en Bourgogne et en Champagne au cours des annĂ©es 1450 ? On ne dispose d'aucune preuve attestant de son appartenance Ă  cette association de malfaiteurs. Les a-t-il frĂ©quentĂ©s en vagabondant sur les routes ? Il a connu au moins l'un d’entre eux, Regnier de Montigny, signalĂ© Ă  Dijon en 1455 comme l’un des Coquillards et qui Ă©tait peut-ĂȘtre un ami d'enfance de Saint-BenoĂźt. Colin de Cayeux, le complice du cambriolage du collĂšge de Navarre que Villon appelle par calembour Colin « l'Écailler[51] », a-t-il fait partie de la Coquille ? Tous deux finirent au gibet, sans doute le gibet de Montfaucon, l’un en 1457, l’autre en 1460. Les Coquillards utilisaient entre eux un jargon rĂ©vĂ©lĂ© par leur procĂšs Ă  Dijon en 1455. Villon emploie le verbe jargonner dans un vers de l'une des ballades diverses dont l'une des variantes (1489) fait allusion aux pipeurs (mot recensĂ© chez les Coquillards et renvoyant Ă  des tricheurs, notamment au jeu de dĂ©s) :

Je congnois quand pipeur jargonne[52]

Certains termes du jargon des Coquillards sont utilisĂ©s dans six ballades dont l'intĂ©rĂȘt est plus linguistique que littĂ©raire et qui sont attribuĂ©es Ă  Villon dans l’édition de Levet (1489) sous le titre Le jargon et jobellin dudit Villon. Cinq autres ballades jargonnesques ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es au XIXe siĂšcle dans un manuscrit de la fin du XVe siĂšcle, mais leur attribution Ă  Villon a Ă©tĂ© contestĂ©e. Quoi qu'il en soit de la paternitĂ© de Villon sur une partie ou sur la totalitĂ© de ces ballades, cela ne fait pas nĂ©cessairement de lui un membre de la Coquille, d'autant que, comme l'Ă©crit Claude Thiry[53], « cet argot courait les routes comme les bandits qui les Ă©cumaient, et les errants, vivant d’expĂ©dients plus ou moins honnĂȘtes, cĂŽtoyaient dans les tavernes les criminels endurcis ». Jean Favier est lui aussi rĂ©servĂ© : « La langue n’est pas un argument suffisant pour rattacher le poĂšte Ă  la pĂšgre organisĂ©e. » Il met l’accent sur l’aventure verbale : « Riches de deux expĂ©riences, celle de l’artien et celle du voyou, Villon s’amuse des mots comme des raisonnements[54] ». Le texte et le sens de ces ballades ont fait l'objet de nombreuses conjectures. Le linguiste Pierre Guiraud[55] a trouvĂ©, pour celles de l'Ă©dition Levet, trois sens et trois publics superposĂ©s : selon lui, elles concerneraient tout Ă  la fois des tromperies et agressions 1/ de Coquillards, 2/ de tricheurs aux cartes, 3/ d'homosexuels, mais il n'a pas vraiment convaincu les spĂ©cialistes de Villon et de l'argot, puisque tous les Ă©diteurs-traducteurs des ballades en jargon depuis 1968, sauf un[56], s'en sont tenus Ă  la premiĂšre interprĂ©tation pour la dĂ©linquance et la criminalitĂ©, conforme Ă  la tradition depuis 1489 et renforcĂ©e par les travaux de Marcel Schwob sur les Coquillards en 1890-1892. En outre, concernant la bande des Coquillards de Dijon, il ne faut pas oublier qu'une partie a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e en 1455 au bordel de la ville dans lequel ils se donnaient rendez-vous et avaient leurs habitudes et leurs maĂźtresses[57].

Villon Ă©tait-il un vrai bandit, ou n’était-il qu’un marginal incapable par la faiblesse de sa volontĂ© de s’arracher au milieu qui le condamnait perpĂ©tuellement ?

Riens ne hais que perseverance[58].

Est-ce lui qui n’a pas voulu que l’on touche Ă  la plus grande partie du trĂ©sor du collĂšge de Navarre (interrogatoire de maĂźtre Guy Tabarie du ) ? Cherchait-il seulement des fonds pour avoir les moyens de faire une carriĂšre de poĂšte de cour ?

Toutes ces questions n’ont toujours pas de rĂ©ponse aujourd’hui et continuent d'alimenter la lĂ©gende de François Villon.

ƒuvre

Les refrains des Ballades de Villon deviennent vite célÚbres :
Mais oĂč sont les neiges d’antan[59] ?
Tout aux tavernes et aux filles[60].
Il n’est tresor que de vivre à son aise[61].
Il n’est bon bec que de Paris[62].
En ce bordeau (bordel) oĂč tenons nostre estat[63].
Je crye Ă  toutes gens mercys[64].
Autant en emporte ly vens[65].
Je congnois tout, fors que moy mesmes[66].
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre[67].
Li lesserez lĂ , le povre Villon[68] ?

Villon n'a pas tant renouvelĂ© la forme de la poĂ©sie de son Ă©poque que la façon de traiter les thĂšmes poĂ©tiques hĂ©ritĂ©s de la culture mĂ©diĂ©vale, qu'il connaĂźt parfaitement, et qu'il anime de sa propre personnalitĂ©[69]. Ainsi, il prend Ă  contre-pied l'idĂ©al courtois, renverse les valeurs admises en cĂ©lĂ©brant les gueux promis au gibet, cĂšde volontiers Ă  la description burlesque ou Ă  la paillardise, et multiplie les innovations de langage. Mais la relation Ă©troite que Villon Ă©tablit entre les Ă©vĂ©nements de sa vie et sa poĂ©sie l'amĂšne Ă©galement Ă  laisser la tristesse et le regret dominer ses vers. Le Testament (1461-1462), qui apparaĂźt comme son chef-d'Ɠuvre, s'inscrit dans le prolongement du Lais que l'on appelle Ă©galement parfois le Petit Testament, Ă©crit en 1456. Ce long poĂšme de 2023 vers est marquĂ© par l'angoisse de la mort et recourt, avec une singuliĂšre ambiguĂŻtĂ©, Ă  un mĂ©lange de rĂ©flexions sur le temps, de dĂ©rision amĂšre, d'invectives et de ferveur religieuse. Ce mĂ©lange de tons contribue Ă  rendre l'Ɠuvre de Villon d'une sincĂ©ritĂ© pathĂ©tique qui la singularise par rapport Ă  celle de ses prĂ©dĂ©cesseurs[70].

La bibliothĂšque historique de la ville de Paris possĂšde une collection d'environ 400 ouvrages et Ɠuvres du poĂšte, rĂ©unie par Rudolf Sturm, auteur d'une importante bibliographie de l'auteur.

Dans sa cĂ©lĂšbre Anthologie de la PoĂ©sie française publiĂ©e dans la collection de la PlĂ©iade, AndrĂ© Gide insiste longuement sur l'importance de François Villon en son temps et dans l'histoire de la poĂ©sie française : « Vous avez Villon, disait Housman. Oui ; parmi l'extraordinaire fatras pseudo-poĂ©tique oĂč commençait de s'informer notre langue, Villon surgit qui, dans cette voie lactĂ©e avec feux Ă©teints, luit pour nous d'un Ă©clat incomparable[71]. »

Un poĂšte de son temps

Nonobstant l'universalité des préoccupations de Villon, il faut admettre qu'il a d'abord écrit pour son temps. Ses poÚmes s'adressent tantÎt aux joyeux drilles du Quartier Latin, tantÎt aux princes susceptibles de le prendre sous leur protection.

D'un point de vue formel, il ne semble pas innover et reprend Ă  son compte, puis adapte, de nombreux genres littĂ©raires dĂ©jĂ  anciens. Il faut cependant replacer cette remarque dans le contexte historique. Le Moyen Âge est, d'un point de vue intellectuel, une pĂ©riode oĂč les rĂšgles et la symbolique sont parfois plus importantes que le fond du propos. En littĂ©rature, comme dans d'autres arts, les Ɠuvres doivent suivre ces stĂ©rĂ©otypes qui appartiennent Ă  la culture commune et permettent au lecteur d'appliquer une grille de lecture assez convenue.

En ce qui concerne les thĂšmes qu'il aborde, lĂ  encore, Villon ne fait pas montre d'une grande originalitĂ©, tant s'en faut. La mort, la vieillesse, l'injustice, l'amour impossible ou déçu et mĂȘme les affres de l'emprisonnement sont parmi les sujets classiques de la littĂ©rature mĂ©diĂ©vale.

DÚs lors, qu'est-ce qui différencie Villon de ses contemporains[72] ?

Un témoignage autobiographique

En premier lieu, si les sujets abordĂ©s sont classiques, peu d'auteurs les ont vĂ©cus d'aussi prĂšs et, sans avoir toujours des parcours faciles, la plupart furent assez vite intĂ©grĂ©s dans des cours de seigneurs Ă  moins qu'ils ne fussent eux-mĂȘmes des grands du royaume comme Charles d'OrlĂ©ans (qui, retenu comme otage connut certes un long exil, mais un exil « dorĂ© »). Villon, quant Ă  lui, a brĂ»lĂ© sa vie au fond des tavernes au milieu des gueux, des bandits et des prostituĂ©es. Il fut plusieurs fois emprisonnĂ© et a rĂ©ellement frĂŽlĂ© la mort[73].

