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Annonciation

L’Annonciation est un épisode biblique relaté dans le Nouveau Testament et une fête chrétienne relative à l'annonce de sa maternité divine faite à la Vierge Marie par l'archange Gabriel.

Annonciation
L'Annonciation par Melozzo da Forlì.
L'Annonciation par Melozzo da Forlì.

Observé par les catholiques et les orthodoxes.
Type Célébration religieuse, Fête nationale libanaise.
Signification Commémoration de l'annonce faite à la Vierge Marie de sa maternité divine.
Date 25 mars (9 mois avant Noël), 7 avril pour les Églises orthodoxe, copte et arménienne [1].
Observances Prières
Lié à Nativité

L'Annonciation dans les textes sacrés

« Annonciations » dans la Bible

Avant d'être faite à Marie, l'Annonciation d'une grossesse miraculeuse est faite dans l'Ancien Testament à Sarah, épouse d'Abraham (Genèse 18, 9-15) ainsi qu'à la femme de Manoah, qui enfantera Samson (Juges 13, 2-7.24-25a). Dans le Nouveau Testament, un ange annonce à Zacharie que son épouse Élisabeth, une parente de Marie, est enceinte de Jean le Baptiste malgré son âge avancé (Luc 1, 5-25).

Annonciation à Marie

L'annonciation à Marie est relatée dans l'évangile selon Luc chapitre 1, 26-38[2].

« Le sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. L'ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L'ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n'aura pas de fin. » Marie dit à l'ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? » L'ange lui répondit : « L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l'appelait la femme stérile. Car rien n’est impossible à Dieu. » Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m'advienne selon ta parole. » Alors l'ange la quitta. »

Dans les autres évangiles

Le récit de l'Annonciation à Marie n'est pas présent dans les trois autres évangiles canoniques. L'évangile de Matthieu relate l'annonce de la conception virginale à Joseph, l'époux de Marie, par un ange qui lui apparait en songe (Matthieu 1, 20-21).

Dans la foi chrétienne

L'événement de l'Annonciation est repris dans le symbole des Apôtres, dans lequel il est indiqué que Jésus-Christ a « été conçu du Saint-Esprit », et qu'il « est né de la Vierge Marie »[3].

Les paroles de l'ange et de Marie dans le récit de l'Annonciation sont partiellement reprises dans la prière de l'Angélus. Le début de la salutation de l'ange à Marie se retrouve dans la première partie du Je vous salue Marie, suivie des paroles prononcées par Élisabeth lors de la Visitation.

Lecture critique du récit évangélique

Paul Verhoeven, membre du Jesus Seminar, souligne certaines incohérences dans le récit des Évangiles ; ces contradictions doivent selon lui conduire à mettre en doute l'idée d'une conception surnaturelle de Jésus. Si le miracle de la fécondation par l'Esprit-Saint avait été connu des parents et des frères de Jésus, écrit Verhoeven, « on ne comprendrait pas pourquoi plus tard, lorsque Jésus se met à pratiquer des exorcismes, sa famille s'oppose à lui, pense qu'il est fou et tente par la force de le traîner à Nazareth [Marc, III, 21, 31-35]. L'incrédulité des frères de Jésus, soulignée par l'Évangile de Jean [Jean, VII, 1-5], est incompréhensible s'ils sont au courant du miracle de sa conception[4] ».

Coran

Le récit coranique reprend l'épisode de l'Annonciation dans la sourate 19, versets 17-21. Selon Guillaume Dye, le Coran suit ici le Protévangile de Jacques, apocryphe chrétien du IIe siècle[5]. Le texte est le suivant :

« [17] Nous [Dieu] lui envoyâmes Notre Esprit (Gabriel), qui se présenta à elle sous la forme d'un homme parfait. [18] Elle dit : "Je me réfugie contre toi auprès du Tout Miséricordieux. Si tu es pieux, [ne m'approche point]." [19] Il dit : "Je suis en fait un Messager de ton Seigneur pour te faire don d'un fils pur." [20] Elle dit : "Comment aurais-je un fils, quand aucun homme ne m'a touchée ?" [21] Il dit : "Ainsi sera-t-il ! Cela M'est facile, a dit ton Seigneur ! Et Nous ferons de lui un signe pour les gens, et une miséricorde de Notre part. C'est une affaire déjà décidée." »

Fête chrétienne

Melchior Broederlam, L'Annonciation, 1398.

