Ne doit pas ĂȘtre confondu avec IdentitĂ© personnelle.
Pour les articles homonymes, voir CNI.
Une carte d'identité, parfois dénommée carte nationale d'identité, carte d'identité nationale ou carte d'identification selon le pays, est un document officiel qui permet à une personne physique de prouver son identité.
Fin 2018, on estimait que prÚs de 1,1 milliard d'humains sur la planÚte (soit une personne sur sept) ne disposaient pas encore de papiers d'identité officiels, ce qui rend les accords écrits, votes, achats en ligne, abonnement téléphoniques et accÚs aux services publics beaucoup plus difficile. Des solutions numériques sont évoquées pour améliorer cette situation[1].
Sommaire
En Europe
La carte d'identitĂ© existe dans tous les pays de l'Union europĂ©enne[2] sauf au Danemark, oĂč il existe un registre de la population.
à l'exception de l'Autriche, de l'Italie, de la Lituanie, du Royaume-Uni, de la Suisse[3] et de la France[4], les pays qui ont institué la carte d'identité ont rendu sa détention obligatoire. La durée de sa validité varie en fonction de l'ùge du titulaire au moment de la demande, sauf en Italie (dix ans) et aux Pays-Bas.
Quelques pays procĂšdent Ă un relevĂ© des empreintes digitales lors de l'Ă©tablissement de la carte d'identitĂ© mais elles ne sont gĂ©nĂ©ralement pas stockĂ©es sur la carte elle-mĂȘme[2]. La sĂ©curisation de ce document constitue une prĂ©occupation commune Ă tous les pays. Les arguments avancĂ©s pour expliquer son renforcement sont liĂ©s Ă des prĂ©occupations sĂ©curitaires : mouvement de populations, terrorisme, etc. Depuis 2009, toutes les cartes d'identitĂ© en Belgique sont au format d'une carte bancaire et contiennent une puce Ă©lectronique ; elles portent le nom d'eID, pour « electronic identity ». Une telle forme existe depuis 2004 aux Pays-Bas.
La premiÚre carte d'identité introduite en format carte de crédit et en plastique (polycarbonate) fut la carte d'identité suisse en 1994[5].
à partir du , tous les pays membres de l'Union européenne produisant des cartes d'identité devront le faire en respectant certaines normes d'uniformisation, produire une carte électronique format « carte bancaire » et intégrer deux empreintes digitales et une photo d'identité[6],[7].
Dans l'Union européenne, la carte d'identité est réglementée par le rÚglement (UE) 2019/1157 du 20 juin 2019 et la directive 2004/38/CE. Il s'agit notamment de renforcer les normes de sécurité[8]. Les cartes de passeport délivrées par l'Irlande ne sont pas des cartes d'identité au sens du rÚglement (UE) 2019/1157[8].
Belgique
Dans le Bulletin officiel des lois et arrĂȘtĂ©s du , pendant lâoccupation de la Belgique par lâAllemagne, les autoritĂ©s mettent en place un Personalausweis ou certificat dâidentitĂ©. Cette ordonnance impose Ă tous ceux qui veulent circuler un certificat dâidentitĂ© dĂ©livrĂ© par la police locale comportant nom, nationalitĂ©, signature, domicile, date et lieu de naissance, taille, profession et photographie. « Si le fonctionnaire se trouve dans lâincapacitĂ© dâĂ©tablir lâidentitĂ© de façon certaine, il rĂ©clamera le tĂ©moignage de deux tĂ©moins irrĂ©prochables qui certifieront lâidentitĂ© par leur signature. »
AprĂšs la libĂ©ration de lâoccupation allemande, tous les Belges sont dotĂ©s dâune carte dâidentitĂ© obligatoire Ă la suite de l'arrĂȘtĂ© royal du [9]. La presse se fĂ©licite. « Nous allons ĂȘtre bientĂŽt dĂ©barrassĂ©s des Personalausweis qui, dâici quelques jours, devront ĂȘtre Ă©changĂ©s contre des cartes dâidentitĂ© belges. Nombreuses sont les personnes qui rĂ©clament et considĂšrent lâobligation dâĂȘtre munies dâune carte dâidentitĂ© comme vexatoire ». Mais il semble que malgrĂ© la pĂ©nurie de papier et les rĂ©criminations, la distribution se fasse dans le calme. Ă Anvers, elle nâa pas lieu Ă lâhĂŽtel de ville : un agent de police prĂ©vient les intĂ©ressĂ©s du jour et de lâheure oĂč se prĂ©senter au bureau de police.
