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Affaire Balkany

L'affaire Balkany est une affaire politico-financière impliquant Isabelle et Patrick Balkany, respectivement première adjointe au maire et député-maire Les Républicains de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

Patrick Balkany, au tribunal correctionnel de Paris en 2019.

Trouvant son origine dans des sommes d'argent non dĂ©clarĂ©es dĂ©tenues en Suisse dans les annĂ©es 1980-1990 (dĂ©lit de fraude fiscale aujourd’hui prescrit), cette affaire intĂ©resse la justice française Ă  partir de 2013 pour des soupçons de blanchiment de cette fraude fiscale par le biais de l’achat de biens immobiliers luxueux, et d'une autre fraude fiscale pour la non dĂ©claration au fisc de ces propriĂ©tĂ©s, dĂ©lit qui aurait permis au couple Balkany de ne pas s'acquitter de l’impĂ´t de solidaritĂ© sur la fortune (ISF). Enfin, les magistrats Ă©largissent par la suite cette affaire Ă  des soupçons de corruption Ă  l'encontre de Patrick Balkany, qu'ils soupçonnent d'avoir achetĂ© une villa de luxe Ă  Marrakech grâce Ă  5,25 millions d'euros donnĂ©s par deux hommes d'affaires belge et saoudien en Ă©change de l'octroi par Patrick Balkany de contrats Ă  Levallois et en Namibie.

En 2019, la justice condamne Patrick et Isabelle Balkany pour fraude fiscale, à une peine de quatre ans de prison ferme avec mandat de dépôt et trois ans de prison ferme, assortis pour tous les deux de dix ans d'inéligibilité (les condamnations sont confirmées en appel).

Le mĂŞme jour, Patrick Balkany est incarcĂ©rĂ© Ă  la prison de la SantĂ© Ă  Paris. Mi-fĂ©vrier 2020, soit 5 mois plus tard, il est libĂ©rĂ© pour raisons de santĂ© et placĂ© sous bracelet Ă©lectronique avec son Ă©pouse. En dĂ©cembre 2021, le tribunal d’application des peines rĂ©voque le placement sous bracelets Ă©lectroniques du couple, en raison de leurs manquements aux conditions de dĂ©tention qui leur Ă©taient imposĂ©es. En janvier 2022, la cour d’appel de Rouen confirme la rĂ©vocation du placement sous bracelet Ă©lectronique du couple[1].

Information judiciaire pour blanchiment de fraude fiscale

Le parquet de Paris ouvre le une information judiciaire pour « blanchiment de fraude fiscale » visant le couple Balkany. Les juges Renaud van Ruymbeke et Patricia Simon, chargés du dossier, ont en effet élargi leur enquête pour fraude fiscale aux déclarations de patrimoine des Balkany, les suspectant d'avoir sous-évalué certains de leurs biens comme le moulin de Cossy, la villa « Pamplemousse » de Saint-Martin et une villa de Marrakech, baptisée « Dar Gyucy »[2], des biens immobiliers et des avoirs offshore que les deux élus des Hauts-de-Seine auraient dissimulés à l'administration fiscale française[3].

La justice s'intĂ©resse Ă©galement Ă  l'acquisition par le couple de sa propriĂ©tĂ© de Giverny et Ă  un compte ouvert auprès de la filiale suisse de la banque nĂ©erlandaise ABN AMRO en [4], Didier Schuller estimant les sommes blanchies par Patrick Balkany en Suisse, au Liechtenstein et Ă  Saint-Martin, Ă  33 millions d'euros, selon des documents publiĂ©s par Mediapart le [5]. Le juge Renaud Van Ruymbeke est chargĂ© par le pĂ´le financier d'instruire l'affaire.

Mise en examen pour « blanchiment de fraude fiscale », « corruption » et « blanchiment de corruption »

L'enquête est élargie à des faits de corruption en : des virements bancaires dénoncés par Tracfin, concerneraient le versement de commissions sur des contrats à l’international, notamment en Afrique, ainsi que sur des marchés publics passés à Levallois-Perret[6].

En , Patrick Balkany est mis en examen pour « blanchiment de fraude fiscale », « corruption » et « blanchiment de corruption »[7]. Les juges anticorruption Renaud Van Ruymbeke et Patricia Simon veulent non seulement interdire au député UMP « d'entrer en contact avec les autres protagonistes (du dossier) », mais aussi l'empêcher « de quitter le territoire métropolitain », craignant qu'il « ne soustraie des éléments de preuve ou fasse pression sur des témoins » à l'étranger. À cet effet, ils préconisent un retrait du passeport et une interdiction de sortie du territoire[8].