Cet événement biblique est célébré par les catholiques et les orthodoxes (l'Annonciation est une des Douze Grandes Fêtes). Célébré le 25 mars (neuf mois avant Noël) par la tradition chrétienne, l'anniversaire de l'Annonciation correspond aux anniversaires des morts d'Adam et de Jésus. Si le est un dimanche, la fête est décalée au lundi 26. Et si le tombe pendant la semaine sainte ou la semaine de Pâques (autrement dit si Pâques a lieu avant le ), alors l'Annonciation est décalée au deuxième lundi après Pâques[6].

Histoire liturgique

Jusqu'à l'époque de Justinien (530-550), il n'y a pas d'autre fête mariale que la « Mémoire de Marie » dans l'octave de Noël[7]. Justinien a imposé partout en Orient la célébration de l'Hypapante le au lieu du 14, quarante jours après la Nativité du Christ, qui fut définitivement placée le au lieu du , par son successeur Justin II. Les siècles suivants sont adoptées d'autres fêtes mariales, la fête de l'Assomption () et la Nativité de Marie (). C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre l'insertion dans le calendrier liturgique de la fête du (correspondant au jour de l'équinoxe de printemps dans le calendrier romain) comme fête de l'Annonciation (placée symboliquement neuf mois avant celle de Noël) qui est fixée dans la seconde moitié du VIIe siècle[8].

En 691 et 692, le sixième concile in Trullo se réunit dans la salle de la coupole (en grec trullos) à Constantinople. Il affirme dans son 52e canon : « Que durant le Carême il faut célébrer la messe des présanctifiés. Tous les jours de la sainte quarantaine de jeûne, sauf les samedis et dimanches et le saint jour de l'Annonciation, qu'on célèbre la sainte liturgie des présanctifiés ». Cela indique qu’à cette date l’Annonciation était célébrée pendant le Carême. Serge Ier, pape de 687 à 701, institue quatre processions mariales dont celle de l’Annonciation qui est d’abord appelée Annonciation du Seigneur puis Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie[9]. Ce n'est seulement qu'en 1969 à la suite du concile Vatican II qu’elle a trouvé son nom actuel de Solennité de l'Annonciation du Seigneur.

La Tradition chrétienne occidentale a fixé d'autres événements au jour du : premier jour de la création du monde, chute d'Adam et Ève, sacrifice d'Isaac, mort du Christ sur la croix, Jugement dernier[10].

Signification théologique

L'Annonciation d'Eustache Le Sueur (1650), musée d'Art de Toledo, États-Unis (une autre version existe au Louvre).

L'annonciation est un des mystères centraux du culte chrétien. C'est en effet le moment où le divin s'incarne en homme : l'ange Gabriel annonce à Marie son nouveau statut de mère du Fils de Dieu, et lui explique qu'elle portera un enfant en son sein tout en restant vierge. C'est l'origine de la croyance en une conception virginale qu'il ne faut pas confondre avec le dogme de l'Immaculée Conception qui est propre au catholicisme (il est rejeté explicitement par la plupart des protestants et des orthodoxes, tout en étant souvent laissé à leur libre appréciation par leurs églises et communautés respectives). Autrement dit, comme l'ont expliqué les théologiens, une femme juive vivant sous la loi mosaïque accepte d'introduire dans le monde celui qui mourra pour les péchés des hommes, c’est-à-dire que la loi, tout en restant valide, cesse d'être le principe théologique essentiel, et laisse la place au salut.