Depuis 2002, la carte d'identité est devenue électronique au format d'une carte bancaire à puce.
DÚs 2020, il est prévu de mettre les empreintes digitales de l'index de chaque main sur la carte d'identité[10].
France
L'identification des personnes durant l'AntiquitĂ© et le Moyen Ăge est rĂ©gie principalement par la « reconnaissance interpersonnelle » (comme notamment illustrĂ© dans le film Le Retour de Martin Guerre en 1982). Progressivement les pouvoirs centraux instaurent un Ă©tat civil, voulant connaĂźtre leurs ressources humaines pour des questions de fiscalitĂ©, de police et pour lever des troupes militaires. Cet Ă©tat civil est notamment tenu par l'Ăglise Ă travers les registres paroissiaux avant d'ĂȘtre portĂ© Ă la responsabilitĂ© des mairies Ă la RĂ©volution. Au XVIIIe siĂšcle, alors que la justice royale se formalise, les papiers dâidentitĂ© (sauf-conduit, extrait baptistaire) laissent place progressivement au passeport, qui sert au contrĂŽle par la marĂ©chaussĂ©e des « classes dangereuses » (vagabonds et mendiants[11], registres de dĂ©serteurs, carnets sanitaires lors de grandes pestes, Ă©trangers et ouvriers[12]), parallĂšlement Ă l'essor du bertillonnage et de la dactyloscopie[13].
En 1921, le préfet du département de la Seine Robert Leullier instaure la premiÚre carte d'identité française pour remplacer la pratique qui exigeait la présence de deux témoins pour toutes démarches. Marquant une étape décisive dans la rationalisation et l'uniformisation des pratiques étatiques d'identification des citoyens, le succÚs de cette carte fut mitigé : des problÚmes d'ordre matériel ralentissent sa mise en place, la presse de gauche comme de droite condamne la prise de l'empreinte digitale qui assimile le citoyen au délinquant[14]. Bien que le préfet Leullier projette de la rendre obligatoire, elle ne reste que facultative[15].
Au début de la Seconde Guerre mondiale, avec la loi du , le gouvernement de Vichy reprend l'idée, la développe et, à la suite des mesures antijuives, la rend obligatoire et l'étend en 1943 à toute la France[14],[16]. Pour la zone occupée, les autorités allemandes d'occupation délivrÚrent des Ausweis (cartes d'identité en allemand).Dans les années 1943-1944, la carte d'identité devient un enjeu central de la Résistance et les faux papiers une véritable industrie.
AprÚs-guerre, la carte d'identité disparaßt partiellement et avec le décret no 55-1397 du elle devient facultative sur tout le territoire français incluant alors l'Algérie[17].
En décembre 1995, la carte dite « sécurisée », prévue par un décret du 19 mars 1987[18], est généralisée et devient gratuite le [19].
Depuis le , la gratuité ne vaut que pour l'établissement d'une premiÚre carte d'identité ou en cas de renouvellement sur présentation de la précédente carte. Le citoyen ne pouvant présenter sa précédente carte (perte, vol...) doit s'acquitter d'un timbre fiscal de 25 euros[20].
La durĂ©e de validitĂ© des cartes nationales d'identitĂ© pour les majeurs passent Ă quinze ans le [21]. La carte nationale d'identitĂ© dĂ©livrĂ©e aux mineurs a toujours une durĂ©e de validitĂ© de dix ans. Cette durĂ©e prolongĂ©e est applicable pour les cartes dĂ©livrĂ©es Ă partir du mais Ă©galement pour une carte dâidentitĂ© sĂ©curisĂ©e dĂ©livrĂ©e entre le 2 janvier 2004 et le 31 dĂ©cembre 2013 Ă une personne majeure. Cela passe automatiquement Ă une durĂ©e de validitĂ© de quinze ans sans devoir faire de dĂ©marche particuliĂšre[22].
Actuellement, conformément à l'article 1er de la Loi no 2012-410 du relative à la protection de l'identité, la carte nationale d'identité française en cours de validité justifie de l'identité. Le certificat de nationalité française justifie pour sa part de la preuve de la nationalité française jusqu'à preuve contraire (article 31-2 du code civil). Ce document peut parfois faire office de certificat de nationalité.
