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La Bibliothèque perdue

La Bibliothèque perdue est une histoire en bande dessinée de Keno Don Rosa. Elle met en scène Picsou, Donald et leurs neveux Riri, Fifi et Loulou dans leur rôle de généraux des Castors Juniors accompagnés par le général Dublair, le limier officiel de l'association.

La Bibliothèque perdue
Épisode de la série Histoire longue de Don Rosa
Auteur Keno Don Rosa

Personnages principaux Balthazar Picsou

Pays Drapeau du Danemark Danemark
Titre original Visdommens voktere - historien om Hakkespettbokens opprinnelse
Autres titres The Guardians of the Lost Library
Éditeur Egmont
Première publication 1993
Nb. de pages 28
Albums de la série

Concernant le parcours des connaissances de la bibliothèque d'Alexandrie, cette histoire est fictive.

Synopsis

Alors que les Castors Juniors inaugurent leur musée, Picsou essaie en vain d'acheter le Manuel des Castors Juniors. Ce petit livre contient quasiment toutes les connaissances, mais sa possession est réservée aux membres des Castors. Picsou pourrait s'en passer s'il retrouvait les livres de la bibliothèque d'Alexandrie. Associé à Riri, Fifi et Loulou, il part dans une enquête autour du monde pour retrouver les connaissances de l'antique bibliothèque. Au fur et à mesure de leur recherche, ils découvrent que, plusieurs fois, les textes ont été recopiés sur un autre support, enrichis par des connaissances venues du monde entier ; que les anciennes copies ont disparu… et que, finalement, toutes les connaissances accumulées pendant ces millénaires ont été compilées sous la forme du Manuel.

Fiche technique

  • Histoire no D 92380
  • Éditeur : Egmont
  • Titre de première publication : Visdommens voktere - historien om Hakkespettbokens opprinnelse (norvĂ©gien)
  • Titre en anglais : The Guardians of the Lost Library (les gardiens de la bibliothèque perdue)
  • Titre en français : La bibliothèque perdue
  • 28 planches
  • Auteur et dessinateur : Keno Don Rosa
  • Première publication : Donald Duck & Co no 39/1993, septembre 1993
  • Première publication aux États-Unis : Uncle Scrooge Adventures no 27, 1994
  • Première publication en France : Picsou Magazine no 300, janvier 1997

Contexte d'Ă©criture

Don Rosa réalisa cette histoire à la demande de ses amis de Norvège. En 1993, le pays organisait une « Année du Livre », afin de faire la promotion du livre. L'éditeur norvégien de chez Egmont, lui-même savant en littérature classique, a demandé au bédéiste de réaliser une aventure de Picsou sur les livres. Ce dernier eut donc l'idée de mener son personnage sur la quête de la mythique bibliothèque d'Alexandrie. L’occasion pour lui de montrer au lecteur l'évolution des livres jusqu'à l'époque actuelle, ainsi que de présenter d'authentiques célèbres collectionneurs ou marchands de livre et d'indiquer combien le livre pouvait être signe de richesse autrefois. Comme autre élément central de son histoire, il choisit d'utiliser un livre mythique le Manuel des Castors Juniors, dont il explique l'origine lointaine.

Parallèlement, il éloigne Donald de cette aventure, chose rare, celui-ci étant hypnotisé par la télévision. Il s'agissait pour l'auteur de faire de ce personnage, archétype de l'homme ordinaire, un « exemple de drogué de télé américain moderne dont la volonté de lire a été sapée par notre distraction bon marché illimitée »[1].

Références à Carl Barks

L'organisation des Castors Juniors et leur manuel sont des créations de Barks, tout comme les acronymes qui servent de titres aux membres adultes. Par exemple, le G.R.O.S.B.E.T.A. est le Grand Responsable de l'Ouverture Splendide des Bâtiments Exceptionnels et des Tirades les Accompagnant. L'histoire reprend le chien Dublair, membre galonné de l'organisation proche du scoutisme.

Don Rosa rappelle à nouveau (voir l'histoire « Sa Majesté Picsou Ier ») la fondation de Donaldville à partir du fort de Drake à la place duquel Picsou construisit son coffre-fort. L'auteur donne en outre une explication à la porte en métal préexistante au coffre et dont Picsou se servait comme piège électrifié (voir la première apparition du coffre en 1951).

