Roger Tallon
Roger Tallon est un designer français, né le à Paris et mort dans cette même ville le , considéré comme le père du design industriel français.
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(Ă 82 ans) 15e arrondissement de Paris |
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Galerie Puntgaaf (d) |
Distinctions |
Royal Designers for Industry honoraire (d) () Commandeur des Arts et des Lettres‎ |
Biographie
Roger Tallon naît à Paris le [1].
Après des études d'ingénieur (1944-1950), il est employé par Caterpillar-France et Du Pont de Nemours[2]. En 1953, il intègre Technès, le bureau d’études techniques et d’esthétique fondé en 1949 par Jacques Viénot, le père de l’esthétique industrielle, et Jean Parthenay. Rapidement promu au poste de directeur technique et artistique de l’agence, il en devient directeur à la mort de Jacques Viénot en 1959[3].
Enseignant dès 1957 à l’École des arts appliqués de Paris, il met en place le premier cours de design en France. En 1963, il crée le département design de l'École nationale supérieure des arts décoratifs à Paris[2].
Roger Tallon meurt Ă Paris le [4].
Appareils ménagers, domestiques et transports routiers
Image externe | |
Créations de Roger Tallon sur le site d'Usine nouvelle. | |
Roger Tallon et son équipe sont auteurs d'une multitude de projets, dont une moto pour la marque Derny (le Taon est présenté en 1955 en 50, 65 et 70 cm3 puis commercialisé en 1957 en 125 cm3), des robots ménagers pour Peugeot, la caméra Sem Véronic 8 mm sans objectif apparent (1957), l'appareil photo Focamatic (1961)[5], les tours Gallic 16 et 14 pour l’entreprise belge La Mondiale , des tracteurs d’aéroports, des chariots élévateurs pour Fenwick, l’image graphique de Fenwick-Aviation, un projecteur de diapositives pour Kodak[6]. L'escalier hélicoïdal M400 qu'il présente pour la première en 1964 au salon international Batimat, et qui est commercialisé depuis 1966, est devenu une référence du design contemporain[7].
Consultant de la filiale Frigidaire de General Motors-États-Unis, Tallon dessine des réfrigérateurs et des machines à laver et crée le département design de l'entreprise américaine[2].
En 1966, le téléviseur portable Téléavia P111 est mis sur le marché contre l'avis de la direction de l'entreprise. C'est un bouleversement de l'architecture du téléviseur et un gros succès commercial : le Téléavia est un objet « culte »[2].
Un tel succès (le nom de Roger Tallon est même connu du public) remplit son carnet de commandes : arts de la table, mobilier, aménagement intérieur, lampes à réflecteurs pour l'allemand Erco, chaussures de ski pour Salomon, brosse à dents pour Fluocaril, bidons d'huile pour Elf, couverts pour Ravinet d'Enfert, Minitel[8].
Proche du monde des arts, Tallon travaille aussi avec Yves Klein, César, Arman ; il est contacté par Catherine Millet, fondatrice de la revue art press, pour en créer la maquette.
En 1973, il fonde l’agence Design Programmes[2]. Solidaire du combat des ouvriers de l'horloger Lip, il crée la gamme de montres et chronographes Mach 2000[9]. Avec Jean-Charles de Castelbajac, il conceptualise un projet de cabine pour Air France en 1974.
- « Derny » Taon.
- Minitel 1.
Transports ferroviaires
Dans le domaine des transports, il s'attaque au métro de Mexico et pour Alstom et la SNCF, aux voitures Corail et au TGV. Ergonomie, couleurs, éclairages — et jusqu'aux cartes ferroviaires que l'on trouve dans chaque rame sont de sa création. Avec le couturier Michel Schreiber, il dessine les nouveaux uniformes des contrôleurs. Roger Tallon est le designer d'une SNCF modernisée, prête à sortir des années 1950-1960[2].
