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Lies et passeries

Les lies et passeries (/li e pasəʁi/) sont des accords conclus de vallĂ©e Ă  vallĂ©e sur l’ensemble de la chaĂźne des PyrĂ©nĂ©es. Elles sont Ă©tablies entre communautĂ©s montagnardes du mĂȘme versant ou vivant de part et d’autre de la frontiĂšre franco-espagnole.

Lies et passeries
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
StĂšle commĂ©morant les 500 ans de l’accord du plan d'Arrem.
Présentation
Organisation internationale Commission internationale des Pyrénées
Communauté de travail des Pyrénées
Pays Drapeau de la France France Drapeau de l'Espagne Espagne
Drapeau d'Andorre Andorre
Territoire d'application Pyrénées
Langue(s) officielle(s) français, espagnol
Adoption et entrée en vigueur
Version en vigueur Traité des limites (1856)

Lire en ligne

(fr) (es) Traité de 1856

Les premiĂšres conventions Ă©crites connues datent du XIIe siĂšcle. Avant la formation des deux royaumes français et espagnol et l’instauration d’une frontiĂšre militaire et politique, c’est-Ă -dire avant le dĂ©but du XVIe siĂšcle, les lies et passeries sont des accords qui assurent en premier lieu la paix entre communautĂ©s, puis la jouissance indivise des pĂąturages d’altitude. Ces conventions pastorales dĂ©terminent les limites de territoires ainsi que les conditions d’utilisation des ressources et de circulation des troupeaux. Elles dĂ©finissent Ă©galement un ensemble de rĂšgles de police et de justice, garantissant l’application d’un seul et mĂȘme droit des personnes sur le territoire considĂ©rĂ© et engageant la responsabilitĂ© et la solidaritĂ© de la vallĂ©e. Ces conventions sont rĂ©guliĂšrement renouvelĂ©es.

À partir du XVIe siĂšcle, les lies et passeries se transforment et s’adaptent pour rĂ©sister aux atteintes extĂ©rieures mettant en pĂ©ril la paix des communautĂ©s et leur indĂ©pendance Ă©conomique et politique. Ainsi, de nouvelles clauses viennent garantir la libertĂ© de commerce et la solidaritĂ© face aux exactions de troupes de brigands ou de miquelets. Plus tard, alors que les guerres entre la France et l’Espagne utilisent la frontiĂšre comme terrain de confrontation, les vallĂ©es s’emploient Ă  dĂ©fendre leur neutralitĂ© dans des conflits qui ne les concernent pas, ou Ă  en limiter les consĂ©quences. La guerre de Succession d’Espagne, entre autres conflits troublant la zone pyrĂ©nĂ©enne, donne l’occasion aux montagnards de dĂ©montrer leur opiniĂątretĂ© Ă  demeurer en dehors du conflit et Ă  revitaliser les antiques accords qui leur avaient, jusque-lĂ , garanti un Ă©tat de paix et un Ă©quilibre Ă©conomique, malgrĂ© les ingĂ©rences centralisatrices des deux monarchies.

Les accords de lies et passeries sont toujours vivants. On en compte Ă  la fin du XXe siĂšcle une centaine dans les rĂ©gions montagneuses de Navarre. De mĂȘme deux faceries perpĂ©tuelles ont Ă©tĂ© consacrĂ©es par le traitĂ© des limites de 1856, entre l’Espagne et la France. Ce traitĂ© des limites a donnĂ© une assise juridique aux lies et passeries transfrontaliĂšres ; il dĂ©finit leur portĂ©e et donne un nouvel outil aux communautĂ©s frontaliĂšres, qui leur permet d’évoluer en Ă©tablissant des relations privilĂ©giĂ©es hors du cadre des activitĂ©s pastorales. Des exemples rĂ©cents montrent le dynamisme potentiel du cadre fixĂ© par le traitĂ©. Les États, incluant la principautĂ© d'Andorre, se sont donnĂ© la facultĂ© d’intervenir directement dans les processus de rapprochement des communautĂ©s frontaliĂšres soit au sein de l’ancienne commission internationale des PyrĂ©nĂ©es datant de 1875, ou de la plus rĂ©cente communautĂ© de travail des PyrĂ©nĂ©es de 1983.

Étymologie

Formes successives du nom attestées par les traités.

  • cartas de la patz - 1187, accord Aspe - Ossau[1] ;
  • carta qua continetur pax - XIIIe siĂšcle, accord BagnĂšres-de-Bigorre - BarĂšge[2] ;
  • concordats et pariages - XIIIe siĂšcle [3] ;
  • cartas de pax ou patzarias - 1328, accord Ossau - Tena[4] ;
  • patzerias - 1375, accord BarĂ©tous - Roncal[5].

Les termes « lies » et « passeries » caractĂ©risent deux aspects des accords entre vallĂ©es qui dĂ©signent respectivement l'« alliance » et la « paix »[6]. Selon Patrice Poujade, « lies » est la forme française de l'occitan ligas (de ligar, « lier ») ; de mĂȘme « passerie » provient de l'occitan patzerias (de patz, la « paix »)[6]. Il introduit quelques pistes supplĂ©mentaires, en parallĂšle de son interprĂ©tation initiale :

« [...] Les documents en français ou en catalan ne parlent que de « passeries » ou d'« espasseries » et ceux en espagnol de pacerias. Le mot français « passeries » peut aussi bien ĂȘtre formĂ© sur le verbe « passer » et signifierait alors « droit de passage », sans aucune rĂ©fĂ©rence Ă  la paix. L'espagnol pacerias pourrait venir du verbe « paĂźtre » en laissant de cĂŽtĂ© lui aussi l'idĂ©e de paix. [...] les trois composantes qui rĂ©gissent les traitĂ©s apparaissent, c'est-Ă -dire les aspects pastoraux (pĂąturage, eau, bois), commerciaux (libertĂ© de commerce et de passage d'un cĂŽtĂ© Ă  l'autre de la frontiĂšre) et pacifiques (sursĂ©ances de guerres) ce dernier revĂȘtant une importance particuliĂšre[6]. »

— Patrice Poujade, IdentitĂ©s et solidaritĂ©s dans les PyrĂ©nĂ©es : essai sur les relations humaines, XVIe-XIXe siĂšcles, 2000, p. 142 et 143.

Le terme « facerie » dĂ©signe initialement des conventions de pĂąturage de la partie occidentale des PyrĂ©nĂ©es. Ce terme n’est, selon Henri CavaillĂšs, qu’une « diffĂ©rence d’écriture, imputable probablement aux scribes basques[HC 1] ». Ce vocable apparaĂźt Ă©galement dans la convention additionnelle du pour dĂ©signer l’accord de 1375 entre les vallĂ©es de BarĂ©tous et de Roncal[7].

Histoire

Les accords de lies et passeries concernent des accords portant sur l’utilisation de territoires, qu’ils soient transfrontaliers ou entre vallĂ©es pyrĂ©nĂ©ennes du mĂȘme versant d’un cĂŽtĂ© ou de l’autre de la frontiĂšre. L’émergence d’États Ă  partir du XVIe siĂšcle — dont rĂ©sulte la crĂ©ation de la frontiĂšre entre l’Espagne et la France — ajoute une dimension tant politique que militaire Ă  l’attention portĂ©e Ă  ces particularitĂ©s locales. Que ce soit en Espagne ou en France, ces accords voient progressivement le centralisme monarchique tenter de les absorber, au bĂ©nĂ©fice Ă©conomique des Couronnes respectives.

Contexte géographique et sociologique

Dans les PyrĂ©nĂ©es, comme dans tous les pays de montagne, la vie humaine s’est dĂ©veloppĂ©e dans le cadre des vallĂ©es. Les parties basses sont mises en culture. La zone Ă©tagĂ©e qui les domine est Ă  double usage : si les pentes ne sont pas trop abruptes ou trop retirĂ©es, ces terres sont dĂ©frichĂ©es et cultivĂ©es en lĂ©gumes et cĂ©rĂ©ales, mais fournissent surtout le fourrage sec pour l’hiver ; dans le cas contraire, elles font l’objet d’une exploitation commune des bois. Enfin, au-dessus de ces espaces agricoles ou forestiers, s’étendent les hauts pĂąturages, qui, indivis sont exploitĂ©s par la communautĂ© des habitants de la vallĂ©e, du locq (village) ou du vicq (quartier, Ă©galement vic)[HC 2]. Chaque membre de la communautĂ© peut s’y fournir en bois et en fruits, ou y mener paĂźtre ses troupeaux. Ces hauts pĂąturages sont parcourus de sentiers et de pistes permettant d’accĂ©der aux autres versants et autres vallĂ©es. Ainsi, jusqu’au XVIIIe siĂšcle, les Ă©changes entre le pays de BarĂšges et les plaines du nord s’effectuent par le col du Tourmalet et le haut Adour[HC 3]. De mĂȘme, le passage entre la vallĂ©e espagnole du Galhego et celle d’Ossau traverse les pĂąturages du Roumiga, puis emprunte le Port vieux de Salhen et le col du Pourtalet. De mĂȘme, au centre de la chaĂźne pyrĂ©nĂ©enne, des chemins pastoraux permettent le passage entre la vallĂ©e supĂ©rieure de la Garonne et la haute Noguera[HC 3].

Les biens indivis Ă  l’époque moderne dans les PyrĂ©nĂ©es sont importants. Ainsi, une grande partie des bois, montagnes, mines et eaux thermales des vallĂ©es d’Aspe, d’Ossau, du Lavedan, du Vicdessos et de Carol sont de jouissance partagĂ©e par la communautĂ©. Ceci ne manque pas d’impressionner Louis de Froidour en 1671 qui note que « les droits d’usage Ă©taient si considĂ©rables, qu’ils Ă©quipollaient Ă  une vĂ©ritable propriĂ©tĂ©. [
] Les habitants disposaient des « montagnes » pour leur bĂ©tail, des terres « hermes » pour leurs dĂ©frichements, des forĂȘts pour leurs besoins domestiques [
][8] ».

De mai Ă  septembre, une fois les neiges disparues, les pĂąturages et les bois sont l'objet d'une compĂ©tition entre voisins (ou besis[9]). Celle-ci se rĂšgle par la dĂ©finition de limites, de bornages et de rĂšgles d'utilisation[BD 1]. Nombre de contestations et de conflits ont Ă©maillĂ© les relations de voisinage dans ces zones limitrophes. Les raisons en sont multiples : droits historiques ou titres de propriĂ©tĂ© imprĂ©cis, topographie particuliĂšre qui oblige Ă  un large dĂ©tour pour atteindre les estives sans traverser une propriĂ©tĂ©, inĂ©galitĂ© de rĂ©partition des eaux ou de l'ombre nĂ©cessaires aux troupeaux, ou encore animaux ayant Ă©chappĂ© Ă  la surveillance du berger et divagant sur un territoire interdit[HC 4]. D’autre part, « de tous temps, les habitants des vallĂ©es espagnoles ont rĂ©clamĂ© le droit de mener en Ă©tĂ© leurs troupeaux dans les montagnes françaises » pour bĂ©nĂ©ficier de la fraĂźcheur et de la longĂ©vitĂ© des herbages exposĂ©s au nord ou aux pluies ocĂ©aniques[HC 5].

À ces diffĂ©rends d'ordre pastoral s'ajoutent des difficultĂ©s de voisinage plus classiques ; elles englobent les basse et moyenne justices et les dettes entre communautĂ©s diffĂ©rentes, jouissant parfois de lois et de tribunaux distincts. En outre, les vallĂ©es Ă©tant des lieux de passage naturels, nombre de caravanes commerciales les empruntent pour rejoindre les marchĂ©s et les foires. Ainsi, les Espagnols transportent fruits, laines, mĂ©taux et sel vers la France, et repartent chargĂ©s de blĂ©, vin, bois et tissus français et accompagnĂ©s de troupeaux[HC 5].