« En l'an de [son] trentïesme aage[74] », comme épuisé par cette vie d'aventure, par l'emprisonnement, par la torture et la déchéance, il compose son Testament. Cette vie dissolue transparaßt donnant une profondeur et une sincérité touchantes à ses textes, et ce d'autant plus que consciemment ou non, nous lisons Villon à l'aune de son histoire personnelle.

Outre l'intensitĂ© de son propos, ce qui diffĂ©rencie radicalement l'Ɠuvre de Villon de toute la production poĂ©tique mĂ©diĂ©vale, c'est son caractĂšre autobiographique revendiquĂ©[75] (mĂȘme si, nous l'avons vu, la vĂ©racitĂ© des faits est sujette Ă  caution). Sans doute la premiĂšre personne est-elle couramment utilisĂ©e par ses contemporains et prĂ©dĂ©cesseurs ; mais il s'agit d'un « je » toujours attĂ©nuĂ©, voilĂ©, le narrateur Ă©clipsant l'auteur. Il est trĂšs courant Ă  l'Ă©poque que le narrateur relate un rĂȘve au cours duquel se dĂ©roule l'action. C'est le cas par exemple dans le Roman de la Rose. Ce procĂ©dĂ© dilue l'action et la vraie personnalitĂ© de l'auteur dans les brumes du sommeil et les dĂ©lires oniriques, crĂ©ant une situation « fantastique » qui tient le lecteur Ă  distance. En revanche, lorsque Villon se sert du thĂšme du songe Ă  la fin du Lais, il le dĂ©tourne de son utilisation classique pour mieux se rire du lecteur[76]. En effet, l'action supposĂ©e rĂȘvĂ©e est ici l'Ă©criture mĂȘme du texte pourtant bien concret que l'on vient de lire
 Il provoque ainsi une mise en abyme et un paradoxe qui, loin de relativiser le « je », insiste au contraire sur la sincĂ©ritĂ© et la parfaite conscience de Villon lors de la rĂ©daction du Lais. De mĂȘme, le « je » de Villon est puissant et trĂšs concret. LĂ  oĂč les autres admettent du bout des lĂšvres : « j'ai ouĂŻ dire que » ou « j'ai rĂȘvĂ© que
 », Villon se veut affirmatif : « je dis que
 » et « je pense que »[77].

En somme, sans ĂȘtre rĂ©volutionnaire, Villon reprend Ă  son compte la tradition littĂ©raire, se l'approprie et la pervertit pour en faire un porte-voix de sa propre personnalitĂ© et de ses Ă©tats d'Ăąme.

Le PoĂšte et la Mort

Dans son Anthologie de la poésie française (Hachette, Paris, 1961), Georges Pompidou écrit :

« (Villon) a peu Ă©crit et encore y a-t-il dans son Ɠuvre beaucoup de vers inutiles. Mais les quelques centaines de vers qui comptent (et que j'ai essayĂ© de citer intĂ©gralement) suffisent Ă  faire de lui l'un des grands parmi les grands, avant et avec Baudelaire, celui qui a su le mieux parler de la mort. »

Le Lais

Titre et marque d'Ă©diteur de Pierre Levet dans l'Ă©dition de 1489.

Le Lais est une Ɠuvre de jeunesse (1457) formĂ©e de quarante huitains d'octosyllabes, oĂč l'on voit un Villon, joyeux et parfois potache, Ă©grener une suite de « dons » ou de « legs » plus ou moins loufoques, mais toujours cruels et souvent drĂŽles, Ă  destination de ses ennemis. Ses cibles favorites sont les autoritĂ©s, la police, les ecclĂ©siastiques trop bien nourris, les bourgeois, les usuriers, en somme les cibles Ă©ternelles de la contestation Ă©tudiante et prolĂ©taire. Il reprend dans ce texte plusieurs genres littĂ©raires connus : au vu des circonstances (le dĂ©part pour Angers) et de l'utilisation de motifs de l'amour courtois des trouvĂšres, ce pourrait ĂȘtre un congĂ©, dans la droite ligne de la tradition arrageoise[78], oĂč le poĂšte galant quitte sa dame qui l'a trop fait souffrir[79].

Cependant, il est ici question de lais (de « laisser »), des dons qui font penser aux testaments littĂ©raires, tel celui d'Eustache Deschamps qui parodia Ă  la fin du XIVe siĂšcle toute sorte de documents lĂ©gaux[80]. Enfin, dans les derniĂšres strophes, Villon reprend Ă  son compte le thĂšme fort usitĂ© du songe oĂč l'auteur raconte une aventure qui lui est arrivĂ©e en rĂȘve. Parodie de congĂ©, testament satirique et songe ironique : les Lais sont tout cela successivement[81].

Le Lais est avant tout destinĂ© Ă  ses amis et compagnons de dĂ©bauche et fourmille d'allusions et de sous-entendus aujourd’hui indĂ©chiffrables mais qui Ă  coup sĂ»r devaient beaucoup faire rire ses camarades. Il semble cependant avoir eu un petit succĂšs, car Villon y fait plusieurs fois rĂ©fĂ©rence dans le Testament, se plaignant de façon plaisante que l'Ɠuvre circule sous le titre erronĂ© de « testament » :

Sy me souvient, ad mon advis,
Que je feiz Ă  mon partement
Certains laiz, l'an cinquante six,
Qu'aucuns, sans mon consentement,
Voulurent nommer « testament » ;
Leur plaisir fut, non pas le myen.
Mais quoy! on dit communément :
« Ung chascun n'est maistre du scien. »[82]

Le Testament

Le Grant Testament (vers 1500).
L'imprimerie rĂ©pand l'Ɠuvre de François Villon.

Le Testament est une Ɠuvre beaucoup moins homogĂšne que n'est le Lais. S'il reprend l'idĂ©e de parodie d'un acte juridique, ce n'est en fait qu'une colonne vertĂ©brale sur laquelle viennent se greffer toutes sortes de digressions sur l'injustice, la fuite du temps, la mort, la sagesse
 ainsi que des poĂšmes autonomes souvent prĂ©sentĂ©s comme des legs. On retrouve cependant la plume vive et acerbe et l'humour tantĂŽt noir et subtil, tantĂŽt franchement rigolard et paillard qui caractĂ©rise Villon. Peut-ĂȘtre l'auteur souhaite-t-il prĂ©senter ici un large spectre de ses talents afin d'attirer l'attention d'un Ă©ventuel mĂ©cĂšne, le Testamen*/ t devenant une sorte de carte de visite. Le texte s'adresse aussi Ă  ses anciens compagnons, soit la foule de misĂ©reux cultivĂ©s que produit Ă  cette Ă©poque la Sorbonne.

Villon a insĂ©rĂ© dans son Testament plusieurs ballades, dont certaines sans doute composĂ©es plus tĂŽt. La plus cĂ©lĂšbre est la Ballade des Dames du temps jadis (Testament, vv. 329-356 ; le titre est de ClĂ©ment Marot) avec le fameux vers-refrain Mais oĂč sont les neiges d’antan ?

Villon y Ă©numĂšre plusieurs dames, historiques, mythologiques ou contemporaines, et se demande oĂč se trouvent ces personnes mortes. Il associe ainsi deux motifs traditionnels, l’ubi sunt[83] et le tempus fugit[84], topos dĂ©jĂ  exploitĂ©s dans les huitains prĂ©cĂ©dents (Testament, vv. 281-328).

La Danse macabre[85], grand thÚme du XVe siÚcle, symbole de l'égalité devant la mort, est au mur du cimetiÚre des Innocents dÚs 1425.

Je connais que pauvres et riches
Sages et fols, prĂȘtres et lais,
Nobles, vilains, larges et chiches

Mort saisit sans exception[86].

« La Danse macabre de Villon, c'est le Testament tout entier. » (Jean Favier[87])

Cette ballade a Ă©tĂ© abondamment commentĂ©e[88]. Mais la clef poĂ©tique est dans le pluriel, les neiges; car Villon a Ă©tĂ© le premier Ă  employer le mot au pluriel dans le cadre d’une plainte sur le temps qui passe.

En 1989, Paul Verhuyck a montrĂ©, arguments historiques Ă  l’appui, que Villon a dĂ©crit des statues de neige, des sculptures de glace[89]. La tradition mĂ©diĂ©vale des fĂȘtes de neige est amplement attestĂ©e, avant et aprĂšs Villon, avec par exemple une danse macabre, Jeanne d'Arc, des figures mythologiques, une sirĂšne, Roland, Rainouart, Flora !

Ainsi, le mystĂšre poĂ©tique du motif d’ubi sunt rĂ©side dans une double mort : Villon ne se demande pas seulement oĂč sont les dames mortes, mais aussi oĂč sont leurs figures de neige, les neiges d’antan. Le mot d’antan avait au XVe siĂšcle encore son sens Ă©tymologique : ante annum signifie l’annĂ©e passĂ©e.

Comme la Ballade des dames du temps jadis forme un triptyque avec la Ballade des seigneurs du temps jadis et la Ballade en vieil langage Françoys (Testament, vv. 357-412), on peut mĂȘme se demander si la fĂȘte de neige ne se prolonge pas dans ces deux derniĂšres ballades.

