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Juan Atilio Bramuglia

Juan Atilio Bramuglia (ChascomĂșs, province de Buenos Aires, 1903 — Buenos Aires, 1962) Ă©tait un avocat, syndicaliste, homme politique, diplomate et professeur d’universitĂ© argentin.

Juan Atilio Bramuglia
Illustration.
Fonctions
Ministre des Relations extérieures
–
Gouvernement Juan Domingo PerĂłn
Interventeur fédéral
de la province de Buenos Aires
–
Prédécesseur Roberto M. Vanetta
Successeur RamĂłn del RĂ­o
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance ChascomĂșs (Argentine)
Date de décÚs
Lieu de décÚs Buenos Aires
Nature du décÚs naturelle
Nationalité argentine Drapeau de l'Argentine
Parti politique Parti péroniste
Union populaire
DiplÎmé de université de Buenos Aires
Profession avocat
Religion catholique
RĂ©sidence Buenos Aires

D’origine modeste, dĂ©tenteur d’une licence en droit, imprĂ©gnĂ© d’idĂ©es socialistes, Bramuglia travailla d’abord comme avocat dans le mouvement syndical, avant de se joindre Ă  Ángel Borlenghi et Ă  Francisco Capozzi pour constituer le premier noyau syndical qui en 1943 chercha Ă  se mettre en contact avec de jeunes militaires ayant participĂ© Ă  la dĂ©nommĂ©e RĂ©volution de 1943 — dont Juan PerĂłn —, en vue de crĂ©er avec eux une alliance Ă  visĂ©e travailliste qui devait ensuite exercer une influence dĂ©cisive sur le dĂ©veloppement du pĂ©ronisme. En 1946, au lendemain de l’accession Ă  la prĂ©sidence de Juan PerĂłn, il fut nommĂ© ministre des Affaires Ă©trangĂšres et Ă  ce titre s’attacha Ă  occuper une position neutre entre les deux superpuissances. Las des obstructions de la PremiĂšre dame Eva PerĂłn, il finit par remettre sa dĂ©mission et fut dĂ©signĂ© en 1948 prĂ©sident du Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies, auquel titre il aida avec efficacitĂ© et doigtĂ© Ă  rĂ©soudre la premiĂšre crise de Berlin. AprĂšs le coup d’État militaire de 1955, il s’évertua Ă  ressusciter le pĂ©ronisme en crĂ©ant, et faisant autoriser par le nouveau pouvoir, le parti Union populaire, et, placĂ© entre l’antipĂ©ronisme souvent virulent de ces annĂ©es et la rhĂ©torique exacerbĂ©e de PerĂłn en exil, adoptera une position conciliatrice ; les succĂšs Ă©lectoraux de ce parti nĂ©o-pĂ©roniste, notamment aux Ă©lections provinciales de 1962, en particulier Ă  Buenos Aires, amenĂšrent le nouveau coup d’État de .

« Le plus éminent et le plus talentueux des ministres de la premiÚre présidence de Juan Perón. »

— Raanan Rein

Biographie

Jeunes années et débuts dans la politique

Juan Atilio Bramuglia naquit Ă  ChascomĂșs, dans l’est de la province de Buenos Aires, de parents immigrĂ©s italiens ; son pĂšre travaillait Ă  la compagnie ferroviaire Chemins de fer du Sud (Ferrocarril del Sud). Juan Atilio s’inscrivit Ă  l’universitĂ© de Buenos Aires, oĂč il obtint son doctorat en droit en 1925[1].

Il commença sa carriĂšre de juriste en tant qu'avocat au service de l’UniĂłn Ferroviaria, syndicat de cheminots sous tutelle patronale, dont il devint en 1929 conseiller en chef. Dans l’important secteur ferroviaire argentin, ce syndicat rĂ©ussit Ă  Ă©clipser tous ses rivaux plus combatifs et deviendra l’organisation syndicale la plus puissante au sein de la CGT, structure de coordination syndicale de la dĂ©cennie 1940. À la suite du coup d’État militaire nationaliste de juin 1943, il s’associa Ă  Francisco Capozzi, dirigeant du syndicat de cheminots rival La Fraternidad, et Ă  un collĂšgue de la CGT, le dirigeant du syndicat des employĂ©s du commerce, Ángel Borlenghi, pour constituer une alliance susceptible de leur faire obtenir un rĂŽle dans le nouveau gouvernement. Leur reprĂ©sentant, le colonel Domingo Mercante (dont le pĂšre avait Ă©tĂ© dĂ©lĂ©guĂ© Ă  la Fraternidad), eut tĂŽt fait d’établir une liaison avec le nouveau secrĂ©taire au travail, le colonel Juan PerĂłn[2].