Levée de l’immunité parlementaire, interdiction de sortie du territoire

L'immunité parlementaire de Patrick Balkany est levée en par le bureau de l'assemblée[9]. Tandis que son épouse s'est vu imposer une caution d'un million d'euros afin de ne pas être placée en détention, Patrick Balkany doit remettre son passeport à la justice en dans le cadre de son contrôle judiciaire[10]. En , la cour d'appel de Paris prononce à son encontre une interdiction de sortie du territoire liée à cette mise en examen[11].

Condamnation pour « fraude fiscale » dans l'enquête sur son patrimoine

Le 15 octobre 2015, alors qu’il est déjà mis en examen pour « corruption passive » et « blanchiment de fraude fiscale », et que son épouse, Isabelle Balkany, a également été mise en examen pour « blanchiment de fraude fiscale » dans la même affaire, Patrick Balkany se voit signifier le nouveau chef de mise en examen de « fraude fiscale » dans l'enquête sur son patrimoine.

Le , la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) avait saisi le parquet national financier au sujet de Patrick et Isabelle Balkany, compte tenu d'un « doute sérieux quant à l'exhaustivité, l'exactitude et la sincérité de leurs déclarations de situation patrimoniale, du fait de la sous-évaluation manifeste de certains actifs et de l'omission de biens mobiliers et immobiliers »[12].

Les juges soupçonnent Patrick Balkany d'avoir, entre avril 2011 et janvier 2014, omis une partie substantielle de son patrimoine et « fourni une évaluation mensongère » dans les déclarations auxquelles sont soumis les élus auprès de la HATVP[note 1] - . Les magistrats estiment que les Balkany ont eu recours à des sociétés basées au Liechtenstein, à Singapour ou au Panama, afin d'éviter d'apparaître comme propriétaires. Patrick Balkany est mis en examen le 15 janvier 2016 pour déclarations mensongères sur son patrimoine[14].

Le 21 juillet 2017, le parquet national financier renvoie Patrick, Isabelle et Alexandre Balkany en correctionnelle pour « blanchiment de fraude fiscale aggravée » et demande que Patrick Balkany soit aussi jugé pour « corruption passive » et « prise illégale d’intérêts »[15]. Le 22 février 2018, le couple Balkany est renvoyé au tribunal correctionnel[16]. Dans ses réquisitions rendues le 14 mars, le parquet national financier demande que Patrick et Isabelle Balkany, ainsi qu'Alexandre, soient de nouveau renvoyés en correctionnelle pour blanchiment de fraude fiscale aggravée[17]. Pour ce qui est du blanchiment de fraude fiscale, corruption et blanchiment de corruption, le procès a lieu en mai et juin 2019 et le Parquet national financier (PNF) requiert sept ans de prison ferme (avec mandat de dépôt).

Le , Patrick Balkany est condamné pour fraude fiscale à quatre ans de prison et dix ans d'inéligibilité[18], condamnation dont Éric Dupond-Moretti, son avocat, se dit « sidéré » et dont il fait appel. L'exécution du jugement est donc suspendue dans l'attente d'une éventuelle condamnation définitive[19]. Ayant toutefois fait l'objet d'un mandat de dépôt, il est incarcéré le jour même à la prison de la Santé, à Paris. Ainsi empêché d'exercer ses fonctions de maire, il est remplacé de plein droit dans cette fonction par sa première adjointe, son épouse, également condamnée dans la même affaire mais qui n'a pas fait l'objet d'un mandat de dépôt[20]. Il demande aussitôt sa remise en liberté[21] et reste emprisonné jusqu'à ce qu'il soit statué sur cette demande.

Le 18 octobre 2019, Patrick Balkany est de nouveau condamné pour blanchiment, à cinq ans de prison ferme et à dix ans d’inéligibilité[22]. Antoine Vey, l’un de ses avocats, dénonce un « jugement disproportionné » et une « peine incompréhensible »[23]. Patrick Balkany est en revanche relaxé pour le volet de la corruption.

En novembre, à deux semaines de l'ouverture du procès en appel pour fraude fiscale, il se sépare de ses deux avocats, Éric Dupond-Moretti et Antoine Vey. Isabelle Balkany justifie cette décision en déclarant : « On ne peut plus suivre financièrement »[24] - [25].

Le procès en appel concernant les époux Balkany pour blanchiment aggravé et prise illégale d'intérêt commence le 4 février 2020 devant la cour d'appel de Paris[26]. Le 12 février 2020, la cour d'appel de Paris ordonne sa libération sans versement de caution, estimant son état de santé « difficilement compatible avec la détention » à la suite d'une alarmante expertise médicale[27].