Avant l'Ă©tablissement d'accords de voisinage, les conflits se rĂ©solvent par la force, gĂ©nĂ©rant batailles et reprĂ©sailles, rivalitĂ©s et rancunes. Ainsi, Ossalois se rendent au Pont-Long, en ordre de bataille, ab arms host feyt et senhe desplegats[10] ; les BarĂšgeois affrontent de leur cĂŽtĂ© ceux de Broto ou de Bielsa sur les crĂȘtes et pĂąturages d'Ossoue, de Gavarnie ou de Troumouse[HC 6].

Avant la fin du XVe siĂšcle, le royaume d'Espagne n'existe pas, et du cĂŽtĂ© français, les PyrĂ©nĂ©es sont bordĂ©es d'une juxtaposition d'États fĂ©odaux sans unitĂ© fĂ©dĂ©ratrice. En l'absence de frontiĂšre militaire ou politique, les vallĂ©es possĂšdent la libertĂ© « d'Ă©changer, de combattre ou de nĂ©gocier[HC 7] ».

Portée des accords

De l'Ă©poque fĂ©odale naĂźt un ensemble d'accords homogĂšnes, dont les premiĂšres traces Ă©crites connues remontent au XIIe siĂšcle. Ainsi, nous sont parvenues les conventions Ă©tablies entre vallĂ©es du mĂȘme versant, comme ceux de BagnĂšres-de-Bigorre et le Lavedan datĂ©s de 1171 et 1175[11] ; le traitĂ© entre les vallĂ©es d'Aspe et d'Ossau, signĂ© en 1187 et un renouvellement de 1225[1] ; l'accord entre Ossau et BarĂšges formalisĂ© en 1258[12] ; celui de BagnĂšres-de-Bigorre, Tarbes et Ibos signĂ© en 1294[13]. De publication plus rĂ©cente, des accords entre vallĂ©es espagnoles et françaises traduisent les mĂȘmes prĂ©occupations de voisinage. Ainsi le traitĂ© entre Saint-Savin et Panticosa date de 1314[14] ; celui entre les vallĂ©es d'Ossau et de Tena, signĂ© en 1328[4], cite un accord plus ancien — la carte de la patz antica[HC 7] ; Vicdessos et Ferrera nous ont lĂ©guĂ© un accord de 1355[15] ; le traitĂ© entre les vallĂ©es de BarĂ©tous et de Roncal date de 1375[5] ; en 1384, BarĂšges et Bielsa formalisent Ă©galement une convention[16] ; BarĂšges et Broto concluent Ă  leur tour un traitĂ© en 1390[17], renouvelant un accord conclus dĂšs 1319[HC 7].

De minutieuses conventions d'abornement[HC 8].

« Nous, arbitres, avons signalĂ© et croisĂ©, en creusant au bas de la dite pierre Saint-Martin et par les cĂŽtĂ©s, sur lesquels il a Ă©tĂ© fait diverses croix incisĂ©es au marteau et ciseau sur pierre ferme. Et de lĂ , il a Ă©tĂ© fait diverses croix et signaux jusqu'Ă  la premiĂšre colline d'oĂč l'on voit la plaine [
] ».


Accord de 1324 entre les vallées de Barétous et Roncal[5].

Ces traitĂ©s sont des conventions pastorales, dĂ©finissant des bornages et des compascuitĂ©s, c'est-Ă -dire des accords de voisinage sans contenu ou intention politique, qui proclament solennellement la paix dĂšs leur introduction[HC 8]. Ils sont l’expression de l’« individualitĂ© fĂ©dĂ©rative » sur le territoire auquel ils s’appliquent, garantissant l’application d’un mĂȘme et seul droit des personnes quel que soit le versant considĂ©rĂ©[18]. Viennent ensuite les Ă©lĂ©ments permettant de dĂ©terminer les usages des pĂąturages, des eaux et des bois, ainsi que les passages du bĂ©tail d'un herbage Ă  l'autre. Trait marquant de ces traitĂ©s, la volontĂ© de chaque vallĂ©e d'« exploiter elles-mĂȘmes leurs pĂąturages » est dĂ©fendue avec une extrĂȘme Ă©nergie. Elle explique la mise en place du droit de carnal (ou carnau), entraĂźnant la saisie, ou la confiscation — parfois remplacĂ© par un « droit en argent fixĂ© en avance et uniforme[Note 1] » —, de tout animal Ă©tranger surpris Ă  divaguer sur les terres des dites vallĂ©es[Note 2]. L'accord entre les vallĂ©es de Panticosa et du Lavedan prĂ©voit mĂȘme que « tout particulier convaincu d'avoir enlevĂ© une pignore par la force ou de s'ĂȘtre rĂ©voltĂ© contre ceux qui la font lĂ©gitimement sera arrĂȘtĂ©, jugĂ© comme voleur manifeste et pendu par le pied [
][14] ».

Le vol de bĂ©tail est strictement combattu et les voleurs sont sĂ©vĂšrement punis[Note 3]. De mĂȘme, les personnes font l'objet d'une protection, dĂ©finie par des « tarifs de composition », prĂ©sents dans chaque traitĂ©. TrĂšs prĂ©cis, ils fixent les indemnitĂ©s Ă  payer aux victimes ou Ă  leur famille en cas de violence[Note 4].

Enfin, les rapports entre habitants de vallĂ©es alliĂ©es sont dĂ©finis avec soin : « les habitants unis par la paix (patzer) doivent s'aider mutuellement, et celui qui refusera son aide Ă  un plaignant encourra une amende, sauf dans le cas de force majeure[19] » ; ou encore, « [
] si un ou des BarĂšgeois se rendent coupables de meurtre, de pillerie, d'incendie, etc., envers un Bielsois, le dommage sera rĂ©parĂ© par les coupables selon l'estime qui en sera faite par six hommes Ă©lus, trois parmi les BarĂšgeois, trois parmi les Bielsois. En cas d'insuffisance de leurs biens, la vallĂ©e de BarĂšge en corps fera le manquant[20] ». La solidaritĂ© de la vallĂ©e est donc engagĂ©e, les accords garantissant en outre la sĂ©curitĂ© de circulation des biens et des habitants Ă  l'intĂ©rieur des limites des vallĂ©es liĂ©es. D'autres niveaux hiĂ©rarchisĂ©s de responsabilitĂ© sont dĂ©finis par les traitĂ©s, comme le montre la convention entre les vallĂ©es d'Ossau et de Tena[21] : outre la vallĂ©e entiĂšre (tota la val), on distingue le vicq (en bĂ©arnais) ou le quinhon (en aragonais) pour dĂ©signer un quartier d'une mĂȘme vallĂ©e, les vesis qui sont les voisins ou bourgeois d'un mĂȘme lieu, et enfin l'individu (l'homme)[HC 11].

Le respect de ces clauses contractuelles est assurĂ© par des agents publics — qu'Henri CavaillĂšs nomme les « rĂ©pondants de la paix[Note 5] » — au cĂŽtĂ© d'arbitres, d'experts et de tĂ©moins. Ces rĂ©pondants de la paix sont armĂ©s et surveillent les territoires de leur juridiction ; ils peuvent effectuer des saisies et infliger des amendes[HC 12].

La généralisation de ces accords, sur les deux versants pyrénéens, contribua à l'établissement d'une pacification des rapports entre communautés qui, selon les textes, porte le nom de cartas de pax ou patzarias[4], patzerias[5], cartas de la patz[1], carta qua continetur pax[2], concordats et pariages[3].

ConsĂ©quences de l’établissement d'une frontiĂšre entre États

Au dĂ©but du XVIe siĂšcle, la formation de deux États monarchiques forts, se partageant tout le massif pyrĂ©nĂ©en pour frontiĂšre, fait des conventions transpyrĂ©nĂ©ennes de vĂ©ritables traitĂ©s internationaux ; en revanche, les traitĂ©s entre vallĂ©es du mĂȘme pays demeurent inchangĂ©s, voire se simplifient[HC 13].

Caractéristiques des nouveaux traités

La transformation des traitĂ©s de voisinage en conventions internationales prend prĂšs de deux siĂšcles, pour se stabiliser, par l'adjonction de dispositions au caractĂšre novateur. DĂ©jĂ  au XIVe siĂšcle, devant l'apparition des premiĂšres traites — impĂŽts royaux perçus sur la circulation des marchandises entre les diffĂ©rentes provinces du royaume ou avec l'Ă©tranger —, les montagnards commencent Ă  insĂ©rer des clauses concernant la libertĂ© de commerce dans les traitĂ©s entre vallĂ©es. C'est le cas en particulier du renouvellement de 1355 de la convention entre la vallĂ©e de Vicdessos et les Catalans du val de Ferrera ; dĂ©jĂ  en 1315, le Comminges avait obtenu du comte Bernard VII la facultĂ© de commercer librement avec les Espagnols du val d'Aran, mĂȘme en temps de guerre[HC 9].

C'est également au XIVe siÚcle qu'apparaßt la premiÚre disposition prémunissant des vallées alliées contre les conséquences d'une guerre ne les concernant pas directement[HC 14]. Redoutant les incidences d'un possible conflit entre l'Angleterre et l'Aragon, les vallées de Bielsa et de BarÚges s'engagent en 1384 à s'accorder un délai en cas de rupture forcée des relations[22].

Selon Henri CavaillĂšs, « c'est le trait essentiel des accords de lies et de passeries que leur formation dĂ©finitive, le terme de leur Ă©volution, coĂŻncide avec l'apparition des grandes guerres[HC 15] ». C'est en effet au XVIe siĂšcle, en 1552, qu'on voit apparaĂźtre dans la passerie de la hon Galhego (« source du Galhego[23] ») le nom du roi de France — Henri II — et la mention des « mouvements de guerre qui sont » entre le roi français et celui d'Aragon. Les accords deviennent alors des traitĂ©s de « sursĂ©ance de guerre[Note 6] ». Alors que l'objectif des anciennes conventions Ă©tait de rĂ©gler des problĂšmes internes Ă  un territoire, les nouveaux traitĂ©s visent Ă  protĂ©ger ce mĂȘme territoire des interfĂ©rences du monde extĂ©rieur.

Le XVIe siĂšcle voit Ă©galement l'Ă©largissement des accords Ă  un grand nombre de vallĂ©es, afin de protĂ©ger les points sensibles du dispositif pyrĂ©nĂ©en. Le traitĂ© du plan d'Arrem, signĂ© le regroupe en effet onze vallĂ©es des PyrĂ©nĂ©es centrales françaises et huit du versant espagnol. Presque simultanĂ©ment, en 1514, ce sont Ă  leur tour les vallĂ©es bĂ©arnaises d'Ossau, d'Aspe et de BarĂ©tous qui signent un traitĂ© d'alliance et de paix avec leur voisines aragonaises de Tena, Canfranc, VillanĂșa, AragĂŒĂ©s, Hecho et AnsĂł[24].

