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Grapus

Grapus est un groupement de graphistes revendiquant un statut d'auteur, qui a eu une certaine influence dans le milieu du graphisme français et international. Il est créé en 1970 par Pierre Bernard, François Miehe (qui s'en retire en 1979[1]) et Gérard Paris-Clavel. Alex Jordan et Jean-Paul Bachollet rejoignent le groupe en 1976. Grapus affirme son intention de « changer la vie » et va s'attacher à développer dans une même dynamique recherche graphique et engagement politique, social et culturel. Le nom Grapus est la contraction d'une insulte soixante-huitarde « crapule stalinienne » (crap stal) et du mot graphisme[2].

Historique

Les trois fondateurs se sont rencontrés pendant le mouvement étudiant de mai 1968, dans l'atelier populaire no 3[1] chargé de la production des affiches murales et slogans de Mai 68 à l'École des Arts-déco[3], l'un des deux lieux qui s'en occupaient à Paris, avec l'École des beaux-arts de Paris.

Ils commencent à travailler pour la lutte pour l’arrêt de la guerre du Vietnam, pour l'identité visuelle de la CGT Paris et sur une campagne d'affichage du Parti communiste français[1].

À partir de 1978, Grapus a l'occasion d'exposer dans d'importantes expositions comme à Paris (Musée de l'affiche), à Amsterdam (Stedelijk Museum), à Aspen (Colorado) et à Montréal (Musée d'art contemporain). Ils réalisent des affiches célèbres et influencent les jeunes générations par leur éthique à la fois novatrice et engagée[4].

Grapus a accueilli de nombreux participants et stagiaires ; en tout 50 à 60 personnes ont fait partie du collectif. La conception des images réalisées s'est toujours faite collectivement[1].

Leur style est marqué par l'utilisation de l’écriture manuscrite et de l’assemblage de techniques diverses (dessin, peinture, photo, texte).

En 1990, le collectif Grapus décide de cesser ses activités après avoir reçu le Grand prix national des arts graphiques.

L'après Grapus

Pierre Bernard fonde, avec Dirk Behage et Fokke Draaijer, « l'Atelier de Création Graphique », qui travaille dans les domaines de l'édition, de l'affiche, de la signalétique et dans le domaine de l'identité visuelle, avec toujours la même conviction (Grapus) que « le graphisme a une fonction culturelle d'utilité publique[5] ».

Gérard Paris-Clavel crée avec Vincent Perrottet l'atelier « les Graphistes associés », qu'il quittera rapidement en 1992. Il devient graphiste indépendant pour développer dans son atelier d’Ivry-sur-Seine une activité artistique autonome à côté de son travail de commande d’artisan graphiste. En 1991 il crée avec Marc Pataut, l’association Ne pas plier[6]: “L’internationale la plus près de chez vous, pour qu’aux signes de la misère ne vienne s’ajouter la misère des signes”. C’est une association pluridisciplinaire composée, d’auteurs, de chercheurs, d’acteurs sociaux… Son terrain est celui de l’éducation et des luttes populaires. Elle propose, sur un mode expérimental, des moyens politiques et esthétiques (mots, images et paroles) pour mettre en action les formes heureuses des luttes.

Alex Jordan fonde l'atelier « Nous Travaillons Ensemble » (NTE) avec Ronit Meirovitz et Anette Lenz (qui faisaient partie de son groupe de travail à l'intérieur de Grapus) avec l'idée, de continuer naturellement la démarche « Grapus ». « Nous Travaillons ensemble » travaille en binôme avec l'association de photographes « le bar Floréal » depuis sa création en 1986 et cosigne également de nombreuses réalisations de l'association multidisciplinaire « la Forge ». NTE est aujourd'hui composé de Sébastien Courtois, de Valérie Debure, d'Alex Jordan, d'Isabelle Jego et de Ronit Meirovitz.

Le Fonds Grapus

À la dissolution du groupe en 1990, il est décidé de céder les archives à la ville d'Aubervilliers au sein des Archives communales. Les documents ont fait l'objet d'un tri et d’un classement à partir de 2001[1].

Il s’agit de la collection la plus complète à ce jour (863 affiches) documentant 20 années de création collective au service de thèmes sociaux, culturels et politiques.

La ville d'Aubervilliers a travaillé en collaboration avec la bibliothèque Forney de la Ville de Paris et le soutien de la Mission Recherche et Technologie du Ministère de la culture, pour pouvoir mettre en ligne le Fonds Grapus sur son site Internet.

Notes et références

  1. « Notice descriptive du fonds Grapus », sur aubervilliers.fr, document PDF, (consulté le ).
  2. « Pierre Bernard, le graphisme engagé », sur Libération.fr (consulté le )
  3. Laurent Gervereau, Gérard Paris-Clavel, François Miehe, « L'atelier des Arts-décoratifs. Entretien avec François Miehe et Gérard Paris-Clavel », in Matériaux pour l'histoire de notre temps. Mai-68 : Les mouvements étudiants en France et dans le monde, sous la direction de Stéphane Courtois, no 11-13, 1988 p. 192-197 (en ligne sur persee.fr).
  4. « Collection du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou », sur centrepompidou.fr (consulté le ).
  5. « présentation de l'Atelier de Création Graphique », sur acgparis.com (consulté le ).
  6. « Ne Pas Plier »

Voir aussi

Bibliographie

  • LĂ©o Favier, Comment, tu ne connais pas Grapus ?, livre d'entretiens, 248 p., Spector Books, 2014 (ISBN 978-3944669489)
  • Collectif, Études sur le collectif Grapus 1970-1990… : Entretiens et archives, 181 p., B42 Ă©ditions, 2016 (ISBN 978-2917855706)
  • Grapus - "Je me souviens d'une exposition Ă  Thiers..." Album de l'exposition Ă  l'Usine du May - Thiers, 2017 - (ISBN 978-2-9568230-0-1)

Liens externes

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