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Bonaventure de Bagnoregio

Saint Bonaventure (o.f.m.), né à Bagnorea (actuelle Bagnoregio, près d'Orvieto en Italie) en 1217-1218 ou 1221, sous le nom de Giovanni di Fidanza, mort à Lyon dans la nuit du 14 au [1], est un religieux italien. Il prit le nom de Bonaventure lors de son entrée dans les ordres.

Bonaventure de Bagnorea
Saint catholique
Image illustrative de l’article Bonaventure de Bagnoregio
Biographie
Nom de naissance Giovanni Fidanza
Naissance entre 1217 et 1221
Bagnorea (aujourd'hui Bagnoregio), Latium, États pontificaux
Ordre religieux Ordre des Frères mineurs de saint François
Décès
Lyon, royaume d'Arles
Cardinal de l'Église catholique
Créé
cardinal
par le
pape Grégoire X
Titre cardinalice cardinal-Ă©vĂŞque
d'Albano
Évêque de l'Église catholique
Fonctions épiscopales Archevêque nommé d'York (Grande-Bretagne)

Blason
.html (en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

ThĂ©ologien, archevĂŞque, cardinal, Docteur de l'Église, ministre gĂ©nĂ©ral des Franciscains, il est, Ă  l'instar de Jean Duns Scot et Thomas d'Aquin, l'un des piliers de la thĂ©ologie chrĂ©tienne au Moyen Ă‚ge. SurnommĂ© le « Docteur sĂ©raphique » (Doctor seraphicus), canonisĂ© en 1482, il reste connu sous le nom de « saint Bonaventure Â». Il est cĂ©lĂ©brĂ© par l'Église catholique le 15 juillet.

Biographie

Il naît de Giovanni di Fidanza et de Maria di Ritello. Baptisé Giovanni à sa naissance, il prend par la suite le nom de « Bonaventure ». Nous ne savons rien de sa jeunesse, ni des raisons de son changement de nom. Selon une tradition du XVe siècle, le tout jeune Giovanni, gravement malade à l'âge de 4 ans, aurait été apporté à François d'Assise, lequel l'aurait signé d'une croix sur le front en disant : « Ô buona ventura ! » (« Ô bonne fortune ! »). Son père, médecin, l’envoie étudier les arts à la Sorbonne en 1236. Il rejoint l'Ordre des frères mineurs en 1243. Il entreprend les études de théologie sous la houlette d'Alexandre de Hales, grand théologien devenu franciscain, puis d'Eudes Rigaud[2]. En 1248, Bonaventure obtient sa licence, ce qui l'autorise à enseigner à son tour à l'Université. En 1256, l'animosité montante des universitaires à l'égard des ordres mendiants l'oblige à quitter son poste. Après la condamnation de Guillaume de Saint-Amour[3], principal adversaire des Mendiants, Bonaventure reçoit son doctorat en 1257, en même temps que Thomas d'Aquin.

La même année, et malgré son jeune âge, Bonaventure avait été élu ministre général de son ordre, en succession de Jean de Parme. Il se trouve confronté à la querelle entre Spirituels et Conventuels, c'est-à-dire entre partisans de la pauvreté absolue et partisans d'une évolution de l'ordre, en particulier vers l'enseignement. Bonaventure condamne les Spirituels, en particulier les joachimistes, artisans des thèses de Joachim de Flore. Lors du chapitre général de Narbonne, il fait réviser les constitutions de l'ordre. Il s'attelle ensuite à une biographie de François d'Assise, qu'il présente en 1263 au chapitre général de Pise. À cette occasion, il redessine la carte des provinces de l'ordre. Il prescrit également la sonnerie des cloches à la tombée de la nuit, en l'honneur de l'Annonciation — pratique qui préfigure la prière de l'Angélus.

En 1265, Clément IV le nomme archevêque d'York, mais il refuse cette promotion et surtout entend demeurer à Paris, pour la défense des ordres mendiants. L'année suivante, le chapitre général de Paris ordonne la destruction de toutes les Vies de François d'Assise, à l'exception de celle rédigée par Bonaventure, déclarée la seule authentique et digne de foi. Cette mesure est condamnée par les zelanti, partisans d'un retour aux sources, qui y voient la confiscation par Bonaventure du personnage de François[4].