Si Villon a dĂ©crit des sculptures de neige, il a dĂ» s’inspirer d’un hiver particuliĂšrement froid. Or, l’histoire du climat nous apprend que l’hiver de 1457-1458 (n.st.) fut exceptionnellement sĂ©vĂšre. Étant donnĂ© le sens Ă©tymologique d’antan, Villon a Ă©crit cette ballade des dames un an plus tard, en 1458 (1458-1459 n.st.), donc Ă  une Ă©poque oĂč il fut absent de Paris. Quoique son Testament ait Ă©tĂ© Ă©crit vraisemblablement en plusieurs Ă©tapes, sa forme dĂ©finitive semble dater de 1461, aprĂšs sa libĂ©ration de la prison de Meung-sur-Loire.

Le Testament passe pour ĂȘtre le chef-d'Ɠuvre de Villon et l'un des plus beaux textes littĂ©raires du Moyen Âge tardif[90].

La Ballade des pendus

La Ballade des pendus, Ă©dition Treperel, Paris, 1500.

La ballade dite Ballade des pendus, parfois improprement appelĂ©e Épitaphe Villon, est le poĂšme le plus connu de François Villon, et l'un des plus cĂ©lĂšbres poĂšmes de la langue française. On s'accorde en gĂ©nĂ©ral pour penser que cette ballade fut composĂ©e par Villon alors qu'il Ă©tait emprisonnĂ© Ă  la suite de l'affaire Ferrebouc, mais le fait n'est pas absolument Ă©tabli[37]. Le poĂšme prĂ©sente une originalitĂ© profonde dans son Ă©nonciation : ce sont les morts qui s'adressent aux vivants, dans un appel Ă  la compassion et Ă  la charitĂ© chrĂ©tienne, rehaussĂ© par le macabre de la description. Cet effet de surprise est cependant dĂ©samorcĂ© par le titre moderne[91]. Le premier vers « Freres humains, qui aprĂšs nous vivez », conserve de ce fait encore aujourd’hui un fort pouvoir d'Ă©vocation et d'Ă©motion : la voix des pendus imaginĂ©e par Villon transcende la barriĂšre du temps et de la mort[92].

Dans ce poĂšme, François Villon, qui rit d'ĂȘtre condamnĂ© Ă  la pendaison, s'adresse Ă  la postĂ©ritĂ© pour solliciter la pitiĂ© des passants et Ă©mettre des souhaits : solliciter notre indulgence et notre pardon, dĂ©crire leurs conditions de vie, adresser une priĂšre Ă  JĂ©sus. Au second degrĂ©, on peut percevoir dans cette ballade un appel de l'auteur Ă  la pitiĂ© du roi, si elle a bien Ă©tĂ© Ă©crite en prison.

Les différents types de personnages

  • Les personnages divins :
    • « Dieu » (vers 4, 10, 20, 30, 35) : pour implorer la pitiĂ© ;
    • « Prince JĂ©sus » (vers 31) et « fils de la Vierge Marie » (vers 16) : il a le pouvoir de maĂźtriser les hommes ;
  • Les hommes : « frĂšres humains » (vers 1), « ses frĂšres » (vers 11) et « hommes » (vers 34) : ils ont des dĂ©fauts et Villon veut que ceux-ci prient pour le pardon des pendus en arguant qu'ils ne sont eux-mĂȘmes pas exempts de dĂ©fauts, et que s'ils prient pour eux, « Dieu en aura plus tost de vous mercis » (ils seront donc ainsi pardonnĂ©s pour leurs propres pĂ©chĂ©s.
  • Les condamnĂ©s : Villon veut montrer aux hommes que les condamnĂ©s Ă  mort souffrent (vers 5 Ă  9 et 21 Ă  29).

Différents champs lexicaux

  • Le champ lexical de la mort charnelle : « pieça, dĂ©vorĂ©e et pourrie » (vers 7), « dĂ©buez et lavĂ©s » (vers 21), « dessĂ©chĂ©s et noircis » (vers 22), « cavĂ©s » (vers 23), « arrache » (vers 24), « charrie » (vers 27). Il montre que les condamnĂ©s souffrent.
  • Le champ lexical du corps : « chair » (vers 6), « os » (vers 8), « yeux » (vers 23), « barbe » (vers 24). Il provoque, en association avec la description des supplices des pendus une rĂ©action de dĂ©goĂ»t propre Ă  susciter la pitiĂ©.
  • Le champ lexical des choses qui font leur malheur : « infernale foudre » (vers 18), « pluie » (vers 21), « soleil » (vers 22), « pies, corbeaux » (vers 23), « vent » (vers 26).

La structure de l'Ɠuvre Ce poĂšme suit les rĂšgles de la ballade classique, les strophes ont donc autant de vers que ceux-ci ont de syllabes (soit des strophes de dix vers en dĂ©casyllabe). Les rimes sont croisĂ©es, cela ne fait toutefois pas partie des rĂšgles de la ballade. Chaque strophe se termine par un refrain (« Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre ! »). La derniĂšre strophe enfin est un envoi de seulement cinq vers, normalement adressĂ© Ă  un haut dignitaire (organisateur du concours, mĂ©cĂšne de l'artiste
) il est ici adressĂ© directement au « Prince Jhesus » (vers 31).

Versification : Ă©tude du Quatrain

Ce petit poÚme, sans doute écrit alors que, fatigué de vivre et fataliste, Villon n'a pas encore interjeté appel et attend son exécution par pendaison[93], renferme en quatre octosyllabes la quintessence de l'art de Villon, son désarroi et sa haine farouche de la fuite du temps et de la mort, ainsi que son humour et sa vivacité d'esprit, toujours présents[94].

Tout d'abord, voici le quatrain dont il est question, ainsi que sa transcription en français moderne :

Je suis François, dont il me poise
NĂ© de Paris emprĂšs Pontoise
Et de la corde d'une toise
Saura mon col que mon cul poise

« Je suis François, cela me pÚse
NĂ© Ă  Paris prĂšs de Pontoise
Et de la corde d'une toise
Mon cou saura c'que mon cul pÚse[95] »

Vers 1
Le quatrain dĂ©bute par un jeu de mots sur son prĂ©nom, « François », qui signifie aussi « Français » : ce double sens est prĂ©sentĂ© par Villon comme un double coup du sort. Dans un cas, ce qui lui pĂšse et l'accable (« me poise »), c'est tout simplement d'ĂȘtre lui-mĂȘme, d'avoir connu cette vie d'errance et de misĂšre. Il a vĂ©cu comme un misĂ©reux, il se prĂ©pare Ă  mourir comme tel. L'autre fardeau, c'est sa nationalitĂ©. Et pour cause, Robin Daugis, pourtant bien plus impliquĂ© que lui dans l'affaire Ferrebouc, a bĂ©nĂ©ficiĂ© en tant que savoyard d'une justice moins expĂ©ditive. Il attend d'ailleurs en vain son procĂšs, jusqu'en novembre oĂč il est graciĂ© Ă  l'occasion de la venue Ă  Paris du duc de Savoie.
Vers 2
Inversion de l'ordre hiérarchique entre les villes : Pontoise qui semble prendre le pas sur Paris, n'est pas choisie au hasard ou pour la rime. Le prévÎt de Paris qui fait condamner Villon est Jacques de Villiers, seigneur de L'Isle-Adam, prÚs Pontoise
 Cette ville est en outre réputée pour sa langue chùtiée ; le contraste avec le dernier vers n'en est que plus plaisant
 Jean Dufournet remarque aussi qu'elle dépend pour les affaires de justice de la prévÎté de Paris. AmÚre conclusion : quel que soit l'ordre d'importance des cités, Villon est pris au piÚge et ne peut échapper au prévÎt et à ses décisions.
Vers 3 et 4
S'ils sont explicites et ne renferment apparemment pas de sens cachĂ©, ils sont du point de vue de la versification admirables. Il y a tout d'abord l'allitĂ©ration de « mon col » et « mon cul » symĂ©triques par rapport Ă  « que ». Ensuite, on remarque une assonance Ă  la cĂ©sure entre « corde » et « col ». Le tout provoque une accĂ©lĂ©ration du rythme qui nous entraĂźne des deux premiers vers au niveau de langue chĂątiĂ© et au contenu presque administratif (Villon dĂ©clinant son identitĂ©) aux deux suivants qui dĂ©voilent la plaisanterie et utilisent un langage populaire voire argotique (« la corde d'une toise » correspondant au gibet) pour arriver en apothĂ©ose Ă  la vulgaritĂ© du mot « cul » repoussĂ© Ă  l'extrĂȘme limite du quatrain.

Influence

Villon est imprimĂ© pour la premiĂšre fois en 1489, Ă©dition qui est suivie par plusieurs autres. La derniĂšre Ă©dition quasi contemporaine est celle que ClĂ©ment Marot donna en 1533[96]. À cette Ă©poque la lĂ©gende villonienne est dĂ©jĂ  bien Ă©tablie. Elle s'estompe vers la fin de la Renaissance, de façon que Boileau, qui mentionne Villon dans son Art poĂ©tique, ne semble le connaĂźtre que par ouĂŻ-dire. C'est au XVIIIe siĂšcle seulement que l'on commence Ă  s'intĂ©resser de nouveau au poĂšte. Il est redĂ©couvert Ă  l'Ă©poque romantique, oĂč il acquiert son statut de premier « poĂšte maudit ». DĂšs lors, sa notoriĂ©tĂ© ne faiblit plus. Il inspira notamment les poĂštes de l'expressionnisme allemand et fut traduit dans de nombreuses langues (allemand, anglais, russe, espĂ©ranto, espagnol, japonais, tchĂšque, hongrois
), ce qui lui confĂ©ra une rĂ©putation mondiale, tant ses prĂ©occupations sont universelles et transcendent les barriĂšres du temps et des cultures.

