Louis Marc Antoine Robillard d'Argentelle
Louis Marc Antoine Robillard dâArgentelle[note 1], nĂ© Ă Pont-l'ĂvĂȘque le et mort Ă Paris le , est un capitaine de l'artillerie de marine, puis capitaine au rĂ©giment de l'Isle de France, et sculpteur cĂ©roplasticien français, connu pour avoir crĂ©Ă© une collection de modĂšles en cire de fruits exotiques de l'Ăźle Maurice, le Carporama.
Naissance | Pont-l'ĂvĂȘque (d) |
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DĂ©cĂšs |
(Ă 51 ans) Paris |
SĂ©pulture | |
Nationalité | |
Activités | |
ParentĂšle |
Louis Adolphe Humbert de Molard (neveu) Jules Dumont dâUrville (cousin) |
Abréviation en botanique |
L.M.A.Robill. |
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Robillard découvre la céroplastie et ses techniques à Naples et à Florence lors de la campagne d'Italie de 1799-1800. En poste à l'Isle de France à partir de 1803, il s'intéresse aux fruits exotiques indigÚnes et cultivés au jardin botanique de Pamplemousses et entreprend d'en fabriquer des modÚles en cire, dans un but scientifique et documentaire. Déchargé de ses obligations militaires lors de la reprise de l'ßle par les Britanniques (1810), il poursuit son activité d'artiste céroplasticien jusqu'à son retour en France en 1826. Avec l'aide de son neveu, Louis Adolphe Humbert de Molard, il prépare alors une exposition de sa collection à Paris, sous le nom de Carporama ; mort inopinément un an avant son ouverture, il n'en verra pas le succÚs.
Les 112 modĂšles sont ensuite conservĂ©s dans la famille jusqu'en 1887, date Ă laquelle ils sont offerts au musĂ©um national d'histoire naturelle Ă Paris, oĂč ils ont connu des sorts divers avant d'ĂȘtre remis en valeur Ă la fin du XXe siĂšcle. IntĂ©grĂ©s dans le patrimoine artistique de l'institution, ils sont occasionnellement prĂȘtĂ©s pour des expositions temporaires.
Biographie
Naissance, famille et décÚs
Louis Marc Antoine Robillard dâArgentelle[note 2] - [note 3] est nĂ© Ă Pont-l'ĂvĂȘque dans le Calvados le 29 avril 1777. Son pĂšre, Louis Adrien Robillard, est un ancien directeur des aides[10]. Il est le cousin germain de Jules Dumont d'Urville et l'oncle de Louis Adolphe Humbert de Molard[2].
En 1805, Louis Marc Antoine Robillard dâArgentelle Ă©pouse Ălisabeth DĂ©sirĂ©e Merlo (1785-1850) Ă Port-Louis ; les Ă©poux, qui n'ont pas d'enfants, divorcent en 1821[11].
Il meurt à son domicile parisien, rue Saint-Louis-au-Marais, le , à l'ùge de 51 ans, d'« une inflammation intestinale ». Il est inhumé au cimetiÚre du PÚre-Lachaise[12].
CarriĂšre militaire
EnrĂŽlĂ© volontaire comme simple canonnier en 1799, puis reçu lieutenant d'artillerie de marine, Robillard devient aide de camp du gĂ©nĂ©ral Charles François LĂ©ger Favereau, puis du gĂ©nĂ©ral Marc Gaspard Abraham Paulet de La Bastide affectĂ© Ă l'armĂ©e d'Italie. Il participe Ă la campagne d'Italie de 1799-1800 et, grĂące Ă son beau-frĂšre Jean Claude François Humbert de Molard[note 4], futur colonel d'Empire et marĂ©chal de camp, il obtient une permission pour sĂ©journer plusieurs mois Ă Naples et Ă Florence, oĂč il dĂ©couvre et apprend les techniques de la cĂ©roplastie[10].