La carte d'identité française est appelée carte nationale d'identité sécurisée (car elle est infalsifiable) ou carte nationale d'identité plastifiée par opposition aux anciennes cartes d'identité cartonnées qui ont été remplacées progressivement (à partir de juillet 1988).
Pour la France, la déclaration de perte de son passeport, de sa carte d'identité, carte d'électeur ou de sa carte Vitale fait partie des démarches administratives en ligne qu'il est désormais possible d'effectuer via service-public.fr, un portail internet de l'administration française créé début 2009, pour simplifier les démarches[23].
Portugal
Au Portugal, une seule carte d'authentification (personnelle et unique) tient lieu de carte nationale d'identité, de carte de sécurité sociale, de carte de santé, de carte de contribuable et de carte d'électeur.
Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, oĂč la carte d'identitĂ©, instaurĂ©e pendant la Seconde Guerre mondiale, avait Ă©tĂ© abrogĂ©e peu aprĂšs la guerre, une brĂšve tentative d'instaurer une nouvelle carte Ă©choua au milieu des annĂ©es 2000 (voir le Identity Cards Act 2006 (en), abrogĂ© par le Identity Documents Act 2010 (en), lequel conduit Ă la destruction du fichier central).
En Amérique du Nord
Canada
Il n'existe pas au Canada de carte d'identité fédérale obligatoire.
La carte d'assurance sociale au Canada n'est pas une piĂšce d'identitĂ© et ne devrait ĂȘtre prĂ©sentĂ©e que selon les exigences des programmes gouvernementaux.
Au QuĂ©bec, la carte d'assurance-maladie Ă©mise par la RĂ©gie de l'assurance maladie du QuĂ©bec (RAMQ) remplit Ă tort cette fonction puisqu'elle ne peut ĂȘtre exigĂ©e que pour obtenir des soins de santĂ© gratuits ou pour bĂ©nĂ©ficier de l'assurance-mĂ©dicament (Loi sur l'assurance maladie). Il en est de mĂȘme pour les autres provinces et les territoires selon leurs standards[24],[25].
Le permis de conduire permet d'attester de son identitĂ©, ce qui pousse certains Ătats[26] ou provinces[27],[28] Ă Ă©mettre une carte d'identitĂ© pour les non-conducteurs. Elle n'est cependant pas Ă©mise par le gouvernement fĂ©dĂ©ral et ne peut ĂȘtre exigĂ©e au QuĂ©bec qu'Ă des fins de sĂ©curitĂ© routiĂšre uniquement tel que le confirme le Code de la SĂ©curitĂ© routiĂšre.
Ătats-Unis
La carte nationale d'identitĂ© de jure aux Ătats-Unis se dĂ©nomme la passport card (comme en RĂ©publique d'Irlande). Elle est optionnelle et distribuĂ©e par le dĂ©partement d'Ătat, et fait office de piĂšce d'identitĂ© nationale, facile Ă transporter, tout en montrant des informations importantes sur la personne comme le lieu de naissance ou la nationalitĂ© amĂ©ricaine.
La Social Security Card, aux Ătats-Unis, tient lieu de facto de carte d'identitĂ© fĂ©dĂ©rale[29],[30], mais n'ont pas le portrait de la personne.
Par pays
- AlgĂ©rie : carte nationale d'identitĂ© (ۚ۷ۧÙŰ© ۧÙŰȘŰč۱ÙÙ Ű§ÙÙŰ·ÙÙŰ©).
- Argentine : documento nacional de identidad (es) (DNI)
- Belgique : carte d'identité belge
- Burundi : Karangamuntu
- Canada : aucune piÚce d'identité officielle nationale
- Chine : carte dâidentitĂ© chinoise
- Colombie : cĂ©dula de ciudadanĂa (CC)[31]
- Espagne : document national d'identité (Documento Nacional de Identidad ; DNI)
- Ătats-Unis : carte de passeport (en) (passport card)
- France : carte nationale d'identité
- Haïti : carte d'identification nationale (kat idantifikasyon nasyonal)
- Irlande : carte de passeport (passport card / cårta pas)
- IsraĂ«l : carte dâidentitĂ© israĂ©lienne
- Italie : carte d'identité (carta d'identità )
- Madagascar : kara-panondrom-pirenena[32]
- Maroc : carte d'identité nationale
- Portugal : cartão de cidadão (pt)
- Suisse : carte d'identité
Notes et références
- Yves Bourdillon, « Un ĂȘtre humain sur sept est « invisible » », Les Ăchos,â (lire en ligne, consultĂ© le ) . dans les Ăchos.
