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3e division d'infanterie algĂ©rienne

La 3e division d'infanterie algérienne (3e DIA) est une division d'infanterie de l'armée d'Afrique qui participe à la Seconde Guerre mondiale.

3e division d'infanterie algérienne
Image illustrative de l’article 3e division d'infanterie algĂ©rienne
Insigne de la 3e DIA représentant la statuette ailée de la « Victoire de Cirta ».

Création 15 avril 1943
Dissolution 1946
Pays Drapeau de la France France
Branche Armée de terre
Type Division
RĂŽle Infanterie
Composée de 49e RI
7e RCA
3e RSAR
3e RTA
7e RTA
4e RTT
67e RAA
83e BG
3e BM
Ancienne dénomination Division de Constantine
Devise It crescendo
Guerres Seconde Guerre mondiale

Formée à la suite de la libération de l'Afrique du Nord française, elle s'illustre particuliÚrement en Italie en 1944 au sein du corps expéditionnaire français du général Juin, en Provence, lors des libérations de Toulon et Marseille, dans les Vosges, lors des difficiles combats pour la libération de Basse-sur-le-Rupt et Cornimont, et en Alsace au sein de la 1re armée française du général de Lattre de Tassigny.

Considérée par les généraux de Monsabert et Juin comme la « digne héritiÚre » de la légion romaine d'Afrique du Nord, la IIIe Augusta[1], la 3e DIA est aussi appelée Division des Trois Croissants car elle a pour ossature trois régiments de tirailleurs : le 3e RTA, le 4e RTT et le 7e RTA[2].

La 3e DIA, avec 4 citations à l'ordre de l'armée entre 1943 et 1945, est avec la 1re division française libre (4 citations également) la division française la plus décorée de la Seconde Guerre mondiale et tous ses régiments ont obtenu une fourragÚre.

Son héritiÚre est la 3e division (3e DIV).

« Les tirailleurs de la 3e DIA, la division des trois croissants, écriront sur les pentes des Apennins quelques-unes des plus belles pages d'héroïsme de l'histoire de l'armée française. »

— Pierre Montagnon[2]

Création et différentes dénominations

  • Novembre 1942 Ă  : division de marche de Constantine
  • : constitution de la 3e division d'infanterie algĂ©rienne par dĂ©cision du gĂ©nĂ©ral d'armĂ©e Giraud sous les ordres du gĂ©nĂ©ral de Monsabert, avec deux rĂ©giments de tirailleurs Ă  fourragĂšre rouge, le 7e RTA et le 4e RTT, un rĂ©giment Ă  fourragĂšre jaune, le 3e RTA, le 67e RAA, Ă©galement Ă  fourragĂšre jaune, trois drapeaux dĂ©corĂ©s de la LĂ©gion d'honneur (3e RTA, 4e RTT et 7e RTA).
  • : remplacĂ©e par l'Ă©lĂ©ment divisionnaire no 3.

Insigne et devise

Son insigne représente une statuette ailée, la « Victoire de Cirta », qui a été découverte en 1855 à Constantine (ancienne Cirta dans la province de Numidie), et serait la représentation d'une déesse romaine protectrice des empereurs et vénérée par les armées romaines.

Sa devise est « It crescendo ».

Chefs de corps

Historique des garnisons, combats et batailles

Composition

DĂ©barquĂ©e en Italie en , ses effectifs sont alors de 16 840 hommes dont environ 60 % de MaghrĂ©bins et 40 % d'EuropĂ©ens [3].

Un rĂ©giment de tirailleurs nord-africains comporte un peu plus de 3 000 hommes (dont prĂšs de 500 officiers et sous-officiers) et 200 vĂ©hicules. La proportion de MaghrĂ©bins atteint 69 % pour le rĂ©giment, 74 % pour le bataillon, 79 % pour la compagnie de fusiliers-voltigeurs, 52 % pour la compagnie antichar et 36 % pour la compagnie de canons d'infanterie[4].

Les deux rĂ©giments comprennent entre 900 et 1 000 hommes dont d'environ 15 % de MaghrĂ©bins et 85 % d'EuropĂ©ens[5].

Un rĂ©giment d'artillerie comprend un peu plus de 2 000 hommes dont prĂšs de 40 % de MaghrĂ©bins[4].

