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Juan José Paso

Juan JosĂ© Esteban del Passo (connu en Argentine sous l'appellation Juan JosĂ© Paso) (Buenos Aires, - San JosĂ© de Flores, ) est un juriste et homme politique des Provinces-Unies du RĂ­o de la Plata, l’actuelle Argentine.

Juan José Paso
Illustration.
Juan José Paso.
Fonctions
Membre du Second Triumvirat
–
(4 mois et 12 jours)
Avec Nicolås Rodríguez Peña
Antonio Álvarez Jonte
Prédécesseur Premier triumvirat
Successeur Juan Larrea
Membre du Premier Triumvirat
–
(6 mois et 9 jours)
Avec Feliciano Antonio Chiclana
Manuel de Sarratea
Prédécesseur Domingo Matheu (président de la Grande Junte)
Successeur Juan MartĂ­n de PueyrredĂłn
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Bueno Aires (Argentine)
Date de dĂ©cĂšs (Ă  75 ans)
Lieu de décÚs Montevideo
Nationalité Argentine

Il fut membre de la PremiĂšre Junte, premier gouvernement autonome de l’Argentine, du premier puis du second triumvirat, et enfin du CongrĂšs de TucumĂĄn, assemblĂ©e lĂ©gislative et constituante qui siĂ©gea de 1816 Ă  1820, et qui proclama l’indĂ©pendance de l’Argentine en . Lors du cabildo ouvert du , c’est lui qui conçut l’argument de l’opportunitĂ© juridique propre Ă  justifier la rĂ©volution de Mai.

Formation et débuts en politique

Son pĂšre, Domingo del Passo, originaire de Galice[1], et boulanger de son Ă©tat, rĂ©ussit Ă  acquĂ©rir quelque fortune et contribua, avec quelques-uns de ses fils, Ă  la construction de l’église Saint-François d’Assise (San Francisco de Asis), situĂ©e en face de son domicile Ă  Buenos Aires.

Juan JosĂ© Paso poursuivit des Ă©tudes au collĂšge Montserrat de CĂłrdoba, oĂč il lia connaissance avec Juan JosĂ© Castelli, puis obtint en 1779 son doctorat en droit Ă  l’universitĂ© de cette mĂȘme ville, oĂč il resta deux annĂ©es encore pour enseigner la philosophie. Revenu Ă  Buenos Aires, il fut nommĂ© professeur de philosophie au CollĂšge Royal Saint-Charles (Real Colegio de San Carlos, l’actuel Colegio Nacional de Buenos Aires), puis agent fiscal du ministĂšre des Finances de la vice-royautĂ©. Il fut l’un des fondateurs et l’un des premiers habitants du village de San JosĂ© de Flores, l’actuel quartier de Flores, faubourg ouest de Buenos Aires.

Lors des invasions anglaises du RĂ­o de la Plata, ― alors que lui-mĂȘme rĂ©sidait Ă  Lima, au PĂ©rou, pour y exercer sa profession et pour y mener une affaire, au demeurant peu fructueuse, dans une mine d’or,― ses frĂšres Vicente JosĂ©, Francisco et Ildefonso prirent part Ă  la reconquĂȘte et Ă  la dĂ©fense de la ville de Buenos Aires.

De retour dans le RĂ­o de la Plata, il se joignit aux rĂ©volutionnaires qui aspiraient Ă  une plus grande autonomie de la Vice-royautĂ© du RĂ­o de la Plata vis-Ă -vis de l’Espagne. Dans un premier temps, et Ă  l’instar de Manuel Belgrano et de Juan JosĂ© Castelli, parmi d’autres, il adhĂ©ra au charlottisme, mouvement qui considĂ©rait que le couronnement de la princesse Charlotte d’Espagne, frĂšre du roi Ferdinand VII et Ă©pouse du roi Jean VI du Portugal, pourrait ĂȘtre le moyen d’atteindre l’objectif de l’indĂ©pendance.

Le Cabildo ouvert du 22 mai 1810, tableau du peintre chilien Pedro Subercaseaux : Paso, prenant la parole, se trouve représenté au centre gauche du tableau.

