Empreinte digitale
Une empreinte digitale ou dactylogramme est le dessin formĂ© par un doigt sur un support suffisamment lisse pour qu'y restent marquĂ©s les dermatoglyphes. Les dermatoglyphes, Ă©galement appelĂ©s « empreintes digitales » par abus de langage, sont des plis (des crĂȘtes et des sillons) Ă la surface de la peau et particuliĂšrement des doigts, qui forment des volutes et des tourbillons spĂ©cifiques Ă chaque doigt de chaque individu. La probabilitĂ© que deux personnes aient les mĂȘmes empreintes digitales est infinitĂ©simale : une chance sur 64 milliards[1].
Les dermatoglyphes commencent Ă se former entre la 10e et la 16e semaine de vie du fĆtus, par un plissement des couches cellulaires[2]. Si l'expression des gĂšnes joue un rĂŽle, les circonvolutions des crĂȘtes qui leur donnent leur dessin caractĂ©ristique dĂ©pendent de nombreux facteurs externes, notamment la vitesse de croissance des doigts, l'alimentation du fĆtus, sa pression sanguine, etc. Ainsi, deux vrais jumeaux rĂ©vĂ©leront une grande similaritĂ© mais seront diffĂ©rentes. Ă 24 semaines, la gĂ©omĂ©trie des empreintes est fixĂ©e dĂ©finitivement pour toute la vie de lâindividu et les seules dĂ©formations qui se produiront ensuite viendront de la croissance des doigts[1].
Les procĂ©dĂ©s d'identification des individus par leurs empreintes digitales, sans l'aide d'ordinateur, sont dĂ©signĂ©s sous le nom de « dactylotechnie »[3]. L'Ă©tude des dessins digitaux s'appelle la « dactyloscopie » (du grec daktylos, « doigt », et scopie, « examen »), tandis que l'Ă©tude des dessins palmaires s'appelle la "chiroscopie" (du grec ancien ÏΔίÏ, kheĂr, « main », et scopie, « examen »). Le caractĂšre quasi-unique d'une empreinte digitale ou palmaire en fait un outil biomĂ©trique trĂšs utilisĂ© en mĂ©decine lĂ©gale et par la police scientifique pour l'identification des individus.
Ă partir de traces ou d'empreintes papillaires, des logiciels d'identification automatique permettent en 2013 de repĂ©rer de 150 Ă 200 points. Ă partir de traces palmaires â traces des paumes de la main, ces logiciels permettent de repĂ©rer 2 000 points en 2013. Une empreinte palmaire incomplĂšte aux neuf-dixiĂšmes est ainsi susceptible de pouvoir ĂȘtre exploitĂ©e[4].
On parle par analogie d'empreinte vocale[5], authentifiée par des techniques de reconnaissance du locuteur (en).
Historique
On observe dĂ©jĂ des empreintes de mains â positives ou nĂ©gatives â sur les parois des cavernes palĂ©olithiques. On relĂšve sur des poteries prĂ©historiques des traces digitales qui servent de signature aux Babyloniens dĂšs â5000, et aux Chinois dĂšs â1900.
Ătude anatomique des dermatoglyphes
Au XVIIe siĂšcle, l'anatomiste Marcello Malpighi identifie les papilles dermiques et les pores exocrines des crĂȘtes dermiques[6], tandis qu'elles sont reprĂ©sentĂ©es sur une planche d'un ouvrage d'anatomie de Govard Bidloo[7]. En 1678, le botaniste et morphologiste anglais Nehemiah Grew dĂ©crit scientifiquement les dessins formĂ©s par les crĂȘtes et les plis dermiques dans son rapport pour les Philosophical Transactions de la Royal Society.
Le physiologiste tchÚque Jan Evangelista Purkinje publie en 1823 une thÚse[8] dans laquelle il classe ces dessins en neuf groupes, ce qui est trÚs proche du systÚme utilisé de nos jours.