NommĂ© lieutenant-capitaine au bataillon de Cipayes[10], il embarque vers PondichĂ©ry avec l'Ă©tat-major du capitaine gĂ©nĂ©ral des Ă©tablissements français en Inde, Charles-Mathieu-Isidore Decaen, sous la conduite du contre-amiral Linois, fin [13] - [note 5]. AprĂšs la rupture de la paix d'Amiens, la flottille regagne l'Isle de France oĂč Robillard est promu au grade de capitaine[10].
Au terme d'une expédition dans les Indes néerlandaises, fin 1803, Robillard est mis à disposition du régiment de l'Isle de France. Ses obligations militaires lui laissent du temps libre pour découvrir les richesses naturelles de l'ßle et les fruits exotiques du jardin botanique de Pamplemousses, dont il entreprend la création de modÚles en cire. En 1810, aprÚs la bataille de Grand Port à laquelle il a pris part, l'Isle de France est réinvestie par les Britanniques et, rebaptisée ßle Maurice, réintÚgre l'Empire britannique en 1814 ; ayant obtenu sa mise en congé, Robillard peut désormais se consacrer pleinement à la céroplastie[11].
Le Carporama
De l'Isle de France au Muséum
Durant le quart de siÚcle qu'il passe sur l'ßle, Robillard crée une collection de 112 modÚles en cire, principalement des fruits, mais aussi des branches feuillues et fleuries. Cette collection, présentée sous le nom de Carporama[15] - [note 6], reproduit, grandeur nature, des espÚces tropicales indigÚnes ou cultivées à l'ßle Maurice, en provenance d'Asie surtout, mais aussi d'Amérique et de Madagascar, qu'il a pu observer au jardin de Pamplemousses[1], jardin d'essai et d'acclimatation créé en 1770 par Pierre Poivre et développé par Jean-Nicolas Céré[18]. Robillard veut ainsi faire découvrir aux Européens les fruits et fleurs exotiques qui ne résistent pas aux conditions de transport lors de longs trajets. Il apporte un soin particulier au réalisme de ses reproductions, respectant les dimensions réelles, les couleurs et l'aspect des végétaux[11].
En , profitant d'une escale de la Coquille lors de son retour d'un voyage autour du monde, Jules Dumont d'Urville, accompagnĂ© de RenĂ© PrimevĂšre Lesson, rend visite Ă son cousin Robillard, non loin de Port-Louis. Ăbloui par l'Ćuvre du cĂ©roplasticien, PrimevĂšre Lesson en fait une description Ă©logieuse Ă son retour en France l'annĂ©e suivante :
« L'exécution de chacun des fruits est telle qu'elle ne laisse rien à désirer au botaniste le plus scrupuleux⊠C'est avec un rare talent qu'il a su rendre les organes fugaces des fleurs, la texture et le facies des feuilles, les fruits dans leurs divers degrés d'accroissement, les branches et leur port, les écorces avec leurs teintes, leurs rugosités et leurs nuances, etc., etc.[19] »
« Les amateurs se plaisaient Ă contempler principalement des oranges pamplemousses, dont une, coupĂ©e par le milieu, offrait au milieu du suc et de la pulpe qui entoure les semences ou pepins une transluciditĂ© telle que les semences les plus profondes apparaissaient au milieu du parenchyme rosĂ© dont le suc semblait s'extravaser des arĂ©oles sectionnaires. Les vaisseaux de l'Ă©picarpe qui renferment l'huile essentielle peuvent ĂȘtre examinĂ©s Ă la loupe ainsi que toutes les parties de la plante.[20] »
Lesson déplore les arrangements apparemment pris par Robillard pour envoyer sa collection à Londres, espérant qu'« elle n'y demeurera pas et qu'elle viendra décorer les musées de Paris, et servir de modÚle aux peintres, et d'objet d'étude aux botanistes sédentaires[19] » et fait connaßtre la collection à l'Académie des sciences[21]. Dix-huit mois aprÚs la visite de PrimevÚre Lesson et Dumont d'Urville, fin , Robillard s'embarque vers Londres[13] avec son assistant créole nommé Mercure et sa collection soigneusement emballée dans une centaine de caisses ingénieusement conçues par lui pour résister à la chaleur et aux chocs du transport[11]. La presse mauricienne annonce son départ et relaie les doléances de Lesson quant au futur de la collection en dehors de la France. Arrivé à Londres, Robillard revient sur sa décision et refuse les 100 000 livres offertes par les Anglais. De retour à Paris fin 1826, avec ses modÚles intacts, il prépare avec son neveu Humbert de Molard la mise en place d'une exposition du Carporama, dont Cassini, Desfontaines et La BillardiÚre vantent la beauté et la qualité dans un rapport inédit à l'Académie[22] - [23] - [24] :
