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Toponymie de Gassin

Les habitants de Gassin (commune française du dĂ©partement du Var) ont attribuĂ© au cours des temps des noms aux lieux qu’ils frĂ©quentaient. Ils ont Ă©tĂ© inspirĂ©s par la gĂ©ographie de ce territoire des Maures, les hommes qui le peuplent, leurs croyances, leur organisation sociale, les activitĂ©s Ă©conomiques et leur implantation dans l’espace.

Panneau d’entrĂ©e de village Ă  Gassin

Suivant l’évolution de la sociĂ©tĂ©, de la langue parlĂ©e, des populations prĂ©sentes, les toponymes ont Ă©voluĂ©, se sont superposĂ©s, disparaissant parfois. Ils tĂ©moignent de la vie des hommes et de l’histoire du village.

Les différents ùges de dénominations des noms de lieux

HĂ©ritages anciens

Le territoire de la commune Ă©tait habitĂ© au moins dĂšs le nĂ©olithique[1]. Deux toponymes Ă  l’origine ou l’existence contestĂ©es, ceux du village mĂȘme de Gassin et du quartier d’Avignon, sont considĂ©rĂ©s comme prĂ©-celtiques. Cependant, le premier est l’objet d’autres interprĂ©tations et le second, qui n’apparait qu’à une reprise, sur la carte de Cassini.

La colonisation grecque dans la rĂ©gion est Ă  l’origine du nom AthĂ©nopolis, dont la localisation n’est pas certaine, identifiĂ©e sur la cĂŽte entre Cavalaire-sur-Mer et Sainte-Maxime et plus particuliĂšrement dans le golfe de Saint-Tropez[2], dans le secteur de cette ville[3], possiblement sur la cĂŽte gassinoise.

L’implantation romaine, attestĂ©e par la prĂ©sence de villĂŠ[4], a laissĂ© peu de traces directes. Le village, qui apparaĂźt en 1056 dans un cartulaire de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille sous le nom de Bourrian (castri Borriani), disparaĂźt dans les annĂ©es qui suivent pour laisser la place Ă  Garcin qui deviendra Gassin[5].

La plupart des toponymes connus le sont par le provençal, qui se fixent en français avec les premiers cadastres. Ils dĂ©signent des Ă©lĂ©ments gĂ©ographiques auxquels peuvent ĂȘtre attachĂ©s des noms de personnes ou des adjectifs : sources (Bonne Fontaine), trous d’eau (Gourbenet), pĂąturages (PrĂ© Martel), rochers (Roucas de Casteou), etc.

Une partie de ces noms ont Ă©tĂ© francisĂ©s et demeurent compris aujourd'hui alors que l’orthographe et le sens d’autres ont changĂ© (Val de Bois, qui aurait dĂ» ĂȘtre traduit par Val du Loup).

La rue du Fort, qui fut la premiĂšre rue du village de Gassin

L’ùre moderne

Avec la gĂ©nĂ©ralisation et les progrĂšs de la cartographie, les noms de quartiers se figent. Seuls quelques noms connus apparaissent depuis le XIXe siĂšcle : ceux de la Gare, le bĂątiment et la fonction ont pourtant disparu depuis la fin des annĂ©es 1940, ou les Torpilles. Tous deux correspondent Ă  une Ăšre industrielle qui a peu touchĂ© le golfe de Saint-Tropez par ailleurs, son Ă©conomie traditionnelle dominĂ©e par l’agriculture se muant en industrie touristique[6].

L’exception est formĂ©e par les noms de rue et de quartier au village, qui subissent une profonde modification : la place du Saint-Esprit, la rue droite ou la rue du Marquat disparaissent, remplacĂ©es par la place de la mairie, la rue Longue ou la rue Centrale.

Les voies de communications se multiplient au XXe siĂšcle et avec elles les noms de rue, de quartier, de lotissements ou de parcs rĂ©sidentiels. C’est le cas avec la crĂ©ation de lotissements et de parcs privĂ©s et des noms de peintres au hameau de Gassin, de clubs de golf aux rĂ©sidences du Golf, d’oiseaux Ă  Sinopolis ou de plantes provençales au parc Oasis.

Les voies publiques sont l’objet Ă  la fin du XXe siĂšcle d’une dĂ©nomination officielle au village, qui se dote de plaques de rue. La construction du nouveau village par l’architecte François Spoerry est l’occasion de la crĂ©ation de plusieurs voies aux inspirations diverses : reprises de microtoponymes anciens (rue de Galembert), appellations utilitaires comme autrefois (rue des Écoles) ou hommage Ă  des personnalitĂ©s historiques (place Hannibal de ChĂąteauneuf) ou moderne (rue Marie-Louise Raymond), toujours locales. À l’extĂ©rieur, une partie des noms de rue actuels a repris d’anciens noms de quartiers (chemin de Longagne, chemin de Bagary, chemin de Barbarie).

Ponctuellement depuis, des noms apparaissent, avec la construction de nouveaux ensembles, comme l’allĂ©e du Trident en 2016 aux Marines de Gassin. Certaines places publiques oubliĂ©es jusqu’ici sont Ă©galement officiellement dĂ©nommĂ©es. Ce fut le cas des trois places Ă  l’entrĂ©e du village baptisĂ©es en 2016 du nom de trois soldats gassinois du 15e Corps morts pour la France, faisant oublier les noms utilisĂ©s (parking de la Fontaine, parking Chapelle).

GĂ©ographie

Le village perché de Gassin, vu du quartier Bertaud.

Le relief

Le caractĂšre accidentĂ© du territoire gassinois explique l’abondance d’oronymes.

L’origine discutĂ©e du nom de Gassin

Le nom du village de Gassin est l’objet de plusieurs hypothùses.

Une supposition rĂ©pandue parmi les auteurs du XIXe siĂšcle[7], parfois modernes[8] et largement rĂ©pandue aujourd’hui[9] - [10], est celle d’un dĂ©rivĂ© du latin Guardia Sinus. Le nom du village lui viendrait de son rĂŽle de « Gardien du Golfe ».

Le toponymiste Charles Rostaing propose comme origine la plus probable les racines indo-europĂ©ennes kar (« pierre perchĂ©e Â») et sen (« colline Â», « bĂąti sur un rocher Â») commune Ă  plusieurs villages provençaux : La Crau, Cassis et le Carso. Cela aurait produit Garcin[11].

FrĂ©dĂ©ric Mistral Ă©voque l’origine latine Garcinum, qui a donnĂ© Garcin, Garci, prĂ©cisant que le nom est attestĂ© comme nom de famille en Provence[12]. Élisabeth Ulrich-Sauze, auteure d’une thĂšse de l’École nationale des chartes sur les toponymes des cantons de Grimaud et Saint-Tropez, penche pour un nom de famille d’origine germanique, classant Gassin dans les noms de lieux d’origine indĂ©terminĂ©e[13].

La mĂȘme racine, ou le nom de Garcin/Gassin, a donnĂ© plusieurs toponymes dans le golfe de Saint-Tropez : l’ancien castrum des GarciniĂšres, Ă  Cogolin, Gassine, un hameau du Plan-de-la-Tour et GassiniĂšre, ancien nom de quartier entre Gassin et La Croix-Valmer. A Gassin, prĂšs des Moulins de Paillas, existent Ă©galement les Barri de Gassin. Il s’agit du plus haut point de la commune, Ă  322 mĂštres. Un oppidum datant de l’Âge du fer existait autrefois Ă  cet endroit. Il a Ă©tĂ© dĂ©truit pour la construction d’antennes dĂ©pendant du ministĂšre de l’Écologie, de l’Énergie, du DĂ©veloppement durable et de l’AmĂ©nagement du territoire[4]. Il s’appelle aujourd’hui le Radio Phare[14] - [15].

Angle de la rue Centrale et de la rue de la Calade Ă  Gassin
Angle de la rue Centrale et de la rue de la Calade Ă  Gassin.

Les hauteurs

Plusieurs toponymes ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s Ă  partir de la forme du provençal colo, colline, du latin collis, ou avec le diminutif coulet[13]. Tous ont disparu Ă  part la Colle Bertaud, dans le nord de Gassin, colline qui descend vers la mer et le ChĂąteau Bertaud au nord. Le toponyme est formĂ© avec le nom de personne devenu nom de lieu. Les autres Ă©taient Ă©galement formĂ©s avec des noms : la Colle du Loup (colline descendant vers la Bouillabaisse, avec le nom d’animal), la Colla de Lunaut (avec un nom de personne), la Collo de Sanct-Tropes (avec le nom de lieu), la Colla de la Val (avec le nom commun gĂ©ographique), Colletum et le Collet des Moulieres (avec le nom de lieu) ou un qualificatif : la Colle de Mallaval (dans le quartier des GassiniĂšres, avec le nom Mallaval, formĂ© de val et de mal, mauvais).

Le quartier de Coste Brigade Ă©tait originellement connu comme Coste Bregade. Il dĂ©signait alors le versant de la colline allant du village Ă  Barbeyrolles, jusqu’à la Berle Il a Ă©tĂ© repris comme nom aujourd’hui pour le chemin vicinal numĂ©ro un dit route de Coste Brigade. Le nom dĂ©rive de costo, « cĂŽte, penchant d’une montagne, rampe »[12] et d’un dĂ©rivĂ© du participe passĂ© de l’ancien provençal albergar, « hĂ©berger, loger », connu comme nom de famille[13].

Les CuguiĂšres dĂ©signe une colline Ă  la frontiĂšre entre Gassin et Ramatuelle. Le sommet des CuguiĂšres est les Barri de Gassin, oĂč s’élevait autrefois un oppidum. Il s’agit du point culminant de Gassin, Ă  322 mĂštres. Le nom serait un oronyme dĂ©rivĂ©, comme Cogolin, Cuguyon et Cuguillat, du latin cuculus (capuchon)[16] et du provençal cuculhat (huppĂ©[12])[13].

L’Escaled est un quartier au sud du village, prĂšs de Ramatuelle ; il a donnĂ© son nom Ă  la route de l’Escaled. Ce nom est un diminutif dĂ©rivĂ© de l’ancien provençal escalo, « Ă©chelle, escalier, montĂ©e »[12].

Le quartier de Malleribes dĂ©signe une colline au nord de Gassin descendant vers la mer. Le nom vient de l’adjectif provençal mau, malo, « mauvais » avec ribo « cĂŽte escarpĂ©e »[12]. Ce dernier a Ă©galement donnĂ© Las Ribas, peut-ĂȘtre confondu avec le premier[13]. ExposĂ© aux vents et autrefois peu peuplĂ©, le quartier est aujourd’hui urbanisĂ©. La plage Ă  l’extrĂ©mitĂ© nord du quartier a pris le mĂȘme nom[17].

La Motte est un quartier situĂ© dans l’ouest de Gassin et dont le nom vient de l’ancien provençal mota, « colline, Ă©minence, tertre »[18].

La montagne du Peinier se trouve aux confins de Cogolin, Gassin et La Croix-Valmer. Ce site boisĂ© abrite quelques ruines. Le nom dĂ©rive de pue, puey, via l’adjectif puat, « puy, colline isolĂ©e, sommet »[12] avec l’adjectif -nier, « noir ». Deux autres quartiers ont portĂ© des noms formĂ©s avec ce nom : Pueygros, nom de quartier aujourd’hui oubliĂ©, avec l’adjectif -gros, « gros, grand », et La Puada, avec l’adjectif puĂąt dans le sens de « montĂ©e, roidillon, pente ascendante »[12].

Dans les vallées

Trois noms sont utilisés pour désigner les vallées.

La liste est longue des noms de lieux crĂ©Ă©s Ă  partir de cros, « creux », dĂ©signant souvent un fond de vallĂ©e propice Ă  l’agriculture. Seul le Cros de Martin, quartier situĂ© Ă  l’ouest du village sous le cimetiĂšre, dont le nom est formĂ© avec le nom de personne, existe toujours. Les autres sont aujourd’hui oubliĂ©s : le Cros, utilisĂ© seul et, avec les noms d’hommes, de saints et de lieux : le Cros de Galambert, le Cros de Johan, le Cros de la Berla, le Cros de la Bonne Font, le Cros de la Moute (aujourd’hui remplacĂ© par Caruby ; voir la Motte), le Cros de la Roguiera, lo Cros de las Loboas (voir Val de Bois), Lo Cros de Mege, Le Cros de Saint-Martin, lo Cros de Sanct Sperit, lo Cros de Val Longanha, lo Cros de Villa Vielha (voir Ville Vieille), le Cros du Moulin de Verdagne.

Les mots provençaux plan et plano, de mĂȘme sens, sont Ă  l’origine de nombreux toponymes, dont un seul a survĂ©cu : la Plaine, quartier situĂ© au nord du village, entre la Foux, la Citadelle et Bertaud. De nombreux autres lieux-dits Ă©taient autrefois dĂ©signĂ©s ainsi : le Plan (ou le Plan de Gassin), lo Plan de Borriam, lo Plan de l’Olme, la Plaine de Bertaud, la Plaine de Grand Devens, la Plaine de Saint-Martin, la Plaine du Mollin, la Plaine du Puis. Le pluriel : les Plaines de Billieu, les Plaines du Perussier, las Planas de la Gastoa, las Planas del Brahosc, las Planas del Molin dels Benes, et, avec le dĂ©rivĂ© planestĂšu, « plateau, terrain plat et Ă©levĂ© » : lo Planestial[13].

