L'École des Arts Décoratifs,Paris, communément dénommée les Arts-décoratifs ou les Arts-Déco, est une école d'art et de design fondée aux XVIIIe et XIXe siècles, située 31, rue d'Ulm à Paris dans le 5e arrondissement.
L'École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris est un établissement public d'enseignement supérieur relevant du ministère de la Culture ayant pour mission la formation de haut niveau, artistique, scientifique et technique d’artistes et de designers.
Lieu de foisonnement intellectuel, créatif et artistique, l'école propose dix spécialisations : Architecture intérieure, Art-Espace, Cinéma d'animation, Design graphique, Design objet, Design textile et matière, Design vêtement, Image imprimée, Photo/ vidéo, Scénographie. L'école accueille en moyenne 700 étudiants, français et étrangers. La formation se déroule sur cinq années. Le diplôme de l'école est un diplôme d'État, il confère le grade de master.
Le laboratoire de recherche de l'école (EnsadLab[1]) offre plusieurs groupes de recherche couvrant les champs des arts et du design et accueille en moyenne 50 étudiants chercheurs et doctorants.
L'ÉnsAD est membre de l'université PSL. Dans ce cadre, l’école participe à la formation doctorale SACRe[2] (Sciences, Arts, Création, Recherche) dont l'ambition est de rapprocher artistes, créateurs et scientifiques.
Elle est membre d'un large réseau d'associations internationales et développe en outre des relations avec 110 écoles supérieures et universités d’art dans le monde.
L'école des Arts décoratifs est née de l'école royale gratuite de dessin créée en 1766 par Jean-Jacques Bachelier (1724-1806), ouverte officiellement en 1767 par lettres patentes du roi Louis XV, et de l'école spéciale et gratuite de dessin pour les jeunes personnes, souhaitée par Bachelier dès les années 1780[3] et mise en place en 1802 par la peintre Marie Frère de Montizon (née Turben, 1760 ?-1845), école ouverte officiellement en 1803 et subventionnée par l’État à partir de 1810[4]. Il s'agissait alors de développer les métiers relatifs aux arts et d'accroître ainsi la qualité des produits de l'industrie. Les cours de l'école de garçons étaient donnés dans ce qui est aujourd'hui le 5 de la rue de l'École-de-Médecine, un bâtiment toujours à l'enseigne de l'école qui, pour accueillir le collège de Bourgogne, a été élevé sur un cimetière juif aménagé au Moyen Âge dans les ruines d'une bâtisse gallo-romaine du temps de l'empereurJulien le Philosophe et est actuellement affecté à l'université de Paris III-Sorbonne Nouvelle.
À proximité se situait l'école de filles, qui rejoint l'ancien collège des Cordeliers au 7 rue Touraine-Saint-Germain (actuelle rue Dupuytren[5]), après avoir été installée rue de la Harpe[6] puis Cour de Rohan.
Par l'apprentissage exigeant et rigoureux du dessin, avec des estampes comme modèles, l'école associait métier et culture, intelligence et sensibilité, afin que les meilleurs artisans deviennent des artistes créateurs. À la base de la formation des garçons, le dessin comprenant géométrie, figure et ornement, visait à contrer la débauche de pittoresque à l'époque et « à rendre la précision familière »[7]. Aux filles, étaient enseignés les quatre genres (figure, ornement, animaux et fleurs), l'École, selon la fondatrice, devant offrir aux femmes « le moyen d'augmenter leurs ressources par une heureuse industrie »[8], même s'il va lui être reprochée de former davantage des artistes que des ouvrières.
De 1841 à 1869, Horace Lecoq de Boisbaudran, utilisant une méthode d'enseignement originale — l'éducation de la mémoire pittoresque —, forma dans l'école de garçons quantité de jeunes artistes parmi lesquels des célébrités comme Fantin-Latour, Dalou, Rodin, etc. Jean-Hilaire Belloc choisit le docteur Simon Noël Dupré (1814-1885) pour remplacer le professeur d'anatomie mais, non titulaire, il doit partir au bout de deux ans car le titre de professeur chargé du cours lui est refusé, et ce malgré l'opposition de ses élèves. L'école de garçons porte alors le nom d'« École impériale de dessin »[9].
Si Rosa Bonheur dirigea avec fierté l'école pour filles pendant plus de dix ans, sa remplaçante, la peintre en miniatures Nelly Marandon de Montyel, introduisit de profondes transformations dans l'École, logée désormais au 10bis, rue de Seine : des nouveaux cours, avec l'entrée de nombreux professeurs, et une variété importante d'approches du dessin (d'après le modèle vivant ou de mémoire par exemple).
En 1877, après plusieurs changements d'appellations (dont la « petite École »), l'institution (pour garçons) devient l'École nationale des arts décoratifs, qui regroupera en 1890 les deux écoles, avec désormais deux sections (filles et garçons), restant chacune à leur adresse respective avant de déménager rue d'Ulm en 1928 — les femmes sont alors logées au 4e étage, certains cours destinés aux garçons leur seront ouverts au cours des années 1930. À partir de ces années, l'école explore de nouveaux domaines, en particulier les arts graphiques. Cassandre crée en 1932 un cours libre sur l'affiche publicitaire.
L'École nationale supérieure des arts décoratifs, rue d'Ulm à Paris.
Après-guerre, sous l'impulsion de son directeur Léon Moussinac, l'école se recentre autour de l'architecture intérieure. Elle devient mixte en 1949[10].
En 1962, Jacques Adnet fait appel à Roger Tallon pour mettre en place ce qui s'appelait encore « esthétique industrielle » et qui sera de facto le premier enseignement de design industriel en France.
Jean-Louis Pradel (1946-2013), historien d'art, enseigne les sciences humaine et l'histoire de l'art contemporain à partir de 1976, animait l'atelier de rencontres.
Le magazine L'Étudiant fait certaines années un classement des « écoles de design produit préférées des pros », il existe environ 77 écoles de design produit en France et l'ENSAD est régulièrement classée dans le top 10[18],[19].
Classements français
2013
2014
2015
2016
2017
L'Étudiant (écoles de design produit préférées des pros)
Jean-Jacques (1724-1806) Auteur du texte Bachelier, Mémoire sur l'éducation des filles, présenté à l'Assemblée nationale ([Reprod.]) / par M. Bachelier,..., (lire en ligne) .
Thierry Chabanne et Stéphane Laurent (dir.), Histoire de l'École nationale supérieure des arts décoratifs (1766-1941), textes de Ulrich Leben, Renaud d'Enfert, Rossella Froissart-Pezone, Sylvie Martin, Paris, éd. EnsAD, 2004.
Marie Frère de Montizon, lettre au ministre de l'Intérieur, 1807, Archives nationales.
Laurent Gervereau, Gérard Paris-Clavel, François Miehe, « L'atelier des Arts-décoratifs. Entretien avec François Miehe et Gérard Paris-Clavel », in Matériaux pour l'histoire de notre temps. Mai-68 : Les mouvements étudiants en France et dans le monde, sous la direction de Stéphane Courtois, n° 11-13, 1988 pp. 192-197 (en ligne sur persee.fr).
René Lesné et Alexandra Fau, Histoire de l'École nationale supérieure des arts décoratifs, 1941-2010, Paris, éd. EnsAD (Archibooks), 2011 (ISBN978-2-35733-098-6)(sudoc.abes.fr).