Cette alliance aboutira Ă  l’instauration de la premiĂšre relation fonctionnelle entre le dĂ©partement du Travail et les syndicats argentins, principalement avec la faction NĂșmero Uno de la CGT. Bramuglia fut celui qui rĂ©digea la proposition de PerĂłn d’élever le dĂ©partement du Travail au rang de ministĂšre, ce qui sera chose faite en . Ensuite, en 1944, il fut nommĂ© par le ministre du Travail Juan PerĂłn directeur de la PrĂ©voyance sociale, et en cette qualitĂ© Ă©labora la lĂ©gislation — trop longtemps diffĂ©rĂ©e — relative au travail, aux pensions de retraite et Ă  la sĂ©curitĂ© sociale, ensemble de lois dont la promulgation devait assurer Ă  PerĂłn un soutien durable parmi les classes laborieuses du pays[3].

Ses idĂ©es politiques peuvent se dĂ©duire d’une lettre qu’il envoya au journal nationaliste La Fronda. Quand en 1941 il lut qu’on l’avait taxĂ© de communiste, il rĂ©torqua : « Je partage actuellement les idĂ©es de ceux qui pensent que l’organisation sociale doit se transformer peu Ă  peu jusqu’à permettre le bonheur, quelque relatif qu’il soit, de millions d’ĂȘtres, envers qui la sociĂ©tĂ© n’est ni juste ni Ă©quitable ». Cet objectif de Borlenghi et de Bramuglia, ainsi que la nĂ©cessitĂ© pour PerĂłn de pouvoir s’appuyer sur sa propre base, furent les Ă©lĂ©ments clef expliquant le dĂ©cret du , qui accordait les pleins droits aux syndicats ; l’un de ces droits Ă©tait celui de s’engager dans la politique[4].

Ses efforts, ainsi que le rĂŽle crucial du vice-prĂ©sident PerĂłn dans la dictature du gĂ©nĂ©ral Edelmiro JuliĂĄn Farrell, valut Ă  Bramuglia d’ĂȘtre nommĂ© en interventeur fĂ©dĂ©ral dans la province de Buenos Aires, auquel titre il s’employa Ă  amĂ©liorer l’enseignement et Ă  renforcer la lĂ©gislation du travail. Cependant, en septembre, sa connivence avec PerĂłn entraĂźna son Ă©viction par les soins du mĂȘme Farrell, dans le cadre d’une Ăąpre lutte de pouvoir entre celui-ci et le populaire vice-prĂ©sident[2].

Il avait rĂ©intĂ©grĂ© son poste de conseiller en chef de l’UniĂłn Ferroviaria lorsque, le , PerĂłn fut arrĂȘtĂ©. La maĂźtresse et proche collaboratrice de celui-ci, Eva Duarte, fit appel aux compĂ©tences de juriste de Bramuglia pour l’assister lors de cette crise. Bramuglia toutefois, jugeant qu’une procĂ©dure judiciaire serait contre-productive, se rĂ©cusa. PerĂłn fut finalement remis en libertĂ© Ă  la suite de la manifestation de masse du 17 octobre, mais ce refus d’assistance de Bramuglia devait lui causer une inimitiĂ© durable de la part de l’influente future PremiĂšre dame[5].

Ministre des Affaires Ă©trangĂšres

AprĂšs l’investiture de PerĂłn en , Bramuglia fut nommĂ© ministre des Affaires Ă©trangĂšres, nonobstant qu’il eĂ»t convoitĂ© en privĂ© le poste de ministre du Travail, dont il estimait que c’était le poste le plus dĂ©cisif pour la mise en Ɠuvre de la politique du nouveau gouvernement populiste[6]. En ce qui concerne les relations extĂ©rieures de l’Argentine, Bramuglia reçut le mandat d’emprunter une « troisiĂšme voie » (tercera posiciĂłn) tendant Ă  privilĂ©gier les intĂ©rĂȘts nationaux tout en entretenant des relations positives avec chacune des deux superpuissances de la Guerre froide. Il restaura les relations avec l’Union soviĂ©tique, facilitant les livraisons de cĂ©rĂ©ales Ă  ce pays frappĂ© de pĂ©nurie, et prĂŽna un rapprochement avec les États-Unis[7]. Les relations avec ce dernier avaient en effet Ă©tĂ© tendues au lendemain de la DeuxiĂšme Guerre mondiale, aprĂšs que l’ambassadeur amĂ©ricain Spruille Braden eut fait paraĂźtre un rapport (« Livre bleu ») faisant Ă©tat de collusions entre PerĂłn et les puissances de l'Axe[2]. Bramuglia mit fin Ă  la politique de son prĂ©dĂ©cesseur d’entraver les initiatives amĂ©ricaines au sein de l’Union panamĂ©ricaine, signa le traitĂ© de Rio (lequel tendait Ă  accroĂźtre l’influence des États-Unis dans la politique Ă©trangĂšre des autres États de l’hĂ©misphĂšre occidental et suscitait une nombreuse opposition dans son propre parti[8]), et s’attacha Ă  promouvoir de bonnes relations avec les diplomates amĂ©ricains[9].