En littérature

François Villon vu par Job et Georges Montorgueil
(illustration d'un livre pour la jeunesse consacré à Louis XI, 1905).
  • François Villon devient le hĂ©ros du recueil des Repues franches[97], texte qui raconte des tours, souvent obscĂšnes, jouĂ©s Ă  des notables par Villon et ses compagnons, et qui a contribuĂ© Ă  enrichir la « lĂ©gende Villon ».
  • François Rabelais fait de Villon un personnage Ă  part entiĂšre de ses romans Pantagruel et Gargantua, oĂč il le dĂ©peint comme un comĂ©dien et imagine sa vie d'aprĂšs 1462[98].
  • S'il n'est pas ou guĂšre connu des premiers Romantiques, tels Chateaubriand ou Nodier, il a inspirĂ©, Ă  partir d'environ 1830, tous les auteurs de ce courant. Cependant, certains revendiquĂšrent particuliĂšrement son influence. C'est notamment le cas de Victor Hugo, ThĂ©ophile Gautier, ThĂ©odore de Banville (qui pasticha Villon en lui rendant hommage dans la Ballade de Banville, Ă  son maĂźtre), et Ă  sa suite Arthur Rimbaud (dont l'une des premiĂšres Ɠuvres est une lettre de Charles d'OrlĂ©ans Ă  Louis XI pour demander la grĂące de Villon[99]), Charles Baudelaire, Paul Verlaine, bien sĂ»r GĂ©rard de Nerval, Jean Richepin et sa Chanson des gueux, Marcel Schwob et beaucoup d'autres.
  • Robert Louis Stevenson a fait de François Villon le hĂ©ros d'une de ses nouvelles (A lodging for the night - A Story of Francis Villon).
  • Francis Carco a Ă©crit une biographie romancĂ©e de Villon : Le Roman de François Villon, en 1926, et son ami Pierre Mac Orlan le scĂ©nario d'un film d'AndrĂ© Zwoboda intitulĂ© François Villon (1945), dans lequel sont racontĂ©s les derniers jours de la vie du poĂšte, tels que les imaginait Mac Orlan.
  • Tristan Tzara a voulu voir dans le Testament une Ɠuvre codĂ©e fondĂ©e entiĂšrement sur des anagrammes.
  • Leo Perutz, dans Le Judas de LĂ©onard, s'inspira de François Villon pour l'un de ses personnages, Mancino : celui-lĂ  n'est pas mort, mais, amnĂ©sique, vit Ă  Milan au temps de LĂ©onard de Vinci.
  • Lucius Shepard a Ă©crit une nouvelle intitulĂ©e Le Dernier Testament dans Aztechs. Le personnage principal y est frappĂ© par la malĂ©diction de Villon.
  • Jean TeulĂ© se met dans la peau de Villon dans son roman Je, François Villon, publiĂ© en 2006.
  • Gerald MessadiĂ© a Ă©crit une trilogie romanesque intitulĂ©e Jeanne de L'Estoille (La rose et le lys, Le jugement des loups, La fleur d'AmĂ©rique). Le personnage principal, Jeanne, rencontre le personnage romancĂ© de François Villon. Cette relation commencera par le viol de Jeanne, s'ensuivra la naissance d'un enfant (François) puis des rencontres, tout au long des trois tomes, mĂȘlĂ©es de sentiments contradictoires pour Jeanne. Le roman retrace bien toute la vie (romancĂ©e bien sĂ»r) de François Villon, et le climat de l'Ă©poque (coquillard, guerre, Ă©pidĂ©mie).
  • Osamu Dazai, Ă©crivain japonais du XXe siĂšcle, a Ă©crit un roman intitulĂ© La Femme de Villon.
  • Ossip Mandelstam, grand lecteur de Villon, a beaucoup mĂ©ditĂ© sur l'Ɠuvre du poĂšte. Ses livres rĂ©vĂšlent de nombreux poĂšmes et traces.
  • Boulat Okoudjava (surnommĂ© le « Brassens soviĂ©tique »), auteur et compositeur russe, lui a dĂ©diĂ© une chanson (La PriĂšre de François Villon), oĂč le poĂšte demande Ă  Dieu d'aider les autres (les pleutres, les pauvres, etc.) et de ne pas l'oublier.
  • Valentyn Sokolovsky. La Nuit dans la ville des cerises ou En attendant François raconte la vie de François Villon en forme de souvenirs d’une personne qui connaĂźt le poĂšte et dont on peut trouver le nom dans les lignes du Grand Testament (en russe, 112 p., Kiev, Ukraine, 2013).
  • Il est un personnage secondaire mais important (ĂągĂ© d'environ 400 ans) du roman fantastique Le Poids de Son Regard (en) de Tim Powers, celui-ci le nommant gĂ©nĂ©ralement « Des Loges » dans le roman.
  • RaphaĂ«l Jerusalmy en fait un personnage important de son roman La confrĂ©rie des chasseurs de livres (Actes Sud 2013). Villon se voit confier une mission par Louis XI : rapporter de Palestine des manuscrits antiques.

Au théùtre

  • ThĂ©odore de Banville s'en inspire pour sa piĂšce Gringoire.
  • Bertolt Brecht s'en inspira pour son OpĂ©ra de quat'sous.
  • Sa vie inspira la piĂšce en quatre actes If I Were King de Justin Huntly McCarthy, crĂ©Ă©e en 1901 Ă  Broadway ; et dont l'auteur a lui-mĂȘme tirĂ© un roman If I Were King en 1902.
  • The Vagabond King, comĂ©die musicale crĂ©Ă©e en 1925 par Rudolf Friml, inspirĂ©e par la piĂšce de Justin Huntly McCarthy.
  • Kinski spricht Villon, spectacles par Klaus Kinski (voir discographie de l'acteur).

Au cinéma

À la tĂ©lĂ©vision

En bande dessinée

  • Je, François Villon, sĂ©rie en trois albums de Luigi Critone, adaptĂ©e du roman de Jean TeulĂ© et publiĂ©e aux Ă©ditions Delcourt (Mais oĂč sont les neiges d'antan ?, 2011, Bienvenue parmi les ignobles, 2014 et Je crie Ă  toutes gens merci, 2016).

En chanson et en musique

Fresque de l'Ă©glise Sant' Anastasia Ă  VĂ©rone.

La pluie nous a débués et lavés
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés
Et arraché la barbe et les sourcils.

  • En 1910, Claude Debussy compose Trois ballades de François Villon.
  • En 1929, Jean Cartan compose Trois poĂšmes de François Villon,
  • En 1951, LĂ©o FerrĂ© met en musique le premier quatrain de la Ballade des pendus dans son « rĂ©cit lyrique » De sac et de cordes. Le texte est chantĂ© par le ChƓur Raymond Saint-Paul.
  • En 1953, Georges Brassens met en musique la Ballade des dames du temps jadis, tirĂ©e du Testament[101].
  • En 1957, Jacques Douai est le premier Ă  mettre en musique l'intĂ©gralitĂ© de la Ballade des pendus.
  • En 1959, LĂ©o FerrĂ© Ă©crit la chanson La poĂ©sie fout l'camp, Villon ! oĂč il s'adresse fraternellement au poĂšte pour dĂ©plorer la bĂȘtise de sa propre Ă©poque[102]. Catherine Sauvage en grave une version en 1961 et Jean Vasca en 1993.
  • La mĂȘme annĂ©e, FĂ©lix Leclerc a mis en musique des extraits du petit testament de François Villon (album FĂ©lix Leclerc et sa guitare Vol. 3).
  • En 1960, Serge Reggiani dit la Ballade des dames du temps jadis, la Ballade des femmes de Paris, Le Lais, la chanson Au retour de dure prison..., la Ballade des pendus et des extraits du Testament. En 1968, il chante La Ballade des pendus sur une musique de Jean-Jacques Robert.
  • La mĂȘme annĂ©e, Monique Morelli chante La Ballade des pendus sur une musique de Lino LĂ©onardi.
  • En 1964, Bob Dylan, admet lors de plusieurs interviews l'influence de François Villon, et notamment publie l'album The Times They Are a-Changin' oĂč l'on dĂ©couvre sur l'arriĂšre de la pochette de l'album un poĂšme 11 OUTLINED EPITAPHS, considĂ©rĂ© comme la 11e Ɠuvre de l'album (qui ne comporte que dix chansons), oĂč l'on trouve une paraphrase « ah where are the forces of yesteryear?» de la traduction anglaise couramment admise des Neiges d'antan de la ballade des dames du temps jadis par Dante Gabriel Rossetti[103].
  • En 1966, Georges Brassens chante Le MoyenĂągeux, hommage non dĂ©guisĂ© Ă  François Villon, onziĂšme et dernier morceau de son onziĂšme disque Supplique pour ĂȘtre enterrĂ© Ă  la plage de SĂšte.
  • En 1967, Boulat Okoudjava, poĂšte russe, met en musique son poĂšme La priĂšre de François Villon.
  • En 1974, Monique Morelli publie un album entier consacrĂ© aux poĂšmes de François Villon.
  • En 1978, Daniel Balavoine cite Villon dans sa chanson Le Français est une langue qui rĂ©sonne (« Moi qui m' crois bon Français je sens que je dĂ©conne, / De mes mots censurĂ©s que Villon me pardonne
 »)
  • En 1980, LĂ©o FerrĂ© met une nouvelle fois en musique la Ballade des pendus, cette fois intĂ©gralement, sous le titre FrĂšres humains, l'amour n'a pas d'Ăąge. Il y entrelace un de ses poĂšmes avec le poĂšme de Villon. Cette chanson est utilisĂ©e par Jean-Luc Godard dans son film Passion (1982).
  • En 1983, Stephan Eicher cite la Ballade des pendus (« puis ça, puis lĂ , comme le vent varie ») dans son premier single solo La Chanson bleue.
  • En 1987, Little Nemo met en chanson Ballade des pendus (album Past and Future).
  • En 1995, La Tordue s'inspire de la Ballade de bonne doctrine a ceux de mauvaise vie dans sa chanson Les Grands Bras en reprenant le refrain « Tout aux tavernes et aux filles » (album Les Choses de rien).
  • En 1997, le compositeur Arthur Oldham Ă©crit Le Testament de Villon pour solistes, chƓur et orchestre.
  • En 1998, Richard Desjardins s'inspire de l'Ɠuvre de Villon et plus particuliĂšrement de la Ballade des pendus pour sa chanson Lomer (À la Frenchie Villon) (album Boom Boom).
  • En 1999, Le Weepers Circus s'inspire de la Ballade des menus propos pour la chanson Ô Prince (album L'Ă©pouvantail).
  • En 2002, Renaud lui rend hommage dans sa chanson Mon bistrot prĂ©fĂ©rĂ© (album Boucan d'enfer).
  • La mĂȘme annĂ©e, Corvus Corax, groupe allemand de musique mĂ©diĂ©vale, a mis en musique sa Ballade de Mercy (album Seikilos).
  • En 2009, le groupe Peste noire met en chanson la Ballade contre les ennemis de la France sous le nom de Ballade cuntre les anemis de la France (album Ballade cuntre lo Anemi francor).
  • La mĂȘme annĂ©e, le groupe Eiffel reprend le texte de Villon paru dans le recueil Le Testament dans sa chanson Mort j'appelle (album À tout moment).
  • En 2013, Lucio Bukowski cite dans le refrain de Psaumes mĂ©tropolitains un des vers les plus connus de Villon : « Je meurs de soif auprĂšs de la fontaine. »
  • En 2014, le groupe La Souris DĂ©glinguĂ©e chante une chanson intitulĂ©e François Villon.
  • En 2016, RĂȘve en scĂšne produit en Corse Jean-Bruno Chantraine pour un Villon, coupable d'idĂ©al[104], avec de nombreuses poĂ©sies mises en musique, sur des propositions de mise en scĂšne et d'association musicale de Jean-Louis Lascoux[105].
  • En 2019, le rappeur Nekfeu fait rĂ©fĂ©rence Ă  Villon dans la chanson Pair d'As (album Poison ou Antidote) en featuring avec Dadju, par la phrase « J'ai plantĂ© personne, je suis pas Villon. »