La liberté de Marie dans cette acceptation est essentielle. « Il [Dieu] ne peut racheter l'homme, créé libre, sans un libre oui de sa volonté. »[11]"

Pour cette raison, l'annonciation est le moment où est lavé le péché originel d'Adam et Ève. Une femme pure met au monde le Christ, et lave le péché d'impureté d'Ève. La tradition théologique souligne même que la formule latine prononcée par Gabriel « Ave Maria » contient le nom d'Ève inversé (ave / Eva, en latin) et rend visible le sens même de l'annonciation. Dans le texte original de l'Évangile en grec, la salutation de Gabriel est XAIPE, c’est-à-dire « Réjouis-toi ! » : l'Annonciation est un message de joie et de libération. Mais cette libération est potentielle, elle ne s'accomplit effectivement que par la Croix et la Résurrection.

Fête nationale au Liban et en Grèce

Le gouvernement libanais a décrété le jour de l'Annonciation jour de fête nationale, illustrant l'unité islamo-chrétienne, puisque l'Annonciation est citée dans l'Évangile et dans le Coran.

La fête nationale grecque est le . En effet ce jour, fête de l'Annonciation et de l'Orthodoxie en l'an 1821, commença sur tout le territoire le soulèvement révolutionnaire contre 400 ans d'occupation ottomane, qui mena à la constitution de l’État grec.

Personnes et institutions dédiées à la fête

Plusieurs prénoms féminins font référence à l'Annonciation :

  • Évanghélia, Évangéline (Annonciation se dit Evanghelismos en grec).
  • Annunciata ou Annunziata, Annonciade.

Des édifices, notamment religieux, sont nommés d'après l'Annonciation :

Basilique de l'Annonciation

À Nazareth, la basilique catholique de l'Annonciation est la plus grande des églises du Moyen-Orient et l'un des hauts lieux de la chrétienté. Elle a été inaugurée en 1964 par le pape Paul VI et consacrée en 1969 sur le site d'églises plus anciennes, elles-mêmes édifiées, à partir du IVe siècle, sur une grotte identifiée comme celle de l'Annonciation, à l'endroit même où selon la tradition chrétienne l'archange Gabriel apparut à Marie pour lui annoncer qu’elle portait l’enfant Jésus.

Basilique Notre Dame de Lorette

La Sainte Maison de Lorette (Santa Casa) dans la province d'Ancône dans les Marches Italiennes

La Sainte Maison où eut lieu l'Annonciation a été transportée au sommet de la colline de Lorette en 1291, dans la région des Marches italiennes.

Cette relique exceptionnelle fut l'objet du pèlerinage marial le plus important d’Occident durant plus de trois siècles. La Sainte Maison se trouve aujourd’hui au centre de la nef de la basilique de Lorette à l'intérieur d'un revêtement dessiné par l'artiste de la Renaissance Donato Bramante, sous la coupole du successeur de Brunelleschi, le florentin Giuliano da Sangallo.

Le 31 octobre 2019, le pape François a inscrit dans le Calendrier romain la mémoire liturgique de Notre-Dame de Lorette en date du 10 décembre.

Le thème dans l'art

L'Annonciation est un des thèmes privilégiés de l'art chrétien, tant byzantin qu'occidental.

Iconographie

Marie se doit d'être présente comme « annoncée » et l'archange Gabriel comme « annonciateur » ; Dieu le Père peut être présent ou être précédé des anges dans les cieux ; le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe se trouvera entre les deux principaux protagonistes. Marie, surprise souvent dans sa lecture des textes[12], est dans sa maison, proche de son jardin clos (hortus conclusus)[13].

