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Cèpe

Cèpe est un nom vernaculaire ambigu en français, pouvant désigner plusieurs espèces différentes de champignons. Ce sont principalement des Boletus comestibles[1] au pied obèse orné d'un réseau, dont les pores blancs deviennent jaunes avec l'âge[2], mais le mot cèpe est aussi utilisé pour désigner d'autres bolets, notamment au Canada (comme Boletus chippewaensis[3]). Tous ne sont pas digestes, comme le Cèpe diabolique plus connu sous le nom de Bolet Satan[4].

Marchandes de cèpes à Pau (Pyrénées). Peinture d'Édouard Pingret de 1834.
Cèpe
Nom vulgaire ou nom vernaculaire ambigu :
l'appellation « Cèpe » s'applique en français à plusieurs taxons distincts.
chrisanteron
Cèpe de Bordeaux (Boletus edulis)

Taxons concernés

Plusieurs espèces dans les genres :

Étymologie et histoire

Cèpe est un mot de genre masculin qui vient du latin cippus, via l'occitan gascon cep qui signifie tronc (le « cep » de vigne a la même origine)[5].

Le mot cèpe fait son entrée dans le Dictionnaire de l'Académie française avec la 6e édition de 1832-1835 qui définit ces champignons comme étant pour la plupart bons à manger et plus particulièrement des bolets comestibles. La 8e édition (1932-1935) de ce même dictionnaire réduit cette définition aux seuls « champignons très charnus » et considère les cèpes comme synonymes de « bolets comestibles »[6].

Le Trésor de la Langue Française (1971-1994) considère seulement le cèpe comme synonyme de bolet comestible[7].

Noms en français et noms scientifiques correspondants

Noms normalisés

Liste alphabétique des noms normalisés qui sont recommandés par le Comité pour les noms français des champignons de la Société mycologique de France (SMF)[8].

Noms divers

Liste alphabétique des noms vernaculaires ou des noms vulgaires, non retenus par la SMF, dont l’usage est attesté[11].
Note : Cette liste est variable selon les usages. Certaines espèces peuvent avoir plusieurs noms et, les classifications évoluant encore, les noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide.

Voir aussi le Faux cèpe (Tylopilus felleus).

Commerce des cèpes

Nomenclature commerciale

En France, seules deux espèces ont droit légalement[13] à l'appellation commerciale de « cèpe » : le cèpe de Bordeaux (Boletus edulis) et le cèpe à tête noire (Boletus aereus)[10].
Mais on trouve en réalité sur le marché deux autres espèces commercialisées sous ce nom : le Cèpe d'été ou cèpe réticulé (Boletus aestivalis, syn. Boletus reticulatus) et le Cèpe de montagne ou Cèpe des pins (Boletus pinophilus, syn. Boletus pinicola)[10].

Aux quatre espèces ci-dessus, dits « cèpes royaux », s'ajoutent sur le marché français Boletus mamorensis, importé du Maroc, et Boletus badius, deux bolets très proches des cèpes[10].

Un gros champignon brun au pied renflé.
Cèpe tête-de-nègre (Boletus aereus).

Ce sont des bolets appartenant au genre Boletus et à la section edules (en classification classique). Tous sont d'excellents comestibles qui se distinguent des autres bolets par leur chair très ferme qui reste toujours blanche.

  • Cèpe de Bordeaux (Boletus edulis) : Le plus cĂ©lèbre et le plus rĂ©pandu, il pousse dans les forĂŞts. La couleur du chapeau varie selon les variĂ©tĂ©s et l'arbre auquel le champignon est associĂ©, mais il est le plus souvent noisette. Les tubes et les pores sont blancs au dĂ©part, puis virent au jaune clair et enfin au verdâtre. Le pied, presque rond chez les exemplaires jeunes (bouchons de champagne), est trapu, en forme de massue. Il est de couleur lĂ©gèrement ocracĂ©e, ornĂ© Ă  son sommet d'un fin rĂ©seau blanc qui se prolonge plus ou moins vers le bas, les mailles du rĂ©seau s'Ă©largissant. La chair a l'odeur et la saveur de la noisette.
  • Cèpe tĂŞte-de-nègre (Boletus aereus) : Espèce mĂ©diterranĂ©enne associĂ©e au chĂŞne-vert. Le chapeau est plus noir que chez le prĂ©cĂ©dent, le pied plus colorĂ©, la chair plus ferme, l'odeur et la saveur plus fortes.
  • Cèpe d'Ă©tĂ© (Boletus reticulatus) : Comme son nom l'indique, sa saison de prĂ©dilection est la fin du printemps et le dĂ©but de l'Ă©tĂ©. On le rencontre surtout dans les forĂŞts de feuillus.
  • Cèpe des pins de montagne ou Cèpe des pins de montagne[14] (Boletus pinophilus) : un cèpe des pins, associĂ© aux conifères (pin sylvestre notamment) ou aux feuillus d'altitude. Son chapeau est brun-rouge, assez sombre. Le pied a Ă  peu près la mĂŞme couleur, mais en plus pâle.
Un monceau de cèpes séchés à Borgotaro au festival des porcini, Italie.