En 1267, à Rome, il crée un statut pour les laïcs agissant selon les règles de l’Amour du Christ : c’est la première confrérie de pénitents, qu'il nomme Confrérie du Gonfalon, dont l’objet est l’amour du Christ et la proclamation de la foi catholique[5].

En 1271, Bonaventure intervient dans le conclave réuni à Viterbe après la mort de Clément IV. Sur ses conseils, les cardinaux élisent Tebaldo Visconti, qui prend le nom de Grégoire X. En 1273, Bonaventure est consacré cardinal-évêque d'Albano par le nouveau pape. L'année suivante, Bonaventure quitte la tête des franciscains. Il est remplacé à cet office par Jérôme d'Ascoli, futur Nicolas IV. Il est alors chargé par Grégoire X de préparer le IIe concile de Lyon, qui s'ouvre le [6].

Durant le concile, Bonaventure prend la parole à deux reprises devant les pères conciliaires, une fois pour accueillir la délégation byzantine et recommander la réunion des Églises. Il défaille le 13 juillet pendant la session. Selon son secrétaire, Pérégrin de Bologne, il aurait été empoisonné. Il meurt dans la nuit du 14 au 15 juillet. Quand, en 1434, ses restes ont été transférés dans une nouvelle église dédiée à François d'Assise, le tombeau fut ouvert. Sa tête aurait alors été trouvée dans un parfait état de conservation, ce qui favorisa grandement la cause de sa canonisation[7]. Il est inhumé dans l'église franciscaine de Lyon, aujourd'hui nommée église Saint-Bonaventure. Son oraison funèbre fut prononcée par son ami, le dominicain Pierre de Tarantaise, futur Innocent V, sur le thème « Elle est tombée la colonne de l'Église ». Le , Sixte IV, pape franciscain, l'inscrit au nombre des saints. Bonaventure est proclamé docteur de l'Église en 1587 par le pape franciscain Sixte Quint[8].

Caractères généraux de l'œuvre

Bonaventure est un théologien franciscain, qui tenta de restituer théologiquement et conceptuellement l'intuition de son maître saint François d'Assise, fondateur de son ordre. Ainsi, sa pensée est toute tendue vers l'union mystique de paix et d'amour avec Dieu[9]. Il fut profondément influencé par saint Augustin, et dans une moindre mesure par Boèce, comme c'est visible dans le Breviloquium.

Saint Bonaventure résume l'enseignement des Victorins, notamment dans son De Triplici Via (1259)[10] également appelé Itinerarium mentis ad Deum, que l'on connaît par au moins trois cents manuscrits, preuve de son succès. Quittant la méditation, sensible ou intellectuelle, le saint montre à l'étape suivante la contemplation infuse ou excessus mentis, aussi appelée extase des ténèbres, ou mort mystique, ou même simplement contemplation mystique :

« C'est cette faveur secrète que nul ne connaît s'il ne la reçoit et que nul ne reçoit s'il ne la désire, et que nul ne désire si ce n'est celui qui est enflammé jusqu'au fond des entrailles par le feu du Saint-Esprit, que Jésus-Christ a porté sur cette terre[9]. »

Il s'agit de se débarrasser de notre esprit, notre pneuma, du sensible comme de l'intellectuel, pour arriver à l'extase hors de l'espace comme du temps. Pour cela, il emprunte au Pseudo-Denys l'Aréopagite les étapes de la montée contemplative de la hiérarchie céleste tout en continuant d'exprimer la simplicité franciscaine basée sur l'humanité et le primat de l'amour de Jésus illustrés par la Crucifixion et la vision séraphique du Poverello d'Assise[11]. Bonaventure classe successivement les étapes d'évolution de l'âme vers Dieu : purgative (ascèse), illuminative et perfective. Il s'agit de franchir les degrés d'élévation jusqu'à l'intemporelle vérité, passer des sens à l'imagination, de la raison à l'intellect puis à l'intelligence jusqu'au sommet de l'esprit ou l'étincelle de la conscience porté par le feu de l'Esprit-Saint. À ce cheminement va succéder la devotio moderna au XIVe siècle axée sur la méthode et l'imitation du Christ, puis plus tard la Lectio divina.

Les grands concepts de Bonaventure sont : la monadologie trinitaire, la théologie de la pauvreté et de la libéralité de Dieu, et une certaine théologie du corps et de la sensation.