Sur l'univers établi par Carl Barks, Don Rosa propose une explication sur l'origine des Castors Juniors (JW ou Junior Woodchucks dans la version anglaise), même si cela l'oblige à des libertés avec l'histoire réelle.

Dans l'évolution des trois neveux, l'histoire se place à un moment où Riri, Fifi et Loulou sont assagis et suivent leur grand-oncle Picsou sans être accompagnés par Donald. Celui-ci passe l'épisode devant la télévision, non sans servir d'élément comique à cause de la « lucarne magique ».

L'univers de Don Rosa

L'auteur américain a relié par la suite cette histoire à celles qui suivront :

Comme souvent, chez Don Rosa, l'utilisation du Manuel des Castors Juniors par Riri, Fifi et Loulou pour découvrir des informations inconnues des spécialistes consultés par Picsou provoque l'incrédulité de ces derniers, tandis que leurs oncles en deviennent blasés.

Le bédéiste explique lui-même que son histoire est similaire à celle plus récente sur le trésor des Templiers (Une lettre de la maison)[1].

Références historiques et culturelles

Si cette histoire est fictive et uchronique en ce qui concerne les supposés transferts de connaissances à partir de la bibliothèque d'Alexandrie, elle permet néanmoins de faire découvrir des bribes des histoires antique, médiévale et moderne. Pour ce faire, l'auteur s'est livré à un rigoureux travail de documentation[alpha 1]. Par contre, pour faire vivre cette histoire, la rendre drôle pour le jeune public visé et l'amener au dénouement, l'auteur prend beaucoup de libertés sur les vies de Christophe Colomb et du corsaire Francis Drake. Dans la Couronne des croisés, il se sert à nouveau du premier voyage de Colomb comme support à la quête d'un trésor légendaire[1]. On peut noter :

Références générales

Alexandrie

  • Coucher du soleil illuminant la promenade du front de mer d'Alexandrie.
    L'histoire d'Alexandrie est Ă©voquĂ©e, ville d'Égypte fondĂ©e par Alexandre le Grand au IVe s avant notre ère, afin d'en faire la capitale de son empire. Devenue grand foyer culturel, ses savants ont durant 600 ans collectĂ©s tous les Ă©crits connus afin de rĂ©unir l'ensemble du savoir humain acquis au fil des millĂ©naires et les entreposer dans la fameuse bibliothèque.
  • Pour en retrouver l'emplacement de la bibliothèque, les hĂ©ros se basent sur le Manuel. Celui-ci affirme que l'astronome Aristarque de Samos, partisan de l'hĂ©liocentrisme, remarqua qu'Ă  chaque premier jour de l'annĂ©e, l'ombre de la tour de Pharos tombait sur l'Ă©difice. Celle-ci se trouve sous un des nombreux stades que compte la ville.
  • Rendu artistique de la bibliothèque d'Alexandrie, basĂ© sur des preuves archĂ©ologiques, XIXe siècle.
    La bibliothèque découverte par les personnages abrite le tombeau d'Alexandre le Grand, qui n'a jamais été retrouvé dans la réalité. Dans cette histoire, le corps de ce roi fut enfermé dans un sarcophage de cristal par son ancien général en chef, Ptolémée Ier. Celui-ci devint roi d'Égypte et fonda la dynastie ptolémaïque. Sa descendante Cléopâtre VII fut la compagne de Jules César qui, durant sa guerre civile (années 40 avant notre ère), détruisit un entrepôt de rouleaux de papyrus. La reine comprit alors qu'elle devait protéger les trésors de la bibliothèque, en fondant les "Gardiens de la Grande bibliothèque", avec pour symbole une représentation de l'ibis de Thot, dieu égyptien inventeur de l'écriture, avec les ailes déployées. Quant à elle, elle s'est faite enterrée dans cette bibliothèque secrète, comprenant les originaux des documents détruits au fil des siècles. Malheureusement, les papyrus qu'elle contient ont fini par tomber en poussière.
  • Il est Ă  noter que de nos jours, les circonstances des diffĂ©rentes destructions de la bibliothèque au fil des siècles font toujours l'objet de dĂ©bats entre les historiens. Le travail est rendu difficile par le fait qu'aucune trace matĂ©rielle de la bibliothèque d'Alexandrie n'a Ă©tĂ©, Ă  ce jour, identifiĂ©e ou retrouvĂ©e. Parallèlement, deux ans après la parution de l'Ă©pisode, dĂ©butèrent les travaux de la Bibliotheca Alexandrina (1995-2002), bâtie approximativement Ă  l'emplacement de l'ancienne bibliothèque.