Estimation du tonnage

Les cèpes peuvent varier considĂ©rablement en taille. Une estimation de 1998 suggère la consommation annuelle totale mondiale de Boletus edulis et des espèces Ă©troitement apparentĂ©es, Boletus aereus, Boletus pinophilus et Boletus reticulatus se situerait entre 20 000 et 100 000 tonnes[15]. Selon les chiffres officiels, environ 2 700 Ă  3 000 tonnes ont Ă©tĂ© vendues en France, en Italie et en Allemagne en 1988. La quantitĂ© rĂ©elle doit dĂ©passer largement ces chiffres car il ne tient pas compte des ventes informelles ou de la consommation des rĂ©colteurs occasionnels[16]. Ils sont largement exportĂ©s et vendus sous forme sĂ©chĂ©e, proposĂ©s dans des pays oĂą ils n'existent pas naturellement, comme l'Australie et la Nouvelle-ZĂ©lande. La communautĂ© autonome de Castille et LeĂłn en Espagne produit de 7 700 Ă  8 500 tonnes par an[17]. Ă€ l'automne, le prix de cèpes dans l'hĂ©misphère Nord se situe gĂ©nĂ©ralement entre 20 € et 80 € le kilogramme selon la qualitĂ©, mais Ă  New York en 1997, la raretĂ© a fait grimper le prix de gros Ă  près de 200 € le kilogramme[16].

Cèpes séchés italiens

Dans les environs de Borgotaro dans la province de Parme d'Italie du Nord, les quatre espèces de Boletus edulis, Boletus aereus, Boletus aestivalis et Boletus pinophilus ont été reconnues pour leur goût supérieur et officiellement appelé Fungo di Borgotaro. Ces champignons, collectés depuis des siècles, sont exportés commercialement. Cependant, en raison des tendances récentes dans la mondialisation du commerce des champignons, la plupart des cèpes commercialement disponibles en Italie ou exportés par l'Italie ne sont plus originaires d'Italie. Ces cèpes et autres champignons sont importés en Italie en provenance de divers endroits, en particulier de Chine et des pays d'Europe de l'Est. Ces derniers sont ensuite souvent réexportés sous le label Cèpes à l'italienne[18] - [19].

IGP Fungo di Borgotaro

Il existe une appellation d’origine contrĂ´lĂ©e europĂ©enne (IGP) pour les cèpes, il s’agit du « Fungo di Borgotaro (it) » qui distingue les cèpes de la rĂ©gion de Borgo Val di Taro en Italie qui se situe dans le Haut Val Taro près de Parme.

Baisse de la qualité

En Italie, la déconnexion avec la production locale a eu un effet négatif sur la qualité, par exemple, dans les années 1990, certains des porcini séchés exportés vers l'Italie de la Chine contenait des espèces du genre Tylopilus, peu semblables en apparence, mais une fois sec, difficile pour les cuisiniers ou les mycologues de les distinguer des Boletus. Les espèces Tylopilus ont généralement un goût très amer. Cette amertume est transmise à la saveur du cèpe avec lequel ils sont mélangés.

