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Programme d'Erlangen

Le programme d'Erlangen est un programme de recherche mathĂ©matique publiĂ© par le mathĂ©maticien allemand Felix Klein en 1872, dans son Étude comparĂ©e de diffĂ©rentes recherches rĂ©centes en gĂ©omĂ©trie[1]. L'objectif est de comparer les diffĂ©rentes gĂ©omĂ©tries apparues au cours du XIXe siĂšcle pour en dĂ©gager les points de similitude : on peut ainsi plus clairement distinguer la gĂ©omĂ©trie affine, la gĂ©omĂ©trie projective, la gĂ©omĂ©trie euclidienne, la gĂ©omĂ©trie non euclidienne au travers d'une vision globale. La clef de voĂ»te de ce programme est de fonder la gĂ©omĂ©trie sur les notions d'action de groupe et d'invariant. Ce programme apparut comme une remise en question de la gĂ©omĂ©trie et influa trĂšs fortement sur son dĂ©veloppement et son Ă©volution. Encore aujourd'hui sa philosophie influence de nombreux mathĂ©maticiens, ainsi que des programmes d'enseignement et de recherche[2].

La lecture de cet article nécessite une certaine familiarité avec les concepts et le vocabulaire des actions de groupes.

Contexte historique et principes

Depuis l'Ă©criture des ÉlĂ©ments d'Euclide (et mĂȘme avant), la gĂ©omĂ©trie cherchait Ă  rendre compte de l'espace environnant, Ă  travers la formalisation et l'axiomatisation de la gĂ©omĂ©trie euclidienne en dimensions 2 ou 3. Le XIXe siĂšcle a connu un Ă©panouissement des mathĂ©matiques et en particulier de la gĂ©omĂ©trie. En rĂ©ponse Ă  la question de l'indĂ©pendance des axiomes d'Euclide, et aussi pour des raisons pratiques, de nouvelles gĂ©omĂ©tries furent introduites, Ă  l'instar de la gĂ©omĂ©trie hyperbolique ou de la gĂ©omĂ©trie projective. À l'Ă©poque, on voyait ces gĂ©omĂ©tries non pas comme une palette d'outils mais plutĂŽt comme des modĂšles fondamentaux rĂ©pondant Ă  une collection d'axiomes desquels les rĂ©sultats gĂ©omĂ©triques devaient se dĂ©duire. Cette vision de la gĂ©omĂ©trie, dite gĂ©omĂ©trie synthĂ©tique, se place dans une volontĂ© de rigueur mathĂ©matique.

En prenant possession de sa chaire à l'université d'Erlangen, Klein, alors ùgé de vingt-trois ans, devait selon la tradition proposer un programme de travail. Le sien est une remise en question de cette vision traditionnelle. Son idée est d'appuyer la géométrie sur la théorie des groupes, et de placer le concept de symétrie (ou transformation) au centre de la géométrie.

La notion de groupe avait Ă©tĂ© introduite par Évariste Galois en 1831 pour Ă©tudier le problĂšme de la rĂ©solubilitĂ© des Ă©quations polynomiales. C'est cette mĂȘme notion que Klein emploie pour comprendre la gĂ©omĂ©trie, mais dans un tout autre contexte. Dans le programme d'Erlangen, une gĂ©omĂ©trie est dĂ©crite comme l'action d'un groupe G sur un ensemble X. Il s'agit moins d'une dĂ©finition que d'une recherche d'esthĂ©tique. Dans ce contexte, on dĂ©finit un objet gĂ©omĂ©trique par le lieu des points de X invariants par un sous-groupe isotropique de G. On peut aussi s'intĂ©resser Ă  une classe d'objets laissĂ©e invariante par l'action induite de G, qui forme alors un nouvel espace sur lequel opĂšre G, et on cherche alors Ă  classifier ces objets pour l'opĂ©ration du groupe G. On peut aussi prendre un sous-groupe de G et comparer les deux gĂ©omĂ©tries obtenues.

Voici des exemples qui permettent d'illustrer ces principes tout en restant dans le cadre de la géométrie plane. On considÚre un plan euclidien X et trois groupes : le groupe affine de X, le groupe des isométries de X et le groupe des similitudes affines de X. Ces groupes opÚrent transitivement sur X et définissent trois géométries.

