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Facteur cinétique

Dans le domaine de la chimie, un facteur cinétique désigne un paramÚtre physique capable d'influencer la vitesse d'une transformation chimique[1].

En consĂ©quence, un facteur cinĂ©tique modifie la durĂ©e d’évolution d’un systĂšme chimique.

Plusieurs facteurs cinĂ©tiques peuvent ĂȘtre envisagĂ©s comme la tempĂ©rature, la pression et la concentration des rĂ©actifs. Cependant, un facteur cinĂ©tique n'a pas systĂ©matiquement une influence sur une transformation chimique quelconque.

Un catalyseur n'intervenant pas dans l'Ă©quation de la rĂ©action peut Ă©galement ĂȘtre utilisĂ© pour accĂ©lĂ©rer certaines rĂ©actions.

Cinétique d'une transformation chimique

Le recours aux facteurs cinĂ©tiques s'inscrit dans le cadre de la cinĂ©tique chimique, c'est-Ă -dire l’étude de l’évolution temporelle des systĂšmes chimiques.

Influence d'un facteur cinétique

Lors d’une transformation chimique, le passage de l’état initial (contenant les rĂ©actifs) Ă  l’état final (contenant les produits) nĂ©cessite une durĂ©e plus ou moins longue. Selon son influence, un facteur cinĂ©tique permet d'atteindre plus rapidement ou plus lentement l'Ă©tat final du systĂšme chimique.

Un feu d'artifice est le résultat d'une transformation chimique explosive donc intrinsÚquement rapide.
Les caves Ă  vin apportent les conditions physico-chimiques optimales pour leur vieillissement.

En cinétique chimique, il est fréquent de distinguer :

  • les transformations « quasi-instantanĂ©es » ou « rapides » (durant moins d'une seconde) ;
  • les transformations « lentes » (durant entre quelques secondes et quelques heures) ;
  • les transformations « extrĂȘmement lentes » (comme la formation de la rouille ou du vert-de-gris correspondant aux oxydations respectives du fer et du cuivre en milieu humide, les rĂ©actions de dĂ©gradation des aliments ou de vieillissement des vins) ;
  • les transformations « infiniment lentes » (si lentes que le systĂšme n’évolue pas) : un tel systĂšme est dit cinĂ©tiquement inerte.

Un facteur cinétique peut alors rendre rapide une transformation lente ou inversement.

À titre d'illustration, dans le cas de la rĂ©action d'estĂ©rification entre l'acide acĂ©tique et l'Ă©thanol produisant de l'acĂ©tate d'Ă©thyle et de l'eau, l'augmentation de tempĂ©rature[Note 1] du milieu rĂ©actionnel permet de passer d'une transformation extrĂȘmement lente (368 jours soit environ un an) Ă  une transformation lente (150 heures soit un peu plus de 6 jours) d'aprĂšs les expĂ©riences historiques des chimistes français Berthelot et PĂ©an de Saint-Gilles[2].

Cas de l'utilisation d'un catalyseur

Un catalyseur est une substance qui augmente la vitesse d’une rĂ©action chimique sans en modifier le bilan[3].

Il est extrĂȘmement courant de considĂ©rer un catalyseur comme un facteur cinĂ©tique. Malheureusement, cela n'est pas rigoureusement correct pour deux raisons qui tiennent Ă  sa dĂ©finition :

  • un catalyseur est une espĂšce chimique ajoutĂ©e au systĂšme et non un paramĂštre physique ;
  • un catalyseur n'influence qu'Ă  la hausse la vitesse de rĂ©action alors qu'un facteur cinĂ©tique peut influencer Ă  la hausse comme Ă  la baisse cette vitesse de rĂ©action.

Par ailleurs, les programmes d'enseignement de la chimie demandent de ne pas entretenir cette confusion.

En effet, « un catalyseur n'est pas un facteur cinétique car, contrairement aux facteurs cinétiques qui agissent sur la probabilité de chocs efficaces entre entités réactives, le catalyseur modifie le mécanisme réactionnel en remplaçant la réaction globale lente par une succession de réactions plus rapides »[4].

Contributions historiques

Contexte

C'est à partir de la deuxiÚme moitié du XIXe siÚcle que les chimistes s'intéressent aux facteurs cinétiques. Toutefois, cette notion n'est pas encore bien définie à cette époque car il s'agit des débuts de l'étude expérimentale de la cinétique chimique.