Patrick et Isabelle Balkany sont condamnés le 4 mars 2020 en appel, à une peine de quatre ans de prison dont un avec sursis pour Patrick Balkany, et trois ans de prison ferme pour Isabelle Balkany, sans mandat de dépôt, assortis pour tous les deux de dix ans d'inéligibilité[28].

Saisie et vente de villas et autres biens immobiliers

Villas « Pamplemousse » et « Serena » de Saint-Martin

Avant d'investir « Pamplemousse », le couple Balkany frĂ©quente d'abord comme lieu de villĂ©giature une villa Ă  Saint-Martin dans les Antilles françaises, la villa « Serena », dont la location est, en 2015, de 35 000 dollars la semaine. Les magistrats instructeurs les soupçonnent d'en avoir Ă©tĂ© propriĂ©taires de fait et en font un Ă©lĂ©ment du dossier de demande de levĂ©e de l’immunitĂ© parlementaire votĂ©e en mars 2015.

La valeur de la villa « Pamplemousse » de Saint-Martin est estimĂ© Ă  3 millions d'euros. Les Balkany ont longtemps niĂ© ĂŞtre les propriĂ©taires de cette villa[29]. En mai 2014, au cours de sa garde Ă  vue, Isabelle Balkany avoue finalement aux enquĂŞteurs qu’elle possède avec son mari la rĂ©sidence « Pamplemousse » depuis 1997. Le couple Balkany y passant une bonne partie de ses vacances. Isabelle Balkany avait contractĂ© une assurance-habitation pour cette maison et Tracfin en a conclu qu’elle en Ă©tait « ayant droit Ă©conomique »[30].

Tracfin met en évidence que cette villa appartient à une cascade de sociétés écrans domiciliées en Suisse, au Panama et au Liechtenstein. L’origine initiale des fonds utilisés pour acheter cette propriété n’est pas claire, mais Tracfin soupçonne Patrick Balkany d’avoir utilisé une société suisse pour injecter discrètement des fonds dans les années 1990. Il s’agirait de la société « Getrust », domiciliée à Genève[30].

La villa Pamplemousse est saisie début 2015, puis vendue avec l’accord des juges d'instruction, le fruit de la vente étant saisi[31].

Moulin de Cossy Ă  Giverny

Dès 1996, Patrick Balkany avait Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  quinze mois de prison, 200 000 francs d'amende et deux ans d'inĂ©ligibilitĂ© avec sursis pour prise illĂ©gale d’intĂ©rĂŞts pour avoir employĂ© et rĂ©munĂ©rĂ© aux frais du contribuable levalloisien, un couple d’agents techniques de la mairie de Levallois-Perret et les avoir installĂ© sur place au Moulin de Cossy, situĂ© Ă  Giverny (Eure)— elle pour servir de gouvernante, lui pour entretenir le jardin. Cette peine a Ă©tĂ© confirmĂ©e en appel en [32].

En 1997, les Balkany font « don de la nue-propriĂ©tĂ© Ă  leurs enfants ». Dans leur dĂ©claration de patrimoine, ils mentionnent qu'ils en conservent « l'usufruit », pour une valeur estimĂ©e Ă  seulement 297 580 euros, ce qui conduit la Haute AutoritĂ© pour la transparence de la vie publique en 2015 Ă  soupçonner une sous-Ă©valuation de 60 % de la valeur de ce patrimoine[33]. La justice enquĂŞte de plus sur l’entreprise de bâtiments et travaux publics Fayolle & Fils, qui a offert pendant des annĂ©es des matĂ©riaux et a rĂ©quisitionnĂ© certains de ses employĂ©s pour remettre en Ă©tat et valoriser cette rĂ©sidence. En parallèle, cette sociĂ©tĂ© remportait de nombreux appels d’offres Ă  Levallois-Perret, attribuĂ©s soit par la mairie, soit par des sociĂ©tĂ©s de promotion immobilière contrĂ´lĂ©es par la ville[34].

La justice ordonne en juillet 2015 la saisie du Moulin de Cossy, que les élus des Hauts-de-Seine occupaient depuis trente ans. Les Balkany font appel de cette décision, n'en ayant que l'usufruit et non la nue-propriété.