XIXe siĂšcle : Herschel, Faulds, Galton, Vucetich et Henry
En 1877, aux Indes, le Britannique William James Herschel utilise les empreintes digitales pour éviter que les bénéficiaires de pension de l'armée ne la touchent plusieurs fois. à cette époque, elles servent aussi à identifier les marchands locaux qui refusent de remplir les termes de leurs contrats : Herschel fait apposer leurs empreintes digitales sur ces contrats[9].
Le mĂ©decin Ă©cossais Henry Faulds, en poste au Japon, publie en 1880, dans la revue Nature un article[10] dans lequel il discute de l'utilitĂ© des empreintes pour l'identification notamment des criminels, et oĂč il propose une mĂ©thode pour enregistrer celles-ci avec de l'encre d'imprimerie ; il indique qu'il a confondu ainsi deux cambrioleurs[11]. Il est aussi le premier Ă identifier des traces laissĂ©es sur un flacon. Il Ă©crit Ă Charles Darwin pour lui expliquer sa mĂ©thode, mais le naturaliste, ĂągĂ© et malade, transmet le courrier Ă son cousin Francis Galton, l'un des fondateurs de l'eugĂ©nisme et de la mĂ©thode statistique.
S'intĂ©ressant surtout Ă l'anthropologie, Francis Galton se penche Ă partir de 1888, Ă l'occasion d'une confĂ©rence qu'il est amenĂ© Ă faire Ă la Royal Society Ă propos de l'identification des individus et, en particulier, au sujet de la mĂ©thode Bertillon[12], sur l'Ă©tude des dermatoglyphes et publie en 1892 un ouvrage, Finger Prints (Empreintes digitales)[13], dans lequel il Ă©tablit l'unicitĂ© et la permanence de ces figures cutanĂ©es. Il conçoit un systĂšme de classification dĂ©taillĂ© et estime alors Ă 1 sur 64 milliards la probabilitĂ© que deux individus puissent laisser les mĂȘmes traces. C'est Ă la suite des travaux de Galton qu'on redĂ©couvre l'utilisation des empreintes digitales comme moyen d'identification.
En 1891, aprĂšs avoir Ă©tudiĂ© les Ă©crits de Galton, Juan Vucetich, fonctionnaire de police, crĂ©e en Argentine le premier fichier d'empreintes. Il sera, l'annĂ©e suivante, le premier Ă identifier un criminel â en l'occurrence une criminelle â sur la base des empreintes digitales. L'utilisation du terme « mĂ©thode vuceticienne » pour dĂ©signer la dactyloscopie est toujours employĂ©e dans la police.
Deux années plus tard, Edward Henry (en), inspecteur britannique affecté au Bengale, met au point un systÚme d'identification similaire à celui de Vucetich, systÚme qui est toujours utilisé dans les pays anglophones. Ce « systÚme Henry » définit des familles de dessins papillaires : boucles, arches, tourbillons⊠De retour à Londres, Henry fait adopter, dÚs 1897, cette technique par Scotland Yard. Il crée le premier fichier d'empreintes digitales en 1901 ; celui-ci vient alors compléter le bertillonnage.
XXe siÚcle, jusqu'aux années 1980
Aux Ătats-Unis, leur premiĂšre utilisation judiciaire a lieu dans l'Illinois, lorsqu'une empreinte digitale, nettement visible sur la peinture fraĂźche, permet d'identifier Thomas Jennings pour une affaire de meurtre. Dans son arrĂȘt People v. Jennings, la cour suprĂȘme de cet Ătat confirme le la validitĂ© de cette preuve[14].
En France, c'est Ă partir d'octobre 1902, aprĂšs le ralliement tardif[15] du criminologiste Alphonse Bertillon, crĂ©ateur, propagateur et ardent dĂ©fenseur de sa propre mĂ©thode d'identification, que les empreintes digitales sont devenues l'une des principales preuves lors des enquĂȘtes policiĂšres, aprĂšs que l'Ă©tude des traces digitales a conduit Ă l'arrestation, le , pour le meurtre d'un jeune domestique, d'Henri-LĂ©on Scheffer, dĂ©jĂ fichĂ© pour vol et abus de confiance[16] - [17] - [18].