  • 83e bataillon du gĂ©nie (83e BG), commandĂ© par le Chef de Bataillon Jacques Colin.
  • 3e bataillon mĂ©dical ;
  • 3e compagnie de rĂ©paration divisionnaire (3e CRD), commandĂ©e par le capitaine RenĂ© Mathieu, puis Robert Brulebois ;
  • Compagnie mixte de transmission 83/84.

Campagne de Tunisie (1942-1943)

La 3e division d'infanterie algĂ©rienne a pour origine la division de marche de Constantine du gĂ©nĂ©ral Welvert, mort au champ d'honneur en Tunisie le . Elle participe, de Ă  , Ă  la reconquĂȘte de la Tunisie sur les Allemands et les Italiens.

Campagne d'Italie (1943-1944)

Créée le à Constantine et placée sous les ordres du général Goislard de Monsabert, la 3e DIA débarque en Italie en .

Au sein du corps expĂ©ditionnaire français en Italie, commandĂ© par le futur marĂ©chal Juin, la 3e DIA s'empare le de la position forte du BelvĂ©dĂšre. En attirant sur elle le gros des rĂ©serves allemandes, elle permet le dĂ©veloppement de la manƓuvre d'Anzio, et celle de l'ArmĂ©e amĂ©ricaine sur le promontoire de Cassino. À propos de ce fait d'armes, et notamment du 4e RTT qui perd au cours de cette bataille la moitiĂ© de ses effectifs et son chef le colonel Roux, le MarĂ©chal Juin Ă©crit dans ses mĂ©moires : « Je ne sache pas, en effet, qu'il y ait dans les annales de l'armĂ©e française, au cours de toute son histoire, de faits d'armes plus Ă©clatants, ni plus sillonnĂ©s d'Ă©clairs que celui accompli par le 4e tunisiens au BelvĂ©dĂšre. »[6]. Selon le gĂ©nĂ©ral Charles de Gaulle, lors de ces combats du BelvĂ©dĂšre, « le 4e rĂ©giment de tirailleurs tunisiens accomplit un des faits d'armes les plus brillants de la guerre au prix de pertes Ă©normes »[7].

En , elle dĂ©borde Monte-Cassino oĂč butent les AlliĂ©s depuis plusieurs mois et participe Ă  l'enfoncement de la ligne Gustav au cours de la victoire du Garigliano.

Rome est prise le et Sienne le .

Au cours de cette campagne d'Italie, Ă©crit Pierre Montagnon, « les tirailleurs de la 3e DIA, la division des trois croissants, Ă©criront sur les pentes des Apennins quelques-unes des plus belles pages d'hĂ©roĂŻsme de l'histoire de l'armĂ©e française. Ces enfants de la vieille Numidie que leur chef, le gĂ©nĂ©ral de Montsabert, qualifie de par leur origine d'hĂ©ritiers de la IIIe Augusta enlĂšveront le Monna Casale (1 395 mĂštres), le Monna Acqua Fondata (1 325 mĂštres), s'accrochent au BelvĂ©dĂšre avant de forcer la ligne Gustav et de marcher sur Rome. »[2].

Campagnes de France et d'Allemagne (1944-1945)

Le , la 3e DIA débarque en Provence, plage de La Foux à Cogolin dans le Var, participe à la libération de Toulon et de Marseille, puis se lance à la poursuite de l'armée allemande dans la vallée du RhÎne.

En septembre-, elle arrive au pied des Vosges. Le , sous les ordres du gĂ©nĂ©ral Guillaume, elle monte Ă  l'assaut d'un ennemi nombreux solidement installĂ© sur les hauts, entre Moselle et Moselotte et l'anĂ©antit aprĂšs cinq jours de combats, notamment au col du Brochet et Ă  la Vrille; le , elle franchit la Moselotte, aprĂšs avoir enlevĂ© les villages de Bamont, Saulxures, puis enlĂšve les hauteurs Nord. Elle progresse ensuite vers Cornimont, qu'elle enlĂšve le repoussant Ă  la TĂȘte des Cerfs, Ă  la Piquante Pierre, au Rondfaing, Ă  la Chapechatte, toutes les contre-attaques lancĂ©es par les Allemands, qui engageaient tous leurs renforts. En vingt jours, la 3e DIA a avancĂ© de plus de 15 km et a obligĂ© les Allemands Ă  dĂ©garnir les secteurs de Belfort et de GĂ©rardmer et Ă  faire venir leurs rĂ©serves d'Allemagne. Elle a anĂ©anti au cours de ces opĂ©rations la valeur de dix bataillons ennemis.