  • Dans un premier exemple, on s'intĂ©resse aux couples de points distincts de X (ou aux segments de X). Le groupe affine et le groupe des similitudes opĂšrent transitivement sur l'ensemble de ces couples, et il n'y a alors pas lieu de les classifier pour ces groupes. Pour le groupe des isomĂ©tries, ce qui permet de les classifier c'est la distance mutuelle des points du couple.
  • Dans un deuxiĂšme exemple, on s'intĂ©resse aux triangles de X. Le groupe affine opĂšre transitivement sur l'ensemble des triangles, et il n'y a alors pas lieu de les classifier. Pour le groupe des similitudes affines, ce qui permet de classifier les triangles, ce sont les angles des triangles (cas de similitudes des triangles). Pour le groupe des isomĂ©tries, ce qui permet de classifier les triangles, ce sont les longueurs des cĂŽtĂ©s (cas d'Ă©galitĂ© des triangles).
  • Le groupe affine de X opĂšre transitivement sur l'ensemble des couples de droites sĂ©cantes. Pour le groupe des isomĂ©tries (ou des similitudes affines), on peut opĂ©rer une classification Ă  l'aide de l'angle de droites (c'est un nombre rĂ©el).

On peut aussi considérer les couples de droites parallÚles de X, et alors le groupe affine et le groupe des similitudes affines opÚrent transitivement sur cet ensemble et la distance entre les droites sert à les classifier pour le groupe des isométries. Du point de vue de la géométrie projective, si on prend le complété projectif P de X (c'est un plan projectif), alors les droites de X deviennent des droites de P, et alors les deux types de couples de droites de X se confondent dans X pour le groupe projectif de P, et ce groupe opÚre transitivement sur les couples de droites distinctes de P (deux droites de P sont nécessairement sécantes et il n'y donc pas de droites parallÚles distinctes dans P).

  • Les coniques propres de X se rĂ©partissent en trois orbites pour le groupe affine : les ellipses (cercles compris), les hyperboles et les paraboles. Pour le groupe des similitudes affines de X, ces coniques propres de X forment une classe d'objets invariants, classifiĂ©es par leur excentricitĂ©. Pour le groupe des isomĂ©tries de X, l'« Ă©quation normalisĂ©e » permet la classification.

Du point de vue de la géométrie projective, si on prend le complété projectif P de X (c'est un plan projectif), alors le groupe projectif de P opÚre transitivement sur les coniques propres de P, alors que les traces sur X de ces coniques de P sont exactement les coniques propres de X : ainsi, en ajoutant une droite à l'infini de X, on ne peut plus distinguer les coniques de X.

En pratique, les groupes qui interviennent dans les géométries du XIXe siÚcle sont les groupes classiques, c'est-à-dire des sous-groupes des groupes linéaires , et de sous-groupes des groupes affines et des groupes projectifs qui leur sont associés. Ces groupes sont encore trÚs utilisés en géométrie.

Le second mérite du programme d'Erlangen est de clarifier les particularités de chaque type de géométrie. Par exemple, la géométrie projective rend bien compte de l'alignement des sections coniques, mais non des cercles, des angles et des distances, car ces notions ne sont pas invariantes par les transformations projectives (il suffit de les imaginer en perspective pour le comprendre). Dans l'optique de ce programme, comprendre la liaison entre les différents types de géométrie revient alors à considérer des sous-groupes d'un groupe de symétries.

Selon Bourbaki, la géométrie classique serait morte en tant que champ de recherche, puisque, avec la clarté obtenue en classifiant les résultats des géométries d'un espace à l'aide des groupes dont il relÚve, et surtout depuis les progrÚs de la théorie des invariants, on peut obtenir de maniÚre presque automatique et systématique les résultats de la géométrie classique. Il reste toutefois à trouver dans quel langage ces résultats seront les plus simples et élégants : « Dépassée en tant que science autonome et vivante, la géométrie classique s'est ainsi transfigurée en un langage universel de la mathématique contemporaine, d'une souplesse et d'une commodité incomparables[3]. »

Les différentes géométries à la lumiÚre du programme d'Erlangen

Ce tableau donne la correspondance entre les principales géométries introduites au XIXe siÚcle et les actions de groupes :

Géométrie Espace Groupe Invariants
AffineEspace affine
groupe des isomorphismes affines de
Sous-espaces affines
EuclidienneEspace euclidien
groupe des isométries affines de
Sous-espaces affines, sphĂšres
SphériqueSphÚre euclidienne : groupe orthogonalGrands cercles
ProjectiveEspaces projectifs réels : groupe projectifSous-espace projectif
ElliptiqueEspace projectif réel : groupe projectif orthogonalSous-espaces projectifs