En 1907, une commission de l'Académie des sciences conclut que la « valeur signalétique » des empreintes digitales « est au moins égale à celle de tout autre ensemble de caractÚres physiques », ce qui élÚve cette technique au rang de preuve. DÚs lors, les services judiciaires de la police française établissent des fichiers décadactylaires (dix doigts[19]) et monodactylaires en 1904[20].
Edmond Locard, le « pĂšre de la police scientifique », complĂšte en 1912 la dactyloscopie par la « poroscopie », c'est-Ă -dire l'Ă©tude des pores de la peau, en se basant sur le fait que les motifs formĂ©s par les pores sont aussi uniques que ceux des sillons[21]. Alphonse Bertillon, fondateur de l'anthropomĂ©trie judiciaire, suggĂšre en 1914 aux artistes d'apposer une empreinte digitale sur leurs Ćuvres pour Ă©viter toute contrefaçon.
Traitement informatique des données relatives aux empreintes digitales
La technologie de tomodensitométrie, développée dans les années 1980, permet d'identifier les empreintes latentes difficiles. La lophoscopie étudie les motifs trouvés le long de chaque sillon grùce au scanner d'empreinte ou à des fiches de qualité.
Jusque dans les années 1980, les policiers doivent recouper manuellement des milliers de fiches cartonnées réparties dans différents fichiers régionaux.
Ainsi, en France, pour l'affaire du juge Michel, il faut plusieurs mois pour trouver à qui appartiennent les traces laissées sur une moto. En 1987, lors de l'affaire Thierry Paulin, on s'aperçoit aprÚs l'arrestation de celui-ci que ses empreintes, bien que répertoriées dans un fichier de la police de Toulouse, n'avaient pas été comparées. C'est cette derniÚre affaire qui accélÚre la création du Fichier automatisé des empreintes digitales (FAED) qui est institué par le décret du . Ce fichier est géré par la police scientifique. Depuis la loi d'orientation pour la sécurité intérieure de 2002, il s'étend aux empreintes palmaires. Ce fichier est issu du logiciel Morpho System de SAGEM[22], qui automatise les photographies, la numérisation, le traitement et la comparaison des empreintes digitales et palmaires. Le principe de reconnaissance d'empreinte palmaire reste identique : un logiciel quadrille la paume de la main en seize zones de la taille d'une empreinte digitale. Comme pour la reconnaissance des empreintes digitales, il faut, pour qu'un résultat soit jugé positif en France, qu'au moins douze points d'une trace correspondent parfaitement à ceux d'une empreinte recensée dans le FAED, sans aucun point de discordance non explicable. Le , une premiÚre est réalisée par la police technique et scientifique : un voleur est démasqué par ses empreintes palmaires[23]. Autorisé le 28 octobre 2016 par décret, le Fichier des titres électroniques sécurisés (TES) inclut les empreintes digitales de tous les détenteurs d'une carte nationale d'identité ou d'un passeport français[24].
Agencement des traces digitales
Lâagencement des empreintes digitales soulĂšve un paradoxe : leur forme est spĂ©cifique dâun individu, mais elles se ressemblent beaucoup dans leurs structures. En effet, on dĂ©finit trois motifs partagĂ©s par 95 pour cent de la population : la boucle (60 % des cas), la spirale (30 % des cas, appelĂ©e aussi verticilles, spires ou tourbillons) et lâarche, plus rare (5 % des cas, appelĂ©e aussi arc ou tente)[25] - [1]. Les cinq pour cent restants appartiennent Ă une catĂ©gorie plus complexe dâagencements avec de multiples boucles[1].
boucle verticille arc
Ainsi on parle d'adelte, de bidelte, de tridelte (rare). Les monodeltes se divisent en sous-groupes : les normales, externes, composites. De mĂȘme pour les bideltes : Ă verticilles concentriques, Ă verticilles en « z »âŠ
On différencie les motifs entre eux à l'aide de points singuliers sur les boucles, verticilles ou arcs :
- points singuliers globaux :
- noyau ou centre : lieu de convergences des stries ;
- delta : lieu de divergences des stries ;
- points singuliers locaux (appelés aussi minuties) : points d'irrégularité se trouvant sur les lignes papillaires (terminaisons, bifurcations, ßlots-assimilé à deux terminaisons, lacs).