Après la chute du rideau de fer et des barrières économiques et politiques qui ont suivi, tant centrale qu'orientale, les pays européens où les traditions locales de récolte de champignons, comme l'Albanie, Bulgarie, Macédoine, Roumanie, Serbie et Slovénie, se sont instaurés exportateurs de cèpes, se concentrant principalement sur le marché italien[20]. Cèpes et autres champignons sauvages sont également destinés à la France, à l'Allemagne et aux autres marchés d'Europe occidentale, où la demande existe, mais la collecte à l'échelle commerciale fonctionne mal[20]. Toutefois, la cueillette de Boletus edulis est devenue une source de revenu saisonnier et un passe-temps dans des pays comme la Bulgarie, en particulier pour de nombreux Roms et les communautés de chômeurs. Malheureusement, un manque de contrôle conduit à une forte exploitation de cette ressource de champignons[21].

Commerce

La France, en 2014, est importatrice nette de cèpes, d'après les douanes françaises. Le prix Ă  la tonne Ă  l'import Ă©tait d'environ 14 000 €[22].

Notes et références

  1. Meyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
  2. Jean-Marie Polese, Champignons de France, Éditions Artémis, , p. 148.
  3. Yves Lamoureux, Les Cèpes du Québec, mycomontreal.qc.ca.
  4. GĂ©rard Houdou, Champignons de nos rĂ©gions, Éditions de BorĂ©e, 2005. (ISBN 2844943187 et 9782844943187). 320 pages.
  5. Centre National de Ressources textuelles et Lexicales : étymologie de Cèpe.
  6. Cèpe dans le Dictionnaire de l'Académie française, sur Atilf.
  7. Cèpe dans le TLFi, issu du Trésor de la Langue Française (1971-1994). Sur le portail cnrtl.
  8. noms recommandés par le Comité pour les noms français des champignons. Voir la liste des bolets sur le site de la Société mycologique de France (SMF).
  9. Noms français des bolets définis par la Société mycologique de France, Fiche consultée en .
  10. J.-M. Olivier, J. Guinberteau, J. Rondet et Michèle Mamoun, Vers l'inoculation contrôlée des cèpes et bolets comestibles ? Rev. For. Fr. XLIX - no sp. 1997. p. 222 et p. 223. Lire le document pdf en ligne[PDF].
  11. Attention aux appellations et traductions fantaisistes circulant sur l'Internet.
  12. Nom vernaculaire en français d’après Termium plus, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada.
  13. décision no 64, Journal officiel du .
  14. Association Forêt Méditerranéenne, 1985. Forêt méditerranéenne, Volumes 7 à 9, page 140 lire en ligne.
  15. (en) Hall IR, Lyon AJE, Wang Y, Sinclair L. (1998). "Ectomycorrhizal fungi with edible fruiting bodies 2. Boletus edulis". Economic Botany 52 (1): 44–56.
  16. (en) IR Hall, SR Stephenson, PK Buchanan, W Yun et A. Cole, Edible and Poisonous Mushrooms of the World, Portland, Timber Press, , p.224-225.
  17. (en) Agueda B, Parlade J, Fernandez-Toiran LM, Cisneros O, de Miguel AM, Modrego MP, Martinez-Pena F, Pera J. (2008). "Mycorrhizal synthesis between Boletus edulis species complex and rockroses (Cistus sp.)". Mycorrhiza 18 (8): 443–449.
  18. (en) N. Sitta et M. Floriani, « Nationalization and globalization trends in the wild mushroom commerce of Italy with emphasis on porcini (Boletus edulis and allied species) », Economic Botany, vol. 62 (3),‎ , p.307-322 (DOI 10.1007/s12231-008-9037-4). .
  19. (en) Boa E. (2004). Wild Edible Fungi: A Global Overview of Their Use and Importance to People (Non-Wood Forest Products). Rome, Italy: Food & Agriculture Organization of the UN. p. 96–97. Retrieved .
  20. (en) N. Sitta, « Presence of Tylopilus into dried "Porcini" mushrooms from China », Micologia Italiana, vol. 29 (1),‎ , p.96-99.
  21. (en) Focus Information Agency, Bulgaria.
  22. « Indicateur des échanges import/export », sur Direction générale des douanes. Indiquer NC8=07095930 (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre Montarnal : Le petit guide : Champignons (Genève, 1964 ; Paris-Hachette, 1969).
  • RĂ©gis Courtecuisse, Bernard Duhem : Guide des champignons de France et d'Europe (Delachaux & NiestlĂ©, 1994-2000).

Liens externes

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