En , Bramuglia fut dĂ©signĂ© prĂ©sident du Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies, entrant en fonction au plus haut des tensions Ă  propos du blocus de Berlin imposĂ© par l’Union soviĂ©tique. Bramuglia dĂ©fendit la thĂšse que les exigences soviĂ©tiques relatives Ă  l’utilisation du mark allemand Ă  Berlin devaient ĂȘtre prises en considĂ©ration, et rĂ©ussit, durant son bref mandat, Ă  amener les quatre puissances impliquĂ©es dans le conflit (États-Unis, URSS, Royaume-Uni, et France) Ă  former une commission chargĂ©e de rĂ©soudre les points litigieux[10]. Il continua de jouer un rĂŽle actif dans les nĂ©gociations subsĂ©quentes, malgrĂ© l’opposition du secrĂ©taire d'État George Marshall contre son initiative, et en dĂ©cembre se tint aux cĂŽtĂ©s de Marshall, de l’homologue britannique de celui-ci Ernest Bevin, et du dĂ©lĂ©guĂ© du ministre soviĂ©tique des Affaires Ă©rangĂšres AndreĂŻ Vychinski, lors de leur premiĂšre rĂ©union commune au sujet de la crise[9] ; Ă  la suite de ces pourparlers et d’autres qui suivront, et Ă  cause de l’efficacitĂ© du pont aĂ©rien de Berlin, le blocus fut levĂ© le [10].

L’habile ministre des Affaires Ă©trangĂšres ne put cependant se soustraire aux dissentiments que nourrissait Ă  son Ă©gard Eva PerĂłn. Cet antagonisme devint irrĂ©ductible lorsque Bramuglia s’opposa Ă  l’offensive de charme lancĂ©e par la PremiĂšre dame en 1947 ― sa fameuse tournĂ©e europĂ©enne « arc-en-ciel » ― et se refusa en outre Ă  soutenir la proposition d’Evita visant Ă  l’adoption par l’ONU d’une « DĂ©claration des droits des personnes ĂągĂ©es ». Aussi, tandis que Bramuglia faisait la une dans la presse internationale pour son rĂŽle dans le rĂšglement de la crise berlinoise, la PremiĂšre dame donna-t-elle la consigne aux stations de radio argentines de faire silence sur ses accomplissements et sur certains Ă©vĂ©nements, tels que les pourparlers de sur la crise de Berlin avec le prĂ©sident amĂ©ricain Harry Truman ; elle veilla Ă  ce que la photo de Bramuglia fĂ»t Ă©cartĂ©e des articles de presse sur le sujet, allant jusqu’à ordonner de retoucher les photos de groupe paraissant dans Democracia (quotidien nationalisĂ©, naguĂšre organe de l’UCR), de sorte Ă  en faire disparaĂźtre son image[5].

Cette hostilitĂ©, s’ajoutant aux dissensions avec l’ambassadeur d’Argentine aux États-Unis, JerĂłnimo Remorino, et avec l’ambassadeur aux Nations unies, JosĂ© Arce[3], conduisirent Ă  plusieurs reprises Bramuglia Ă  remettre sa dĂ©mission au prĂ©sident PerĂłn, qui finit, aprĂšs une sixiĂšme tentative, par accepter le . La querelle qui en rĂ©sulta porta Remorino Ă  provoquer Bramuglia en duel, ce que ce dernier sut Ă©viter Ă  la derniĂšre minute. Bramuglia, qui rendait Remorino responsable de sa tombĂ©e en disgrĂące[11], reprit son ancien Ă©tat de juriste du travail et enseigna le droit du travail dans son alma mater, l’universitĂ© de Buenos Aires[6].