ArrĂȘt de ligne Ălot ponctuel Ălot linĂ©aire Intersection Bifurcation simple et multiple Branchement opposĂ© Branchement deltoĂŻde Anneau Crochet Pont
On estime qu'il y a plus de cent points de convergence entre deux empreintes identiques. Les points de convergence sont des irrĂ©gularitĂ©s sur les lignes papillaires. En France, il est d'usage d'utiliser douze points (appelĂ©s minuties)[26] relevĂ©s sans contrariĂ©tĂ© pour authentifier l'empreinte d'un suspect. Entre huit et dix points, une forte prĂ©somption est Ă©tablie grĂące Ă des algorithmes. En Suisse, un systĂšme probabiliste est utilisĂ© dans les comparaisons : on calcule la probabilitĂ© du dessin en se basant sur les statistiques d'apparition des diffĂ©rentes minuties : Ăźlots, divisionsâŠ
La probabilitĂ© que deux personnes aient la mĂȘme empreinte digitale est une sur 64 milliards[27], ce qui est trĂšs faible Ă l'Ă©chelle de la population humaine. De plus, son caractĂšre alĂ©atoire s'affranchit des risques de ressemblance entre individus partageant un mĂȘme patrimoine gĂ©nĂ©tique : des individus monozygotes comme des jumeaux ou des quadruplĂ©s par exemple auront chacun un jeu d'empreintes digitales qui leur sera propre et diffĂ©rent de celui des autres individus de la mĂȘme fratrie, de mĂȘme pour les empreintes lĂ©gĂšrement diffĂ©rentes entre la main gauche et la main droite.
En effet, les gĂšnes sont responsables de l'architecture gĂ©nĂ©rale des empreintes (les trois grands motifs) alors que le dĂ©veloppement embryonnaire et l'environnement de la vie intra-utĂ©rine, diffĂ©rents d'un fĆtus Ă l'autre, influent sur les points singuliers[28]. Parmi ces facteurs externes, on recense, les forces de frottement des doigts en cours de formation sur divers Ă©lĂ©ments, tels le liquide amniotique et les structures utĂ©rines, la formation osseuse sous-jacente (la taille et la vitesse de croissance de lâos), le suçage du pouce in utero ou encore les mouvements des mains modĂšlent lâĂ©piderme[1]. L'environnement extĂ©rieur lui-mĂȘme joue un rĂŽle majeur. Par exemple, plusieurs Ă©tudes suggĂšrent que des stress chimiques (lâexposition Ă des agents toxiques, lâalcool), biologiques (des infections virales ou bactĂ©riennes) ou physiologiques (lâhypertension, le manque dâoxygĂšne), mais aussi psychologiques, augmentent lâaltĂ©ration des dessins digitaux (interruption des crĂȘtes, arĂȘte dĂ©doublĂ©e)[1]. Ă ce titre, les empreintes digitales peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des marques indĂ©lĂ©biles de ce qui sâest produit au cours du dĂ©veloppement entre la 10e et la 24e semaines de gestation[1].
Relevé des traces digitales
La trace digitale peut ĂȘtre :
- visible (ou directe) â elle est dite « positive » lors de l'apposition de matiĂšre, et « nĂ©gative » lors de l'enlĂšvement de matiĂšre â ;
- latente (invisible Ă l'Ćil nu) â la trace vient du dĂ©pĂŽt de sueur (sĂ©crĂ©tion des glandes sudoripares : 99 % d'eau qui, en s'Ă©vaporant, laisse en place sels et acides aminĂ©s) et/ou du dĂ©pĂŽt de sĂ©crĂ©tions sĂ©bacĂ©es â ;
- moulĂ©e â la trace vient du contact d'un doigt avec une surface mallĂ©able (cire, masticâŠ).
