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Domingo Mercante

Domingo Alfredo Mercante (Flores, proche faubourg de Buenos Aires, 1898 ‒ ?, 1976) Ă©tait un militaire et homme politique argentin.

Domingo Alfredo Mercante
Illustration.
Fonctions
Gouverneur de la province de Buenos Aires
–
Élection FĂ©vrier 1946
RĂ©Ă©lection Mai 1950
Prédécesseur Francisco A. Sainz Kelly (de facto)
Successeur Carlos Vicente AloĂ© (es)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Flores, Province de Buenos Aires (Argentine)
Date de décÚs
Nationalité Argentine
Parti politique Parti justicialiste
Conjoint Elena Caporale
DiplÎmé de CollÚge militaire de la nation
Profession Militaire

Domingo Mercante

PĂ©roniste de la premiĂšre heure, ami personnel du couple PerĂłn, il organisa, le 17 octobre 1945, aprĂšs que Juan Domingo PerĂłn eut Ă©tĂ© emprisonnĂ© par les factions conservatrices de l’armĂ©e, les mobilisations ouvriĂšres massives qui permirent sa remise en libertĂ©. Élu gouverneur de la province de Buenos Aires en 1946, il entreprit de mettre en Ɠuvre des reformes politiques et Ă©conomiques dans l’esprit des premiers idĂ©aux du pĂ©ronisme, mettant en place (au niveau provincial) un État dirigiste, relançant fortement les investissements publics, et menant en particulier une profonde rĂ©forme agraire dans sa province. Cependant, il se heurta bientĂŽt Ă  l’exĂ©cutif national, d’abord par sa mĂ©thode de gouvernement privilĂ©giant la concertation avec l’opposition et respectant le pluralisme (Ă  l’inverse du personnalisme et du penchant pour la confrontation propres au pĂ©ronisme national), ensuite par ses rĂ©ticences Ă  se conformer Ă  la nouvelle Ă©quation idĂ©ologique imposĂ©e Ă  la fin de la dĂ©cennie 1940 par les instances nationales du parti et caractĂ©risĂ©e par une plus grande rigueur et par l’accent mis sur la seule productivitĂ© industrielle. Ces dissensions, ajoutĂ©es Ă  l’ascendant croissant dont il jouissait, et qui risquait de faire de l’ombre au chef de l’État, dĂ©terminĂšrent sa disgrĂące brutale en 1952.

Vie et carriĂšre

Domingo Mercante Ă©tait le fils d’un conducteur de locomotive affiliĂ© Ă  La Fraternidad, branche de l’UniĂłn Ferroviaria, syndicat de cheminots faisant partie de la CGT, et se familiarisa donc trĂšs tĂŽt avec les luttes syndicales. En 1916, il fut inscrit au CollĂšge militaire, dont il sortit en fĂ©vrier 1919 avec le grade de sous-lieutenant d’artillerie. AprĂšs une premiĂšre affectation au 4e rĂ©giment d’artillerie Ă  CĂłrdoba, il fut mutĂ© en 1921 vers la ville de Goya, dans la province de Corrientes, et promu lieutenant. MutĂ© ensuite Ă  Campo de Mayo, dans la banlieue portĂšgne, Ă  partir de 1924, il y restera pendant 16 ans, passant tour Ă  tour capitaine, puis major, et y aura en 1928 ses premiers contacts, d’abord sporadiques, avec Juan PerĂłn. Leurs relations devinrent cependant plus soutenues aprĂšs qu’à partir de 1940 les deux hommes se retrouvĂšrent subordonnĂ©s du gĂ©nĂ©ral Edelmiro Farrell Ă  la Direction gĂ©nĂ©rale de l’inspection des troupes de montagne, dans le centre de la capitale. Se tissĂšrent alors entre eux des liens d’amitiĂ© plus profonds, se concrĂ©tisant par la crĂ©ation d’une sociĂ©tĂ© secrĂšte militaire, le Grupo de Oficiales Unidos, en abrĂ©gĂ© GOU, oĂč Mercante eut un rĂŽle central par les contacts qu’il Ă©tablit avec les garnisons de la capitale.

Dans le sillage du coup d’État militaire du 4 juin 1943, qui mit fin Ă  la dĂ©nommĂ©e DĂ©cennie infĂąme, Mercante, l’un des plus fidĂšles partisans de PerĂłn, fut nommĂ© en dĂ©cembre 1943 Directeur gĂ©nĂ©ral du travail et de l’action sociale, Ă  la suite de l’entrĂ©e en fonction de PerĂłn Ă  la tĂȘte du secrĂ©tariat au Travail et Ă  la PrĂ©voyance, fonction qui Ă©chut ensuite Ă  Mercante lui-mĂȘme Ă  partir de juillet 1944, lorsque PerĂłn assuma la vice-prĂ©sidence dans le gouvernement de Farrell. Entre-temps, un groupe de syndicalistes socialistes et de syndicalistes rĂ©volutionnaires, emmenĂ© par Ángel Borlenghi et Juan Atilio Bramuglia, entreprit de nouer une alliance avec les Ă©lĂ©ments qui, au sein des forces armĂ©es, apparaissaient rĂ©ceptifs aux revendications historiques de la classe ouvriĂšre. Si celui qui finit par diriger le groupe militaire fut le lieutenant-colonel PerĂłn, le point d’ancrage que les syndicalistes privilĂ©giaient pour atteindre leurs objectifs Ă©tait le lieutenant-colonel Mercante, en considĂ©ration du fait que son pĂšre avait Ă©tĂ© responsable syndical dans le puissant syndicat de cheminots UniĂłn Ferroviaria. Du reste, Mercante gardera toujours une rĂ©putation de personne de grande confiance, tant pour PerĂłn que pour les syndicats, Ă  telle enseigne notamment qu’il devint en 1944 contrĂŽleur financier de l’UniĂłn Ferroviaria.

Mobilisation ouvriĂšre de masse en faveur de PerĂłn le 17 octobre 1945, dont Domingo Mercante fut l'un des principaux artisans.

En octobre 1945, aprĂšs que PerĂłn eut Ă©tĂ© contraint Ă  la dĂ©mission, puis mis en dĂ©tention par les Ă©lĂ©ments conservateurs des forces armĂ©es, Ă  l’üle MarĂ­n GarcĂ­a d’abord, puis dans un faubourg de Buenos Aires, Mercante joua un rĂŽle dĂ©cisif dans le rĂ©tablissement des communications entre les secteurs syndicaux et la CGT et dans l’organisation des importantes mobilisations ouvriĂšres qui dĂ©bouchĂšrent finalement sur la libĂ©ration de PerĂłn le 17 octobre 1945. Il fut en outre, durant cette pĂ©riode difficile, un soutien moral pour la compagne de Juan PerĂłn, l’actrice Eva Duarte, future Eva PerĂłn, alors assez dĂ©semparĂ©e.

La profonde amitiĂ© qui le liait Ă  PerĂłn se manifesta le 22 octobre 1945, lorsque ce dernier le choisit comme tĂ©moin Ă  son mariage civil avec Eva Duarte dans la ville de JunĂ­n. La cĂ©lĂšbre maison de campagne des PerĂłn Ă  San Vicente Ă©tait la propriĂ©tĂ© de Mercante, avant que PerĂłn n’en fĂźt acquisition en 1943.

