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Bataille de Mossoul (2016-2017)

La bataille de Mossoul a lieu du au , lors de la seconde guerre civile irakienne, pour la reconquĂȘte de Mossoul, la seconde ville d'Irak. Elle oppose les forces gouvernementales irakiennes, les peshmergas du gouvernement rĂ©gional du Kurdistan, les milices chiites des Hachd al-Chaabi, quelques milices sunnites et chrĂ©tiennes et les forces de la coalition, aux djihadistes de l'État islamique qui contrĂŽlent la ville depuis la bataille de juin 2014.

Bataille de Mossoul
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Un Humvee des unités du contre-terrorisme dans une rue de Mossoul, le 16 novembre 2016.
Informations générales
Date –
(8 mois et 23 jours)
Lieu Mossoul
Issue Victoire décisive de l'Irak et de la coalition
Commandants
Drapeau de l'Irak Najim al-Jibouri
Drapeau de l'Irak Abdelwahab al-Saadi
Drapeau de l'Irak Abdelghani al-Assadi
Drapeau de l'Irak Qassem Jassem Nazal
Drapeau de l'Irak FarĂšs Abbas
Drapeau de l'Irak Salam Jassem Hussein
Arif Tayfor
Didawan Khoshid Tofiq
Sirwan Barzani
Sihad Barzani
Aziz Weysi
Abou Mountadhar Al-Hosseini
Drapeau des États-Unis Stephen J. Townsend
Drapeau de l'Irak Athil al-NoujaĂŻfi
Drapeau de l'État islamique Abou Bakr al-Baghdadi
Drapeau de l'État islamique Gulmurod Khalimov †
Forces en présence
Drapeau de l'Irak
100 000 hommes[1]
Drapeau de l'État islamique
3 000 Ă  12 000 hommes[2] - [3]
Pertes
Drapeau de l'Irak
1 200 Ă  1 500 morts[4] - [5]
6 000 Ă  8 000 blessĂ©s[4] - [5]
(selon la coalition internationale et les États-Unis)

20 000 morts ou blessĂ©s[6](selon le premier ministre irakien Nouri al-Maliki)
Au moins 8000 morts selon le DĂ©partement de l'instruction militaire des États-Unis[7]

7940 morts en 6 mois[8] (selon Al-Jazeera)


30 morts
70 à 100 blessés
(selon les États-Unis, du 17 au 27 octobre)[9]

Drapeau des États-Unis
2 morts[10] - [11]
20 blessés[12]
Drapeau de l'État islamique
Plusieurs milliers de morts[A 1]
Civils :
~ 10 000 morts[A 2]
948 000 dĂ©placĂ©s[26].

Seconde guerre civile irakienne

CoordonnĂ©es 36° 20â€Č 14″ nord, 43° 08â€Č 09″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Irak
(Voir situation sur carte : Irak)
Bataille de Mossoul
GĂ©olocalisation sur la carte : Moyen-Orient
(Voir situation sur carte : Moyen-Orient)
Bataille de Mossoul

L'offensive est lancée le par le sud et par l'est, depuis des positions situées à une vingtaine ou une trentaine de kilomÚtres de Mossoul. Les premiers combats ont lieu dans les villages et les petites villes environnantes, notamment Bachiqa, Bartella, Bakhdida qui sont reconquises en octobre et novembre. L'armée irakienne prend pied à l'intérieur de Mossoul le . Les milices chiites des Hachd al-Chaabi attaquent pour leur part à l'ouest et achÚvent l'encerclement de la ville le . Le , tous les quartiers à l'est du fleuve Tigre sont reconquis. Les forces irakiennes s'attaquent à la partie ouest de la ville le et fin mai, les derniÚres forces djihadistes se retrouvent acculées dans la vieille ville. La « libération » complÚte de Mossoul est annoncée par le gouvernement irakien le , mais des affrontements se poursuivent dans d'ultimes poches de résistances pendant au moins une dizaine de jours.

Forces en présence

Des soldats de l'armée irakienne au sud de Mossoul, .

Les forces anti-EI mobilisent environ 100 000 hommes autour de Mossoul[1] - [27], face aux troupes de l'État islamique, estimĂ©es entre 3 000 et 12 000 hommes[2] - [3]. Selon l'armĂ©e amĂ©ricaine, 3 000 Ă  5 000 djihadistes sont prĂ©sents Ă  l'intĂ©rieur de la ville, dont environ 1 000 combattants Ă©trangers gardĂ©s en rĂ©serve, et 1 000 Ă  2 000 autres sont dĂ©ployĂ©s dans les campagnes environnantes[28]. Selon le ministĂšre français de la DĂ©fense, 250 Français sont prĂ©sents Ă  Mossoul dans les rangs de l'EI[29]. Cependant dans la province de Ninive, la grande majoritĂ© des chefs et des soldats de l'État islamique sont des Irakiens originaires de la rĂ©gion oĂč ils combattent[30] - [31]. Les combattants Ă©trangers sont gĂ©nĂ©ralement parmi les plus motivĂ©s, prĂȘts Ă  combattre jusqu'Ă  la mort, au contraire d'une partie des combattants locaux qui ne s'Ă©taient ralliĂ© Ă  l'EI que pour toucher un salaire[32]. Le commandement est dĂ©centralisĂ©, chaque quartier est gĂ©rĂ© par un Ă©mir[33]. Pendant plusieurs mois les djihadistes ont prĂ©parĂ© leur dĂ©fense en dissimulant des mines et des IED, en perçant des tunnels et en creusant des tranchĂ©es remplies de carburant prĂȘtes Ă  ĂȘtre enflammĂ©es[34] - [35] - [36] - [29]. Beaucoup de snipers de l'EI sont dĂ©ployĂ©s dans la ville[37]. Au cours des combats urbains, les vĂ©hicules piĂ©gĂ©s kamikazes (VBIED) — parfois blindĂ©s — sont utilisĂ©s massivement par l'État islamique[38] - [39]. L'armĂ©e utilise alors des bulldozers en grand nombre, afin d'Ă©lever des talus de terre ou d'empiler des carcasses de vĂ©hicules en guise de remparts[38]. À cette pĂ©riode, les djihadistes testent Ă©galement des armes artisanales, comme des drones piĂ©gĂ©s ou des drones « bombardiers », utilisĂ©s pour larguer des bombes[40] - [41] - [38], que les forces irakiennes ne parviendront Ă  neutraliser qu'au bout de plusieurs mois grĂące Ă  des brouilleurs ou des armes antidrones fournis par la coalition[42]. Cependant dans les quartiers est l'EI utilise moins de mines et d'IED qu'il n'en avait employĂ© Ă  Ramadi et Falloujah[39] - [37]. De plus, les forces de l'EI ne sont pas totalement encerclĂ©es et conservent des accĂšs de ravitaillement par le sud-ouest[35] - [43].

Instructeur italien avec des Peshmergas prĂšs d'Erbil, le .

L'armĂ©e irakienne, la police irakienne, les peshmergas du gouvernement rĂ©gional du Kurdistan, les milices chiites des Hachd al-Chaabi et des milices sunnites participent Ă  la bataille[1] - [2]. Les forces anti-EI prennent position Ă  l'est et au sud de Mossoul. À la pointe de l'offensive figurent les unitĂ©s d'Ă©lite du contre-terrorisme ; l'« Iraqi Special Operations Force » (ISOF), branche de l'« Iraqi Counter Terrorism Force » (ICTF)[44]. Ces forces spĂ©ciales, surnommĂ©es la « division d'or », engagent dans la bataille 2 000 Ă  2 600 hommes, divisĂ©s en trois brigade et 13 bataillons, qui prennent position le 13 octobre Ă  Tel Aswad, Ă  l'est de Mossoul, aux cĂŽtĂ©s des Kurdes[44] - [1] - [45] - [46] - [47] - [48] - [49]. À Khazir, Ă  20 kilomĂštres de l'est de la ville, les peshmergas engagent les 70e et 80e brigades[50], qui sont soutenues par la division d'or et un bataillon de la 16e division d'infanterie[50]. L'armĂ©e irakienne engage quatre divisions[51] - [52]. À Gwer, Ă  30 kilomĂštres au sud-est, l'armĂ©e irakienne dĂ©ploie la 9e division blindĂ©e, commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Qassem Jassem Nazal et forte de 8 000 hommes avec des chars M1 Abrams et T-72[50] - [53] - [54] - [55]. Enfin Ă  Qayyarah, Ă  60 kilomĂštres au sud, sont positionnĂ©s deux bataillons de la 15e division d’infanterie, un dĂ©tachement de la division d'or, un bataillon blindĂ© de la 9e division, des unitĂ©s de la 16e division et des forces de la police fĂ©dĂ©rale[50]. La 9e division est presque exclusivement constituĂ©e de militaires chiites[55], en revanche la 15e division est mixte et comporte des chiites, des sunnites et des Kurdes[56]. Initialement, les forces gouvernementales irakiennes engagent 30 000 hommes et les peshmergas 6 000[57] - [34] - [58]. Au total environ 100 000 hommes, dont 40 000 soldats de l'armĂ©e irakienne et 40 000 peshmergas sont mobilisĂ©s dans les opĂ©rations autour de Mossoul[59]. Cependant seulement 20 000 d'entre-eux seront engagĂ©s Ă  l'intĂ©rieur de la ville[60]. D'autres groupes kurdes participent aux combats, comme le PAK, venu d'Iran[61]. Ces troupes sont Ă©galement Ă©paulĂ©es par les milices assyriennes des UnitĂ©s de protection de la plaine de Ninive (NPU), des Forces de la plaine de Ninive (NPF) et de Dwekh Nawsha[62]. Les forces irakiennes disposent Ă©galement de l'aide de quatre rĂ©seaux de rĂ©sistance prĂ©sents Ă  l'intĂ©rieur de la ville et chargĂ©s d'effectuer des missions de renseignement et des assassinats ciblĂ©s : la Saraya Rimah — un groupe de 200 hommes commandĂ©s par Omar Fadil al-Alaf et intĂ©grĂ©s Ă  la milice Al-Hafhd al-Ashaari al-Sonni — Al-Nujaba, Fasil Al-Nabi YounĂšs et Ahrar Ninawa[63].

Réunion des états-majors irakien et américain à Qayyarah, le .

Les officiers irakiens Ă  la tĂȘte des opĂ©rations sont le major-gĂ©nĂ©ral Najim Abdullah al-Jibouri, chef des opĂ©rations dans la province de Ninive[36] - [64] - [65], le lieutenant-gĂ©nĂ©ral Abdelwahab al-Saadi, Ă  la tĂȘte des unitĂ©s d'Ă©lite du contre-terrorisme (ICTF) au sein des services du contre-terrorisme (CTS), chef adjoint des opĂ©rations Ă  Mossoul[66] - [61] - [67], le lieutenant-gĂ©nĂ©ral Abdelghani Al-Assadi, Ă©galement commandant dans les CTS[68] et le gĂ©nĂ©ral FarĂšs Abbas, Ă  la tĂȘte de la police fĂ©dĂ©rale irakienne, branche paramilitaire de la police irakienne[69] - [70]. Du cĂŽtĂ© des peshmergas, affiliĂ©s principalement au PDK et Ă  l'UPK[46], se trouvent le gĂ©nĂ©ral Arif Tayfor, chef de l'Ă©tat-major, commandant du secteur militaire de Khazir[71], le gĂ©nĂ©ral Didawan Khoshid Tofiq, commandant des forces sur le front de Khazir[71], le gĂ©nĂ©ral Aziz Weysi, Ă  la tĂȘte des zaravani, les unitĂ©s d'Ă©lite des peshmergas[61], Sihad Barzani, le frĂšre du prĂ©sident du Kurdistan irakien, commandant sur le front de Khazir[72] et le gĂ©nĂ©ral de brigade Sirwan Barzani, Ă  la tĂȘte de la force « PanthĂšre noire »[73] - [74].

L'armĂ©e turque dĂ©ploie Ă©galement 1 500 Ă  2 000 hommes aux cĂŽtĂ©s des peshmergas et des milices sunnites, ainsi que des avions au cĂŽtĂ© de la coalition[1] - [75]. Depuis mai 2015, les Turcs entraĂźnent dans le camp de Bachiqa, au nord-est de Mossoul, les Hachd al-Watani — aussi appelĂ©e la « Garde de Ninive » — un groupe arabe sunnite fort de 1 500 Ă  4 000 hommes commandĂ©s par Athil al-NoujaĂŻfi, l'ancien gouverneur de Mossoul[76] - [34] - [77] - [78]. Cette milice est dĂ©ployĂ©e au nord de Mossoul[79]. Au total, 10 000 miliciens sunnites auraient Ă©tĂ© mobilisĂ©s pour les combats[57]. Cependant l'intervention turque en Irak s'est faite avec l'accord du gouvernement rĂ©gional du Kurdistan, mais contre l'avis de Bagdad, qui demande Ă  plusieurs reprises Ă  Ankara de retirer ses troupes. Mais Erdoğan refuse, il met en avant ses « droits historiques » sur Mossoul, ancienne ville de l'Empire ottoman, se pose en dĂ©fenseur des sunnites et s'oppose Ă  une participation dans la bataille des milices chiites et des groupes liĂ©s au PKK[80] - [81] - [82] - [83] - [84] - [31]. Le 22 octobre, le Premier ministre irakien HaĂŻder al-Abadi dĂ©clare qu'il refuse la proposition faite par la Turquie de participer Ă  la bataille[85].