Le Val de Bois est toujours aujourd’hui accidentĂ© et boisĂ© ; il s’étend du quartier Bertaud au nord Ă  la frontiĂšre entre Gassin, Ramatuelle et Saint-Tropez au nord-est. Son nom dĂ©rive du provençal vau, via le latin vallis, « vallĂ©e Â», accompagnĂ© d’un adjectif substantivĂ© de lupus, « loup ». Le toponyme a Ă©tĂ© repris pour un odonyme de la rĂ©sidence de Sinopolis, l’allĂ©e du Val de Bois. Le diminutif a Ă©galement donnĂ© lo Valoun de Mege, aujourd’hui inusitĂ©[13]. Le nom Valescure dĂ©signe une petite vallĂ©e et riviĂšre touchant aux Barri de Gassin ; il vient de vau, accompagnĂ© de l’adjectif -escur, « obscur, sombre »[18].

L’eau

Dans un territoire bordĂ© par la mer MĂ©diterranĂ©e, au fond du golfe de Saint-Tropez, la prĂ©sence humaine Ă  Gassin s’est organisĂ©e en fonction de la prĂ©sence de l’eau. ÉlĂ©ment irremplaçable et positif pour les hommes, les bĂȘtes et les cultures, l’eau peut porter une image nĂ©gative, vĂ©hiculant la maladie, comme dans les anciens marais de la Foux, ou lors d’inondations soudaines.

Cours d’eau

Les hydronymes figurent souvent parmi les noms aux racines les plus anciennes. Cela explique que certains noms, comme celui du BĂ©lieu, soient inexpliquĂ©s (voir au chapitre des noms d’origine indĂ©terminĂ©e). Les autres tirent leur nom du provençal, Ă  une exception prĂšs (voir le chapitre « Hommes et Dieux Â» pour le Bourrian et Flore pour la Berle).

L’exception est Avignon [19], nom de plage et de quartier (canton d’Avignon), situĂ© sur la Carte de Cassini entre les quartiers actuels de Bertaud et Bouillabaisse. Ce serait un dĂ©rivĂ© d’une racine prĂ©-indo-europĂ©enne[11] comme la ville d’Avignon : ab-ĂȘn suivi du suffixe -i-ƍn(e), connu par le grec ĐáœÎ”ÎœÎčᜌΜ (Auenion) et le latin AvennÄ­o. Son existence est cependant remise en doute, car il n’apparaĂźt que sur cette seule carte : il pourrait s’agir d’une confusion avec un nom du territoire de Grimaud, plus au nord[13].

Le provençal rial, riau, « riviĂšre » a donnĂ© le Real de Gassin, avec le nom de ville. Il s’agit d’un ancien nom de la Bouillabaisse, ruisseau qui sĂ©pare Gassin de Saint-Tropez. Il apparaĂźt sur la carte d’État-Major sous le nom de ruisseau de Gassin. Le diminutif rialet, a donnĂ© lo Rialet, ancien nom d’un ruisseau au sud-ouest du village[12] - [13]. Le mĂȘme a donnĂ© rivalet, utilisĂ© Ă  Sinopolis pour une avenue du Rivalet. Le provençal revou, « tournant d’eau, endroit oĂč l’eau tourbillonne »[12] - [13], est Ă  l’origine du Revau, lieu-dit aujourd’hui oubliĂ© situĂ© sur le cours du Bourrian. Le mĂȘme a donnĂ© rivalet, utilisĂ© Ă  Sinopolis pour une avenue du Rivalet.

Le provençal regoun, « petit ruisseau », diminutif de rego, « raie, sillon », a fourni deux noms. Rogon de la Valette dĂ©signe un lieu-dit et un chemin situĂ© au nord-est du village, prĂšs de Saint-Tropez. Le nom Ă©tait Ă  l’origine Regon des Villettes, formĂ© avec l’ancien provençal vileta, diminutif de vila, « ferme, maison de campagne », dont le sens s’est perdu et transformĂ©[13]. Un autre nom, aujourd’hui oubliĂ©, peut en ĂȘtre rapprochĂ© : lo Regon del Pontilhal, formĂ© avec le diminutif de pont, de mĂȘme sens qu’en français[12] - [13].

La MontĂ©e de la Rigoulette est un escalier qui relie la rue de l’Aire et la place deĂŻ Barri. Son nom provient du nom autrefois donnĂ© Ă  un petit ruisseau qui descend du cĂŽtĂ© sud-est du village vers la Berle, du provençal regouleto, rigouleto « petite rigole »[12] - [13].

Le Chemin du Vallat est un chemin de randonnĂ©e qui, avec le sentier des Sources, le sentier des Restanques et le sentier des BugadiĂšres, forment les Boucles de l’Arlatane, au sud du village. Il doit son nom au provençal « ravin, lit d’un torrent »[12]. Ce nom n’apparaĂźt pas dans les documents anciens ; il s’agit d’un nom donnĂ© Ă  la fin du XXe siĂšcle, possiblement Ă  partir d’un ruisseau existant, ces derniers Ă©tant nombreux dans ce secteur au dĂ©nivelĂ© important[20]. Il existe Ă  Sinopolis une allĂ©e du Vallat.

Panneaux d'orientation sur les boucles de l’Arlatane à Gassin
Panneaux d’orientation sur les boucles de l’Arlatane à Gassin

Sources et fontaines

De trĂšs nombreux toponymes ont Ă©tĂ© formĂ©s Ă  partir du provençal font, dans le sens de « fontaine Â», accompagnĂ©s de noms de personne, de lieu ou d’un adjectif. C’est le cas du quartier de Bonne Fontaine, Ă  l’est du village de Gassin, dont le nom est toujours utilisĂ© aujourd’hui, mĂȘme si la source est tarie, avec l’adjectif bona, bonne[13]. De nombreux noms ont disparu : Font d’Angaudo, Font d’Autran, Font de Belieu, Font de Bregas, Font de Cauvet, Font de Grimaud, Font del Castel, Font del Rayol, Font de Villa Vielha, Font Rolando[13] et Font de Casteu[21].

Le nom de la Font Bressat a Ă©tĂ© construit avec le participe passĂ© du provençal bressa, « bercer, remuer » ; la Font de Frenon, dans le quartier des MouliĂšres, vient du provençal infern, peut-ĂȘtre pour dĂ©signer un lieu d’accĂšs difficile[13]. Le terme dĂ©signe Ă©galement la fosse d’évacuation des moulins[12]. La Font del Roure dĂ©signait probablement une source Ă  proximitĂ© d’un quercus petraea, le chĂȘne rouvre en provençal.

Les eaux stagnantes

Plusieurs quartiers de Gassin Ă©taient caractĂ©risĂ©s autrefois par leur insalubritĂ© due aux eaux stagnantes ; dans d’autres cas, la prĂ©sence permanente d’eau Ă©tait plutĂŽt favorable. Cela est Ă  l’origine de nombreux noms de lieux toujours utilisĂ©s.

C’est le cas de l’un des cĂ©lĂšbres quartiers de Gassin, celui de La Foux, connu par son carrefour de La Foux. Il est situĂ© au nord-ouest de Gassin, partagĂ© avec Cogolin. Son nom vient du provençal font, dont le sens a variĂ© de « point d’eau permanent, qui ne tarit pas » Ă  « fontaine ». C’est le premier sens qu’il faut privilĂ©gier ici[13]. Le quartier, formĂ© autrefois d’un bras de la Giscle, Ă©tait autrefois marĂ©cageux[8].

A l’opposĂ© de la commune se trouve le Gourbenet. Ce quartier s’étend Ă  la limite avec la Croix-Valmer le long d’un petit ruisseau, gourg en provençal, de l’ancien provençal gorc, « gouffre »[12]. Le nom ancien Ă©tait en Gorc Benet, avec un nom de personne. Deux autres toponymes aujourd’hui disparus, lo Gorc de Gandolessa, et lo Gorc de l’Oleta, ont Ă©tĂ© formĂ©s Ă  partir de gorc, ce dernier avec le terme ouleto, « petite marmite » Ă  comprendre comme « petit creux de rocher »[12].

Longagne est un quartier au nord-ouest de Gassin. Il dĂ©signait autrefois un lieu plus bas dans la plaine, voisin de Mourteires, au sens proche. Ce nom est d’origine provençale, loungagno, devant ĂȘtre compris dans un sens plus ancien : « latrines, cloaque, lieu infect »[12].

Le quartier de MouliĂšres se trouve entre Rebois et Barbarie, Ă  l’ouest du village. Son nom vient du provençal mouliero, signifiant « prairie marĂ©cageuse »[12]. Le nom du quartier de Mourteires, confondu aujourd’hui avec La Foux, vient possiblement de l’ancien français mortier, « boue »[22]. Il s’agirait du diminutif du provençal mourtiĂ©, mourteiret. A disparu Ă©galement le lieu-dit Stagnum, dont le nom dĂ©signait une Ă©tendue d’eau stagnante[13].

Puits Ă  Gassin marquant le carrefour entre la rue du Puits et la rue de la Calade au village
Puits Ă  Gassin marquant le carrefour entre la rue du Puits et la rue de la Calade au village

Les puits

La nécessité de pouvoir se fournir en eau a conduit, au village comme dans les plaines, à la création de nombreux puits, dont les noms dérivent du provençal pous. Il en demeure deux sur le domaine public au village, datés du XVIIe siÚcle, sur les trois qui existaient au XIXe siÚcle.

Le lieu-dit du Puits, Ă©galement dĂ©nommĂ© le Bon Puits, dĂ©signait une partie du plateau Ă  la sortie sud du village, sur le chemin de Ramatuelle. Il a Ă©tĂ© construit avec l’adjectif bon, de mĂȘme sens en provençal qu'en français. Avec l’adjectif « neuf Â» a Ă©tĂ© crĂ©Ă© le nom du Puis Neuf, lieu-dit oubliĂ© et non localisĂ©, Ă  proximitĂ© du village.

Il existe aujourd’hui au village la rue du Puits. Son nom, de crĂ©ation rĂ©cente, n’apparaĂźt pas dans les documents anciens. Elle fait suite Ă  la rue Longue et conduit Ă  la rue de la Calade. Le puits qu’il dĂ©signe se trouve Ă  l’angle de ces deux rues. Il date du XVIIe siĂšcle.

Au sud-ouest du village se trouve le chemin du Puits Saint-Jean.

Le sol

La qualitĂ© et la composition des sols sont Ă  l’origine de noms qui rappellent les principales caractĂ©ristiques gĂ©ologiques de Gassin. (Voir aussi le chapitre sur l’agriculture).

Le caractĂšre rocheux et pierreux du sol gassinois apparaĂźt dans de nombreux noms. Roucas dou CastĂ©ous, quartier Ă  l’est du village entre Minuty et Barbeyrolles, possĂšde un nom formĂ© du provençal roucas, « rocher », avec casteu, « chĂąteau ». Deux autres anciens noms de lieux sont issus du provençal roco : La Roquo et La Roqua del Folet[13]. Le nom de lieu, aujourd’hui inusitĂ©, Los Clapies, vient du provençal clapier « tas de pierres, terrain couvert de pierres »[12]. Le nom de Lo Gres de Sanct Laurens ancien lieu-dit du quartier de Saint-Laurent, Ă©tait formĂ© avec le provençal gres, « terrain graveleux, pierreux »[18], et le nom de saint. Un autre nom a existĂ© sur la mĂȘme forme : lo Gres de Sanct Martim[13].

Le nom de quartier de Verdagne au sud du village, pourrait ĂȘtre rattachĂ© aux hydronymes. Il vient du provençal verd, probablement pour dĂ©signer un lieu humide et verdoyant[13]. Son nom est associĂ© au moulin de Verdagne, quartier dont un camping a pris le nom.

Le nom de lieu Rouilloux, dĂ©signait un quartier au sud-ouest, Ă  la frontiĂšre avec La Croix-Valmer. Il vient du provençal rouious, « rouillĂ©, couleur de rouille », peut-ĂȘtre par association aux espaces peuplĂ©s de messugues et de fougĂšres[13] ou Ă  la couleur du sol.

Las Arenas, nom de lieu aujourd’hui disparu, du provençal areno, dĂ©crivait un « lieu plein de sable »[12], du « menu sable qui couvre les bords de la mer et des riviĂšres »[18].

L’Anglade, ancien nom de lieu Ă  l’ouest de la Foux, formĂ© Ă  partir du provençal anglado, signifiait un « angle, [un] coin de terre »[12].

Le vaste quartier de FumĂ©e Longue s’étend au sud-ouest, entre la Mort du Luc et Bourrian. Son nom vient du provençal familongua et signifie « longue faim », peut-ĂȘtre pour qualifier des terres inhospitaliĂšres[13].