Istanbul/Constantinople

  • Vue aĂ©rienne de Galata (premier plan) et Sarayburnu (fond) Ă  Istanbul.
    Dans la bibliothèque d'Alexandrie, nos chasseurs de livre dĂ©couvrent un document en grec byzantin, expliquant que 500 ans après ClĂ©opâtre, les Gardiens ont recopiĂ© tous les documents sur des parchemins, transportĂ©s dans la nouvelle capitale du monde civilisĂ© : Constantinople. Il s'agit de l'ancien nom d'Istanbul, autrefois capitale de l'Empire byzantin.
  • Dans l'Ă©glise Saint-Jean de Stoudion (monastère du Stoudion ?), site de la bibliothèque byzantine, un religieux explique que des savants du Moyen-Orient ont Ă©tudiĂ© sur place, en Ă©change de quoi ils apportaient les livres des bibliothèques de l'islam.
  • Les rouleaux de parchemin ramenĂ©s d'Égypte ont brĂ»lĂ© lors d'un incendie en 937, mais ils ont Ă©tĂ© recopiĂ© entretemps par les moines sur des livres, nouvelle invention (Ă  raison de dix rouleaux par livre). Les 10 000 livres de la bibliothèque faisaient la fiertĂ© de la ville, mais ont disparu lors du pillage de la ville pendant la quatrième croisade, faisant suite au second siège de Constantinople (en 1204). Les responsables de la catastrophe Ă©tant au service du doge de Venise, c'est vers cette ville que partent ensuite les protagonistes.

Venise

Grand Canal, Ă  Venise - Vue du Rialto vers le sud-ouest.
  • L'auteur utilise une approche par l'humour du problème de la stabilitĂ© des bâtiments de Venise, Ă  travers l'abbaye fictive de San Zapui (sans appui), qui penche constamment, car s'enfonçant dans la lagune vĂ©nète.
  • L'Ă©difice comprenait une bibliothèque comprenant des ouvrages (dont ceux rapportĂ©s de Constantinople), qui selon le moine ont influencĂ© des grands esprits de la Renaissance, tels que Michel-Ange ou LĂ©onard de Vinci. Vers 1275, Niccolò Polo y consultât des descriptions des trĂ©sors de l'Orient. Il partĂ®t lĂ -bas avec son cĂ©lèbre fils Marco, qui Ă  son retour du Cathay, offrit Ă  l'abbaye en remerciement des copies des grands livres de l'empereur mongol Kubilai Khan.
  • Malheureusement, la tour du clocher du bâtiment s'est Ă©croulĂ©e en 1485 sur la bibliothèque. Si les canards ont pu dĂ©couvrir les livres qu'elles contient en passant par les Ă©gouts, ceux-ci ont Ă©tĂ© ravagĂ©s par l'accumulation de vase en cinq siècles. Mais des copies des documents ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es et rĂ©unies dans 1000 volumes imprimĂ©s. Selon le Manuel, ceux-ci ont Ă©tĂ© achetĂ©s par Lorenzo de MĂ©dicis, qui cherchait de nouvelles routes vers les Indes et avaient entendu dire que la bibliothèque contenait des rĂ©cits de voyages de PhĂ©niciens vers des territoires inconnus Ă  l'ouest (en), en 600 avant notre ère. Il envoya donc Christophe Colomb les chercher, mais, comprenant la valeur de ces documents, ce dernier ne les apporta jamais Ă  son commanditaire. Il prĂ©fĂ©ra plutĂ´t prendre la mer, avant d'effectuer sa dĂ©couverte qui le rendra cĂ©lèbre.