Pour relever les traces digitales directes, les dactylo-techniciens, spĂ©cialistes des relevĂ©s, photographient ces empreintes avec une Ă©chelle, puis les transfĂšrent sur un support en matiĂšre plastique souple, mis sous scellĂ© et envoyĂ© au laboratoire pour ĂȘtre analysĂ©.
Pour relever les traces digitales latentes, les dactylo-techniciens emploient depuis les origines le pinceau et une poudre trÚs fine (céruse, alumine, oxyde de cuivre, poudre magnétique). Différentes poudres sont à leur disposition :
- poudre noire pour les surfaces blanches ;
- poudre blanche (Ă base d'aluminium) pour les surfaces lisses (bois, verre, mur, etc.) ;
- poudre fluorescente pour des fonds multicolores.
Lorsque les poudres se révÚlent inefficaces, on utilise des techniques alternatives.
Pour les surfaces poreuses (papier, carton, kraft, etc.), la piÚce est d'abord plongée dans un bain chimique, une solution appelée DFO (diazafluorénone), puis envoyée dans une étuve pour le séchage. L'empreinte est alors révélée par une lumiÚre ultraviolette spéciale. La ninhydrine permet également de révéler ce type d'empreintes qui apparaissent en pourpre et se révÚlent souvent de meilleure qualité qu'avec la DFO. Les meilleurs résultats sont obtenus à partir d'une solution combinée d'indanedione et de chlorure de zinc[29].
Pour les supports lisses type latex, on emploie une « technique de fumigation » : on fait chauffer la cyanoacrylate dans une enceinte contenant les piÚces à analyser jusqu'à ce qu'elle se vaporise. Les vapeurs de cette colle se déposent alors sur les composants de l'empreinte : une belle trace blanche apparaßt (sur les surfaces blanches, on utilise des colorants).
Pour rĂ©vĂ©ler les empreintes les plus tĂ©nues (comme sur les textiles ou certains papiers), on utilise le procĂ©dĂ© de mĂ©tallisation sous vide : on fixe l'objet dans un gros caisson mĂ©tallique dans lequel on crĂ©e un vide poussĂ©. De petites coupelles d'or et de zinc placĂ©es Ă l'intĂ©rieur sont chauffĂ©es. Des atomes d'or et de zinc s'en dĂ©tachent alors. L'or se dĂ©pose sur toute la surface de l'objet tandis que le zinc se dĂ©pose entre les crĂȘtes papillaires. L'or ne se mĂ©lange donc au zinc qu'aux endroits oĂč aucune empreinte ne se trouve : l'empreinte digitale apparaĂźt en nĂ©gatif. Cette technique coĂ»teuse est efficace sur tout type de support, Ă condition que l'objet ne soit pas trop volumineux ni compressible (comme le polystyrĂšne, par exemple).
Lorsque les empreintes sont laissĂ©es sur des surfaces poreuses (telles que du carton ou du papier), les poudres classiques ne sont d'aucune utilitĂ©. Plusieurs techniques peuvent ĂȘtre utilisĂ©es, par exemple l'utilisation d'une poudre magnĂ©tique dĂ©posĂ©e Ă l'aide d'une baguette aimantĂ©e, technique utilisable Ă©galement sur une surface non poreuse.
Plus rĂ©cemment, on utilise le « Crimescope » ou le « Polilight » : ces lasers lumineux Ă©mettent, par lâintermĂ©diaire de fibres optiques, des longueurs dâonde allant de lâinfrarouge Ă lâultraviolet. AprĂšs obscurcissement de la piĂšce, les traces digitales sont Ă©clairĂ©es dans cet intervalle du spectre Ă©lectromagnĂ©tique, rĂ©flĂ©chissent la lumiĂšre par le phĂ©nomĂšne de luminescence et sont rĂ©vĂ©lĂ©es (au mĂȘme titre que les poils, fibres et minuscules rĂ©sidus biologiques).