Le projet TGV Atlantique démarre en 1986, Eurostar en 1987 ; Tallon conçoit la livrée et les aménagements intérieurs du premier, la ligne du second, à l'exception des faces frontales. Un nouveau funiculaire signé Tallon gravit la colline de Montmartre en 1991. En 1994, après diverses fusions, Roger Tallon et sa société ADSA intègrent Euro RSCG design. Il s'y occupe des programmes (non aboutis) des TGV texan et canadien, du TGV à deux niveaux pour la France, du projet du métro parisien MP 89 (dont le design est repris par les MP 05, Be 8/8 TL et NS-93), du VAL 208 pour Matra, de la nouvelle identité des chemins de fer finlandais[10].
Roger Tallon a par la suite quitté Euro RSCG et continué sa profession de designer, hors de toute structure. Il travaille alors sur Le curseur, 2009-2013 pour le tramway de Tours, à l'initiative de Régine Charvet Pello avec le collectif « ensemble(s) la ligne » créé avec, entre autres, Louis Dandrel et Daniel Buren[11]. Rames en forme de curseur avec « effet miroir » cernées de bandes noires et blanches[12] - [13].
- Rame Eurostar.
- Rame de TGV Duplex.
- Voiture Corail.
- Rame pendulaire finlandaise.
- Funiculaire de Montmartre.
- MĂ©tro MP 89.
- VAL 208.
- MĂ©tro de Caracas.
- Tramway de Tours.
Prix et distinctions
En 1985, le ministère de la Culture lui attribue le grand prix national de la création industrielle. En 1992, il reçoit, des mains de Jacques Fournier, président de la SNCF, les insignes de commandeur des Arts et des Lettres.
Notes et références
- Insee, « Acte de décès de Roger Gérard Maurice Tallon », sur MatchID.
- (en-GB) « Roger Tallon », The Telegraph,‎ (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consulté le ).
- Grassart 2011, p. 4.
- Luc Cédelle, « L'homme du TGV et pionnier du design industriel, Roger Tallon, est mort », Le Monde,‎ (lire en ligne).
- « Foca OPL appareil photographique haute precision », sur foca-collection.fr (consulté le ).
- Grassart 2011, p. 11.
- Cet escalier modulable sans rampe, réalisé en fonte d'aluminium, est devenu une icône du mobilier contemporain. « Les courbes florales de ses marches, l'ellipse douce qu'elles élèvent dans l'espace, démontrent en effet la ductilité du matériau et sa très grande finesse ». Cf Thierry Grillet, Roger Tallon, itinéraires d'un designer industriel, éditions du Centre Pompidou, , p. 36.
- Grassart 2011, p. 9.
- « Décès du designer Roger Tallon », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Grassart 2011, p. 7.
- Xavier Renard, « Le futur tramway de Tours dévoilé en grande pompe », Bus & Car,‎ (lire en ligne).
- « Le modèle « curseur » retenu pour le tram de Tours », Ville, Rail & Transport,‎ (lire en ligne).
- « Tours selects Citadis and APS », Railway Gazette,‎ (lire en ligne).
- « Search », sur iF WORLD DESIGN GUIDE (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- Gilles de Bure et Chloé Braunstein, Roger Tallon, éd. Dis-Voir, Paris, 2000 (ISBN 2-906571-87-3)
- Pascal Grassart, « Disparition de Roger Tallon, designer du TGV », La vie du rail, no 3335,‎ , p. 4-9.
- Dominique Forest et Françoise Jollant (dir.), Roger Tallon. Le design en mouvement, catalogue d'exposition, musée des arts décoratifs de Paris, 2016.
- Thierry Grillet, Roger Tallon, itinéraires d'un designer industriel, éd. Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle, coll. Monographie, Paris, 1993 (ISBN 2-85850-735-X).
- Catherine Millet, Roger Tallon Ă Vallauris, Ă©d. G. Gardette, Paris, 2001 (ISBN 2-909767-33-7).
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- (de + en) Artists of the World Online
- (en) Cooper–Hewitt, Smithsonian Design Museum
- (en) Museum of Modern Art
- (nl + en) RKDartists
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Mobilier national
- Fonds Roger Tallon au musée des Arts Décoratifs de Paris.