Vue de Gassin et du Golfe de Saint-Tropez depuis BaguairĂšde
Vue de Gassin et du Golfe de Saint-Tropez depuis BaguairĂšde

La flore

La vĂ©gĂ©tation a Ă©galement fourni d’abondants toponymes qui fournissent des indications sur l’état de la nature, son Ă©volution et le rapport de l’homme Ă  son environnement par le choix de dĂ©crire certains lieux par la prĂ©sence d’espĂšces typiques. (Voir Ă©galement le chapitre Vergers).

Les pins, si nombreux dans la rĂ©gion, apparaissent dans deux toponymes, dont La PinĂšde, quartier au nord-est de Gassin, partagĂ© avec Ramatuelle. Le nom vient du provençal pin, de mĂȘme signification. L’arbre a Ă©tĂ© utilisĂ© pour dĂ©signer un autre nom de quartier, lo Pim de Ricardessa, aujourd’hui disparu[13]. (Pour le quartier de Pin Pinon voir le chapitre consacrĂ© Ă  la Vigne). Il existe Ă  Sinopolis une allĂ©e des Pins Bouans, nom peut-ĂȘtre formĂ© avec l’adjectif bouan, bon.

Un autre arbre emblĂ©matique du territoire apparaĂźt dans un odonyme : La Rampe des Micocouliers. Ce passage en escalier au village permet de rejoindre la rue de l’Enclos et la place deĂŻ Barri. Il doit son nom au micocoulier de Provence, dont plusieurs spĂ©cimens ornent la place deĂŻ Barri.

Le vaste quartier de BagarĂšde, aux confins de Gassin, la Croix-Valmer et Cogolin doit son nom au provençal baguiĂ©, « laurier », avec le suffixe -edo , pour former des « taillis [...] de lauriers »[18]. Il a donnĂ© son nom Ă  la piste de BagueirĂšde Nord, qui traverse la commune du nord au sud depuis Font-Mourier jusqu’au quartier de BagueirĂšde et Ă  un quartier au nord-est de ce dernier : BagueirĂšde Haute.

Les lieux humides et leur vĂ©gĂ©tation spĂ©cifique ont fourni plusieurs toponymes, dont l’un des plus rĂ©pandus : La Berle. Ce nom dĂ©signe un quartier, une fontaine, une riviĂšre et une route Ă  l’est du village. Elle relie la plaine de Gassin au nord au village par l’est en passant par les deux hameaux devenus domaines viticoles : Minuty et Barbeyrolles. Son nom vient du provençal berlo, « berle dressĂ©e » plante aquatique prĂ©sente dans le Var[13]. L’ancien nom de lieu aujourd’hui oubliĂ© Lo Canier est issu du provençal cana, « canne de Provence, roseau cultivĂ© [...] commune dans les lieux marĂ©cageux de la Provence mĂ©diterranĂ©enne » et son dĂ©rivĂ© canier, « cannaie, lieu plantĂ© de cannes »[18]. Le nom du quartier des JonquiĂšres, au nord, prĂšs de la Foux, du provençal jounguiera, signifie « jonchĂšre, lieu couvert de joncs »[18]. Le nom s’écrivait autrefois au singulier[13].

Trois espĂšces d’arbres apprĂ©ciant les lieux humides ont donnĂ© leur nom Ă  des lieux-dits, aujourd’hui inusitĂ© : Champ de l’Hormeaud, dans le secteur de BĂ©lieu, dont le nom est issu du provençal olme, traduit en français en orme[13]. Lo Fraysse, au sud du village, doit son nom au provençal fraisse, « frĂȘne ». Avec le suffixe -eda, il a formĂ© un autre nom de quartier aujourd’hui inusitĂ© : la Fraysseda. Le frĂȘne a Ă©tĂ© Ă  l’origine du nom mĂȘme de la rĂ©gion, longtemps connue comme le Fraxinet, aujourd’hui le Freinet, du latin fraxinetum[13]. Le quartier de la Vernatelle au sud-ouest, a Ă©galement un nom issu du provençal. Vernatello signifie « petite aulnaie », dĂ©rivĂ© du provençal verno, « aulne »[12]. Cet arbre a Ă©galement donnĂ© son nom Ă  un quartier aujourd’hui oubliĂ©, la Boal de la Verne et Ă  la Chartreuse de la Verne[13].

Le chĂȘne-liĂšge, espĂšce trĂšs rĂ©pandue aujourd’hui et toujours utilisĂ©e, n’a laissĂ© aucune toponyme, contrairement au chĂȘne pubescent ou chĂȘne blanc, du provençal roure, « rouvre ». La RouillĂšre, quartier Ă  l’est, partagĂ© avec la commune de Ramatuelle, doit son nom Ă  rouviero, « forĂȘt de rouvres ». Il est toujours aujourd’hui boisĂ© en chĂȘnes ; le nom est utilisĂ© par le domaine viticole qui s’y est implantĂ©. Le chĂȘne a Ă©galement donnĂ© la Font del Roure, aujourd’hui oubliĂ©[13].

Deux lieux ont autrefois Ă©tĂ© nommĂ©s d’aprĂšs des arbres fruitiers sauvages : L’Agranasseda et Purissier, tous deux Ă  l’ouest du village. Leur nom vient du provençal, agrenas, « prunellier », avec le suffixe -eda, « lieu plantĂ© de prunelliers » pour le premier, et peirassiĂ©, « poirier sauvage »[12], pour le second. Cet arbre, autrefois rĂ©pandu dans le Freinet, a Ă©tĂ© utilisĂ© pour dĂ©signer un autre quartier, aujourd’hui oubliĂ© : lo Pera[13].

Le nom de La Font de Bregas, a Ă©tĂ© formĂ© avec font, « source Â», et du dĂ©rivĂ© du provençal brusc « bruyĂšre », dĂ©signant la bruyĂšre arborescente, avec le suffixe augmentatif -as[12] - [13]. L’ancien nom de lieu Bouis, aujourd’hui inusitĂ©, vient du provençal bouis , « buis, arbrisseau »[12].

Une seule fleur est Ă  l’origine d’un toponyme, aujourd’hui oubliĂ© : Las Porraquedas, du provençal pourraco « asphodĂšle », avec le suffixe -eda « champ d’asphodĂšles »[12] - [13].

La faune

Un seul animal figure parmi les toponymes anciens : le loup. Il a donnĂ© la Colle du Loup, ancien nom de quartier aujourd’hui inusitĂ© au nord-est, prĂšs de Saint-Tropez. Le nom vient du provençal loubo, « louve », ou peut-ĂȘtre dans le sens « crĂȘte de montagne dentelĂ©e ». Le Val de Bois possĂšde la mĂȘme origine, tout comme Les Louboues, quartier au nom oubliĂ© aujourd’hui, aux confins de Gassin, prĂšs de Ramatuelle et de Saint-Tropez[13].

Le climat

Gassin possÚde trois anémonymes, dont deux se trouvent au village.

La MontĂ©e Ven Terraou est une route Ă  l’entrĂ©e du village, menant du cimetiĂšre Ă  la place Neuve. Son nom vient du provençal ven, « vent » et terrau, « terre ». Ven terraou signifie littĂ©ralement « vent de terre » ; il s’agit du vent soufflant du nord-ouest Ă  Gassin, Ă  savoir le Mistral. Il s’oppose au vent marin, qui souffle lui, Ă  Gassin, d’à peu prĂšs tous les autres cĂŽtĂ©s. VĂšnt-terrau Ă©tait usitĂ© autrefois depuis le Forez jusqu’à l’embouchure du RhĂŽne et au-delĂ .

La Traverse du Levant , au nouveau village, doit son nom au vent d’est trùs humide qui souffle sur les cîtes de Provence.

L’allĂ©e du Ponant est une voie situĂ©e Ă  Sinopolis qui se rĂ©fĂšre Ă  un vent qui souffle de façon plus marquĂ©e de l’ouest que le Mistral.

Hommes et Dieux

Les anthroponymes abondent. Ils sont proposĂ©s comme origine, outre Gassin (selon l’hypothĂšse d’Élisabeth Sauze), pour le Bourrian, premier nom d’habitat connu du village et de l’important quartier Bertaud, coseigneurie de Gassin au Moyen Âge.

Bourrian

Le lieu d’implantation d’AthĂ©nopolis Ă©tant indĂ©terminĂ© et les noms des installations romaines n’étant pas connus, Bourrian est le nom du premier village attestĂ© ayant existĂ© sur le territoire de Gassin. Le lieu d’établissement exact de cet habitat est incertain. Il pourrait ĂȘtre identifiĂ© avec le quartier de Villevieille ou pourrait ĂȘtre l’ancien nom de Gassin.

Il est connu par le cartulaire de l’abbaye Saint-Victor comme le castrum Borriani en 1056, mais n’apparaĂźt plus dans les documents postĂ©rieurs, remplacĂ© par Garcin pour lequel il n’y avait jusqu’ici pas de mention en tant que lieu d’habitation[5].

Le nom demeure aujourd’hui prĂ©sent dans la riviĂšre qui traverse la commune du sud-ouest au nord, Le Bourrian. Il existe Ă©galement un quartier du Bourrian, une route du Bourrian et un domaine viticole a Ă©galement pris ce nom.

Il s’agit Ă  l’origine d’un nom de domaine gallo-romain formĂ© autour du sobriquet burrus, « roux »[11] - [13]. Albert Germondy proposait au XIXe siĂšcle une origine grecque, ÎČÎżÏÎŹ, auquel il donne la dĂ©finition de « pĂąturage Â»[23].

Le chĂąteau Bertaud vu depuis la rive du BĂ©lieu

Bertaud

Le quartier actuel de Bertaud a Ă©tĂ© autrefois un vaste domaine accueillant le chĂąteau Bertaud, arriĂšre-fief de la baronnie de Grimaud, dont les seigneurs Ă©taient coseigneurs de Gassin. Il a abritĂ© un habitat ancien puisque les restes d’une villa romaine ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es lors de travaux sur le site actuel de l’usine des torpilles de Naval Group.

Il a donnĂ© au cours du temps son nom Ă  diverses entitĂ©s gĂ©ographiques (Colle Bertaud, le chemin de Bertaud, le Carton de Bertaud, la Plaine de Bertaud), Ă  un pin autrefois cĂ©lĂšbre, le Pin de Bertaud, et aujourd’hui au domaine de Bertaud-Belieu, qui assure au quartier une renommĂ©e internationale grĂące Ă  la rĂ©colte annuelle de fonds organisĂ©e par la fondation DiCaprio[24].

Le nom provient du nom germanique Bertoaldus[25], qui n’est connu ni comme prĂ©nom ni comme nom de famille dans la Presqu’üle[13].

Le nom de la famille des maĂźtres chirurgiens Minuty, devenu nom de quartier, perdure Ă  travers les productions du ChĂąteau Minuty.

Noms de personnes attachés à un lieu

Les noms de personnes, de familles ou sobriquets, sont trùs nombreux et fournissaient au Moyen Âge la plupart des toponymes. Beaucoup ont aujourd’hui disparu.

