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Bolet

Bolet est un nom vernaculaire ambigu désignant en français certains champignons classés dans la famille des Boletaceae, et plus particulièrement du genre Boletus. Le Comité pour les noms français des champignons a défini des noms normalisés pour les bolets, mais d'autres espèces de champignons sont également nommées « bolet » dans le langage courant ou dans des nomenclatures plus anciennes.

Bolet
Nom vulgaire ou nom vernaculaire ambigu :
l'appellation « Bolet » s'applique en français à plusieurs taxons distincts.
Description de cette image, également commentée ci-après
Bolet granulé (Suillus granulatus)

Taxons concernés

Dans les genres suivants (famille des Boletaceae) :

Étymologies

D'après Marcel Locquin[1], le mot bolet a souvent changé de sens. Il vient de :

Bal, mot sumérien, datant de -3 500, qui veut dire " foret " (l'outil à percer). Il désignait un champignon dressé, en cylindre étroit et sans chapeau, comme une clavaire grêle.

Balag, en sumérien, vers -3 500, désignait aussi un champignon dressé en forme de foret, mais bien plus massif, c'est le champignon que l'on nomme actuellement Phallus[2].

Boletos est un mot grec datant de 500 av. J.-C., qui désignait l'amanite, et qui a donné Boletus en latin, que l'on trouve chez Pline en -78, où il désigne très précisément l'amanite tue-mouches, Amanita muscaria, bien reconnaissable dans la description à son chapeau rouge à pustules blanches.

Bolitus est une variante latine du mĂŞme nom, apparue chez Gallien en 197 et voulant Ă©galement dire amanite.

C'est le botaniste Linné qui a sanctionné le nom savant actuel qui est transcrit "Bolet" en français. Il ne désigne plus des amanites, mais un ensemble de champignons charnus à chapeaux, ayant des tubes terminés par des pores, placés sous le chapeau et non des lamelles en lames de couteau comme les Agarics[3] - [4].

Première espèce du genre Boletus, nom générique dérivé du mot latin bōlētus, « champignon » qui dérive à son tour du grec ancien βωλίτης, « champignon terrestre »[5]. Ce dernier mot dérive de βῶλος, bolos, signifiant « motte de terre » et, métaphoriquement, champignon[6]. Toutefois, le βωλίτης de Galien, comme les cèpes des écrivains latins comme Martial, Sénèque et Pétrone[7] sont souvent identifiés comme correspondant au plus prisé Amanita caesarea[8].

Noms en français et noms scientifiques correspondants

Noms normalisés

Liste alphabétique des noms normalisés qui sont recommandés par le Comité pour les noms français des champignons de la Société mycologique de France (SMF)[9] - [10].

Noms divers

Liste alphabétique des noms vernaculaires ou des noms vulgaires, non retenus par la SMF, dont l’usage est attesté[14].
Note : Cette liste est variable selon les usages. Certaines espèces peuvent avoir plusieurs noms et, les classifications évoluant encore, les noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide.

Caractéristiques communes

Les bolets composent l'essentiel des Boletales, ordre de champignons (Fungi) basidiomycètes dans lesquels l'hyménium (surface portant les cellules fertiles), est séparable de la chair du chapeau. Chez les bolets, l'hyménium est constitué de tubes soudés les uns aux autres et terminés par des pores. À maturité, ces tubes forment une sorte de foin semblable à celui des artichauts. Autrement dit (même si quelques champignons à pores ne sont pas des bolets), il suffit de regarder sous le chapeau pour reconnaître les bolets et les distinguer des champignons à lamelles. La couleur jaune des tubes et orange-rouge-marron des chapeaux est notamment due à la présence de dérivés d'acides pulviniques[15].

Aucun bolet n'est en principe mortel[16] mais quelques-unes des espèces entraînent des troubles gastriques ou gastro-entériques, plus ou moins graves selon les individus. C'est le cas en particulier du bolet Satan qui provoque de violents troubles digestifs[17]. Cette précision doit toutefois être complétée par le fait que la non toxicité s'obtient par cuisson ou dessication des champignons. En effet, certains bolets sont toxiques crus, notamment en raison de la présence d'hémolysines dans le champignon, toxines thermolabiles aux propriétés hémolytiques établies in vitro mais pas chez l'homme[18]. C'est le cas de la plupart des bolets ayant une teinte rouge et dont la chair vire au bleu à la cassure, comme par exemple le Bolet à pied rouge (Boletus Erythropus), succulent cuit et considéré comme l'un des tout meilleurs bolets pour la cuisine, mais extrêmement toxique cru.

Les hémolysines étant détruites par la chaleur ou la dessication, par prudence on ne consommera donc crus que les seuls bolets utilisant l'appellation "cèpe de Bordeaux" à savoir :

  • - le cèpe vrai (Boletus edulis)
  • - le bolet bronzĂ©, appelĂ© aussi TĂŞte de Nègre ou cèpe Ă  tĂŞte noire (Boletus aereus),

(en notant que seules ces deux premières espèces ont légalement droit à l'appellation "cèpe de Bordeaux)

  • - le cèpe rĂ©ticulĂ© (Boletus reticulatus) et son très proche cousin le cèpe d'Ă©tĂ© (Boletus aestivalis). Un examen microscopique de la sporĂ©e est nĂ©cessaire pour distinguer les deux espèces.
  • - le cèpe des pins (Boletus pinicola)

(en notant que ces trois dernières espèces sont parfois vendues sous l'appellation "Cèpe de Bordeaux" sans pourtant y avoir légalement droit.