Lors des Ă©lections du 24 fĂ©vrier 1946, oĂč PerĂłn fut candidat Ă  la prĂ©sidence, Mercante se prĂ©senta, sous l’étiquette du Parti travailliste (Partido Laborista, PL) de PerĂłn, pour le poste stratĂ©gique de gouverneur de la province de Buenos Aires, et fut Ă©lu Ă  une large majoritĂ©, battant en effet le candidat de l’UCR, Alejandro Leloir, avec un Ă©cart de prĂšs de 20 %, obtenant pour la lĂ©gislature provinciale plus de suffrages que les candidats du Partido del Trabajo, et se classant y compris devant PerĂłn lui-mĂȘme[1]. Soucieux de bĂątir son propre espace de pouvoir politique, il avait avant le scrutin dĂ©clinĂ© l’offre faite par PerĂłn d’assumer le secrĂ©tariat de la prĂ©sidence de la rĂ©publique et avait su, avec l’appui des syndicalistes, convaincre l’assemblĂ©e du parti Ă  opter pour la formule Domingo Mercante-Juan Bautista Machado (lequel deviendra son vice-gouverneur) pour le gouvernorat provincial de Buenos Aires, faisant donc rejeter la formule Alejandro Leloir (UCR)-Atilio Bramuglia (PS) dĂ©jĂ  arrangĂ©e par PerĂłn. Pourtant, Mercante Ă©choua tout d’abord Ă  obtenir pour son mandat, qui courait (en deux temps) du 16 mai 1946 au 3 juin 1952, une majoritĂ© dans les Chambres parlementaires et dut s’en remettre Ă  l’appui des forjistes et des dĂ©putĂ©s du groupe UCR-Junta Renovadora, lequel groupe finira d'ailleurs par s’intĂ©grer dans le Parti justicialiste fondĂ© par PĂ©ron en 1947. Cette nĂ©cessitĂ© de composer avec les partis d’opposition marque une diffĂ©rence significative avec le niveau national, oĂč le parti au pouvoir bĂ©nĂ©ficiait d’une majoritĂ© dans les deux chambres.

Dans sa province, le gouverneur Mercante mit en Ɠuvre un vaste et vigoureux programme social, faisant figure ainsi d’acteur clef du projet politique pĂ©roniste centrĂ© sur l’extension des droits du travail et les investissements publics. Au long des six annĂ©es qui suivirent, son gouvernement impulsa la rĂ©forme agraire, redistribuant 1 300 km2 de terres, souvent aux dĂ©pens des grands propriĂ©taires terriens, fit rĂ©aliser 1 600 Ă©tablissements scolaires et amĂ©nagea 146 quartiers d’habitation (composĂ©s de logements Ă©difiĂ©s dans le style chalet, et familiĂšrement appelĂ©s chalets Mercante)[1]. Toutes ces rĂ©alisations de Mercante et son expĂ©rience politique faisaient de lui l’un des alliĂ©s les plus importants de PerĂłn et lui valurent, outre le surnom de CƓur de PerĂłn (CorazĂłn de PerĂłn), d’ĂȘtre nommĂ© prĂ©sident de l’AssemblĂ©e constituante de 1948, laquelle fut convoquĂ©e pour rĂ©former la constitution de 1853 et approuva en 1949 une nouvelle constitution (en) ; ce sera le point culminant de sa carriĂšre politique.

Mercante en compagnie de Juan et Eva PerĂłn.

Cependant, Ă  partir de cette date, les diffĂ©rences et dissensions avec le chef de l’État iront se manifestant d’une façon de plus en plus visible, et finiront par conduire, presque sans transition, Ă  la mise Ă  l’écart politique de Mercante en 1952. La province de Buenos Aires faisait figure de bastion pĂ©roniste, et Mercante, qui avait entre-temps bĂąti sa propre sphĂšre en agissant selon ses propres critĂšres, Ă©tait dĂ©sormais de plus en plus perçu comme le possible successeur du prĂ©sident, dont le second mandat devait en thĂ©orie expirer en 1958. Ce statut Ă©tait difficilement admissible pour un dirigeant populiste comme PerĂłn, qui se voyait comme l'unique architecte du nouvel ordre politique, et pas davantage pour les ambitions politiques d’Eva PerĂłn. Des dĂ©saccords se firent jour notamment Ă  propos de la rĂ©forme de l’art. 77 de la Constitution nationale, relative Ă  la rĂ©Ă©lection du prĂ©sident et du vice-prĂ©sident, ou encore lors de l’application d’une clausule transitoire adoptĂ©e par l’assemblĂ©e constituante, par laquelle autorisation Ă©tait donnĂ©e aux gouverneurs provinciaux, Ă©lus pour quatre ans, de proroger d’office de deux ans leur mandat, afin de l’ajuster aux mandats du gouvernement national ; Mercante entendait par lĂ  marquer son respect de la sĂ©paration des pouvoirs (Ă  l’opposĂ© de l’usage que fera plus tard son successeur Carlos Vicente AloĂ© (es) du pouvoir judiciaire, avec l’aval de la lĂ©gislature de Buenos Aires) et indiquer qu’il n’aspirait pas Ă  concentrer indĂ©finiment le pouvoir entre ses propres mains, diffĂ©rence substantielle avec le chef de l’État et position qui dĂ©tonnait au sein du mouvement et avait l’allure d’un vĂ©ritable dĂ©fi lancĂ© au chef de l’État. C’est la premiĂšre explication de la future disgrĂące de Mercante. La deuxiĂšme explication tient au fait que Mercante incarnait une ligne politique et Ă©conomique ‒ celle des dĂ©buts du pĂ©ronisme ‒ que les circonstances nouvelles (inflation, Ă©puisement des ressources, nĂ©cessitĂ© de se concilier les forces du patronat) empĂȘchaient supposĂ©ment le gouvernement national de poursuivre selon les principes initialement dĂ©finis. Nonobstant la nouvelle donne idĂ©ologique, Mercante continua de son cĂŽtĂ© Ă  appliquer dans sa province un programme de gouvernement dont il aimait Ă  faire observer, avec de plus en plus d’insistance aprĂšs 1950, qu’il Ă©tait dans la droite ligne du pĂ©ronisme originel. Il aura beau du reste multiplier dĂ©sormais les rĂ©fĂ©rences Ă  PerĂłn, Ă  son autoritĂ© indiscutĂ©e comme chef de la rĂ©volution et comme concepteur du Plan de gouvernement, dont lui, en qualitĂ© de gouverneur de province, n’était que l’exĂ©cutant, le pouvoir pĂ©roniste national avait bien opĂ©rĂ© un virage idĂ©ologique, et aprĂšs 1952, le discours de Mercante Ă©tait de plus en plus en dĂ©calage par rapport aux positions nouvelles de Buenos Aires. De plus, il continua de mener une politique de soutien au secteur agricole et d’élevage, lĂ  oĂč le gouvernement central mettait toute son Ă©nergie Ă  stimuler l’industrie.

