MĂ©rindade
La mĂ©rindade[1] (merindad en espagnol et merindade edo merinalde en basque) est un type de juridiction ibĂ©rique, hĂ©ritĂ© du Moyen Ă‚ge, et particulièrement implantĂ© en Navarre et en Vieille-Castille. Le terme apparaĂ®t au Xe siècle lors de l'organisation du comtĂ© de Castille par Ferdinand González de Castille. Les mĂ©rindades sont dĂ©crites dans le "Becerro de BehetrĂas" sous le règne de Pierre Ier de Castille.
La communauté forale de Navarre est encore aujourd'hui divisée en cinq mérindades (Pampelune, Lizarra, Zangoza, Erriberri et Tudèle), la sixième historique étant la Basse-Navarre, aujourd'hui française. À la province de Burgos, certaines communes portent le titre de "mérindade", comme la Merindad de Sotoscueva, mais ce n'est qu'un titre historique.
La mérindade, un territoire
Au Moyen Âge, les mérindades désignent avant tout un territoire, un district sis autour d'une ville ou d'un bourg important, jouissant du statut de villa. Ce territoire (plus ou moins vaste, selon les cas), outre la ville-centre, regroupait des terres agricoles, des bois, mais aussi des villages (aldeas, lesquelles pouvaient être de simples hameaux), qui bénéficiaient d'un statut inférieur à celui de la villa, leurs habitants n'ayant pas les mêmes droits que ceux de la villa, qui portaient le nom de vecinos. Il revenait à la ville-centre de diriger et de défendre les intérêts de la mérindade.
Le Royaume de Navarre, par exemple, était divisé en six mérindades : Pampelune, Lizarra, Zangoza, Erriberri, Tudèle, et Saint-Jean-Pied-de-Port (cette dernière ayant été détachée lors de l'annexion de la Navarre par la Castille en 1512). Elles existent toujours en tant que divisions territoriales historiques, remplacées en matière juridique par les districts.
La mérindade, une juridiction administrative et judiciaire
Au territoire de la mérindade correspond une juridiction propre, de type administratif et judiciaire. Cette juridiction était dirigée par un merino, appelé également merino menor, sorte de juge auquel correspondait essentiellement l'autorité judiciaire, mais qui pouvait intervenir dans d'autres domaines. Sa fonction était également appelée mérindade.
Le merino menor était nommé par le merino mayor, choisi et nommé par le roi, et qui disposait de pouvoirs administratifs et judiciaires beaucoup plus étendus. Le territoire de sa juridiction était plus ou moins vaste, selon le nombre et la taille des mérindades qui le composait. Certains exerçaient leur autorité sur une seule province, c'est souvent le cas dans le nord de la péninsule où le morcellement territorial et la diversité du droit, deux caractéristiques héritées des longs siècles du Haut Moyen Âge durant lesquels l'autorité royale eut du mal à contenir les forces centrifuges exercées par l'aristocratie, et même le clergé. Dans le terres reconquises à partir du XIe siècle, les rois castillans et léonais purent organiser plus à leur convenance les nouveaux territoires, et tentèrent donc d'opérer une unification juridique sur ces espaces nouvellement rattachés à leur couronne. Les merinos mayores exercent alors souvent sur la totalité d'une royaume : Tolède, Murcie, Séville, etc.
Les nobles et le clergé échappaient bien entendu à leur emprise, car ils jouissaient de statuts juridiques exclusifs, malgré les tentatives du roi Alphonse X de les soumettre d'une certaine manière à la justice commune. Le roi exerçait néanmoins son pouvoir judiciaire sur tous, et les cas les plus litigieux parvenaient jusqu'à la cour, où le monarque jugeait en dernier ressort, et ce, pour tous, nobles, clercs…
La configuration juridico-territoriale de la mérindade s'insère dans le système juridique ibérique médiéval, qui ne connaissait pas les formes les plus abouties de la féodalité, quoique cette question anime les spécialistes depuis des lustres. Quoi qu'il en soit, la mérindade semble devoir être considérée davantage comme une juridiction inscrite dans un cadre juridique nettement dominé par la royauté, et échappant à l'emprise seigneuriale, et ce, à des degrés divers, selon les époques et les régions.
Références
- Problems and Methods of Literary History, André Morize, Biblo & Tannen Publishers, 1966, 314 pages