Début la division est engagée sur le Haut du Tot, la Forge et Rochesson afin de couvrir le Corps américain. Bousculant l'ennemi en retraite, elle prend Gérardmer, le Tholy, Chùteau-Lambert, les cols de Bussang, du Bramont et d'Oderen.

En , elle concourt au premier assaut sur Colmar, dégageant le col du Bonhomme, s'emparant d'Orbey et des hauteurs du Worhof qui domine la capitale du Haut-Rhin, préparant ainsi la base de départ, à partir de laquelle l'armée française libérera l'Alsace.

Début , elle est appelée pour défendre Strasbourg menacée et repousse à Kilstett, un des derniers assaut allemands sur la ville.

Le , elle brise la rĂ©sistance ennemie Ă  Oberhoffen-sur-Moder, poursuit les Allemands puis s'empare de Lauterbourg. Elle traverse ensuite la Lauter, frontiĂšre franco-allemande pĂ©nĂ©trant ainsi la premiĂšre en Allemagne oĂč elle enlĂšve les premiers retranchements ennemis sur son sol. Le , en tĂȘte de la 1re armĂ©e française, elle franchit le Rhin par surprise dans la rĂ©gion de Spire. RenforcĂ©e des groupes de tabors marocains, elle rompt les mĂŽles de rĂ©sistance de l'Heuchelberg (de) et du Stromberg et rejette les dĂ©bris de la 47e division allemande au-delĂ  du Neckar et de l'Enz, capturant 2 500 prisonniers.

Le , dĂ©bouchant de la tĂȘte de pont de l'Enz au Nord, s'infiltrant par le Nagold au sud, la 3e DIA encercle Pforzheim et y capture plus de 2 000 prisonniers.

Les campagnes d'Alsace et d'Allemagne s'achĂšvent par le triomphe de la 3e DIA Ă  Stuttgart. AprĂšs avoir cisaillĂ© les dĂ©bris des 16e et 47e VGD dont la retraite se transforme en dĂ©route, elle pĂ©nĂštre, le , dans la ville et les agglomĂ©rations environnantes, dont elle s'empare victorieusement faisant plus de 18 000 prisonniers.

Le , elle y défile devant le général de Lattre de Tassigny.

Remplacée par l'élément divisionnaire no 3 le , elle aura mérité quatre citations à l'ordre de l'armée.

Bilan des pertes

Lors de la Seconde Guerre mondiale, le total des pertes (« Morts pour la France ») subies par la 3e DIA entre et est de 3 078 hommes tuĂ©s (2 097 MaghrĂ©bins et 981 EuropĂ©ens) soit, ramenĂ© aux effectifs moyens de la division, un taux de tuĂ©s de prĂšs de 20 %[8] - [9] - [10] :

Pertes par campagne
Nombre de tués par campagneEuropéensMaghrébins Total
Campagne de Tunisie (1942-43)5072122
Campagne d'Italie (1943-44)5871 3071 894
Campagne de France (1944-45)292599891
Campagne d'Allemagne (1945)52119171
Total (1942-1945)981 (32 %)2 097 (68 %)3 078
Pertes par unité
Nombre de tués par unité Européens Maghrébins Total
4e RTT225 (23 %)750 (77 %)975
3e RTA197 (24 %)614 (76 %)811
7e RTA195 (24 %)614 (76 %)809
67e RAA96 (73 %)36 (27 %)132
7e RCA90 (86 %)15 (14 %)105
3e RSAR90 (87 %)13 (13 %)103
83e GĂ©nie54 (72 %)21 (28 %)75
Autres unités34 (50 %)34 (50 %)68
Total (1942-1945)981 (32 %)2 097 (68 %)3 078

DĂ©corations

La division a été citée quatre fois à l'ordre de l'Armée au cours de la Seconde Guerre mondiale et ses régiments ont tous obtenu une fourragÚre récompensant au moins deux citations à l'ordre de l'Armée[11].