Portée des nouveaux traités

Les traitĂ©s de passerie sont Ă©tablis Ă  l'initiative des vallĂ©es, faisant appel au consulat — ou jurade, conseil composĂ© de magistrats Ă©lus par les villages de la vallĂ©e ; cette assemblĂ©e possĂšde la capacitĂ© de nĂ©gocier des accords de ce type, avec son Ă©quivalent de la vallĂ©e alliĂ©e, indĂ©pendamment du pouvoir monarchique[HC 14]. Le traitĂ© du plan d'Arrem et le grand traitĂ© de 1514 voient nĂ©anmoins l'implication des agents du pouvoir central, compte tenu du cadre Ă©largi de ces accords Ă  un grand nombre de vallĂ©es. Le traitĂ© de 1514 est par exemple nĂ©gociĂ© par les États, le seigneur de BĂ©arn, les Cortes et le vice-roi d'Aragon[HC 16]. Il faut attendre la seconde moitiĂ© du XVIIe siĂšcle pour voir les premiĂšres tentatives d'immixtion des monarchies, visant Ă  limiter le droit Ă  traiter des vallĂ©es[HC 16].

Si ces nouveaux traités conservent les antiques aspects relatifs à la gestion des pùturages et des bois, ainsi qu'au maintien de l'ordre local, ils incluent désormais deux caractéristiques déterminantes : la liberté de commerce et celle de neutralité en cas de conflits externes aux vallées parti prenantes.

La liberté de commerce

Ce privilÚge antique auquel les montagnards étaient tant attachés, reconnu par les concessions princiÚres du XIVe siÚcle, se voit menacé par les prétentions financiÚres des deux monarchies à partir du XVIe siÚcle[HC 17].

DĂšs lors que les foires françaises — sur le versant nord, Gavarnie et Guchen par exemple — et autres ramades aragonaises sont menacĂ©es, des protestations s'Ă©lĂšvent et de nouvelles clauses sont ajoutĂ©es aux traitĂ©s. C'est le cas en 1624, dans le traitĂ© de Tarbes entre BarĂšges et Broto, qui stipule que « les habitants pourront nĂ©gocier et trafiquer, [
] entrer et sortir dans les dites vallĂ©es, avec marchandises ou autrement, en toute franchise, sĂ»retĂ© et libertĂ©, sans qu'il soit mĂ©fait en aucune maniĂšre[HC 17] ».

La position gĂ©ographique du val d'Aran sur le versant français, mais politiquement espagnol, en fait un otage obligĂ© de l'Ă©conomie des vallĂ©es du Comminges, du comtĂ© d'Aure, du NĂ©bouzan et du Couserans pour les cĂ©rĂ©ales (blĂ©, millet, orge, avoine) et les lĂ©gumes, le vin, les ovins et les porcs, le poisson de l'Atlantique et les tissus[HC 18] - [25]. Ces produits sont ensuite acheminĂ©s pour partie par le pla de Beret par exemple, pour atteindre les vallĂ©es de Pallars JussĂ , de Ribagorce, de VĂ©nasque, le comtĂ© de Villemur et la haute Catalogne, justifiant cette affirmation d'un commerçant anonyme du XVIIe siĂšcle : « les Espagnols ne peuvent vivre sans nos grains[26] ». De mĂȘme, Gaspard-François Legendre de Lormoy, intendant de la gĂ©nĂ©ralitĂ© de Montauban, signale en 1703 : « du blĂ© que nous faisons passer en Espagne, le pays tire au moins 200 000 Ă©cus par an », puis en 1710 : « aux foires de Saint-BĂ©at, BagnĂšres-de-Luchon, Saint-Girons et autres lieux, les Espagnols ont portĂ© tous les ans plus de 800 000 livres d'argent comptant[27] ».

D'Espagne, arrivent la laine des ovins et le sel des antiques fontaines de la vallée de la Noguera Robagorçana[28], ou des carriÚres de Solsona et de Tragó de Noguera[HC 19].

Le traitĂ© du plan d'Arrem de 1513 est une illustration de la rĂ©action des vallĂ©es Ă  l'institution ou au renforcement de droits de foraine ou de traite. L'article 2 confirme la libertĂ© qu'ont les habitants « d'un cĂŽtĂ© comme de l'autre, de commercer librement, mĂȘme en temps de guerre[HC 20] ». Louis XIII confirme au XVIIe siĂšcle les lettres patentes du Ă©mises par Louis XII, et dĂ©fend de faire « aucune saisie, ni exĂ©cutions sur les biens, bestiaux, marchandises et autres choses amenĂ©es durant les vingt jours de ladite foire de Saint-Martin d'hyver, ni aucun emprisonnement sur les personnes des frontaliers pour dettes, ni affaires civiles pendant le dit temps[HC 20] ». L'arrĂȘt du Conseil d'État du roi Louis XIV, en date du , confirme la franchise[HC 20].

Le traitĂ© de 1514, fidĂšle Ă  la charte de poblation datant de 1080 et octroyĂ©e par Centulle V Ă  Oloron, rĂ©affirme un droit similaire : « que les voisins et habitants des dites vallĂ©es et autres personnes quelles qu'elles soient du royaume d'Aragon puissent envoyer, enlever et transporter leurs marchandises, choses et biens par toute la dite seigneurie de BĂ©arn, par voituriers, serviteurs et commissionnaires, voisins et habitants de la seigneurie de BĂ©arn. Et que les voisins et habitants de la seigneurie de BĂ©arn puissent [en user de mĂȘme] dans tout le royaume d'Aragon. Quelle que soit la nature ou l'espĂšce des marchandises, biens et choses, qu'elles puissent circuler, celles de BĂ©arn en Aragon et celles d'Aragon en BĂ©arn, sauves, sĂ»res, libres de toute entrave et de toute contrainte, Ă  la condition qu'elles acquittent les pĂ©ages et les autres droits lĂ©gitimes, et qu'elles ne soient pas contrebande de guerre[29] ».

La surséance de guerre
Carte indiquant des frontiÚres en pointillés et des ellipses vertes.
Lies et passeries de la vallĂ©e d’AnsĂł avec celles de Roncal, Hecho et Aspe[30].
  • - : Faceries AnsĂł-Roncal :
  • 1 : Puyeta ;
  • 2 : Linzola.
  • - : Faceries AnsĂł-Hecho :
  • 3 : Segarra ;
  • 4 : Arralla ;
  • 5 : Guarrinza.
  • - : Lies et passeries AnsĂł-Aspe :
  • 6 : Gavedallo ;
  • 7 : Espelunga ;
  • 8 : EstanĂ©s ;
  • 9 : Aspe.

Pendant prÚs de deux siÚcles à partir du XVIe siÚcle, la France s'oppose militairement à l'Espagne de façon réguliÚre. Les Pyrénées, formant une frontiÚre naturelle, voient des « vagabonds, coureurs de grands chemins et autres malfaiteurs[31] » s'engager parmi les miquelets qui parcourent la montagne, pour le compte tant des Français que des Espagnols et menacent la vie et les activités commerciales et pastorales de la chaßne montagneuse, alors que les armées réguliÚres s'établissent aux villes frontiÚres, telles Saragosse, Pampelune, Foix, Lourdes ou Bayonne[HC 21].

Nombre d'incursions sont recensées. Le monastÚre de Sainte-Christine, sur le camino aragonés et les hameaux de PeyrenÚre, Gabas et Segoter sont mis à sac en 1514 par les Aragonais ; en 1523, c'est Gavarnie qui est pillée ; en 1643, la vallée de Cauterets est assaillie par huit cents miquelets ; en 1708 un autre fort parti de mercenaires pille la vallée de Héas ; trois ans plus tard, c'est BagnÚres-de-Luchon qui est incendiée par des troupes aragonaises, renforcées de miquelets qui s'emparent de tout le cheptel[HC 22].

Les accords de lies et passeries prennent en compte ces nouvelles menaces, en distinguant les troubles liĂ©s aux guerres entre États des exactions dues aux troupes irrĂ©guliĂšres et aux brigands. Pour les premiers, la rĂšgle est d'adopter une parfaite neutralitĂ© en cas de guerre entre la France et l'Espagne, les anciens accords demeurant en vigueur[HC 23] : « les parties [contractantes] des pays frontiĂšres ne s'attaqueront pas [
] ; elles ne feront les unes contre les autres aucun exercice de guerre [
] Il leur est dĂ©fendu de se livrer Ă  des voies de faits [
] sous peine d'ĂȘtre pendus et Ă©tranglĂ©s[32] ». Dans le cas oĂč la neutralitĂ© devient impossible, les alliĂ©s s’emploient Ă  en limiter les consĂ©quences. L’accord de 1513 Ă©tablit un protocole encadrant le lieu de la dĂ©claration de rupture, la forme de la notification — un message signĂ© par l’un des participants au traitĂ© —, ainsi qu’un dĂ©lai de 30 jours prĂ©valant Ă  l’entrĂ©e en vigueur de la rupture, permettant aux propriĂ©taires de mettre en lieu sĂ»r leurs troupeaux et de protĂ©ger populations et biens[HC 23] - [33].

Les traitĂ©s s’emploient Ă  protĂ©ger les vallĂ©es alliĂ©es contre les mĂ©faits des miquelets et des troupes irrĂ©guliĂšres. Leur premier soin est d’obtenir la rĂ©vocation des lettres de marque que les monarques et potentats locaux — comme le vicomte de BĂ©arn ou le roi d’Aragon — avaient dĂ©livrĂ©es Ă  des mercenaires pour se dĂ©barrasser de la gestion de territoires Ă©loignĂ©s, accidentĂ©s et mal connus[HC 24]. Ils s’engagent, en outre, Ă  s’avertir mutuellement de l’approche d’une menace : « si des personnes d’une vallĂ©e ou Ă©trangĂšres Ă  cette vallĂ©e se rassemblent et se retirent en quelque lieu de cette vallĂ©e, et de lĂ  [
] font quelque entreprise de pillage [cavalcada] dans l’autre vallĂ©e, que les voisins et habitants du lieu oĂč elles se rassembleront soient tenus et obligĂ©s de s’assurer de la dite bande pendant six jours, afin que celui qui voudra rentrer en possession de son bien le puisse faire. Ils devront avertir ceux qui auront Ă©tĂ© volĂ©s. Et s’ils ne savent pas en quel endroit ont Ă©tĂ© commises les dĂ©prĂ©dations, ils devront avertir les jurais du premier lieu de la vallĂ©e voisine. On fera connaĂźtre le fait par cri public Ă  Urdos, Ă  Arette ou Laruns en BĂ©arn, Salhen, Canfranc, Echo ou AnsĂł en Aragon [
][34] ». C’est Ă©galement le souci affichĂ© lors du renouvellement, le , de l’accord entre les populations de BarĂšges et de Bielsa[Note 7].

Autres dispositions

Les traitĂ©s postĂ©rieurs au XVe siĂšcle introduisent de nouvelles rĂšgles, toutes destinĂ©es Ă  anticiper la rĂ©solution de conflits qui pourraient mener Ă  une rupture des accords[HC 25]. Le traitĂ© du Galhego prĂ©voit la mise en place d’une instance de trois jurĂ©s « au-dessus de tout soupçon ou, Ă  leur dĂ©faut, Ă  l’examen de la junte » pour rĂ©soudre tout litige entre frontaliers[36]. Et si le diffĂ©rend n’a pas Ă©tĂ© prĂ©vu par les textes, les antagonistes doivent soumettre l’affaire Ă  « trois voisins, hommes de bien [
] qui jureront sur la Croix et sur les quatre Ă©vangiles de juger bien et loyalement. Et leur sentence aura la mĂȘme valeur que si elle avait Ă©tĂ© rendue par les jurĂ©s eux-mĂȘmes [
][37] ».

Le recouvrement de dettes est Ă©galement encadrĂ©. « Nul voisin ne pourra saisir les bestiaux d'un voisin d’une autre vallĂ©e dans le temps qu’ils seront aux pĂąturages des montagnes ou pendant qu’on les y conduira ou qu'on les en ramĂšnera [
] sous peine de la perte gĂ©nĂ©rale de ses biens en faveur de sa vallĂ©e et de poursuites comme infracteur de la concorde [
][38] ».