Une des idĂ©es fondamentales de Klein consiste Ă  plonger les diffĂ©rentes gĂ©omĂ©tries dans la gĂ©omĂ©trie projective : on fixe une figure d'un espace projectif et on dĂ©rive de cette figure, ou d'une figure qui lui est associĂ©e, le groupe des transformations projectives qui la laisse stable. On cherche alors des invariants et des quantitĂ©s qui permettent de les classifier sous l'action du groupe. On obtient de cette façon les principales gĂ©omĂ©tries classiques : la gĂ©omĂ©trie affine, la gĂ©omĂ©trie euclidienne, la gĂ©omĂ©trie sphĂ©rique la gĂ©omĂ©trie elliptique, la gĂ©omĂ©trie hyperbolique et la gĂ©omĂ©trie conforme. Puisque la gĂ©omĂ©trie projective peut ĂȘtre basĂ©e sur l'algĂšbre linĂ©aire, toutes ces gĂ©omĂ©tries admettent des modĂšles basĂ©s sur l'algĂšbre linĂ©aire. De plus, l'algĂšbre linĂ©aire est un outil thĂ©orique puissant pour l'Ă©tude de ces gĂ©omĂ©tries.

On interprÚte ici les principales géométries comme sous-géométries de la géométrie projective (ou affine).

  • La gĂ©omĂ©trie affine peut ĂȘtre obtenue Ă  l'aide de la gĂ©omĂ©trie projective de la maniĂšre suivante : on prend un espace projectif P induit par un espace vectoriel rĂ©el E de dimension finie ( par exemple) et on fixe un hyperplan L de P ( par exemple) et on prend le stabilisateur G de L pour le groupe projectif de P (qui induit par le groupe linĂ©aire de E). Ensuite, le complĂ©mentaire de L dans P s'identifie Ă  un espace affine rĂ©el de dimension n ( dans l'exemple) et le groupe de transformations induites sur cet espace affine est son groupe affine (le groupe affine de dans l'exemple). En fait, on a fait l'opĂ©ration inverse de la complĂ©tion projective d'un espace affine, qui consiste Ă  plonger un espace affine dans un espace projectif et de plonger son groupe affine dans le groupe projectif. Ainsi, la gĂ©omĂ©trie affine est une sous-gĂ©omĂ©trie de la gĂ©omĂ©trie projective. Tout ceci fonctionne si on remplace le corps des nombres rĂ©els par le corps des nombres complexes (ou par un corps commutatif).
  • On peut interprĂ©ter la gĂ©omĂ©trie euclidienne avec son groupe des similitudes en termes de gĂ©omĂ©trie projective (c'est plus abstrait). Il y a sur ce que l'on appelle une « quadrique imaginaire » : la norme au carrĂ©e de dĂ©finie un polynĂŽme homogĂšne rĂ©elle de degrĂ© 2 de et, en remplaçant les coordonnĂ©es rĂ©elles par des coordonnĂ©es complexes, on obtient un polynĂŽme homogĂšne complexe de degrĂ© 2 de (mĂȘme Ă©quation, mais en variables complexes). Les points de l'espace projectif complexe qui annulent ce polynĂŽme est une quadrique projective de (une conique projective si n > 2 et deux points si n = 2). C'est la quadrique imaginaire de . On a vu dans l'exemple prĂ©cĂ©dent de la gĂ©omĂ©trie affine, que le groupe affine de s'identifie Ă  un sous-groupe du groupe projectif de . Le groupe des similitudes affines de est le sous-groupe du groupe projectif (ou du groupe affine) des transformations qui laissent stable la quadrique imaginaire (on remplace les coordonnĂ©es rĂ©elles par des coordonnĂ©es complexes, et tout ici a un sens). Ainsi la gĂ©omĂ©trie euclidienne semblable est une sous-gĂ©omĂ©trie de la gĂ©omĂ©trie projective.
  • On peut donner une autre interprĂ©tation de la gĂ©omĂ©trie elliptique. Pour cela, on reprend la quadrique imaginaire de de l'exemple prĂ©cĂ©dent (on augmente la dimension de 1). Alors le groupe projectif orthogonal de est le sous-groupe du groupe projectif de qui laisse stable la quadrique imaginaire. On dit que cette quadrique imaginaire est l'absolu de l'espace elliptique . On peut ainsi dire que l'hyperplan Ă  l'infini d'un espace euclidien est un espace elliptique. La distance d'un espace elliptique peut s'exprimer Ă  l'aide de la quadrique imaginaire et des birapports.
  • La gĂ©omĂ©trie sphĂ©rique peut ĂȘtre obtenue de la gĂ©omĂ©trie affine de la maniĂšre suivante. On fixe la sphĂšre unitĂ© S de . Alors le groupe orthogonal est le groupe des transformations affines (ou linĂ©aires) de qui laissent stable S, et alors le groupe des isomĂ©tries de S est le groupe des transformations de S induites par le groupe orthogonal.
  • On peut interprĂ©ter la gĂ©omĂ©trie hyperbolique en termes de gĂ©omĂ©trie projective. On prend comme espace l'espace hyperbolique comme l'intĂ©rieur H d'une quadrique ovale Q d'un espace projectif rĂ©el P de dimension n (l'intĂ©rieur d'une conique projective d'un plan projectif rĂ©el, par exemple) et dont le groupe est le groupe de transformations de H obtenu par restriction Ă  H des Ă©lĂ©ments du sous-groupe du groupe projectif de P qui laissent stable H (on obtient le groupe des isomĂ©tries de l'espace hyperbolique H). On dit que la quadrique ovale Q est l'absolu de l'espace hyperbolique H. C'est le modĂšle projectif de Klein de la gĂ©omĂ©trie hyperbolique. On peut exprimer la distance d'un espace hyperbolique Ă  l'aide de Q et des birapports.
  • Il y a aussi la gĂ©omĂ©trie de Möbius (ou gĂ©omĂ©trie conforme). On part du mĂȘme espace projectif P et de la mĂȘme quadrique Q que dans le cas de la gĂ©omĂ©trie hyperbolique. On prend comme espace la quadrique ovale Q de P et on prend comme groupe le groupe des transformations de Q obtenue par restriction Ă  Q des Ă©lĂ©ments du groupe projectif de P qui laissent stable Q.
  • L'espace de la gĂ©omĂ©trie de Möbius avec son groupe est essentiellement Ă©quivalent (si n est supĂ©rieur Ă  3) Ă  une sphĂšre euclidienne avec comme groupe non pas son groupe des isomĂ©tries (le groupe orthogonal vu plus haut), mais un groupe qui le contient strictement : c'est son groupe conforme (en), ou groupe des transformations de Möbius, c'est-Ă -dire des transformations de la sphĂšre qui envoient les cercles sur des cercles (ou encore le groupe des diffĂ©omorphismes de cet sphĂšre qui prĂ©servent les angles des courbes tracĂ©es sur cette sphĂšre). Pour le voir, il suffit de voir que le complĂ©tĂ© projectif d'une sphĂšre euclidienne est une quadrique ovale d'un espace projectif (il n'y a pas de points Ă  l'infini Ă  une sphĂšre euclidienne).
  • L'espace de la gĂ©omĂ©trie de Möbius avec son groupe est aussi essentiellement Ă©quivalent Ă  l'espace obtenu en ajoutant un point Ă  l'infini Ă  un espace euclidien X (son compactifiĂ© d'Alexandrov) et en considĂ©rant le groupe de transformations engendrĂ© par les rĂ©flexions de X par rapport Ă  des hyperplans affines de X et par les inversions de X par rapport Ă  des sphĂšres X. Pour le voir, il suffit de se ramener Ă  une sphĂšre euclidienne Ă  l'aide d'une projection stĂ©rĂ©ographique. Alors, le stabilisateur du point Ă  l'infini de X pour ce groupe induit sur X le groupe des similitudes affines de X, et on obtient alors la gĂ©omĂ©trie euclidienne semblable.