Les milices des Hachd al-Chaabi, pour la plupart armĂ©es, financĂ©es et conseillĂ©es par l'Iran[86], prennent Ă©galement position sur la ligne de front Ă  Qayyarah, Ă  60 kilomĂštres au sud de Mossoul[84], avec notamment l'Organisation Badr[87] - [88] - [50], les Brigades de la paix[88] - [50], AsaĂŻb Ahl al-Haq[87] - [88], les Kataeb Hezbollah[50], le Harakat Hezbollah al-Nujaba[87] - [89] - [90], les Brigades de l'imam Ali[91] - [92], Saraya al-Khorasani[93], Saraya Ansar al-Aqeeda[94], le Liwa al-Tafuf[95], Saraya al-Djihad[92] et le Liwa Ali al-Akbar[96]. Leur commandant opĂ©rationnel dans la rĂ©gion est Abou Mountadhar Al-Hosseini[97] - [92] et elles sont Ă©paulĂ©es par des conseillers militaires iraniens du Corps des Gardiens de la rĂ©volution islamique[92] - [86]. Le gouvernement irakien ne tient cependant pas Ă  ce que ces forces, responsables d'exactions contre le sunnites, entrent dans Mossoul ; elles ont pour objectif de faire mouvement vers la ville de Tall Afar, situĂ©e Ă  l'ouest[86] - [87].

En soutenant respectivement des milices sunnites et chiites, la Turquie et l'Iran s'affrontent indirectement pour imposer leur influence dans la région[98] - [99].

Le général Stephen J. Townsend et des soldats américains de la 101e division aéroportée à Qayyarah, le .

Du cĂŽtĂ© de la coalition, 7 000 Ă  7 500 hommes sont dĂ©ployĂ©s au sol dans le nord de l'Irak, dont 4 600 Ă  5 000 AmĂ©ricains[57] - [34] - [100], issus notamment de la 101e division aĂ©roportĂ©e[101]. La coalition Ă©tablit son quartier-gĂ©nĂ©ral dans la base de Qayyarah, vingt kilomĂštres Ă  l'ouest de la ville[102] - [103], sous le commandement du lieutenant-gĂ©nĂ©ral Stephen J. Townsend[104]. Un millier de soldats de la coalition occupent cette base, en plus de 5 000 hommes de la 15e division irakienne[103]. Les États-Unis disposent de lance-roquettes M142 HIMARS et d'hĂ©licoptĂšres Apache[105] - [106]. L'armĂ©e française a quant Ă  elle dĂ©ployĂ© en septembre cinq CAESAR et 150 Ă  180 soldats dans la base de Qayyarah[107] - [101] - [88] - [108] - [109] - [103]. Environ 500 conseillers militaires, pour la plupart AmĂ©ricains, Ă©paulent Ă©galement les forces irakiennes[106]. Des forces spĂ©ciales, notamment amĂ©ricaines[110], françaises[111], canadiennes[112], allemandes[113] et australiennes (en)[114] participent Ă©galement Ă  la bataille. Mais l'essentiel des appuis feu de la coalition est fourni par ses forces aĂ©riennes qui engagent en permanence plusieurs dizaines d'avions au-dessus de Mossoul[106] - [115].

PeuplĂ©e d'1,5 million d'habitants au moment de la bataille, contre 2 millions au dĂ©but du conflit, Mossoul est la plus grande ville tenue par l'État islamique[1] - [2] - [116]. Elle est considĂ©rĂ©e comme sa « capitale Ă©conomique »[117]. La citĂ© a connu plusieurs soulĂšvements pendant ses deux annĂ©es d'occupation, mais ils ont Ă©tĂ© Ă  chaque fois rĂ©primĂ©s par les djihadistes[30]. Avant la bataille, par crainte des espions, les hommes de l'EI renforcent leur surveillance sur la population[118]. Ils interdisent les tĂ©lĂ©phones portables et les paraboles[66] - [116] - [119] - [120]. Au cours des trois jours qui prĂ©cĂšdent le dĂ©but de l'offensive, 58 habitants dĂ©couverts en possession de tĂ©lĂ©phones portables sont exĂ©cutĂ©s[121] - [122]. Mais les civils hĂ©sitent Ă  quitter la ville[123], ils redoutent Ă©galement des exactions de la part de l'armĂ©e irakienne, des peshmergas et surtout des milices chiites[124] - [116] - [125]. Les djihadistes conservent aussi le soutien d'une partie de la population[31] - [118]. Selon le chercheur Pierre-Jean Luizard, de toutes les villes conquises par l'État islamique, Mossoul est celle oĂč ses combattants ont Ă©tĂ© accueillis le plus favorablement par les habitants[31]. Mais aprĂšs trois annĂ©es d'occupation djihadiste, bon nombre d'habitants qui avaient initialement bien accueillis l'État islamique se sont dĂ©sormais dĂ©tournĂ©s de lui Ă  cause de ses exactions et de ses interdictions[120]. Dans le semaines qui prĂ©cĂšdent la bataille, les hommes de l'EI interdisent aux civils de quitter la ville et exĂ©cutent quelques intermĂ©diaires pour avoir dĂ©livrĂ© de faux laissez-passer Ă  des Moussouliotes, souvent contre de l'argent[120]. Au cours de la bataille, les civils vont aussi ĂȘtre largement utilisĂ©s par les djihadistes comme boucliers humains[126] - [127] - [128].

Selon l'accord conclu entre Bagdad et Erbil, seule l'armĂ©e irakienne pourra pĂ©nĂ©trer dans Mossoul. Les Kurdes ne devront pas dĂ©passer une bande de 6 kilomĂštres Ă  hauteur de Bachiqa et Bartella. Les Hachd al-Chaabi, responsables d'exactions contre des civils sunnites, devront Ă©galement rester en dehors des murs de la ville, la Turquie menaçant mĂȘme de faire intervenir ses troupes contre les milices chiites si cet accord n'Ă©tait pas respectĂ© ou si des exactions Ă©taient commises Ă  Tall Afar[121] - [129] - [130] - [86].

Enfin, l'Armée des hommes de la Naqshbandiyya affirme participer à la bataille, mais sans que ceci soit vérifié par des sources indépendantes[131].

DĂ©roulement

Offensive dans les villages et encerclement de Mossoul et de Tall Afar, octobre et novembre 2016

Un M109A6 Paladin de l'armée américaine ouvrant le feu à Qayyarah, le .

La veille de l'offensive, l'armée irakienne largue des dizaines de milliers de tracts sur Mossoul pour donner des consignes de sécurité à la population[132]. Le , à deux heures du matin, le Premier ministre irakien Haïder al-Abadi annonce à la télévision nationale le début de la bataille de Mossoul[2] - [133].

L'offensive principale est lancĂ©e, vers 6 h du matin, sur deux axes ; Ă  30 kilomĂštres au sud-est de Mossoul la 9e division de l'armĂ©e irakienne attaque depuis Gwer avec 120 chars M1 Abrams et T-72, tandis qu'Ă  20 kilomĂštres Ă  l'est 4 000 peshmergas divisĂ©s en trois colonnes avancent depuis Khazir, sur la route d'Erbil[55] - [62] - [88] - [134] - [135] - [130] - [136] - [72] - [137]. À l'est, les Kurdes sont appuyĂ©s par les 2 000 hommes de la division d'or[66] - [45]. Face Ă  l'offensive, les djihadistes utilisent leurs tactiques habituelles ; ils incendient les puits de pĂ©trole pour se cacher des avions de la coalition, mĂšnent des attaques kamikazes et dispersent des snipers[34].

Ravitaillement d'un Rafale français, .

Le premier jour, les Kurdes avancent sur 11 kilomĂštres, ils s'emparent de neuf villages sur une zone de 200 kilomĂštres carrĂ©s et atteignent la petite ville de Bartella[135] - [138] - [139] - [140] - [141]. Les djihadistes, peu nombreux, ne peuvent opposer une forte rĂ©sistance[140] - [141]. L'armĂ©e irakienne progresse Ă©galement au sud-est en longeant le Tigre, elle avance en direction de la localitĂ© d'Hamam al-Alil, situĂ©e Ă  une dizaine de kilomĂštres de Mossoul[142] - [143]. Des combats ont Ă©galement lieu le mĂȘme jour au nord prĂšs de Tall Kayf et Ă  l'ouest Ă  Qaryat al-Ashiq, sur la route de Tall Afar[130]. La coalition mĂšne de son cĂŽtĂ© 52 frappes aĂ©riennes[144], tandis que les djihadistes lancent au moins 12 attaques-suicides avec des vĂ©hicules piĂ©gĂ©s[145]. Au total, une vingtaine de villages sont pris par les forces anti-EI dans les premiĂšres 24 heures[146].

Le matin du 18 octobre, à une dizaine de kilomÚtres au sud-est de Mossoul, dans le district de Hamdaniya, les forces spéciales irakiennes atteignent les abords de Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne de la plaine de Ninive, désertée par ses habitants et défendue par 200 djihadistes[147] - [148]. Qaraqosh est encerclée par les militaires irakiens et les peshmergas, mais les combattants de l'EI résistent, ils envoient des voitures piégées et tiennent toujours la ville[149] - [150].


Au sud, l'armĂ©e irakienne, la police fĂ©dĂ©rale irakienne et les Hachd al-Chaabi commencent Ă©galement Ă  avancer depuis la ville de Qayyarah[151] - [152] - [30]. Le 19 octobre, elles atteignent Bajwaniyah, Ă  30 kilomĂštres au sud de Mossoul[153] - [150]. Elles se heurtent ensuite aux djihadistes Ă  al-Houd[30]. Au sud-ouest, les Irakiens font mouvement sur les petites villes d'Hamam al-Alil et Al-Choura[30].

Char factice construit par l'État islamique, .

Le 20 octobre, la progression des forces anti-EI est plus rapide que prĂ©vu selon le premier ministre irakien Haider al-Abadi[61]. Au nord, les Kurdes ouvrent un nouveau front et avancent sur Batnaya et Tall Kayf[30]. À 17 kilomĂštres au nord-est de Mossoul, les peshmergas du GRK et les Kurdes iraniens du PAK attaquent Ă  l'aube la ville de Bachiqa et ses villages environnants[154] - [155] - [156] - [61] - [73] - [157]. Mais les djihadistes, Ă  l'aide de vĂ©hicules suicides, repoussent deux assauts[158] - [73], puis contre-attaquent le 21 octobre avec 17 voitures-suicides[159]. La Turquie annonce alors fournir sur ce front un soutien d'artillerie aux peshmergas, mais le gouvernement irakien dĂ©ment[160] - [28]. Les combats Ă  Bachiqa et dans les villages alentour se poursuivent pendant des jours[159]. À 15 kilomĂštres Ă  l'est de Mossoul, la division d'or entre dans la ville chrĂ©tienne de Bartella le 20 octobre et la reprend le 22 malgrĂ© une forte rĂ©sistance de l'EI[61] - [161] - [47] - [162]. Au sud-est, la 1re division, la 9e division blindĂ©e et 200 miliciens des NPU parviennent le 22 octobre Ă  entrer dans Bakhdida et Ă  atteindre le centre de la ville en fin de journĂ©e, mais des tireurs isolĂ©s de l'EI demeurent dissĂ©minĂ©s pendant plusieurs jours dans les quartiers nord et sud[163] - [164] - [165] - [166] - [167] - [168] - [169] - [170] - [171]. Au sud de Mossoul, les hommes de l'EI incendient l'usine de soufre de Mashrag, dont les fumĂ©es toxiques ralentissent la progression de l'armĂ©e irakienne[172] - [173]. Les AmĂ©ricains distribuent alors 24 000 masques Ă  gaz aux soldats irakiens et kurdes[174].

Du 17 au 23 octobre, la coalition a menĂ© 32 raids avec 1 776 munitions et affirme avoir dĂ©truit 136 positions de l'EI, 18 tunnels et 26 vĂ©hicules piĂ©gĂ©s[175] - [28]. Selon Brett McGurk, envoyĂ© spĂ©cial des États-Unis auprĂšs de la coalition, il y a eu « plus de raids aĂ©riens de la coalition que pendant toute autre pĂ©riode de sept jours dans la guerre contre l'EI »[175]. Pendant ce temps, du 17 au 22 octobre, les djihadistes ont menĂ© au moins 48 attaques kamikazes avec des vĂ©hicules suicides blindĂ©s (S-VBIED)[176].

Un convoi de l'armée irakienne à Mossoul, .

