Peintre au cinéma
Le peintre au cinéma est un personnage de fiction emblématique de la figure de l’artiste. Il peut être fictif ou inspiré de la biographie d'artistes célèbres tels que Rembrandt, Goya, Picasso, Modigliani, van Gogh, etc. Dans les films le peintre est représenté tantôt comme un génial démiurge, tantôt comme une figure de l'artiste « raté » ou « maudit ».
L’archétype de l’artiste au cinéma
L’artiste est un individualiste, bohême ou dandy (image d'Épinal) décrit comme un génie, obsédé par sa création (gros plan sur sa main peignant fébrilement) solitaire (seul face à la toile), asocial (pissant dans la cheminée, retournant la table des commensaux), antipathique (sûr de lui et méprisant), inquiétant (amateur de femmes), presque enfantin (perdu dans ses rêves) souvent désarmant et réconciliateur dans la solitude de l’atelier face aux tumultes de la société (seul face au modèle féminin). Entier, pétri de contradictions, il peut être charmant ou odieux, fait de chair et de sang, amateur de femmes ou d’hommes, mondain ou maudit.
Le peintre au cinéma est un personnage qui regarde et est incontrôlable. À cet archétype correspond son double, le marchand, personnage cynique, amusé, spirituel et toujours mondain : Pierre Brasseur dans La Métamorphose des cloportes[1].
Il peut arriver que les deux personnages se retrouvent dans la figure du peintre « arrivé », personnage de fiction, trafiquant cynique dans La Traversée de Paris (de Claude Autant-Lara, 1956) où Jean Gabin campe un peintre « montmartrois » parisien inquiétant et reconnu. Tel aussi le personnage du peintre expressionniste abstrait Lionel Dobie (Nick Nolte) qui se venge de sa maitresse Paulette dans l'épisode Life Lessons de New York Stories (Martin Scorsese, 1989).
Deux archétypes biographiques
Rembrandt
La biographie de Rembrandt est un exercice de clair-obscur et de lumière tamisée pour les chefs opérateurs comme dans Rembrandt d’Alexandre Korda, Rembrandt de Hans Steinhoff, Rembrandt fecit 1669 de Jos Stelling.
Exercice qui se prolonge dans La Jeune Fille à la perle, biographie imaginaire de Vermeer… On trouve la même situation avec la figure du peintre dans Tous les matins du monde, le peintre français de nature morte… dans le silence de l’atelier.
Van Gogh
Avec Gauguin, Van Gogh est « la » figure de la peinture impressionniste que ce soit chez Vincente Minnelli ou Maurice Pialat. Les scénaristes n’hésitent pas à prendre des libertés certaines avec la réalité historique et biographique de ce peintre obsédé par son art.
La structure – le caractère du personnage - est identique dans les biopics de van Gogh, de Modigliani ou de Pollock.
Chez Renoir, le peintre amateur qui se rêve figure impressionniste devient une figure pathétique dans La Chienne (1931), alors que les allusions à son père le peintre Pierre-Auguste Renoir sont nombreuses dans Partie de campagne et dans Moulin Rouge.
Filmographie non exhaustive
Documentaires et peintres réalisateurs
Il ne faut pas confondre ces films de fictions avec les documentaires sur les peintres, par exemple :
- 1915 : Ceux de chez nous – Sacha Guitry avec Auguste Renoir, Monet, Degas…
- 1953 : Jackson Pollock – Hans Namuth
- 1954 : Matisse – François Campaux et Jean Cassou
- 1959 : Le Mystère Picasso – Henri-Georges Clouzot
- 1977 : Di Cavalcanti - Glauber Rocha
- 2005 : Bacon : L’Homme et l'arène – Alan Low
- 2011 : Lo Toscano[2] – Mourad Kassa, consacré à Vito Tongiani
- 2013 : Oil - Lumière et couleur chez Djoroukhian – Isabelle Darmengeat
ou les films de peintres comme :
- 1924 : Le Ballet mécanique – Fernand Léger
- 1930 : L’Âge d'or – Buñuel et DalĂ
On peut noter que Charles Matton joue sur les deux tableaux puisque, peintre lui-même, il a réalisé le film Rembrandt en 1999.
Bibliographie
- Patricia-Laure Thivat (dir.), Biographies de peintres à l’écran, Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 320 p. (ISBN 978-2-7535-1709-7)
- Gilles Horvilleur (dir.), Dictionnaire des personnages du cinéma, Paris, Bordas, , 559 p. (ISBN 2-04-016399-9)
Notes et références
- Pierre Granier-Deferre, 1965.
- Lo Toscano