Riad « Dar Gyucy » de Marrakech

D’après les actes officiels, le riad « Dar Gyucy » a coutĂ© 2,75 millions d'euros Ă  l'achat[35]. La SCI « Dar Gyucy » est possĂ©dĂ©e Ă  1 % par Diana Brush, gestionnaire de fonds, et Ă  99 % par une autre sociĂ©tĂ©, Haydrige Investments Group Corp, immatriculĂ©e au Panama et prĂ©sidĂ©e par Marc Angst, prĂ©sident de Gestrust qui emploie Diana Brush. La villa a Ă©tĂ© financĂ©e par deux sociĂ©tĂ©s Ă©gyptiennes, dont une Ă  laquelle participe le milliardaire saoudien Mohamed Bin Issa Al Jaber. Le mĂŞme Al-Jaber qui a financĂ© un projet de tours Ă  1 milliard d'euros Ă  Levallois-Perret, projet supervisĂ© par Jean-Pierre Aubry, directeur de la Semarelp (la sociĂ©tĂ© d'amĂ©nagement de la ville de Levallois). Dans leur requĂŞte de levĂ©e d’immunitĂ© parlementaire, les juges dĂ©crivent « le montage offshore » qui a permis au bras droit de Patrick Balkany, Jean-Pierre Aubry, d'acquĂ©rir cette propriĂ©tĂ© en . Ce dernier a Ă©tĂ© mis en examen pour « complicitĂ© de corruption passive », il est soupçonnĂ© d'avoir servi de prĂŞte-nom[36].

Le compte bancaire de la SCI « Dar Gyucy » a Ă©tĂ© alimentĂ© Ă  plusieurs reprises par Julien Balkany (en), demi-frère de Patrick Balkany, en 2011, 2012 et 2013. Alexandre Balkany, le fils des Balkany, a versĂ© 45 000 euros au total en 2012 et 2013. L’enquĂŞte montre des dĂ©penses d’Isabelle Balkany pour des achats d’ameublement et de dĂ©coration sur Internet (pour un montant total de 18 266 euros) et Ă  Marrakech (pour au moins 15 000 euros) entre et . Par ailleurs, selon l'enquĂŞte, Les sĂ©jours marocains très frĂ©quents des Balkany et de leur fils se dĂ©roulent « sans dĂ©pense hĂ´telière »[3] - [37].

La justice ordonne le la saisie du riad « Dar Gyucy » de Marrakech[37].

Le , conformément aux réquisitions du procureur, Patrick Balkany est condamné à quatre ans de prison ferme avec mandat de dépôt (incarcération immédiate) et dix ans d'inéligibilité pour fraude fiscale, dans le premier volet du procès. Il est incarcéré le jour même à la prison de la Santé[38].

Le délibéré du second volet, consacré aux délits de blanchiment de fraude fiscale et de corruption, sera donné le 18 octobre[39].

Déclaration mensongère sur le patrimoine

Le , la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique saisit le procureur financier compte tenu d'un « doute sérieux quant à l'exhaustivité, l'exactitude et la sincérité de leurs déclarations de situation patrimoniale, du fait de la sous-évaluation manifeste de certains actifs et de l'omission de biens mobiliers et immobiliers »[40].

Ce type de dĂ©lit peut entraĂ®ner 3 ans de prison et jusqu'Ă  45 000 euros d’amende, ainsi qu’une privation des droits civiques pour une durĂ©e maximale de 10 ans et l’interdiction d’exercer une fonction publique.

Les juges soupçonnent Patrick et Isabelle Balkany[41] d'avoir, entre et , omis une partie substantielle de leur patrimoine et « fourni une évaluation mensongère » dans les déclarations auxquelles sont soumis les élus auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Une ordonnance de saisie des juges mentionne : « Le patrimoine des époux Balkany est important. Pourtant aucun bien n'est à leur nom ». « Ils ne disposaient pas de revenus leur permettant d'acquérir un tel patrimoine. Ils ont organisé leur insolvabilité ». Les magistrats sont convaincus que les Balkany ont eu recours à des sociétés du Liechtenstein, de Singapour ou de Panama, afin d'éviter d'apparaître comme propriétaires.

Le maire de Levallois-Perret Patrick Balkany est mis en examen vendredi pour déclarations mensongères sur son patrimoine.

Procès

La justice française s'intĂ©resse Ă  leur acquisition de plusieurs propriĂ©tĂ©s Ă  Saint-Martin, Ă  Marrakech et Ă  Giverny ainsi qu'Ă  un compte ouvert auprès de la filiale suisse de la banque nĂ©erlandaise ABN AMRO en [42]. Didier Schuller, ancien conseiller gĂ©nĂ©ral RPR des Hauts-de-Seine et alliĂ© du couple coopĂ©rant avec la justice, estime les sommes blanchies par Patrick Balkany en Suisse, au Liechtenstein et Ă  Saint-Martin, Ă  33 millions d'euros, selon des documents publiĂ©s par Mediapart le [43].