Pour inclure une plus grande classe d'objets, il est souhaitable d'Ă©tendre la dĂ©finition d'invariants. Il peut ĂȘtre intĂ©ressant de porter l'Ă©tude sur des ensembles de parties globalement invariants par l'action induite du groupe. Ainsi les quadriques ovales (ou les coniques propres) forment un ensemble de parties d'un espace projectif rĂ©el (ou d'un plan projectif rĂ©el) invariant par le groupe projectif.

Il faut remarquer qu'à deux types de géométrie peuvent correspondre des groupes isomorphes, sans que les géométries soient équivalentes. Voici deux exemples.

  • À la gĂ©omĂ©trie de la sphĂšre orientĂ©e et Ă  l'espace projectif est associĂ©, en dimension paire le mĂȘme groupe, Ă  savoir . Cependant ces gĂ©omĂ©tries sont Ă  rapprocher : on dit aujourd'hui que est le revĂȘtement universel de , revĂȘtement Ă  deux feuillets.
  • De mĂȘme, les groupes de la gĂ©omĂ©trie hyperbolique et de la gĂ©omĂ©trie conforme sont isomorphes (ils sont induits par le mĂȘme sous-groupe du groupe projectif), mais les espaces ne sont pas isomorphes : un espace hyperbolique est homĂ©omorphe Ă  un espace affine euclidien (donc non compact), alors que l'espace de la gĂ©omĂ©trie conforme est homĂ©omorphe Ă  une sphĂšre euclidienne (donc compact). Il y a toutefois un lien entre ces gĂ©omĂ©tries : la gĂ©omĂ©trie conforme est l'absolu de la gĂ©omĂ©trie hyperbolique.