« [les plantes sont] reprĂ©sentĂ©es en tout ou en partie, de grandeur naturelle et avec une perfection telle, quâelle peut faire illusion aux yeux dâun botaniste exercĂ©. Ces plantes artificielles sont trĂšs-supĂ©rieures Ă tout ce quâon connaĂźt en ce genre ; elles sont dignes de figurer honorablement dans toute collection ouverte au public, oĂč elles procureraient facilement la parfaite connaissance dâobjets intĂ©ressans. »
L'intĂ©rĂȘt multiple des modĂšles est soulignĂ© dans le catalogue de l'exposition :
« Le botaniste, tout le premier, y dĂ©couvrira Ă l'aide de la loupe des dĂ©tails imperceptibles que n'avaient jamais prĂ©sentĂ©s Ă ses yeux des herbiers dĂ©colorĂ©s, et des fruits secs dĂ©pourvus de leurs pulpes. Le dessinateur, le peintre, puiseront dans le port des rameaux, dans le feuillage et ses teintes, de nouvelles inspirations pour leurs crayons et leurs pinceaux. Le voyageur sentira renaĂźtre ses souvenirs Ă l'aspect de ces Litchis dĂ©licieux, de ces Papayes, de ces Mangues fondantes, qu'il aura touchĂ©s et mangĂ©s si souvent. Le curieux enfin, le simple amateur se familiarisera, pour la premiĂšre fois, avec ces vĂ©gĂ©taux somptueux, si vantĂ©s dans les rĂ©cits des navigateursâŠ[25] »
Mort inopinément le , emportant les secrets de sa fabrication, Robillard ne verra pas le succÚs de l'exposition qui s'ouvre à Paris, rue de la Grange-BateliÚre, en , moins d'un an aprÚs son décÚs[26] - [12].
MalgrĂ© le vĆu de voir cette collection acquise par le gouvernement français pour accroĂźtre les richesses du musĂ©e de la Marine[27], les modĂšles sont rĂ©cupĂ©rĂ©s aprĂšs l'exposition par Louis Adolphe Humbert de Molard, qui en a hĂ©ritĂ©. Ce dernier les expose dans les salons du rez-de-chaussĂ©e de son hĂŽtel de la rue Meslay Ă Paris, oĂč ils sont encore visibles en 1853[28]. Les fruits de cire sont prĂ©sentĂ©s au pavillon indien de la SociĂ©tĂ© d'horticulture Ă l'Exposition universelle de 1855 tenue au Palais de l'Industrie[29].
Les modĂšles de Robillard sont conservĂ©s dans la famille prĂšs de 60 ans[30], en dĂ©pit de diverses tentatives de vente de la collection au musĂ©um d'histoire naturelle ou Ă l'AcadĂ©mie des sciences[31]. DĂšs 1832, le secrĂ©taire d'Ă©tat au dĂ©partement de l'Instruction publique François Guizot avait demandĂ© l'avis des professeurs du MusĂ©um sur l'opportunitĂ© de cet achat proposĂ© par les hĂ©ritiers de Robillard au gouvernement du roi Louis-Philippe[28] ; Desfontaines, Mirbel et Jussieu reconnaissaient l'intĂ©rĂȘt du Carporama, mais n'Ă©taient pas convaincus de son utilitĂ© didactique :
« ⊠c'est donc une idĂ©e fausse et exagĂ©rĂ©e que cette collection placĂ©e au MusĂ©um pourrait ĂȘtre Ă l'Ă©cole de Botanique ce qu'est le cabinet d'Histoire Naturelle Ă la mĂ©nagerie. Car on cultive dix mille espĂšces dans le jardin et le carporama n'en offre que 112⊠»
Ils étaient surtout conscients des répercussions que cette acquisition évaluée à plus de 100 000 francs aurait eue sur le budget alloué au Muséum[32]. AprÚs l'échec de nouvelles tractations, en 1876, l'ensemble est proposé sans succÚs à la vente au prix de 35 000 francs chez Deyrolle[33]. Finalement, en 1887, les arriÚre-neveux et niÚces de Robillard font don de la collection au Muséum[34].