Le 24 octobre, quelques centaines de djihadistes en provenance de Syrie arrivent Ă  Mossoul afin de renforcer les troupes de l'EI[177]. Le mĂȘme jour, au matin, les chars de la 9e division blindĂ©e attaquent et reprennent la petite ville chrĂ©tienne de Karamlech, situĂ©e entre Bartella au nord et Qaraqosh au sud, oĂč les djihadistes n'opposent qu'une courte rĂ©sistance avant de battre en retraite[178]. À l'est, les forces irakiennes et kurdes ne sont alors plus qu'Ă  une dizaine de kilomĂštres de Mossoul, mais pendant plusieurs jours les soldats doivent inspecter les villages reconquis pour dĂ©nicher et neutraliser les bombes, les IED et les tunnels qui pourraient permettre Ă  des petits groupes de combattants de s'infiltrer derriĂšre les lignes[178] - [179]. À cette date, l'armĂ©e irakienne affirme avoir repris prĂšs de 80 villages depuis le dĂ©but de l'offensive[180].

Sur le front est, les 2 000 hommes de la division d'or commandĂ©s par le major Salam Jassem Hussein rĂ©ussissent une percĂ©e : partis de Basakhrah, ils avancent de dix kilomĂštres et atteignent le village de Tarbazawah le 24 octobre, puis ils progressent encore de cinq kilomĂštres et arrivent au niveau du village de Bazwaya le 25 octobre, Ă  seulement 5 ou 6 kilomĂštres de Mossoul, mais ils ne peuvent se porter plus en avant, l'armĂ©e irakienne Ă©tant encore Ă  30 kilomĂštres de la ville sur le front sud[181] - [68] - [182] - [183] - [184] - [185] - [186]. Pendant quelques jours, l'armĂ©e irakienne doit arrĂȘter sa progression pour consolider ses gains[187].

Civils de Mossoul fuyant les combats, .

Le 29 octobre, les forces irakiennes lancent un assaut qui leur permet de prendre la petite ville d'al-Choura, au sud de Mossoul[188] - [189]. Le mĂȘme jour, les Hachd al-Chaabi, restĂ©s jusque-lĂ  en retrait, passent Ă  l'offensive pour reprendre Tall Afar, une ville situĂ©e Ă  70 kilomĂštres Ă  l'ouest de Mossoul, peuplĂ©e principalement de TurkmĂšnes aux deux tiers sunnites, mais qui comptait Ă©galement une importante minoritĂ© chiite avant sa conquĂȘte par l'État islamique[190]. Leur objectif est de couper la route de ravitaillement qui relie Mossoul Ă  Raqqa[191] - [192] - [190]. Depuis Qayyarah, les miliciens chiites s'emparent de quelques localitĂ©s et arrivent jusqu'au village d'al-Imraini, Ă  45 kilomĂštres au sud-est de Tall Afar[189]. 80 kilomĂštres sĂ©parent Qayyarah de Tall Afar, mais la zone est dĂ©sertique et peu peuplĂ©e, aussi les milices chiites progressent assez rapidement[190]. De son cĂŽtĂ©, la 9e division prend la localitĂ© d'Ali Rach et arrive Ă  sept kilomĂštres au sud-est de Mossoul[193] - [54].

Le 31 octobre, la division d'or repart à l'offensive à l'est, elle prend le village de Bazwaya, puis atteint le village de Gogjali, à moins d'un kilomÚtre de Mossoul[194] - [195] - [193] - [196]. Le 1er novembre, elle pénÚtre à l'intérieur de la ville par le quartier d'al-Karama[197] - [198] - [199] - [200] - [201] - [202] - [203]. Le lendemain, la plus grande partie de Gogjali est aux mains des forces irakiennes aprÚs trois jours de combats[204].

Les Hachd al-Chaabi poursuivent également leur progression vers Tall Afar. Le 3 novembre, l'Organisation Badr affirme avoir atteint la localité de Mouhalabiya[205].

Le soir du 2 novembre, l'État islamique publie un communiquĂ© audio dans lequel le « calife » Abou Bakr al-Baghdadi, qui ne s'Ă©tait pas exprimĂ© publiquement depuis prĂšs d'un an, appelle ses troupes Ă  tenir la ville de Mossoul[206] - [207]. Selon The Guardian, Abou Bakr al-Baghdadi manque de peu d'ĂȘtre tuĂ© le 3 novembre[208]. Ce jour-lĂ , il s'exprime Ă  ses hommes par talkie-walkie pendant 45 secondes[208]. Il est alors repĂ©rĂ© par les Kurdes et ses gardes, devinant le danger, lui confisquent aussitĂŽt la radio[208]. Al-Baghdadi quitte ensuite probablement Mossoul dans les jours ou les semaines qui suivent et se serait repliĂ© vers la rĂ©gion d'Al-Baaj ou de Boukamal, Ă  la frontiĂšre irako-syrienne[209] - [210].

ReconquĂȘte des quartiers est de Mossoul, de novembre 2016 Ă  janvier 2017

Situation Ă  Mossoul, le 15 novembre 2016.
  • Zone contrĂŽlĂ©e par le gouvernement irakien
  • Zone contrĂŽlĂ©e par les peshmergas
  • Zone contrĂŽlĂ©e par l'État islamique
.
Soldats irakiens des forces spéciales dans les rues de Mossoul, .

Le 4 novembre, la division d'or attaque Ă  l'aube, depuis le village de Gogjali[211] - [204]. Les combats ont alors lieu dans au moins huit quartiers de l'est de Mossoul : al-Malayeen, al-Samah, Zahra — aussi appelĂ© Saddam — Aden, Shaqiq al-Khadra, Karkoukli, Quds et al-Karamah[212] - [213] - [214] - [215] - [216] - [217] - [218]. Mais les forces spĂ©ciales irakiennes se heurtent Ă  une trĂšs forte rĂ©sistance des djihadistes et dans la soirĂ©e elles sont contraintes de se replier partiellement[219] - [220] - [211] - [221] - [65] - [217]. Des Ă©lĂ©ments de la 9e division blindĂ©e gagnent Ă©galement les abords de Mossoul et tentent de progresser dans le quartier al-Intissar, situĂ© au sud des zones tenues par la division d'or[53] - [215] - [216]. Cette derniĂšre continue d'avancer, mais plus lentement que les jours prĂ©cĂ©dents[222].

Pendant ce temps Ă  quinze kilomĂštres au sud de Mossoul, la 15e division de l'armĂ©e irakienne et la police fĂ©dĂ©rale lancent l'assaut le 5 novembre contre la petite ville d'Hamam al-Alil, tenue par au moins 70 hommes de l'EI, et la reprennent 7 novembre[220] - [213] - [223] - [224] - [225] - [226] - [227]. PrĂšs de cette ville, les soldats irakiens dĂ©couvrent un charnier contenant les victimes du massacre d'Hamam al-Alil[228] - [229] - [227] - [230]. Quant aux Kurdes, ils lancent un assaut le 7 novembre avec 2 000 peshmergas contre Bachiqa, oĂč rĂ©sistent encore une centaine de djihadistes encerclĂ©s depuis trois semaines[225] - [231] - [232]. Bachiqa est prise Ă  95 % le 8 novembre selon les peshmergas[229], puis finalement reconquise entre le soir du 8 novembre et le matin du 9 novembre[233] - [234]. Les Kurdes cessent alors leur progression sur le front est et commencent la construction d'une ligne de dĂ©marcation, au-delĂ  des anciennes limites du Kurdistan irakien[235]. Les villages chrĂ©tiens sont alors majoritairement sous contrĂŽle irakien et les villages yĂ©zidis sous le contrĂŽle des Kurdes[236] Le 16 novembre, Massoud Barzani, le prĂ©sident du Gouvernement rĂ©gional du Kurdistan, annonce que les peshmergas « ne se retireront pas des territoires repris »[237].

Des véhicules des forces spéciales irakiennes de l'« Iraqi Counter Terrorism Force » (ICTF), dans les rues de Mossoul, .

À la date du , la division d'or des forces spĂ©ciales du contre-terrorisme et la 9e division blindĂ©e occupent six des 60 districts de Mossoul[238]. Les unitĂ©s d'Ă©lite du contre-terrorisme combattent toujours en premiĂšre ligne, tandis que derriĂšre elles les forces de la police fĂ©dĂ©rale sont chargĂ©es de sĂ©curiser les quartiers reconquis[239]. Cependant les tunnels posent de graves problĂšmes aux troupes du gouvernement de Bagdad[238] - [239]. Continuellement harcelĂ©es par les kamikazes et les sniper de l'EI, elles ne contrĂŽleraient vĂ©ritablement que deux des six districts dans lesquels elles auraient pris pied[238]. De plus, les soldats de la 9e division blindĂ©e ne sont pas habituĂ©s Ă  la guĂ©rilla urbaine et peuvent difficilement utiliser leurs chars[238]. Des soldats tĂ©moignent Ă  l'agence Reuters et Ă  l'AFP que cette bataille est dĂ©jĂ  la plus dure qu'ils aient jamais livrĂ©[238]. AprĂšs avoir baissĂ© en intensitĂ© pendant quelques jours, alors que les forces irakiennes consolident leurs positions dans les quartiers est, les combats s'engagent le 11 novembre dans les quartiers d'al-Arbajiyah et de Qadisiya al Thania, attaquĂ©s par la division d'or[240] - [241] - [242]. À la date du 14 novembre, les troupes irakiennes ont pris pied dans dix quartiers, mais leur contrĂŽle demeure disputĂ© et la progression est lente[243].

Le 13 novembre, Ă  une trentaine de kilomĂštres au sud-est de Mossoul, la 9e division blindĂ©e reprend la citĂ© antique de Nimroud, qui avait Ă©tĂ© ravagĂ©e par l'État islamique en mars 2015[244] - [245] - [243] - [246] - [247] - [248].

De leur cÎté, les Hachd al-Chaabi poursuivent leur progression vers Tall Afar. Le 16 novembre, ils s'emparent de l'aéroport, situé à six kilomÚtres au sud-ouest de la ville[249]. Le 21 novembre, ils ne sont plus qu'à quatre kilomÚtres de la ville[250]. Le 22 novembre, les Hachd al-Chaabi annoncent avoir coupé la route reliant Sinjar à Tall Afar, et réalisé leur jonction avec les peshmergas stationnés dans les villages environnants. La région de Mossoul et de Tall Afar est alors complÚtement encerclée[251] - [252] - [253].

Un soldat des forces spéciales irakiennes dans une maison de Mossoul, le .

À Mossoul, la coalition dĂ©truit un pont le 22 novembre afin d'empĂȘcher l'EI d'acheminer des renforts dans les quartiers est ; un seul des cinq ponts de Mossoul enjambant le Tigre est alors encore debout[254] - [48]. À la date du 25 novembre, l'armĂ©e irakienne affirme avoir reconquis plus de 40 % de la partie est de la ville[255]. Elle contrĂŽle les quartiers d'al-Arbajiyah, Qadisiyah al-Thania, Tahrir, Saddam, al-Samah, Karkoukli et depuis peu, Aden[255]. L'armĂ©e irakienne a pĂ©nĂ©trĂ© dans le quartier d'al-Khadraa, au nord d'Aden et les combats se poursuivent Ă©galement dans les quartiers al-Bakr, Ilam, Akha, al-Quds, al-Karamah, al-Intissar et Judayda al-Mufti[255]. Le 30 novembre, elle parvient Ă  entrer dans les quartiers Sumer et Wahda[256]. Mais en dĂ©cembre, avec la venue de l'hiver, la progression des troupes irakiennes se ralentit[257] - [258]. La division d'or est dĂ©jĂ  Ă©prouvĂ©e par de lourdes pertes, avec 20 % de ses soldats tuĂ©s ou blessĂ©s et 25 % de ses vĂ©hicules dĂ©truits ou endommagĂ©s[259] - [48].

Le 2 dĂ©cembre, l'État islamique mĂšne une contre-attaque Ă  l'est, dans le quartier de Qadisiyah al-Thania[256]. Le 3 dĂ©cembre, la 16e division parvient Ă  progresser sur le front nord pour la premiĂšre fois depuis le 21 novembre[256]. Pendant ce temps Ă  l'ouest, de rudes combats ont lieu Ă  Tal Zalat entre l'EI et les Hachd al-Chaabi[256]. Le 6 dĂ©cembre, les miliciens chiites prennent la petite ville de Tal Abta, au sud-ouest de Mossoul[256].