Le Paris de Villon

EnfermĂ©e dans des murs dĂ©limitant un espace qui correspond aux six premiers arrondissements actuels, Paris est alors peuplĂ©e de plus de 100 000 habitants. CitĂ© universitaire par excellence, avec la Sorbonne, elle abrite sur sa rive gauche prĂšs d’une centaine de collĂšges et accueille quelque cinq mille Ă©tudiants.

La fontaine Maubuée

ChantĂ©e par Villon, dans son Testament, la fontaine MaubuĂ©e existe toujours, au 129 de la rue Saint-Martin, Ă  l’angle de la rue de Venise. Juste en face du Centre Georges-Pompidou, l'on peut y observer son tuyau de plomb et sa pierre dĂ©corĂ©e d’épis et de cornes d’abondance.

Une statue de François Villon réalisée par René Collamarini se trouve dans le square Paul-Langevin (Paris).

Autres

  • En 1887, Rodin sculpte la Belle HeaulmiĂšre inspirĂ©e du personnage crĂ©Ă© par Villon.

« [
] C'est d'umaine beaultĂ© l'yssue !
Les bras cours et les mains contraites,
Les espaulles toutes bossues ;
Mamelles, quoy ! toutes retraites ;
Telles les hanches que les tetes.
Du sadinet, fy ! Quant des cuisses,
Cuisses ne sont plus, mais cuissetes,
Grivelées comme saulcisses.

Ainsi le bon temps regretons
Entre nous, povres vielles sotes,
Assises bas, Ă  crouppetons,
Tout en ung tas comme pelotes,
A petit feu de chenevotes
Tost allumées, tost estaintes ;
Et jadis fusmes si mignotes !

Ainsi emprent à mains et maintes. »
(Extrait des « Regrets de la Belle HeaulmiÚre », Le Testament[106])

  • En 1946, un timbre français reprĂ©sentant François Villon a Ă©tĂ© Ă©ditĂ©, qui indiquait 1489 comme date de dĂ©cĂšs[107].
  • Dans le jeu de rĂŽle Vampire, des Ă©ditions White Wolf Publishing, le prince (dirigeant des vampires) de Paris est François Villon.

Sources historiques

Aucune de ces sources ne contient l'intégrale des poÚmes maintenant attribués à Villon. De plus, les documents diffÚrent légÚrement sur certains vers, ce qui obligea les éditeurs depuis la premiÚre édition critique de Clément Marot à un long travail de compilation, de comparaison et d'attribution des poésies encore en cours de nos jours. Clément Marot écrivait déjà, dans le prologue de son édition de 1533 :

« Entre tous les bons livres imprimés de la langue français, il ne s'en voit un si incorrect ni si lourdement corrompu que celui de Villon. Et m'ébahis, vu que c'est le meilleur poÚte parisien qui se trouve, comment les imprimeurs de Paris et les enfants de la ville n'en ont eu plus grand soin[108]. »

Manuscrits

  • Paris, BibliothĂšque nationale (Mss.), Français 25458, manuscrit de Charles d'OrlĂ©ans, autographe (1458) : Ballade des contradictions, Ballade franco-latine.
  • Paris, BibliothĂšque nationale (Mss.), Français 1661, aprĂšs 1464 : version incomplĂšte du Lais.
  • Paris, BibliothĂšque nationale (Mss.), Français 20041, dit « manuscrit Coislin » du nom d'un ancien propriĂ©taire, aprĂšs 1464 : Versions incomplĂštes du Lais et du Testament, quatre poĂ©sies diverses.
  • Paris, BibliothĂšque de l'Arsenal, Ms. 3523, fin du XVe siĂšcle : versions incomplĂštes du Lais et du Testament, La Ballade de Fortune.
  • Berlin, BibliothĂšque nationale, Cabinet des estampes, Hs. 78 B 17, dit « Chansonnier de Rohan », vers 1475 : trois poĂšmes du Testament et deux poĂ©sies diverses.
  • Stockholm, BibliothĂšque royale, ms. V.u.22, dit « manuscrit Fauchet » du nom d'un ancien propriĂ©taire, aprĂšs 1477 : Ce recueil de textes de diffĂ©rents auteurs (dont Villon) comprend des versions incomplĂštes du Lais et du Testament, huit des poĂ©sies diverses du poĂšte (dont trois sans son nom, parmi des ballades de divers auteurs non nommĂ©s) et, dans un ensemble sĂ©parĂ© par des pages blanches, cinq ballades en jargon anonymes, diffĂ©rentes de celles de l'imprimĂ© Levet de 1489.

Imprimés

  • François Villon, Le Grant Testament Villon et le petit. Son codicille. Le iargon et ses ballades, Pierre Levet, Paris, 1489, prĂ©sumĂ© ĂȘtre l'Ă©dition princeps : version incomplĂšte du Testament, puis huit poĂ©sies diverses (dont sept communes avec manuscrit Fauchet, mais donnĂ©es dans un ordre trĂšs diffĂ©rent), puis six ballades en jargon rĂ©unies sous le titre Le jargon et jobellin dudit Villon, puis version incomplĂšte du Lais;
  • Anthologie, Le Jardin de Plaisance et Fleur de rethoricque, Antoine VĂ©rard, Paris, 1501 : Ballades du Testament et six poĂ©sies diverses.

ƒuvres et bibliographie

Liste chronologique des Ɠuvres de Villon

Cette liste se veut exhaustive. Cependant, elle est rĂ©guliĂšrement mise en doute, l'attribution de tel ou tel poĂšme Ă©tant contestĂ©e, ou a contrario elle se voit parfois enrichie de « nouvelles » Ɠuvres
 NĂ©anmoins, elle semble acceptĂ©e en l'Ă©tat par la plupart des spĂ©cialistes de Villon.

Les Ɠuvres sont ici prĂ©sentĂ©es et datĂ©es selon la chronologie Ă©tablie par Gert Pinkernell. Certaines ne sont pas datĂ©es prĂ©cisĂ©ment, et celles incluses par Villon dans le Testament sont ici placĂ©es aprĂšs ce dernier, mĂȘme si elles peuvent ĂȘtre antĂ©rieures. Les titres, sauf pour les deux sĂ©ries distinctes du jargon, sont ceux retenus dans les PoĂ©sies complĂštes, Ă©ditĂ©es et commentĂ©es par Claude Thiry au Livre de poche.

Éditions modernes

Portrait imaginaire de François Villon, réalisé entre la fin du XVIIIe siÚcle et le début du XIXe siÚcle. Lithographie de Ludwig Rullmann.