Il participa au cabildo ouvert du , se prononçant en faveur de la dĂ©position du vice-roi Cisneros. À la manƓuvre dilatoire du procureur Manuel Genaro Villota, consistant Ă  arguer qu’il y avait lieu d’attendre d’abord l’avis des autres villes de la vice-royautĂ©, il rĂ©pliqua par le principe dit de la sƓur aĂźnĂ©e (en esp. hermana mayor), en vertu duquel Buenos Aires serait habilitĂ©e, en reprĂ©sentation des autres villes et en dĂ©fense de l’intĂ©rĂȘt de tous, Ă  prendre les dĂ©cisions, sous rĂ©serve que les autres villes fussent convoquĂ©es aussitĂŽt aprĂšs, pour s’exprimer sur les actions menĂ©es[2]. À l’issue des dĂ©bats du cabildo ouvert, la proposition de Paso obtint 20 voix pour ; ajoutĂ©es Ă  celles obtenues par les propositions de Juan Nepomuceno de Sola, de Pascual Ruiz Huidobro, de Cornelio Saavedra et de Castelli, les voix en faveur de la destitution du vice-roi se montĂšrent Ă  155 au total, contre 69 voix pour son maintien en fonction. Ainsi Buenos Aires avait-elle dĂ©jĂ , dĂšs avant le moment oĂč furent expĂ©diĂ©es les convocations aux dĂ©putĂ©s des autres villes de la vice-royautĂ©, procĂ©dĂ© Ă  l’évincement du vice-roi Cisneros[3].

Secrétaire de la PremiÚre Junte

Le , il fut nommĂ© secrĂ©taire des Finances de la PremiĂšre Junte, au sein de laquelle il acquiesça Ă  la plupart des propositions faites par l’autre secrĂ©taire de gouvernement, le radical Mariano Moreno. Le , missionnĂ© pour expliquer le point de vue de la Junte aux autoritĂ©s de Montevideo, il traversa le RĂ­o de la Plata Ă  destination de cette ville, mais en fut bientĂŽt expulsĂ© et renvoyĂ© Ă  Buenos Aires, Montevideo voulant signifier, par son truchement, qu’elle ne reconnaissait pas le nouveau gouvernement de la capitale.

Paso et Moreno furent les seuls, en , Ă  s’opposer Ă  ce que la junte de gouvernement, se muant en Junta Grande, fĂ»t Ă©largie par l’incorporation en son sein des dĂ©putĂ©s envoyĂ©s par les provinces de l’intĂ©rieur ; cependant, aprĂšs le dĂ©part de Moreno, il s’aligna sur la position du prĂ©sident de l’exĂ©cutif, Cornelio Saavedra. À la suite de la rĂ©volution d’, menĂ©e par les partisans de Saavedra, il ne restera plus de la PremiĂšre Junte que trois membres dans la Junta Grande recomposĂ©e : Paso, Domingo Matheu, et Saavedra lui-mĂȘme.

En , Paso fit partie de la dĂ©putation qui signa Ă  Montevideo l’armistice avec le vice-roi Francisco Javier de ElĂ­o, aux termes de laquelle toute la Bande Orientale Ă©chut au gouvernement de Montevideo.

Les deux triumvirats

Vers la fin de 1811, des dĂ©sordres furent provoquĂ©s par des groupes d’activistes, parmi lesquels des groupes opposĂ©s Ă  Saavedra, outre la faction dirigĂ©e par Paso lui-mĂȘme. Le Cabildo de Buenos Aires, ayant pu ĂȘtre convaincu de la nĂ©cessitĂ© d’un exĂ©cutif fort, fut amenĂ© Ă  remplacer la Junta Grande par un exĂ©cutif restreint de trois personnes, appelĂ© triumvirat, composĂ© de Feliciano Chiclana, Manuel de Sarratea et de Juan JosĂ© Paso. Ce qui restait de la Junta Grande, thĂ©oriquement investie du pouvoir lĂ©gislatif et chargĂ©e de contrĂŽler l’exĂ©cutif, Ă©tait devenue, dans les faits, une simple dĂ©pendance du gouvernement. Celui-ci Ă©tait dominĂ© par l’un de ses secrĂ©taires, Bernardino Rivadavia, qui lui donna une orientation assez versatile, quoique rĂ©pressive. Paso eut de vives altercations avec Chiclana, et tous deux dĂ©missionnĂšrent en ; seule, toutefois, la dĂ©mission de Paso fut acceptĂ©e, de sorte que Paso se mit Ă  s’opposer au premier triumvirat, poussant Ă  la rue, subrepticement mais rĂ©solument, ses agitateurs.