Le 6 dĂ©cembre, la 9e division blindĂ©e irakienne lance un assaut dans le sud-est de Mossoul : elle fait une percĂ©e dans le quartier de Wahda et arrive Ă  moins Ă  moins de 1,5 kilomĂštre du fleuve Tigre[260] - [256]. Le lendemain, elle prend le contrĂŽle de l'hĂŽpital al-Salam, utilisĂ© comme quartier-gĂ©nĂ©ral par les djihadistes. Cependant les unitĂ©s de tĂȘte se retrouvent encerclĂ©es et les forces d'Ă©lite de la division d'or doivent ĂȘtre dĂ©pĂȘchĂ©es en renfort pour briser le siĂšge[261]. Les djihadistes mĂšnent une trĂšs violente contre-attaque, avec notamment plusieurs kamikazes et inghimasi, et parviennent Ă  reprendre l'hĂŽpital au bout de quelques heures[262]. Les soldats irakiens battent en retraite, dĂ©plorant au moins 27 morts, 40 blessĂ©s, plusieurs disparus probablement faits prisonniers et une vingtaine de vĂ©hicules — au moins quinze BMP-1 dĂ©truits, deux autres capturĂ©s, six Humvee et un bulldozer — hors de combat[262] - [263] - [256] - [264]. Le mĂȘme jour, l'armĂ©e irakienne remporte cependant un succĂšs sur un autre point de ville en achevant la reconquĂȘte du quartier d'Ilam[261].

Au cours du mois de dĂ©cembre, les combats se poursuivent Ă  l'est, dans les quartiers d'al-Intissar, al-Qasidiyah al-Thaniyah, Wahda, Muharibin, al-Mintaqah, Sumer, al-Tamim, al-Noor, al-Barid, al-Quds, al-Karamah, Sukkar, Shaimaa, Rafaq et Baladiyat[256] - [264] - [265]. Cependant la progression est modeste dans les quartiers est, les djihadistes continuent de harceler les positions arriĂšre des forces irakiennes grĂące aux tunnels, tandis que les fronts nord et sud sont bloquĂ©s[264] - [39]. Le 22 dĂ©cembre, l'État islamique mĂšne trois attentats simultanĂ©s Ă  Gogjali, faisant 23 morts, dont quinze civils et huit policiers[266].

Un reporter de guerre dans les rues de Mossoul, .

AprĂšs une progression modeste en dĂ©cembre, la reconquĂȘte de Mossoul s'accĂ©lĂšre en janvier 2017[267]. Le 27 dĂ©cembre 2016, la coalition commence par dĂ©truire le pont al-Atiq, qui Ă©tait dernier pont franchissable sur le Tigre Ă  Mossoul[268] - [265]. Les djihadistes ne peuvent alors plus faire passer de vĂ©hicules dans les quartiers est, notamment des VBIED dont le nombre diminue progressivement[269].

Le 29 dĂ©cembre, aprĂšs deux semaines d'accalmie, l'armĂ©e irakienne annonce le dĂ©but de la deuxiĂšme phase de l'offensive. Les forces spĂ©ciales irakiennes commencent par faire une percĂ©e dans les quartiers d'al-Karamah et d'al-Quds[270] - [271] - [272] - [273] - [274] - [275] - [37]. À la date du , les forces irakiennes affirment avoir entiĂšrement nettoyĂ© les quartiers d'al-Karamah, d'al-Intissar et d'al-Salam, mais des combats s'y dĂ©roulent encore ponctuellement dans les jours qui suivent[265]. Le 3 janvier, la division d'or parvient Ă  pĂ©nĂ©trer dans la zone industrielle situĂ©e Ă  l'ouest d'al-Karamah[265]. Le 6 janvier, la 16e division s'empare du quartier de Mazare tandis que la police fĂ©dĂ©rale reprend dĂ©finitivement l'hĂŽpital al-Salam et le quartier Wahda[269]. Le 8 janvier, la division d'or atteint le fleuve Tigre au niveau du quatriĂšme pont, le plus en aval de la ville[276] - [269]. Le 9 janvier, les quartiers de Dumiz, Sumer et Palestine au sud-est et Baladiyat au nord-ouest sont reconquis[277] - [269]. Le 10 janvier, le quartier de Sukar est repris[269]. Le mĂȘme jour, la 16e division entre dans le quartier d'al-Habda, situĂ© tout au nord[277]. Le 11 janvier, les forces spĂ©ciales irakiennes annoncent avoir repris 80 Ă  85 % de la partie est de Mossoul[278]. Du 11 au 13 janvier, aprĂšs avoir pris les quartiers 7e Nissane et Sadiq, la division d'or fait sa jonction avec la 16e division qui achĂšve la reconquĂȘte du quartier d'al-Habda sur le front nord[279] - [269]. Le 13 janvier, les forces irakiennes remontant la rive est vers l'amont, annoncent avoir atteint un deuxiĂšme pont, le « pont de la LibertĂ© »[280]. Le mĂȘme jour, les forces spĂ©ciales de la division d'or rĂ©investissent le siĂšge du gouvernement provincial[281] - [269] et lancent l'assaut sur le campus de l'universitĂ© de Mossoul[282] - [269]. UtilisĂ©e en partie comme centre de commandement et de fabrication d'armes, l'universitĂ© est entiĂšrement reconquise le 14 janvier aprĂšs de violents combats[283] - [284] - [267] - [285] - [286], Le lendemain, les troupes irakiennes reprennent le tombeau du prophĂšte Jonas, dĂ©truit par l'État islamique en 2014[287] - [288]. Les restes d'un palais assyrien vieux de 2 600 ans, en partie pillĂ© par les djihadistes, sont Ă©galement dĂ©couverts sous les ruines du tombeau de Jonas[289] - [290]. Les djihadistes n'opposent plus de vĂ©ritable rĂ©sistance[291]. Le 17 janvier, onze quartiers tombent d'un coup aux mains des forces irakiennes, avec notamment la Grande mosquĂ©e et la base militaire de Kindi[269]. Les djihadistes se replient sur les quartiers ouest en traversant le Tigre par bateau[269]. Le 18 janvier, l'armĂ©e irakienne annonce avoir repris tous les quartiers de Mossoul Ă  l'est du Tigre, cependant des groupes de combattants djihadistes sont toujours prĂ©sents et continuent de combattre dans certains secteurs, notamment dans le quartier al-Arabi[292] - [293] - [269]. Le 19 janvier, les forces spĂ©ciales s'emparent de l'ancien hĂŽtel de luxe Niniveh Oberoi, situĂ© sur les bords du Tigre et renommĂ© hĂŽtel des hĂ©ritiers (Waritheen) par les djihadistes qui l'utilisaient comme caserne[294] - [293]. Mais trois jours plus tard, les hommes de l'EI dĂ©clenchent des explosifs qui endommagent le bĂątiment[295]. Le 22 janvier, l'armĂ©e irakienne affirme avoir pris les deux derniĂšres poches de rĂ©sistance de l'État islamique dans les quartiers est, Ă  al-Milayin et al-Binaa al-Jahiz[296]. Cependant les combats se poursuivent au nord, dans le quartier de Rashidiyah : les 9e, 15e et 16e divisions et la Force de rĂ©action rapide n'en reprennent le contrĂŽle que le 24 janvier[269].

Le 19 janvier, à une quinzaine de kilomÚtres au nord de la ville, la localité de Tall Kayf, assiégée durant deux mois par les 1re, 9e et 16e divisions de l'armée irakienne et Hachd al-Watani, est finalement reprise[297] - [269].

Offensive sur les quartiers ouest de Mossoul, de février à mai 2017

Situation Ă  Mossoul, fin janvier 2017.
Des soldats irakiens avec des civils de Mossoul, le .

AprĂšs la conquĂȘte des quartiers est, l'offensive connaĂźt une pause de quatre semaines[298]. Au cours de cette pĂ©riode, les djihadistes mĂšnent quelques raids en traversant le Tigre et bombardent rĂ©guliĂšrement Mossoul-Est avec leur artillerie[298]. Cependant l'assaut le plus important est menĂ© du 12 au 14 janvier contre les Hachd al-Chaabi, Ă  l'ouest de Mossoul : l'EI y engage 17 kamikazes et plusieurs chars[298]. De leur cĂŽtĂ©, les forces irakiennes planifient leur prochaine offensive, dĂ©minent les IED et traquent les cellules dormantes dans les quartiers est[298].

Le , les forces irakiennes et alliĂ©es reprennent leur offensive et s'attaquent aux quartiers de Mossoul situĂ©s sur la rive ouest du Tigre[299] - [300] - [301]. Les AmĂ©ricains estiment alors que l'État islamique compte encore 2 000 hommes Ă  Mossoul[302]. Cette phase de la bataille semble devoir ĂȘtre la plus difficile, car les quartiers ouest de la ville sont plus anciens, avec ses rues plus Ă©troites qui ne peuvent ĂȘtre empruntĂ©es par les chars et les blindĂ©s, rendant ainsi cette partie plus facilement dĂ©fendables pour les djihadistes[299] - [303]. De plus, la population majoritairement sunnite y pourrait ĂȘtre plus favorable Ă  l'État islamique[300] - [299]. Environ 750 000 civils sont alors encore prĂ©sents Ă  Mossoul-Ouest[304].

Les forces irakiennes commencent l'offensive par le sud et le sud-ouest, avec l'aĂ©roport et la base militaire attenante de Ghazlani comme premiers objectifs[305] - [306] - [307] - [308]. Sur ce front, l'offensive est menĂ©e par la Force d'intervention rapide (FIR) — les unitĂ©s spĂ©ciales de la police irakienne — par les unitĂ©s d'Ă©lite du contre-terrorisme (CTS) — dites la division d'or — et par la police fĂ©dĂ©rale[304] - [308]. La 16e division d'infanterie de l'armĂ©e irakienne occupe quant Ă  elle les quartiers reconquis sur la rive est avec certaines unitĂ©s de la police fĂ©dĂ©rale[308]. À l'extĂ©rieur de la ville, la 15e division d'infanterie prend position au nord et la 9e division blindĂ©e au sud[308].

Le 20 fĂ©vrier, malgrĂ© une forte rĂ©sistance des djihadistes, la Force d'intervention rapide s'emparent du village d'Albou SaĂŻf — ou Al-Bousseif — situĂ© sur une colline dominant l'aĂ©roport[306] - [307] - [309] - [310]. Le , l'aĂ©roport et la base militaire de Ghozlani sont pris d'assaut par les forces irakiennes aprĂšs une bataille de quatre heures[311] - [312] - [304]. Les troupes du CTS s'emparent Ă©galement du village de Tal al-Rayyan et atteignent le quartier d'Al-Maamoun[304]. À Albou Seif, les soldats dĂ©couvrent prĂšs de l'aĂ©roport un tunnel long de 2,4 kilomĂštres, haut de 10 mĂštres et large de 500 mĂštres[313]. Construit sous le rĂ©gime de Saddam Hussein, il Ă©tait utilisĂ© comme camp militaire par l'État islamique[313].

Le , les forces irakiennes pĂ©nĂštrent pour la premiĂšre fois dans Mossoul-Ouest : la police fĂ©dĂ©rale entre par les quartiers de Jawsaq et Dandan, adjacents Ă  l’aĂ©roport, tandis que la division d'or entre par Al-Maamoun et Wadi Hajar[314] - [304] - [308]. Le 27 fĂ©vrier, les troupes irakiennes s'emparent d'un pont, impraticable, mais dont la reprise doit permettre d’établir un pont flottant Ă  proximitĂ©[315].

Situation Ă  Mossoul, le 1er mars 2017.

De son cĂŽtĂ©, la 9e division blindĂ©e progresse dans le dĂ©sert au nord-ouest de Mossoul[316]. Le 1er mars, elle s'empare du dernier axe routier menant Ă  Tall Afar, isolant ainsi les force de l'EI Ă  Mossoul-Ouest[317] - [318] - [319]. Non loin de lĂ , le 7 mars, la 9e division blindĂ©e et les miliciens chiites de la Division de combat d'al-Abbas reprennent la prison de Badoush — thĂ©Ăątre d'un massacre en 2014 — au nord-ouest de Mossoul[320] - [321]. Puis, le 12 mars, la 9e division blindĂ©e coupe la route Tall Afar aux abords de Mossoul et achĂšve l'encerclement complet de la ville[322] - [323]. La ville de Badoush est quant Ă  elle reconquise le 15 mars[324] - [321].