Villon passe pour un auteur ardu, et ce Ă  plusieurs titres. La barriĂšre de la langue tout d’abord : le moyen français n’est pas aisĂ© Ă  apprĂ©hender pour le lecteur moderne, Ă  la fois sur le plan syntaxique et lexical. Notons cependant que les rĂšgles de grammaire ont dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  se stabiliser au XVe siĂšcle excluant progressivement les reliquats les plus dĂ©routants de la langue romane, notamment les dĂ©clinaisons.

Face Ă  cette difficultĂ©, les Ă©diteurs choisissent tantĂŽt de faire figurer Ă  cĂŽtĂ© du texte original une transcription en français moderne, tantĂŽt d’annoter le texte original, cette derniĂšre solution prĂ©sentant l'intĂ©rĂȘt de contraindre le lecteur Ă  s’immerger dans la langue riche et poĂ©tique de Villon.

La seconde difficultĂ© rĂ©side dans la mise en contexte : personnages et situations Ă©voquĂ©s Ă©tant souvent inconnus du lecteur moderne, la qualitĂ© des notices sera dĂ©terminante mĂȘme si les spĂ©cialistes de Villon n'ont pas percĂ© tous ses mystĂšres. On ne peut, en l’état actuel des connaissances, que s’y rĂ©soudre, et admettre que de rares aspects de l’Ɠuvre nous Ă©chappent encore ; ces lacunes n'empĂȘchent heureusement pas d'apprĂ©cier la drĂŽlerie et l'inventivitĂ© de la langue de Villon[111].

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article. Les Ă©ditions actuelles de rĂ©fĂ©rence sont celles de J. Rychner et A. Henry, qui s'appuient d'abord en grande partie sur le manuscrit Coislin :

  • Le Testament Villon, I, texte, II, commentaire, GenĂšve, Droz, 1974.Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Le Lais villon et les poĂšmes variĂ©s, I, texte, II, commentaire, GenĂšve, Droz, 1977.Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Index des mots. Index des noms propres. Index analytique., GenĂšve, Droz, 1985.Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Signalons aussi :

  • Ballades en jargon (y compris celles du ms. de Stockholm), Ă©d. bilingue par AndrĂ© Lanly, Paris, Champion, 1971.
  • PoĂ©sies complĂštes, Ă©d. prĂ©sentĂ©e, Ă©tablie et annotĂ©e par Pierre Michel, comprenant les prĂ©faces de ClĂ©ment Marot et de ThĂ©ophile Gautier, Le Livre de poche, coll. « Le Livre de poche classique », 1972 (ISBN 2253016705). Édition trĂšs complĂšte, excellente par ses notes philologiques autant que par ses notes explicatives, auxquelles sont rĂ©servĂ©es toutes les pages impaires du livre.
  • PoĂ©sies complĂštes, Ă©d. par Claude Thiry, Le Livre de poche, coll. « Lettres gothiques », 1991 (ISBN 2253057029). Cette Ă©dition prend pour base l'Ă©dition Rychner-Henry, en intĂ©grant les apports de Gert Pinkernell. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • PoĂ©sies, Ă©d. bilingue par Jean Dufournet, GF Flammarion, 1992.
  • Ballades en argot homosexuel, Ă©d. bilingue par Thierry Martin, Mille et une nuits, 1998 et 2001. Édition rĂ©agencĂ©e des deux sĂ©ries du jargon, avec interprĂ©tation et glossaire trĂšs orientĂ©s qui rompent avec l'interprĂ©tation gĂ©nĂ©ralement retenue par les autres Ă©diteurs.
  • Lais, Testament, PoĂ©sies diverses, Ă©d. bilingue par Jean-Claude MĂŒhlethaler, avec Ballades en jargon, Ă©d. bilingue par Éric Hicks, Champion, 2004.
  • PoĂšmes homosexuels, Ă©d. bilingue par Thierry Martin, Question de Genre/GKC, 2000 et 2007.
    Édition critique bilingue des textes en jobelin, l'auteur donnant à ce mot une acception inconnue des lexicographes du moyen français et qui ne se trouve pas à l'article JOBELIN du Dictionnaire du moyen français 2010 consultable sur le site ATILF du CNRS.
  • ƒuvres complĂštes, Ă©d. bilingue par Claude Pinganaud, Paris, ArlĂ©a, 2010 pour la mise en français moderne et la prĂ©face.
  • ƒuvres complĂštes, Ă©dition bilingue, par Jacqueline Cerquiglini-Toulet avec la collaboration de LaĂ«titia Tabard, Gallimard, coll. « BibliothĂšque de la PlĂ©iade », no 598, 2014.

Éditions illustrĂ©es

  • Les ƒuvres de Françoys Villon, illustrĂ©es par AndrĂ© Collot, Paris, Le Vasseur, 1942 ; In-4° , 203 p., fig. et pl. en noir et en coul. (BNF 31585004)
    • ƒuvres complĂštes, illustrĂ©es de treize hors-texte et un frontispice gravĂ©s par AndrĂ© Collot, Éditions VariĂ©tĂ©, 1955 ; tirage Ă  1 500 exemplaires
  • Le Grand Testament Villon et le Petit, son Codicille et ses Ballades, « nouvellement illustrĂ© par Robert Monet », Paris, À la Librairie Ratouin, 1948, In-4° , 187 p., fig. et pl. en coul. ; Ă©tabli sur l'Ă©dition Thuasne ; coloris exĂ©cutĂ© Ă  la main par M. BeaufumĂ©, enlumineur ; tirage de 1 777 exemplaires (BNF 31585021)
  • Le DĂ©bat du coeur et du corps avec sept gravures au carborundum de Michel Haas, Paris, atelier Pasnic, 1997, tirage de 30 exemplaires (BNF 40317171)

Études

  • Alice Becker-Ho, La part maudite dans l'Ɠuvre de François Villon, L'ÉchappĂ©e, Paris, 2018.
  • AndrĂ© Burger, Lexique complet de la langue de Villon, Droz, GenĂšve, 1974.
  • Aubrey Burl, Danse Macabre, François Villon, Poetry & Murder in Medieval France, Sutton Publishing, 2000.
  • Michel Butor, « La prosodie de Villon », dans Critique, 10, 1973, p. 195-214 (repris dans RĂ©pertoire IV, Paris, 1974, p. 97-119).
  • Pierre Champion, François Villon. Sa vie et son temps, Champion, Paris, 1913 (rĂ©impr. 1984). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Collectif, publiĂ© par Jean DĂ©rens, Jean Dufournet et Michael J. Freeman, Villon hier et aujourd’hui. Actes du Colloque pour le cinq-centiĂšme anniversaire de l’impression du Testament de Villon, BibliothĂšque historique de la ville de Paris, Paris, 1993.
  • Collectif, publiĂ© par Michael Freeman & Jane H.M. Taylor, Villon at Oxford, The Drama of the Text, Proceedings of the Conference Held at St. Hilda's College Oxford March 1996, Amsterdam - Atlanta, Rodopi, 1999.
  • Collectif, « Villon testateur », Études françaises, numĂ©ro prĂ©parĂ© par Jean-Marcel Paquette, vol. 16, no 1, 1980, 107 p. (http://revue-etudesfrancaises.umontreal.ca/volume-16-numero-1/).
  • Pierre Demarolle, « Temps et espaces dans le Testament de François Villon », Le Moyen Âge, t. XCIX (5e sĂ©rie, tome 7), no 2,‎ , p. 281-292 (lire en ligne).
  • Jean Deroy, François Villon, Coquillard et Auteur dramatique, Paris, Nizet, 1977.
  • Jean Dufournet, Recherches sur le Testament de François Villon, Paris, 1971-1973, 2 vol.
  • Jean Dufournet, Nouvelles recherches sur Villon, Paris, 1980.
  • Jean Dufournet, DerniĂšres recherches sur Villon, Paris, 2008.
  • Jean Dufournet, Villon et sa fortune littĂ©raire, Saint-MĂ©dard-en-Jalles, 1970.
  • Jean Favier, François Villon, Fayard, Paris, 1982.
  • Michael J. Freeman, François Villon in his works : the villain's tale, Amsterdam - Atlanta, Rodopi, 2000.
  • Pierre Guiraud, Le Jargon de Villon ou le Gai Savoir de la Coquille, Paris, Gallimard, 1968.
  • Pierre Guiraud, Le Testament de Villon ou le Gai Savoir de la Basoche, Paris, Gallimard, 1970.
  • Jelle Koopmans & Paul Verhuyck, Sermon joyeux et Truanderie (Villon - Nemo - UlespiĂšgle), Amsterdam, Rodopi, 1987 : premiĂšre partie François Villon et le Sermon de Saint Belin, p. 9-85.
  • David Kuhn, La poĂ©tique de François Villon, Paris, Armand Colin, 1967; rĂ©Ă©d. sous le nom de David Mus, Ă©d. Champ Vallon, 1992.
  • Gert Pinkernell, François Villon et Charles d'OrlĂ©ans, d’aprĂšs les PoĂ©sies diverses de Villon, UniversitĂ€tsverlag C. Winter, Heidelberg, 1992. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Gert Pinkernell, François Villon : biographie critique et autres Ă©tudes, UniversitĂ€tsverlag C. Winter, Heidelberg, 2002.
  • Italo Siciliano, François Villon et les thĂšmes poĂ©tiques du Moyen Âge, Paris, Colin, 1934.
  • Italo Siciliano, MĂ©saventures posthumes de maĂźtre Françoys Villon, Paris, Picard, 1973.
  • Erik Spindler, « La fin de Villon : Tous mes cinq sens (Louenge a la court) et la date du bannissement », Les Lettres Romanes, vol. 59, nos 1-2,‎ , p. 3-16 (ISSN 0024-1415, DOI 10.1484/J.LLR.3.110).
  • Leo Spitzer, « Etude a-historique d'un texte : Ballade des dames du temps jadis », dans Modern Language Quarterly, 1, 1940, p. 7-22.
  • Florence Richter, Ces fabuleux voyous. Crimes et procĂšs de Villon, Sade, Verlaine, Genet, Paris, Éditions Hermann, 2010 (avec une prĂ©face de François Ost).
  • JosĂ© Thery, Le ProcĂšs de François Villon, discours prononcĂ© par M. JosĂ© ThĂ©ry avocat Ă  la cour d'appel., Paris, Alcan-LĂ©vy, imprimeur de l'ordre des avocats, 1899.
  • Paul Verhuyck, « Villon et les neiges d’antan », dans Villon hier et aujourd’hui. Actes du Colloque pour le cinq-centiĂšme anniversaire de l’impression du Testament de Villon, BibliothĂšque historique de la Ville de Paris, 15-17 dĂ©cembre 1989, Ă©d. Jean DĂ©rens, Jean Dufournet et Michael Freeman, Paris: BibliothĂšque historique de la Ville de Paris, 1993, p. 177-189.
  • Martin Weiss, PolysĂ©mie et jeux de mots chez François Villon. Une analyse linguistique. Univ. de Vienne, Autriche, 2014 (e-book).
  • AndrĂ© Nolat, François Villon et les compagnons de la Coquille, dans NĂ©mĂ©sis ou les vies excessives, Saint-Denis, Ă©ditions Publibook, 2017.