Curieusement, entre le milieu du XVe siècle et le milieu du XVIIe siècle, toute une série de représentations de l’Annonciation (peintures murales, enluminures, panneaux sur bois ou toiles, gravures) comporte un sablier ou une horloge, comme l’a relevé l’historien de l’art Philippe Junod. Dans ces cas, ces instruments peuvent être interprétés comme emblème d’un temps nouveau dans le cadre de l’iconographie chrétienne, traduisant l’Incarnation, l’instant où le Verbe se fait Chair, où l’Éternité devient Temps[14].

L'Annonce à la Vierge de sa mort prochaine, huile sur toile (1635-1640), musée des Beaux-Arts du Canada, Ottawa.

Seconde Annonciation

Il existe en peinture une autre Annonciation faite à Marie plus rare, dite aussi Seconde Annonciation[15], celle de sa mort prochaine, par le même ange Gabriel :

Notes et références

  1. Jorge Isaacs, María, Éditions Beauchesne, , p. 99.
  2. « Évangile de Jésus-Christ selon Saint Luc », sur AELF (consulté le )
  3. catéchisme de l'Église catholique, numéros 484 à 486 (lire en ligne).
  4. Paul Verhoeven (trad. Anne-Laure Vignaux), Jésus de Nazareth, Aux forges de Vulcain, , 385 p. (ISBN 9782919176915), p. 55-56.
  5. Jérôme Prieur et Gérard Mordillat, Jésus et l'islam, documentaire de diffusé sur Arte en 2015, 3e épisode.
  6. Catholic Encyclopedia (1913)/Feast of the Annunciation of the Blessed Virgin Mary, Volume 1, Holweck, Frederick George (1907), New York: Robert Appleton Company.
  7. M. Jugie, "Homélies mariales byzantines. Textes grecs édités et traduits en latin", II, Patrologia Orientalis 19 (1925), 289-526, p. 308.
  8. Philippe Rouillard, Les fêtes chrétiennes en Occident, Éditions du Cerf, , p. 47.
  9. Baert, B., « Le Vent. Pathosformel et iconologie d’une quintessence », Eikón Imago, (DOI 10.5209/eiko.73392)
  10. Philippe Rouillard, op. cit., p. 48.
  11. Ratzinger, Marie des Anges et Jean-Marie Speich, L'enfance de Jésus, Flamarion, dl 2013 (ISBN 978-2-08-142171-4, 2-08-142171-2 et 978-2-08-128959-8, OCLC 931021126, lire en ligne), p. 57
  12. Michele Feo, Cosa leggeva la Madonna? : quasi un romanzo per immagini Firenze : Edizioni Polistampa, 2019.
  13. Daniel Arasse, L'Annonciation italienne, une histoire de perspective.
  14. Philippe Junod, « De l'éternité au temps. Note sur les Annonciations au sablier », Artibus et Historiae, no 83, 2021, p. 27-52.
  15. L’Annonciation à la Vierge de sa mort prochaine Sur le site latribunedelart.com, tableau de Paulus Bor, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.

Voir aussi

Bibliographie

  • Daniel Arasse, L'Annonciation italienne. Une histoire de perspective, éditions Hazan, 1999, 2000 (ISBN 9782754104531).
  • Michel Feuillet, L'Annonciation sous le regard des peintres, éditions Mame Présentation du livre.
  • Revue Graphé no 12 (2003) - L'Annonciation - directeur adjoint : Jean-Marc Vercruysse, maître de conférences en langue et littérature latines, domaines de recherche en patristique : herméneutique biblique.
  • Didier Lamaison, Philocalie de l'Annonciation. Peinture et spiritualité en Italie et en Flandre au XVe siècle. Paris, Les éditions de Franc-dire, 2019.
  • Philippe Junod, « De l'éternité au temps. Note sur les Annonciations au sablier », Artibus et Historiae, no 83, 2021, p. 27-52.

Articles connexes

Terme synonyme :

Articles consacrés à des moments de l'Annonciation ou leur commémoration :

Référence à Marie lors de l'Annonciation :

Œuvres d'art sur le thème :

Liens externes

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