À l'intĂ©rieur de Mossoul, la division d'or, la Force d'intervention rapide et la police fĂ©dĂ©rale poursuivent la reconquĂȘte des quartiers ouest en progressant du sud vers le nord[325]. Le 6 mars, l'armĂ©e irakienne prend le contrĂŽle du pont Al Horreya, le deuxiĂšme le plus en aval de la ville[326] - [321]. Dans la nuit du 6 au 7 mars, 300 hommes du rĂ©giment Scorpion de la Force d'intervention rapide s'emparent du siĂšge du gouvernement provincial de Ninive et y hissent le drapeau irakien[327] - [328] - [321]. Le complexe administratif est ensuite remis Ă  la police fĂ©dĂ©rale. Mais trop pressĂ©s de s'emparer de ce lieu symbolique, les hommes de la Force d'intervention rapide se sont portĂ©s trop en avant et ont nĂ©gligĂ© leurs flancs pendant leur offensive[328] - [321]. Vers midi, les hommes de l'État islamique mĂšnent une contre-attaque aux abords des bĂątiments administratifs de Ninive qui met en dĂ©route la police fĂ©dĂ©rale et que les hommes de la Force d'intervention rapide ne repoussent qu'Ă  grand-peine[329] - [330] - [328] - [321] - [331]. Le 7 mars, le MusĂ©e de Mossoul, vandalisĂ© puis transformĂ© en siĂšge de perception des taxes par l'EI, est repris par les forces irakiennes[332] - [333] - [334] - [330] - [335]. Le 12 mars, l'armĂ©e irakienne annonce que plus d'un tiers de Mossoul-Ouest a Ă©tĂ© repris Ă  l'EI[336] - [322] - [323]. Le 14 mars, les forces irakiennes reprennent la gare de Mossoul, inutilisĂ©e depuis l'arrivĂ©e des djihadistes[337] - [338]. Le 15 mars, la police fĂ©dĂ©rale et la Force d'intervention rapide s'emparent du Pont de fer malgrĂ© plusieurs attaques de vĂ©hicules kamikazes. Les forces irakiennes contrĂŽlent alors trois des cinq ponts sur le Tigre[339] - [340] - [321]. Le mĂȘme jour, un bulldozer piĂ©gĂ© conduit par un kamikaze frappe le siĂšge du gouvernorat et dĂ©truit plusieurs blindĂ©s[341]. Le 17 mars, la police fĂ©dĂ©rale et la Force d'intervention rapide arrivent aux abords de la Vieille ville[342] - [343] - [341] - [126]. Dans cette zone, les avions de la coalition sont moins sollicitĂ©s et les Irakiens ont davantage recours aux hĂ©licoptĂšres[341] - [126]. Les combattants s'affrontent souvent Ă  de courtes distances[341] - [344]. À cause de l'Ă©troitesse des rues, les djihadistes ont Ă©galement moins recours au vĂ©hicules kamikazes[325]. Plus Ă  l'ouest, la division d'or s'empare quant Ă  elle des quartiers de Resala, Nablus, Bab el-Tob, Yabessat, Wadi Ain et Rajim al-Hadid au cours de la seconde partie du mois de mars[325]. Le 20 mars, un colonel de la police irakienne et huit de ses hommes sont capturĂ©s puis exĂ©cutĂ©s par les djihadistes dans le quartier de Bab Jadid[345] - [325].

Des militaires irakiens de la 9e division Ă  Mossoul, le .

Cependant, le 17 mars, une frappe aérienne de la coalition visant deux snipers de l'EI souffle un groupe de bùtiments dans le quartier d'Al-Djadida et tue entre 105 et 200 civils[346] - [347] - [348] - [349] - [350] - [351] - [352] - [19] - [353]. Selon l'armée américaine et l'armée irakienne, ce bilan humain particuliÚrement lourd est dû à la présence d'un important dépÎt de munitions de l'EI dans un bùtiment touché par le raid, ce qui a provoqué une deuxiÚme explosion[353] - [19]. La zone du bombardement passe ensuite sous le contrÎle des forces irakiennes et le 23 mars de nombreux corps sont retirés des décombres par la défense civile[351] - [354] - [355]. Le 25 mars, l'armée irakienne et la coalition annoncent avoir décidé de faire une pause dans leur offensive en raison du nombre élevé des pertes civiles[356] - [351] - [357]. L'offensive reprend le 27 mars[358]. Le 30 mars, le colonel américain Joe Scrocca, un porte-parole de la coalition, annonce qu'il reste « moins d'un millier de djihadistes » à Mossoul[359].

Des militaires américains de la 82e division aéroportée à Mossoul, le 7 mars 2017.

Au cours du mois d'avril, les forces de Bagdad piĂ©tinent, leur progression dans les quartiers ouest est lente et difficile[360] - [361] - [362]. Le quartier de Rajim al-Hadid est repris par l'État islamique le 1er avril, puis une nouvelle fois reconquis par la division d'or le 2 avril[325]. Le quartier de Maghawat est pris par les forces irakiennes le 3 avril[362]. Dans le centre de Mossoul-Ouest, la division d'or se montre encore la force la plus efficace en s'emparant des quartiers de Maghreb le 4 ou 5 avril, Yarmouk al-Thaniya entre le 6 et le 10 avril, al-Abar le 13 avril, Thawra le 19 avril, Nasr le 20 avril, Siha le 22 avril et Tanak le 25 avril[363] - [362] - [364] - [365]. Sur les fronts nord et sud en revanche, l'avancĂ©e de l'armĂ©e et de la police est faible ou nulle[362]. Au sud de la Vieille ville, la police fĂ©dĂ©rale et la Force d'intervention rapide sont bloquĂ©es depuis fin mars Ă  300 mĂštres de la Grande MosquĂ©e al-Nouri, celle ou Abou Bakr al-Baghdadi Ă©tait apparu pour la premiĂšre fois en public le 4 juillet 2014, aprĂšs la proclamation du califat. Elle ne parvient finalement Ă  progresser d'une centaine de mĂštres que les 28 et 29 avril[366] - [367] - [368] - [369] - [3]. Par ailleurs, le 6 avril, un hĂ©licoptĂšre Bell 407 irakien est abattu Ă  Mossoul et ses deux pilotes sont tuĂ©s ; il s'agit du premier aĂ©ronef dĂ©truit depuis le dĂ©but de la bataille[370] - [362]. Le 15 avril, des soldats irakiens subissent une attaque chimique au chlore de faible intensitĂ© dans le quartier de Rajim al-Hadid qui fait quelques blessĂ©s[371] - [362]. Le 26 avril, les Hachd al-Chaabi reprennent la citĂ© antique de Hatra, situĂ©e au sud-ouest de Mossoul[372] - [373].

Le , l'armĂ©e irakienne ouvre un nouveau front au nord-ouest de Mossoul[366] - [374] - [375]. L'offensive est menĂ©e par les 9e, 15e et 16e divisions, la 73e brigade, la police fĂ©dĂ©rale, la Force d'intervention rapide et la division d'or[376] - [366] - [377]. Son objectif est de capturer les quartiers situĂ©s au nord de la vieille ville : Mucharifah, Kanissah, al-Haramat, 17 juillet, al-Warshan, al-Ureibi, al-Rifai, al-Iqtisadin, al-Najar, al-Shifaa, al-Saha al-Oula, et Zinjali[377] - [374]. Le 6 mai, l'armĂ©e irakienne capture le quartier de Mucharifah[378]. Le 8 mai, elle libĂšre le quartier d'Al-Haramat[379]. Le 9 mai, l'armĂ©e irakienne reprend la zone industrielle nord[379] - [380]. Les forces gouvernementales progressent, cependant des djihadistes parviennent rĂ©guliĂšrement Ă  s'infiltrer derriĂšre les lignes irakiennes et plusieurs quartiers doivent ĂȘtre nettoyĂ©s Ă  plusieurs reprises[377]. La libĂ©ration du quartier 17 juillet est ainsi annoncĂ©e Ă  trois reprises au cours du mois de mai[377].

Le 16 mai, le gĂ©nĂ©ral Yahya Rassoul, porte-parole du commandement des opĂ©rations conjointes des forces irakiennes, annonce que 90 % de Mossoul-Ouest a Ă©tĂ© reconquise[381] - [382]. L'EI ne contrĂŽle alors plus que 12 km2 dans Mossoul[383].

Assauts sur la vieille ville, de mai Ă  juillet 2017

Contrairement Ă  ses autres batailles livrĂ©es contre l'État islamique, l'armĂ©e irakienne ne laisse cette fois aucune voie de sortie aux djihadistes[384]. Le but tactique de cette voie, aussi appelĂ©e la « porte dorĂ©e » ou le « trou », Ă©tait de laisser une issue aux assiĂ©gĂ©s pour qu'ils puissent s'enfuir, permettant ainsi d'Ă©pargner les civils, les infrastructures et des pertes supplĂ©mentaires dans les rangs de l'armĂ©e[384]. Cette fois les djihadistes sont entiĂšrement encerclĂ©s et les demandes formulĂ©es par les chefs de l'État islamique pour Ă©tablir une voie de sortie Ă  leurs combattants sont rejetĂ©es[384]. Selon l'agence de presse Reuters, le plan irakien prĂ©voyait initialement de laisser le front ouest ouvert puis de bombarder les djihadistes qui s'y engouffreraient, mais l'Iran aurait fait pression pour que l'Irak change son plan de bataille, de peur que les hommes de l'EI ne gagnent la Syrie[384]. La coalition internationale aurait Ă©galement acceptĂ© ce changement de plan pour les mĂȘmes raisons[384].

Le 27 mai, l'armĂ©e irakienne, la police fĂ©dĂ©rale et les unitĂ©s d'Ă©lite du contre-terrorisme — dite la division d'or — lancent l'assaut sur Zinjali, al-Shifaa, al-Saha al-Oula et Bab el-Sinjar[385] - [377] - [386]. Ces quatre quartiers sont les derniers encore tenus par l'État islamique au nord de la vieille ville, un dĂ©dale de ruelles Ă©troites encore peuplĂ© de 250 000 civils[385]. Ces derniers souffrent de la faim, du manque de mĂ©dicament et n'ont pas d’hĂŽpital pour se faire soigner : le dernier contrĂŽlĂ© par l'État islamique Ă  Mossoul n'Ă©tant occupĂ© que par des djihadistes[387]. Les habitants sont rĂ©duits Ă  manger des chats, du carton mouillĂ© ou de l'herbe[387]. Ils sont Ă©vacuĂ©s de force par les djihadistes lors de leurs retraites et plusieurs centaines d'entre-eux sont massacrĂ©s en essayant de fuir vers les lignes irakiennes[387]. Des cadavres sont accrochĂ©s aux rĂ©verbĂšres en guise d'avertissement[387] - [22]. Les bombardements de la coalition continuent Ă©galement de faire de nombreuses victimes : ainsi le 31 mai entre 50 et 80 civils sont tuĂ©s dans des frappes aĂ©riennes dans le quartier de Zinjali[387] - [388]. À mesure que les djihadistes se retrouvent acculĂ©s dans leurs derniers rĂ©duits, l'implication de femmes et d'enfants dans les rangs de l'État islamique se systĂ©matise Ă©galement : les cadavres de sept femmes armĂ©es sont notamment dĂ©couverts par des hommes de la division d'or dans le quartier de Zinjali[389] - [390].

Le 2 juin, les forces irakiennes reprennent le contrĂŽle du quartier d'al-Saha et tiennent alors 40 % du quartier de Zinjali[391] - [386]. Le 4 juin, l'État islamique mĂšne des contre-attaques Ă  l'ouest de la vieille ville, mais ses assauts sont repoussĂ©s[386]. Le 14 juin, le quartier de Zinjali est entiĂšrement reconquis[392] - [390]. Mais le mĂȘme jour, au sud de la vieille ville, l'État islamique lance une contre-attaque avec 100 combattants et sept vĂ©hicules kamikazes au sud de la vieille ville : les djihadistes parviennent Ă  s'infiltrer dans les quartiers de Dawasa, Nabi Sheitsur et Danadan, dont ils reprennent la mosquĂ©e[390]. Le 15 juin, l'armĂ©e irakienne annonce avoir repris le quartier de Bab el-Sinjar, mais des combats s'y dĂ©roulent encore le lendemain[390].

Le 18 juin, l'armĂ©e irakienne annonce le dĂ©but de son offensive sur la vieille ville[393] - [394] - [395] - [396] - [397]. Environ 5 000 hommes sont engagĂ©s dans cet ultime assaut[398]. La division d'or, menĂ©e par les lieutenant-colonels Mohannad el-Tamimi et Salam Jassem Hussein[399], attaque depuis le quartier de Farouq, au nord-ouest ; la 16e division depuis Bab el-Sinjar au nord et Bab al-Lakash au sud ; et la police fĂ©dĂ©rale depuis Bab el-Baid au sud-ouest[390]. La zone est encore dĂ©fendue par plusieurs centaines de djihadistes gardĂ©s en rĂ©serve et constituĂ©s de combattants parmi les plus aguerris[400]. Les combats ont alors lieu dans des rues trĂšs Ă©troites : l'armĂ©e irakienne ne peut plus utiliser de blindĂ©s et l'État islamique ne peut plus engager de vĂ©hicules kamikazes[400]. Les forces de l'EI utilisent alors des mines, des snipers et des motos kamikazes[401]. Le 20 juin, la 9e division de l'armĂ©e irakienne et la Force d'intervention rapide achĂšvent l'encerclement de la vieille ville en reprenant le quartier d'al-Shifaa et notamment l'hĂŽpital al-Sina[402] - [400] - [390]. Selon l'ONU, plus de 100 000 civils sont toujours retenus comme boucliers humains[394] - [395] - [403].