Ces démarches expérimentales aboutiront aux premiÚres théories formalisées par le chimiste néerlandais van 't Hoff puis le chimiste suédois Arrhenius concernant les facteurs cinétiques : température et concentration des réactifs.

Des études plus particuliÚres mettront en évidence l'existence d'autres facteurs cinétiques au cours du XXe siÚcle.

Il en découlera des applications industrielles qui permettront de perfectionner les procédés de synthÚse employés par différentes industries chimiques.

L'exemple le plus connu est celui du procĂ©dĂ© Haber (mis au point en 1909 par le chimiste allemand Haber). C'est un procĂ©dĂ© chimique permettant la synthĂšse, en phase gazeuse, de l'ammoniac NH3 Ă  partir du diazote N2 atmosphĂ©rique et du dihydrogĂšne H2. Plus prĂ©cisĂ©ment, on parle du procĂ©dĂ© Haber-Bosch (dĂ©veloppĂ© en 1913 par l'ingĂ©nieur et chimiste allemand Bosch Ă  la tĂȘte d'une Ă©quipe de recherche de la sociĂ©tĂ© BASF) car il a fallu adapter la stratĂ©gie afin de surmonter certains problĂšmes techniques.

Travaux et apports des scientifiques aux fondements de la cinétique chimique

Différents scientifiques ont contribué à l'émergence de la notion de facteur cinétique dans le cadre de leurs recherches expérimentales et théoriques.

Dans le cadre de nombreuses observations expĂ©rimentales, le chimiste suĂ©dois Arrhenius dĂ©montre l’influence de la tempĂ©rature et de la concentration des espĂšces activĂ©es sur la vitesse d’une rĂ©action.

Il découvre alors une loi empirique, qui porte désormais son nom, mettant ainsi en évidence la variation de la vitesse des réactions chimiques avec la température. Cette loi d'Arrhenius a été publiée en 1889 dans son article intitulé « On the reaction velocity of the inversion of cane sugar by acids »[5].

Ses travaux lui ont permis d'ĂȘtre le laurĂ©at du prix Nobel de chimie en 1903.

En 1862-1863, les travaux des chimistes français Berthelot et PĂ©an de Saint-Gilles sont essentiels puisqu’ils aboutissent Ă  l'Ă©mergence des notions d’équilibre chimique et de vitesse de rĂ©action. Beaucoup de chimistes de l'Ă©poque s'intĂ©ressent Ă  leurs dĂ©couvertes.

Leurs recherches[6] concernent la rĂ©action d’éthĂ©rification[Note 2] entre un alcool et un acide organique[Note 3] qui donne un ester et de l’eau. Ils dĂ©couvrent que cette rĂ©action lente cesse avant que la totalitĂ© des rĂ©actifs employĂ©s ne soit combinĂ©e en produits ; il existe donc une limite Ă  son avancement. Ils mettent Ă©galement en Ă©vidence que cette limite est indĂ©pendante de la tempĂ©rature et de la pression mais elle peut ĂȘtre atteinte aprĂšs un temps plus ou moins long selon la tempĂ©rature. L'influence de ce facteur cinĂ©tique est alors clairement dĂ©montrĂ©e. Les quantitĂ©s initiales d'acide et d'alcool ont aussi une influence sur la vitesse de rĂ©action et sur le rendement qui sont plus Ă©levĂ©s par excĂšs d’une ou l’autre substance initiale.

Le chimiste nĂ©erlandais van 't Hoff a aussi grandement contribuĂ© Ă  dĂ©finir les bases de la cinĂ©tique chimique. En effet, dĂšs 1884, il publie Études de dynamique chimique qui rĂ©sume le rĂ©sultat de ses recherches incluant, entre autres, l'influence de la tempĂ©rature sur la vitesse de rĂ©action. Ses travaux seront rĂ©compensĂ©s par l'obtention du tout premier prix Nobel de chimie en 1901.