Prénoms et noms de famille

  • Fous d’Agoust : lieu-dit entre Gassin et Ramatuelle ; du nom latin Augustus ; nom de famille attestĂ© Ă  Gassin encore Ă  la fin du Moyen Âge.
  • La Font d’Angaudo, Lo Prat d’Angaudo : ancien nom de prĂ© et de source ; nom de famille non attestĂ©.
  • Le Can d’Audran : ancien nom de lieu oubliĂ©, sur l’ancien chemin de la MĂŽle ; du nom germanique Aldramnus. Il a donnĂ© Ă©galement lo Casai de Autrano , quartier situĂ© dans l’aire du village.
  • Gourbenet : du latin Benedictus, nom provençal Benezech, Benet, Beynet avec gorc (voir relief).
  • Boustagnenque : ancien nom de lieu Ă  l’ouest, entre Cogolin et le Bourrian ; du germanique Boodsteinus[25], avec le suffixe -ing soulignant l’appartenance ; nom attestĂ©.
  • La Font de Covet : ancien nom de lieu aujourd’hui oubliĂ© ; nom de famille avec font, fontaine.
  • Le Pas de DomenigĂčin : nom d’un ancien guĂ© sur le ruisseau descendant de l’Alartane ; du prĂ©nom Domergue, du latin Dominique.
  • La Gabrielle : ancien nom de lieu aujourd’hui oubliĂ©, Ă  l’ouest ; du prĂ©nom latin Gabriel, via l’hĂ©breu.
  • PrĂ© Glaude : lieu-dit au sud ; du provençal glaudo, via le latin claudius, « boiteux ».
  • La Boal dels Gonties : ancien nom de lieu aujourd’hui inusitĂ©, prĂšs de Cogolin ; du germanique Cunderamnus[25], qui n’est connu ni comme prĂ©nom, ni comme nom de famille dans le Golfe.
  • Lo Cros de Joham : ancien nom de lieu oubliĂ© ; du latin Johannes, via l’hĂ©breu, avec cros, « creux Â» (voir relief).
  • ChĂąteau Martin : quartier littoral, entre Bertaud et la Bouillabaisse, dĂ©signant autrefois une villa ; du nom et prĂ©nom trĂšs frĂ©quent Martin avec le nom chĂąteau.
  • Lo Prat de Salamon : ancien nom de lieu aujourd’hui oubliĂ© ; sur l’ancien chemin de la MĂŽle ; du nom et prĂ©nom d’origine hĂ©braĂŻque Salomon avec prat, « prĂ© Â».
  • Lo Gorc de Gandolessa : ancien nom de lieu, aujourd’hui inusitĂ©.
  • La Font de Grimaud : ancien nom d’une source situĂ©e dans le quartier de Verdagne ; du germanique Grimoaldus[25], qui n’est connu ni comme prĂ©nom, ni comme nom de famille dans la rĂ©gion, et qui a donnĂ© son nom Ă  un autre village perchĂ© du golfe de Saint-Tropez : Grimaud (Var).
  • Guirroux : ancien lieu-dit aujourd’hui oubliĂ© proche de celui de Bonne Fontaine ; du prĂ©nom Gui accolĂ© au nom Roux, tous deux attestĂ©s, ou d’une erreur de graphie de Guiraud, nom de famille germanique Ă©galement usitĂ©.
  • La Belle Isnarde : lieu-dit aujourd’hui oubliĂ©, situĂ© prĂšs de Villevieille ; du germanique Isanhardus, nom de famille attestĂ©.
  • Jauffret : quartier organisĂ© autour d’une ferme transformĂ©e aujourd’hui en camping, au nord-ouest, entre Cogolin et La Foux ; du germanique Gautfredus[25], nom attestĂ©.
  • La Mort du Luc : route menant de Gassin Ă  Cogolin, depuis Caruby Ă  Gassin jusqu’au chemin de la NĂ©gresse Ă  Cogolin ; du latin Luc, via l’hĂ©breu. Ce nom est inexpliquĂ©. Il pourrait ĂȘtre le souvenir d’un accident mortel survenu Ă  un certain Lucou, au plus tard au XVIIe siĂšcle[26]. Il caractĂ©rise Ă©galement le quartier.
  • Lunaut : ancien nom de lieu aujourd’hui inusitĂ© ; du germanique Lunolt[25], nom absent de l’aire gĂ©ographique.
  • Le PrĂ© Martel : ancien nom de lieu entre BĂ©lieu et le ruisseau du Bourrian, nom de famille attestĂ© avec le nom prĂ©.
  • Minuty : quartier et hameau au nord de Gassin, BĂ©lieu et Barbeyrolles. Il doit son nom Ă  la famille qui l’habitait, dont les maĂźtres chirurgiens Joseph et François Minuty au XVIe siĂšcle. Le nom de famille signifie menut, « petit, grĂȘle, menu ». Le quartier a donnĂ© son nom au chĂąteau Minuty, cru classĂ© de Gassin.
  • Lo Pim de Ricardessa : ancien nom de lieu aujourd’hui oubliĂ© ; du germanique Rihhartus[25], nom attestĂ©, avec pim, « pin Â».
  • Font Rolando : ancien nom de lieu oubliĂ©, situĂ© prĂšs du village ; du germanique Ruatlandus[25], nom attestĂ©, avec font, « source Â», « fontaine Â».
  • Salesse : nom de quartier au nord-est du village ; du nom de famille Salesse, donnĂ© par la famille de Joseph Salesse qui possĂ©dait cette terre au XVIIIe siĂšcle[21].
  • La Vinha de Tassil : nom de lieu oubliĂ©, il dĂ©signait la vigne avec un nom de famille attestĂ©.

Sobriquets

  • La Barate : ancien nom de lieu aujourd’hui oubliĂ©, entre BĂ©lieu et la RouillĂšre ; du provençal barato, « marchĂ© ; fraude, tromperie », nom de famille attestĂ©.
  • Les Bayes : quartier entre Bertaud et Val de bois ; du provençal « baille, espĂšce de baquet », nom de famille attestĂ©.
  • La Vinha de Brunel : ancien lieu-dit aujourd’hui inusitĂ© ; du provençal brun, « brun, sombre », nom de famille attestĂ© avec vinha, vigne.
  • L’Ort Caminier : ancien nom de lieu aujourd’hui inusitĂ© ; du provençal caminiĂ©, « voyageur, batteur d’estrade, vagabond » et ort « jardin ».
  • Lo Casai de Caravilha : ancien nom de lieu aujourd’hui inusitĂ©, situĂ© au village ; du provençal caraviho, « chicane, tromperie, querelle », nom non attestĂ©, avec un dĂ©rivĂ© de casal, masure. Il a Ă©galement donnĂ© l’Ort de Caravilha.
  • Lou Barri de Chauvin : lieu-dit au sud du village ; du provençal barri, « remparts, muraille, fortification »[12], avec le nom Chauvin, forme francisĂ©e de Cauvin, de calv, « chauve ».
  • Chic : ancien nom de lieu autour d’une ferme au sud-ouest du village ; du provençal chic, « petit ».
  • Patapans : nom d’un vaste quartier boisĂ© au nord-est de Gassin, partagĂ© avec Ramatuelle. Il existe une piste des Patapans. Le nom vient de l’« onomatopĂ©e du bruit du tambour »[12].
  • La Pissarella : ancien nom de lieu aujourd’hui oubliĂ©, le nom, qui peut Ă©voquer le « jet d’urine » est comptabilisĂ© comme nom de sobriquet par Élisabeth Sauze. Il signifie aussi « jet d’eau [...] filon d’eau qui coule d’un rocher » et se retrouve dans diffĂ©rents noms de lieux provençaux : pissaret, pissarelle, etc.
  • Lo Vientador : ancien nom de lieu aujourd’hui oubliĂ©.

(Voir aussi : Coste Brigade, Font Bressat, Roucas dou Castéous.)

Nom d’origine

Plusieurs noms Ă©voquent l’origine : L’Arlatane, qui dĂ©signe une source et aujourd’hui des sentiers de randonnĂ©es au sud-ouest du village. Le nom vient du provençal arlaten, arlaten, « d’Arles Â». Cavaillon est ancien nom de rue et de quartier au village. Il s’agit de l’extrĂ©mitĂ© nord de l’actuelle rue Longue.

Élisabeth Sauze classe Bagary parmi les noms d’origine. Ce quartier au nord-est du village a Ă©galement donnĂ© son nom Ă  un chemin. Le nom est attestĂ© et rĂ©pandu comme nom de famille dans le Var et plusieurs lieux des Maures portent ce nom (Plan-de-la-Tour, Cannet-des-Maures). L’ancien nom de quartier Barbantane est Ă©galement issu d’un nom de lieu de ville des Bouches-du-RhĂŽne.

Bestagne est un quartier boisĂ© au nord-est du village ; son nom est Ă©galement portĂ© par deux moulins ruinĂ©s et un chemin. MĂ©decin-Champagne, quartier au nord du village, prĂšs de la plaine, est formĂ© du nom de lieu et du nom de mĂ©tier. D’autres noms sont issus de noms de lieux selon Élisabeth Sauze : les lieux-dits oubliĂ©s des Dangers, Pournain, et le quartier de Chausse. Ce dernier est enclavĂ© au sein de La Croix-Valmer, aux confins sud-ouest de Gassin. Il abrite le domaine de Chausse.

Hagiotoponymes et divinités

L’empreinte de l’Église est importante dans les toponymes.

Concernant l’organisation locale des croyants, il a existĂ© une place de la Paroisse, ou Plasse, aujourd’hui place de l’Église, devant l’église Notre-Dame-de-l’Assomption. Le petit chemin qui longe l’église au nord est le passage des BĂ©nĂ©dictins, du nom de l’ordre monastique de Saint-BenoĂźt.

Le symbole de la chrĂ©tientĂ©, la croix, a Ă©tĂ© utilisĂ© pour former deux noms de quartier aujourd’hui disparus : La Crois Pinedade et La Cros del Vintador.

Les saints

Outre le saint patron de Gassin, saint Laurent, qui possĂšde une rue Ă  l’entrĂ©e nord du village, plusieurs saints catholiques sont Ă  l’origine de toponymes Ă  Gassin. Le saint local a donnĂ© son nom Ă  une chapelle, un quartier, le gres de Sanct Laurens et la Vinhas de Sanct Laurens.

L’un des hagiotoponymes les plus prĂ©sents cĂ©lĂšbre le pĂšre de JĂ©sus, saint Joseph, dont le nom a Ă©tĂ© utilisĂ© pour une montĂ©e, un oratoire et un monument. Le Saint-Esprit a servi Ă  nommer autrefois une rue et une place au cƓur du village, aujourd’hui rue Centrale et place de la Mairie. Le nom a Ă©galement Ă©tĂ© utilisĂ© pour nommer Lo Cros de Sanct Sperit. D’autres saints encore ont Ă©tĂ© toponymisĂ©s : Saint-Bonaventure pour un quartier et un chemin au nord-est de Gassin, prĂšs de Saint-Tropez, Saint Jean qui dĂ©signait un quartier, peut-ĂȘtre pour saint-Jean Cassien, fondateur de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille ; le nom de Saint Julien a Ă©tĂ© utilisĂ© pour dĂ©signer un quartier, une chapelle et un ort Saint Martin a Ă©tĂ© inclus dans trois toponymes : le Cros de Saint-Martin, la plaine de Saint-Martin, lo Gres de Sanct Martin.

Saint SĂ©bastien a donnĂ© son nom Ă  un quartier entre Gassin et Ramatuelle. Il abritait la chapelle Saint-SĂ©bastien Ă  la sortie du village ; le chemin qui menait depuis le bourg et la porte qu’il traversait portaient Ă©galement le nom de ce martyr[21]. Le nom de la rue Saint-SĂ©bastien a Ă©tĂ© modifiĂ©e pour devenir la rue Saint-Jean-Baptiste.

Le chemin du Puits Saint-Jean s’étend Ă  l’extrĂ©mitĂ© sud-ouest du village. Il relie la rue Saint-Jean-Baptiste au mini-stade et aux Boucles de l’Arlatane.

L’église du village est dĂ©diĂ©e Notre-Dame-de-l’Assomption. La chapelle est, elle, dĂ©diĂ©e Ă  Notre-Dame-de-la-Compassion ; elle est Ă©galement connue sous le nom de Notre-Dame-de-la-Consolation[21].

Le surnaturel

L’ancien nom de lieu La Roqua del Folet est formĂ© d’un nom de famille ou d'un nom commun associĂ© Ă  roqua, roche. Élisabeth Sauze l’inclut dans les Ă©lĂ©ments Ă©voquant le surnaturel. Le village de Gassin est d’ailleurs connu comme le village des SorciĂšres, nom qui a donnĂ© son nom au groupe folklorique de Gassin, LeĂŻ Masco, les masques, les sorciĂšres en provençal.

DĂ©esse et dieu grec et romain

Les Grecs fondÚrent plusieurs cités et comptoirs le long de la cÎte méditerranéenne durant le premier millénaire avant notre Úre.

Le comptoir grec d’AthĂ©nopolis, Ă©voquĂ© par les gĂ©ographes antiques Pline l’Ancien[27] et Pomponius Mela[28], est situĂ© dans le golfe de Saint-Tropez, sans qu’à ce jour aucune dĂ©couverte ne puisse dĂ©terminer prĂ©cisĂ©ment son emplacement. Le nom vient de la dĂ©esse grecque AthĂ©na au nom de laquelle a Ă©tĂ© ajoutĂ© le suffixe -polis, « citĂ© Â». Pline l’Ancien rattache cet Ă©tablissement Ă  la colonie de Marseille en l’appelant Athenopolis Massiliensium ; Pomponius Mela le situe entre Forum Julii (FrĂ©jus) et Olbia (HyĂšres). En 2016 a Ă©tĂ© inaugurĂ© un bĂątiment HLM dĂ©nommĂ© le Neptune aux Marines de Gassin[29]. Il fait rĂ©fĂ©rence au dieu romain des Mers, Neptune. La voie privĂ©e qui y mĂšne est l’allĂ©e du Trident, attribut de ce dieu.

Personnalités

Les noms de personnalitĂ©s ont Ă©tĂ© peu utilisĂ©s dans la politique de dĂ©nomination des rues. Sept sont recensĂ©s et tous issus de l’histoire locale, ce qui peut marquer une certaine « autocĂ©lĂ©bration Â»[30]. Deux viennent de l’histoire mĂ©diĂ©vale, un de l’époque moderne et quatre de la pĂ©riode contemporaine. L’absence de toute rĂ©fĂ©rence Ă  des personnalitĂ©s et Ă©vĂšnements d’envergure nationale est notable.