Le 21 juin, la Grande MosquĂ©e al-Nouri est dĂ©truite par l'État islamique, alors que les soldats de l'armĂ©e irakienne ne sont plus qu'Ă  une cinquantaine de mĂštres de l'Ă©difice[404] - [405]. C'est dans ce lieu qu'Abou Bakr al-Baghdadi Ă©tait apparu pour la premiĂšre fois le , quelques jours aprĂšs la proclamation du califat[404] - [406] - [407] - [408]. Le mĂȘme jour, l'Ă©glise Saint-Thomas de Mossoul, vieille de douze siĂšcles et situĂ©e Ă  deux rues de la Grande mosquĂ©e, est en revanche reconquise intacte[409].

Les combats sont intenses, mais le 25 juin le lieutenant-colonel Salam Jassem Hussein affirme que 65 Ă  70 % de la vieille ville a Ă©tĂ© libĂ©rĂ©[410]. Cependant le mĂȘme jour, en plein milieu des quartiers de Mossoul-Ouest dĂ©jĂ  reconquis, des cellules dormantes de l'EI repassent Ă  l'action et une soixantaine de combattants s'emparent provisoirement de plusieurs parties de Tanak, Yarmouk et Bab al-Tob[401] - [411] - [390] - [412]. La division d'or doit redĂ©ployer deux de ses bataillons pour Ă©liminer cette nouvelle menace[390].

Le 26 juin, la division d'or prend entiĂšrement le contrĂŽle du quartier de Farouq ; tandis que le 27, la 15e division s'empare de la zone de Mashahda, dans l'ouest de la vieille ville[390]. Le 28 juin, la police fĂ©dĂ©rale s'empare de Hkatoniya et Katunya, dans le centre de la vieille ville ; tandis que la 16e division prend Hadra al-Sadaa et Ahmadiyan, au nord[390]. Le 29 juin, les forces spĂ©ciales de la division d'or prennent le contrĂŽle des ruines de la Grande MosquĂ©e al-Nouri[398] - [413] - [414] - [415] - [416]. Au moins 82 hommes de l'État islamique, dont une trentaine de kamikazes et plusieurs snipers, sont tuĂ©s au cours de cette journĂ©e selon l'armĂ©e irakienne[398].

Dans les derniers jours de la bataille, les djihadistes se maintiennent dans une bande large de quelques centaines de mĂštres, le long du Tigre[415]. Plusieurs femmes kamikazes se jettent alors dans la bataille : quatre d'entre-elles s'infiltrent parmi les rĂ©fugiĂ©s et se font exploser prĂšs de la Grande MosquĂ©e al-Nouri le 1er juillet, deux autres actionnent leurs ceintures explosives le 3 juillet[389] - [415] - [417]. Au total, sept ou neuf femmes se font exploser[418]. L'engagement de femmes kamikazes, habituellement interdit par l'État islamique, est autorisĂ© par le commandement djihadiste en dernier recours[419].

Le 1er juillet, la Force d'intervention rapide nettoie dĂ©finitivement le quartier d'al-Shifaa, tandis que la police fĂ©dĂ©rale atteint le pont de fer[418]. Puis, entre le 1er et le 5 juillet, les quartiers de la vieille ville tombent les uns aprĂšs les autres : Bab el-Tob, Bab al-Jadid, Rabia, Bab al-Bakr, Khatoon, Ras al-Koor, Imam Ibrahim, Sargkhana, Qataniyan, Suq al-Sagha, Bab al-Lakash, Bab al-Saray, Makawi, Kawazin, Shahwan, MaĂŻdan et Kalayat[418]. Cependant, le 4 juillet des djihadistes parviennent Ă  traverser le fleuve Tigre et tuent 16 soldats dans le quartier d'Hadbaa[418].

Le 5 juillet, le Premier ministre Haider al-Abadi annonce que les troupes gouvernementales ne sont plus qu'Ă  200 mĂštres des rives du fleuve Tigre[420]. Tous les jours, Ă  mesure que les troupes irakiennes avancent, des milliers de civils affamĂ©s et assoiffĂ©s s'Ă©chappent des ruines[421] - [416] - [408] - [415]. Des combattants irakiens de l'État islamique tentent Ă©galement de s'enfuir : certains parviennent Ă  se faufiler parmi les rĂ©fugiĂ©s malgrĂ© les fouilles, d'autres sont arrĂȘtĂ©s[421] - [422] - [412] - [423]. Les djihadistes Ă©trangers en revanche n'ont d'autre choix que de combattre jusqu'Ă  la mort[412]. Le 7 juillet, entre 50 et 100 djihadistes lancent un assaut dĂ©sespĂ©rĂ© Ă  Bab al-Lakash, Bab al-Tob et MaĂŻdan[418].

Le 9 juillet, les troupes de la division d'or atteignent les berges du Tigre, au nord-est de la vieille ville, dans le secteur de MaĂŻdan[424] - [425] - [426]. Le mĂȘme jour, le Premier ministre HaĂŻder al-Abadi se rend Ă  Mossoul et annonce la « victoire » des forces irakiennes et la « libĂ©ration » de la ville[427] - [412] - [426]. Cependant des combats continuent d'avoir lieu et le Premier ministre irakien reconnaĂźt qu'il reste encore « une ou deux poches de jihadistes de Daech »[427] - [428]. Les djihadistes ne contrĂŽlent plus qu'une bande de territoire de 200 Ă  300 mĂštres de long sur 50 Ă  100 de large comprenant quelques dizaines d'habitations dans les secteurs de MaĂŻdan, Kalayat et Shahwan, sur les bords du Tigre, au nord de la vieille ville[424] - [425] - [429] - [430] - [418]. Environ 2 000 civils, dont plusieurs familles de combattants de l'État islamique, sont encore prĂ©sents dans cette zone selon les estimations des forces spĂ©ciales irakiennes[424]. Le 10 juillet, la victoire finale est officiellement proclamĂ©e par HaĂŻder al-Abadi[418] - [431] - [432].

Cependant des affrontements ponctuels continuent d'avoir lieu dans les jours qui suivent[431] - [423]. Plusieurs centaines de djihadistes avec des femmes, des enfants et quelques prisonniers tiennent une ultime poche de rĂ©sistance longue de 100 Ă  200 mĂštres et large de 30 Ă  50 mĂštres dans le quartier de MaĂŻdan — ou Midan — le long de la rue Sherouan, parallĂšle au fleuve[423] - [433] - [434] - [435]. Le 10 juillet, alors qu'un groupe de 200 personnes, dont des femmes et des enfants, quitte la zone pour se rendre, 40 hommes munis de ceintures explosives se dĂ©tachent du groupe, ouvrent le feu ou foncent se faire exploser contre les lignes irakiennes[434] - [435]. Le 11 juillet, aprĂšs l'ouverture de nĂ©gociations, certains djihadistes Ă©puisĂ©s jettent leurs armes et acceptent de se rendre[434]. La 9e division, la 16e division et la division d'or lancent ensuite l'assaut en fin d'aprĂšs-midi pour rĂ©duire les derniers irrĂ©ductibles[434] - [435] - [436]. Cependant les derniers jours de la bataille s'accompagnent d'exĂ©cutions sommaires commises par les troupes irakiennes — en particulier par des soldats des 9e et 16e division — parfois mĂȘme contre des femmes et des enfants[431] - [437] - [438] - [439] - [16]. Des combats et des bombardements continuent d'avoir lieu au moins jusqu'au [439].

À l'issue de la bataille, un tiers de la vieille ville est dĂ©truite, soit prĂšs de 5 000 habitations[440]. Environ 10 000 autres habitations ont Ă©tĂ© dĂ©truites dans le reste de la ville, la plupart dans les quartiers ouest[440].

Crimes de guerre commis au cours de la bataille

Exactions commises par l'État islamique

DĂšs le 17 octobre, selon Human Rights Watch, environ 45 habitants de Al-Lazzagah et Al-Hud, deux villages Ă  environ 50 kilomĂštres au sud de Mossoul, attaquent et tuent 19 djihadistes[441]. Ces attaques sont suivies d'une rĂ©pression de l'EI qui exĂ©cute 13 habitants capturĂ©s pendant la rĂ©volte, dont des civils qui n'y avaient pas pris part[441].

Plusieurs autres massacres, rapportĂ©s par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH), sont commis par l'État islamique Ă  Mossoul et ses environs au cours de la bataille. Le 19 octobre, Ă  Safina, Ă  45 kilomĂštres au sud de Mossoul, six hommes proches d'un chef de tribu anti-EI sont attachĂ©s Ă  l'arriĂšre d’un vĂ©hicule et traĂźnĂ©s autour du village, puis dans les jours qui suivent 15 civils sont tuĂ©s Ă  Safina et leurs corps jetĂ©s dans la riviĂšre[442] - [443]. Le 20 octobre, l'État islamique publie une vidĂ©o montrant les corps de deux peshmergas pendus par les pieds Ă  un pont[30]. Le mĂȘme jour, les soldats irakiens dĂ©couvrent les corps de 70 civils tuĂ©s par balles dans la ville de Touloul Nasser, au sud de Mossoul[444] - [442]. Le 22 octobre, trois femmes et trois petites filles sont tuĂ©es Ă  RoufeĂŻla lors d'un dĂ©placement forcĂ© de civils, car elles Ă©taient restĂ©es Ă  la traĂźne Ă  l'arriĂšre du convoi en raison du handicap d'une des petites filles[442] - [443] - [444]. Le 23 octobre, une cinquantaine d'anciens policiers auraient Ă©tĂ© mis Ă  mort dans un bĂątiment Ă  l'extĂ©rieur de la ville selon le HCDH[444] - [442]. Le 25 octobre, les djihadistes exĂ©cutent par balles 24 anciens membres des forces armĂ©es irakiennes[445]. Le 26 octobre, 190 anciens officiers des forces de sĂ©curitĂ© irakiennes sont massacrĂ©s dans le camp militaire d'Al-Ghazlani, tandis que 42 civils sont tuĂ©s d'une balle dans la tĂȘte dans la base militaire d'Al-Izza[445]. Les 28, 29 et 30 octobre, environ 300 anciens policiers sont fusillĂ©s Ă  Hamam al-Alil[229] - [241] - [227] - [230].

Toujours selon le Haut-Commissariat, Ă  la date du 4 novembre les membres de l'EI ont exĂ©cutĂ© 180 anciens fonctionnaires et 50 de leurs hommes pour dĂ©sertion[446]. Le 9 novembre, les djihadistes exposent cinq corps crucifiĂ©s Ă  un carrefour de la ville[447]. Le 11 novembre, le HCDH dĂ©clare encore que 60 civils ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s par balles ou dĂ©capitation pour « trahison » ou « espionnage » au cours de la semaine[241], vĂȘtus de tenues oranges, leurs corps ont Ă©tĂ© suspendus Ă  des poteaux Ă©lectriques dans les rues de Mossoul[241]. Des rĂ©fugiĂ©s font Ă©galement mention d'un gouffre Ă  Khafseh, dans le village d'Atbeh, prĂšs de Mossoul, oĂč des nombreuses exĂ©cutions auraient Ă©tĂ© commises[444]. Selon certains habitants, jusqu'Ă  4 000 personnes y auraient Ă©tĂ© tuĂ©es[448] - [449] - [450].

Le 11 novembre, 12 civils sont abattus dans le quartier de Bakir pour avoir refusé de le laisser installer des roquettes sur les toits de leurs maisons[451]. Le 25 novembre, 27 civils sont exécutés publiquement dans le parc Mouhandissine, au nord de la ville, et un enfant est tué par un sniper de l'EI alors qu'il tentait de fuir vers les lignes irakiennes[451]. Le 24 avril 2017, des djihadistes déguisés en policiers exécutent au moins quinze civils qui les avaient accueillis en libérateurs dans la Vieille ville[452].

Le HCDH affirme encore que 27 civils, dont 14 femmes et cinq enfants, sont abattus par des djihadistes de l'État islamique le 26 mai dans le quartier d'al-Shifaa en essayant de fuir la Vieille ville[453]. Puis le 1er juin, 163 hommes, femmes et enfants sont massacrĂ©s[454] - [453] - [455]. Le 3 juin, 41 civils sont encore exĂ©cutĂ©s dans ce mĂȘme quartier[453].

D'aprĂšs l'ONU, l'organisation État Islamique aurait exĂ©cutĂ© un total de 741 civils au cours de la bataille[456] - [16].

Exactions commises par les forces gouvernementales irakiennes

Selon Amnesty International et Human Rights Watch, des civils fuyant les combats sont Ă©galement torturĂ©s et exĂ©cutĂ©s sommairement par des membres des forces gouvernementales irakiennes[457] - [458]. Des photos et des vidĂ©os rĂ©alisĂ©es entre octobre et dĂ©cembre 2016 par le journaliste Ali Arkady sont publiĂ©es en mai 2017, montrant des sĂ©ances de tortures commises sur des civils par des membres des Forces d'intervention rapide[459] - [460] - [461]. Le journaliste irakien accuse Ă©galement les membres de cette unitĂ© d'avoir commis des viols et des exĂ©cutions sommaires[459] - [461]. En novembre 2016, Amnesty International accuse Ă©galement une milice de la tribu Al-Sabaoui — membre des Hachd al-Chaabi, mais sunnite — d'actes de tortures contre des civils[462] - [463].