Durant cette pĂ©riode, d'autres chimistes, moins connus dans le monde scientifique, vont Ă©galement s’intĂ©resser Ă  l’évolution temporelle des transformations chimiques. Sans ĂȘtre exhaustif, on peut honorer les travaux : du chimiste français Sainte-Claire Deville, du chimiste allemand Wilhelmy et du chimiste britannique Harcourt (en) associĂ© Ă  son compatriote mathĂ©maticien Esson (en).

Différents facteurs cinétiques

Température

Historiquement, la tempĂ©rature du milieu rĂ©actionnel a Ă©tĂ© le premier facteur cinĂ©tique envisagĂ© et prĂ©cisĂ©ment Ă©tudiĂ©. C'est encore, de nos jours, le facteur cinĂ©tique le plus souvent utilisĂ© pour modifier la durĂ©e d’une transformation.

En gĂ©nĂ©ral, plus la tempĂ©rature du milieu rĂ©actionnel est Ă©levĂ©e, plus la durĂ©e de la transformation est courte et par consĂ©quent plus la rĂ©action est accĂ©lĂ©rĂ©e. Une Ă©lĂ©vation de tempĂ©rature du milieu trouve son application lorsque l’on veut accĂ©lĂ©rer ou parfois dĂ©clencher une transformation lente voire cinĂ©tiquement inerte.

Applications courantes

De nombreuses synthĂšses industrielles Ă©tant trĂšs lentes Ă  tempĂ©rature ambiante, une tempĂ©rature Ă©levĂ©e est nĂ©cessaire pour accĂ©lĂ©rer la rĂ©action et ainsi rĂ©pondre aux objectifs de rentabilitĂ© imposĂ©s par le monde de l’industrie. Citons, comme exemples, les synthĂšses de l’ammoniac NH3, du trioxyde de soufre SO3 et d’un grand nombre de composĂ©s organiques qui sont rĂ©alisĂ©es Ă  haute tempĂ©rature.

Un autocuiseur permet d'accélérer la cuisson des aliments (la température d'ébullition de l'eau est supérieure à 100 °C à la suite de la surpression imposée).
Un réfrigérateur permet de conserver plus longtemps les aliments en ralentissant leur dégradation.

ConcrĂštement, dans les fours industriels, il y a accĂ©lĂ©ration des transformations par chauffage. Il en est de mĂȘme dans les autocuiseurs oĂč les transformations chimiques liĂ©es Ă  la cuisson sont Ă©galement accĂ©lĂ©rĂ©es.

Dans les laboratoires de chimie, l'augmentation de température du milieu réactionnel est souvent réalisée en utilisant un chauffage à reflux. Les réactifs sont introduits dans un ballon chauffé et surmonté d'un réfrigérant à eau liquéfiant les vapeurs issues du ballon et évitant ainsi la perte de réactifs.

La diminution de tempĂ©rature est Ă©galement exploitĂ©e. On obtient alors l'effet inverse. Les transformations chimiques, le plus souvent, indĂ©sirables, sont plus ou moins ralenties. Leur durĂ©e peut ĂȘtre considĂ©rablement allongĂ©e.

Une application quotidienne consiste en la conservation des aliments au rĂ©frigĂ©rateur (environ 4 °C) ou au congĂ©lateur (environ −18 °C). Cela permet un ralentissement voire un blocage de l'activitĂ© bactĂ©rienne induisant ainsi un ralentissement des diffĂ©rentes rĂ©actions chimiques de dĂ©gradation. DĂšs lors, on Ă©vite ces rĂ©actions indĂ©sirables qui, associĂ©es au dĂ©veloppement bactĂ©rien, sont Ă  l'origine de l'altĂ©ration du goĂ»t et de la qualitĂ© des aliments favorisant alors la synthĂšse de toxines dangereuses pour la santĂ©.

Une variante du recours au facteur cinétique « température » consiste en un refroidissement brutal (appelé trempe) pour bloquer l'évolution chimique d'un milieu à un état d'avancement déterminé. Cette technique tire son origine de la trempe réalisée par les forgerons lors du chauffage intense de piÚces métalliques.

ÉlĂ©ments thĂ©oriques

L'augmentation de la tempĂ©rature du systĂšme provoque une augmentation de l'agitation thermique c'est-Ă -dire une augmentation de la vitesse des molĂ©cules. En consĂ©quence, la frĂ©quence des chocs et ainsi la probabilitĂ© de chocs efficaces est amĂ©liorĂ©e et la rĂ©action s’effectue beaucoup plus rapidement. L'influence de la tempĂ©rature est dĂ©crite par la loi d'Arrhenius.