L’Union populaire

AprĂšs que le prĂ©sident PerĂłn eut Ă©tĂ© renversĂ© par le coup d’État militaire de 1955, Bramuglia se mit en rapport avec le premier dictateur issu de ce putsch, le gĂ©nĂ©ral Eduardo Lonardi, et offrit de collaborer avec celui-ci Ă  sa politique de conciliation, opposĂ©e Ă  la rĂšgle du « vainqueurs ou vaincus ». Lonardi accueillit favorablement cette offre, envisageant de le nommer au poste de ministre du Travail, refusĂ© Ă  Bramuglio une dĂ©cennie auparavant. La manƓuvre cependant n’aboutit pas, puisque Lonardi fut Ă©cartĂ© du pouvoir en novembre en raison de sa position trop conciliante. Bramuglia sera mĂȘme briĂšvement incarcĂ©rĂ©, mais son amitiĂ© avec de nombreux policiers ainsi qu’avec le nouveau ministre de la Guerre, le gĂ©nĂ©ral Justo LeĂłn Bengoa, le prĂ©serva de nouvelles arrestations et le protĂ©gea contre les frĂ©quentes menaces de mort qui lui furent adressĂ©es ensuite. Ce nonobstant, il mit sur pied en dĂ©cembre le parti UniĂłn Popular (UP), dans une tentative de crĂ©er un substitut politique au mouvement pĂ©roniste, dorĂ©navant interdit. Il obtint la permission du successeur de Lonardi, le gĂ©nĂ©ral Pedro Aramburu, mais en sera publiquement blĂąmĂ© depuis son exil par Juan PerĂłn[6].

Les mesures rĂ©pressives accrues prises entre-temps par Aramburu eurent pour effet de polariser plus avant encore la politique argentine, et furent Ă  l’origine de la rĂ©volte avortĂ©e du gĂ©nĂ©ral Juan JosĂ© Valle contre Aramburu en , Ă  la suite de laquelle 31 personnes seront exĂ©cutĂ©es. Bramuglia fit publier des dĂ©clarations conciliatrices dans plusieurs magazines, y compris dans Ahora, virulemment anti-pĂ©roniste ; la publication dans cette revue de l’adresse et du numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone de Bramuglia donnera lieu Ă  des menaces et Ă  harcĂšlement Ă  son encontre. Dans ses dĂ©clarations, il souligna que « chaque famille aspire Ă  la paix et Ă  façonner l’avenir autour d’une culture politique incluant les partis politiques », prenant par lĂ  ses distances avec la rhĂ©torique de PerĂłn en cette annĂ©e-lĂ , plus portĂ©e Ă  exacerber la situation[2].

L’UP avait certes repris Ă  son compte les thĂšmes justicialistes du nationalisme et de la dĂ©mocratie sociale, mais dans le mĂȘme temps rejetait le culte de la personnalitĂ© qu’avaient mis en place PerĂłn et, dans les derniĂšres annĂ©es de sa vie, Evita. Le parti reçut un sĂ©rieux coup de pouce lorsqu’Alejandro Leloir, qui avait Ă©tĂ© l’ultime prĂ©sident du comitĂ© exĂ©cutif du parti pĂ©roniste avant le renversement de PerĂłn, rĂ©solut de rejoindre l’UP. Bramuglia ne fut donc pas le seul dirigeant nĂ©o-pĂ©roniste Ă  rĂ©Ă©merger en 1955 ; il y eut Ă©galement Cipriano Reyes, qui forma le Parti travailliste, et Vicente Saadi, qui fonda le Parti populiste ― tous trois avaient Ă©tĂ© des pĂ©ronistes de la premiĂšre heure qui, aprĂšs avoir jouĂ© un rĂŽle clef dans les tout dĂ©buts du mouvement, avaient suivi le chef populiste dans sa chute ; pourtant, chacun d’eux dĂ©fiait Ă  prĂ©sent ouvertement PerĂłn en crĂ©ant ces alternatives Ă  sa propre ligne, et plus explicitement encore, en proposant des candidats aux Ă©lections en vue de l’AssemblĂ©e constituante de 1957, chargĂ©e de remplacer la constitution pĂ©roniste de 1949[6].

Leloir devint bientĂŽt un rival au sein de l’UP, et Bramuglia fut contraint d’annuler sa participation Ă  l’élection du . Leur alliance nĂ©anmoins perdura, et Bramuglia appuya la candidature de Leloir aux Ă©lections gĂ©nĂ©rales (Ă  la fois lĂ©gislatives et prĂ©sidentielles) de 1958. SecrĂštement, PerĂłn et l’homme d’affaires Rogelio Julio Frigerio avait nĂ©gociĂ© leur soutien au candidat UCRI Arturo Frondizi. Ce soutien, rendu public un mois avant le scrutin du , surprit la plupart des observateurs (qui s’étaient attendus en effet Ă  ce que le dirigeant exilĂ© appelĂąt Ă  dĂ©poser un vote blanc dans l’urne, ainsi qu’il l’avait fait en 1957), et conduisit Leloir Ă  se dĂ©sister. Leloir s’étant concertĂ© avec Frondizi sans consulter son partenaire de l’UP Bramuglia, ce dernier n’eut d’autre choix pour sa part que d’appeler Ă  voter blanc[3].