En 1915, une photographie des piÚces du modÚle du Cocotier de mer des Seychelles est publiée pour la premiÚre fois dans un article posthume d'Albert-Auguste Fauvel[35] - [36].
Description
Les modĂšles, grandeur nature, en cire colorĂ©e dans la masse, mĂȘlĂ©e de rĂ©sines, gommes, bois, sciure, pĂąte de riz, coton et autres fibres, et renforcĂ©s avec du fer[18] - [37], ont une hauteur de 20 cm Ă 1,30 m, avec certaines piĂšces de dĂ©tail de quelques centimĂštres[30]. Ils sont fixĂ©s sur des planches de bois de dimensions variĂ©es (de 45 cm Ă 30 cm pour les plus petites Ă 135 cm Ă 80 cm pour la plus grande), habituellement peintes en blanc sur la face supĂ©rieure, par des tiges mĂ©talliques, vissĂ©es ou scellĂ©es Ă la cire[34]. Le numĂ©ro du modĂšle selon le catalogue de l'exposition de 1929[15], le nom de la plante Ă l'Isle de France et son nom scientifique sont mentionnĂ©s sur une Ă©tiquette collĂ©e sur le support. Une seconde Ă©tiquette, apposĂ©e sur la face infĂ©rieure du support, serait l'Ă©tiquette d'origine composĂ©e par Robillard lors de la rĂ©alisation des modĂšles[38] ; cette Ă©tiquette fournit parfois des prĂ©cisions sur l'origine de la plante reprĂ©sentĂ©e et sur les dates de dĂ©but de crĂ©ation du modĂšle et de son achĂšvement[39].
Réalisés d'aprÚs des spécimens frais, les modÚles reproduisent fidÚlement des fruits tropicaux, ainsi que des branches, des feuilles et des fleurs. Ils sont complétés par des modÚles de coupes de fruits ou de graines, de structure et d'aspect des fleurs à divers moments d'avancement de la floraison, de fruits à différents degrés de maturation, de variation de la couleur des feuilles et des fruits[40].
Le catalogue du Carporama donne la liste complĂšte des 112 modĂšles, avec un commentaire plus ou moins dĂ©taillĂ©, ou trĂšs bref, sur l'intĂ©rĂȘt des fruits, l'usage de la plante, et parfois une description sommaire. Les 97 premiers numĂ©ros correspondent Ă des fruits comestibles ou non, ou Ă des plantes ornementales, condimentaires ou mĂ©dicinales ; les numĂ©ros 98 Ă 112 sont des « Ă©chantillons de divers arbres de haute-volĂ©e des forĂȘts de Maurice, dont les fruits sont en gĂ©nĂ©ral insipides, mais dont les bois sont d'une utilitĂ© marquĂ©e ». Les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments des modĂšles ne sont dĂ©taillĂ©s que pour les cinq premiers numĂ©ros, Ă savoir le Cocotier (Cocos nucifera) â piĂšce maĂźtresse de la collection, dont la rĂ©alisation aurait pris Ă Robillard prĂšs de deux ans[41] â, le Cocotier de mer (LodoĂŻcea Seychellarum), le Cambare de Java (Tacca Phallifera)[note 7], le Sagoutier (Cycas Circinalis) et le Vaquois (Pandanus sp.)[15]. Les numĂ©ros 40, 70 et 112, non dĂ©terminĂ©s dans le catalogue, ont Ă©tĂ© identifiĂ©s a posteriori respectivement comme Aleurites triloba, Oreodaphne sp. et Elaeocarpus integrifolius[43].