Influence sur la géométrie moderne

L'impact du programme d'Erlangen dĂ©passe complĂštement la vision de Felix Klein. Elle se retrouve dissimulĂ©e Ă  travers chaque utilisation des groupes en gĂ©omĂ©trie. Évidemment, le programme d'Erlangen n'aurait pu correspondre aux nouvelles structures gĂ©omĂ©triques rencontrĂ©es au cours du XXe siĂšcle : variĂ©tĂ© diffĂ©rentielle, variĂ©tĂ© algĂ©brique
 Mais une trace demeure prĂ©sente.

  • En gĂ©omĂ©trie diffĂ©rentielle, un espace homogĂšne est une variĂ©tĂ© diffĂ©rentielle X sur laquelle agit transitivement un groupe de Lie. Les espaces homogĂšnes jouent un rĂŽle central, et plus particuliĂšrement en gĂ©omĂ©trie riemannienne. La classification des espaces symĂ©triques s'appuie sur la gĂ©omĂ©trie des espaces homogĂšnes (parmi les espaces symĂ©triques, on retrouve les espaces euclidiens, les sphĂšres euclidiennes, les espaces elliptiques et les espaces hyperboliques).
  • Le groupe fondamental d'un espace topologique X agit sur tout revĂȘtement Y de X. Cette action est centrale dans la thĂ©orie des revĂȘtements. Elle permet par exemple la classification des revĂȘtements Ă  isomorphisme prĂšs.
  • Une variĂ©tĂ© diffĂ©rentielle est un espace topologique obtenu par recollement d'ouverts de Rn par des diffĂ©omorphismes, ce qui permet d'y faire du calcul diffĂ©rentiel. Mais on peut vouloir restreindre la donnĂ©e des recollements. En recollant des ouverts de Rn par des isomĂ©tries affines (resp. applications symplectiques affines, resp. applications affines), on obtient exactement les variĂ©tĂ©s riemanniennes plates (resp. les variĂ©tĂ©s symplectiques, resp. les variĂ©tĂ©s munies d'une connexion de courbure nulle). En restreignant les groupes, on enrichit la structure gĂ©omĂ©trique. On obtient la thĂ©orie des pseudogroupes (en) de transformations.
  • En considĂ©rant sur les espaces tangents d'une variĂ©tĂ© diffĂ©rentielle X de dimension n toutes les bases, on obtient un espace ce que l'on appelle le fibrĂ© des repĂšres de X, et le groupe linĂ©aire rĂ©el de degrĂ© n opĂšre sur ce nouvel espace. En enrichissant la variĂ©tĂ© X d'une structure vĂ©rifiant certaines propriĂ©tĂ©s (les G-structures (en), une mĂ©trique riemannienne par exemple), on considĂšre les repĂšres adaptĂ©s Ă  cette structure (les repĂšres orthonormaux, par exemple) et alors le sous-groupe du groupe linĂ©aire correspondant (le groupe orthogonal, dans cet exemple) opĂšre sur ce nouvel espace de repĂšres, de maniĂšre non transitive en gĂ©nĂ©ral. RĂ©ciproquement, si on considĂšre un sous-groupe de Lie du groupe linĂ©aire (le groupe orthogonal par exemple), on peut dĂ©terminer les structures sur la variĂ©tĂ© qui admette ce groupe comme groupe structural (toutes les mĂ©triques riemanniennes dans cet exemple). C'est Élie Cartan qui a introduit ces concepts, et, avec la thĂ©orie des connexions, il a pu rĂ©concilier le programme d'Erlangen avec la gĂ©omĂ©trie riemannienne de Bernhard Riemann.

Notes et références

  1. (de) Felix Klein, « Vergleichende Betrachtungen ĂŒber neuere geometrische Forschungen », dans Gesammelte mathematische Abhandlungen, vol. i (lire en ligne), p. 460-497
  2. Lizhen Ji et Athanase Papadopoulos (éditeurs), Sophus Lie and Felix Klein: The Erlangen program and its impact in mathematics and physics, Zurich, European Mathematical Society Publishing House, coll. « IRMA Lectures in Mathematics and Theoretical Physics » (no 23), .
  3. N. Bourbaki, ÉlĂ©ments de mathĂ©matique, AlgĂšbre, 1959, chap. 9, Notes historiques
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