La gestion des traités

Vue d'un obélisque sur un tertre verdoyant et sur fond de montagne.
Hommage Ă  Cyprien Despourrins Ă  Accous.

Afin d’assurer l’application des traitĂ©s et de les faire Ă©voluer, les dĂ©putĂ©s des vallĂ©es contractantes se rĂ©unissent rĂ©guliĂšrement en des lieux fixĂ©s par la tradition et par les textes eux-mĂȘmes. Ces rĂ©unions, nommĂ©es juntes ou bistes, tiennent lieu Ă  la fois de tribunaux, dĂ©livrant sentences et jugements, et d’assemblĂ©es politiques[HC 26]. Cyprien Despourrins, poĂšte et chansonnier d'Accous, fut l'un de ces dĂ©putĂ©s.

Ainsi, la junte rassemblant les dĂ©putĂ©s du Couserans, du Comminges, des Quatre-VallĂ©es et du NĂ©bouzan, pour la partie française, et de Pallars JussĂ , de Ribagorza et d’Aran, pour les intĂ©rĂȘts espagnols, se rĂ©unit au plan d’Arrem, en territoire français, tout proche du Pont-du-Roi de Fos.

De mĂȘme, Vicdessos accueille, outre les Français de la vallĂ©e, les Catalans du val de Ferrera et ceux du comtĂ© de Paillas. La paxerie entre les vallĂ©es de BarĂšge et Bielsa (ou Beousse, Beausse[BD 2]) prĂ©voit dĂšs 1648 une alternance de rĂ©union entre PinĂšde et l’hĂŽpital de HĂ©as[HC 26].

Ces rĂ©unions donnent lieu Ă  des festivitĂ©s, repas et divertissements, ainsi qu’au paiement d’un Ă©ventuel tribut, comme c’est le cas sur la montagne d’Arlas, lieu de rencontre des reprĂ©sentants de la vallĂ©e de BarĂ©tous et de celle de Roncal. À cette occasion, et conformĂ©ment au traitĂ© de 1375, les BĂ©arnais remettent aux Navarrais la fameuse rente de trois gĂ©nisses, obligation que Pierre de Marca dĂ©crit en 1640 dans son Histoire du BĂ©arn[Note 8].

Évolution des relations avec le pouvoir central

Dessins du recto et du verso d'un sceau montrant un chevalier en armure Ă  cheval.
Sceau du comte Roger-Bernard.

Si Ă  l’origine le pouvoir central — tout d’abord seigneurial, puis royal — se contente d’approuver ou de confirmer les accords conclus entre les vallĂ©es appartenant Ă  son territoire avec celles faisant partie de possessions voisines, la tentation d'intervenir en amont se fait plus insistante, au fur et Ă  mesure que le pouvoir royal se conforte et que ses besoins augmentent. Les exemples ne manquent pas d’autoritĂ©s reconnaissant des droits Ă©tablis, ne serait-ce que pour empĂȘcher la prescription de droits souverains, battus en brĂšche par des initiatives individuelles ou locales. Ainsi, en 1293, le comte Roger-Bernard reconnaĂźt-il Ă  la vallĂ©e de Vicdessos la facultĂ© de commercer librement avec les vallĂ©es catalanes voisines ; de mĂȘme, en 1315, le comte Bernard VII octroie formellement au Comminges la capacitĂ© de traiter avec les Espagnols, mĂȘme en cas de guerre ; successivement, Charles VIII, puis Louis XII et ses successeurs confirment ce droit[HC 27].

Mais peu Ă  peu, le pouvoir central dĂ©laisse ce rĂŽle passif, dans lequel il subit les dĂ©cisions locales qu'il se contente d’entĂ©riner a posteriori. Si Henri IV en 1594 et Louis XIII en 1634 confirment la passerie du plan d’Arrem, Louis XIV parvient en 1664 Ă  « limiter le droit de commercer librement et [
] imposer plusieurs droits sur diverses marchandises[HC 28] ». Quelques annĂ©es auparavant, la ratification du traitĂ© du Galhego en 1646 donne au « lieutenant gĂ©nĂ©ral pour Sa MajestĂ© en Navarre et en BĂ©arn [l’occasion d’imposer que] lorsque les suppliants voudront faire quelque assemblĂ©e avecque les dĂ©putĂ©s de la vallĂ©e de Tena, ils en demanderont la permission Ă  celuy qui commandera dans la province [
][40] ».

Par la suite, au XVIIIe siĂšcle, le pouvoir central s’emploie Ă  dĂ©montrer que les accords de lies et passeries sont « d’institution monarchique » remontant aux anciens rois de Navarre FortĂșn et GarcĂ­a IV[41]. Les vallĂ©es en viennent, petit Ă  petit, Ă  demander spontanĂ©ment l’autorisation royale avant de s’entremettre. C’est le cas du renouvellement du traitĂ© de Bielsa avec BarĂšges en 1709, et de celui de Tena en 1719[HC 28].

Un agent de Richelieu en mission dans les Pyrénées. Illustration de Richard Caton Woodville Jr. (en) pour le roman Under the Red Robe de Stanley J. Weyman, 1895.

En parallĂšle, et des deux cĂŽtĂ©s de la frontiĂšre, le pouvoir central mĂšne des enquĂȘtes portant sur la nĂ©cessitĂ© de tels traitĂ©s, remettant en cause le droit mĂȘme des accords. La mission de Juan Francisco de Gracia de Tolba en 1613, mandĂ© par Philippe III en vallĂ©e d’Aran[HC 29], en est un exemple. Le docteur de Gracia de Tolba met en doute « l’utilitĂ© des passeries, qui [
] ont peu d’importance et occasionnent de grands dommages Ă  la vallĂ©e[42] ».

À son tour, Louis XIV demande dans les annĂ©es 1680 Ă  son reprĂ©sentant Ă  Foix si les privilĂšges accordĂ©s aux vallĂ©es ne « tournent plus Ă  l’avantage des François que des Espagnols[43] ». Celui-ci rĂ©pond que accords de lies et passeries « tournent plus Ă  l’avantage des François que des Espagnols, tant pour l’honoraire que pour l’utile et [que] l’on ne sçauroit s’en passer ni tirer le mĂȘme avantage des provinces voisines sans rompre entiĂšrement le commerce et ruiner tous les habitants des frontiĂšres [
][43] ».

Si ces tentatives de contrĂŽle eurent peu d’effet sur la vie quotidienne des traitĂ©s, il faut lier Ă  l’état de paix — qui intervint aprĂšs 1720 entre l’Espagne et la France et qui devait durer prĂšs de 75 ans —, l’abandon progressif du recours aux traitĂ©s pour se protĂ©ger des exactions militaires. Seules les prĂ©occupations de libertĂ© commerciale demeurĂšrent d’actualitĂ©, somme toute assez semblables Ă  celles motivants nombre d’autres franchises accordĂ©es par l’Ancien RĂ©gime[HC 30].

Les lies et passeries pendant la guerre de Succession d'Espagne

La guerre de Succession d'Espagne, de 1701 Ă  1714, met en exergue l’existence des conventions transfrontaliĂšres et l’importance tant politique que militaire de la neutralitĂ© qu’elles invoquent. Elle constitue Ă©galement un exemple de la rĂ©sistance des conventions entre vallĂ©es alliĂ©es aux interfĂ©rences extĂ©rieures.

Avant ce conflit, la sursĂ©ance de guerre avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© obtenue en 1514 par les vallĂ©es bĂ©arnaises et aragonaises, requĂ©rant de leurs suzerains combattant en Navarre de ne pas inclure leurs frontiĂšres dans la lutte dans laquelle ils s’affrontaient[44] ; une nouvelle trĂȘve avait Ă©tĂ© accordĂ©e durant la guerre de la Ligue d’Augsbourg qui devait durer de 1688 Ă  1697[45] ; Ă  nouveau, entre 1718 et 1720, durant la guerre de la Quadruple-Alliance, la neutralitĂ© de la frontiĂšre fut un enjeu entre les belligĂ©rants[BD 3].

La richesse de la zone frontiĂšre aragonaise, constituĂ©e en particulier de troupeaux pĂąturant dans les montagnes pyrĂ©nĂ©ennes, attire en 1706 la convoitise de l’intendant de l’armĂ©e d’Aragon MĂ©liand, aux prises avec des difficultĂ©s pour nourrir les troupes dont il a la charge financiĂšre[BD 4]. Ces troupeaux — on dĂ©nombre Ă  la fin du XVIIIe siĂšcle des milliers de tĂȘtes dans les estives[Note 9] —, dans des territoires passĂ©s sous le contrĂŽle de l’ennemi, constituent une manne inestimable dans un pays oĂč banques et numĂ©raire font cruellement dĂ©faut[Note 10]. Afin de dĂ©cider des confiscations, le gouverneur Antonio de Mata d’Arnady, au nom du roi Philippe V soutenu par Louis XIV, prĂ©side Ă  Jaca un conseil composĂ© du vice-roi d’Aragon, l’évĂȘque de Lerida, des Ă©vĂȘques de Jaca et de Barbastro et du commandant du bataillon de milices de BĂ©arn, le vicomte Bidou de Saint-Martin[BD 5] : « [
] on a mis le troupeau de moutons qui appartient aux gens de Barbastro, dans un pĂąturage entre Canfranc et le port. C’est de ce troupeau que nous tirons la viande qu'on a commencĂ© Ă  donner Ă  la garnison [
][48] ».

Les paysans de la plaine d’Aragon effectuent une razzia dans les montagnes pour rĂ©cupĂ©rer leur bien. Razzias et contre-razzias se succĂšdent, auxquelles participent les milices de Navarre qui ne perçoivent plus de solde[BD 6]. Fortes de leurs traitĂ©s, les vallĂ©es tentent de s’organiser et de protester. Mais, au nom « de la dĂ©fense de la lĂ©gitimitĂ© du pouvoir », les autoritĂ©s administratives et militaires refusent aux « rĂ©voltĂ©s », considĂ©rĂ©s comme des « conquis », la reconnaissance de leurs accords antiques[BD 7]. En 1710, l’opiniĂątretĂ© des vallĂ©es est rĂ©compensĂ©e puisque le Conseil du roi Louis XIV recommande finalement de « laisser les habitants des deux vallĂ©es dans l’usage dans lequel elles sont pour l’exĂ©cution du traitĂ© des lies et passeries qui sont faits entre eux dans lesquels le Roi n’a pas coutume d’entrer[BD 8] ».

Le commerce entre vallĂ©es alliĂ©es est lui-mĂȘme menacĂ© par les belligĂ©rants, qui veulent contrĂŽler la contrebande et les approvisionnements de l’ennemi. C’est le cas dans le val d’Aran, aux mains du parti des Habsbourg, qui tient Ă©galement le port de VĂ©nasque. Le ministre Chamillart ordonne cependant Ă  l’intendant Legendre, le , d’ouvrir la frontiĂšre dont Philippe d'OrlĂ©ans avait ordonnĂ© la clĂŽture pendant le siĂšge de Tortose[BD 9]. « [
] À peine le commerce est rĂ©tabli, qu’ils sont venus en foule acheter des grains dont ils sont dans une grande disette [
][49] ». Compte tenu de la famine qui s’aggrave en 1710 et Ă  la suite des revers de batailles qui ouvrent l’Aragon aux soutiens de l’archiduc Charles VI, les gĂ©nĂ©raux ennemis tiennent eux aussi compte des accords commerciaux de lies et passeries. Ainsi, le marĂ©chal autrichien Guido Starhemberg dĂ©fend « qu’on [fasse] aucun tort aux Français et [ordonne] qu'on continuĂąt le commerce Ă  l’ordinaire [
][50] ». Cette bienveillance se trouve Ă©galement du cĂŽtĂ© français, oĂč l’intendant Legendre donne pour instruction en Ă  son subdĂ©lĂ©guĂ© local de ne « rĂ©primander [que] les abus, c’est-Ă -dire le ravitaillement massif des troupes de l’archiduc[51] ». Au dĂ©part de l’archiduc Ă  la fin de l’annĂ©e 1711, les accords de lies et passeries reprennent leur empire traditionnel sur les relations entre vallĂ©es alliĂ©es[BD 10].