L'inventaire complet de la collection conservée au muséum national d'histoire naturelle, avec la notice descriptive de chaque modÚle, est disponible dans le catalogue en ligne du Muséum[39].
Ćuvre scientifique ou Ćuvre d'art ?
Le Carporama est Ă l'origine une collection scientifique : Robillard reproduit le plus exactement possible des espĂšces exotiques mĂ©connues des botanistes restĂ©s en France, faute d'avoir pu ĂȘtre observĂ©es Ă l'Ă©tat frais[11], mais seulement Ă partir d'exemplaires dĂ©colorĂ©s, sĂ©chĂ©s en herbier ou conservĂ©s dans de l'alcool. Ainsi, selon Le Cultivateur (aoĂ»t 1830), le Cocotier de mer « est absolument nouveau pour les botanistes europĂ©ens »[44].
Si les contemporains de Robillard mettent l'accent sur son intĂ©rĂȘt documentaire pour le public â naturalistes, instituteurs, artistes et familles â qui visite l'exposition, ils relĂšvent aussi dĂ©jĂ sa valeur artistique[45] - [46], qui est aussi soulignĂ©e dans la presse spĂ©cialisĂ©e, comme le Journal des artistes[47]. Dans le prĂ©ambule Ă son TraitĂ© des fruits, tant indigĂšnes qu'exotiques⊠publiĂ© une dizaine d'annĂ©es aprĂšs l'exposition du Carporama, Jean-François Courchevel se rĂ©jouit d'avoir pu « examiner les caractĂšres de presque tous les fruits exotiques » sur les modĂšles de Robillard[48]. Un siĂšcle aprĂšs cette premiĂšre exposition, Henri Lecomte souligne encore la grande valeur documentaire de cette collection, crĂ©Ă©e par un artiste de talent, car beaucoup de Français « ne connaissent guĂšre que de nom beaucoup de fruits tropicaux »[49].
L'Ćuvre de Robillard peut ĂȘtre comparĂ©e Ă celle des plus grands artistes cĂ©roplasticiens italiens[30]. DĂ©laissĂ©s pendant plusieurs dĂ©cennies, ces fruits de cire, comme d'autres modĂšles botaniques anciens, sont aujourd'hui devenus des piĂšces de musĂ©e, considĂ©rĂ©es et prĂ©servĂ©es comme des Ćuvres d'art[39] - [50] - [51].
Les modĂšles en cire de Robillard sont un Ă©cho aux peintures rĂ©alisĂ©es au mĂȘme endroit et Ă la mĂȘme Ă©poque par Michel Garnier, peintre de l'expĂ©dition Baudin, dĂ©barquĂ© Ă l'Isle de France en 1801[52]. La ressemblance entre certaines peintures de Garnier et les modĂšles de fruits de Robillard, exposĂ©s un temps ensemble au MusĂ©um[53] - [49], est parfois telle que l'origine commune des deux sĂ©ries est Ă©voquĂ©e : « Rien n'empĂȘche de supposer que les artistes auteurs des deux collections ont parfois travaillĂ© ensemble[54] - [36]. »
Du Muséum à des expositions temporaires
EntrĂ©s au MusĂ©um en 1887, les modĂšles sont exposĂ©s en 1889, dissĂ©minĂ©s dans l'ancienne galerie de botanique situĂ©e dans le prolongement de la galerie de minĂ©ralogie, le long de la rue Buffon, rouverte aprĂšs plusieurs mois de travaux[55] ; ils sont ensuite rassemblĂ©s en 1924 dans une salle spĂ©ciale et pourvus de notices dĂ©taillĂ©es[49]. Au dĂ©but des annĂ©es 1930, lors de la construction de la nouvelle galerie de Botanique, il est prĂ©vu d'exposer le Carporama dans la vaste salle du rez-de-chaussĂ©e, mais les vitrines ne sont pas rĂ©alisĂ©es et la collection, stockĂ©e au sous-sol, reste Ă l'abandon jusqu'en 1954 oĂč quatre des plus grands modĂšles sont restaurĂ©s et exposĂ©s Ă l'occasion du 8e congrĂšs international de botanique organisĂ© Ă Paris. En 1978, quatre autres modĂšles sont remis en Ă©tat pour ĂȘtre prĂ©sentĂ©s Ă une exposition sur l'Ăźle Maurice au musĂ©e de la Marine[56].