Romans biographiques

  • Pierre d'Alheim, La Passion de maĂźtre François Villon, 2 vol., Paris, Ă©ditions G. CrĂšs et Cie, 1924
  • Francis Carco, Le Roman de François Villon, Paris, Albin Michel, 1926
  • Justin Huntly McCarthy, If I were King, 1902; traduction française d'HĂ©lĂšne Caron, La Curieuse Aventure de maĂźtre François Villon, sire de Montcorbier, Paris, Ă©ditions Georges-Anquetil, 1926
  • Charles Kunstler, Les Amours de François Villon, Paris, La Nouvelle SociĂ©tĂ© d'Ă©dition, 1934
  • John Erskine, The Brief Hour of François Villon, Indianapolis, Bobbs Merrill, 1937
  • Dr P.M. Maas, François Villon, Dief, Roover, Moordenaar en Dichter, Utrecht, Spectrum, 1946 (rĂ©Ă©d. 1961)
  • Jean TeulĂ©, Je, François Villon, Paris, Julliard, 2006
  • RaphaĂ«l Jerusalmy, La ConfrĂ©rie des chasseurs de livres, Arles, France, Actes Sud, coll. « Domaine français », 2013, 320 p. (ISBN 978-2-330-02261-7)

Astronomie

L'astéroïde (10140) Villon porte son nom.

Notes et références

  1. Madeleine Lazard, « ClĂ©ment Marot Ă©diteur et lecteur de Villon », Cahiers de l'Association internationale des Ă©tudes françaises, no 32,‎ , p. 7-20.
  2. Auguste Longnon Étude biographique sur François Villon : d'aprĂšs les documents inĂ©dits conservĂ©s aux Archives nationales..
  3. Abbé Reure Simple conjecture sur les origines paternelles de François Villon.
  4. Voir sur persee.fr..
  5. Jean-Marie Pierret, Phonétique historique du français et notions de phonétique générale, Louvain-la-Neuve, Peeters, (lire en ligne), p. 104.
  6. Voir sur inlibroveritas.net..
  7. Voir sur projectebooks.com..
  8. Albert Dauzat, Dictionnaire étymologique des noms de famille et prénoms de France, 3e éd. Librairie Larousse, Paris, p. 596.
  9. Pierre Champion, François Villon, Librairie Honoré Champion, Paris, 1984, p. 13.
  10. Le Lais, v. 276-277.
  11. Le Testament, v. 893-894, Ballade que Villon feit a la requeste de sa mĂšre pour prier Nostre Dame..
  12. Au XVe siÚcle, Saint-Benoßt était desservie par un curé, par six chanoines nommés par le chapitre de Notre-Dame et par douze chapelains élus par le chapitre de Saint-Benoßt (Pierre Champion, François Villon, Librairie Champion, 1984, t. 1, p. 12).
  13. Le Testament, v. 851-852.
  14. Degeté m'a de maint bouillon (Testament v. 853).
  15. Bibl. de l’UniversitĂ©, Registre de la Nation de France, ms. no 1, fol. 155. Cf. A. Longnon, Étude biographique sur Villon, p. 12-13, Gallica.
  16. Jean Favier, François Villon, Fayard, 1982, chapitre VII, p. 143-145.
  17. Le Testament, huitain XXVI, vers 201-208. Le texte cité est celui établi par Claude Thiry, p. 107.
  18. Testament, v. 227-228.
  19. Pierre Champion a étudié les premiÚres relations de François Villon à partir des Lais écrits par le poÚte à 25 ans (P. Champion, François Villon, Librairie Champion, 1984, tome I, chap. VII).
  20. Lais, v. 1-2 et 9-13.
  21. Auguste Longnon, François Villon, Paris, Henri Menu Libraire, 1877, Annexe X, Interrogatoire de maütre Guy Tabarie par devant l’official de Paris (22 juillet 1458), p. 169. Consultable sur Gallica.
  22. CitĂ© par AndrĂ© Lanly dans son introduction aux ƒuvres de Villon, Librairie HonorĂ© Champion, 1969, p. XX.
  23. Auguste Longnon, François Villon, Paris, Henri Menu libraire, 1877, annexe X, interrogatoire de maütre Guy Tabarie par devant l’official de Paris (22 juillet 1458) p. 168. Consultable sur Gallica.
  24. Item, Ă  maistre Andry Courault
    Les Contreditz Franc Gontier mande ;
    Quant du tirant seant en haut
    A cestuy lĂ  riens ne demande.