Certains djihadistes faits prisonniers ou des personnes suspectĂ©es d'avoir collaborĂ© avec l'État islamique sont jugĂ©s dans tribunaux mis en place par le gouvernement irakien, notamment Ă  Qayyarah et Ă  Cheikhan, prĂšs de Dohuk[464]. Les djihadistes convaincus d'avoir portĂ© les armes sont passibles de la peine de mort, mais de nombreuses exĂ©cutions sommaires sont aussi commises par les forces irakiennes[464]. Le 11 novembre 2016, des soldats irakiens se filment en train d'exĂ©cuter un enfant qui est ensuite Ă©crasĂ© sous un char[465]. Selon Human Rights Watch, quatre hommes sont Ă©galement exĂ©cutĂ©s par des miliciens le 29 novembre Ă  Chayalat al-Imam, 70 kilomĂštres au sud de Mossoul[466]. Le 19 janvier 2017, trois civils suspectĂ©s de faire partie de Daech sont exĂ©cutĂ©s sommairement par des militaires irakiens[467]. Dans un reportage publiĂ© le 28 juin 2017 par le journal suĂ©dois Expressen, un membre de la police fĂ©dĂ©rale irakienne nommĂ© Falah Aziz se vante d'avoir tuĂ© 130 personnes, dont 50 prisonniers de l'EI dĂ©capitĂ©s au couteau, plusieurs de ces exĂ©cutions Ă©tant d'ailleurs filmĂ©es[468].

Le 14 mars 2017, Human Rights Watch dĂ©nonce le fait que 1 269 prisonniers, dont des enfants, sont incarcĂ©rĂ©s dans des conditions « inhumaines » dans une prison d'Hamam al-Alil et dans deux autres Ă  Qayyarah[469].

Selon Amnesty International, Human Rights Watch et Bellingcat, du phosphore blanc est utilisé pendant la bataille par l'armée irakienne ou par la coalition[470] - [471] - [472]. Le 14 juin 2017, la coalition reconnaßt avoir fait usage de ces munitions pour, selon son porte-parole, le général néo-zélandais Hugh McAslan, « créer un écran de fumée et permettre aux civils de fuir »[472]. Une version également donnée par l'armée irakienne[472]. Cependant Amnesty International estime que cette utilisation pourrait relever du crime de guerre[470] - [472].

À la mi-juillet 2017, des vidĂ©os d'exĂ©cutions sommaires commises par des militaires irakiens sont diffusĂ©es sur internet[431] - [473]. Dans un rapport publiĂ© le , Human Rights Watch affirme que des dizaines de prisonniers ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©es sommairement Ă  la mi-juillet par des soldats de la 16e division de l'armĂ©e irakienne dans la vieille ville de Mossoul[437]. L'ONG dĂ©nonce Ă©galement l'emprisonnement de 170 familles de membres de l'État islamique[474]. Selon Belkis Wille, qui a dirigĂ© l'enquĂȘte d'Human Rights Watch : « La bataille de Mossoul-Est a Ă©tĂ© remarquablement propre, mais Mossoul-Ouest fut vraiment dĂ©rangeant. Il y a d’abord eu la dĂ©cision d’utiliser les mortiers et l’artillerie lourde puis, dans les deux derniĂšres semaines, une dĂ©cision de tuer tout le monde. Nous en avons eu la confirmation par de nombreux soldats des 9e et 16e divisions de l’armĂ©e irakienne : ils avaient des ordres. L’ordre de tuer »[16].

Exactions commises par les forces américaines

En 2019, Edward Gallagher, un sous-officier des Navy Seals est jugĂ© aux États-Unis pour crimes de guerre[475]. DĂ©noncĂ© par plusieurs soldats de son unitĂ©, il est accusĂ© d'avoir poignardĂ© Ă  mort un adolescent qui Ă©tait soignĂ© par un mĂ©decin, d'avoir tuĂ© un vieil homme et une petite fille avec un fusil de prĂ©cision et d'avoir tirĂ© Ă  la mitrailleuse ou au lance-roquettes sur des maisons sans raison apparente[475] - [476]. Ces actes auraient Ă©tĂ© commis Ă  Mossoul de mai Ă  juillet 2017[475]. JugĂ© pendant deux semaines par le tribunal militaire de San Diego, Edward Gallagher est acquittĂ© le 3 juillet des accusations de meurtre et de tentatives de meurtre, mais est reconnu coupable d'avoir posĂ© Ă  cĂŽtĂ© du corps de l'adolescent en compagnie d'autres soldats, il est condamnĂ© Ă  quatre mois de dĂ©tention et est dĂ©gradĂ© d'un rang[477] - [478]. Cette peine Ă©tant couverte par sa dĂ©tention provisoire, il est libĂ©rĂ©[479]. Donald Trump intervient en faveur de Gallagher : les 21 et 22 novembre il le rĂ©tablit dans son grade et il empĂȘche l'United States Navy de lui retirer son Trident, l'insigne des SEAL[479]. Le 24 novembre, Richard V. Spencer, le SecrĂ©taire Ă  la Marine des États-Unis, dĂ©missionne[479].

Bilan et pertes

Pertes des forces belligérantes

Un soldat des forces spéciales irakiennes, blessé, soigné à l'hÎpital d'Erbil, .

Le , l'armĂ©e irakienne donne un bilan de 770 morts, 23 prisonniers et 127 VBIED dĂ©truits dans les rangs de l'EI[480]. Le 27 octobre, le gĂ©nĂ©ral Joseph Votel, commandant des forces amĂ©ricaines au Moyen-Orient, dĂ©clare que les pertes des djihadistes de l'EI sont estimĂ©es entre 800 Ă  900 morts. Il indique Ă©galement que les pertes irakiennes sont, selon un bilan fourni par des dirigeants militaires irakiens, de 57 morts et 255 blessĂ©s, tandis que les peshmergas ont eu 30 morts et 70 Ă  70 Ă  100 blessĂ©s[9]. L'Observatoire syrien des droits de l'homme affirme de son cĂŽtĂ© le 25 octobre avoir reçu des informations sur la mort de 340 Syriens de l'État islamique qui Ă©taient arrivĂ©s en renfort Ă  Mossoul[481]. Le 16 novembre, l'armĂ©e irakienne affirme qu'au moins 2 801 combattants de l'EI ont Ă©tĂ© tuĂ©s depuis le dĂ©but de la bataille[482]. À la date du 17 novembre, le gĂ©nĂ©ral irakien Abdelghani al-Assadi affirme Ă©galement que plus de 100 djihadistes ont Ă©tĂ© faits prisonniers[483]. Mais ces bilans sont possiblement exagĂ©rĂ©s. Le 11 dĂ©cembre 2016, la coalition donne un bilan moins Ă©levĂ©, elle estime alors les pertes djihadistes Ă  2 000 tuĂ©s ou blessĂ©s depuis le dĂ©but de la bataille[13] - [37]. DĂ©but janvier 2017, le journal Le Monde indique que des bilans non confirmĂ©s effectuĂ©s par des observateurs font Ă©tat de 1 000 Ă  2 000 militaires irakiens tuĂ©s[37]. En fĂ©vrier 2017, le gĂ©nĂ©ral Votel dĂ©clare que plus de 500 militaires irakiens ont Ă©tĂ© tuĂ©s et 3 000 blessĂ©s au cours des trois premiers mois de l'offensive[484]. Le 29 mars 2017, il dĂ©clare ensuite que 284 membres des forces de sĂ©curitĂ© irakiennes ont Ă©tĂ© tuĂ©s et 1 600 blessĂ©s depuis le dĂ©but des combats Ă  Mossoul-Ouest Ă  la mi-fĂ©vrier[485]. Mi-juin 2017, l'État-major amĂ©ricain dĂ©clare que plus de 1 000 soldats irakiens ont Ă©tĂ© tuĂ©s et 6 000 blessĂ©s depuis le dĂ©but de la bataille[400]. En aoĂ»t 2017, James Mattis, le secrĂ©taire Ă  la DĂ©fense des États-Unis, fait Ă©tat de plus de 1 200 morts et 6 000 blessĂ©s du cĂŽtĂ© des militaires irakiens[4] ; tandis que selon The New York Times, le bilan est de 1 400 tuĂ©s et 7 000 blessĂ©s d'aprĂšs des responsables de l'ambassade des États-Unis en Irak[486]. En septembre 2017, la coalition annonce un bilan de 1 200 Ă  1 500 tuĂ©s et environ 8 000 blessĂ©s pour les forces irakiennes[5]. De son cĂŽtĂ©, Nouri al-Maliki, le Vice-prĂ©sident de la RĂ©publique d'Irak, avance en juillet 2017 un bilan de 20 000 morts ou blessĂ©s[6].

Du cÎté de l'armée américaine, un soldat est tué le 20 octobre 2016 par l'explosion d'une bombe artisanale au nord de Mossoul[10] - [487], un autre est mortellement blessé le 29 avril 2017 par une explosion à l'extérieur de la ville[11].

En dĂ©cembre 2016, l'État islamique revendique quant Ă  lui la mort de 5 000 soldats d'Hachd al-Chaabi et Peshmergas via son agence de presse Amaq, ainsi que la destruction de prĂšs de 400 vĂ©hicules (dont des M1-Abrams) et l'abattage d'une dizaine de drones. Ces bilans sont cependant trĂšs vraisemblablement exagĂ©rĂ©s[488].

À la date du 2 janvier 2017, les djihadistes ont utilisĂ© 900 vĂ©hicules kamikazes depuis le dĂ©but de la bataille[37]

La chaĂźne qatarie Al-Jazeera Ă©voque quant Ă  elle qu'une source sĂ©curitaire irakienne aurait affirmĂ© que 7 970 soldats, policiers et militants de Hachd al-Chaabi auraient trouvĂ©s la mort dans les combats Ă  Mossoul en 6 mois[489].

Un officier supĂ©rieur du Pentagone ayant accĂšs aux rapports journaliers de la bataille de Mossoul aurait expliquĂ© Ă  Mark Perry, journaliste chez Politico, que la division d'or (Forces spĂ©ciales irakiennes) aurait perdu Ă  la mi-dĂ©cembre plus de 50 % de son effectif — tuĂ© ou blessĂ© — engagĂ© dans la bataille tellement les combats sont intenses[490] - [301].

Fin janvier 2017, le journal Stars and Stripes rapporte que selon des responsables irakiens, 1 600 soldats et 5 000 civils auraient Ă©tĂ© tuĂ©s ou blessĂ©s depuis le dĂ©but de la bataille[491].

Le 15 juin 2017, le Kurdistan irakien affirme avoir soignĂ© 35 000 soldats depuis le dĂ©but de la bataille[377].

Le 16 juillet 2017, l'armĂ©e irakienne affirme que 25 000 hommes de l'État islamique ont Ă©tĂ© tuĂ©s aprĂšs neuf mois de bataille, dont 450 kamikazes[14]. Elle revendique Ă©galement la destruction de 1 247 vĂ©hicules piĂ©gĂ©s, 130 drones et 1 500 vĂ©hicules divers[14]. Cependant ce bilan est possiblement exagĂ©rĂ©.

Pertes civiles

Une petite fille irakienne blessée, soignée par un militaire américain dans un hÎpital de campagne à Mossoul, .

En octobre 2016, la fumĂ©e des incendies allumĂ©s par l’État islamique pour se dissimuler des frappes aĂ©riennes a causĂ© l'augmentation des maladies respiratoires parmi la population civile[492] - [493]. Entre 600 et 800 cas ont Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ©s, provoquant mĂȘme deux dĂ©cĂšs[493].

L'Organisation mondiale de la santĂ© (OMS) recense 1 400 blessĂ©s du 17 octobre au 6 dĂ©cembre 2016, mais indique qu'il ne s'agit que de « la partie Ă©mergĂ©e de l’iceberg »[494]. Une estimation citĂ©e par The Washington Post fait quant Ă  elle Ă©tat d'environ 600 civils tuĂ©s Ă  la date du 28 novembre[494]. D'aprĂšs l'Observatoire irakien des droits de l'homme, prĂšs de 700 civils sont tuĂ©s Ă  Mossoul entre le 19 fĂ©vrier et le 25 mars[495]. L'ONU fait quant Ă  elle Ă©tat d'un bilan d'au moins 307 civils tuĂ©s et 273 blessĂ©s entre le 17 fĂ©vrier et le 22 mars[355]. Fin mars 2017, Le Monde indique que selon diverses sources humanitaires, entre 2 500 et 4 000 civils auraient Ă©tĂ© tuĂ©s au cours des cinq premiers mois de la bataille de Mossoul[19] - [20].