S’y ajoutait le style politique personnel de Mercante, qui s’était fait jour dĂšs le dĂ©but de son mandat, en particulier Ă  travers ses rapports avec l’opposition, au demeurant majoritaire dans les deux chambres lĂ©gislatives de la province de Buenos Aires. Mercante entretint en effet des rapports trĂšs Ă©troits avec le forjisme, mĂȘme encore aprĂšs que celui-ci eut Ă©tĂ© Ă©vincĂ© du gouvernement national par PerĂłn en personne, et maintint une attitude conciliatrice vis-Ă -vis du radicalisme, principal opposant au pĂ©ronisme dans les assemblĂ©es lĂ©gislatives. Il s’empressa donc d’établir des relations franches, ouvertes et directes avec les responsables de l’opposition et s’attacha Ă  conduire une politique prudente et circonspecte. Symptomatiquement, il convoqua au dĂ©but de son mandat le prĂ©sident du bloc radical de la Chambre haute, le sĂ©nateur Carlos Segretti, ainsi que plusieurs de ses dĂ©putĂ©s, et l’invita Ă  proposer une personne pour ĂȘtre nommĂ©e Ă  la tĂȘte de la Cour des comptes de la Province, que Mercante se proposait de mettre en place. Le fonctionnaire ainsi dĂ©signĂ© aurait Ă  exercer le contrĂŽle externe et interne, a priori et a posteriori, de tous les actes de gouvernement, interviendrait comme rĂ©viseur de ses comptes et comme contrĂŽleur effectif et incontournable des avoirs publics de la province. Cette mesure eut pour effet d’apaiser les rapports entre UCR et Parti travailliste, fort crispĂ©s par suite d’une campagne Ă©lectorale hargneuse et impitoyable. En contrepartie, l’opposition apporta Ă  l’action de Mercante une collaboration qui apparaĂźtra essentielle pour la mise en Ɠuvre de ses desseins politiques. La majoritĂ© des projets soumis par l’exĂ©cutif seront en effet transposĂ©s en loi, avec 2/3 des voix dans chacune des deux Chambres. Dans le mĂȘme esprit, l’équipe de Mercante aura soin de ne jamais favoriser les municipalitĂ©s pĂ©ronistes par rapport Ă  celles radicales et de ne se laisser guider, au moment de dĂ©cider d'engager des travaux publics, que par des considĂ©rations d’opportunitĂ© pour les communes concernĂ©es, sans parti-pris partisan. De façon gĂ©nĂ©rale, il y avait sensiblement moins de verticalisme dans le fonctionnement et le processus dĂ©cisionnel des autoritĂ©s provinciales, et le comitĂ© directeur du parti pĂ©roniste bonaerense[2] prĂ©sentait une forte hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© sociologique, regroupant des personnes issues de milieux populaires (ouvriers, employĂ©s, mĂ©tayers, journaliers etc.), des syndicalistes, des journalistes, des militaires (officiers infĂ©rieurs et sous-officiers), mais aussi des membres appartenant aux classes moyennes supĂ©rieures, telles que titulaires de professions libĂ©rales et chefs d’entreprise.

Carlos Aloé, successeur de Domingo Mercante.

Au contraire de Mercante, le major Carlos AloĂ©, qui succĂ©dera Ă  Mercante en 1952, prĂ©sentait le profil adĂ©quat pour mettre fidĂšlement en application dans la province de Buenos Aires la nouvelle politique façonnĂ©e par la direction nationale, et fort Ă©loignĂ©e dĂ©jĂ  de la doctrine justicialiste des premiers temps. Ainsi les deux phases idĂ©ologiques du premier pĂ©ronisme, d'ailleurs rĂ©vĂ©latrices de son hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© interne, s’exprimĂšrent-elles, Ă  l’échelon de la province de Buenos Aires, sous les espĂšces de deux gestions politiques distinctes, dĂ©limitĂ©es dans le temps et incarnĂ©es par deux gouverneurs successifs, resp. Domingo Mercante, de 1946 Ă  1952, et Vicente AloĂ©, de 1953 Ă  1955.

Les nouvelles Ă©lections dans la province de Buenos Aires, rendues nĂ©cessaires par le fait que Mercante avait rĂ©cusĂ© le prolongement automatique de deux ans de son mandat, ainsi que toute la campagne Ă©lectorale (oĂč Eva PerĂłn s’engagea trĂšs activement), prirent l’allure d’une Ă©preuve de force entre la direction nationale et la version bonaerense du pĂ©ronisme, le mercantisme. Mercante fut rĂ©Ă©lu gouverneur en 1950 par 63 % des voix, en devançant de plus de 25 % son rival et candidat de l’UCR Ricardo BalbĂ­n. Si son action fut donc largement plĂ©biscitĂ©e, sa relation conflictuelle avec PerĂłn le portera toutefois Ă  ne plus se prĂ©senter aux nouvelles Ă©lections pour le gouvernorat de Buenos Aires en 1952.

Le scrutin de 1952 vit le triomphe de PerĂłn avec un pourcentage de 63% des voix pour le mandat prĂ©sidentiel. Dans la province de Buenos Aires, le candidat au gouvernorat pour le compte du pĂ©ronisme, Carlos AloĂ©, homme loyal Ă  PerĂłn, fut Ă©lu avec un score similaire. DĂšs 1951, le parti pĂ©roniste bonaerense subit une intervention fĂ©dĂ©rale, oĂč, dans un climat de dĂ©lation, les comptes des ministĂšres de Mercanto furent passĂ©s au peigne fin, Ă  la recherche de preuves de prĂ©sumĂ©es malversations[3]. En 1953, tandis que Mercante Ă©tait expulsĂ© du Parti pĂ©roniste, AloĂ© prit de maniĂšre effective la place de Mercante comme gouverneur et entama une campagne contre son prĂ©dĂ©cesseur et contre son Ɠuvre politique, obĂ©issant en cela fidĂšlement aux consignes dictĂ©es par la PrĂ©sidence nationale. L’image de Mercante fut censurĂ©e dans la presse officielle, et ses collaborateurs les plus proches furent soumis Ă  examen et persĂ©cutĂ©s : les anciens ministres Julio C. Avanza, Miguel LĂłpez FrancĂ©s et RaĂșl Mercante, furent incarcĂ©rĂ©s, Arturo Sampay, personnalitĂ© respectĂ©e qui eut une grande part dans la rĂ©daction de la nouvelle constitution, dut fuir au Paraguay, et l'ingĂ©nieur Pedro Poggio fut torturĂ© et maintenu en prison pendant prĂšs de trois ans[4].

Dans la biographie de su pĂšre, Domingo Alfredo Mercante (fils) note : « D’une maniĂšre prĂ©cise et minutieuse, il (AloĂ©) fit arracher Ă  l’aide de piques, dans 1 609 Ă©coles, la date d’inauguration et toute rĂ©fĂ©rence au gouvernement sous lequel elles avaient Ă©tĂ© construites. (...) Il ordonna d’arracher les plaques de bronze, ou tout Ă©criteau que ce fĂ»t, s’ils portaient les dates ou le nom de mon pĂšre (...) »[5].

En 1955, le gĂ©nĂ©ral de brigade Domingo Mercante, alors dĂ©jĂ  Ă  la retraite, se joignit aux efforts pour dĂ©jouer une tentative de putsch contre Juan PerĂłn ; nĂ©anmoins, le coup d’État eut lieu, suivi de la dictature de l’autodĂ©nommĂ©e RĂ©volution libĂ©ratrice, qui s’employa Ă  Ă©radiquer le pĂ©ronisme en Argentine. Si Mercante fut dans un premier temps poursuivi et emprisonnĂ© par le nouveau pouvoir pour participation au gouvernement pĂ©roniste, il put bientĂŽt recouvrer la libertĂ©, mais dut s’exiler en Uruguay. Par la suite, il choisit de garder un profil bas et s’éteignit en 1976, Ă  l’ñge de 77 ans.

ƒuvre politique

HÎtel provincial à Mar del Plata, édifié à l'initiative de Domingo Mercante.