Des républiques montagnardes

Henri CavaillĂšs, dans sa synthĂšse intitulĂ©e Une fĂ©dĂ©ration pyrĂ©nĂ©enne sous l’Ancien RĂ©gime, explique que « les lies et passeries seraient devenues de vĂ©ritables traitĂ©s internationaux au dĂ©but des Temps modernes » et induit le postulat que « les vallĂ©es cosignataires auraient agi souverainement comme de vĂ©ritables rĂ©publiques montagnardes », constituant « un État singulier qui n’eut ni capitale, ni gouvernement, ni armĂ©e [
][Note 11] ». Jean-François Soulet abonde Ă©galement dans ce sens, en rappelant un article paru en 1774 dans le Journal de l’Agriculture : « Les habitants de la vallĂ©e d'Aspe sont vains, fins, et si attachĂ©s Ă  leur terre natale qu'ils ne se dĂ©placent que trĂšs difficilement. Il n’est pas surprenant qu’ils aiment tant leurs foyers ; ils n’ont ni seigneurs, ni corvĂ©es, ni servitudes fĂ©odales, ni gĂȘnes intĂ©rieures ; ils forment en quelque sorte une petite rĂ©publique, libre, presque indĂ©pendante, dotĂ©e du droit de dĂ©libĂ©rer sur ses petites affaires, et de certains privilĂšges tels que de dĂ©puter aux États[52] ».

Ce postulat est contestĂ©, en particulier par Christian Desplat qui y voit un point de vue moderne et donc anachronique, « la notion de souverainetĂ© Ă©tant Ă©trangĂšre aux institutions et Ă  la mentalitĂ© des vallĂ©es[53] » ; l’origine des traitĂ©s de lies et passeries se trouve, en effet, dans la nĂ©cessitĂ© de jouir d’un territoire indivis en harmonie avec les voisins des autres vallĂ©es. Le parlement de Navarre, dans ses remontrances adressĂ©es Ă  la Cour entre le et le [54], n'avait d'autre but que de « prĂ©server l'ordre public et le droit de propriĂ©tĂ© [
] Il est remarquable qu'ils [les parlementaires] ne leur [les passeries] aient jamais attribuĂ© une signification politique[55] ».

De la fédération pyrénéenne

Henri CavaillĂšs, dans l'ouvrage de rĂ©fĂ©rence citĂ© supra, voit dans le mouvement gĂ©nĂ©ral d'Ă©tablissements de lies et de passeries tout au long de la chaĂźne pyrĂ©nĂ©enne les prĂ©mices « d'une maniĂšre de fĂ©dĂ©ration pyrĂ©nĂ©enne[HC 32] », en retard de trois siĂšcles aprĂšs la conjuration des premiers cantons suisses. Elle se caractĂ©rise, selon lui, par l'effort commun et constant durant trois siĂšcles des montagnards Ă  « se protĂ©ger contre les dangers de la guerre et [
] dĂ©fendre la libertĂ© de leurs transactions [
] Ils furent mĂȘme [
] une gĂȘne trĂšs sĂ©rieuse pour les gouvernements et, sinon de droit, du moins de fait, une vĂ©ritable limitation de la souverainetĂ© des rois[HC 32] ».

Ce point de vue est remis en cause, en particulier par François Baby. Celui-ci dĂ©fend que « les passeries sont [
] un systĂšme de rapports de forces souvent anobli des vertus formelles oĂč les rigueurs de l’honnĂȘtetĂ© classique se manifestent dans la relation d'obligĂ© Ă  obligeant [
] Les accords [
] s'inscrivent [
] dans ce vaste systĂšme pastoral des PyrĂ©nĂ©es qui ne constitua jamais une structure unique, une fĂ©dĂ©ration montagnarde [
], mais la juxtaposition conjoncturelle d'accords nord-sud strictement autonomes et aux avantages toujours inĂ©gaux[56] ».

Les lies et passeries Ă  l’époque contemporaine

Facerie « perpétuelle » maintenue dans un traité international, entre Aezcoa, Cize et Saint-Jean-Pied-de-Port.

« [
] Les troupeaux de gros et de menu bĂ©tail sans distinction d’espĂšce, appartenant Ă  chacune des deux vallĂ©es pourront entrer pour paĂźtre et s’abreuver librement sur le territoire de l’autre, y demeurant seulement le jour, de soleil Ă  soleil et rentrant dans leur propre territoire pour y passer la nuit ».


Annexe III de la convention additionnelle du [7].

Il reste au dĂ©but du XXIe siĂšcle, de part et d’autre de la frontiĂšre, des survivances de ces accords portant sur certains territoires indivis. Ainsi, les pĂąturages du Pays Quint font l’objet d'une clause d’un traitĂ© international toujours en vigueur — le traitĂ© de Bayonne de 1856[57] —, reconnaissant Ă  l’Espagne la propriĂ©tĂ© des terres, d’usufruit français[Note 12]. Le traitĂ© de 1862 consacre l’indivision de sept quartiers de la vallĂ©e d'Ossoue entre les vallĂ©es de Broto et de BarrĂšges : « [
] Le pĂąturage des sept quartiers de la montagne d’Ossoue s’affermera aux enchĂšres Ă  Luz, d’accord entre les vallĂ©es de BarĂšges et de Broto, en prĂ©sence de leurs dĂ©lĂ©guĂ©s avec l’intervention de l’autoritĂ© compĂ©tente et Ă  des conditions absolument Ă©gales pour les adjudicataires français et espagnols. Le fermage et les charges de cette propriĂ©tĂ© seront partagĂ©s par moitiĂ© entre les deux vallĂ©es [
][60] ». La convention additionnelle au traitĂ© de dĂ©limitation de 1862, signĂ©e le , dispose dans ses articles 8 et 10 relatifs aux territoires de Saint-Mamet et d’Aran, de l’utilisation en franchise des chemins en territoire Ă©tranger nĂ©cessaires pour rejoindre les pĂąturages communaux[61]. De mĂȘme, Ă  l’annexe III de la convention additionnelle du , apparaissent « deux faceries perpĂ©tuelles maintenues par le traitĂ© », liant Aezcoa, Cize et Saint-Jean-Pied-de-Port pour la premiĂšre et les vallĂ©es de Roncal et de BarĂ©tous, en second lieu[7].

La reconduction des accords de lies et passeries est, depuis 1862, conditionnĂ©e Ă  l'approbation du prĂ©fet et du gouverneur civil, sans que leur durĂ©e ne puisse dĂ©sormais excĂ©der cinq annĂ©es ; c’est donc la fin des faceries perpĂ©tuelles, Ă  l’exception des deux conventions mentionnĂ©es en 1858[Note 13]. Selon Henri CavaillĂšs, le Pays basque a conservĂ©, sur la partie occidentale des PyrĂ©nĂ©es, de « nombreuses conventions de pĂąturages », sous le nom de « faceries[HC 1] ».

À la fin du XXe siĂšcle, de tels accords existent toujours en Espagne entre vallĂ©es navarraises[FS 1], alors que des rites transfrontaliers sont toujours observĂ©s, comme le prouve le tribut des trois gĂ©nisses remis chaque , dĂ©terminĂ© par l'accord de 1375 entre les vallĂ©es de BarĂ©tous et de Roncal[Note 14]. De mĂȘme, les rĂ©unions quinquennales des pĂąturages du Roumiga et de la hon Galhego, entre les dĂ©lĂ©gations du syndicat du Bas-Ossau et ceux des villages de la commune espagnole de Sallent de GĂĄllego, rappellent l’accord de 1328 entre les vallĂ©es d’Ossau et de Tena[HC 33].

Une organisation internationale, la commission internationale des Pyrénées qui siÚge à Bayonne, est, pour une partie de ses travaux, une survivance des anciens parlements pastoraux[HC 34].

Les faceries de Navarre

Portrait noir et blanc d’un homme assis, portant costume et papillon, accoudĂ© Ă  un meuble.
Pascual Madoz, artisan du désamortissement espagnol de 1855.

Le conseil gĂ©nĂ©ral de Navarre (DiputaciĂłn foral de Navarra) a publiĂ© en 1981 les rĂ©sultats d’une enquĂȘte commencĂ©e en 1979 auprĂšs des mairies de la mĂ©rindade de la communautĂ© forale ; celle-ci indique qu’une centaine de faceries demeuraient dans cette rĂ©gion Ă  la fin du XXe siĂšcle[FS 2]. Ce nombre est Ă  comparer Ă  celui recensĂ© en 1855, lors de la « vente des biens civils de mainmorte » (desamortizaciĂłn civil menĂ©e par Pascual Madoz), alors de 171 faceries[FS 3].

Le terme facerie s’emploie en Navarre depuis des siĂšcles pour dĂ©signer des accords entre deux — ou plus de deux — villages, signĂ©s pour rĂ©gler de maniĂšre pacifique des diffĂ©rents portant sur des pĂąturages situĂ©s en limite de territoires[Note 15] - [FS 4]. Cette situation rĂ©sulte de l’état frĂ©quent de semi-libertĂ© des troupeaux de porcs, de chevaux, de vaches ou de moutons, menĂ©s sur des pĂąturages de montagne communaux. Selon les textes, ces pĂątures constituent juridiquement soit une jouissance commune de biens, soit une servitude rĂ©ciproque[FS 5]. L’ancien fuero de Navarre consacre les chapitres VI et VII de son titre Ier aux faceries. Il distingue le cas des droits de passage des troupeaux sur les terres des villages alliĂ©s de « soleil Ă  soleil », de celui des divagations des animaux sans autre restriction que la propriĂ©tĂ© privĂ©e. Ces distinctions sont reprises par le Fuero Nuevo — ou CompilacĂ­on del derecho privado foral de Navarra, « recueil du droit privĂ© foral de Navarre ».

À ces considĂ©rations juridiques s’ajoutent des critĂšres politico-administratifs et gĂ©ographiques. En termes de gĂ©ographie politico-administrative, il faut considĂ©rer les accords Ă©tablis entre villages appartenant Ă  des provinces diffĂ©rentes. Les anciens accords entre les villages navarrais et guipuscoans avaient pratiquement disparu Ă  l’époque de l’étude de 1981. Ils consistaient, pour la grande majoritĂ© d’entre eux, en des conventions orales consentant la libertĂ© de passage des troupeaux sur les terres communales[FS 6]. C’était le cas des accords entre Lesaca, dans la comarque des Cinco Villas, et Oyarzun, en Guipuscoa, ou encore ceux que conclurent jusqu’en 1802, les villages de la vallĂ©e navarraise d’Aria et leurs voisins guipuscoans de Lizarraga, Oreja et Gaztelu ; d’autres accords ont existĂ© au XVIIIe siĂšcle, dont il demeure peu de traces, comme ceux rapprochant l’union d’AmĂ©zqueta et de Villafranca Ă  la communautĂ© navarraise d’Aranaz[FS 1]. En revanche, huit faceries Ă©taient toujours actives Ă  la fin du XXe siĂšcle entre des villages navarrais et d’Alava des sierras d’Urbasa-AndĂ­a, de Santiago de LĂłquiz et de CodĂ©s[FS 1].