Dans un rapport publiĂ© le , Amnesty International affirme que prĂšs de 6 000 civils ont Ă©tĂ© tuĂ©s par les forces irakiennes et la coalition entre le 19 fĂ©vrier et le 19 juin 2017[22]. Selon Amnesty International, certaines opĂ©rations menĂ©es par l'armĂ©e irakienne et par la coalition sous commandement amĂ©ricain contre les combattants de l'État islamique Ă  Mossoul se sont traduites par des violations du droit humanitaire et s'apparentent Ă  des crimes de guerre[496]. L'ONG indique Ă©galement que plusieurs centaines, voire plusieurs milliers, de civils ont Ă©galement Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s par les hommes de l'État islamique pour avoir essayĂ© de fuir vers les lignes irakiennes[22].

Selon Hoshyar Zebari, qui fut ministre des Finances et ministre des affaires Ă©trangĂšres de l'Irak, les services de renseignement kurdes estimeraient les pertes civiles encourues durant la bataille pour la reprise de Mossoul Ă  40 000 personnes tuĂ©es. Ces pertes seraient imputables aussi bien aux forces irakiennes, aux bombardements aĂ©riens et terrestres de la coalition et aux actions des militants de l'État islamique[25].

Au terme de la bataille, la coalition internationale ne reconnait avoir causĂ© la mort que de 326 civils, tandis que le Premier ministre irakien HaĂŻder al-Abadi dĂ©clare Ă  l'Associated Press (AP) que 1 260 civils ont Ă©tĂ© tuĂ©s au cours des combats[15]. Cependant, ces bilans sont probablement sous-Ă©valuĂ©s : selon Airwars, au moins 1 066 Ă  1 579 civils ont Ă©tĂ© tuĂ©s par les frappes de la coalition et les tirs d'artillerie entre le 17 octobre 2016 et le 15 juillet 2017, sur un total de 6 320 Ă  8 901 allĂ©gations de morts civiles rĂ©pertoriĂ©es sur cette pĂ©riode et attribuĂ©es Ă  l’ensemble des parties[16] - [17]. Selon Chris Woods, le directeur d'Airwars, les rĂšgles d’engagement ont Ă©tĂ© relĂąchĂ©es par la coalition au cours de la bataille : « il y a eu deux moments clĂ©s : le premier en dĂ©cembre 2016, dans les derniĂšres semaines de l’administration Obama, quand la bataille Ă  Mossoul-Est a commencĂ© Ă  faire de nombreuses pertes chez les forces spĂ©ciales irakiennes, et que les rĂšgles d’engagement ont Ă©tĂ© relĂąchĂ©es ; puis en mars 2017, quand il y a eu une augmentation importante du nombre de morts civils et que Trump a dĂ©clarĂ© avoir encore allĂ©gĂ© les rĂšgles d’engagement »[16]. En fĂ©vrier 2019, l'Australie reconnaĂźt sa possible implication dans la mort de 18 civils, lors d'un raid sur le quartier al-Chifa, le 13 juin 2017[497].

Selon l'ONU, au mois 2 100 civils ont Ă©tĂ© tuĂ©s et 1 500 blessĂ©s dans l'ensemble de la province de Ninive entre octobre 2016 et juin 2017[453]. Ce bilan donnĂ© en juin est revu Ă  la hausse en dĂ©cembre pour s'Ă©lever Ă  au moins 2 521 morts — dont 461 causĂ©s par les frappes aĂ©riennes et 741 exĂ©cutĂ©s par l'État islamique. L'ONU reconnaĂźt cependant des difficultĂ©s pour comptabiliser les victimes et indique que le bilan doit ĂȘtre plus Ă©levĂ©[16] - [17]. Selon Iraq Body Count, au moins 9 791 civils ont trouvĂ© la mort lors de la reconquĂȘte de Mossoul[23].

En dĂ©cembre 2017, la dĂ©fense civile de Mossoul, chargĂ©e de dĂ©blayer les dĂ©combres, fait Ă©tat de la mort de 1 400 civils sur la rive ouest de Mossoul, mais les certificats de dĂ©cĂšs sont difficiles Ă  obtenir et sont refusĂ©s aux proches de djihadistes, combattants ou civils[16]. Selon Le Monde : « Pour obtenir un certificat de dĂ©cĂšs, les proches des personnes tuĂ©es durant la bataille doivent suivre un parcours Ă©reintant et coĂ»teux qui les mĂšne des locaux de la dĂ©fense civile Ă  la morgue et jusqu’au palais de justice, en passant par les bureaux de diverses agences de renseignement censĂ©es certifier que les victimes en question n’ont pas de liens de sang avec des membres de l’EI »[16].

En dĂ©cembre 2017, l'Associated Press (AP) publie une enquĂȘte basĂ©e sur les donnĂ©es d'Airwars, d'Iraq Body Count, de l'ONU et d'Amnesty International, dans laquelle il estime qu'entre 9 000 et 11 000 civils ont Ă©tĂ© tuĂ©s lors de la bataille de Mossoul[15]. Un tiers des victimes ont Ă©tĂ© causĂ©es par l'État islamique et un autre tiers — soit 3 200 morts au moins — par les frappes aĂ©riennes et les tirs d'artillerie de l'armĂ©e irakienne et de la coalition internationale ; les causes de dĂ©cĂšs sont inconnues pour le reste des victimes[15]. AP dĂ©clare Ă©galement avoir obtenu une liste de 9 606 noms auprĂšs de la morgue de Mossoul ; parmi ces derniers, 4 200 sont confirmĂ©s comme Ă©tant des civils, un certain nombre de membres de l'État islamique figurent probablement les 5 000 Ă  6 000 noms restants[15]. L'AP indique cependant qu'au moins plusieurs centaines de corps restent encore trĂšs certainement ensevelis sous des dĂ©combres Ă  la date de la publication de son rapport[15]. Dans son enquĂȘte, l'AP estime qu'au moins 3 200 civils ont Ă©tĂ© tuĂ©s par le frappes aĂ©riennes et les tirs d'artillerie effectuĂ©s par l'armĂ©e irakienne et la coalition[15].

À la mi-mai 2018, le gouverneur de Mossoul, Naoufel Soultane, affirme que 2 838 corps, dont ceux de 600 membres de l'État islamique, ont Ă©tĂ© exhumĂ©s des dĂ©combres depuis la fin de la bataille[498]. En mai, 763 corps sont dĂ©couverts en seulement trois jours selon les dĂ©clarations Ă  l'AFP d'un officier de l'armĂ©e irakienne, le lieutenant-colonel Rabie Ibrahim[498]. Les corps des civils identifiĂ©s sont remis Ă  leurs familles, tandis que ceux des djihadistes sont enterrĂ©s dans une fosse commune, Ă  la pĂ©riphĂ©rie ouest de Mossoul[498].

En janvier 2019, le journal Le Monde estime que d'aprĂšs ses informations, autour de 10 000 civils auraient Ă©tĂ© tuĂ©s pendant la bataille de Mossoul et autour de 10 000 autres auraient Ă©tĂ© tuĂ©s pendant la pĂ©riode oĂč la ville Ă©tait contrĂŽlĂ©e par l'État islamique[24]. Entre octobre 2016 et fin 2018, les registres de l'institut mĂ©dico-lĂ©gal de la province de Ninive, oĂč les corps ont Ă©tĂ© amenĂ©s, rĂ©pertoriĂ©s, et leur ADN prĂ©levĂ©, mentionnent 30 000 noms : des soldats tuĂ©s au combat, des prisonniers morts en dĂ©tention et 13 000 civils[24]. L'identitĂ© de 10 000 civils a Ă©tĂ© Ă©tablie, les 3 000 autres dĂ©pouilles, dont plusieurs n'auraient pas Ă©tĂ© rĂ©clamĂ©es car elles pourraient ĂȘtre celles de familles de djihadistes, sont pour certaines conservĂ©es Ă  la morgue, sous la garde des services de renseignement, et pour d'autres enterrĂ©es Ă  cause d'un manque de place[24].

Plusieurs journalistes trouvent la mort au cours de la bataille : l'Irakien Ali Raysan, tuĂ© le 22 octobre 2016 dans le village d'al-Choura[499], et la Kurde irakienne, Shifa Gardi, tuĂ©e Ă  l'ouest de Mossoul le 25 fĂ©vrier 2017[500]. La journaliste algĂ©rienne Samira Mouaki est Ă©galement griĂšvement blessĂ©e le 13 fĂ©vrier 2017[501]. Le 19 juin 2017, le fixeur kurde Bakhtiyar Haddad est tuĂ© par l'explosion d'un IED aux abords de la vieille ville[502] - [503] - [399]. Également touchĂ©s par la mĂȘme explosion, le journaliste français StĂ©phan Villeneuve succombe Ă  ses blessures dans la nuit du 19 au 20 juin[504] - [505] - [506] - [399], tandis que la journaliste franco-suisse VĂ©ronique Robert dĂ©cĂšde Ă  son tour le 24 juin[507] - [508] - [509] - [399]. Un autre journaliste français, Samuel Forey, est blessĂ©[399] - [510] - [511] - [512].

Déplacés

Le 17 avril 2017, l'ONU affirme que 500 000 habitants ont quittĂ© leur logement Ă  Mossoul depuis le dĂ©but de la bataille[20]. La majeure partie des civils fuyant les combats se rendent dans le camp de rĂ©fugiĂ©s de Khazir, sous administration kurde, Ă  l'est de Mossoul[513]. DĂšs janvier 2017 cependant, plusieurs milliers des habitants des quartiers est regagnent leurs maisons[514]. Selon l'ONU, Ă  la date du 3 aoĂ»t 2017, 948 000 civils ont quittĂ© leur domicile au cours de la bataille, certains d'entre-eux sont alors dĂ©jĂ  retournĂ©s chez eux mais 320 000 dans encore dans les camps et 384 000 chez des proches ou dans des mosquĂ©es[26] - [515].

Annexes

Bibliographie

  • HĂ©lĂšne Sallon, L'État islamique de Mossoul : Histoire d'une entreprise totalitaire, Paris, La DĂ©couverte, , 280 p. (ISBN 978-2-7071-9871-6).

Cartographie

Liens externes

Rapport

Vidéographie

Photographies

Notes et références

Notes

  1. Bilans des pertes de l'État islamique :
    • 2 000 morts ou blessĂ©s selon la coalition, du 17 octobre au 11 dĂ©cembre 2016 (bilan donnĂ© en dĂ©cembre 2016)[13]
    • 25 000 morts, 1 500 chars, blindĂ©s et vĂ©hicules dĂ©truits, 1 247 VBIED dĂ©truits, 130 drones dĂ©truits, selon l'armĂ©e irakienne bilan trĂšs certainement exagĂ©rer (bilan donnĂ© en juillet 2017)[14]
  2. Bilans des victimes civiles :
    • 326 morts reconnus par la coalition internationale[15] ;
    • 1 260 morts selon les dĂ©clarations du Premier ministre irakien HaĂŻder al-Abadi Ă  l'Associated Press (AP)[15] ;
    • 1 066 Ă  1 579 civils tuĂ©s entre le 17 octobre 2016 et le 15 juillet 2017 par les frappes aĂ©riennes et des tirs d'artillerie ; 6 320 Ă  8 901 allĂ©gations de morts civiles causĂ©es par l'ensemble de parties, selon Airwars (bilan donnĂ© en dĂ©cembre 2017)[16] ;
    • 2 521 morts au moins selon l'ONU, dont 741 causĂ©s par l'État islamique et 461 par les frappes aĂ©riennes (bilan donnĂ© en dĂ©cembre 2017)[16] - [17] ;
    • 2 720 corps extraits par la dĂ©fense civile (bilan donnĂ© en fĂ©vrier 2018)[18]
    • 2 500 Ă  4 000 morts d'octobre Ă  fĂ©vrier 2017 selon diverses sources humanitaires du journal Le Monde (bilan donnĂ© en mars 2017)[19] - [20] ;
    • 5 805 morts au moins selon Amnesty International, du 19 fĂ©vrier au 19 juin 2017, causĂ©s par les frappes aĂ©riennes et les tirs d'artillerie de l'armĂ©e irakienne et de la coalition (bilan donnĂ© en juillet 2017)[21] - [22] ;
    • 9 791 morts au moins selon Iraq Body Count (bilan donnĂ© en dĂ©cembre 2017)[23]
    • 9 000 Ă  11 000 morts, dont au moins 3 200 causĂ©s par les bombardements et des tirs d'artillerie de l'armĂ©e irakienne et de la coalition selon, une enquĂȘte de l'Associated Press (AP) (bilan donnĂ© en dĂ©cembre 2017)[15] ;
    • 10 000 Ă  13 000 morts, selon Le Monde, d'aprĂšs les registres de l'institut mĂ©dico-lĂ©gal de la province de Ninive (bilan donnĂ© en janvier 2019)[24]
    • 40 000 morts selon les services de renseignement du Kurdistan irakien, d'aprĂšs les dĂ©clarations d'Hoshyar Zebari, ancien ministre des Finances et ministre des affaires Ă©trangĂšres de l'Irak (bilan donnĂ© en juillet 2017)[25]

Références

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