Le procès s'ouvre le devant le tribunal correctionnel de Paris. Patrick Balkany est accusĂ© de « fraude fiscale »[44], « blanchiment de fraude fiscale aggravĂ©e », « corruption passive », « blanchiment de corruption » et « prise illĂ©gale d'intĂ©rĂŞts par une personne dĂ©positaire de l’autoritĂ© publique »[45]. Isabelle Balkany est accusĂ©e de « fraude fiscale » et « blanchiment de fraude fiscale »[46]. Les juges d'instruction du pĂ´le financier Renaud Van Ruymbeke et Patricia Simon les soupçonnent d'avoir dissimulĂ© au fisc une partie de leur patrimoine de « minimum 13 millions d’euros ». Patrick Balkany est dĂ©fendu par les avocats Éric Dupond-Moretti et Antoine Vey, et Isabelle Balkany par Pierre-Olivier Sur. Le Parquet national financier requiert contre Patrick Balkany 7 ans de prison ferme et 10 ans d'inĂ©ligibilitĂ© et 4 ans de prison ferme contre Isabelle Balkany.

Accusations de corruption

Les magistrats portent des soupçons de corruption Ă  l'encontre de Patrick Balkany, qu'ils soupçonnent d'avoir achetĂ© une villa de luxe Ă  Marakkech grâce Ă  5,25 millions d'euros donnĂ©s par deux hommes d'affaires. Un homme d’affaires belge aurait donnĂ© 5 millions de dollars en Ă©change de l’obtention d’un contrat en Namibie, tandis qu'un autre homme d'affaires, le saoudien Mohamed Al-Jaber, aurait donnĂ© 2,75 millions d'euros en Ă©change de l'attribution d'un marchĂ© Ă  près de 1 milliard d’euros par la Semarelp, sociĂ©tĂ© chargĂ©e de l’amĂ©nagement de Levallois, prĂ©sidĂ©e par Patrick Balkany[47].

Condamnations

Dans le premier volet de l'affaire Patrick Balkany est condamnĂ© Ă  4 ans de prison et est immĂ©diatement incarcĂ©rĂ© Ă  la Prison de la SantĂ©, Ă  Paris. Son Ă©pouse Ă©cope de 3 ans de prison mais demeure libre, ayant interjetĂ© appel et en l'absence de mandat de dĂ©pĂ´t. Pour les deux, la peine est assortie de 10 ans d'inĂ©ligibilitĂ©[48].

Dans le second volet de l'affaire, le 18 octobre 2019, le tribunal rend son verdict. Les mis en cause sont relaxĂ©s de l'accusation de corruption, en revanche pour le blanchiment de fraude fiscale, Patrick et Isabelle Balkany sont condamnĂ©s respectivement Ă  5 et 4 ans de prison ferme (et 10 ans d'inĂ©ligibilitĂ©), avec mandat de dĂ©pĂ´t concernant Patrick Balkany. Arnaud Claude et Jean-Pierre Aubry sont condamnĂ©s Ă  3 ans de prison avec sursis et Alexandre Balkany, le fils du couple, Ă  6 mois de prison avec sursis[49].

Le 12 février 2020, la cour d'appel de Paris ordonne la remise en liberté de Patrick Balkany pour « raisons de santé ».

Le 4 mars 2020, la cour d'appel de Paris confirme le jugement prononcé en première instance pour le premier volet de l'affaire et condamne Patrick Balkany à quatre ans d'emprisonnement, dont un avec sursis, et Isabelle Balkany à trois ans d'emprisonnement, tous deux sans mandat de dépôt. Ils sont également condamnés à dix ans d'inéligibilité avec exécution provisoire[50] - [51].

Chronologie

2013

  • : le parquet de Paris ouvre le une information judiciaire pour « blanchiment de fraude fiscale » visant le couple Balkany. Les juges Renaud Van Ruymbeke et Patricia Simon, chargĂ©s du dossier, ont Ă©largi leur enquĂŞte pour fraude fiscale aux dĂ©clarations de patrimoine des Ă©poux Balkany, les suspectant d'avoir sous-Ă©valuĂ© certains de leurs biens comme le moulin de Cossy, la villa Pamplemousse de Saint-Martin et la villa Dar Gyucy de Marrakech, et dissimulĂ© Ă  l'administration fiscale française des biens immobiliers et des avoirs offshore[3].