Personnalités locales

  • Rue de Germondy : rue du nouveau village, elle rappelle le souvenir de la famille Germondy, famille de notables de Gassin et Saint-Tropez, qui compta des notaires royaux, des marchands et des rentiers. La famille s’est Ă©teinte au dĂ©but du XXe siĂšcle ; le domaine principal de la famille fut l’actuel ChĂąteau Minuty[8] - [31].
  • Place Hannibal de ChĂąteauneuf : cette place centrale du nouveau village a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par l’architecte François Spoerry durant les annĂ©es 1990. Elle porte le nom de l’un des seigneurs de Gassin, au dĂ©but du XVIIe siĂšcle. Il fit donation de la terre de Bertaud et de la coseigneurie de Gassin Ă  sa fille, en charge Ă  elle de le donner Ă  l’un de ses enfants mĂąles issu de son mariage avec François d’Albert de Castellane[32].
  • Rue Marie-Louise Raymond : rue du nouveau village, elle rappelle le souvenir d’une habitante de Gassin qui vendit le terrain sur lequel fut bĂąti l’extension moderne de Gassin et donna Ă  la commune de la Croix-Valmer le terrain sur lequel a Ă©tĂ© construit le stade municipal. Cette pratique est habituellement connue dans les grandes villes[30].
  • Rue du Troubadour Rollet de Garcin : nom de rue de l’ancien village ; Rollet de Garcin serait un troubadour nĂ© Ă  Gassin, connu par la seule plume de Jean de Nostredame, le frĂšre de Nostradamus, auteur d’un livre fantaisiste sur les troubadours.

L’hommage aux soldats du 15e Corps

Trois places publiques ont Ă©tĂ© baptisĂ©es en 2016 Ă  Gassin. Les trois parkings Ă  l’entrĂ©e du village ont reçu les noms de trois soldats de Gassin du XVe Corps morts durant le mois d’aoĂ»t 1914 : Louis Collomp, Charles Giordano et LĂ©on Martel[33].

C’est durant cette pĂ©riode que se dĂ©roula l’affaire du XVe Corps. Alors que les Provençaux combattaient au front, le sĂ©nateur Auguste Gervais diffama les hommes du XVe Corps, suivi notamment par Georges Clemenceau, pourtant sĂ©nateur du Var.

L’inauguration des plaques de rue se dĂ©roula le 17 septembre 2016 Ă  l’occasion des JournĂ©es du patrimoine. Elle s’inscrit dans une longue action mĂ©morielle toponymique des autoritĂ©s provençales commencĂ©e dĂšs la fin de la PremiĂšre Guerre mondiale par la mairie de Vidauban.

Le travail

L’agriculture

La transformation et la mise en valeur des terres par l’activitĂ© agricole, centrale dans la vie des hommes depuis toujours, a conduit Ă  la crĂ©ation de nombreux noms.

L’organisation des terres

Plusieurs noms Ă©voquent les champs, formĂ© avec le provençal camp, « champ, piĂšce de terre » et un nom, de personne ou d’arbre : le Can d’Audran, ancien nom de lieu aujourd’hui inutilisĂ© et Champ de l’Hormeau (voir flore)[13]. Le diminutif camboun, « champ, petit champ cultivĂ© », a donnĂ© Cambon, quartier situĂ© prĂšs de Ramatuelle[13], et Lo Campon de Mieja Via, le champ situĂ© au milieu du chemin (vers Ramatuelle). Les terres, le terme Ă©tant compris comme parcelle, est Ă  l’origine de Terra Longa, ancien nom de lieu oubliĂ© qui Ă©tait situĂ© dans la plaine au nord. Il est formĂ© Ă  partir du provençal terro, « terre Â», et de l’adjectif lonc, « long Â», « de forme allongĂ©e Â». La Terra del Rodel, ancien nom de lieu oubliĂ©, Ă©galement connu comme l’Iera de Rudel[13], a Ă©tĂ© crĂ©Ă© sur la mĂȘme forme, avec le nom rodel.

D’autres noms ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour les terres laissĂ©es en friche, comme Bouigue, ancien nom de lieu Ă  l’ouest, entre les MouliĂšres et Cros de Martin. Il vient du provençal bouĂŻgo, « friche »[13]. La Gastoha, ancien nom de lieu aujourd’hui oubliĂ©, sur le chemin de Saint-Tropez, est issu du provençal gastous, de gast, « dĂ©sert, abandonnĂ© »[12] - [13]. (Voir aussi le chapitre sol).

Le nom de la rue de l’Aire, qui relie le nouveau village depuis l’école primaire jusqu’à la route des Moulins de Paillas, vient du provençal iero utilisĂ© pour « aire Ă  battre le blĂ© »[12]. Il date du dĂ©but de l’extension moderne du village Ă  la fin du XXe siĂšcle. Le terme dĂ©signait auparavant des Ă©tendues planes sans discrimination d’utilisation et a servi dans le passĂ© Ă  plusieurs toponymes aujourd’hui disparus : en l’Iera del Grec, l’Iera de Montanier, l’Iera de Rudel. Il a existĂ© Ă©galement le quartier des Aires Communes, aujourd’hui oubliĂ©, dans le quartier de Saint-SĂ©bastien, au sud du village ; il dĂ©signait une aire Ă  battre le blĂ© publique[13]. Un grand projet d’amĂ©nagement du quartier de la rue de l’Aire a Ă©tĂ© annoncĂ© au dĂ©but de 2017[34].

Plaque de la rue de l'Aire Ă  Gassin, sur le mur de l'Ă©cole communale
Plaque de la rue de l'Aire Ă  Gassin, sur le mur de l'Ă©cole communale.

Les cultures dans les terres provençales accidentĂ©es sont propices Ă  la culture en terrasse. Plusieurs toponymes en tĂ©moignent, comme Las Terrieras, ancien nom de lieu oubliĂ©, identifiĂ© dans le quartier de la RouillĂšre, issu du provençal terrier, « terrasse, tertre »[18] - [13]. Le Sentier des Restanques est un nom de chemin de randonnĂ©e dans les Boucles de l’Arlatane. Il vient du provençal restanca, Ă  l’origine utilisĂ© pour dĂ©signer des ouvrages de canalisation des eaux pour les cultures, ici dans son sens actuel de murs de soutĂšnement en pierre sĂšche[20]. Il existe Ă©galement un passage des Restanques, au nord-est du nouveau village.

Le maraĂźchage

Les abords du village ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour le maraĂźchage. Le lieu-dit du Grand Jardin, aujourd’hui oubliĂ©, venait du provençal jardin, avec l’adjectif grand. Il dĂ©signait probablement une parcelle destinĂ©e Ă  la culture maraĂźchĂšre[13]. Plusieurs noms de lieux ont Ă©tĂ© formĂ©s autour du provençal ort, « jardin » ; tous ont aujourd’hui disparu. Trois Ă©taient formĂ©s avec des noms : l’Ort Caminier, avec le sobriquet caminiĂ©, « voyageur, batteur d’estrade, vagabond »[12], l’Ort de Caravilha, avec le sobriquet caravilho, « chicane, tromperie, querelle », et l’Ort de Sanct Jolian, dans le quartier de Saint-Julien. Avec le suffixe -as, il a donnĂ© Ă©galement le quartier des Ortas, aujourd’hui oubliĂ©[13].

Au nord du village existait le lieu-dit Les Ferrais, prĂšs de l’actuel cimetiĂšre. Le nom vient du provençal farrajo, dans le sens de « jardin » selon É. Sauze[13] ; F. Mistral donne « fourrage en vert, terrain en fourrage »[12]. Le nom de lieu Favegranade, qui dĂ©signait une terre situĂ©e entre Cambon et le Broc, vient du provençal favo, « fĂšve » et du participe passĂ© et adjectif granat, -ado, « fĂšve grenue » ou « fĂšve montĂ©e en graine »[12] - [13].

Les vergers

La culture des arbres fruitiers est ancienne Ă  Gassin. Certaines espĂšces cultivĂ©es, comme les mĂ»riers au XIXe siĂšcle, n’ont cependant pas laissĂ© de trace en toponymie. Lo Vergier de Rastim, ancien nom de lieu oubliĂ©, du provençal vergier, « verger Â», avec le nom Rastim (?)[12] - [13], Ă©voque directement la forme de culture. Les autres font rĂ©fĂ©rence aux arbres Ă©levĂ©s.

Seuls deux noms sont toujours utilisĂ©s aujourd’hui : Grafionier et Caruby. Le premier est un quartier au sud-ouest de la commune, prĂšs de BagarĂ©de ; son nom vient du provençal grafiouniĂ©, « bigareautier », qui dĂ©signe une espĂšce de cerisier. Il enclavĂ© Ă  l’intĂ©rieur de La Croix-Valmer, Ă©tait autrefois organisĂ© autour d’une bastide isolĂ©e prĂšs du Bourrian. Il accueille aujourd’hui notamment un village de vacances d’Air France[35] - [13]. Caruby est un quartier Ă  l’ouest du village, au nord de la Mort du Luc ; le nom a Ă©tĂ© formĂ© avec le provençal carroubiĂ©, « caroubier », arbre cultivĂ© pour son bois, ses fruits et ses graines. Sa culture dut ĂȘtre importante dans ce secteur puisqu’un quartier voisin Ă  Cogolin s’appelle Caroubier.

La Carte de Cassini donne le nom des Orangers à un quartier situé entre Ville Vieille et Bélieu ; son nom est issu du provençal arangié, « oranger »[12] - [19].

Le nom de l’Amendier Tort, ancien lieu-dit aujourd’hui oubliĂ©, sur l’ancien chemin de Grimaud, dĂ©signait un amandier isolĂ©, arbre rĂ©pandu en Provence[13], du provençal amendiĂ©, avec l’adjectif tort, « tortueux ». La Figuiera de Pueygros Ă©tait un nom de lieu dans le quartier de Pueygros ; son nom vient du provençal figuiĂ©, figuier, avec le nom du quartier Pueygros (voir relief)[13]. Le nom du lieu-dit aujourd’hui oubliĂ© Piras Gibbose, qui se trouvait dans le quartier de Saint-Martin, a un nom dĂ©rivĂ© du provençal pira, « poire »[13].

Rue de la Treille Ă  Gassin avec sa vigne.

La vigne

La vigne demeure depuis plusieurs siĂšcles l’une des principales activitĂ©s agricoles de Gassin.

Elle est Ă  l’origine de plusieurs noms de lieux dont La Vignus, quartier et route (Ă©galement connue comme la route dĂ©partementale 89) au nord-ouest du village. Le nom vient du provençal vigno, « vigne, champ de vigne ».

Les autres sont d’anciens noms de quartier aujourd’hui oubliĂ©s : La Vinha de Brunel, dans le secteur des MouliĂšres, avec le nom de personne Brunel, La Vinha de Tassil, avec le nom de famille Tassil, et Las Vinhas de Sanct Laurens, dans le quartier de Saint-Laurent, au sud-ouest, avec le nom du saint-patron de Gassin. Ce lieu-dit se trouvait Ă  proximitĂ© de la chapelle Saint-Laurent[13].

Il existe au village une rue de la Treille, dont le nom renvoie Ă  une maison oĂč se trouve toujours aujourd’hui une vigne Ă©levĂ©e en treille.

Les animaux

La basse-cour a laissĂ© peu de toponymes. Le Capon dĂ©signait autrefois le sud-est du village. Son nom vient du provençal capoun, « chapon, coq chĂątrĂ© »[12] - [21]. La rue du Capon est aujourd’hui le haut de la rue de la Calade. Élisabeth Sauze propose comme explication pour la Torre del Torhel, ancien nom de lieu vers Saint-Tropez aujourd’hui oubliĂ©, le provençal torre, « tour », compris comme pigeonnier[13].

La plupart des toponymes issus du bestiaire sont liĂ©s Ă  l’élevage ovin et caprin, plus pour dĂ©signer les abris que les bĂȘtes. L’ancien nom de lieu l’Iera del Grec est issu du provençal grec, grei, « troupeau »[13]. Trois noms sont issus du provençal boual, « Ă©table Ă  bƓufs », dont seul le premier, Boual, est toujours utilisĂ© aujourd’hui. Il s’agit d’un quartier situĂ© au nord du DĂ©fend des BƓufs, sur la colline qui accueille le village. Les deux autres Ă©taient la Boal de la Verne et la Boal dels Gonties, construits avec les noms gĂ©ographique et de personne. Le Jas des Moullieres, ancien nom de lieu aujourd’hui oubliĂ©, du provençal jas, dĂ©signait un « bercail, [une] bergerie, [une] cabane oĂč l’on enferme les troupeaux »[12] - [13].

L’ancien nom de lieu aujourd’hui inusitĂ©, Los Abeurados, vient du provençal abĂ©uradou, signifiant « abreuvoir »[13].

L’élevage caprin a donnĂ© La Cabriere, nom de lieu aujourd’hui oubliĂ©, entre Gassin et Ramatuelle, formĂ© du provençal cabriero, « lieu frĂ©quentĂ© par les chĂšvres, Ă©table ou parc Ă  chĂšvres »[13].