Applications et restrictions
Par défaut, l'empreinte de l'index gauche est utilisée pour établir une carte d'identité française[30].
Les scanners d'empreintes, autrefois utilisés uniquement pour les systÚmes de fermeture des énormes coffres bancaires, deviennent à présent des éléments de sécurité intégrés par exemple sur des ordinateurs portables, des téléphones ou des guichets automatiques.
Certains ordinateurs et smartphones sont pourvus de lecteurs d'empreintes, permettant d'Ă©viter la saisie de mot de passe.
Le 26 septembre 2008, la CNIL refuse les dispositifs biométriques de reconnaissance d'empreintes digitales à des fins de contrÎle d'accÚs (et de présence des élÚves) des établissements scolaires[31]. De maniÚre générale, la CNIL restreint l'utilisation biométrique des empreintes digitales dans les entreprises, qui n'est acceptée qu'en présence de « fort impératif de sécurité » lorsque les empreintes sont stockées sur un systÚme informatique central[32]. En revanche, elle se montre beaucoup plus tolérante lorsque les empreintes sont stockées sur des supports individuels (carte magnétique, carte à puce, clé USB, etc.).
En effet, la CNIL indique qu'il est facile de prélever à l'insu de la personne concernée ses empreintes digitales, et donc d'usurper son identité. Ceci est d'autant plus facile si les empreintes sont stockées dans des bases de données, vulnérables à l'indiscrétion éventuelle d'employés ou au piratage informatique.
Archéologie
Des traces digitales et palmaires préhistoriques sont connues dans certains sites archéologiques. Ceci est notamment le cas à la grotte aux Points d'AiguÚze (Gard, France). Dans cette grotte des traces papillaires palmaires ont été identifiés sur plusieurs empreintes de paumes ocrées laissées contre les parois au Paléolithique supérieur. Ces dermatoglyphes ont fait l'objet d'une analyse chiroscopique dans le cadre du projet Datation Grottes Ornées[33].
Notes et références
- ClĂ©mence Carron, « Les vrais jumeaux ont-ils les mĂȘmes empreintes digitales ? », Pour la science, no 396,â (lire en ligne).
- Empreintes digitales.
- « Les empreintes papillaires dans la police technique et scientifique », sur le site Police scientifique.
- Frank Niedercorn, « Des empreintes palmaires trĂšs causantes », Les Ăchos, no 19435,â , p. 30.
- Les variations de la voix d'une mĂȘme personne, appelĂ©es variabilitĂ© intra-locuteur, selon les Ă©motions, l'Ăąge, font que le terme « signature vocale » est plus appropriĂ©, l'empreinte Ă©tant caractĂ©risĂ©e par sa pĂ©rennitĂ©.
- M. Malpighius, De externo tactus organo, Londres, 1686.
- G. Bidloo, Anatomia Humani Corporis, Amsterdam, 1685.
- Joannes Evangelista Purkinge, Commentatio de examine physiologico organi visus et systematis cutanaei [Commentaire sur l'examen physiologique de l'organe de la vue et du systÚme cutané], Breslau, Vratisaviae Typis Universitatis, 1823.
- W. J. Herschel, « Skin furrows of the hand », dans Nature, , 23:76.
- H. Faulds, « On the skin furrows of the hand », dans Nature, 28 octobre 1880, 22:605.
- Charles Diaz, Les pratiques professionnelles du pénal, 2001, p. 32.
- F. Galton, Finger Prints, 1892, p. 2.
- (en) Francis Galton, Finger Prints, Londres - New York, MacMillan, 1892 (fichier PDF).
- (en) Francine Uenuma, « The First Criminal Trial That Used Fingerprints as Evidence », sur smithsoniamag.com, (consulté le ).
- Jean Rostand, Le Courrier d'un biologiste, Paris, Gallimard, 1970, p. 59.
- Arrestation du premier assassin confondu par ses empreintes digitales ».