Mercante, qui fut gouverneur de Buenos Aires Ă  deux pĂ©riodes distinctes, 1946-50 et 1950-52, dĂ©ploya une activitĂ© politique qui est restĂ©e dans les mĂ©moires de la province comme l’une des plus fĂ©condes. Son Ɠuvre comprend notamment de nombreuses rĂ©alisations publiques : construction de quartiers ouvriers (au nombre de 146), de stations d’épuration et de traitement de l’eau prĂšs des villes de La Plata, de Berisso et d’Ensenada, de l’hĂŽtel provincial de Mar del Plata, de l’édifice de l’Institut technologique de BahĂ­a Blanca, devenu aujourd’hui l’universitĂ© nationale du Sud (Universidad Nacional del Sur), de la RĂ©publique des Enfants (en esp. Ciudad ou RepĂșblica de los Niños), parc Ă  thĂšme prĂšs de La Plata ; inauguration de plus de 1 600 Ă©tablissements scolaires et de plusieurs centres de santĂ© Ă  La Plata, Necochea et Tandil, de centres de la petite enfance (centros materno-infantiles), de garderies et d’extensions hospitaliĂšres ; rĂ©alisation de quantitĂ©s d’infrastructures routiĂšres et de travaux de voirie dans les diffĂ©rents partidos de la province, et notamment d’ouvrages d’art comme le monumental viaduc ferroviaire SarandĂ­ dans la banlieue sud-ouest de Buenos Aires ; la rĂ©organisation de la police provinciale, etc. Pour cela, Mercante avait rĂ©uni autour de lui une Ă©quipe de collaborateurs choisis pour leur compĂ©tence, composĂ©e de travaillistes, d’anciens membres de FORJA (mouvement fondĂ© au milieu des annĂ©es 1930 par de jeunes déçus du Parti radical, qui adoptaient des positions national-populistes et anti-impĂ©rialistes), d’un noyau issu de l’UCR- Junta Renovadora, et d’autres, sans allĂ©geance politique, venus Ă  la vie publique avec la rĂ©volution de juin 1943 ; avec leur aide, et sur la base de donnĂ©es statistiques et autres, qui lui permirent de dĂ©finir les besoins les plus urgents, il mit au point son Plan triennal, rigoureusement budgĂ©tisĂ©, de construction d’infrastructures et d’équipements publics.

Programme de construction d’infrastructures et d’équipements publics

La vision pĂ©roniste (qui Ă©tait aussi celle de Mercante) du rĂŽle de l’État a Ă©tĂ© formulĂ©e comme suit :

« Mercante, Ă  l’égal de PerĂłn, conçoit un État qui assume une position de surveillance, rationnelle et organique, sur l’économie gĂ©nĂ©rale et qui se met au service de la thĂ©orique justice sociale — une politique Ă©conomique axĂ©e sur le marchĂ© intĂ©rieur, conduite par un État nationaliste et populaire, dirigiste et planificateur, capable de concrĂ©tiser la redistribution des revenus en faveur de la petite et moyenne industrie qui produit pour ce marchĂ© intĂ©rieur Ă©tendu. L’alliance entre d’une part les secteurs les plus novateurs et vaillants de la bourgeoisie industrielle et d’autre part la classe ouvriĂšre organisĂ©e, avec garantie de l’État, dĂ©finit l’essence du gouvernement populiste de Juan PerĂłn[6]. »

Le Premier Plan quinquennal (national), d’oĂč il ressort clairement que c’est sur les secteurs agraires (production et commercialisation) que se portera la majeure partie du changement que l’on se proposait d’opĂ©rer dans l’économie argentine, entra en vigueur en 1947. Le Plan comportait 27 lois de base, regroupĂ©es en trois grands chapitres (Gouvernance de l’État ; DĂ©fense nationale ; et Économie), couvrant un ample Ă©ventail de domaines : rĂ©forme de l’État, lĂ©gislation sociale, ouvriĂšre et syndicale, et mesures de protection Ă©conomique. En mĂȘme temps, ce Plan prĂ©voyait Ă©galement la rĂ©alisation d’un vaste ensemble de travaux publics, envisagĂ©s comme un mĂ©canisme d’activation de la demande intĂ©rieure, et financĂ©s au moyen de crĂ©dits publics par le biais de la nationalisation de la banque centrale et du systĂšme bancaire.

Mercante prononçant un discours (date non précisée ; entre 1946 et 1952).

À l’échelon bonaerense fut opĂ©rĂ©e par Mercante une restructuration du DĂ©partement des finances, lequel sera Ă©levĂ© au statut de ministĂšre de l’Économie, des Finances et de la Prospective, comprenant trois sous-secrĂ©tariats extrĂȘmement techniques. Furent crĂ©Ă©s en outre le Conseil supĂ©rieur de politique Ă©conomique et la Direction des statistiques et des Ă©tudes, organismes qui mettront Mercante en Ă©tat de disposer d’un tableau fiable de la rĂ©alitĂ© de sa province et des problĂšmes sur lesquels il aurait Ă  agir, de coordonner rationnellement sa politique Ă©conomique, et de mettre l’action du gouvernement provincial en adĂ©quation avec les besoins publics et avec les possibilitĂ©s rĂ©elles ou potentielles de l’économie gĂ©nĂ©rale de sa province.

Avec le vaste programme dit Plan initial de travaux publics, approuvĂ© en 1946, le ministĂšre des Travaux publics nouvellement crĂ©Ă© et dirigĂ© par l’ingĂ©nieur RaĂșl Mercante, parent de Domingo, donna la premiĂšre dĂ©monstration de sa capacitĂ© de rĂ©alisation. Ce Plan initial sera ensuite complĂ©tĂ© par le sus-Ă©voquĂ© Plan triennal, adoptĂ© en 1947, portant sur les annĂ©es 1947 Ă  1949 et prĂ©voyant la rĂ©alisation d’infrastructures hydrauliques et routiĂšres, de logements sociaux, d’établissements industriels, de crĂ©ations architecturales, d’équipements utilitaires et de transport, d’installations Ă©lectromĂ©caniques, d’ouvrages ferroviaires, des mesures de stimulation de l’agriculture et de la foresterie, et le lancement de travaux de gĂ©odĂ©sie. Ces programmes Ă©taient assujettis Ă  l’approbation des assemblĂ©es lĂ©gislatives provinciales, appelĂ©es Ă  sanctionner chaque Ă©lĂ©ment du plan par 2/3 des voix, en mĂȘme temps qu’était formĂ©e une commission bicamĂ©rale mixte habilitĂ©e Ă  contrĂŽler les investissements publics et la bonne exĂ©cution des travaux. Il fut prescrit que le service de la dette induit par le financement de ces travaux ne devait jamais excĂ©der les 10 % du budget annuel de la province, ce Ă  quoi l’on parvint grĂące Ă  un financement Ă  long terme par Ă©mission de titres de dette publique. L’ampleur et le volume des travaux ainsi programmĂ©s incitĂšrent Ă  la mise en place de deux subdivisions administratives : la Direction des fabriques et chantiers, chargĂ©e de la production et distribution des matĂ©riaux (pierres, sable, chaux, ciment, tuiles, briques etc.), et qui permit d’obtenir une baisse des coĂ»ts, et la Direction des Ă©quipes et ateliers, chargĂ©e de l’entretien et des rĂ©parations.

L’une des premiĂšres rĂ©alisations du gouvernement de Mercante sera le prolongement d’une voie des Chemins de fer provinciaux, afin de raccorder l’usine de ciment et de chaux Loma Negra Ă  la ville d’OlavarrĂ­a proche et de pouvoir transporter sans rupture de charge vers les agglomĂ©rations de la province 1 000 tonnes de ciment Portland par jour. Le Plan triennal avait par ailleurs introduit le concept novateur d’expropriation de biens meubles, par lequel l’exĂ©cutif provincial se dota de la facultĂ© d’exproprier jusqu’à 60 % de la production de ciment Portland de la Loma Negra et put ainsi sĂ©curiser son approvisionnement. En outre, l’on fit l’acquisition d’une flotte de pĂ©niches et de remorqueurs et de 300 camions pour l’acheminement des matĂ©riaux de construction, et l’on s’appliqua Ă  tripler la capacitĂ© productive des ateliers provinciaux.