- Sénat français, « La carte nationale d'identité », Service des études juridiques, Division des études de législation comparée (consulté le ).
- « Loi fĂ©dĂ©rale sur les documents dâidentitĂ© des ressortissants suisses », sur admin.ch, Gouvernement suisse (consultĂ© le ).
- Sénat français, « Note de synthÚse », sur senat.fr (consulté le ) : « Depuis 1955, les Français n'ont plus l'obligation de détenir une carte d'identité. ».
- « CĂ©lĂ©bration du 20e anniversaire des documents dâidentitĂ© en polycarbonate », sur thalesgroup.com, Thales (consultĂ© le ).
- « RĂšglement (UE) 2019/1157 du Parlement europĂ©en et du Conseil du relatif au renforcement de la sĂ©curitĂ© des cartes d'identitĂ© des citoyens de l'Union et des documents de sĂ©jour dĂ©livrĂ©s aux citoyens de l'Union et aux membres de leur famille exerçant leur droit Ă la libre circulation (Texte prĂ©sentant de l'intĂ©rĂȘt pour l'EEE.) », sur EUR-Lex, (consultĂ© le ), Journal officiel no L 188 du 12 juillet 2019, p. 67â78
- « Une nouvelle carte d'identité plus petite et biométrique d'ici à 2021 », sur lexpress.fr, L'Express, (consulté le ).
- RĂšglement (UE) 2019/1157
- Jean-Marie Doppagne, « HERVE â 1951 â EugĂšne ZINNEN â Fausse Carte dâIdentité », sur ARVIA Archives Herve, (consultĂ© le )
- DĂšs 2020, vos empreintes digitales devront ĂȘtre enregistrĂ©es sur votre carte d'identitĂ© (RTBF)
- J.-P. Gutton, L'Ătat et la mendicitĂ© dans la premiĂšre moitiĂ© du XVIIIe siĂšcle : Auvergne, Beaujolais, Forez, Lyonnais, Institut d'Ă©tudes forĂ©ziennes,
- J.-C. Dubos, Les Ă©trangers Ă Paris au siĂšcle des LumiĂšres, Ăd. Rue d'Ulm,
- Jean-Pierre Gutton, Ătablir l'identitĂ©Â : l'identification des Français du Moyen Ăge Ă nos jours, Presses universitaires de Lyon, , 212 p.
- Pierre Piazza, « Septembre 1921 : la premiĂšre « carte d'identitĂ© de Français » et ses enjeux », GenĂšses, no 54,â , p. 76-89 (lire en ligne)
- « La nouvelle carte d'identitĂ©, il faudra la rendre obligatoire », article de L'Ăclair, 14 septembre 1921, p. 1.
- Jean-Marc BerliÚre, La carte d'identité pour tous est née sous Vichy, L'Obs, 19 octobre 2011, [lire en ligne].
- Décret no 55-1397 du instituant la carte nationale d'identité
- DĂ©cret du 19 mars 1987
- Note de synthĂšse sur senat.fr.
- Perte d'une carte nationale d'identité d'une personne majeure sur vosdroits.service-public.fr.
- décret no 2013-1188 du 18 décembre 2013
- « La carte nationale dâidentitĂ© est valide 15 ans Ă compter du 1er janvier 2014 » (consultĂ© le )
- http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5i9j9IOtVRn-zE9dzH2yp41WA1FvQ
- « Conduite automobile au Canada » (consulté le )
- « Soins de santé au Canada » (consulté le ).
- (en) « How to obtain a Driver's License or a Non-Driver Identification Card » (consulté le )
- « PiÚces couramment acceptées à titre de preuve d'identité - Gendarmerie royale du Canada » (consulté le )
- (en) Canadian Provincial and Territorial Photo Cards - Wikipedia, the free encyclopedia
- (en) « Social Security Numbers », Electronic Privacy Information Center.
- (en) « National ID and the REAL ID Act », Electronic Privacy Information Center.
- (es) CĂ©dula de ciudadanĂa (C.C.)
- (mg) « karapanondro », sur ceni-madagascar.mg (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
- Carte d'identité électronique
- Carte d'identité étudiante internationale
- Photographie d'identité
Bibliographie
- Pierre Piazza, Histoire de la carte nationale d'identité, Odile Jacob, Paris, 2004, 462 p.