En ce qui concerne les critĂšres de gĂ©ographie physique, on distingue les faceries de montagne — Navarre pyrĂ©nĂ©enne, prĂ©pyrĂ©nĂ©enne ou comarque d’Estella orientale — de celles de la plaine. Les premiĂšres concernent essentiellement une population pastorale et, de maniĂšre assez constante, utilisent la ligne de partage des eaux pour dĂ©finir les territoires des communes concernĂ©es ; elles caractĂ©risent ensuite un territoire indivis, objet des contestations, qui peut Ă©galement Ă©choir au patrimoine foncier de la Couronne en dernier recours[FS 7]. Les faceries de plaine — ou « de dessous » (de soto) — sont particuliĂšres au sud de la Navarre et plus particuliĂšrement Ă  la dĂ©pression de l’Èbre, ainsi qu’aux bassins de Pampelune et de Lumbier. Elles se distinguent par des frontiĂšres entre villages dĂ©terminĂ©es par des cours d’eau, ainsi que par des terres relativement riches ou, tout au moins, irriguĂ©es ou inondĂ©es de façon rĂ©guliĂšre. Ces exemples de traitĂ©s pastoraux sont en recul permanent depuis le XIXe siĂšcle face Ă  la gĂ©nĂ©ralisation et Ă  la mĂ©canisation de l’agriculture[FS 8].

Les pratiques pastorales, et les traitĂ©s qu’elles ont engendrĂ©s, sont confrontĂ©es depuis le XIXe siĂšcle Ă  la diminution du nombre de troupeaux, d’ailleurs entretenus Ă  des fins Ă©conomiques diffĂ©rentes compte tenu de la disparition des conflits et des disettes, ainsi qu’au dĂ©veloppement des jachĂšres agricoles et de la revalorisation du bois. La Navarre a nĂ©anmoins conservĂ© un grand nombre de faceries, en particulier grĂące Ă  l’interprĂ©tation locale de la loi de dĂ©samortissement des biens civils, promulguĂ©e le , permettant la conservation du patrimoine communal au lieu d’une privatisation pure et simple[FS 9].

La commission internationale des Pyrénées de 1875

La commission internationale des PyrĂ©nĂ©es (CIP) fut crĂ©Ă©e en , et, malgrĂ© la mise en application de l’accord de Schengen signĂ© en 1985 et la crĂ©ation de l’espace homonyme dĂ©finitivement en vigueur Ă  partir du traitĂ© d'Amsterdam en 1999, elle est toujours active au , soit 140 ans aprĂšs sa crĂ©ation[64]. Elle siĂšge depuis l’origine Ă  Bayonne[65].

Plus d’une centaine d’experts et de fonctionnaires se rĂ©partissent entre comitĂ©s techniques et sous-commissions, qui prennent en compte, de maniĂšre Ă©largie, les besoins des populations locales ; les discussions de la commission portent dĂ©sormais — ses prĂ©rogatives Ă©taient, depuis 1888, les questions litigieuses qui peuvent surgir sur les limites des deux pays[66] — sur les projets de voirie et de travaux publics, d’agriculture et d’économie, d’équipements hydroĂ©lectriques et d’environnement[67].

Elle se dĂ©finit elle-mĂȘme comme une instance de prĂ©paration et de nĂ©gociation : « instituĂ©e dans le but de parer Ă  des nĂ©cessitĂ©s reconnues et diplomatiquement constatĂ©es par l’Espagne, aussi bien que par le Gouvernement de la RĂ©publique, elle Ă©pargne aux deux cabinets de laborieuses nĂ©gociations en prĂ©parant sur place la solution de conflits d’intĂ©rĂȘts dont le rĂšglement Ă  distance par le pouvoir central de l'un et de l’autre pays ne pourrait s’opĂ©rer sans donner lieu Ă  d'interminables enquĂȘtes prĂ©judiciables Ă  la prompte expĂ©dition des affaires en dehors des pertes de temps matĂ©rielles, elle Ă©vite de fĂącheuses mĂ©prises aux deux gouvernements en leur permettant de profiter de l’expĂ©rience personnelle d’hommes familiers avec les principes d’une bonne administration aussi bien qu’avec les habitudes locales et les intĂ©rĂȘts des populations [
][68] ».

Cette commission est Ă  l’origine de l’accord du dĂ©finissant des sauf-conduits dont doivent se munir les frontaliers menant leur troupeau au pĂąturage dans le territoire de l’État voisin. Il est alors question de guides, acquits Ă  caution ou de passes. Un Ordre royal espagnol du et, du cĂŽtĂ© français, un Ordre royal datant du prĂ©ciseront les conditions locales d’application de l’accord de 1899[CF 1]. Ces dĂ©crets sont suivis de dĂ©cisions de la direction gĂ©nĂ©rale des douanes, comme celle du renforçant les formalitĂ©s, ou celle du rĂšglementant les concessions de guides faites aux bergers du nord des PyrĂ©nĂ©es[CF 1].

La communauté de travail des Pyrénées de 1983

La premiĂšre confĂ©rence des rĂ©gions pyrĂ©nĂ©ennes s’est tenue du 8 au Ă  Jaca et Oloron-Sainte-Marie. Elle rĂ©unissait 250 dĂ©lĂ©guĂ©s des rĂ©gions et communautĂ©s d’Andorre, Aquitaine, Aragon, Catalogne, Languedoc-Roussillon, Midi-PyrĂ©nĂ©es, Navarre et Pays basque. Elle faisait suite Ă  une initiative de l’AssemblĂ©e parlementaire du Conseil de l'Europe[CF 2]. La confĂ©rence rĂ©affirmait la volontĂ© d’« associer les PyrĂ©nĂ©es au processus d’unification europĂ©enne en encourageant la coopĂ©ration transfrontaliĂšre rĂ©gionale et locale dans la rĂ©gion pyrĂ©nĂ©enne[CF 3] ». La DĂ©claration finale de Jaca, outre l’intĂ©rĂȘt manifestĂ© pour la prĂ©servation et le dĂ©veloppement des ressources naturelles, de l’activitĂ© agricole, de la sylviculture, de l’artisanat, du commerce et du tourisme, souhaitait que « les deux gouvernements concernĂ©s Ă©tudient dans les plus brefs dĂ©lais l’opportunitĂ© de signer, et d’engager les procĂ©dures parlementaires de ratification de cette convention » concernant les traitĂ©s[CF 4].

La communautĂ© de travail des PyrĂ©nĂ©es est crĂ©Ă©e le , par la signature des reprĂ©sentants des diffĂ©rentes rĂ©gions et communautĂ©s autonomes pyrĂ©nĂ©ennes, auxquels s’ajoutent ceux d’Andorre[69]. Outre une prĂ©sidence, l’organisation prĂ©voit un conseil qui se rĂ©unit au moins une fois l’an en session plĂ©niĂšre[Note 16] et des organismes techniques ad hoc[CF 5].

Selon Maximilliano Bernad Alvarez de Eulate, l’efficacitĂ© de la coopĂ©ration transfrontaliĂšre pyrĂ©nĂ©enne, au travers de l’action de la communautĂ© de travail, semble souffrir de sa politisation, ne rĂ©pondant pas Ă  « une politique dĂ©cidĂ©e de bon voisinage basĂ©e sur un vrai programme, mais plutĂŽt Ă  l’impulsion de certaines personnalitĂ©s et d’autres Ă  certains besoins concrets[70] ».

Les relations de voisinage dans le droit international moderne - Le cas des lies et passeries pyrénéennes

Une notion extensive de la facerie.

« Les uns et les autres pourront pĂȘcher Ă  bord de n’importe quelle embarcation, au filet ou autres, dans la riviĂšre, Ă  son embouchure ou dans la rade. Mais, pour ce faire, ils devront se soumettre aux rĂšglements qui seront Ă©tablis d’un commun accord et approuvĂ©s par les AutoritĂ©s supĂ©rieures correspondantes, par les dĂ©lĂ©guĂ©s des communes des deux rives, afin de prĂ©venir la destruction des poissons dans la riviĂšre, et en vue de donner les mĂȘmes droits et les mĂȘmes garanties de maintien de l’ordre et de l’harmonie dans leurs rapports, aux frontaliers [
] ».


Accord du entre les communes d’Irun, Fontarrabie, Biriatou, Hendaye et Urrugne[CF 6].

Le droit international s’est emparĂ© de ce concept, dĂšs lors qu’il interagit sur la notion de frontiĂšre entre États. « [Cette matiĂšre] est importante pour la vie quotidienne, car son bon rĂšglement permet d’éviter des frictions qui, pour minimes qu’elles soient dans la plupart des cas, sont, en raison de leur multiplicitĂ© et frĂ©quence susceptibles d’envenimer sĂ©rieusement les rapports internationaux [
][71] ». La coopĂ©ration entre États limitrophes s’impose pour rĂ©soudre les diffĂ©rends frontaliers, dont les lies et passeries sont un moyen toujours reconnu par les nĂ©gociateurs : « les frontiĂšres placent en effet les peuples face Ă  face et les obligent Ă  Ă©tablir entre les rĂ©gions frontaliĂšres une osmose par les biais d’innombrables relations de voisinage, voisinage qui n’est pas susceptible d’ĂȘtre remis en question [
][72] ».

Les relations de voisinage concernent gĂ©nĂ©ralement une zone qui s’étend de dix Ă  vingt kilomĂštres de part et d’autre de la ligne frontaliĂšre[CF 7]. Les accords frontaliers, outre les accords d’ordre gĂ©nĂ©ral, concernent Ă©galement ceux relatifs Ă  des « espaces limitĂ©s[CF 8] ». Ces derniers « figurent comme protocoles additionnels Ă  certains traitĂ©s de paix ou gĂ©nĂ©raux de limites [
][Note 17] ». Pour ce qui est des PyrĂ©nĂ©es, la dĂ©claration de Jaca du , annonciatrice de la volontĂ© de crĂ©ation de la communautĂ© de travail des PyrĂ©nĂ©es, affirme que les rĂ©gions signataires — la diputaciĂłn general d’Aragon, le conseil gĂ©nĂ©ral des PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques et celui des Hautes-PyrĂ©nĂ©es — « ont travaillĂ© depuis longtemps pour dĂ©velopper les relations de bon voisinage afin de trouver des solutions permanentes permettant d’accoster de telles relations et de faciliter la coopĂ©ration que leurs intĂ©rĂȘts naturels et communs demandent[CF 10] ».

La jurisprudence internationale, Ă  la suite de la sentence rendue en 1929 par la Cour permanente de justice internationale (CPJI) dans l'affaire des emprunts serbes[74] - [75], reconnait la possibilitĂ© qu’ont les États de conclure, ou de laisser conclure, de tels accords[CF 11]. Selon Paillard-DuclĂ©rĂ©, ces conventions Ă©taient maintenues dans les grands traitĂ©s europĂ©ens, tel ceux d’Utrecht en 1713[76].