SĂ©ville

  • CathĂ©drale de SĂ©ville, façade sud-est
    La piste suivante mène les personnages à la Biblioteca Colombina de Séville. Sur les ouvrages, des notes griffonnés en langage codé par l'explorateur en 1505 permettent de découvrir que celui-ci s'est servi des connaissances de la bibliothèque d'Alexandrie afin de trouver une voie vers les Indes. Mais les Médicis sachant qu'il était en possession de leurs livres, il devait les cacher très loin.
  • En 1498, il les emporta vers Hispaniola pour les cacher dans son manoir de gouverneur de Saint-Domingue. Mais le marin finit arrĂŞtĂ© et dĂ©chu par le roi Ferdinand le Catholique, qui apprit l’existence des livres, qu'il confisqua. Christophe Colomb, revenu en Europe, se jura de rĂ©cupĂ©rer les livres et de retrouver des trĂ©sors comme les mines du roi Salomon. Seulement, il mourut dans la misère.

Les Amériques

  • Afin de savoir ce que sont devenus ces fameux livres, Picsou retourne dans son coffre afin de consulter les journaux de bord qu'il acheta jadis aux Archives gĂ©nĂ©rales des Indes (Espagne) afin de retrouver des trĂ©sors engloutis dans la mer des Antilles.
  • Picsou apprend qu'en 1535, Francisco Pizarro dĂ©plaça le contenu de la bibliothèque Ă  Lima, capitale du PĂ©rou, dans l'universitĂ© nationale de San Marcos. L'ensemble fut de nouveau enrichi Ă  partir de 1551, grâce au savoir des Incas, des Olmèques, des Aztèques et des Mayas. En 1579, le tout devait ĂŞtre ramenĂ© en Espagne, par le navire Nuestra señora. Mais celui-ci fut attaquĂ© par Francis Drake, corsaire au service de la reine Élisabeth Ire d'Angleterre, emportant son prĂ©cieux butin sur son propre bateau, le Golden Hind.
  • Comme l'Ă©pisode Sa MajestĂ© Picsou Ier le raconte en se basant librement sur des faits historiques, le vaisseau fut endommagĂ© et le marin Ă©tablit un fortin sur une cĂ´te inconnue, le futur site de Donaldville (en Californie dans la rĂ©alitĂ©). Et c'est ainsi que les livres transportĂ©s se retrouvèrent sous le futur coffre de Picsou. Ce dernier, apprenant cela, se met Ă  la recherche de la bibliothèque souterraine, qu'il finit par dĂ©couvrir.
  • Ă€ l'intĂ©rieur, les livres en vĂ©lin sont dĂ©vorĂ©s par les rats. Mais posĂ© sur une table, un coffre portant une inscription raconte que Fenton Penworthy, dernier survivant de Drakeville (ancien nom de Donaldville), fut chargĂ© avec d'autres hommes par le corsaire de recopier les livres. Ils les rĂ©unirent en un seul volume, sĂ©lectionnant les fragments d'histoire qu'on ne trouve nulle part ailleurs. L'auteur de ces lignes s'Ă©tant fait attaquer par des sauvages, il a dĂ©cidĂ© de s'enfermer dans la bibliothèque, oĂą il fut enterrĂ©. Lorsque CornĂ©lius Écoutum devint propriĂ©taire du fortin, il dĂ©couvrit le livre et en fit le fameux... Manuel des Castors Juniors. Quant au symbole des "Gardiens de la Grande bibliothèque", visible sur tous les documents provenant de la bibliothèque d'Alexandrie, il inspira celui des Castors Juniors (Junior Woodchucks of the World), une fois retournĂ©.

Notes et références

Références

  1. Don Rosa, La grande épopée de Picsou, Tome IV - Trésor sous cloche et autres histoires, Glénat

Notes

  1. Don Rosa confie: "Toutefois, il est vrai que je m'emballe facilement lorsque je me documente. La partie la plus agréable de la construction d'une chasse au trésor de Picsou comme celle-ci est le challenge consistant à m'assurer qu'absolument tous les faits historiques de mon récit sont absolument authentiques. En passant des semaines me documenter (en me servant de livres !) je me suis assuré à 100 % que chaque nom, chaque date, chaque lieu et chaque événement utilisé étaient vrais. Même si c'est parfois frustrant de savoir que de nombreux lecteurs croient que j'invente tout, au moins, moi, je sais que lorsque mon histoire affirme que, par exemple, Sir Francis Drake pille un certain vaisseau espagnol porteur de trésor faisant voile d'un certain port à une certaine date, tout est absolument authentique. Et c'est ce qui rend les choses amusantes pour moi."

Lien externe

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