Ĺ’uvre

Son œuvre inspire un courant, le « bonaventurisme », qui s'inscrit lui-même dans l'augustinisme et qui s'oppose au thomisme par l'humilité qu'il associe à la raison humaine, incapable d'accéder à la plénitude de la vérité sans l'aide de Dieu, tandis que Thomas d'Aquin est beaucoup plus confiant dans les capacités de l'homme.

Raymond Lulle, Juan Luis Vivès, Raymond Sebond sont les héritiers de ce courant. L'Apologie de Raimond Sebond (Wikisource) de Michel de Montaigne appartient de fait à cette tradition.

  • Des livres d'exĂ©gèse : Commentaires du Livre de la Sagesse, de l'Évangile selon Luc et ConfĂ©rences sur l'Ă©vangile de Jean
  • Des livres de spiritualitĂ© : Les Trois voies de la Vie spirituelle (la triple voie), ItinĂ©raire de l'esprit vers Dieu, L'Arbre de vie, Le Soliloquium
  • Commentaire sur Sentences de Pierre Lombard (1250)
  • Vie de saint François
  • Un compendium de ThĂ©ologie : le Breviloquium
  • Des Ĺ“uvres intĂ©ressant l'Ordre franciscain[12]
  • De très nombreux sermons et une synthèse de thĂ©ologie spirituelle : Les ConfĂ©rences sur l'Hexaemeron[13]

On lui a attribué, à tort, de nombreux traités spirituels et mystiques des XIIIe et XIVe siècles tels :

  • Commentaires sur l'imitation de JĂ©sus-Christ
  • MĂ©ditations sur la vie de JĂ©sus-Christ, plusieurs fois traduits en français.

Ses Œuvres ont été publiées à Rome, 1586-1598, 8 volumes in-folio et à Paris, 14 volumes, in-8, 1866. Ses Œuvres spirituelles ont été traduites par l'abbé Berthaumier, mais sans discernement critique. 1855. Ses œuvres complètes ont été publiées, en 10 volumes in-folio, entre 1882 et 1910 par le Collège d'études médiévales des Franciscains de Quaracchi (Florence).

Églises consacrées à Saint-Bonaventure

Toponymes

Au Canada, l'île Bonaventure, la municipalité Saint-Bonaventure et la rivière Bonaventure sont nommées en son honneur, du fait de la colonisation par les missionnaires récollets. Il a existé a Alger un collège Saint Bonaventure situé au 16 Chemin Ghermoul ( Ex. Yusuf) près du quartier Belcourt et qui dispensait un enseignement a des classes du primaire et du secondaire. Cet établissement a fonctionné même après l'indépendance et à définitivement fermé en 1968.

Bibliographie

Ĺ’uvres

Traductions en français

  • Vie de Saint François D'Assise, Editions DFT, 2019.
  • Ĺ’uvres spirituelles de S. Bonaventure], traduites par l'abbĂ© Berthaumier, Paris, Louis Vivès, 1854, 6 vol.
  • Les sept dons du Saint-Esprit, trad. Marc Ozilou, Cerf, 1997.
  • Commentaire sur les sentences (1253-1257), t. I : Questions sur Dieu, trad. Marc Ozilou, PUF, 2002, 288 p.
  • Le breviloquium (CondensĂ©, 1257), Editions franciscaines, 1968, 8 vol.
  • Intuition et raison. Choix de sermons, Editions grĂ©goriennes, 2006, 302 p.
  • ItinĂ©raire de l'esprit vers Dieu (Itinerarium mentis in Deum, 1259), trad. H. DumĂ©ry, Vrin, 1960.
  • Les dix commandements, trad. Marc Ozilou, DesclĂ©e, 1995, 205 p.
  • Les six jours de la CrĂ©ation (Collationes in Hexaemeron), trad. Marc Ozilou, DesclĂ©e/Cerf, 1991.
  • Les six lumières de la connaissance humaine, trad. Michaud-Quantin, Editions franciscaines, 1971.
  • Les sept paroles de JĂ©sus en croix, trad. abbĂ© Berthaumier, 1854
  • Le livre de l'amour, trad. abbĂ© Berthaumier, 1854