2014

2015

  • : levĂ©e de l’immunitĂ© parlementaire, interdiction de sortie du territoire, 2015. L'immunitĂ© parlementaire de Patrick Balkany est levĂ©e par le bureau de l'assemblĂ©e[56].
  • : Patrick Balkany doit remettre son passeport Ă  la justice en dans le cadre de son contrĂ´le judiciaire. Son Ă©pouse s'est vu imposer une caution d'un million d'euros afin de ne pas ĂŞtre placĂ©e en dĂ©tention[57].
  • : la Haute AutoritĂ© pour la transparence de la vie publique transmet ses conclusions au Procureur de la RĂ©publique : « Après instruction des dossiers de Patrick Balkany, dĂ©putĂ© des Hauts-de-Seine, et Isabelle Balkany, ancienne vice-prĂ©sidente du Conseil gĂ©nĂ©ral des Hauts-de-Seine et prĂ©sidente de la SEMARELP, et au recueil de leurs observations respectives, la Haute AutoritĂ© estime, au regard des diffĂ©rents Ă©lĂ©ments dont elle a connaissance, qu’il existe un doute sĂ©rieux quant Ă  l’exhaustivitĂ©, l’exactitude et la sincĂ©ritĂ© de leurs dĂ©clarations de situation patrimoniale, du fait de la sous-Ă©valuation manifeste de certains actifs et de l’omission de biens mobiliers et immobiliers. En application de l’article 40 du code de procĂ©dure pĂ©nale, la Haute AutoritĂ© a jugĂ© nĂ©cessaire de porter l’ensemble de ces faits, susceptibles de constituer des infractions pĂ©nales, Ă  la connaissance du procureur de la RĂ©publique financier et lui a transmis l’ensemble des deux dossiers »[58].
  • : l’association des Contribuables de Levallois-Perret (ACLP92) Ă©crit au ministre de l’intĂ©rieur, Bernard Cazeneuve, pour lui demander de rĂ©voquer Patrick Balkany de sa fonction de maire de la commune de Levallois-Perret. L’association explique que les Ă©lus Balkany n’ont plus « l’autoritĂ© morale nĂ©cessaire Ă  leurs fonctions » après les rĂ©vĂ©lations de leurs mises en examen pour corruption passive, blanchiment de corruption et blanchiment de fraude fiscale.
  • : une enquĂŞte menĂ©e au Maroc par des juges et des policiers français permet la collecte d'Ă©lĂ©ments Ă  charge dans la villa de Marrakech. La perquisition a notamment permis de dĂ©couvrir plusieurs objets marquĂ©s des initiales ou du nom de Patrick Balkany (peignoir, caisses de vin, livres dĂ©dicacĂ©s), ainsi qu'un cahier Ă  spirales avec le logo de la ville de Levallois-Perret[59] - [60].
  • : l’interdiction de sortie du territoire de Patrick Balkany est confirmĂ©e par la cour d'appel de Paris, Patrick Balkany fait appel. Selon la cour, « l’essentiel des avoirs patrimoniaux de Patrick Balkany (et de son Ă©pouse) sont domiciliĂ©s Ă  l’étranger (Maroc, Liechtenstein, Singapour pour ce qui est connu Ă  ce jour, mais qui n’est pas forcĂ©ment exhaustif) »; « toute sortie vers l’étranger pourrait ĂŞtre mise Ă  profit » pour Ă©ventuellement transfĂ©rer des fonds[61].
  • Mi- : le couple Balkany et ses deux enfants font appel des saisies pĂ©nales de biens, ordonnĂ©es par les juges instructeurs[61] - [62].