La collection, qui a beaucoup souffert des dĂ©mĂ©nagements successifs, fait ensuite l'objet d'une premiĂšre opĂ©ration de restauration par Jacqueline Saussotte-GuĂ©rel, miniaturiste et dessinatrice scientifique au MusĂ©um, Ă l'initiative de Monique Keraudren[57] - [58] - [59]. En 1984, une trentaine de modĂšles sont exposĂ©s au MusĂ©um et plus de la moitiĂ© de la collection a Ă©tĂ© restaurĂ©e[30]. Dans le cadre des manifestations culturelles de l'Ă©dition 1984 du festival d'Avignon, des modĂšles sont prĂ©sentĂ©s Ă l'exposition Le Vivant et l'Artificiel[60] - [61]. Mais ce n'est qu'Ă partir des annĂ©es 2010 qu'ils sont rĂ©guliĂšrement prĂȘtĂ©s pour des expositions.
De juin 2013 à juin 2016, le Giroflier (Caryophillus aromatica), le Muscadier aromatique (Myristica aromatica) et le Muscadier sauvage de Madagascar (Myristica sp.) se trouvent à Marseille à la galerie de la Méditerranée du MUCEM[39].
De Ă , au Louvre, les modĂšles du Cocotier (Cocos nucifera), du Cocotier de mer (LodoĂŻcea seychellarum), du cacaoyer (Theobroma cacao), du « Ponay de l'Inde » (Noronhea chartacea) et de la Grenadille (Passiflora) sont intĂ©grĂ©s dans une crĂ©ation de l'artiste contemporaine Isabelle Cornaro pour l'exposition Une brĂšve histoire de lâavenir[39] - [24] basĂ©e sur le livre Ă©ponyme de Jacques Attali[62] - [63] - [64].
L'exposition Jardins organisĂ©e au Grand Palais en 2017 accueille une cire de Robillard, le Cambare de Java, parmi les Ćuvres des plus grands artistes, peintres, sculpteurs et photographes, qui ont cĂ©lĂ©brĂ© le jardin[65] - [66] - [67].
Le Pommier de Cajou (Cassuvium pommiferum) et la Cardamome de Madagascar (Amomum madagascariense) sont prĂȘtĂ©s Ă l'exposition Cabinets de curiositĂ©s du Fonds HĂ©lĂšne et Ădouard Leclerc pour la culture Ă Landerneau de juin Ă novembre 2019[39].
D'octobre 2019 à août 2020, le Cacaoyer est au musée de l'Homme à Paris à l'exposition Je mange donc je suis[39]. Deux modÚles, la « tige de vaquois » (Pandanus odoratissimus) et le Jacquier (Artocarpus integrifolia), sont exposés dans la galerie permanente de ce musée[39].
En 2021, les modĂšles du Plaqueminier du Japon (Diospyros kaki), du Prunier de Chine (Prunus sinensis), du Corossol cĆur de bĆuf (Annona reticulata) et de grappes de dattes (Phoenix dactilifera) sont au musĂ©e d'Orsay Ă l'exposition Les origines du monde. Lâinvention de la nature au XIXe siĂšcle[68] - [51] - [39].
Le Cacaoyer et la Cardamome de Madagascar sont encore montrĂ©s Ă l'exposition La nature pour modĂšle, Ă l'ĂcomusĂ©e de la Bintinais Ă Rennes de dĂ©cembre 2021 Ă septembre 2022[39].