Les accords de pĂąturage constituent, avec ceux conclus dans le domaine de la pĂȘche, la motivation la plus ancienne d’une coopĂ©ration transnationale entre la France et l’Espagne[CF 12]. C’est Ă  partir du traitĂ© du — dit traitĂ© des limites ou d'Elizondo[Note 18] — que la France et l’Espagne rĂšglementent ces accords, qui sont un « droit concĂ©dĂ© par un État aux propriĂ©taires et aux bergers d’un État voisin, fondĂ© sur les coutumes ou sur les accords [
][78] ». Ce traitĂ©, s’il supprime les faceries, « nuisibles pour la paix », autorise, dans son article 5, « [
] les frontaliers de l’une et de l'autre nation [Ă ] affermer leurs pacages, non seulement aux habitants de leur domination, mais encore Ă  ceux de la nation voisine [
][79] » sous rĂ©serve qu’ils n’aliĂšnent pas les droits territoriaux de la frontiĂšre, que les durĂ©es des conventions n’excĂšdent pas une annĂ©e et qu’elles soient soumises Ă  l’approbation de l’autoritĂ© administrative dont relĂšve chacune des vallĂ©es[79]. Des annexes successives fixent dĂ©finitivement au cours du XIXe siĂšcle le cadre lĂ©gislatif de la gestion des pĂąturages impliquant des relations transfrontaliĂšres. Pour la Navarre et le Pays basque par exemple, il s’agit en particulier des dispositions du traitĂ© du [80], des annexes du [81] et de l’acte additionnel du [82].

Ces dispositions se rĂ©partissent en deux groupes, l’un traitant de la conclusion d’accords et l’autre de la rĂ©glementation des usages des pĂąturages[CF 13]. L’article 14 du traitĂ© des limites envisage le dĂ©veloppement Ă  venir des relations de voisinage, en mĂȘme temps qu’il reconnaĂźt la dimension internationale des activitĂ©s des communes frontaliĂšres. Celles-ci se voient en effet confirmer la facultĂ© « de conclure des contrats de pĂąturages ou autres qui pourraient aller dans le sens de leurs intĂ©rĂȘts et des bonnes relations de voisinage[83] ». L’article 15, quant Ă  lui, consacre la partition des deux versants du territoire des Aldudes : pour les habitants de BaĂŻgorry la « jouissance exclusive et perpĂ©tuelle des pĂąturages » du versant septentrional, « en vertu d’une location annuelle de huit mille francs » — cette rente est rĂ©guliĂšrement actualisĂ©e ; pour la pĂ©riode 1988-1990, elle s’élevait Ă  344 000 francs[CF 14] ; pour BaĂŻgorry, mais pour 15 ans seulement, la jouissance des estives du versant mĂ©ridional[Note 19], « en union avec les Espagnols[CF 13] ».

Comme indiquĂ© prĂ©cĂ©demment, deux faceries perpĂ©tuelles sont conservĂ©es. Il s’agit de la convention entre Aezcoa, Cize et Saint-Jean-Pied-de-Port et de celle liant Roncal et Baretous[CF 15]. Certaines dispositions de l’annexe V du traitĂ© des limites, relative aux saisies de bĂ©tail, se retrouvent de façon assez similaire dans le traitĂ© des limites signĂ© entre l’Espagne et le Portugal en 1864[CF 16].

Le traitĂ© des limites de 1856 est donc le socle de l’analyse des traitĂ©s de lies et passeries au travers du prisme du droit international. Ce traitĂ© rĂ©gularise les anciens accords, il prĂ©cise le champ d’application — Ă  savoir, l’utilisation des pĂąturages et des eaux frontaliĂšres — et il consacre le droit des communes frontaliĂšres Ă  « conclure toutes sortes d’accords profitables Ă  leurs intĂ©rĂȘts et aux relations de bon voisinage[CF 17] ».

Dans le cadre europĂ©en, les relations transfrontaliĂšres en matiĂšre de pĂąturage consacrĂ©es par des accords restent rares[CF 18]. NĂ©anmoins la convention du entre l’Italie et la Suisse consacre un article Ă  une prĂ©occupation analogue[84], tout comme prĂ©cĂ©demment, l’accord de 1864 entre l’Espagne et le Portugal[CF 19].

L'analyse de la pratique montre que l’objet des contrats frontaliers pyrĂ©nĂ©ens dĂ©passe l’exploitation des pĂąturages et les mots « contrats de facerie » ne sont pas regardĂ©s comme exclusifs d’une convention de pacage. DĂšs le , les communes d’Irun, Fontarrabie, Biriatou, Hendaye et Urrugne signaient une facerie propre au rĂšglement de la pĂȘche dans la Bidassoa, se rĂ©fĂ©rant au contrat des limites de 1856[CF 6].

Plus prĂšs de nous, le contrat de 1981 portant sur l’adduction d'eau entre les communes d’Hendaye et d’Irun est lui aussi un exemple de facerie, utilisant le cadre fixĂ© par le traitĂ© des limites[CF 20]. Comme l’indique Antonio Remiro Bretons : « [ces dispositions] donnent sujet Ă  une notion extensive et constamment renouvelable de la facerie [
][85] ».