  • : Ă  la suite de la demande de rĂ©vocation faite en mai par l'association des Contribuables de Levallois-Perret (ACLP92), le prĂ©sident national d'Anticor, association de lutte contre la corruption, Jean-Christophe Picard Ă©crit au prĂ©sident de la RĂ©publique pour lui demander Ă  son tour de rĂ©voquer Patrick et Isabelle Balkany : « Une rĂ©vocation peut ĂŞtre prononcĂ©e non seulement pour une faute grave commise dans l’exercice de leurs fonctions, mais aussi en cas de perte de l’autoritĂ© morale. Le Conseil d'État a ainsi considĂ©rĂ© qu’il Ă©tait possible de rĂ©voquer un maire condamnĂ©, voire simplement mis en examen lorsque la matĂ©rialitĂ© des faits est avĂ©rĂ©e. Or, la mise en examen des deux Balkany s'appuie justement sur des faits Ă©tablis. Outre la note de Tracfin et le signalement de la Haute AutoritĂ© pour la transparence de la vie publique (HATVP) qui ne laissent guère de place au doute, Isabelle Balkany a avouĂ© ĂŞtre propriĂ©taire d’un important bien immobilier non dĂ©clarĂ© au fisc (la villa Plamplemousse, sur l’île de Saint-Martin). Qui pourrait prĂ©tendre, aujourd’hui, que Patrick et Isabelle Balkany possèdent toujours l’autoritĂ© morale nĂ©cessaire Ă  l’exercice de leurs fonctions ? »[63].
  • : des documents transmis par les autoritĂ©s suisses Ă  la justice française prouvent que Patrick Balkany est le bĂ©nĂ©ficiaire direct d’une sociĂ©tĂ© off-shore et d’un compte non dĂ©clarĂ© au Liechtenstein. L'intĂ©ressĂ© choisit de garder le silence devant les questions du juge[64] - [65].
  • , alors qu’il est dĂ©jĂ  mis en examen pour corruption passive et blanchiment de fraude fiscale, et que son Ă©pouse, Isabelle Balkany, a Ă©galement Ă©tĂ© mise en examen pour blanchiment de fraude fiscale dans la mĂŞme affaire, Patrick Balkany se voit signifier le nouveau chef de mise en examen de fraude fiscale dans l'enquĂŞte sur son patrimoine. Les juges soupçonnent aussi Patrick Balkany d’avoir, entre et , omis une partie substantielle de son patrimoine et « fourni une Ă©valuation mensongère » dans les dĂ©clarations auxquelles sont soumis les Ă©lus auprès de l’autoritĂ© pour la transparence financière de la vie publique. Il n’a jusqu’à prĂ©sent pas Ă©tĂ© mis en examen de ce chef[66]. « Le patrimoine des Ă©poux Balkany est important. Pourtant aucun bien n’est Ă  leur nom », relève une ordonnance de saisie des juges, « Ils ne disposaient pas de revenus leur permettant d’acquĂ©rir un tel patrimoine. Ils ont organisĂ© leur in solvabilitĂ© »[67].
  • : dans un courrier adressĂ© Ă  Nicolas Sarkozy, prĂ©sident du parti Les RĂ©publicains, Philippe de Veyrac demande l'exclusion de son parti de Patrick Balkany, au nom de la probitĂ© en politique : « Je veux mettre un peu de propretĂ©, d'honnĂŞtetĂ© et de droiture dans ma famille. Il faut montrer que les politiques ne sont pas tous pareils, pas tous pourris. Nous devons ĂŞtre exemplaires. Les agissements de certains Ă©lus ne sont pas compatibles avec l’image d'un Ă©lu de la RĂ©publique. C’est pourquoi je vous demande ainsi qu'aux instances nationales de bien vouloir tirer toutes les consĂ©quences nĂ©cessaires sur le cas de Monsieur Patrick Balkany et notamment de bien vouloir inscrire Ă  l’ordre du jour du prochain bureau politique, la question de l'exclusion de Monsieur Balkany de notre parti, afin que notre famille politique ne pâtisse pas une nouvelle fois d'agissements terribles, certes marginaux, mais dĂ©vastateurs pour les militants, les Ă©lus et plus largement la RĂ©publique »[68]. Nicolas Sarkozy n'y donnera pas de sutie et les Ă©poux Balkany sont toujours membres du parti.