L’UP n’eut en 1958 aucun Ă©lu au parlement et fut exclu de la course en 1960. Le prĂ©sident Frondizi leva l’exclusion avant l’élection lĂ©gislative de 1962, et mit fin Ă  la tutelle gouvernementale sur le syndicat CGT. Ces Ă©volutions concomitantes mirent Bramuglia Ă  mĂȘme de former une coalition avec AndrĂ©s Framini, influent dirigeant du syndicat des travailleurs de l’industrie textile. La candidature UP de Framini pour le gouvernorat de Buenos Aires bĂ©nĂ©ficia inopinĂ©ment de l’appui de PerĂłn, qui escomptait que ces Ă©lections pourraient valoir au pĂ©ronisme quelque rĂŽle dans le gouvernement. Framini, Ă  qui vint s’associer Marcos Anglada, se choisit pour slogan officieux l’éloquent distique suivant : « Framini-Anglada, PerĂłn Ă  la Rosada ! »[2]

Cette claire allusion Ă  la Casa Rosada, l’édifice du bureau exĂ©cutif prĂ©sidentiel, raviva chez les militaires et chez les autres anti-pĂ©ronistes la crainte d’un retour de PerĂłn. L’UP se classa troisiĂšme avec 18 % des suffrages, et enleva 10 sur les 14 gouvernorats provinciaux, y compris la cruciale province de Buenos Aires, remportĂ©e par Framini[12]. Le prĂ©sident Frondizi fut forcĂ© par les militaires d’annuler les victoires de l’UP, et fut lui-mĂȘme renversĂ© le [2].

Postérité

Bramuglia mourut en , Ă  l’ñge de 59 ans ; l’UP, interdit aux Ă©lections de 1963, fut admis Ă  participer aux Ă©lections lĂ©gislatives de 1965, oĂč la vigueur renouvelĂ©e dont elle fit preuve alors sera le signal d’un nouveau coup d’État militaire[2].

Le vice-prĂ©sident de l’universitĂ© de Tel Aviv, le professeur Ranaan Rein, qui mena plusieurs Ă©tudes approfondies sur Bramuglia et sur l’Union populaire, souligna que l’ancien ministre des Affaires extĂ©rieures, qu’il considĂšre comme « le membre le plus Ă©minent et le plus douĂ© du premier gouvernement de PerĂłn », avait exercĂ© une trĂšs nĂ©cessaire influence pragmatique dans un pays dont la politique « avait oscillĂ© entre l’inconsĂ©quence idĂ©ologique et le dogmatisme le plus Ă©triquĂ© »[1].

Bibliographie

  • Raanan Rein, Juan Atilio Bramuglia : bajo la sombra del LĂ­der. La segunda lĂ­nea de liderazgo peronista, Buenos Aires, LumiĂšre, , 335 p. (ISBN 978-987-603-000-7)

Liens externes

Notes et références

  1. Girbal-Blacha, Noemí, « Los muchachos peronistas » [archive du ], Revista de Historiografía Argentina,
  2. Joseph Page, PerĂłn : A Biography, Random House,
  3. Raanan Rein, Juan Atilio Bramuglia : Bajo la sombra del lĂ­der, Editorial LumiĂšre, (lire en ligne)
  4. Un David entre dos Goliat, article de MartĂ­n Granovsky, dans le quotidien PĂĄgina 12.
  5. Robert Crassweller, PerĂłn and the Enigmas of Argentina, W. W. Norton & Company,
  6. Ranaan Rein, « El primer peronismo sin Perón: la Unión Popular durante la Revolución Libertadora », Université de Tel Aviv
  7. « Historia general de las relaciones exteriores de la RepĂșblica Argentina », CEMA-CARI
  8. « Argentina: The Senate Assents », Time,‎ (lire en ligne)
  9. « Argentina: Top of the Ladder », Time,‎ (lire en ligne)
  10. The United States and the Berlin Blockade, 1948-1949, University of California Press, 1983 (lire en ligne)
  11. « Six Tries & Out », Time,‎ (lire en ligne)
  12. Nohlen, Dieter, Elections in the Americas, Oxford University Press,
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