RĂ©forme constitutionnelle

Les Ă©lections pour une constituante tenues en dĂ©cembre 1948 donnĂšrent une large victoire au pĂ©ronisme, avec 66 % des voix. L’assemblĂ©e nationale constituante, oĂč, par suite de la dĂ©cision de retrait prise par l’opposition, ne siĂ©geront que des pĂ©ronistes, Ă©lut Mercante pour son prĂ©sident.

Parmi les rĂ©formes retenues dans la nouvelle constitution, l’article 77 mĂ©rite plus particuliĂšrement l’attention : il dispose en effet que le mandat du prĂ©sident et du vice-prĂ©sident sera dĂ©sormais de six ans et pourra ĂȘtre reconduit ; parallĂšlement furent adoptĂ©es six dispositions transitoires, dont la cinquiĂšme Ă©nonçait : Autorisation est accordĂ©e, Ă  titre exceptionnel, aux lĂ©gislatures provinciales de rĂ©former totalement leurs constitutions respectives, Ă  l’effet de les adapter aux principes, dĂ©clarations, droits et garanties consacrĂ©s dans la prĂ©sente Constitution. Cette disposition donnait en fait pleine licence Ă  proroger purement et simplement tous les mandats provinciaux.

En rĂ©ponse, la rĂ©forme constitutionnelle Ă©laborĂ©e au niveau de la province de Buenos Aires s’attachait au contraire Ă  affirmer pour principe fondamental la convocation prĂ©alable d’élections avant que le mandat de gouverneur, commencĂ© en 1946, pĂ»t ĂȘtre prolongĂ© de deux ans afin de le mettre ainsi au diapason de la nouvelle constitution nationale. En outre furent instituĂ©es la non rĂ©Ă©ligibilitĂ© des futurs gouvernants provinciaux, l’interdiction pour les fonctionnaires d’abuser de leur position officielle pour accomplir des spĂ©culations commerciales (article 10), et la libertĂ© de la presse (art. 16, y compris l’interdiction, au cas oĂč un procĂšs serait intentĂ© contre un organe de presse, de mettre sous sĂ©questre, au titre d’instrument du dĂ©lit, le matĂ©riel d’imprimerie). L’article 120 fixait les attributions du procureur de l’État (Fiscal de Estado), qui Ă©tait chargĂ© de prĂ©server les intĂ©rĂȘts publics de la province et dont le rĂŽle Ă©tait garanti par une clause d’inamovibilitĂ©. Par l’article 124 Ă©tait organisĂ© une Cour des comptes, composĂ©e d’un prĂ©sident et de quatre membres juristes, nommĂ©s moyennant l’assentiment du sĂ©nat.

Si, par ces dispositions constitutionnelles, Mercante pouvait faire figure de deuxiĂšme homme du pĂ©ronisme, son traitement de l’opposition (jusqu’à permettre, du moins sur le territoire de la province, la parution de journaux opposĂ©s au gouvernement de PerĂłn) et ses activitĂ©s lĂ©gislatives conduites en concertation avec le radicalisme, constituaient en mĂȘme temps des signes visibles de son indĂ©pendance de jugement et tendaient Ă  le dĂ©marquer de la direction pĂ©roniste nationale.

Nationalisation de la Banque de la province de Buenos Aires

Affiche de propagande pour le Premier Plan quinquennal (1946–1951) prînant la nationalisation des services publics.

Au niveau national, la rĂ©forme financiĂšre de 1946, en dĂ©crĂ©tant la nationalisation de la banque centrale d'Argentine et le contrĂŽle des changes, avait attribuĂ© Ă  l’État le monopole des mĂ©canismes financiers. La banque centrale en particulier vit ses attributions Ă©largies par une disposition selon laquelle « son pouvoir d’action est absolu Ă©galement quant au maniement du crĂ©dit et dans toute l’activitĂ© bancaire. DĂšs lors, les banques privĂ©es se constituent en agences de la banque centrale de la RĂ©publique argentine, tous les dĂ©pĂŽts Ă©tant alors nationalisĂ©s (
) »[7].

L’application de cette rĂ©forme financiĂšre, susceptible de porter profondĂ©ment atteinte Ă  l’autonomie provinciale, donnera lieu au premier diffĂ©rend concret entre le gouvernement provincial de Buenos Aires et l’exĂ©cutif national. Pour obtenir l’exclusion de sa banque du champ d’application de la nouvelle loi financiĂšre, l’exĂ©cutif provincial, soutenu en cela par la chambre des dĂ©putĂ©s, en appela Ă  l’article 7 du traitĂ© de San JosĂ© de Flores de 1859, Ă  la rĂ©forme constitutionnelle de 1860 et Ă  la convention d’union du 6 juillet de cette mĂȘme annĂ©e, et soutint que si la province ne pouvait plus gouverner sa propre banque, la base Ă©conomique sur laquelle reposait son autonomie en tant qu’autoritĂ© publique s'en trouverait privĂ©e de toute assise. Dans sa rĂ©plique, le gouvernement central, aprĂšs avoir exigĂ© « que le gouverneur de la province de Buenos Aires, en qualitĂ© d’agent naturel du gouvernement fĂ©dĂ©ral, intime Ă  la Banque de la Province de Buenos Aires la mise Ă  exĂ©cution immĂ©diate du dĂ©cret 11.554/46 », et rappelĂ© que d’aprĂšs la Constitution nationale (art. 108), « la seule autoritĂ© habilitĂ©e Ă  Ă©dicter des lois relatives au rĂ©gime bancaire et ayant effet dans le pays tout entier, est le gouvernement national, et que les provinces ont l’obligation de s’y conformer », fit observer que rien dans le pacte de San JosĂ© de Flores n’était Ă©noncĂ© sur la banque et que la Banque de la Province de Buenos Aires, dans sa forme d’alors, avait Ă©tĂ© fermĂ©e en 1890, qu’elle tomba ensuite sous le coup de dispositions moratoires dĂ©cidĂ©es par le lĂ©gislateur national, jusqu’à se constituer enfin, en 1906, en sociĂ©tĂ© anonyme mixte, oĂč le gouvernement provincial de Buenos Aires dĂ©tenait une partie seulement des actions et du directoire de laquelle elle ne dĂ©signe, en plus du prĂ©sident, que quatre membres sur les douze.

Pour ne pas aggraver le conflit, Domingo Mercante prĂ©fĂ©ra s’incliner et le 27 mai 1946 soumit Ă  l’assemblĂ©e lĂ©gislative un projet de loi visant, par la voie d’une restructuration, Ă  transformer la Banque de la province de Buenos Aires en entitĂ© publique et Ă  conformer les activitĂ©s de celle-ci Ă  la politique bancaire nationale.

Politique industrielle

En octobre 1946 fut prĂ©sentĂ© au CongrĂšs national le Premier Plan quinquennal, destinĂ© Ă  consacrer et concrĂ©tiser l’engagement pris par le pouvoir pĂ©roniste envers les travailleurs lors de la journĂ©e du 17 octobre 1945. Le moteur de la planification sera une industrialisation massive, soutenue par des taux Ă©levĂ©s de protection douaniĂšre et par une politique de subventions, avec un renforcement du contrĂŽle exercĂ© par l’État.