Les amateurs de bolets trouvent leur compte avec cette famille de champignons dont on ne connait pas exactement le nombre d'espèces. Umberto Nonis, célèbre botaniste et mycologue italien en a recensé plus de 250 variétés.

Boletus granulatus a par exemple été testé comme symbiote pour la « mycorhization contrôlée » en pépinière, en raison de sa réputation de bon symbiote du système racinaire de résineux (pour le genre Pinus au moins)[19].

Autre champignon

Très différent des bolets, l'amanite tue-mouches (Amanita muscaria) est parfois nommée « bolet des Kamtchadales » au Canada[20].

Notes et références

  1. Marcel V. LOCQUIN ; Champignons d'hier, Bull. Fédér. Mycol. Dauphiné-Savoie, 1980, no.79 pp. 4-7.
  2. Dans sa "Dissertation sur le genre Phallus" du 21 nivose de l'an 5 (publiée en juillet 1799), Ventenat, complète la définition du genre à la lumière d'espèces nouvelles apportées d'Amérique. Il rappelle l'ancienne classification du botaniste français Tournefort et de l'Italien Micheli, du genre Boletus (sensu Tournefort: absence de pédicule et semences "enfermées à l'intérieur" ), divisé en quatre genres par Micheli : clathrus, phallus, phallo-boletus et boletus.
  3. Linné ne décrit que 86 espèces, donc moins que Clusius, mais réparties en dix grands genres qui ont survécu : 27 Agaricus (lamellés), 12 Boletus (porés), 4 Hydnum, 2 Phallus, 3 Clathrus, 2 Elvela, 8 Peziza, 8 Clavaria, 9 Lycoperdon et 11 Mucor. Certains noms qu'il a imposé étaient erronés, devenant définitifs : comme le nom de genre Bolet, à l'origine synonyme d'Amanita, champignon à lames, désigne pour Linné (et Dilennius) des champignons porés! De même pour "Agaric" qui désignait d'abord les polypores.
  4. Agarikon, apparait en grec ancien vers -500. Les Grecs utilisaient le même mot que les Arabes pour désigner un " champignon sec » , nous dirions actuellement un "Polypore". Agaricum, en latin en -78, est dérivé des mots précédents, quasi identiques en arabe et en grec. Il désigne chez Pline, l'actuel "champignon médicinal", autre Polypore, le "Laricifomes officinalis", dont les propriétés étaient connues chez nous depuis le Moyen Âge.
  5. (la) Simpson DP. (trad. de l'allemand), Cassell's Latin Dictionary, Londres, Cassell Ltd, , 5e Ă©d. (ISBN 978-0-304-52257-6), p. 883
  6. (en) Liddell HG, Scott R. (trad. du grec ancien), A Greek-English Lexicon, United Kingdom, Oxford University Press, , Abridged Ă©d. (ISBN 978-0-19-910207-5, LCCN 33031054)
  7. Peter Howell, A Commentary on Book One of the Epigrams of Martial, The Athlone Press, 1980 p.152-3. Howell doubts the identification, and mentions the view advanced by Augusta A.Imholtz Jr., 'Fungi and piace- names, thè origin of boletus,' in AJP Vol.98, 1977 pp.71f., that the Latin word may derive from the Spanish town Boletum, modern-day Boltaña, south of the Pyrenees, which is still famous for its mushrooms.
  8. (en) Ramsbottom J. (trad. du grec ancien), Mushrooms & Toadstools, London, England, Collins, (ISBN 978-1-870630-09-2), p. 6
  9. Noms recommandés par le Comité pour les noms français des champignons de la Société mycologique de France (SMF)
  10. Guillaume Eyssartier & Pierre Roux, Guide des champignons – France et Europe, Belin, 2017 - 4e édition, 1152 p. (ISBN 978-2-410-01042-8)
  11. Liste des bolets sur le site de la Société mycologique de France, consulté en septembre 2012
  12. Nom vernaculaire en français d’après Termium plus, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada
  13. Meyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
  14. Attention aux appellations et traductions fantaisistes circulant sur l'Internet
  15. (en) Wolfgang Barz, Pigments in plants, Fischer, , p. 394.
  16. Jean-Mary Couderc, « Données nouvelles sur les champignons supérieurs toxiques », Mémoire de l'Académie des Sciences, Art et Belles Lettres de Touraine, t. 21,‎ , p. 161
  17. Quel est donc ce champignon ? Markus FlĂĽck (Ă©d. Les Guides Nathan, 2008), p. 142
  18. Christian Ripert, Mycologie médicale, Lavoisier, , p. 126.
  19. Le Tacon F & Valdenaire J-M (1980) La mycorhization contrôlée en pépinière. Premiers résultats obtenus à la pépinière du Fonds forestier national de Peyrat-le-Château (Haute-Vienne) sur épicéa (Picea excelsa) et douglas (Pseudotsuga douglasii), Revue Technique et forêt, 13 pages.
  20. Voir définition donnée par le Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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