De trĂšs nombreux lieux ont Ă©tĂ© nommĂ©s d’aprĂšs un prĂš, du provençal prat, gĂ©nĂ©ralement associĂ© Ă  son propriĂ©taire au temps oĂč le nom s’est fixĂ©. Ils marquent l'Ă©tat de la rĂ©partition de propriĂ©tĂ© fonciĂšre lors de leur formation[36]. Tous les toponymes connus sont d’anciens noms de quartier aujourd’hui inconnus, situĂ©s dans les plaines : PrĂ© Glaude, entre la Vernatelle et Verdagne, Le PrĂ© Martel, entre BĂ©lieu et le ruisseau du Bourrian, Lo Prat de Salamon, sur l’ancien chemin de La MĂŽle ; le PrĂ© Marty, entre les quartiers des JonquiĂšres et du Plan, ou avec des adjectifs : Prat Lonc, du provençal lonc, « long » ; PrĂ© Fonterau, avec le provençal soteiran, « infĂ©rieur, bas », dont le nom est devenu incompris et a Ă©tĂ© modifiĂ©[13]. Il faut encore ajouter Le Paty, lieu-dit au sud du village, du provençal pati, « pĂątis, terrain de vaine pĂąture, pacage ; quartier affectĂ© au logement des troupeaux, place oĂč l’on fait reposer le bĂ©tail, oĂč on laisse croĂźtre l’herbe »[13].

Parfois, c’est l’interdiction faite aux animaux d’ĂȘtre sur une terre qui est Ă  l’origine d’un nom. C’est le cas du DĂ©fend des BƓufs, quartier sis entre le Bourrian et la colline de Ville Vieille. Son nom vient de l’ancien français dĂ©fens, qui dĂ©signait un bois ou un pĂąturage Ă  l’accĂšs rĂ©glementĂ©, associĂ© ici aux bƓufs[37].

L’élevage des abeilles est Ă  l’origine d’un ancien nom de lieu, L’Apier, aujourd’hui oubliĂ©, issu du provençal apiĂ©, « ruche Â», « rucher Â»[13].

La pĂȘche

L’activitĂ© de la pĂȘche est restĂ©e Ă  Gassin artisanale avant de disparaĂźtre en tant qu’activitĂ© Ă©conomique. Elle n’a laissĂ© qu’un tĂ©moignage : celui de La Bouillabaisse, nom de riviĂšre et de quartier Ă  la frontiĂšre entre Gassin et Saint-Tropez. La riviĂšre a pris le nom du quartier oĂč elle se jette dans le Golfe[13].

Elle Ă©tait autrefois connue comme le real de Gassin.

Plaque de rue de la montée de la TubassiÚre à Gassin.

L’artisanat et l’industrie

Le massif des Maures et ses nombreux chĂȘnes liĂšges en firent la capitale des bouchons. Plusieurs unitĂ©s de production existĂšrent Ă  Gassin ; elles Ă©taient encore cinq Ă  la fin du XIXe siĂšcle alors que cette industrie dĂ©clinait, notamment sous son format artisanal[38]. La rue des Bouchonniers dans le village ancien, derriĂšre les restaurants de la place des Barris, rappelle l’importance qu’eut la bouchonnerie.

La rue des Fabriques est une rue de l’ancien village Ă  la dĂ©nomination moderne. Une autre rue du village, la MontĂ©e de la TubassiĂšre, qui permet de descendre de la rue Centrale Ă  la rue Longue, s’inscrit dans ce registre. Elle doit son nom au provençal tubassiero, « brouillard de fumĂ©e [
], maison oĂč il fume toujours »[12].

Les moulins furent un Ă©lĂ©ment essentiel de la vie Ă©conomique et de la survie. Il exista au cours du temps diffĂ©rents moulins Ă  Gassin, Ă  vent, Ă  eau, Ă  sang, pour produire du blĂ© et de l’huile. Ils ont donnĂ© plusieurs toponymes : Le Moulin et Les Mollins, d’autres associĂ©s Ă  des noms de personnes et de lieux (lo Molin Aurier, Lo Molin Rodier, lo Molin dels Benes, le Moulin BrĂ»lĂąt, le Moulin de Verdagne, le Moullin du Paty, les Moulins de Bestagne), d’autres caractĂ©risant leur fonctionnement (le Mollin de l’Eau, le Moulin d’Eau, la rue du Moulin Ă  huile) ou leur Ăąge (l’Aire du Moulin Vieux). Élisabeth Sauze en rapproche Ă©galement le nom Lo Bessalh[13].

GrĂące Ă  la farine des moulins, les habitants pouvaient confectionner du pain, aliment de base de la nourriture autrefois. Ils utilisaient pour cela les fours, ce qui a donnĂ© la rue du Four, au village. D’autre fours ont existĂ© comme le Four Ă  Chaux, qui fut autrefois un lieu-dit[13].

Les mĂ©tiers de la tannerie ont conduit Ă  l’invention de trois noms de quartiers, qui ont tous disparu. Les lavoirs, oĂč Ă©taient traitĂ©es les plantes[13], ont donnĂ© le Lavadou et lo Lavador. Le lieu-dit Qualquier, du provençal cauquiero, caractĂ©risait un rĂ©servoir utilisĂ© pour la tannerie[13].

La TuiliĂšre est un quartier entre la Gare et Saint-Laurent, Ă  l’ouest du village, dont le nom provençal, touliera, signifie « tuilerie Â»[18].

L’installation d’une usine de torpilles de la sociĂ©tĂ© de Robert Whitehead, l’inventeur de la torpille sous-marine automobile, a enrichi Gassin d’un nouveau toponyme, Les Torpilles. Ce lieu-dit se situe au nord de Gassin, dans le quartier Bertaud. AprĂšs sa nationalisation en 1937, l’usine a Ă©tĂ© dirigĂ©e par le groupe DCNS qui, aprĂšs un peu plus de 100 ans de prĂ©sence, a annoncĂ© en 2016 vouloir se sĂ©parer du site[39].

L’exploitation des bois a donnĂ© deux toponymes : Carbonel, du provençal carboun, « charbon », possiblement d’un nom de famille, et Rebois, quartier dont le nom est liĂ© au travail du bois selon Élisabeth Sauze[13].

L’argent

Le commerce est Ă  l’origine d’un nom de rue au village, la Rue du MarquĂąt, qui dĂ©signait le marchĂ©[21]. Elle a Ă©tĂ© remplacĂ©e par la rue Centrale.

La rue de la Tasco, au village, a remplacé la rue du Fort. Elle fait référence à la tasque, impÎt qui était prélevé sur une partie des récoltes[21].

Noms de métiers

Plusieurs noms de lieux font rĂ©fĂ©rence Ă  un mĂ©tier, possiblement via un nom de personne : Barbarie (« boutique ou mĂ©tier de barbier »[12]), Barbeyrolle, Berbeguier, MĂ©decin-Champagne, Lo Cros de Mege et Lo Vallon de Mege. L’ancien nom de lieu La Palissade avait trait Ă  la marine selon Élisabeth Sauze[13].

Le labeur quotidien

Le Sentier des BugadiĂšres et la Traverse des BugadiĂšres sont deux chemins au sud du nouveau village. Le premier fait partie des sentiers de randonnĂ©e des Boucles de l’Arlatane. Le nom, donnĂ© Ă  la fin du XXe siĂšcle, dĂ©signe les lavandiĂšres ; il mĂšne Ă  un petit lavoir. Le second conduit du nouveau village au sentier[40].

Habitat et constructions

Le fort médiéval

Il reste peu de toponymes des anciens habitats. Le caractÚre médiéval du village apparaßt dans de nombreux noms.

Le mot provençal barri, « rempart, muraille, fortification », a donnĂ© plusieurs noms toujours usitĂ©s aujourd’hui. Au village, la place deĂŻ Barri, connue comme la place des Restaurants, est une promenade longeant les remparts mĂ©diĂ©vaux Ă  l’extĂ©rieur avec un panorama variant du golfe de Saint-Tropez au nord Ă  la baie de Cavalaire et aux Îles d’Or au sud. Au XVIe siĂšcle, le cadastre Ă©voque les barris vieulx, prĂšs de l’église ; il s’agit des premiĂšres fortifications, les autres Ă©tant plus tardifs[21]. Le Barry Ă©tait un ancien nom de lieu.

Le premier quartier au nord-est du village se nomme Tras-Barry ; un chemin porte également ce nom. Il a été formé à partir de barri, avec tras , « derriÚre ».

Ce nom a par ailleurs donnĂ© deux autres noms, dont le lieu-dit des Barri de Gassin au sud-est. C’est le plus haut point de Gassin, culminant Ă  322 mĂštres. Un oppidum y existait autrefois ; les vestiges ont Ă©tĂ© dĂ©truits pour la construction d’antennes dĂ©pendant aujourd’hui du ministĂšre de l’Écologie, de l’Énergie, du DĂ©veloppement durable et de l’AmĂ©nagement du territoire. Le lieu est dit le Radio-Phare aujourd’hui. Lou Barri de Chauvin est un quartier Ă  l’est du village, formĂ© avec le nom de personne Chauvin.

Le nom du fort mĂ©diĂ©val se maintenait dans le nom de quartier du Fort, au coeur du village mĂ©diĂ©val de Gassin. Il a donnĂ© la rue du Fort, qui se trouvait auparavant Ă  l’actuelle rue de la Tasco.

Les portes

L’entrĂ©e Ă  travers les fortifications Ă©tait permise grĂące aux portes. Il n’y en avait qu’une seule au Moyen Âge, connue aujourd’hui comme la porte des Sarrazins. Au fur et Ă  mesure de l’extension du village et de l’apaisement des temps, les portes sont devenues plus nombreuses. Une entrĂ©e a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e dans les remparts au milieu du XVIIIe siĂšcle au nord ; elle reçut le nom de Portail Neuf ou Porte Neuve[21]. Elle se trouvait sur les lieux de l’actuelle rue du Portail neuf.

Le Grand Portail, Ă©galement dĂ©nommĂ© le Portail real, permettait l’accĂšs ouest du village dans les remparts. Un quartier a portĂ© autrefois le nom de Quartier de la Grande Porte.

Les faubourgs et au-delĂ 

Avec l’extension du village, de nouveaux quartiers se sont crĂ©Ă©s durant l’époque moderne. Ils ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s en fonction de leur positionnement par rapport au village. Le Bourg, ancien nom de quartier aujourd’hui oubliĂ©, dĂ©signait les faubourgs dans la partie ouest du village autrefois hors des murs d’enceinte ; il s’agit du mot provençal bourg, mot utilisĂ© pour dĂ©signer les faubourgs. Un autre nom de quartier existait, La Borgada, La Bourgade, oĂč se trouvaient les maisons riches du village hors du fort[21], de bourgado, faubourg.

Le quartier de Carteyron, essentiellement composĂ© de vignobles, se situe Ă  l’ouest du village, au sud de la route de la Vignus. Son nom vient du provençal quarteiroun, carteyron, « quart de livre, quartier d’une chose » ; nom de famille provençal. Plusieurs autres noms de quartiers, aujourd’hui oubliĂ©s, ont Ă©tĂ© formĂ©s autour de l’idĂ©e de quartier. Le Cartier Neuf, Le Cartier Souteiran, avec le mot souteiran, souterrain, et Le Carton de Bertaud, ce dernier avec le mot provençal quartoun, carton : « quartier » associĂ© au nom Bertaud. Il existait autrefois le lieu-dit du Clos de Dessous Ville [21], au nom transparent, et Lo Rial de las Partidas.

Au nord du village se trouve le quartier de Ville Vieille, qui est Ă©galement le nom d’un chemin qui suit la crĂȘte de la colline oĂč se trouve le village. Il pourrait indiquer la direction de l’habitat mĂ©diĂ©val, le lieu d’mplantation du Bourrian. Un acte notarial de 1646 Ă©voque cependant « lou fort dict la ville vieilhe » pour dĂ©signer le quartier du Fort au village[21]. Le nom vient du provençal vilo, ville et vieio, vieille. Le moulin BrĂ»lat est parfois appelĂ© le moulin de Ville Vieille.

L’ancien lieu-dit du Pilon Ă©voque selon Élisabeth Sauze une limite. Pilon est Ă©galement utilisĂ© pour les rochers en forme d’obĂ©lisque[37], sens retenu par Marianne Mullon pour Vidauban[41].

L’habitat isolĂ©

L’habitat dispersĂ© est Ă  l’origine de plusieurs toponymes. C’est le cas pour les lieux-dits de La Font del Castel, le Castelas ou de La Citadelle, nom de quartier toujours usitĂ© au nord du village. PrĂšs de lĂ  se trouve le lieu-dit de la Grande Bastide au nord-est du village, prĂšs de Bertaud. Son nom est formĂ© du provençal bastido, « bastide, maison de campagne, ferme, villa » et de l’adjectif « grande Â».

Le souvenir de constructions plus modestes, voire ruinĂ©es, perdure ou perdurait dans les toponymes. C’est le cas de l’Antigalho del Gorc Benet, ancien nom de lieu inusitĂ©, dans le quartier de Gourbenet, dont le nom vient du provençal anticaio, « antiquaille ». Le mot provençal casau, « masure, bĂątiment ruinĂ© », de l’ancien provençal casals, a donnĂ© plusieurs toponymes, tous oubliĂ©s : Los Casals, lo Casal de Autrano, lo Casai de Caravilha, lo Casai de la Gastoa.