Le programme Ă©conomique de Domingo Mercante, qui dans ce domaine privilĂ©giait la rĂ©fĂ©rence Ă  l’architecture morale de la rĂ©volution du 4 juin (1943), dĂ©notait lui aussi une nette orientation productiviste basĂ©e pareillement sur l’industrialisation (sans pour autant dĂ©laisser les intĂ©rĂȘts agricoles), et renfermait un plan d’action qui, Ă  l’instar de l’échelon national, conjuguait interventionnisme et dirigisme Ă©tatique d’une part, et initiative privĂ©e d’autre part, en vue de rehausser le potentiel Ă©conomique de la province, de renforcer sa structure Ă©conomique et d’élever le niveau de vie de ses habitants. À cet effet, Mercante se fit assister du Conseil supĂ©rieur de politique Ă©conomique et de l’Institut d’investissement de sa province, et crĂ©a au sein du ministĂšre la Direction de l’industrie et du commerce, qui avait pour objectif de prĂ©server ou rĂ©activer les entreprises existantes et de susciter l’implantation de nouvelles, de rĂ©glementer la gestion commerciale, et de faire surgir de nouveaux marchĂ©s de consommation. L’attention de l’autoritĂ© publique se focalisait sur trois aspects fondamentaux : augmentation de la production, stabilitĂ© et dĂ©fense de l’activitĂ©, ainsi que son enracinement local, par la promotion d’industries nouvelles locales axĂ©es sur la transformation des produits de l’activitĂ© agricole et d’élevage, telles que complexes frigorifiques, laiteries, tanneries, entreprises de transformation de la laine, foresterie. Les branches de l’industrie en plus forte croissance seront le textile, la mĂ©tallurgie, la construction, les transports, et de façon gĂ©nĂ©rale, les secteurs que l’on associe Ă  l’expansion du marchĂ© intĂ©rieur et Ă  l’urbanisation caractĂ©ristiques de la Nouvelle Argentine de PerĂłn, savoir les papeteries, cristalleries, industries Ă©lectriques et chimiques, pour une grande part installĂ©es dans le Grand Buenos Aires (qui en 1947 concentrait 63 % de l’emploi industriel du pays) et toutes visĂ©es par la politique Ă©conomique mercantiste.

Centre de formation professionnelle dans l’Argentine pĂ©roniste (1945).

Pour les besoins du Plan triennal, dont l’exĂ©cution Ă  un rythme accĂ©lĂ©rĂ© requĂ©rait une connaissance prĂ©cise et complĂšte de l’importance et de la rĂ©partition gĂ©ographique de l’industrie et du commerce, l’on entreprit de dresser un Registre gĂ©nĂ©ral de l’industrie et du commerce.

Les cinq entreprises qui, dĂ©tenues par des capitaux Ă©trangers, commercialisaient 95 % de l’énergie produite dans la province, passĂšrent sous le contrĂŽle du gouvernement provincial, en accord avec la politique suivie par PerĂłn Ă  l’échelon national. ParallĂšlement fut mis Ă  exĂ©cution le Plan gĂ©nĂ©ral d’électrification, visant Ă  mettre en place un systĂšme d’approvisionnement autour de grandes centrales avec un rĂ©seau d’interconnexion, en coordination avec le systĂšme national.

Durant les derniĂšres annĂ©es de sa gestion politique, Mercante, conscient que la stabilitĂ© et le progrĂšs de l’activitĂ© industrielle sont tributaires entre autres de la disponibilitĂ© d’une main-d’Ɠuvre qualifiĂ©e, crĂ©a plusieurs Ă©coles-usines pour la formation spĂ©cialisĂ©e des ouvriers, en conformitĂ© avec le projet Ă©ducatif pĂ©roniste, oĂč enseignement et travail Ă©taient Ă©troitement liĂ©s. C’était lĂ , Ă  ses yeux, une caractĂ©ristique distinctive, voire l’Ɠuvre d’envergure la plus grande de la RĂ©volution de 1943.

RĂ©forme agraire

En contraste avec l’accent mis par le gouvernement national sur le dĂ©veloppement industriel, la rĂ©forme agraire revĂȘtit dans l’Ɠuvre politique de Mercante une importance particuliĂšre, en raison sans doute de ce que l’activitĂ© agricole et d’élevage Ă©taient prĂ©dominantes dans la province de Buenos Aires. La politique agraire menĂ©e durant les premiers gouvernements pĂ©ronistes s’était donnĂ© pour objectif de transformer le rĂ©gime de propriĂ©tĂ© de la terre et de dĂ©mocratiser l’accĂšs Ă  la propriĂ©tĂ©, en attaquant de front le pouvoir des grands propriĂ©taires fonciers, essentiellement, en ce qui concerne la province de Buenos Aires, dans ses zones pampĂ©ennes. L’universitaire MĂłnica Blanco rĂ©sume comme suit la problĂ©matique du secteur agraire en Argentine :

« L’instabilitĂ© engendrĂ©e par le systĂšme de fermage en vigueur, qui Ă©tait Ă  l’origine des expulsions de mĂ©tayers hors des terres qu’ils travaillaient, contribuant ainsi Ă  aggraver le dĂ©peuplement rural ; la stagnation Ă©conomique et sociale sĂ©vissant dans les zones occupĂ©es par de grandes fermes d’élevage, oĂč l’implantation de nouvelles populations et l’expansion des petites localitĂ©s existantes se trouvaient inhibĂ©es ; la constitution de sociĂ©tĂ©s anonymes, Ă  l’effet d’éviter la subdivision naturelle de la propriĂ©tĂ©, Ă©taient quelques-uns des facteurs qui incitĂšrent Ă  l’élaboration des projets lĂ©gislatifs. Afin de limiter les effets nĂ©gatifs que de telles situations provoquaient, l’on prĂ©conisa une plus grande intervention de l’État, tendant Ă  promouvoir la division des grandes propriĂ©tĂ©s fonciĂšres, donnant la terre en propriĂ©tĂ© aux petits et moyens paysans-mĂ©tayers. »

Mercante assistait avec prĂ©occupation Ă  l’exode croissant des habitants des districts ruraux Ă  destination des centres urbains, exode qui dĂ©buta dans les annĂ©es 1920 et s’accĂ©lĂ©ra fortement dans la dĂ©cennie 1930 ; le recensement de la population de 1947 Ă©tablit que sur un total de 4 273 900 habitants que comptait la province de Buenos Aires, 1 741 300, soit plus de 40 %, rĂ©sidaient en agglomĂ©ration et 2 532 500 dans le reste du territoire provincial. Une des idĂ©es directrices de sa politique agraire Ă©tait la colonisation, idĂ©e selon laquelle le fait de garantir aux familles paysannes l’accĂšs Ă  la propriĂ©tĂ© de la terre (notamment par l’expropriation des grands domaines et une subsĂ©quente distribution des parcelles) Ă©tait le moyen le plus sĂ»r pour obtenir qu’ils se fixassent dans les campagnes et donc pour endiguer la migration vers les centres urbains. En fait, Mercante faisait sienne une idĂ©e dĂ©jĂ  ancienne de l’oligarchie libĂ©rale rĂ©formiste du dĂ©but XXe et des radicaux bonaerenses comme JosĂ© Camilo Crotto (en), et prenait ainsi Ă©galement le relais de ses propres compagnons et prĂ©dĂ©cesseurs au gouvernement issu de la rĂ©volution de juin 1943. Pour mettre en Ɠuvre sa rĂ©forme agraire, il rĂ©activa le Conseil agraire national et fit mettre en place une nouvelle lĂ©gislation sur le bail Ă  ferme, qui par des prorogations des baux et par des contrĂŽles des termes des contrats de fermage, tentait de rĂ©pondre aux besoins immĂ©diats des producteurs et de susciter un accroissement de la production, mais tout en y soustrayant cependant les terres vouĂ©es Ă  la colonisation. Ces mesures, ajoutĂ©es Ă  la fixation de prix garantis pour les produits agricoles, Ă  l’octroi de crĂ©dits et Ă  la distribution de semences, visaient Ă  stimuler la production agricole en assurant des conditions plus avantageuses aux producteurs, avec l’objectif de satisfaire avant tout les besoins du marchĂ© intĂ©rieur argentin.