2016

  • : mise en examen pour dĂ©clarations mensongères sur son patrimoine.
  • : mise en examen pour blanchiment de corruption et de fraude fiscale aggravĂ©e[69], après la dĂ©couverte par les juges d'une nouvelle sociĂ©tĂ© immatriculĂ©e aux Seychelles.

2018

  • : renvoi en correctionnelle pour fraude fiscale.
  • : renvoi en correctionnelle pour blanchiment de fraude fiscale aggravĂ©e[45].

2019

  • : après avoir publiĂ© un long message sur Facebook, Isabelle Balkany fait une tentative de suicide[70].
  • : ouverture du procès au tribunal correctionnel de Paris.
  • 13 septembre 2019 : Patrick Balkany est incarcĂ©rĂ© Ă  la prison de la SantĂ©. Il est condamnĂ© Ă  quatre ans de prison ferme, pour fraude fiscale. Il est Ă©galement condamnĂ© Ă  dix ans d'inĂ©ligibilitĂ©[71].

2020

  • 4 fĂ©vrier 2020 : ouverture du procès Ă  la cour d'appel de Paris.
  • 12 fĂ©vrier 2020 : Patrick Balkany est libĂ©rĂ© par la cour d’appel de Paris pour raisons de santĂ©.
  • 4 mars 2020 : verdict de la cour d'appel de Paris : 4 ans dont 3 ferme pour Patrick Balkany, 3 ans ferme pour Isabelle Balkany[51].
  • 6 mars 2020 : le couple Balkany est dĂ©mis de ses mandats municipaux par un arrĂŞtĂ© du prĂ©fet des Hauts-de-Seine[72].
  • 27 mai 2020 : verdict de la cour d'appel de Paris : 5 ans ferme pour Patrick Balkany, 4 ans ferme pour Isabelle Balkany, assortis d'une amende de 100 000 euros chacun.

2021

  • 30 juin 2021 : la Cour de cassation confirme dĂ©finitivement la culpabilitĂ© des Balkany mais ordonne un nouveau procès concernant le quantum des peines, estimant que l'on ne peut leur confisquer le moulin de Cossy, Ă  Giverny (Eure), dans la mesure oĂą il appartient aux enfants du couple, qui n'en a que l'usufruit[73].

2022

  • 3 fĂ©vrier 2022 : la cour d'appel rĂ©voque le placement sous bracelet Ă©lectronique des Balkany, Ă  la suite d'une centaine d'infractions, et ordonne leur placement en dĂ©tention. Apprenant la nouvelle, Isabelle Balkany fait une tentative de suicide en avalant des barbituriques. Son Ă©poux annonce le dĂ©pĂ´t d'une plainte Ă  l'encontre du juge pour « mise en danger de la vie d'autrui »[74].

Publications

Notes et références

Notes

  1. Une ordonnance de saisie des juges mentionne : « Le patrimoine des époux Balkany est important. Pourtant aucun bien n'est à leur nom (...) Ils ne disposaient pas de revenus leur permettant d'acquérir un tel patrimoine. Ils ont organisé leur insolvabilité »[13].

Références

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  8. Les juges délogent les Balkany, 11 aout 2015
  9. « Levée d'immunité de Balkany : le détail de ses villas et montages offshore », Mediapart.fr, 18 mars 2015.
  10. « Blanchiment de fraude fiscale : Balkany a remis son passeport à la justice : Nouveau coup dur pour le député-maire UMP de Levallois-Perret, Patrick Balkany, qui a été contraint lundi de remettre son passeport à la justice dans le cadre de son contrôle judiciaire », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. AFP, « L’interdiction de sortie du territoire de Patrick Balkany confirmée : La cour d’appel de Paris a estimé que toute sortie à l’étranger, où le député possède des biens, pourrait « être mise à profit pour prendre toutes décisions utiles », quant à ces avoirs », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. « Décisions de la Haute Autorité relatives aux situations de M. Patrick Balkany et de Mme Isabelle Balkany », (consulté le )
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  18. AFP, « Fraude fiscale : quatre ans ferme et incarcération immédiate pour Patrick Balkany : Isabelle Balkany a quant à elle été condamnée à trois ans de prison ferme, sans mandat de dépôt. Le jugement du procès pour blanchiment et corruption sera rendu le 18 octobre », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ) « Cette peine correspond aux réquisitions prises par le Parquet national financier (PNF) lors du procès pour fraude fiscale qui avait eu lieu du 13 au 17 mai. Un second procès, pour blanchiment de fraude fiscale et corruption, s’était déroulé dans la foulée, du 20 mai au 19 juin. ». L'incarcération immédiate a été motivée par le tribunal par le fait qu’il n’était pas exclu que ce dernier soit « incité à se soustraire, autrement que par l’exercice des voies de recours légalement prévues, à l’application de la sanction pénale prononcée ».
  19. Valérie Mahaut, « Condamné pour fraude fiscale, Patrick Balkany a passé sa première nuit en prison », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
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  68. mediapart: Un adhérent des Républicains demande à Sarkozy d'exclure Balkany: Philippe de Veyrac est président de l'Association des contribuables de Levallois-Perret, adhérent no 573746 des Républicains, ancien adjoint au maire de Levallois de 1995 à 2001 (alors que Patrick Balkany s'était envolé aux Antilles pour purger sa peine d'inéligibilité), 27 octobre 2015
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  72. Laurent Valdiguié, « Info Marianne : Isabelle et Patrick Balkany déchus de leurs mandats à Levallois », sur marianne.net, (consulté le )
  73. « La culpabilité des époux Balkany confirmée par la Cour de cassation, qui demande des peines différentes », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  74. « Isabelle Balkany prise en charge par les pompiers après une tentative de suicide, selon son mari », sur ladepeche.fr (consulté le )
  75. Valérie Mahaut, Municipales : un livre sur les Balkany le couple choc de Levallois Le Parisien, 27 février 2014

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