Études

  • Histoire de l'Église depuis les origines jusqu'Ă  nos jours, t.X (1198-1274), Paris, Bloud & Gay, 1959 ;
  • (en) Rosalind B. Brooke, Early Franciscan Government: Ellias to Bonaventure, Cambridge University Press, 2004 ;
  • AndrĂ©e Comparot, Augustinisme et aristotĂ©lisme : de Sebon Ă  Montaigne Paris, Éd. du Cerf, 1984 ;
  • Étienne Gilson, La Philosophie de saint Bonaventure, Paris, Vrin 1953 ;
  • Joseph Ratzinger (trad. Robert Givord), La ThĂ©ologie de l'histoire de saint Bonaventure, Paris, PUF, , 206 p. (prĂ©sentation en ligne)
  • AndrĂ© Vauchez (s. dir.), ApogĂ©e de la papautĂ© et expansion de la chrĂ©tientĂ© (1054–1274) (Histoire du christianisme, t. V), Paris, DesclĂ©e, 1992.
  • Marianne Schlosser, Saint Bonaventure, la joie d'approcher Dieu, traduction de l'allemand par J. GrĂ©al, Paris, Cerf et Éditions franciscaines, 2006.
  • Annie et Bernard Verten, "Intuition et raison" Choix de sermons traduits, prĂ©sentĂ©s et annotĂ©s. Éditions grĂ©goriennes.
  • Emmanuel Falque, Saint Bonaventure ou l'entrĂ©e de Dieu en thĂ©ologie, Ă©ditions Vrin, 2000.
  • Cyrille Michon, Thomas d'Aquin et la controverse sur "L'ÉternitĂ© du monde", GF Flammarion, Paris, 2004. La controverse entre Bonaventure et Thomas d'Aquin.
  • Richard S. Martignetti, L'arbre de vie de saint Bonaventure - ThĂ©ologie du voyage mystique, Éditions franciscaines.

Pseudo-Bonaventure

  • Meditationes de vita Christi (vers 1300)[14].
  • Biblia pauperum (vers 1250), Ă©di. par Henrik Cornell, Stockholm, 1925, XV-372 p.

Autres

  • Bonaventure et Henry DumĂ©ry, ItinĂ©raire de l'esprit vers Dieu : 7e Ă©dition, Librairie Philosophique Vrin, coll. « Biblio Textes Philosophiques », , 111 p. (ISBN 978-2-7116-0674-0)
  • Bonaventure et Goulven Madec, Le Christ maĂ®tre, Librairie Philosophique Vrin, coll. « Biblio Textes Philosophiques », , 142 p. (ISBN 978-2-7116-1026-6)
  • Bonaventure, Bernard Verten et Annie Verten, Sermons : Intuition & raison, Adverbum, , 302 p. (ISBN 978-2-914338-10-3)
  • BenoĂ®t XVI (trad. de l'allemand), La thĂ©ologie de l'Histoire de saint Bonaventure, Paris, Presses Universitaires de France - PUF, coll. « Quadrige. Grands textes », , 263 p. (ISBN 978-2-13-055922-1)
  • Laure Solignac, La thĂ©ologie symbolique de Saint Bonaventure, Parole et Silence, coll. « Collège des Bernardins », , 129 p. (ISBN 978-2-84573-893-5)
  • Laure Solignac, La Voie de la ressemblance : itinĂ©raire dans la pensĂ©e de saint Bonaventure, Paris, Hermann, coll. « HR. De Visu », , 448 p. (ISBN 978-2-7056-8895-0)
  • Richard Martignetti (trad. de l'anglais), L'arbre de vie de saint Bonaventure. ThĂ©ologie du voyage mystique, Paris, Editions Franciscaines, , 328 p. (ISBN 978-2-85020-317-6)
  • Bonaventure et L'AbbĂ© Berthaumier, ItinĂ©raire de l'âme Ă  Dieu, CreateSpace Independent Publishing Platform, , 46 p. (ISBN 978-1-5331-5003-5)
  • Bonaventure, Emmanuel Falque, Guy Bougerol et Luc Mathieu (trad. du latin), Le Breviloquium. Brève somme de la doctrine chrĂ©tienne, Paris, Editions Franciscaines, , 537 p. (ISBN 978-2-85020-385-5)
  • Gustave Mohomye, L’EspĂ©rance chrĂ©tienne dans la pensĂ©e de saint Bonaventure, Saint-Denis, Edilivre, coll. « Classique », , 207 p. (ISBN 978-2-414-18357-9)
  • Bonaventure (trad. du latin), Les Saints Anges : Huit sermons sur le Monde cĂ©leste, Gap, Gregoriennes, , 218 p. (ISBN 978-2-36766-026-4)

Notes et références

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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