Lorsque fut parvenue Ă  Buenos Aires la nouvelle de la bataille de TucumĂĄn, victoire-clef que remporta Belgrano en contrevenant explicitement aux ordres de Rivadavia, la faction de Paso ainsi que la loge Lautaro investirent la rue. Trois rĂ©giments, emmenĂ©s par JosĂ© de San MartĂ­n, entreprirent d’occuper le centre de la ville et contraignirent le triumvirat Ă  la dĂ©mission.

En fut Ă©lu un second triumvirat, composĂ© de Paso, d’Antonio Álvarez Jonte et de NicolĂĄs RodrĂ­guez Peña. Pas davantage que le prĂ©cĂ©dent, ce gouvernement ne parvint Ă  gouverner par lui-mĂȘme, Ă©tant dominĂ© par la loge lautarienne. Ses actes de gouvernement les plus apprĂ©ciables furent d’une part d’activer la guerre pour l’independance, aussi bien dans le Haut-PĂ©rou que contre Montevideo, et d’autre part de convoquer l’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale constituante de 1813 ― mais cette derniĂšre, tout autant que le gouvernement, se trouvait dominĂ©e par la Loge. Paso fut derechef le premier Ă  ĂȘtre remplacĂ©, en .

La DĂ©claration d’indĂ©pendance

Au milieu de l’annĂ©e 1814, Paso fut envoyĂ© en mission diplomatique au Chili pour y chercher Cornelio Saavedra, soupçonnĂ© de conspirer ; il lui fallut cependant rentrer Ă  Buenos Aires Ă  la veille de la dĂ©sastreuse bataille de Rancagua. L’annĂ©e suivante, il participa au renversement de Carlos MarĂ­a de Alvear et fut nommĂ© Auditeur gĂ©nĂ©ral de la guerre de l’armĂ©e, puis devint le DeuxiĂšme Assesseur gĂ©nĂ©ral de gouvernement de la province de TucumĂĄn.

En 1816, il fut dĂ©signĂ© dĂ©putĂ© pour Buenos Aires au congrĂšs de TucumĂĄn. Comme il demeura le secrĂ©taire du congrĂšs pendant toute la durĂ©e de celui-ci, il fut en position de cosigner la dĂ©claration d’indĂ©pendance du . AprĂšs le transfert du CongrĂšs vers Buenos Aires, il se prononça en faveur de la monarchie constitutionnelle et apporta son concours Ă  la redaction du Statut provisoire de gouvernement de 1817 et de la Constitution unitaire de 1819.

Il devint ensuite assesseur du Directeur suprĂȘme JosĂ© Rondeau et sauva la vie de l’amiral Guillermo Brown en conseillant Ă  son chef de lui accorder sa grĂące dans un jugement injuste pour desertion.

Sous le gouvernement de Manuel de Sarratea, son adversaire politique, il fut briĂšvement incarcĂ©rĂ©. Il fut dĂ©putĂ© provincial Ă  Buenos Aires entre 1822 et 1824, et rĂ©digea la loi portant fondation de la Banque d’escompte, la loi sur la presse et la loi organisant l’armĂ©e nationale. Il fut Ă©lu dĂ©putĂ© pour Buenos Aires au CongrĂšs de 1824 et vota la constitution de 1826.

À partir de 1827, il cessa d’occuper des fonctions publiques, mais appuya nĂ©anmoins les gouvernements fĂ©dĂ©ralistes de Manuel Dorrego et de Juan Manuel de Rosas, de qui il fut l’assesseur.

Il s’éteignit dans le faubourg portĂšgne de San JosĂ© de Flores en , en n’ayant gardĂ© qu’une maigre fortune, Ă  telle enseigne que le gouverneur de Buenos Aires dut lever des fonds pour son tombeau au cimetiĂšre de la Recoleta, dans le centre de Buenos Aires, oĂč ses restes reposent dĂ©sormais.

Références

  1. Le patronyme dérive du mot galicien pazo (manoir), transcrit en espagnol tantÎt Passo ou Paso. La graphie avec un seul s est celle usitée en Argentine aujourd'hui.
  2. FĂ©lix Luna, Breve historia de los argentinos, Buenos Aires: Planeta / Espejo de la Argentina, , 288 p. (ISBN 950-742-415-6)
  3. Diego Abad de Santillån, Historia Argentina (encyclopédie), Buenos Aires: TEA (Tipogråfica Editora Argentina), , 409 p., « Las jornadas de Mayo de 1810: Divulgación de las noticias sobre el curso de la invasión francesa a España »

Liens externes

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