Champ d'orge Ă  Los Toldos, dans la pampa bonaerense.

La problĂ©matique agraire et la prĂ©sentation des lois d’expropriation et de colonisation firent entre 1946 et 1955 l’objet de dĂ©bats animĂ©s dans les chambres lĂ©gislatives de la province de Buenos Aires, donnant lieu Ă  de vives discussions entre les diffĂ©rents partis, mais aussi au sein mĂȘme de ces partis. Ainsi, dans le parti pĂ©roniste gouvernant, qui (du moins dans les premiĂšres annĂ©es du gouvernement) se trouvait pourtant le plus engagĂ© dans la rĂ©forme agraire et le partage de la propriĂ©tĂ© terrienne, l’on observait certaines rĂ©ticences Ă  mettre en application les dispositions prises, de sorte que les projets de loi prĂ©sentĂ©s n’étaient que difficilement converties en lois applicables, ou, s’ils passaient le stade de la promulgation, que leur mise en Ɠuvre Ă©tait ensuite entravĂ©e. Il s’ensuivit que l’exĂ©cutif se vit souvent contraint de faire l’impasse sur le pouvoir lĂ©gislatif et de concrĂ©tiser sa politique par voie de dĂ©crets.

En vertu de la nouvelle loi sur la colonisation (Ley de ColonizaciĂłn), promulguĂ©e en octobre 1948, les activitĂ©s de redistribution de la terre incombaient Ă  un organisme spĂ©cialement crĂ©Ă© Ă  cette fin, l’Institut autarcique de colonisation de la province de Buenos Aires (Instituto AutĂĄrquico de ColonizaciĂłn de la provincia de Buenos Aires), dotĂ© de compĂ©tences nouvelles et plus larges que ses Ă©quivalents antĂ©rieurs, tĂ©moignant d’un dessein plus profond, en particulier par la prise en compte des aspects sociaux jusque-lĂ  nĂ©gligĂ©s. En effet, parmi les attributions du nouvel institut ne figuraient pas seulement « la colonisation, mise en fermage, administration et vente des terres qu’aurait acquises l’État » ou « de solliciter auprĂšs du pouvoir exĂ©cutif l’expropriation des terres qu’il considĂšre utile de coloniser », mais aussi une longue liste de fonctions attestant de l’attention accrue portĂ©e dĂ©sormais Ă  l’assistance technique, Ă©conomique et sociale au bĂ©nĂ©fice des colons. Il appartenait Ă  l’Institut de convenir, avec la Banque de la Province de Buenos Aires, de projets de colonisation, d’accompagner, par le biais de ses commissions techniques, les tentatives de colonisation privĂ©e, d’expĂ©rimenter de nouvelles formes de colonisation Ă  mĂȘme de rĂ©soudre le problĂšme social de l’ouvrier agricole ou du petit propriĂ©taire, et de prĂ©voir une assistance technique et matĂ©rielle propre Ă  promouvoir le progrĂšs culturel, Ă©conomique, social et moral des colons, ce qui incluait : impulsions donnĂ©es Ă  l’amĂ©lioration agraire, Ă  la mise sur pied d’un systĂšme d’assurance agricole et du systĂšme coopĂ©ratif, et Ă  la stimulation d’industries de transformation. L’accĂšs aux parcelles colonisables Ă©tait strictement conditionnĂ© au statut de producteur rural non-propriĂ©taire, ayant famille Ă  charge et de bonne vie et mƓurs.

La politique agraire menĂ©e par l’équipe de Mercante ne manqua pas de se heurter Ă  l’opposition des grands propriĂ©taires, essentiellement dĂ©tenteurs de grosses fermes d’élevage, regroupĂ©s au sein de la Sociedad Rural Argentina, Ă  laquelle se joignirent, Ă  la suite de l’adoption de la loi relative au journalier rural (Ley de PeĂłn Rural), la FederaciĂłn Agraria Argentina, qui voyaient leurs intĂ©rĂȘts menacĂ©s directement par les limitations que ces nouvelles dispositions Ă©manant du secrĂ©tariat du Travail et de la PrĂ©voyance imposaient Ă  l’embauche et Ă  la disponibilitĂ© de la main-d’Ɠuvre agricole. Par prudence, pour ne pas s’attirer de nouvelles inimitiĂ©s, Mercante affirma dans ses discours, dĂšs le dĂ©but de la mise en Ɠuvre de sa politique agraire, son intention de ne vouloir parcelliser que les grandes propriĂ©tĂ©s, sans, dit-il, « dĂ©truire les exploitations bien organisĂ©es », indĂ©pendamment de leur taille. NĂ©anmoins, Mercante pouvait dĂ©clarer en 1950 avoir jusque-lĂ  « expropriĂ© et pris possession de 27 domaines, pour un total de 147 462 hectares (...). De mĂȘme, se trouvent en instance d’expropriation 49 383 hectares de champs aptes Ă  l’agriculture ».

Cependant, vers la fin de la dĂ©cennie 1940, le projet de rĂ©forme agraire Ă©manant de l’exĂ©cutif national, initialement ouvertement offensif, commença Ă  s’adoucir et, face Ă  l’épuisement du modĂšle Ă©conomique jusque-lĂ  mis en Ɠuvre et de la nĂ©cessitĂ© d’une plus grande participation du secteur agraire Ă  l’entrĂ©e de devises, le pouvoir s’efforça d’adopter un ton plus conciliant. Cette nouvelle orientation de la politique agraire nationale se traduisait notamment par de nouveaux incitatifs Ă©conomiques sous forme de crĂ©dits, d’un renforcement de la mĂ©canisation et d’un accroissement des prix, afin de rehausser la productivitĂ©. Dans le mĂȘme temps, l’on voulut mettre un coup d’arrĂȘt Ă  la politique de colonisation et de dĂ©mocratisation de la propriĂ©tĂ© rurale, dans une tentative d’éliminer les possibles sources de conflit que l’action et la rhĂ©torique pĂ©ronistes des premiĂšres annĂ©es avaient fait naĂźtre. ConformĂ©ment aux principes du DeuxiĂšme Plan quinquennal, la dĂ©mocratisation de la propriĂ©tĂ© fonciĂšre cessa d’ĂȘtre un objectif central, tandis qu’au contraire l’accent Ă©tait mis dĂ©sormais sur la hausse de la productivitĂ©, pour les besoins de laquelle il apparaissait indispensable de mettre un terme Ă  l’état de conflictualitĂ© sociale des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. Fut alors mise en branle la dĂ©nommĂ©e DeuxiĂšme RĂ©volution agricole, centrĂ©e avant tout sur la cĂ©rĂ©aliculture dans la province de Buenos Aires.