- No 26 : Cacaoyer (Theobroma cacao).
- No 53 : Pommier de cajou (Cassuvium pommiferum).
- No 86 : deux grappes de dattes (Phoenix dactylifera).
Notes et références
Notes
- L'orthographe du XVIIIe siÚcle présente des variantes, selon les sources, comme « de Robillard d'Argentelle »[1], « Dargentelle »[2] ou « Dargentel »[3].
- Argentelle est le nom d'une terre située prÚs de Manerbe et appartenant à la famille Robillard[4].
- Louis Marc Antoine Robillard dâArgentelle est parfois confondu avec Victor de Robillard (fl. 1856-1884), mĂ©decin et naturaliste mauricien[5], dont des rĂ©coltes de lichens datĂ©es de 1876 lui sont erronĂ©ment attribuĂ©es[6] - [7], ou avec un botaniste amateur suisse portant aussi le nom de Robillard[8], connu pour avoir herborisĂ© en Provence avec Jean Louis Martin Castagne dans les annĂ©es 1810[9].
- Jean Claude François Humbert de Molard (1764-1833) est l'Ă©poux de sa sĆur Marie Louise Luce Justine Robillard d'Argentelle (1775-1844).
- Auguste Chevalier (1930) écrit erronément que Robillard aurait été emmené à l'Isle de France par Baudin[14].
- Le terme Carporama, du grec ancien ÎșαÏÏÎżÏ, carpos, « fruit », et ᜠÏαΌα, horama, « vue, vision », est construit, Ă l'image du mot panorama, comme le terme diorama qui dĂ©signe un type de spectacle ou de mise en scĂšne trĂšs en vogue au XIXe siĂšcle[16] - [17].
- « Cambarre de Java » est le nom régional donné à Amorphophallus paeoniifolius[42], une espÚce d'Aracées décrite en 1818 dont le nom scientifique était encore inconnu de Robillard qui la confond avec Tacca leontopetaloides (syn. Tacca phallifera), une autre espÚce à tubercule comestible appartenant elle à la famille des ignames, dont un autre représentant, l'Igname ailée, est aussi appelé « Cambarre ». (Ce modÚle est présenté comme Amorphophallus titanum sur le site du Muséum[18].)
Références
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Voir aussi
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Bibliographie
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- Monique Keraudren-Aymonin et GĂ©rard-Guy Aymonin, « Une Ćuvre scientifique et artistique unique : le Carporama de L.M.A. de Robillard d'Argentelle », Bulletin de la SociĂ©tĂ© Botanique de France. Lettres Botaniques, vol. 131, nos 4-5,â , p. 243-246 (DOI 10.1080/01811797.1984.10824636, lire en ligne, consultĂ© le )Avec sept planches de photos noir et blanc.
- Michel Zbinden, « Le Carporama : L'Ćuvre d'un PontĂ©piscopien mĂ©connu du XIXe siĂšcle, Marc-Antoine Robillard d'Argentelle », Le Pays d'Auge, vol. 55, no 5,â , p. 30-35.
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives Ă la recherche :
- « Sculptures, peintures, mĂ©dailles ou objets de mĂ©diation scientifique : la diversitĂ© est au cĆur des collections dâĆuvres dâart et d'objets patrimoniaux », Plongez dans les nouveaux inventaires dâĆuvres d'art et dâobjets patrimoniaux !, sur jardindesplantesdeparis.fr, Paris, MusĂ©um national d'histoire naturelle, (consultĂ© le ).Photographies en couleurs de modĂšles de cire de Louis Marc Antoine Robillard dâArgentelle.
- « Musée du Louvre, Une brÚve histoire de l'avenir, Paris, France » (consulté le ).Photographies de la présentation des modÚles de cocotier à l'exposition.
L.M.A.Robill. est lâabrĂ©viation botanique standard de Louis Marc Antoine Robillard dâArgentelle.
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