- Jean-Marc BerliĂšre, « L'Affaire Scheffer : une victoire de la science contre le crime ? La premiĂšre identification d'un assassin Ă l'aide de ses empreintes digitales (octobre 1902) », dans Les Cahiers de la sĂ©curitĂ©, 2005, n° 56, p. 349-360. â En ligne sur Criminocorpus.
- Marie-Aude Bonniel, « Le 24 octobre 1902, premiÚre arrestation d'un meurtrier confondu par ses empreintes digitales », sur Le Figaro, (consulté le ).
- En 1894, seules les empreintes des doigts de la main droite Ă©taient prises, ce qui empĂȘchait d'identifier les gauchers ou ceux qui laissaient sur la scĂšne du crime une empreinte de doigt de la main gauche, comme dans le vol de La Joconde.
- HĂ©liane de Valicourt de SĂ©ranvillers, La Preuve par l'ADN et l'erreur judiciaire, Paris, L'Harmattan, p. 33, 2009.
- Cette technique est toujours utilisée en Suisse.
- SAGEM est désormais le leader mondial des bases de données policiÚres et du traitement de signes biométriques personnels (portraits-robots, empreintes digitales).
- « Un voleur identifié grùce à la paume de sa main », sur Le Figaro, (consulté le ).
- « Décret n° 2016-1460 du 28 octobre 2016 autorisant la création d'un traitement de données à caractÚre personnel relatif aux passeports et aux cartes nationales d'identité | Legifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le ).
- « Relevé et comparaison d'empreintes digitales »(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?) (consulté le ) Protocole de la police scientifique.
- Seize en Angleterre, huit Ă douze en Allemagne.
- Y. Wang, Qi Hao, A. Fatehpuria et L. G. Hassebrook, « Data acquisition and quality analysis of 3-dimensional fingerprints », 2009 First IEEE International Conference on Biometrics, Identity and Security (BIdS),â , p. 1â9 (DOI 10.1109/BIDS.2009.5507527, lire en ligne, consultĂ© le )
- OphĂ©lie Ferrant, « Est-ce que les vrais jumeaux ont les mĂȘmes empreintes digitales ? » , Ă©mission Les P'tits Bateaux sur France Inter, 30 octobre 2011.
- Les révélations chimiques, GBR Criminalistique.
- [PDF] Ătablissement et dĂ©livrance des cartes nationales d'identitĂ© : « Il convient de relever l'empreinte digitale de l'index gauche ou, Ă dĂ©faut, de l'index droit. ».
- « La CNIL dit non aux empreintes digitales pour la biométrie dans les écoles », sur Cnil.fr, (consulté le ).
- « Empreinte digitale/Ă©cole : la Cnil s'oppose », Le Figaro,â (lire en ligne).
- Achtelik M., Nagel M., Floss H. et Monney J., « Analyse chiroscopique des points-paumes de la Grotte aux Points, AiguĂšze, Gard », Karstologia, no 73,â , p. 45-57 (lire en ligne)
Voir aussi
Bibliographie
- Frédéric Chauvaud , « Le Triomphe de l'empreinte criminalistique (1890-1930) », in Empreintes (Yannick Beaubatie, dir.), Tulle, Milles Sources, 2004, pp. 81-94.
- Delphine Cingal, « Traces, indices et empreintes : la naissance de la police scientifique et l'émergence du roman policier au XIXe siÚcle », in Empreintes (Yannick Beaubatie, dir.), Tulle, Milles Sources, 2004.
- Bertrand Ludes, « De l'empreinte digitale aux empreintes génétiques », in Empreintes (Yannick Beaubatie, dir.), Tulle, Milles Sources, 2004, pp. 95-102, 103-110.
- (en) Nicolas Quinche et Pierre Margot, « Coulier, Paul-Jean (1824â1890) : A Precursor in the History of Fingermark Detection and their Potential Use for Identifying their Source (1863) », dans Journal of Forensic Identification, MarchâApril 2010, n° 60 (2), p. 129â134.
Articles connexes
Liens externes
- (en) « L'affaire de « William West » et de « Will West » », prison fédérale de Leavenworth (Kansas), 1903