Plus précisément, réaliser une transformation à une plus haute température apporte davantage d'énergie thermique au systÚme. Cette énergie apportée aux espÚces réactives leur permet d'atteindre l'énergie nécessaire, appelée énergie d'activation, pour rompre certaines liaisons et en former de nouvelles afin d'obtenir les produits à partir des réactifs.

D'ailleurs, l'Ă©nergie d'activation est l'un des paramĂštres intervenant dans la loi d'Arrhenius.

Ainsi, bien que la fréquence des chocs augmente à une température plus élevée, c'est en réalité l'augmentation de la proportion de chocs efficaces (parmi tous les chocs envisagés) qui est à l'origine de l'accélération de la réaction.

Cela revient Ă  dire qu'une proportion plus importante d'espĂšces rĂ©actives possĂšde une Ă©nergie supĂ©rieure Ă  l'Ă©nergie d'activation. Cette thĂ©orie est dĂ©veloppĂ©e dans le cadre de la loi de distribution des vitesses de Maxwell–Boltzmann.

Certains ouvrages[7] de cinĂ©tique chimique proposent une rĂšgle phĂ©nomĂ©nologique indiquant que la vitesse de rĂ©action double pour chaque incrĂ©ment de dix degrĂ©s Celsius. Cette rĂšgle est bien trop simpliste pour ĂȘtre applicable Ă  toute la cinĂ©tique chimique.

Il s'agit, en rĂ©alitĂ©, d'une extrapolation hasardeuse du cas spĂ©cifique des rĂ©actions concernant les systĂšmes biologiques. Dans ce domaine, le coefficient de tempĂ©rature Q10 (en) vaut souvent une valeur proche de 2,0, d'oĂč la rĂšgle Ă©noncĂ©e.

Indiquons toutefois des situations oĂč l'augmentation de tempĂ©rature ne provoque pas nĂ©cessairement une accĂ©lĂ©ration de la rĂ©action. Ainsi, les rĂ©actions enzymatiques sont rĂ©putĂ©es possĂ©der un pic d'efficacitĂ© pour un domaine de tempĂ©rature trĂšs restreint. Une augmentation de tempĂ©rature qui conduirait Ă  se placer en dehors de ce domaine annihilerait l'action de l'enzyme.

Il existe, en outre, des réactions dont la vitesse est indépendante de la température. On parle parfois de « réactions non-Arrhenius ».

Enfin, les rĂ©actions sans barriĂšre d'activation (pour lesquelles une Ă©nergie d'activation ne peut pas ĂȘtre dĂ©finie) constituent un cas Ă  part puisque leur vitesse diminue lorsque la tempĂ©rature augmente. Il s'agit de « rĂ©actions anti-Arrhenius ». Dans ce dernier cas, on peut citer les rĂ©actions radicalaires qui constituent un exemple bien connu des chimistes.

Concentration des réactifs

La vitesse de réaction augmente avec la concentration des réactifs. Une augmentation de la concentration des réactifs induit donc une probabilité de chocs efficaces plus élevée. On retrouve un fait similaire à l'augmentation de température.

Un exemple simple à considérer est celui des combustions qui sont bien plus rapides (et donc plus vives) dans le dioxygÚne O2 pur que dans l'air contenant environ 21 % seulement de ce gaz nécessaire à la combustion.

En général, la vitesse de réaction diminue avec l'avancement de la transformation chimique.

En effet, lorsque la transformation progresse, les réactifs sont consommés et leur concentration diminue. Cela correspond effectivement à un facteur cinétique qui ralentit la réaction.

Du fait de leur particularité, les réactions autocatalysées n'obéissent pas à ce principe.

Dans certaines situations expĂ©rimentales oĂč les mĂ©langes ne sont pas stƓchiomĂ©triques, augmenter la concentration du rĂ©actif limitant ne rend pas forcĂ©ment la rĂ©action plus rapide car la probabilitĂ© de chocs efficaces augmente mais il y a davantage de produit(s) Ă  former ce qui peut annuler le gain temporel espĂ©rĂ©.