Le nom du lieu-dit des PĂąris au nord-ouest, entre Cogolin, Mourteiret et Longagne, vient de pares, du provençal parect, « paroi, mur ». Les dĂ©couvertes archĂ©ologiques attestent l’existence d’un habitat gallo-romain dans ce secteur.

Le nom de Regon des Villettes, formĂ© avec l’ancien provençal vileta, diminutif de vila, « ferme, maison de campagne », et regoun, « petit ruisseau », quartier au nord-est de Gassin, a fini par ĂȘtre incompris. Il est devenu aujourd’hui Rogon de la Valette[13]. (Voir parmi les hydronymes Rogon de la Valette.)

La Porte des Sarrazins.

Seigneurs et communauté médiévale

L’organisation fĂ©odale puis monarchique a laissĂ© des traces en toponymie.

Les dĂ©fens dĂ©signent des parcelles dont l’accĂšs Ă©tait rĂ©glementĂ©, pour la chasse ou la pĂąture. Il existe toujours aujourd’hui au nord-ouest du village le DĂ©fens des BƓufs. D’autres lieux-dits ont portĂ© ce nom : Le Grant Devens, avec l’adjectif grand, Lo Devens de Sanct Julian, avec le nom de saint, ainsi que Deffensonum et Lo Devenset. Ces toponymes figurent la rĂ©partition sociale de la terre[36] au moment de leur crĂ©ation.

Deux autres toponymes sont classĂ©s par Élisabeth Sauze Ă  la communautĂ© mĂ©diĂ©vale :

  • Le Valat des Donnes : dĂ©signait un quartier au sud-ouest de Gassin, Ă  la frontiĂšre avec La Croix-Valmer ;
  • Les Fourques : ancien nom oubliĂ©, qui peut dĂ©signer une fourche[3].

Le Passage des Templiers se trouve dans la partie ouest du village. Son nom d’appellation rĂ©cente Ă©voque une hypothĂ©tique prĂ©sence templiĂšre Ă  Gassin.

La Porte des Sarrazins marque l’entrĂ©e du fort mĂ©diĂ©val primitif. Divers noms sont associĂ©s aux Sarrasins en Provence, dont une porte Sarrazine dans le village voisin de Ramatuelle, d’autres au-delĂ  comme Ă  Montbrison, Saint-Julien-en-BeauchĂȘne ou Marmande.

ƒuvres publiques et sociales

Il a existĂ© un « ospital » au moins dĂšs le dĂ©but du XVIIe siĂšcle Ă  Gassin. Il se trouvait dans le quartier de Cavaillon et a ensuite Ă©tĂ© supplantĂ© par un second au cours de ce mĂȘme siĂšcle[21]. Il a Ă©tĂ© utilisĂ© comme nom de quartier aujourd’hui oubliĂ©.

Les institutions publiques sont Ă  l’origine de plusieurs noms. La place de la Mairie est l’ancienne place du Saint-Esprit. Elle se trouve au cƓur du village, devant le bĂątiment qui abrite la mairie depuis le XVIe siĂšcle et qui a Ă©galement servi d’école.

La Rue des Écoles est une voie du nouveau village qui commence au nord-ouest devant l’école primaire et la crĂšche du village pour aller au sud-est vers l’école maternelle L’Espelidou. Ce dernier nom est un mot provençal signifiant « lieu d’éclosion, oĂč l’on fait Ă©clore »[12].

Voies de communication et de télécommunication

Les rues du village

L’Androuno, dite « la plus petite rue du monde »

L’Androuno

La commune de Gassin s’enorgueillit de possĂ©der la « plus petite rue du monde », l’Androuno. Elle est devenue pour cela une curiositĂ© touristique[42] - [43]. À son Ă©cartement minimum en largeur, elle mesure 29 centimĂštres[44] - [45].

Le terme vient du latin andron, dĂ©rivĂ© du grec ጀΜΎρώΜ, hommes[46]. Il dĂ©signait chez les Grecs une partie des habitations rĂ©servĂ©e aux hommes. Pour Vitruve et Pline le Jeune, le nom caractĂ©risait un passage entre deux maisons ou entre deux parties d’une mĂȘme maison[Note 1]. Une autre source Ă©voque une racine sanscrite[Note 2] - [47].

Le terme est attestĂ© depuis longtemps et figure dans les glossaires et dictionnaires depuis le XVIIIe siĂšcle. FrĂ©dĂ©ric Mistral, dans son Tresor dĂČu Felibrige, donne comme dĂ©finition de ce mot, pouvant Ă©galement s’écrire endrouno (a), androuio (dans le pays niçois), androun (languedoc) ou androne dans le bordelais, une « ruelle », un « cul-de-sac », un « vide qui sĂ©pare deux maisons », ou le « tour de l’échelle », pouvant encore Ă©voquer un rĂ©duit, une cachette ou des latrines.

L’androuno peut donc ĂȘtre une ruelle Ă©troite et peu engageante, et de ce fait rĂ©servĂ©e aux hommes. C’est la thĂ©orie Ă©voquĂ©e par le chanoine François Durand[48]. Selon Claude-François Achard[49], l’androuno est une « ruelle, endroit propre Ă  se cacher ».

Constante de l’architecture des villages mĂ©diterranĂ©ens, ces « passages couverts fournissent d’efficaces remparts contre les assauts du mistral, la canicule estivale, les giboulĂ©es printaniĂšres ou les averses de neige »[50]. Aujourd’hui, plusieurs fonctions plus ou moins fantaisistes lui sont attribuĂ©es : utilisation dans le comptage, voire la sĂ©lection selon leur grosseur, de moutons, permettre l’écoulement des eaux lors des violents orages ou empĂȘcher la venue d’hommes en arme[8].

Plaque de la rue Longue Ă  Gassin.

Les voies anciennes

Le cadastre de 1691 donnait neuf noms de rue au village, qui ont tous disparus aujourd’hui : la Rue de Cavaillon (CarriĂšre de Cavalhon en 1575)[21], la rue du Bourg et la Rue Droite, anciennement en provençal Carriera Recta, respectivement parties nord, centrale et sud de l’actuelle rue Longue, la rue du Four, remplacĂ©e par la rue du Vieux-Puits, la place Neuve, actuelle place de l’Église (une nouvelle place Neuve se trouve dĂ©sormais Ă  l’ouest du village), la rue du Marquat, devenue rue Centrale, la rue du Fort, devenue rue de la Tasco - la rue du Fort remplaçant alors le Passage -, la place du Saint-Esprit, oĂč se trouve dĂ©sormais la place de la Mairie et la rue du Capon : ancien , qui est dĂ©sormais la rue de la Calade[21]. D’autres noms apparaissent comme la Carriere romaine, reliant la place Neuve Ă  la rue Droite. Le cadastre de 1643 Ă©voquait Ă©galement le Cartier de la carriĂšre droite.

Le cadastre de 1575 donne le camin alant a Nostre-Dame, camin allant a St Troppes, camin allant a Cogollin.

Les rues d’aujourd’hui

La dĂ©nomination officielle des voies du village a Ă©tĂ© tardive. Elle a parfois repris l’usage (place de l’Église, place du Portail Neuf), parfois innovĂ© (rue du Troubadour Rollet de Garcin).

La plupart des toponymes sont Ă©tudiĂ©s par ailleurs. Ce n’est pas le cas de celles dont le nom est liĂ© lui-mĂȘme Ă  l’usage des rues.

C’est le cas de la rue Rompe-Cuou le caractĂšre potentiellement accidentogĂšne pour les piĂ©tons descendant cette voie accidentĂ©e a imposĂ© ce nom (provençal mais largement comprĂ©hensible en français). Il existait autrefois une place Neuve, devenue place de l’Église. L’actuelle Place Neuve a Ă©tĂ© dĂ©nommĂ©e ainsi depuis le XVIIe siĂšcle. MalgrĂ© son nom de place, elle est utilisĂ©e essentiellement comme route, dans la continuitĂ© de la montĂ©e Ven Terraou et de la rue Saint-Jean-Baptiste.

Les voies anciennes

Les archives anciennes donnent peu de nom de voies de communication hors du village. Les noms de ces chemins Ă©taient fonction de leur destination : camin alant a Nostre-Dame, camin allant a St Troppes, camin allant a Cogollin. D’autres noms ont existĂ© : Las Calrieras del Plan, du provençal carrieras rue, et plan, plaine qui n’est pas localisĂ©, et Lo Campon de Mieja Via, nom ancien du quartier Cambon, qui rappelait autrefois son Ă©quidistance entre Gassin et Ramatuelle, formĂ© avec le mot provençal cambon, « champ, petit champ cultivĂ© » et mei « demi » associĂ© Ă  via, « chemin », la moitiĂ© du chemin.

Gués et ponts

L’abondance de ruisseaux et riviĂšres, souvent Ă©phĂ©mĂšres, explique les nombreux toponymes Ă©voquant les moyens de franchir ces passages dĂ©licats, ouvragĂ©s ou non. Plusieurs lieux-dits, aujourd’hui oubliĂ©s, Ă©taient formĂ©s avec le mot provençal pas, guĂ©, passage, associĂ© soit Ă  des noms, de personne ou d’objet gĂ©ographique, soit Ă  des adjectifs. Le Mal Pas Ă©tait un guĂ© sur l’ancien chemin du Plan ; il permettait de passer le ruisseau descendant du Cros de Martin (avec mal, mauvais). Le Pas de Carbounnel se trouvait sur le chemin allant du village au hameau de Barbeyrolles et servait Ă  traverser la Berle ; le Pas de Domeniguin servait Ă  passer le ruisseau de la source de l’Arlatane (ces deux noms Ă©tant avec les noms de personne). Le Pas de la Berle, qui se trouvait dans le quartier de Bonne Fontaine, permettait Ă©galement d’enjamber la Berle.

Lo Regon del Pontilhal est un ancien nom de lieu aujourd’hui inconnu, constituĂ© du provençal regon, « petit ruisseau » et pontilhal, diminutif de pont, « petit pont, ponceau »[12].

Les grandes voies de communication

Gassin s’est trouvĂ© Ă  l’écart des grandes voies de communication romaine, situation qui a perdurĂ© durant le Moyen Âge et durant les siĂšcles suivants. Les efforts rĂ©alisĂ©s sous le Ier empire ont permis un certain dĂ©senclavement routier.

Plusieurs routes sont considĂ©rĂ©es comme ayant un intĂ©rĂȘt dĂ©passant ceux du seul village : elles ont Ă©tĂ© nommĂ©es au cours du temps routes impĂ©riales, royales ou nationales avant de devenir des routes dĂ©partementales.

Les routes dĂ©partementales apparaissent dans l’histoire au dĂ©but du XIXe siĂšcle. Comme les dĂ©partements, dont elles tirent leur nom du verbe latin departir, « partager Â», issus de la RĂ©volution française qui divisa la France ainsi. Le mot « route Â» pourrait venir du latin rupta, « voie rompue Â», de rumpere, « briser Â». Une autre hypothĂšse est une origine celte, rhod[51], retrouvĂ©e dans l’irlandais rĂłt, l’écossais rhawd.

Les routes dĂ©partementales ont Ă©tĂ© organisĂ©es Ă  la fin de l’Empire avec deux dĂ©crets de 1811 et 1813. Elles Ă©taient dĂ©jĂ  sous la responsabilitĂ© des autoritĂ©s dĂ©partementales.

  • De la route ImpĂ©riale 117 Ă  la RD 98 : NapolĂ©on Ier est Ă  l’origine de la route ImpĂ©riale 117. Le projet de routes impĂ©riales fut lancĂ© par NapolĂ©on Bonaparte dans un but d’unification et de centralisation : les routes de classe 1 permettaient de relier les grandes villes de France Ă  Paris ; celles de seconde classe faisaient le lien entre Paris et des villes secondaires. La troisiĂšme classe Ă©tait formĂ©e d’autres routes, comme la 117. Longue alors de 63 kilomĂštres, elle reliait Toulon Ă  Saint-Tropez. Elle apparaĂźt sur les premiĂšres cartes d’état-major au XIXe siĂšcle. Avec le changement de rĂ©gime, elle devint en 1824 route nationale royale n° 98 puis route nationale en 1830. La route dĂ©partementale 98 (RD 98) en est l’hĂ©ritiĂšre[52].
  • RD 98a : Longue de 6 kilomĂštres, la route dĂ©partementale 98a relie Cogolin Ă  Saint-Tropez, empruntant essentiellement le littoral gassinois. Elle est issue de la route nationale 98a, dĂ©classĂ©e en 1972, puis incorporĂ©e Ă  la RD 98 en 2006. Elle est Ă©galement connue sous l'appellation de route de Saint-Tropez[53].
  • RD 559 : La RD 559 s’appelait jusqu’en 1972 la route nationale 559. Cette route cĂŽtiĂšre reliait Marseille Ă  Roquebrune-Cap-Martin, prĂšs de la frontiĂšre Italie. CrĂ©Ă©e en 1933, elle Ă©tait appelĂ©e la « route de Marseille Ă  Menton par le bord de mer »[54].
  • RD 61 : La route dĂ©partementale 61 relie Grimaud et Ramatuelle via le nord de Gassin (La Foux, Bertaud) en empruntant une partie de la RD 98 et de la RD 98a[55].
  • RD 89 : La route dĂ©partementale 89 est une route qui relie la plaine ouest de Gassin au village. Elle est Ă©galement appelĂ©e route de la Vignus. (Voir le chapitre La Vigne).