Pour approfondir

Bibliographie

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  • Henri CavaillĂšs, Une fĂ©dĂ©ration pyrĂ©nĂ©enne sous l’Ancien RĂ©gime : les traitĂ©s de lies et de passeries, Tarbes, association des Amis de la bibliothĂšque centrale de prĂȘt des Hautes-PyrĂ©nĂ©es, (1re Ă©d. 1910), 68 p. (ISBN 2-903080-11-9). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
    Cet ouvrage est une synthÚse reconnue par la plupart des auteurs postérieurs, qui en citent largement les conclusions, au besoin pour les critiquer. Henri CavaillÚs est un géographe universitaire de la faculté de Lettres de Bordeaux[86].
  • François Baby, Les passeries entre l'Andorre et le Haut-SabarthĂšs dans le systĂšme pastoral ariĂšgeois, Tarbes, association des Amis de la bibliothĂšque centrale de prĂȘt des Hautes-PyrĂ©nĂ©es, , 18 p. (ISBN 2-903080-11-9). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
    François Baby est membre du département de l'UER de Lettres modernes de l'université Toulouse - Jean JaurÚs.
  • Christian Bourret (prĂ©f. Emmanuel Le Roy Ladurie), Les PyrĂ©nĂ©es centrales du IXe au XIXe siĂšcle : la formation progressive d'une frontiĂšre, Aspet, PyrĂ©graph, , 461 p. (ISBN 2-908723-15-8).
    Christian Bourret est docteur en histoire et civilisation[87].
  • RĂ©my Comet, L'enclave espagnole du val d'Aran, son passĂ©, ses anciens privilĂšges, coutumes et relations pastorales dans les PyrĂ©nĂ©es centrales, Toulouse, Impr. du Sud-Ouest, , 218 p. (BNF 31962137).
    RĂ©my Comet (1896 - 1968) est docteur de la facultĂ© de droit et sciences Ă©conomiques de l’universitĂ© de Paris.
  • Christian Desplat, Le parlement de Navarre et la dĂ©finition de la frontiĂšre franco-navarraise Ă  l'extrĂšme fin du XVIIIe siĂšcle, Tarbes, association des Amis de la bibliothĂšque centrale de prĂȘt des Hautes-PyrĂ©nĂ©es, , 12 p. (ISBN 2-903080-11-9). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
    Christiant Desplat est membre du département d'Histoire de la faculté de Lettres et Sciences humaines de l'université de Pau et des Pays de l'Adour.
  • Bernard DruĂšne, Les lies et passeries, spĂ©cialement pendant la guerre de succession d'Espagne, Tarbes, association des Amis de la bibliothĂšque centrale de prĂȘt des Hautes-PyrĂ©nĂ©es, (1re Ă©d. 1954), 40 p. (ISBN 2-903080-11-9). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
    Bernard DruÚne est un militaire et historien français.
  • Carlos FernĂĄndez de Casadevante Romani (trad. de l'espagnol, prĂ©f. Daniel Bardonnet), La frontiĂšre Franco-Espagnole et les relations de voisinage : avec une rĂ©fĂ©rence spĂ©ciale au secteur frontalier du Pays basque, Bayonne, Harriet, , 453 p. (ISBN 2-904348-36-0, BNF 35182201). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
    Carlos FernĂĄndez de Casadevante Romani est professeur de droit international public Ă  l'universitĂ© Rey Juan Carlos de Madrid. Daniel Bardonnet est secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’acadĂ©mie de Droit international de la Haye.
  • (es) Alfredo Floristan Samanes, Reflexion geogrĂĄfica sobre las facerĂ­as de Navarra, Tarbes, association des Amis de la bibliothĂšque centrale de prĂȘt des Hautes-PyrĂ©nĂ©es, (1re Ă©d. 1954), 16 p. (ISBN 2-903080-11-9). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
    Alfredo Floristan Samanes est membre du département géographie de l'université de Navarre à Pampelune.
  • Joaquin Salzedo Izu, La frontiĂšre franco-espagnole : les Aldudes, lieu de conflits interĂ©tatiques et de collaboration interrĂ©gionale : actes de la journĂ©e d'Ă©tude du 16 novembre 1996, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, , 160 p. (ISBN 2-86781-224-0, BNF 37000207) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article.
    Joaquin Salzedo Izu est professeur d’histoire du droit Ă  l’universitĂ© de Navarre.
  • Patrice Poujade, Le val d'Aran entre deux monarchies : Une vallĂ©e frontiĂšre dans le grand siĂšcle, Aspet, PyrĂ©graph, coll. « Universatim », , 437 p. (ISBN 2-908723-24-7, BNF 36708076).
    Patrice Poujade est un professeur d’Histoire moderne, directeur-adjoint du Centre de recherches historiques sur les sociĂ©tĂ©s mĂ©diterranĂ©ennes.
  • Patrice Poujade, IdentitĂ©s et solidaritĂ©s dans les PyrĂ©nĂ©es : essai sur les relations humaines, XVIe-XIXe siĂšcle, Aspet, PyrĂ©graph, coll. « Aldus », , 202 p. (ISBN 2-908723-34-4, BNF 37099120). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jacques PoumarĂšde, La frontiĂšre franco-espagnole : gĂ©rer la frontiĂšre, la commission internationale des PyrĂ©nĂ©es : actes de la journĂ©e d'Ă©tude du 16 novembre 1996, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, , 160 p. (ISBN 2-86781-224-0, BNF 37000207) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article.
    Jacques PoumarĂšde est professeur d’histoire du droit Ă  l’universitĂ© de Toulouse I.
  • Jean-François Soulet, La Vie quotidienne dans les PyrĂ©nĂ©es sous l'Ancien rĂ©gime : du XVIe siĂšcle au XVIIIe siĂšcle, Paris, Hachette, coll. « La Vie quotidienne », , 319 p. (BNF 36252783). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
    Jean-François Soulet, agrĂ©gĂ© d’Histoire, est membre de l’équipe de recherches sur l’histoire des structures sociales et mentales de l’universitĂ© de Toulouse.
  • (ca) Ferran Valls i Taberner, PrivilĂ©gis i Ordinacions de la vall d'Aran : Vall d'Aran, impr. de la Casa de Caritat, (BNF 33550935).
    Ferran Valls i Taberner est un juriste, historien et médiéviste espagnol.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Disposition prévue par les traités entre Ossau et Téna et entre BarÚges et Broto[HC 9].
  2. « Voulons, ordonnons et arrĂȘtons [
] qu'il y ait droit de pignore pour toujours entre les habitants de Quiñon de Panticosa et ceux du Lavedan [
][HC 10] ».
  3. « Le vol d'une vache entraßne une amende de vingt-cinq sous morlaas ; d'un cheval, trente sous ; d'un ùne, vingt sous ; d'un mouton, trois sous[4]. Si le voleur s'est emparé de toute une cabane de gros ou de menu bétail, il paiera neuf cents sous morlaas[4] - [HC 9] ».
  4. L'accord de 1328 entre les vallĂ©es de TĂ©na et d'Ossau « fixe Ă  neuf cents sous morlaas le prix d'un meurtre ; Ă  450 sous celui d'un membre perdu, main, pied, Ɠil ou nez ; Ă  cent sous une plaie majeure ou une dent ; Ă  quarante sous la valeur d'un coup de bĂąton [
][HC 9] ».
  5. Les traitĂ©s entre les vallĂ©es d'Aspe et d'Ossau de 1187 et de 1225 les nomment fidance besiau, puis fidancia vicinalis en 1270. En 1314, l'accord entre Saint-Sabin et Panticosa mentionne un juge champĂȘtre, alors que le traitĂ© de 1328 entre les vallĂ©es d'Ossau et de Tena stipule les fonctions de fermaza patzera ou encore de franca patzera[HC 12].
  6. Surcienso ou abstinendo de guerro, comme il est mentionné en 1533 dans le traité du plan d'Arrem[HC 15].
  7. « En cas de guerre entre les rois des parties, sur ces frontiĂšres, et, s’il s’assemblait des gens Ă  cinq lieues Ă  l’entour depuis le mois de juin jusqu’au mois d’octobre qui est le temps oĂč on peut pratiquer le port de Beousse et si le nombre des gens excĂšde cinquante, les vallĂ©es promettent de s’en donner avis dans un jour, comme les gens de guerre sont arrivĂ©s, sous la peine de cent Ă©cus applicables Ă  la partie qui ne sera avertie, et payable par celle qui n’aura pas donnĂ© l’avis, n’entendant en ce comprendre les soldats qui viennent ou restent Ă  Tarbes, Lourdes ou AĂŻnsa, pour ĂȘtre des places de guerre ou de garnison »[35].
  8. « Le treiziesme du mois de juin, les jurats des sept communautĂ©s de Roncal s’assemblent avec sept juras et un notaire de la vallĂ©e de BarĂ©tous, sur le coupeau des monts PyrĂ©nĂ©es, Ă  la frontiĂšre de BĂ©arn, en un lieu nommĂ© Arnace, oĂč il y a une pierre haute d’une toise et demie, qui sert de borne et limite aux deux royaumes. Les dĂ©putĂ©s estant chascun en sa terre, sans s’estre saluĂ©s ni bienveignĂ©s auparavant, ceux de Roncal demandent aux BĂ©arnois s'ils veulent jurer Ă  l’accoustumĂ©e les conditions de la paix ; lesquels y consentans, les Roncalois rĂ©pliquent et disent aux BĂ©arnois qu'ils estendent leur pique Ă  terre, tout le long des limites, pour figurer la Croix sur laquelle se doit faire le serment. Ce que les BĂ©arnois exĂ©cutant de leur part, les Roncalois abatent aussi leur pique et la couchent sur celle des BĂ©arnois, de fer traversant du costĂ© de BĂ©arn, pour figurer la sommitĂ© de la Croix. Les BĂ©arnois et Roncalois agenouillĂ©s mettent conjointement leurs mains sur ces deux piques entrelacĂ©es en forme de croix. Estans en cette posture, le notaire de BarĂ©tous reçoit leur serment solennel, sur cette Croix et sur les Évangiles, de garder et observer toutes les pactions et conditions accoustumĂ©es, suivant les titres et documens qui ont estĂ© expĂ©diĂ©s sur ce sujet. À quoi ils respondent, disant cinq fois Ă  haute voix : Paz abant, c’est-Ă -dire que leur paix continuera doresnavant. Ce fait, les dĂ©putĂ©s se lĂšvent, se saluent, parlent et communiquent ensemble, comme bons amis et voisins. À mesme temps sortent d’un bois trente hommes de BarĂ©tous, divisĂ©s en trois bandes, qui conduisent trois vaches choisies et sans tare, qui sont de mesme Ăąge, de mesme poil et de mesme marque. Estans arrivĂ©s Ă  la frontiĂšre des royaumes, les BĂ©arnois font avancer l’une des vaches, en telle sorte qu’elle a la moitiĂ© du corps sur la terre de Navarre et l’autre sur la terre de BĂ©arn, laquelle est reconnue par les Roncalois pour savoir si elle est conditionnĂ©e selon les accords ; ils la retirent aprĂšs devers eux et la tiennent sous bonne et seure garde, d’autant que, si elle eschapoit et revenoit en BĂ©arn, la vallĂ©e de BarĂ©tous n’est point obligĂ©e de la rendre. Suivant le mesme ordre, on fait dĂ©livrance des deux autres vaches. Ensuite les Roncalois traitent ceux de BarĂ©tous de pain, de vin et jambons, et tout le reste de la journĂ©e les BĂ©arnois tiennent un marchĂ© ouvert de bĂ©tail, dans une prairie qui est du costĂ© de BĂ©arn [
][39] ».
  9. « Ignacio de Asso dĂ©nombre en 1776, pour le district de Jaca, 202 454 tĂȘtes ; pour Huesca, en 1778, 230 000 tĂȘtes ; 95 000 tĂȘtes pour Benabarre, et plus de 230 000 pour les Cinco Villas [
][46] ».
  10. « [
] Le royaume d’Aragon est sans ressources et sans facultĂ©s ; l’argent y est rare, l’or encore plus [
] Le commerce qui s’y fait ressemble fort Ă  celui de nos anciens pĂšres ; on troque marchandise pour marchandise, les Ă©trangers en tirent des laines et rendent des draps [
] De sorte que les autres nations ont trouvĂ© moyen de tirer de celle-ci des laines pour habiller toute l’Europe et de ne les acheter que de leur industrie. La banque est presque inconnue. Il n’y a que deux ou trois marchands au plus qui entretiennent un petit commerce de lettres [de change] de Saragosse Ă  Madrid ; les autres ne connaissent que celui des marchandises 
[47] ».
  11. « IndĂ©pendantes et quasi-souveraines, les vallĂ©es Ă©taient comme de petites nations. Chacune d’elles formait une personne morale, un corps constituĂ© et complet ou, comme on disait au Moyen Âge, une universitĂ©. Naturellement, elle se gouvernait elle-mĂȘme. L’autoritĂ© suprĂȘme appartenait au peuple des habitants [
]. Sur convocation des magistrats, ils se rĂ©unissaient en assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale au chef-lieu de la vallĂ©e [
]. Il y avait lĂ  une vĂ©ritable organisation rĂ©publicaine. Et c’était bien une rĂ©publique que voulait ĂȘtre le petit État de Saint-Savin. Ossau, Aspe et BarĂ©tous Ă©taient aussi des rĂ©publiques [
][HC 31] ».
  12. Ce pays Quint est un territoire de 25 km2, situĂ© au sud de la vallĂ©e des Aldudes, Ă  la limite des communes d'Aldudes, d'Urepel et de Banca. Le traitĂ© de Bayonne de 1856 accorde la propriĂ©tĂ© du territoire Ă  l’Espagne, et la jouissance Ă  la France. Plusieurs dispositions d’application ont Ă©tĂ© encore nĂ©cessaires — ordre du 22 dĂ©cembre 1948 portant sur celui du 31 juillet 1892[58] — pour faciliter l’application du traitĂ© de 1856. Au dĂ©but des annĂ©es 2010, la France verse toujours une somme forfaitaire aux vallĂ©es du Baztan et d’Erro, pour l’utilisation des pĂąturages, et les habitants du pays Quint paient l’impĂŽt foncier en Espagne et la taxe d'habitation en France[59].
  13. « Les conventions Ă©crites ou verbales qui existent aujourd’hui entre les frontaliers des deux pays et qui ne sont pas contraires au prĂ©sent acte conserveront leur effet et valeur jusqu’à l’expiration du terme assignĂ© Ă  leur durĂ©e. En dehors de ces conventions et Ă  partir de la mise Ă  exĂ©cution du TraitĂ©, nul ne pourra rĂ©clamer, Ă  aucun titre, sur le territoire voisin quelque droit ou usage que ce soit qui ne rĂ©sulterait pas des stipulations dudit TraitĂ©, quand bien mĂȘme ces droits ou usages ne seraient pas contraires Ă  ces stipulations. Toutefois, les frontaliers conserveront la facultĂ© qu’ils ont toujours eu de faire entre eux les contrats de pĂąturage ou autres qui leur paraĂźtront utiles Ă  leurs intĂ©rĂȘts et Ă  leurs rapports de bon voisinage ; mais, Ă  l’avenir, l'approbation du prĂ©fet et du gouverneur civil sera indispensable, et la durĂ©e des contrats ne pourra pas excĂ©der cinq annĂ©es[62] ».
  14. « Les habitants du lieu d'Arette pourront entrer avant et premiĂšrement pour le prĂ©sent et l'avenir avec leurs troupeaux et bestiaux, grands et petits, soit des leurs propres, soit avec ceux qu'ils ont accoutumĂ© d'y mener des habitants de la vallĂ©e de BarĂ©tous, dans le territoire et terme du port du milieu contentieux, depuis le jour et fĂȘte des sept martyrs et non avant, pour y pacager pendant vingt-huit jours durant et en suivant, de les abreuver aux dites fontaines, franchement et librement, Ă  la charge de ne pouvoir parquer ni gĂźter de nuit dans ledit port contentieux [
] [Les BĂ©arnais s'engagent Ă  fournir un tribut annuel] de trois vaches gĂ©nisses de l'Ăąge de deux ans [
][5]. »
  15. En 1632, les Cortes de Pampelune indiquent (es) « algunos lugares que tienen los territorios juntos y contiguos suelen hacerse facerĂ­as, dĂĄndose facultad los de entrambos Lugares, de poder gozar promiscuamente los terrenos faceros, señalados y disputados para facerĂ­as [
][63] » - Traduction proposĂ©e : « quelques lieux oĂč les territoires joints et contigus font l’objet courant de faceries, dans le but de jouir en commun des terrains indiquĂ©s et signalĂ©s dans le cadre des faceries ».
  16. Ou plus précisément, deux fois pendant la durée de deux ans que dure la présidence[CF 5].
  17. « Dont les traitĂ©s relatifs aux pĂąturages existant dans la zone pyrĂ©nĂ©enne et, spĂ©cialement, celui du et l’annexe III du traitĂ© du , qui crĂ©ent le « tribut des trois vaches », en vertu duquel les peuples de la vallĂ©e française de Baretous donnent le de chaque annĂ©e, aux voisins espagnols de la vallĂ©e de Roncal, les dits animaux[73] », citĂ© par FernĂĄndez de Casadevante Romani[CF 9].
  18. Le traitĂ© du est signĂ© Ă  Elizondo par les reprĂ©sentants royaux, le comte d’Ornano pour la France et Ventura Caro pour l’Espagne. L’accord est ratifiĂ© le au palais du Pardo. Il consacre le partage des Aldudes « en Ă©tablissant la ligne divisoire qui sĂ©pare pour toujours les vallĂ©es de la Haute et de la Basse-Navarre et la haute et directe souverainetĂ© des deux MajestĂ©s [
] » et supprime les faceries « nuisibles pour la paix » entre villages frontaliers[77].
  19. Le traitĂ© des limites dĂ©finit de maniĂšre trĂšs prĂ©cise ce territoire : « la circonscrite par une ligne qui, partant de Beorzubustan, suivra la chaĂźne des PyrĂ©nĂ©es dĂ©terminĂ©e par les pics d’Urisburu, Urtiaga, Adi, Odia, Iterumburu, Sorogaina, Arcoleta, Berascoinzar, Curuchespila, Bustarcotemendia et Lindusmunua pour se diriger par ce dernier point vers Beorzubustan en passant par Isterbegui [
][79] ».

Références

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  • Carlos FernĂĄndez de Casadevante Romani, La frontiĂšre Franco-Espagnole et les relations de voisinage, 1989
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