    Andry Courault Ă©tait le chargĂ© d’affaires du roi RenĂ© Ă  Paris. Le « tirant seant en haut » serait le roi RenĂ© lui-mĂȘme.
  25. Manuscrit personnel de Charles d'Orléans, Paris, BibliothÚque nationale (Manuscrits), Français 25458. Ce manuscrit a été reproduit en fac-similé par Pierre Champion, dans Le manuscrit autographe des poésies de Charles d'Orléans, GenÚve, Slatkine, 1975.
  26. Voir sur bude-orleans.org..
  27. Gert Pinkernell, « La ballade franco-latine Parfont conseil eximium: une satire peu connue de Villon contre Fredet, favori de Charles d'OrlĂ©ans », Zeitschrift fĂŒr romanische Philologie, 1987, 103, p. 300-318.
  28. Testament, v. 13-14.
  29. Testament, v. 1984 et suivants.
  30. Le Lais Villon et les PoÚmes variés, édités par Jean Rychner et Albert Henry, II. Commentaire, p. 80-81.
  31. Jean Favier, François Villon, Fayard, 1982, ch. XVIII, p. 430-431.
  32. La date d'écriture de ces deux ballades reste incertaine, voir Rychner-Henry, Le Lais villon et les PoÚmes Variés, II. Commentaire, p. 99-100 et p. 104-105.
  33. Testament, v. 1-3.
  34. Publiés par Pierre Champion, François Villon Sa vie et son temps, Paris, Librairie Champion, 1913, T. 2, p. 289.
  35. A. Longnon, ƒuvres complùtes de Villon, 1892, p. LXXI-LXXII.
  36. On me jugea par tricherie (v. 15 de la Ballade de l’appel).
  37. Jean Favier, François Villon, Fayard, 1982, chapitre XXI, p. 487-497.
  38. Louenge et Requeste a la Court, v. 32, p. 317.
  39. A. Longnon, Étude biographique sur Villon, p. 92, Gallica.
  40. vin lourd, fait Ă  partir d’une variĂ©tĂ© de raisin noir qui, dans sa forme amĂ©liorĂ©e, deviendra le pinot (Villon, PoĂ©sies complĂštes, Lettres gothiques, 1991, note de Claude Thiry).
  41. Testament, trois derniers vers.
  42. Jelle Koopmans & Paul Verhuyck, Sermon joyeux et Truanderie, Villon-Nemo-UlespiÚgle, Amsterdam, Rodopi, 1987, 255 pp.: premiÚre partie François Villon et le sermon joyeux de saint Belin, p. 9-85 et (notes) p. 199-209. Le texte de François Villon et le sermon joyeux de saint Belin, trÚs légÚrement modifié en 2004 et en 2009, se trouve aussi sur ce site, sous le bouton « Verhuyck et Villon » (sub 1).
  43. éd. Paul Verhuyck & Jelle Koopmans, Le Recueil des Repues franches de maistre François Villon et de ses compagnons, GenÚve : Droz, 1995, 205 pp. [Collection TLF, no 455]. Les éditeurs datent le Recueil des Repues franches de 1480, soit quinze années avant 1495, date proposée jadis par Pierre Champion 1913.
  44. Villon, Lettres gothiques, 1991, introduction de Claude Thiry, p. 6.
  45. ƒuvres complĂštes de François Villon, suivies d'un choix de poĂ©sies de ses disciples, Ă©dition prĂ©parĂ©e par Bernard de La Monnoye (1763) et annotĂ©e par M. Pierre Jannet (1856), PrĂ©face de ClĂ©ment Marot, page X.
  46. Testament, v. 1882-1883.
  47. Consultable sur Gallica.
  48. Dictionnaire Ă©tymologique de MĂ©nage, Paris, 1694, disponible sur Gallica.
  49. Pantagruel, I, IV, ch. 67.
  50. Pantagruel, l. IV, ch. 13.
  51. Jargon et jobelin dudit Villon, ballade II, vers 4.
  52. Ballade des menus propos, v. 13.
  53. Voir son introduction dans Villon, Lettres gothiques, p. 35-37.
  54. François Villon de Jean Favier, chapitre XV, p. 343-349.
  55. Le Jargon de Villon ou le gai savoir de la Coquille. Gallimard, 1968.
  56. L'interprétation en termes de duperie et d'agression homosexuelle a été reprise récemment, atténuée en jeux de sodomie, par Thierry Martin dans Villon : Ballades en argot homosexuel (Mille et une nuits, 1998), sans démonstration probante.
    Sur l'homosexualité présumée de Villon, voir notamment :
    • Jean Dufournet : Nouvelles recherches sur Villon. Champion, 1980, p. 245 (allusion trĂšs prudente)
    • Yvan G. Lepage : François Villon et l’homosexualitĂ©. Le Moyen Âge, t. XCII no 1, 1986.
    • Gert Pinkernell : Villon und Ythier Marchant. Zeitschrift fĂŒr romanische Philologie, t. 103, 1987
    • Christine Martineau-GĂ©nieys : L’HomosexualitĂ© dans le Lais et le Testament de François Villon. In ConformitĂ© et dĂ©viances au Moyen Âge. Les Cahiers du C.R.I.S.I.M.A., no 2. Montpellier, UniversitĂ© Paul-ValĂ©ry, 1995
    • Thierry Martin : Villon : PoĂšmes homosexuels. GKC, 2000
    • Didier Godard : Deux hommes sur un cheval : l’HomosexualitĂ© masculine au Moyen Âge. H&O, 2003
    • La Vie des Français au temps de Jeanne d’Arc (ouvrage collectif), Larousse, 2003
    • Pierre de Bonneville : Villon et CĂ©line. Le Bulletin cĂ©linien, no 333, septembre 2011
  57. D. Delaplace : Le jargon des Coquillars Ă  Dijon au milieu du XVe siĂšcle selon Marcel Schwob (1892), Classiques Garnier, Paris, 2011.
  58. Testament, v. 104.
  59. Ballade des dames du temps jadis.
  60. Ballade de bonne doctrine.
  61. Les Contredits de Franc Gontier.
  62. Ballade des femmes de Paris.
  63. Ballade de la Grosse Margot.
  64. Ballade de merci.
  65. Ballade en vieux langage françois.
  66. Ballade des menus propos.
  67. Ballade des pendus.
  68. Épütre à ses amis.
  69. Voir Italo Siciliano : François Villon et les thĂšmes poĂ©tiques du Moyen Âge, Paris, Colin, 1934.
  70. Voir l'introduction de Claude Thiry Ă  l'Ă©dition du Livre de poche, p. 37-42.
  71. André Gide, Anthologie de la Poésie française, Gallimard, , 847 p., p. 14
  72. Écouter document sonore de France Culture enregistrĂ© par Henri Van Lier intitulĂ© Villon Le refuge de la diction dans Une histoire langagiĂšre de la littĂ©rature.
  73. Introduction de Claude Thiry, p. 39-40.
  74. Testament, vers 1.
  75. Pinkernell : « ReflĂ©tant presque tous des moments prĂ©caires d’une existence mouvementĂ©e, ses textes ont un air trĂšs personnel, susceptible d’émouvoir encore le lecteur d’aujourd’hui. C’est Ă  juste titre que V. passe pour l’un des meilleurs poĂštes du Moyen Âge europĂ©en. » Gert Pinkernell.
  76. Burger.
  77. Introduction de Claude Thiry Ă  l'Ă©dition du Livre de poche, p. 41-42.
  78. Voir les Ɠuvres de Jean Bodel, Baude Fastoul, Adam de la Halle.
  79. Voir aussi La Confession et Testament de l'Amant trespassé de deuil, de Pierre de Hauteville.
  80. Eustache Deschamps, Testament par esbatement.
  81. Introduction de Claude Thiry Ă  l'Ă©dition du Livre de poche, p. 13-17.
  82. Testament, huitain LXXV, p. 151.
  83. Ubi sunt qui ante nos in terra fuerunt? = oĂč sont ceux qui ont vĂ©cu sur terre avant nous?
  84. Le temps qui s’enfuit.
  85. DĂ©tail de la fresque de l'Ă©glise des Disciplini Ă  Bergame (XVe siĂšcle).
  86. Le Testament, v. 305-312.
  87. Jean Favier, François Villon, Fayard, 1982, p. 411.
  88. p.ex. L. Spitzer, « Étude ahistorique d’*/ un texte: ballade des dames du temps jadis », Modern Language Quarterly 1 (1940) p. 7-22 ; et, bien entendu, tous les Ă©diteurs citĂ©s ci-dessus.
  89. Paul Verhuyck, « Villon et les neiges d’antan », dans Villon hier et aujourd’hui. Actes du Colloque pour le cinq-centiĂšme anniversaire de l'impression du Testament de Villon, BibliothĂšque historique de la Ville de Paris, 15-17 dĂ©cembre 1989. RĂ©unis et publiĂ©s par Jean DĂ©rens, Jean Dufournet et Michael Freeman, Paris, BibliothĂšque historique de la Ville de Paris, 1993, p. 177-189. Le texte de cet article, trĂšs lĂ©gĂšrement modifiĂ© en 2009, se trouve aussi sur le site paulverhuyck.com, sous le bouton “Verhuyck et Villon” (sub 5).
  90. Pour une analyse plus détaillée, voir l'introduction de Claude Thiry, dans l'édition du Livre de poche, p. 17-26.
  91. Édition et commentaire de Claude Thiry, p. 310-313.
  92. Jean Favier, François Villon, Fayard, 1982, chapitre 21, p. 495-497.
  93. Le Lais Villon et les PoÚmes variés, édités par Jean Rychner et Albert Henry, II. Commentaire, p. 124 et 126.
  94. Le quatrain a été étudié en particulier par Jean Dufournet, Nouvelles recherches sur Villon, Paris, 1980, p. 239-248.
  95. Édition de rĂ©fĂ©rence, p. 308-309. Les analyses qui suivent reprennent Ă©galement des Ă©lĂ©ments du commentaire de Claude Thiry.
  96. ClĂ©ment Marot, Les ƒuvres de François Villon de Paris, Galiot du PrĂ©, Paris, 1533, peut-ĂȘtre rĂ©imprimĂ©e en 1534.
  97. voir ci-dessus note 35.
  98. François Rabelais, Quart livre (lire en ligne), Chap. 13 (pp. 315-319), Chap. 67 (pp. 506-510)
  99. Arthur Rimbaud, "Charles d'OrlĂ©ans Ă  Louis XI", 1870 in ƒuvres complĂštes, BibliothĂšque de la PlĂ©iade, Gallimard, pp. 32-34.
  100. (en) « fiche Je, François Villon, voleur, assassin, poÚte », sur Internet Movie Database.
  101. Brassens est un grand admirateur de Villon et un passionnĂ© du Moyen Âge tardif auxquels il fait allusion dans sa chanson Le MoyenĂągeux (« Pardonnez-moi Prince si je / Suis foutrement moyenĂągeux »). Il reprend Ă©galement le poĂšme de Paul Fort, L'Enterrement de Verlaine, dans lequel ce dernier fait de François de Montcorbier « le premier rossignol de France ».
  102. Léo Ferré l'interprÚte sur scÚne et l'enregistre en studio en 1960, mais cette version ne sera publiée qu'en 2013.
  103. The Ballad of Dead Ladies .
  104. Villon, coupable d'idéal.
  105. Voir sur billetreduc.com.
  106. Testament, huitains LV-LVI, vers 517-532, p. 133.
  107. Voir sur wikitimbres.fr..
  108. Cité dans François Villon, de Jean Favier, Paris, Fayard, 1982, p. 11.
  109. Plusieurs spécialistes de Villon ont préféré écarter ou traiter à part cet ensemble de six ballades qui proviennent uniquement de l'édition Levet de 1489 et qui n'ont pas les qualités des ballades de Villon, mais dont la premiÚre est à rapprocher de la Ballade des pendus et la deuxiÚme de la Belle leçon aux enfants perdus du Testament. Cette deuxiÚme ballade, qui évoque le triste sort de Regnier de Montigny et de Colin de Cayeux, est donc postérieure à leurs pendaisons respectives (1457 et 1460-1461).
  110. Selon Thierry Martin (Villon : Ballades en argot homosexuel, op. cit.), les ballades du ms. de Stockholm (VII Ă  XI) remonteraient Ă  1455, et celles de l’édition Levet (I Ă  VI) Ă  1461, mais ces dates trĂšs hypothĂ©tiques, de mĂȘme que l'hypothĂšse du caractĂšre homosexuel de ces ballades, ne sauraient ĂȘtre validĂ©es sans une Ă©tude fouillĂ©e et objective des sources, des textes et de leur environnement.
  111. Voir les « Notes sur la présente édition » de Claude Thiry, p. 47-48.

Voir aussi

Articles connexes

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