Comme pour la température, une diminution de la concentration des réactifs implique un ralentissement de la réaction.

Dans le cadre du laboratoire, comme dans le cadre culinaire, on peut cumuler l'action de deux facteurs cinĂ©tiques lorsqu'on ajoute de l'eau froide (ou mĂȘme glacĂ©e) pour stopper une transformation chimique ou une cuisson.

Choix du solvant

Le choix du solvant peut, dans certains cas, avoir une influence sur la vitesse de réaction, en particulier dans le cas des réactions en solution aqueuse. Le concept de force ionique du solvant entre alors en jeu.

Ainsi, le solvant choisi est susceptible de dissoudre des quantités variables de solutés ioniques dont la concentration est un facteur cinétique important.

On peut aussi envisager le cas de solvants permettant d'améliorer la dissolution de solutés moléculaires. Les solvants apolaires sont alors souvent privilégiés.

En outre, mĂȘme si le solvant ne participe pas Ă  la rĂ©action, il peut interagir avec les rĂ©actifs en mettant en Ɠuvre sa polarisabilitĂ©. Des interactions de van der Waals et des liaisons hydrogĂšne peuvent aussi favoriser certains rĂ©actifs et ainsi accĂ©lĂ©rer la rĂ©action.

En chimie organique, le choix du solvant permet d'orienter le systÚme réactionnel vers une réaction de substitution nucléophile ou vers une réaction d'élimination.

Pression

En tant que facteur cinétique, la pression n'a réellement une influence que lors de réactions en phase gazeuse, les phases condensées étant peu sensibles aux différences de pression.

À l'instar de la tempĂ©rature et de la concentration des rĂ©actifs, augmenter la pression (en phase gazeuse) augmente la probabilitĂ© de chocs efficaces et ainsi provoque une augmentation de la vitesse de rĂ©action.

Dans le cadre de considérations thermodynamiques, cette influence est liée au fait que l'augmentation de la pression partielle d'un gaz augmente son activité le rendant ainsi plus réactif.

Seules les trÚs hautes pressions peuvent affecter les réactions concernant les solides comme c'est le cas pour les réactifs placés dans les cellules à enclumes de diamant.

Intensité lumineuse

L'intensité lumineuse ou le choix de radiations issues d'un domaine électromagnétique particulier (le domaine ultraviolet par exemple) peut constituer un facteur cinétique efficace dans le cas des réactions photochimiques.

En effet, augmenter l'intensité lumineuse ou utiliser un rayonnement de fréquence plus élevée (conformément à la relation de Planck-Einstein) apporte davantage d'énergie lumineuse au systÚme qui pourra la mettre à profit pour augmenter l'énergie des réactifs et ainsi accélérer une réaction photochimique.

Dans certains cas plus complexes, l'Ă©nergie lumineuse est indispensable au dĂ©roulement de la rĂ©action car le systĂšme doit atteindre un Ă©tat excitĂ© pour pourvoir Ă©voluer. Des intermĂ©diaires rĂ©actionnels, de durĂ©e de vie trĂšs courte Ă  l'Ă©chelle de la rĂ©action, peuvent ĂȘtre gĂ©nĂ©rĂ©s.

On peut présenter l'exemple de la réaction (de mécanisme radicalaire) entre le méthane CH4 et le dichlore Cl2 produisant des composés de la famille des chlorométhanes. Cette réaction, trÚs lente dans l'obscurité, est accélérée en lumiÚre ambiante et peut devenir explosive (donc trÚs rapide) sous exposition directe à des rayons solaires intenses.

État physique des rĂ©actifs

L'état physique des réactifs (solide, liquide ou gazeux) peut constituer un facteur cinétique déterminant dans certaines situations.

Lorsque les rĂ©actifs sont dans la mĂȘme phase, en solution aqueuse par exemple, l'agitation thermique favorise le contact entre ces rĂ©actifs et augmente la vitesse de rĂ©action par rapport Ă  une situation oĂč ils se trouvent dans des phases diffĂ©rentes. Dans ce dernier cas, la rĂ©action se limite Ă  l'interface (solide-liquide le plus souvent) entre les rĂ©actifs.

Autres facteurs cinétiques

D'autres facteurs cinĂ©tiques peuvent ĂȘtre envisagĂ©s. NĂ©anmoins, ils peuvent ne concerner que quelques situations expĂ©rimentales particuliĂšres.