Des consignes furent donc Ă©mises tendant Ă  ce que les expropriations de domaines agricoles fussent momentanĂ©ment suspendues jusqu’à ce que la situation de crise Ă©conomique eĂ»t Ă©tĂ© surmontĂ©e. Ce nonobstant, Mercante, prolongeant sa politique agraire au-delĂ  des limites qu’avait imposĂ©es en 1949 le gouvernement national, prit l’initiative d’accomplir, par dĂ©cret de son exĂ©cutif, de nombreuses nouvelles expropriations aux fins de colonisation ‒ mode de prise de dĂ©cision et pertinacitĂ© qui signent le style politique particulier du mercantisme. En 1 952, 104 218 hectares avaient Ă©tĂ© expropriĂ©es au cours des six ans que dura le mandat de Mercante, pour y fonder 19 colonies ; sept domaines avaient Ă©tĂ© acquis par achat direct (sans expropriation forcĂ©e), totalisant 25 480 hectares, ce qui, ajoutĂ© aux biens-fonds expropriĂ©s, donne un total de 129 698 hectares.

Carlos AloĂ© (es), successeur de Mercante au gouvernorat de Buenos Aires en 1952 et fidĂšle partisan de Juan PerĂłn, ne fera plus guĂšre allusion Ă  la colonisation, celle-ci restant de toute façon restreinte aux terres en propriĂ©tĂ© publique (les tierras fiscales), et ne poursuivra plus guĂšre d’autres objectifs que d’organiser l’enseignement agraire et d’encourager la constitution de coopĂ©ratives, afin, ainsi qu’il l’exprima, « d’harmoniser les valeurs Ă©conomiques et sociales dans le secteur agricole et de leur donner une nouvelle impulsion au moyen des multiples ressources de l’État ». La politique menĂ©e visera Ă  tenter, par une tactique Ă©prouvĂ©e et dĂ©jĂ  fort ancienne, de satisfaire les masses non-propriĂ©taires par des encouragements et des aides, poursuivant en tout cas un but autre que de les rendre « propriĂ©taires de la terre qu’ils travaillent » et laissant intacte le rĂ©gime de la grande propriĂ©tĂ© fonciĂšre. Les principaux aspects qui dorĂ©navant retiendront l’attention de la nouvelle Ă©quipe dirigeante bonaerense seront la prĂ©vention des flĂ©aux, la distribution de machines agricoles, la commercialisation de la production, l’organisation des producteurs en coopĂ©rative et la stimulation de la production de blĂ© et de maĂŻs, aspects pour lesquels des campagnes idoines seront menĂ©es dans les zones rurales concernĂ©es de la province. D’autre part, il Ă©tait impĂ©ratif de relancer les investissements dans le secteur agraire, fortement dĂ©primĂ©s par une conjoncture lĂ©gislative peu propice aux intĂ©rĂȘts de la grande bourgeoisie rurale.

La nouvelle politique provinciale se caractĂ©risa par un respect rigoureux des consignes dictĂ©es par l’exĂ©cutif national et des dispositions de la planification Ă©conomique de Juan PerĂłn. Sous le gouvernement d’AloĂ©, il ne fut procĂ©dĂ© Ă  aucune nouvelle acquisition de terres en vue de colonisation, et l’on se borna Ă  adjuger 63 % (soit 345 218 hectares) du total acquis auparavant par l’Institut depuis le dĂ©but de son activitĂ©. C’est dans le partido de Patagones, dans l’extrĂȘme pointe mĂ©ridionale de la province, qu’eurent lieu les plus importantes attributions de terres pour colonisation, du reste par prĂ©lĂšvement sur des campos fiscales.

Le viaduc Sarandí à Buenos Aires, dont la construiction fut décidée par Domingo Mercante.

Non seulement la gestion prĂ©cĂ©dente fut-elle vertement critiquĂ©e (sur diverses imputations : absence de lutte contre les ravages des criquets, sensible baisse des semis de maĂŻs, organisation dĂ©faillante, etc.), mais encore le mĂ©rite du gouvernement antĂ©rieur dans nombre de rĂ©alisations fut-il souvent niĂ©, lors mĂȘme que, comme dans le cas du viaduc SarandĂ­, le nouveau gouvernement provincial ne faisait la plupart du temps que rĂ©aliser ou achever des ouvrages et des infrastructures dĂ©jĂ  conçus et planifiĂ©s durant le mandat de Mercante.

À l’instar du nouveau gouverneur, les membres des chambres lĂ©gislatives de la province se muĂšrent en fidĂšles exĂ©cutants de la nouvelle politique nationale : la rĂ©forme agraire fut dĂ©finitivement enterrĂ©e, les expropriations dĂ©cidĂ©es ne concerneront que les terres relevant du domaine de l’État, et l’accent sera mis sur la nĂ©cessitĂ© de stimuler la productivitĂ©. Les lignes de force du nouveau ministĂšre des Affaires agraires, rĂ©organisĂ© en 1953, seront, en accord avec le changement de cap et le « retour Ă  la campagne » (vuelta al campo) Ă©laborĂ©s au niveau fĂ©dĂ©ral, la modernisation des moyens de production, le dĂ©veloppement du principe coopĂ©ratif, la formation pratique des enfants de colons, l’encouragement Ă  la production scientifique, la mise en Ɠuvre de projets d’irrigation, et la bonne santĂ© des semis et plantations.

Références

  1. Blanco, MĂłnica. Peronismo, Mercantismo y polĂ­tica agraria en la Provincia de Buenos Aires (1946-55).
  2. Il est convenu en Argentine d’utiliser le mot portĂšgne, ou portĂšne (porteño), lorsqu’on se rapporte Ă  la ville de Buenos Aires, et bonaerense, quand il s’agit de la province du mĂȘme nom. Il est par ailleurs bon de rappeler que le centre-ville de Buenos Aires, ayant Ă©tĂ© fĂ©dĂ©ralisĂ© Ă  la fin du XIXe siĂšcle, ne fait pas partie de cette province, et que celle-ci a pour capitale la ville de La Plata, spĂ©cialement crĂ©Ă©e pour remplir ce rĂŽle.
  3. Voir le témoignage de Pedro Poggio (consultable en ligne), p. 26.
  4. FĂ©lix Luna, PerĂłn y su tiempo II. La Comunidad Organizada 1950-1952., Buenos Aires, Sudamericana,
  5. (es) « La gobernación Mercante », Domingo Alfredo Mercante (fils), Historia Política (consulté le )
  6. Cf. article de Graciela Mateo.
  7. Noemí Girbal-Blacha, Historia del Banco de la Provincia de Buenos Aires. Gestión del doctor Arturo Jauretche (1946-1950), Buenos Aires, 1993. Cité par Graciela Mateo.

Sources

Bibliographie

  • (en) Carolyn A. Becker, Domingo A. Mercante : a Democrat in the shadow of PerĂłn and Evita, Philadephia, Xlibris, , 361 p. (ISBN 978-1-413-49532-4 et 978-1-413-49531-7).
  • (es) El gobierno de Domingo Mercante en Buenos Aires (1946-1952). Un caso de peronismo provincial (ouvrage collectif sous la dir. de Claudio Panella, avec des contributions de Mario Gasparri, Silvia A. VĂĄzquez, Fernando J. Varela, Adriana M. Valobra, NoemĂ­ M. Girbal Blacha, Graciela Mateo, Ignacio Fonseca, Claudio Panella, CĂ©sar A. Arrondo, JosĂ© B. Marcilese, Elisa Pastoriza, NicolĂĄs Quiroga, Alejandra SalomĂłn et Oscar Aelo), La Plata, Instituto Cultural de la Provincia de Buenos Aires & Archivo HistĂłrico de la Provincia de Buenos Aires Ricardo Levene (AHPBA), .
  • (es) Domingo A. Mercante, Mercante: El corazĂłn de PerĂłn, Buenos Aires, 1995 (biographie rĂ©digĂ©e par le fils de Domingo Mercante).

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