Voies avec indication géographique extérieure

Historiquement, plusieurs voies Ă©taient appelĂ©es par la destination qu’elles permettaient de rallier : camin de Saint-Tropez, camin de Cogollin, etc. Aujourd’hui encore, la RD 98 est appelĂ©e route de Saint-Tropez.

La Route des Moulins de Paillas est le nom donné à une route moderne qui permet de contourner le village pour rejoindre le croisement entre la RD 89 et le chemin vicinal numéro 1 dit de Coste Brigade et Ramatuelle via les moulins de Paillas, situés à Ramatuelle.

La Place des Îles d’Or se situe Ă  l’extrĂ©mitĂ© sud de l’ancien village. Elle a Ă©tĂ© dĂ©nommĂ©e ainsi en raison de la vue qu’elle offre sur les Îles d’HyĂšres.

La gare

Le quartier de La Gare et le Sentier de la Gare rappellent l’existence d’une halte ferroviaire Ă  Gassin. Elle se trouvait sur la ligne reliant HyĂšres et Saint-RaphaĂ«l, qui fonctionna de 1890 Ă  la fin des annĂ©es 1940. Le quartier se situe dans la plaine, Ă  l’ouest du village ; le sentier de la Gare relie ces deux points.

C’est le seul souvenir toponymique qu’a laissĂ© le rail Ă  Gassin : il a existĂ© une ligne de tramway reliant Cogolin Ă  Saint-Tropez, qui desservait notamment la gare de la Foux.

Les noms des voies privées

Le dĂ©veloppement de Gassin avec le tourisme a conduit Ă  la crĂ©ation de lotissements et de parcs privĂ©s qui se sont dotĂ©s de voies. Dans tous les cas connus, des choix consensuels ont Ă©tĂ© faits avec des noms d’animaux, de peintres du passĂ© ou de clubs de golf.

Les peintres de Saint-Martin

L’ensemble des voies du hameau de Gassin porte le nom de peintres du courant impressionniste : avenue Paul CĂ©zanne, allĂ©e Edgar Degas, allĂ©e Paul Gauguin, allĂ©e Armand Guillaumin, allĂ©e Claude Monet, allĂ©e Berthe Morisot, allĂ©e Camille Pissarro, avenue Auguste Renoir, allĂ©e Alfred Sisley, allĂ©e Henri de Toulouse-Lautrec et allĂ©e Vincent van Gogh.

Le golf

Les voies de la partie rĂ©sidentielle du golf international de Gassin sont nommĂ©es d’aprĂšs les plus importants clubs de golf mondiaux et les villes qui les accueillent : avenue Augusta National Golf Club, avenue Carnoustie, avenue de Chantilly, avenue Royal Saint-Georges (en), avenue Sotogrande, avenue Saint-Andrews et avenue Valderrama (en).

Les quartiers résidentiels du bord de mer

Entre la Berle et la Méditerranée, différents quartiers résidentiels modernes sont apparus.

Au nord du vaste quartier rĂ©sidentiel de Sinopolis, quartier dont l’origine est inconnue, renvoyant Ă©tymologiquement Ă  la « citĂ© chinoise », les noms de rue sont ceux de divers oiseaux : avenue des Sansonnets, avenue des Pinsons, avenue des Rossignols, avenue des Bouvreuils, avenue des Colibris, avenue des Hirondelles, avenue des MĂ©sanges, avenue des Loriots, avenue des Canaris et allĂ©e du Vivier. Au sud, quatre Ă©crivains du XIXe et du XXe siĂšcle sont honorĂ©s : Guillaume Apollinaire, Jean Cocteau, Colette, FrĂ©dĂ©ric Mistral et Paul Verlaine.

Le boulevard de Provence traverse ce quartier du nord au sud ; il est coupĂ© par l’avenue du Rivalet, l’allĂ©e du Vallat (voir le chapitre sur les hydronymes) et aboutit Ă  l’avenue des Patapans (voir le chapitre sur les sobriquets). À l’ouest de ce dernier se trouve l’allĂ©e de la ChĂȘneraie et la Rouvraie (voir le chapitre sur la flore) au sens trĂšs proche. Avec le boulevard de Provence, deux autres voies structurent le quartier : le boulevard des CrĂȘtes, oĂč se trouve notamment la villa Belrose. L’avenue de Bello Visto tire son nom du provençal pour rappeler la belle vue.

Certains noms sont Ă©tudiĂ©s plus haut : allĂ©e du Ponant, avenue du Val de Bois, allĂ©e des Bayes, allĂ©e des Pins Bouans, d’autres sont inconnus : avenue des Lagardes, place du Serre, allĂ©e du Haut-Treizain, allĂ©e du domaine du Treizain.

Les télécommunications

Sur le site des Barri de Gassin, le ministĂšre de l’Écologie, de l’Énergie, du DĂ©veloppement durable et de l’amĂ©nagement du territoire dispose d’un site Ă  Gassin, appelĂ© Radio-Phare. La piste du Radio-Phare le rejoint depuis la RouillĂšre. (voir Barri de Gassin).

Origine inconnue ou incertaine

L’origine de plusieurs toponymes est hui incertaine :

  • Las Allanedes : ancien nom de lieu, aujourd’hui oubliĂ©, entre Gassin et Ramatuelle, vers les Moulins de Paillas ; Élisabeth Sauze propose « peut-ĂȘtre mĂ©tathĂšse pour arenada, « lieu sablonneux » » ;
  • BagrĂ© : ancien nom de lieu aujourd’hui inusitĂ© dans le quartier actuel de la Vignus et de Galambert ;
  • BĂ©lieu : quartier situĂ© entre Bertaud et la Berle ;
  • Le Brost : quartier Ă  la limite entre Gassin et La Croix-Valmer, autrefois le Broc ;
  • L’Esterau : petit cap de la cote sud du golfe, Ă  l’est de Bertaud ; peut-ĂȘtre un oronyme rapprochĂ© de l’Esterel ;
  • Galambert : quartier Ă  l’ouest du village ; E. Sauze propose un composĂ© du provençal ga, « guĂ© », et du nom de personne Lambert ;
  • Piras Gibbose : quartier situĂ© prĂšs de Saint-Martin, formĂ© Ă  partir de pira, poire avec un nom inconnu ;
  • Les Marres : quartier au nord-est de Gassin, partagĂ© entre Gassin, Ramatuelle, et Saint-Tropez, habitĂ© depuis le nĂ©olithique. Aucun des mots provençaux connus ne convient ici.

Notes et références

Notes

    1. « Entre ces pĂ©ristyles et les appartements consacrĂ©s aux hĂŽtes, sont des passages appelĂ©s mesaulae, nom tirĂ© de la position qu'ils occupent entre deux bĂątiments; nous les appelons, nous, andrones. Et ce qu'il y a d'Ă©tonnant, c'est que ce mot n'a point en grec la mĂȘme signification qu'en latin. Les Grecs, en effet, appellent áŒ€ÎœÎŽÏáż¶ÎœÎ”Ï‚ les grandes salles oĂč les hommes ont coutume de faire leurs festins, sans que les femmes y paraissent », dit Vitruve (De l’Architecture, VI, 7, 2) : « La raison de cette tranquillitĂ© si profonde, c'est qu'entre le mur de la chambre et celui du jardin, il y a un espace vide qui rompt le bruit » ajoute Pline le Jeune (Livre II, lettre XVII, Pline Ă  Gallus).
    2. « Guerriers de Gergovie, paysan d’Aquitaine », Lecture pour tous, mai 1935, « Remarquez maintenant ces intervalles mĂ©nagĂ©s de façon surprenante entre certaines maisons. Ces couloirs, les gens du pays les appellent des endrounes ou andronnes, en « patois » des androuna. En sanscrit, « intervalle » se dit antara et ouna a le sens de « diminuĂ© ». Antarouna, antr’ouna, androuna, le mot du patois actuel, signifie « petite intervalle ». Donc mot ligure, fils du sanscrit ».

    Références

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    47. Il existe Ă  Draguignan une rue des Endronnes, tout comme Ă  Entrecasteaux (Var), une rue Andronne Ă  Bordeaux, rue des Andronnes Ă  Aspres-sur-BuĂ«ch, une rue des Andrones Ă  Chorges (05), une impasse des Andrones Ă  Mallefougasse-AugĂšs, un chemin des Andrones Ă  Mornas, une Andronne Ă  Saint-Martin-d'ArdĂšche, une Androne du Ponteillard et une Androne du Mauriou Ă  Ribiers, une Androne des Bermonds et une autre de la CharitĂ© Ă  Forcalquier, qui compte Ă©galement une Androuno Roumpe Cuou. Il existe une Androne de la Plantade et une Androne Martin Bidoure Ă  Ginasservis, une Androuno dou Taute et une Androuno di Piluro aux Saintes-Maries-de-la-Mer, une Androune de la Place au Fugeret, Les Andronnies Ă  Vinsobres, L’Endronne Ă  La Beaume, des rues de l’Endronne Ă  FournĂšs, La Saulce, GrĂ©oux-les-Bains et un chemin du mĂȘme nom Ă  Sauveterre. À Avignon se dĂ©couvre une allĂ©e de l’Androuno alors qu’à Auribeau et Allons (Alpes-de-Haute-Provence), ce sont des rues de l’Androuno que le visiteur peut parcourir. À GrĂ©oliĂšres, Montmaur et Dauphin, c’est l’Androne qui se distingue.
    48. « L’androuno, c’est l’impasse oĂč, seuls, dans les villes, les hommes s’aventurent, serait-ce le grec andrĂŽn, quartier des hommes ? » (Bulletin des sĂ©ances de l’AcadĂ©mie de NĂźmes, 1925-1927), NĂźmes, Clavel et Chastanier, 1928, p. 106.
    49. Claude-François Achard (Dictionnaire de la Provence et du ComtĂ© Venaissin): Androuno, f. f., ruelle, endroit propre Ă  se cacher, ou Ă  cacher quelque chose, recoin, du grec petite sale oĂč se rendent les hommes. Suivant le P. MĂ©rindol. Prononcez long. Plin. Ep. II, 17, 22.
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    Voir aussi

    Généralité

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    • Roger Brunet, TrĂ©sor du terroir. Les noms de lieux de la France, CNRS Edition, 2016, 655 pages.
    • Albert Dauzat, Charles Rostaing, Dictionnaire Ă©tymologique des noms de lieux en France, Paris, 1963.
    • Albert Dauzat, Les noms de lieux : origine et Ă©volution, villes et villages, pays, cours d’eau, montagnes, lieux-dits, Paris, Librairie Delagrave, « BibliothĂšque des chercheurs et des curieux », 1926.
    • StĂ©phane Gendron, L’origine des noms de lieux en France : essai de toponymie, Paris, Errances, 2008. [U II 290]
    • Auguste Longnon, Les noms de lieu de la France. Leur origine, leur signification, leurs transformations, Paris, Champion, 1920-1929.
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    • AndrĂ© PĂ©gorier, Les noms de lieux en France. Glossaire des termes dialectaux, 3e Ă©dition revue et complĂ©tĂ©e par Sylvie Lejeune et Élisabeth Calvarin, IGN, Commission de Toponymie, 2006, 518 p.
    • Walther von Wartburg, Französisches Etymologisches Wörterbuch : eine Darstellung des galloromanischen Sprachschatzes [FEW] [Dictionnaire Ă©tymologique du français : une reprĂ©sentation du trĂ©sor lexical galloroman], 1922-1967.

    Domaines spécifiques

    Hagiotoponymes

    • Jacques Dubois, Jean-Loup LemaĂźtre, Sources et mĂ©thodes de l’hagiographie mĂ©diĂ©vale, Paris, 1993, chap. VII, p. 191-210 (« Les saints dans la toponymie »).

    Odonymes

    • StĂ©phane Gendron, La toponymie des voies romaines et mĂ©diĂ©vales : les mots des routes anciennes, Paris, 2006.

    Hydronymes

    • Paul Lebel, Principes et mĂ©thodes d’hydronymie française, Dijon [Paris ?], 1956.
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    Onomastique et anthroponymie

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    Provence et environs

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    • Paul-Louis Rousset, Les Alpes et leurs noms de lieux. 6 000 ans d’histoire ? Les appellations d’origine prĂ©-indo-europĂ©enne, Grenoble, 1988.
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    Provençal

    Gassin

    • Colette Peirugues, Gassin. Au fil du temps..., Millau, Gassin, Mairie de Gassin, 1994, 188 pages. (ISBN 2-9508428-0-1)
    • Élisabeth Ulrich-Sauze, Les Noms de lieux des cantons de Grimaud et Saint-Tropez (Var), ThĂšse d’École des Chartes, Paris, 1969.
    • Anne-Marie Schneider Champagne, Les cadastres de Gassin (Var) 1567 – 1914. Le village de 1567 Ă  1808, 2010. (lire en ligne)
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