Dans le cas de systĂšmes hĂ©tĂ©rogĂšnes, la surface (ou l'aire) de contact exposĂ©e par les rĂ©actifs peut ĂȘtre assimilĂ©e Ă  un facteur cinĂ©tique. On peut considĂ©rer des interfaces solide-liquide, solide-gaz ou liquide-gaz.

L'Ă©tat de division d'un solide peut intervenir : un solide poreux ou Ă  l'Ă©tat divisĂ© (en poudre) rĂ©agit, en gĂ©nĂ©ral plus rapidement (avec une solution par exemple) qu'un plaque ou une tige du mĂȘme matĂ©riau.

Ainsi, le fer en poudre réagit plus rapidement avec l'acide chlorhydrique qu'une quantité égale de fer sous forme de clou.

Précisons que l'utilisation de mélanges intimes des réactifs permet ainsi de favoriser (et donc d'accélérer) les combustions et réactions d'oxydoréduction mettant en jeu les solides. C'est le cas de la réduction de l'oxyde de cuivre CuO par le carbone C.

Certains auteurs considÚrent l'agitation comme un facteur cinétique.

L'agitation permet de favoriser la mise en contact des réactifs et peut donc accélérer une réaction. Cependant, s'il s'agit d'une réaction entre un liquide et un gaz, une agitation vigoureuse revient à augmenter la surface de contact entre les réactifs. On exploite donc indirectement un autre facteur cinétique.

On invoque parfois la considérable augmentation de la surface spécifique des réactifs dans les réactions mettant en jeu des nanoparticules pour justifier leur efficacité sur le plan cinétique. En réalité, le changement d'échelle impose de prendre en compte des considérations bien plus complexes.

Sources

  • Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article Marcellin Berthelot et LĂ©on PĂ©an de Saint-Gilles, « Essai d’une thĂ©orie sur la formation des Ă©thers », Annales de chimie, Paris, Gallica, 3e sĂ©rie, vol. 66,‎ , p. 110-128
    Article consultable en version numérique à la BibliothÚque Nationale de France.

Notes et références

Notes

  1. En menant en parallÚle une transformation à température ambiante et une autre à une température de 100 °C.
  2. En langage plus moderne, on parle d'estérification.
  3. De nos jours, le vocabulaire est plus précis, il s'agit en fait d'un acide carboxylique.

Références

  1. Magali Giacino, Alain Jaubert, André Durupthy, Claude Mesnil et Jacques Estienne, Chimie PCSI : 1re année, Paris, Hachette Supérieur, coll. « H-Prépa Tout-en-un », , 688 p. (ISBN 978-2-01-145913-8), p. 73.
  2. Marcellin Berthelot et LĂ©on PĂ©an de Saint-Gilles, « Recherches sur les affinitĂ©s : De la formation et de la dĂ©composition des Ă©thers », Annales de chimie, Paris,‎ 1862-1863, Tableaux X et XIX.
  3. Peter William Atkins et Loretta Jones (trad. de l'anglais par André Pousse), Chimie : Molécules, MatiÚre, Métamorphoses, De Boeck Université, , 1056 p. (ISBN 978-2-7445-0028-2), chap. 18 (« Cinétique »), p. 694.
  4. France. « Bulletin Officiel de l'Éducation Nationale - (BOEN) », SpĂ©cial du 30 aoĂ»t 2001, art. Programme de l’enseignement de physique-chimie en classe terminale de la sĂ©rie scientifique, chap. IV-D, commentaires p. 103 [lire en ligne].
  5. (en) Arrhenius, S., « On the reaction velocity of the inversion of cane sugar by acids », M.H. Black & K.J. Laidler (Ă©ds.), Selected readings in Chemical Kinetics, Oxford, Pergamon Press,‎ [1889] 1967, p. 31–35.
  6. Marcellin Berthelot et LĂ©on PĂ©an de Saint-Gilles, « Recherches sur les affinitĂ©s : De la formation et de la dĂ©composition des Ă©thers », Annales de chimie, Paris,‎ 1862-1863.
  7. (en) Kenneth Connors, « Chemical Kinetics », VCH Publishers,‎ , p. 14

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