  • FourragĂšre avec olive aux couleurs du ruban de la mĂ©daille militaire et de la Croix de guerre 1939-1945 (4-5 citations Ă  l'ordre de l'ArmĂ©e)
    • 3e rĂ©giment de tirailleurs algĂ©riens (4 citations)
    • 4e rĂ©giment de tirailleurs tunisiens (4 citations)
  • FourragĂšre avec olive aux couleurs du ruban de la croix de guerre 1939-1945 (2-3 citations Ă  l'ordre de l'ArmĂ©e)
    • 7e rĂ©giment de tirailleurs algĂ©riens (3 citations)
    • 7e rĂ©giment de chasseurs d'Afrique (3 citations)
    • 3e rĂ©giment de spahis algĂ©riens de reconnaissance (3 citations)
    • 67e rĂ©giment d'artillerie d'Afrique (2 citations)
    • 83e bataillon du gĂ©nie (2 citations)

Citations collectives à l'ordre de l'Armée

Félicitations des généraux alliés

Personnalités ayant servi dans la 3e DIA

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. « C'Ă©tait la division chĂšre Ă  mon cƓur, celle de Constantine, composĂ©e de gens de chez moi et de Tunisiens, leurs voisins. Or, elle venait de rĂ©vĂ©ler en quatre jours de bataille que, sous l'insigne tricolore des trois croissants qu'elle arborait fiĂšrement, elle Ă©tait la digne hĂ©ritiĂšre de la IIIe Augusta, la glorieuse lĂ©gion de Numidie au temps de l'occupation romaine. », Alphonse Juin, MĂ©moires, Fayard, 1959, v1, p. 264
  2. Pierre Montagnon, Histoire de l'Algérie, Pymalion, 1998, p. 246
  3. Paul Gaujac, Le corps expéditionnaire français en Italie, Histoire et collections, 2003, p. 31
  4. Paul Gaujac, Le Corps expéditionnaire français en Italie, Histoire et Collections, 2003, p. 33
  5. Paul Gaujac, Le Corps expéditionnaire français en Italie, Histoire et Collections, 2003, p. 48-50
  6. Alphonse Juin, MĂ©moires, Fayard, 1959, v1, p. 275
  7. Charles de Gaulle, Mémoires de guerre. L'unité. 1942-1944, vol. II, éd. Plon, Paris, 1960, p. 267
  8. Pertes listées dans le Livre d'or de la 3e division d'infanterie algérienne, Imprimerie nationale, 1948
  9. Anthony Clayton, Histoire de l'Armée française en Afrique 1830-1962, Albin Michel, 1994, p.186
  10. Ces chiffres ne comprennent pas les 123 Français tués appartenant aux FFI du Corps Franc PommiÚs/49e RI rattaché temporairement à la Division entre fin novembre 1944 et mai 1945, Anthony Clayton, op. cit., p.499
  11. Les fourragĂšres sur le site de france-phaleristique.com
  12. Livre d'or de la 3e division d'infanterie algérienne, Imprimerie nationale, 1948
  13. Paul Gaujac, L'Armée de la victoire : de Naples à l'ßle d'Elbe. 1943-44, éd. Charles-Lavauzelle, 1985, p. 48
  14. Patrick Girard, Philippe SĂ©guin : biographie, Ă©d. Ramsay, Paris, 1999, p. 36

Sources et bibliographie

  • Pierre Ichac, Nous marchions vers la France (rĂ©cit du correspondant de guerre de la PremiĂšre ArmĂ©e française, 3e DIA).
  • Livre d'or de la 3e division d'infanterie algĂ©rienne, Imprimerie nationale, 1948
  • Capitaine Heurgon, La Victoire sous le signe des trois croissants la vie, les peines et les gloires de la troisiĂšme division d'infanterie algĂ©rienne, P. Vrillon, 1946
  • De Lattre de Tassigny, Histoire de la premiĂšre armĂ©e française, Plon, 1949
  • Paul Gaujac, Le Corps expĂ©ditionnaire français en Italie, Histoire et collections, 2003
  • Collectif, La vie de la 3e compagnie de rĂ©paration divisionnaire : 15 mai 1943 - 8 mai 1945, 3e CRD, , 98 p.
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